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Un dugong aperçu à Mayotte dans la Passe en S

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Auteur : Fabien Malhomme - Photo extraite d'une vidéo.

Vendredi 7 mai, les plongeurs du Nyamba Club ont rencontré un dugong dans les eaux cristallines de la Passe en S. Ce mammifère marin, en voie de disparition, se fait de plus en plus rare dans les eaux du lagon.

Nous l’avons vu la semaine dernière dans la matinée. Il est assez courant pour nous qui fréquentons la Passe en S d’en croiser. Si l’on regroupe les observations des différents clubs de plongée de l’île, nous observons un dugong à peu près une fois par mois”, affirme Daniel, moniteur de plongée au Nyamba Club, avant de continuer : “C’est un animal très curieux. Lorsqu’il nous voit avec le bateau ou en plongée, il s’approche. En revanche, il est aussi très furtif. Il ne fait pas de remous en se déplaçant et n’a pas d’aileron que l’on peut repérer comme un dauphin ou un requin. Cela fait 16 ans que je vis ici, j’ai appris à reconnaître le bruit caractéristique qu’il fait. Dès que je l’entend et que je tourne la tête, il y en a toujours un près du bateau.

 

Un mammifère marin menacé

 

Autrefois, les dugongs vivaient nombreux à Mayotte. Cette espèce, appartenant comme son cousin le lamentin à la famille des siréniens, peuple les eaux de l’océan Indien. Il est presque exclusivement herbivore et apprécie les herbiers marins de l’île aux parfums. En moyenne, le dugong ingère entre 30 à 40 kilogrammes de nourriture par jour pour un animal pouvant mesurer 2.50 mètres de long. Aujourd’hui, à cause de la surpêche et de la destruction de leur habitat, les dugongs sont moins d’une dizaine à Mayotte.

Il n’y a pas assez de spécimens sur l’île pour réaliser une étude”, explique Daniel. “On estime qu’il y a entre 6 et 12 individus à Mayotte. On les croise au niveau des herbiers marins où ils viennent se nourrir, notamment au tombant des aviateurs. On a pu observer des femelles avec des petits donc on sait qu’il y a des naissances, mais hélas cette population tend à s’éteindre« , s’attriste le plongeur. De fait, le dugong a rejoint la liste des espèces protégées. Malheureusement, l’animal, longtemps pêché pour sa chair, arrive encore à tomber dans les filets de pêcheurs peu scrupuleux.

Rencontre de peuples et de civilisations : la première bande dessinée sur l’Histoire de Mayotte

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Le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, a salué mercredi matin un moment symbolique pour l’Histoire et la culture mahoraise avec le lancement de la bande dessinée Mayotte : rencontre de peuples et de civilisations. Dessinateurs, éditeurs et historiens étaient présents aux archives départementales pour célébrer la concrétisation de ce projet lancé en juin 2020.

Cet ouvrage redonne vie, grâce aux images, à un passé jusqu’alors réduit aux mots”, affirme Soibahadine Ibrahim Ramadani, le président du Département, heureux de pouvoir tenir l’album entre ses mains. En effet, grâce à cette bande dessinée, chacun pourra découvrir de manière ludique la grande histoire de ce petit territoire, le tout édité en français et en shimaore.

Mayotte : rencontre de peuples et de civilisations a été pensé et réalisé par deux groupes d’acteurs répartis à Mayotte et en métropole. Quatre dessinateurs et une coloriste ont travaillé à la mise en image de la mémoire multiséculaire du territoire. Tandis que les historiens et le personnel des archives départementales ont œuvré à l’élaboration du scénario de la bande dessinée. “Nous avons réalisé un travail de critique et de rigueur. Ma mission a été de récolter les sources orales contemporaines, iconographiques et écrites. Nous les avons ensuite confrontées pour dégager une certaine vérité historique”, argumente Inssa De Nguizijou M’Dahoma, historien et chef de service au sein des archives départementales de Mayotte.

 

Un album à la page

 

À l’heure du numérique, la publication d’une bande dessinée peut paraître désuète. Mais que nenni ! Au cœur de l’album, le lecteur pourra découvrir des liens en réalité augmentée qui lui donneront accès, grâce à l’application des éditions du signe, à un contenu multimédia. De plus, l’éditeur promet d’actualiser ces contenus en fonction des comportements observés par les utilisateurs afin d’optimiser l’expérience de lecture.

Samedi dernier a lieu le lancement des ventes de la bande dessinée à la Maison des livres de Mamoudzou. De 9h à 13h, le dessinateur, Yann Sougey-Fils, a dédicacé les quelque 140 exemplaires (70 en français et 70 en shimaore) apportés pour l’occasion. Ceux et celles qui n’ont pas la chance de pouvoir se procurer l’album lors de cette première vente, ont tout de même pu repartir avec une autographe.

Si l’ouvrage ne sera disponible que dans deux mois sur l’île, les plus impatients peuvent également le commander dans toutes les librairies d’Outre-mer et de l’hexagone ou directement sur le site des éditions du Signe. Afin de garantir la diffusion et la lecture de cet ouvrage auprès d’un large public, 6.000 exemplaires à destination des élèves mahorais sont d’ores et déjà réservés.

Chez Nassim, salon de coiffure en plein air à Mayotte

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Il n’est pas rare à Mayotte de tomber sur des artisans de rue. Vendeurs bien sûr, mais aussi coiffeurs, couturiers ou même garagistes. Ils sont l’exemple même d’une économie informelle très présente sur l’île mais font aussi partie de la société mahoraise. Nassim, coiffeur, est l’un d’eux.

13h. Comme tous les jours, Nassim* rejoint le bord de la nationale et installe son salon. Il aligne ses rasoirs, ses sabots et ses peignes, prêt à s’occuper de tout type de cheveux. En général, il voit entre trois et cinq clients dans la journée. « Quand c’est plus, je coupe des cheveux même quand il fait nuit. Après, je suis mort je vais direct me coucher », débite-t-il avec un grand sourire accroché aux lèvres. S’il a su se créér une clientèle fidèle, de nouveaux curieux viennent à sa rencontre quotidiennement. « Quand les gens sont dans les bouchons, ils me voient couper des cheveux et certains s’arrêtent pour me demander mon numéro ou pour savoir s’ils peuvent passer. » Selon lui, sa plus grande force est sa position. En plus d’être visible aux yeux de tous, les clients potentiels peuvent voir en amont la qualité de son travail et lui confier leurs têtes sans problème.

nassim-salon-coiffure-plein-air-mayotteSi le jeune homme de 21 ans n’est pas un grand fan de l’école, sa passion pour la coiffure lui a ouvert les portes d’une formation cette année. « J’aimerais apprendre de nouvelles techniques, par exemple les tresses. » En effet, pour le moment, Nassim ne coupe que des hommes. En plus de ne pas avoir toute la maîtrise pour s’occuper des filles, il appréhende surtout leurs réactions. Elles seraient, selon lui, plus attachées à leur chevelure. « J’aime faire de belles coupes, je m’en voudrais trop si elle n’aime pas », dit-il les yeux brillants. Il garde toutefois l’idée en tête, car mine de rien, coiffer ce public serait aussi bénéfique pour ses finances. Si une coupe classique lui permet actuellement de gagner cinq euros, celle pour les demoiselles lui apporterait minimum quatre fois plus. Cela nécessite toutefois l’achat de matériel, ce dont Nassim ne peut pas se permettre pour le moment…

 

Une routine qui tend à changer

 

15h30, son premier client arrive ! « Je veux garder la longueur sur le dessus et refaire le dégradé », mentionne-t-il à Nassim, en soulevant son kofia. Ni une ni deux, l’homme se retrouve assis sur une chaise à roulettes au milieu du trottoir et se regarde dans un miroir, posé dehors par le coiffeur de rue. Nassim ne perd pas une minute et attrape la tondeuse dont il a besoin. Concentré, il effectue les gestes qu’il reproduit chaque jour, presque mécaniquement, comme si la machine n’était que la contunuité de sa main. Nassim ne dit pas un mot, aspiré par sa tâche. Pourtant, la musique diffusée sur son enceinte couvre à peine le bruit des voitures qui circulent à quelques mètres. Difficile de se concentrer dans un tel vacarme. Il ne remarque même pas son ami, qui lui fait un signe de main en passant. Après une vingtaine de minutes, il s’attaque aux derniers détails. Quelque peu perfectionniste, Nassim préfère prendre son temps sur une tête plutôt que d’enchaîner.

Peu après le départ de son premier protégé du jour, son téléphone sonne. « Un client veut que j’aille le coiffer, lui et son fils ! » De plus en plus d’individus prennent son numéro et lui demande de venir à domicile. Pratique dans le sens où il n’a pas à transporter l’intégralité de son matériel… Toutefois, cette méthode de travail peut lui donner du fil à retordre ! Comme rater le passage d’un ou plusieurs habitués. « Le soir quand ils me croisent, ils me disent qu’ils sont allés ailleurs », soupire-t-il. Alors il tente de privilégier les rendez-vous, pour éviter ce genre de déconvenues. « J’ai même pris une puce spécialement pour la coiffure », précise-t-il, au moment de sortir un deuxième mobile de sa poche. Mais certains, particulièrement les plus agés, n’ont pas encore pris le pli. Alors demain, Nassim sera de retour à son poste. Passant le balai dans son salon en plein air, attendant patiemment les clients.

* le prénom a été modifié

Après les violences, un arrêté municipal met fin à la foire de Majicavo Dubaï

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Ce mardi 11 mai, le maire de Koungou, Assani Saindou Bamcolo, a décidé de mettre un terme prématurément à la foire du Ramadan de Majicavo Dubaï à la suite de l’agression, par une bande de jeunes, des passants et des commerçants la veille en milieu d’après-midi. Ainsi, le premier magistrat a signé un arrêté dans la matinée, qui ordonne la fermeture des commerces jusqu’au vendredi 14 mai. La décision sera affichée à la mairie et distribuée aux commerçants.

La mairie condamne fermement ce qui s’est passé hier [ce lundi 10 mai] et met tout en œuvre pour éviter que cela se reproduise. Nous avons discuté avec les commerçants pour prendre une décision collégiale, beaucoup ont compris et accompagnent ce choix. Nous ne pouvons pas continuer les drames. Cet arrêté intervient dans l’intérêt et pour la sécurité de tous.” Adjoint au maire en charge de la sécurité, Soulaïmana Abdallah rappelle que la mairie a toujours agi dans l’intérêt des commerçants depuis le début de la crise du Covid-19. Il espère que ceux-ci pourront accepter la décision qui a été prise ce mardi 11 mai d’arrêter la foire de Majicavo Dubaï, à quelques jours de l’Aïd.

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Des marchands encore sous le choc

 

J’ai vu la scène”, affirme Naouirou Youssouf, propriétaire d’une boutique de textile à Majicavo Dubaï, adossé à la grille de son commerce fermé. “Les conséquences de cet arrêté sont grandes pour nous. C’est un moment où l’on vend beaucoup. Chaque année, lors des cinq derniers jours de la foire, on fait des affaires, les gens viennent en nombre. Mais suite aux incidents, notre sécurité prime. Les stocks sont déjà dans nos magasins, on n’a pas d’autre choix… La sécurité des commerçants et des clients est plus importante que les affaires”, poursuit le vendeur. Dans la rue, passants et marchands discutent tandis que les toiles colorées mises en place pour protéger les stands volent au vent. Les agents des services techniques nettoient la rue encore jonchée de palettes et d’emballages, témoins de cette foire 2021 avortée.

Pandémie oblige, la préfecture n’a toujours pas donné son feu vert pour l’organisation d’événements rassemblant plus de six personnes. Si d’ordinaire, la foire de Majicavo Dubaï est encadrée par la municipalité, cela n’a pas été le cas cette année, comme le précise bien Abdallah Djamil. “Les rassemblements étant interdits, la mairie ne s’est pas positionnée concernant la foire du Ramadan.” Pour preuve, les redevances pour l’occupation du domaine public demandées n’ont pas été prélevées comme à l’accoutumée.

Cette coordination officieuse a eu pour conséquence directe de voir débarquer des jeunes violents, dont le seul but était de mener des actions illicites. “En temps normal, la mairie met en place des moyens et engage des agents de sécurité privée afin d’éviter tout débordement lors des foires”, continue l’employé à l’insertion et à l’emploi de la mairie annexe de Majicavo Dubaï. Avant de pointer du doigt le manque de policiers municipaux et d’agents de surveillance de la voie publique (ASVP) pour assurer la sécurité de chacun dans ces conditions.

“L’enquête est en cours”

Il faut dire que les affrontements de ce début de semaine ont été d’une rare violence. Le procureur de la République, Yann Le Bris, déplore sept blessés à l’heure actuelle et assure que l’enquête, confiée à la gendarmerie qui s’était déplacée en masse la veille, est en cours. “Les victimes seront auditionnées dans les jours à venir afin d’obtenir davantage d’informations sur les auteurs présumés des faits, certaines d’entre elles sont toujours hospitalisées au CHM”. Une bien triste manière de sceller ce mois sacré !

La Cadema bien seule pour modifier le PLU de Mamoudzou

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La communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou s’engage dans la modification d’une partie du plan local d’urbanisme de la ville chef-lieu. La construction d’un hôtel trois étoiles à la Convalescence et la suppression d’un emplacement réservé à Passamainty étaient à l’ordre du jour ce mardi lors d’une consultation publique. Très attendus, les habitants n’ont pas répondu à l’appel.

Tic, tac, tic tac. Assis sur sa chaise, derrière son petit bureau dans le hall du siège de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, le commissaire enquêteur engagé par l’intercommunalité regarde voler les mouches. Bien incapable de pouvoir mener à bien sa mission : à savoir, relever toutes les suggestions émanant des habitants de la ville chef-lieu concernant la modification du plan local d’urbanisme de la commune en question. Les principaux concernés se font attendre. « Je pense que c’est à cause de l’approche de l’Aïd, la population est occupée à autre chose », se rassure Fatima Madi Maftaha, chargée d’études en planification PLUI à la Cadema.

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Ali Madi, lui, a une toute autre hypothèse… « Je pense qu’il n’y a pas eu assez de communication sur cette consultation publique, les habitants ne savent même pas ce que c’est », gage le commissaire enquêteur. Le voilà obligé d’aller lui-même alpaguer le chaland dans l’espoir d’en dégoter un qui ac-cepterait bien de lui accorder quelques minutes. « Personne n’est au courant de la modification de ce PLU. C’est moi qui leur donne l’information. Aujourd’hui, c’est plus une journée découverte », indique-t-il, comme pour se donner du courage. Pourtant, les projets à l’ordre du jour auront un impact direct sur les administrés de Mamoudzou.

 

Un PLU modifié pour des projets d’envergure

 

La Cadema a engagé la modification du PLU de Mamoudzou sur deux points précis. Le premier correspond à la réglementation de la construction d’un hôtel trois étoiles. Situé dans la rue de la Convalescence, l’établissement doit comptabiliser 48 chambres, dont trois suites. « Il ne faut pas perdre de vue la candidature de Mayotte aux Jeux des Îles en 2027, donc un équipement de ce type est indispensable », soutient la chargée d’études. Mais les normes établies par l’ancien PLU de la ville ne répondaient pas aux critères de celui de l’intercommunalité. « Il s’agissait surtout des règles relatives à la hauteur de l’hôtel » précise Fatima Madi Maftaha. La Cadema s’octroie donc le droit de modifier le PLU de Mamoudzou mais également celui de Dembéni pour qu’ils correspondent au plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI), qui est en cours d’élaboration.

Le deuxième point évoqué lors de cette consultation publique concerne la suppression de la réservation d’un emplacement à Passamaïnty à un particulier. Celui-ci devait en premier lieu consulter la ville s’il souhaitait vendre. « Nous voulons supprimer cette réservation parce qu’elle ne correspond plus aux volontés communales », justifie Fatima Madi Maftaha.

« Il n’y a pas de vision globale sur l’ensemble du PLU »

Selon Ali Madi, l’idée de modifier le PLU de Mamoudzou est bonne, mais la Cadema n’applique pas la bonne stratégie. « Il est mieux de faire la révision globale du PLU et non pas seulement sur un point précis, parce que de cette manière cela reste trop floue. Il n’y a pas de vision globale sur l’ensemble du PLU ou de la Cadema », martèle le commissaire enquêteur. Ce dernier regrette particulièrement le focus sur Passamaïnty qui aurait pu être utile. « J’attire l’attention sur la nécessité de faire des parkings à Mayotte. Il n’y a pas non plus de zones aménagées pour les piétions, pas de voies cyclables… Les autorités doivent faire attention à ne pas privilégier l’individuel au détriment des intérêts collectifs », prévient-il.

Quant à l’hôtel, il préconise à la Cadema d’étudier les enjeux sociaux. Des points qu’il pourra peut-être aborder avec les habitants lors des trois prochaines sessions de consultation publique prévues avant la fin du mois de mai. À condition que les administrés daignent se déplacer jusqu’aux locaux de la Cadema…

« Renforcer la desserte de Mayotte et faire de Corsair la compagnie numéro un des Outre-mer »

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Minées par la crise sanitaire depuis plus d’un an, les compagnies aériennes naviguent à vue au gré des confinements et des motifs impérieux. Malgré ce contexte instable, Corsair dresse un bilan positif depuis son retour à Mayotte et prévoit même d’ouvrir deux nouvelles dessertes à destination de Marseille et de Lyon à partir de juin. Entretien avec Jules Perreau, directeur régional océan Indien.

Flash Infos : Quel bilan faites-vous depuis votre retour à Mayotte il y a de cela six mois ?

Jules Perreau : C’est un exercice assez périlleux à réaliser au vu des motifs impérieux qui nous ont obligé de réduire notre programme sur l’ensemble des destinations… Si le bilan est naturellement compliqué, je retiens l’essentiel : nous avons maintenu nos deux fréquences hebdomadaires et nous avons activement participé à l’acheminement de fret sur l’île. Le plan de développement prévu avec une montée à quatre fréquences par semaine à partir du mois de juin est toujours confirmé. Ce sont des signaux très positifs pour le territoire mais aussi pour Corsair.

FI : Comment avez-vous vécu le deuxième confinement de cinq semaines en début d’année ?

J. P. : La période de confinement est à conjuguer avec la mise en place des motifs impérieux ! En février, il y a eu une baisse drastique du nombre de passagers. Suivie d’un nouveau coup de frein avec toutes les démarches pour se déplacer. L’arrêt a été brutal… Mais sur Mayotte, nous avons eu une certaine résilience aussi bien au niveau des voyageurs que du fret. Nous avons tâché, pendant le confinement, de maintenir l’agence Corsair de Mamoudzou ouverte pour les clients, pour répondre à leurs questions ou pour modifier leur billet. Nous nous sommes rendu compte que ce service adapté était une bonne chose, car nos agents ont été extrêmement sollicités.

FI : À partir du lundi 17 mai, les agents des compagnies aériennes vont vérifier les motifs impérieux. Quelles consignes avez-vous reçu concernant cet allégement et comment comptez-vous vous organiser ?

J. P. : En termes de consignes préfectorales, nous avons reçu les mêmes que celles données à la presse. Depuis le premier confinement il y a un peu plus d’un an, nous avons acquis une certaine expérience sur la gestion de ce sujet, donc les équipes savent faire et sont formées. Certes, c’est un allégement du contrôle, mais le motif impérieux en lui-même demeure, dans les mêmes conditions. L’évolution est que les clients vont devoir nous présenter leurs justificatifs de déplacement au niveau de l’enregistrement. Ils restent toutefois assujettis à un second contrôle lors de leur passage devant la police aux frontières, que ce soit à Mayotte, à La Réunion ou à Paris.

Mais je tiens à rassurer nos clients : tous les billets achetés depuis un an et jusqu’au 31 décembre restent échangeables ou remboursables. Ce sera possible de le faire directement à l’agence de l’aéroport en cas de refus. Après, il est important de consulter la liste des motifs impérieux, qui commence à être de plus en plus claire. Il y a énormément de cas listés, donc en théorie, il n’y aura pas trop de complications.

FI : L’actualité récente a été marquée par l’imbroglio autour de la venue d’Air France, qui aurait finalement décidé de faire machine arrière en raison d’un nombre réduit de fréquences vers Mayotte…

J. P. : Nous n’avons pas pour habitude de faire de commentaire sur les décisions de nos concurrents. Dans le contexte actuel de la crise sanitaire, l’environnement macroéconomique et concurrentiel s’avère très changeant d’un jour à l’autre. De notre côté, nous nous concentrons sur nos clients, nos programmes et nos nouveautés. Cela fait déjà beaucoup de choses à gérer…

FI : Vous venez également d’annoncer l’ouverture de lignes à destination de Marseille et de Lyon à partir du 20 juin. Est-ce, à vos yeux, un pari risqué ou mesuré ?

J. P. : Les ouvertures de lignes qu’elles soient vers la province ou Mayotte représentent toujours un risque. Mais une chose est claire : il n’a jamais été question de revoir à la baisse notre stratégie initiale annoncée lors de notre retour dans le 101ème département ! Nous croyons fermement en ces nouvelles destinations que sont Marseille et Lyon. Au contraire, nous souhaitons renforcer cette desserte et faire de Corsair la compagnie numéro un des Outre-mer. Le plan que nous nous sommes fixé, avec nos capacités réduites, est en adéquation avec nos prévisions. Nous n’avons pas de raison de modifier notre feuille de route.

FI : L’idée d’un passeport vaccinal pour voyager fait son bonhomme de chemin, notamment dans les Outre-mer. Quelles informations avez-vous à ce sujet-là ?

J. P. : Nous n’avons pas reçu d’informations particulières. Nous avons la volonté d’accompagner les solutions innovantes. Il semble que nous nous dirigeons vers l’application Tous Anti Covid. Dans tous les cas, nous recherchons purement et simplement à pouvoir sécuriser et rassurer les voyages de notre clientèle. Après ce qu’il faudra ou non pour voyager demain dépendra des autorités et non pas, surtout pour nos territoires, des compagnies aériennes. Nous nous adapterons.

Le collectif pour la sécurité d’Acoua alerte sur la situation de la commune

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Les habitants d’Acoua signalent un ras-le-bol global concernant l’ambiance du village. Le comité de surveillance et de sécurité civile de la commune tente d’alerter la municipalité sur la recrudescence des incivilités, mais ne reçoit pour le moment aucune réponse de la part des élus. Pourtant, la situation pourrait rapidement s’envenimer.

On est vraiment fatigués de cette situation”, entame la gorge nouée Oussedi Djamede, président du comité de surveillance et de sécurité civile d’Acoua. Et à ses yeux, la commune est tout simplement en train “d’être ghettoïsée par les jeunes”. Ses compères et lui-même se plaignent de l’arrivée de nouvelles familles dans la ville, qui auraient été expulsées de là où elles résidaient auparavant. “On a fait nos enquêtes ! Généralement, ils viennent la nuit quand tout le monde dort, on voit les camions débarquer tous les soirs pour les déménagements.

Pendant des missions de surveillance, les membres du comité se targuent d’avoir pu parler à certaines nouvelles têtes, qui vanteraient le choix d’Acoua pour le « peu de surveillance » et la « facilité d’installation ». L’homme engagé semble dépassé par la situation et clame haut et fort que l’augmentation démographique générerait de la violence. « Certains n’ont pas de travail, donc ils cherchent à manger… » Conséquences : le nombre de cambriolages prolifère et le trafic de drogue se consolide.

 

Une mise en danger des hommes et de l’environnement

 

Mais pour Chamsia, habitante de la ville, le problème est encore plus profond… La surpopulation au sein de la commune pousse les nouveaux arrivants à s’installer un peu partout, sans prêter attention à l’appartenance des parcelles ou à l’environnement. “La plupart des endroits qui ne sont pas habités ici sont des zones à risques. Ils construisent leurs maisons sur ces terrains, au risque de tout perdre au prochain éboulement, leurs affaires mais aussi leurs vies”, achève-t-elle dans un soupir. Avec toujours dans un coin de sa tête l’épisode de catastrophe naturelle subi fin février.

Au-delà des habituelles cases en tôle, certains « squatteurs » érigeraient également des maisons en dur sur des sites propices à la prolifération de variétés de flore mahoraise protégée. “On risque de perdre une partie de notre biodiversité si ces vagues continuent d’affluer”, poursuit Chamsia, anxieuse face au devenir de sa ville.

 

Se faire justice soi-même

 

On a interpellé la mairie le 23 avril, mais on est toujours en attente d’une réponse”, explique Ousseni Dajmede d’un ton inquiet, avant d’enchaîner. “S’ils ne réagissent pas très vite, la population va descendre dans la rue pour les expulser, comme on a déjà pu le voir.” Selon lui, une intervention de la municipalité pour décaser ces nouveaux arrivants est indispensable. Dans le cas contraire, les habitants d’Acoua pourraient choisir d’aller se faire justice eux-mêmes et d’entraîner par la suite un déferlement de vengeance entre les deux clans. Les uns voulant se protéger, les autres n’ayant rien à perdre… Déçu, le président du comité aurait souhaité une main tendue de la part des élus. “Ils ne sont même pas venus nous voir dans notre QG ! Et maintenant, les habitants veulent prendre les devants.

Au moins trois morts dans le naufrage d’un kwassa : un nouveau drame entre Anjouan et Mayotte

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L’île au lagon s’est réveillée avec une nouvelle funeste ce lundi. Trois personnes, deux femmes et un enfant, ont péri lors d’un naufrage au large de Bouéni. Les services de secours, qui ont repêché 16 rescapés, sont restés à pied d’œuvre hier pour tenter de repêcher les passagers, malgré des conditions difficiles en mer.

Je suis au courant oui, un homme m’a appelé ce matin au sujet de sa femme. Il se demandait si son corps avait été emmené au CHM”, souffle Thani Omar, de l’association malgache Malagasy Mitambatra. L’homme vient régulièrement en aide aux familles endeuillées de Mayotte, pour retrouver leurs proches perdus en mer. Ce lundi matin, il ne quittait pas son téléphone des yeux. Tandis que la nouvelle, funeste, faisait son chemin sur l’île au lagon…

Au moins trois personnes, deux femmes et un enfant, ont perdu la vie dans un nouveau naufrage de kwassa-kwassa, au large de Bouéni. Le drame s’est déroulé au milieu de la nuit, vers 2h30 du matin. À ce moment-là, un appel téléphonique au 17 lance l’alerte : l’embarcation légère a chaviré, avec une vingtaine de passagers à bord. Dépêchés sur les lieux, deux intercepteurs, de la brigade nautique de la gendarmerie et de la police aux frontières (PAF), tenteront de repêcher le plus de rescapés possible. Aidés par l’avion de la lutte contre l’immigration clandestine (LIC), les équipes de secours parviendront à repêcher 16 passagers. Mais les alizées et une mer agitée, qui ont sans doute provoqué le naufrage initial du kwassa-kwassa, auront mis des bâtons dans les roues des sauveteurs.

 

Le bilan risque de s’alourdir

 

En début de matinée, le couperet tombe : au moins trois personnes sont décédées, dont une petite fille, d’après nos informations. “Il doit y avoir encore du monde en mer”, explique une source proche de l’enquête, à la mi-journée. “Les opérations de recherche se poursuivent, mais la mer est très mauvaise. Au large de Bouéni, ce sont des zones difficiles. Avec l’effet d’Archimède, les corps vont couler…” Avant d’être recrachés à la surface dans les jours qui suivent. En clair, le bilan pourrait s’alourdir. “A priori, il en manque, mais on n’en sait pas plus que ça”, confirme Jean Lhuillier, le directeur des Pompes funèbres de Mayotte, dont l’entreprise est sous réquisition des pouvoirs publics. C’est lui qui a récupéré les trois corps inanimés ce lundi vers 8h30, ramenés au ponton par les gendarmes.

L’enquête et les auditions sont en cours. Nous n’avons pas le chiffre exact de passagers, mais a priori, ils seraient plutôt 23, 24 ou 25 : en tout cas, il en y a sans doute un peu plus que ceux que nous avons pu reprendre à la mer”, déplore Laurence Carval, la directrice de cabinet du préfet. Qui précise aussi : “c’est bien un appel téléphonique qui a donné l’alerte, ce n’était pas dans le cadre d’une intervention en cours que le kwassa a chaviré.” Une précision de taille, quand on sait que les interceptions de ces fragiles barques à moteur par les intercepteurs peuvent parfois conduire à des drames. En 2007, deux personnes étaient mortes après la collision d’une embarcation clandestine et d’une vedette de la police.

Candidates au titre de Miss Petite-Terre et futures ambassadrices des tortues

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L’association Oulanga Na Nyamba a été chargée de former et de sensibiliser les six prétendantes au titre de Miss Petite-Terre à la préservation des tortues. Ce lundi 10 mai, les candidates se sont rendues à la plage de Papani pour apprendre à identifier les lieux de ponte mais aussi de braconnage de tortues.

Dzaoudzi. 10h. Dina Andrianaivoravelona accueille les six prétendantes au titre de Miss Petite-Terre et leur explique l’objectif de la séance du jour. “Vous avez déjà réalisé deux cours théoriques pour apprendre à mieux connaître les tortues, puis une séance où vous avez pu assister à une ponte. Aujourd’hui, nous allons tenter d’identifier des émergences de tortues ou des cas de braconnage.” À peine arrivée sur la plage de Papani, la coordinatrice des projets de sensibilisation au sein de l’association de Oulanga Na Nyamba repère un rassemblement d’oiseaux sur le sable. La petite équipe de jeunes ambassadrices s’approche et découvre avec horreur le corps sans vie d’une tortue braconnée quelques heures auparavant.

 

Remonter l’acte de braconnage au REMMAT

 

Décédée depuis peu, le reptile gît sur le sable. Les oiseaux, les mouches et les vers commencent à entamer sa carcasse. “Nous sommes face à un cas de braconnage classique. La tortue a été mise sur le dos, puis les braconniers ont sectionné ses deux nageoires avant pour l’empêcher de se débattre. Nous voyons également qu’ils ont tranché une partie de sa gorge. Ensuite, ils l’ont ouverte pour récupérer sa chaire. Nous pouvons voir des œufs à l’intérieur de sa carapace et penser qu’elle n’a pas eu le temps de pondre. Dans un cas comme celui-ci, nous réalisons un constat pour le Réseau d’Échouage Mahorais des MAmmifères marins et Tortues marines (REMMAT). Nous spécifions l’espèce qui a été braconnée, ici une tortue verte, sa taille, l’état dans lequel le cadavre est découvert et diverses autres informations pour identifier l’animal”, déroule Dina Andrianaivoravelona au moment d’effectuer des photos et des mesures de l’animal. Avant de marquer la carapace de l’animal à la bombe de peinture avec la date du jour afin que ses collègues du REMMAT puissent identifier l’animal et réaliser des prélèvements.

 

Devenir ambassadrice des tortues mais pourquoi ?

 

Avant, je ne savais pas que la tortue était une espèce en voie de disparation. Aujourd’hui, j’invite tout le monde à ne pas en manger.” Candidate au titre de Miss Petite-Terre 2021, Noorah Ali Soilihi témoigne alors de son expérience personnelle auprès de ses camarades pour faire passer un message. “Mon père m’a toujours dit de faire attention quand j’achète de la viande. La chair de tortue se vend surtout par le bouche à oreille, mais je connais des gens qui en ont déjà mangé à leur insu. De plus, c’est une viande qui peut être toxique. Le problème aujourd’hui, c’est que les gens qui [en] mangent et tombent malades par la suite ne le disent pas. Il est alors difficile de les identifier et de les sensibiliser pour qu’ils arrêtent d’en consommer.” Les concurrentes à l’élection font partie du projet Nyamoja, qui signifie “Tous ensemble”. L’objectif ? Former des défenseurs de l’environnement afin de réaliser de la prévention auprès des Mahorais de tout âge et de les éveiller à la préservation des tortues sur leur territoire.

“Cette expérience m’a donné envie de devenir bénévole”

Ramia Tina, prétendante au titre de Miss Petite-Terre, se dit consciente des problèmes liés à la consommation de viande de tortues sur son île. Face à ce constat, elle aspire à changer l’avenir de ces animaux marins. “Avant, je n’avais jamais fait partie d’une association, je ne savais pas qu’il y avait du braconnage sur l’île. Cette expérience m’a donné envie de devenir bénévole pour lutter contre. Nous avons vu des tortues pondre aujourd’hui, c’est très triste d’en voir une morte comme cela. Je ne comprends pas les gens qui braconnent.” Par le biais de cette formation d’ambassadrice du lagon, le comité des Miss et l’association Oulanga Nyamba espèrent que les jeunes filles sauront attirer l’attention sur l’importance de la protection des tortues à Mayotte et ainsi, à leur échelle, faire changer les mentalités.

L’Aïd, une période propice pour les commerçants mahorais

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Les commerçants attendent les 15 derniers jours du ramadan toute l’année. Période durant laquelle les clients prennent d’assaut les magasins à la recherche de nouveaux habits et de linge de maison pour l’Aïd. Bondées de monde, les foires ramadan se multiplient un peu partout sur le territoire, pour le plus grand bonheur des vendeurs.

« Namou karibou ! » (Soyez les bienvenus) Une phrase devenue automatique dans la bouche de chaque commerçant ces derniers jours. La rue du commerce de Mamoudzou prend tout son sens depuis une semaine. La foire ramadan est officiellement ouverte et la chaussée est en effervescence. Ma Souraya, gérante d’une boutique, ne peut cacher sa joie durant cette période. Assise sur son banc, elle supervise de son œil avisé ses petites-filles qui sont chargées de renseigner les badauds. Les vacances scolaires tombent à pic, les petites peuvent contribuer à animer le commerce familial. Des instants que la famille de commerçants n’avait pas pu vivre l’année dernière. « Le Covid-19 était tout récent, on ne pouvait pas faire tout cela », rappelle Ma Souraya. S’en sont suivis ensuite des épisodes de confinement et déconfinement, et les clients n’étaient clairement pas au rendez-vous. « Nous n’avions presque rien vendu pendant des mois, et ce que nous avions commandé n’est jamais arrivé. Personne n’a pu voyager pour acheter de la marchandise et beaucoup d’entre nous n’ont pas reçu leurs conteneurs », raconte la gérante.

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Cette année, elle n’a pas eu d’autre choix que de se rabattre sur les anciennes collections. « Ce que je vends sont des articles de l’an dernier, mais je suis tout de même contente de pouvoir liquider les stocks. » Les consommateurs ne semblent pas lui en tenir rigueur puisque qu’ils défilent devant le stand de Ma Souraya qui vend un peu de tout. Du prêt-à-porter, des tenues traditionnelles, des draps, des rideaux, de la décoration pour la maison… En somme, tout ce qui est recherché pour l’Aïd. Et les clients sont d’autant plus ravis. « On a le choix, tout est concentré sur la même rue, c’est une bonne chose », se réjouit Raïcha, venue faire ses dernières emplettes. Ses mains sont chargées de courses en grande partie destinées à sa fille. « Les achats de l’Aïd sont surtout pour les enfants. On doit leur acheter des nouveaux habits. Moi, j’ai passé l’âge, je mettrai un salouva et ça m’ira », dit la mère de famille en prenant une paire de chaussures. Les articles pour les plus petits sont effectivement très prisés par les centaines de clients qui entrent dans les boutiques.

 

Tout est permis pour attirer les clients

 

Nombreux sont ceux qui profitent du dernier week-end du ramadan pour tout acheter. Manque de temps ou simple stratégie, le résultat est le même : les rues et les magasins sont bondés de monde. « Je m’y prends un peu tard, mais avec le boulot je n’ai pas le temps de faire mes achats dans la semaine. C’est donc une aubaine pour moi que les magasins ouvrent le dimanche », se réjouit Nadia, une mère de famille qui fait les magasins avec ses deux enfants. Et c’est justement pour faciliter la vie des personnes qui travaillent que Hadja M’lanao, propriétaire d’un magasin de prêt-à-porter, a décidé d’ouvrir sa boutique en continuité jusqu’à 22h. « La fatigue est là, mais on n’a pas le droit d’être fatigués. C’est maintenant qu’il faut tout donner, donc on ouvre le soir pour que les clients puissent venir. » Et ils sont au rendez-vous selon elle. Beaucoup font leurs courses de l’Aïd après avoir mangé à 18h.

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Cependant, la commerçante regrette d’être l’une des rares à ouvrir le soir dans sa rue, même si cela l’avantage. D’autres ferment à 17h, mais font tout pour amasser le maximum de clients durant la journée. « Je baisse les prix dès la deuxième quinzaine du mois de ramadan pour pouvoir tout liquider et aussi permettre à chacun de pouvoir s’offrir quelque chose pour l’Aïd », explique une vendeuse. Une stratégie qui porte ses fruits puisque les clients l’ont bien assimilée au fil des années. « Je viens les derniers jours parce que je sais que c’est à ce moment-là que les commerçants sortent tous leurs produits et font beaucoup de promotions », affirme Haouzoiti, une cliente. Le dernier week-end du mois de ramadan a été très intense pour les commerçants, et les quelques jours qui restent avant l’Aïd s’annoncent encore plus épuisants. Les vendeurs se préparent psychologiquement à affronter la foule et tous les automobilistes devront indéniablement passer encore plus d’heures, dans des bouchons plus longs.

Quatre ans plus tard, une formation de pré-qualification aux métiers de la mer à Mayotte

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Dès la semaine prochaine, le centre de formation Accès lance une formation de préqualification dans les métiers de la mer. L’objectif : transmettre les connaissances théoriques et pratiques aux 16 stagiaires pour leur permettre d’intégrer par la suite une formation diplômante en local ou en mobilité. Entretien avec Tafara Houssaini Assani, l’instigateur de ce projet revisité, en partenariat avec les professionnels du secteur.

Flash Infos : Comment vous est venu à l’esprit ce projet de formation de préqualification dans les métiers de la mer ?

Tafara Houssaini Assani : Au détour de discussion avec les pêcheurs et les plaisanciers. Ils m’ont à tour de rôle remonté les difficultés à trouver des jeunes qualifiés dans les métiers de la mer. Logique, ces derniers ne sont pas mis en valeurs et se limitent à la pêche… Puis, j’ai rencontré Georgette Bréard, vice-présidente de la région Bretagne en charge de la formation, de l’apprentissage et de l’orientation lors de sa venue à Mayotte en 2018-2019 pour l’élaboration du schéma régional du développement économique, de l’innovation et de l’internationalisation (SRDEII). Cela a mis un coup d’accélérateur !

En mai 2020, le centre de formation Accès a répondu à l’appel à manifestation de la préfecture pour un projet de coopération régionale sur le programme INTERREG dans l’optique de permettre à des jeunes d’aller effectuer trois mois de stage à Madagascar auprès de professionnels dans les métiers de la mer. Mais comme d’habitude, cela a pris un temps monstre de tout mettre en place. Le dossier général sur lequel je travaille depuis quatre ans a été approuvé par le conseil départemental au début du mois de mars, via l’attribution des marchés de formation de l’année 2019.

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FI : Comment cette formation va-t-elle s’articuler ?

T. H. A. : J’aimerais commencer la semaine prochaine. Nous allons organiser un forum des métiers de la mer sur la plage du Faré en Petite-Terre avec des stands en lien avec la pêche, les loisirs nautiques, la préparation du poisson et la vente. L’idée de cet atelier est de présenter les différents corps de métier aux jeunes qui vont pouvoir poser toutes les questions qui leur passent par la tête. Même si nous habitons sur un territoire insulaire, peu d’entre eux ont déjà mis les pieds dans l’eau…

Viendra ensuite la découverte du langage et des codes avec les professionnels de la pêche. Avant d’entamer une remise à niveau concernant le savoir-être et les savoirs de base, comme les mathématiques, le français et l’informatique. Une fois la partie technique théorique bien assimilée, les stagiaires partiront en stage à Mayotte pour une durée de trois semaines dans le but de se confronter aux réalités du terrain et de revenir avec une idée claire de leur projet professionnel. L’ensemble de la formation et de la préparation va courir jusqu’à la fin du mois de décembre 2021.

FI : Ce sera alors le moment pour les stagiaires de prendre leur envol…

T. H. A. : Tout à fait ! Comme je le disais, ils vont partir pendant trois mois à Madagascar au début de l’année 2022 pour alterner entre la pratique sur les bateaux à Majangua et la théorie en centre à Antanarivo. À leur retour, plusieurs choix s’offriront à eux pour la formation qualifiante de six mois. Soit, ils s’envoleront pour la métropole, à Bordeaux pour les métiers de l’animation ou en Bretagne pour les métiers purs et durs de la mer. Soit, ils intégreront l’école d’apprentissage maritime à Mayotte. Dans tous les cas, le but est qu’ils connaissent les bases pour ne pas les envoyer au casse-pipe. Mais le top serait de pouvoir tous les envoyer en métropole, car ce n’est clairement pas la même expérience que l’on soit à Lorient ou à Mamoudzou…

Par contre, l’objectif est de les faire revenir à terme sur l’île aux parfums. C’est l’une des volontés des syndicats de pêcheurs, notamment ceux de M’Tsapéré, car à partir de décembre 2021, ils ne pourront plus partir en mer s’ils n’ont pas un titulaire du brevet de capitaine 200.

À qui s’adresse cette formation préqualifiante ?

Cette formation préqualifiante s’adresse à tous les publics de plus de 16 ans. Pour s’inscrire, il leur suffit d’être inscrit comme demandeur d’emploi à Mayotte, d’avoir une carte d’identité ou un titre de séjour en règle, de posséder un relevé d’identité bancaire et une attestation de sécurité sociale.

Le coût de la formation jusqu’au mois de décembre s’élève à 123.000 euros, pour 750 heures de théorie et 105 heures de pratique en entreprise.

Village relais de Tsoundzou II : pour la FMAE, “à cette vitesse, dans 50 ans, nous aurons tout saccagé”

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La Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) veut alerter sur les risques que fait courir le chantier du village relais de Tsoundzou II, censé accueillir les familles en situation de grande précarité, construit sur l’arrière-mangrove. Alors que ce projet est piloté par l’État, le trésorier de la fédération, Zaman Soilihi, veut interpeller les pouvoirs publics sur leur rôle dans la protection de l’environnement fragile de Mayotte. Et tire la sonnette d’alarme.

Flash Infos : Vous avez organisé une action ce vendredi, à côté du site du village relais de Tsoundzou II. Pourquoi ?

Zaman Soilihi : Ce n’était pas tant une action, mais j’ai souhaité amener les journalistes à côté du village relais, à gauche, quand on va vers vers le pont, car là-bas, il s’agit d’une zone humide. Or sur ce terrain, il y a un particulier qui est en train de remblayer la zone. Nous nous sommes rendus sur place pour constater les tractopelles et l’ensevelissement. Puis je les ai emmenés voir le village relais pour faire le parallèle. Pour nous, il n’y a pas de différence entre ce propriétaire privé qui est en train de dégrader la zone humide, et l’État, qui a saccagé l’arrière-mangrove pour construire ce village relais…

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FI : Justement, quels sont les problèmes que posent ce chantier selon vous ?

Z. S. : Nous, nous ne sommes pas contre le village relais en soi. Ce que nous déplorons, d’une façon générale d’ailleurs sur l’île, c’est que les collectivités et l’État sont les premiers à ne pas respecter l’environnement. Le village relais en est le parfait exemple ! Le site se trouve sur l’arrière-mangrove, or il s’agit d’un écosystème aussi important que la mangrove elle-même. Quand on détruit l’arrière-mangrove, c’est la mangrove qui va finir par dépérir… Et si on détruit une zone humide, cela aura un impact sur la mangrove, et bien sûr sur le lagon en général. Bref, on ne peut pas faire n’importe quoi sur cette île, sans que cela ait des impacts et ces impacts-là doivent être mesurés. Le premier garant de cette réglementation c’est l’État, et en l’occurrence, ce sont eux qui financent ce village relais. L’on attendrait donc à juste titre qu’ils soient particulièrement tatillons sur le respect de la réglementation.

FI : Un avis de l’autorité environnementale a conclu que le projet de construction du village relais de Tsoundzou II était susceptible d’avoir des incidences notables sur l’environnement et sur la santé humaine au sens de l’annexe III de la directive susvisée n° 2014/52/UE du 16 avril 2014. Le projet doit donc être soumis à une évaluation environnementale. Quelles sont les suites de cette décision ?

Z. S. : Je n’en connais pas les suites. Mais d’une manière générale, la délinquance environnementale sur cette île n’est pas encore prise en considération au niveau de la justice. Tout du moins la justice ne s’en saisit pas à bras le corps. Nous comprenons que les procureurs aient bien d’autres sujets à traiter, mais à la FMAE, nous jugeons que cette délinquance environnementale doit être punie comme le code de l’environnement et le code pénal le suggèrent. On ne devrait rien laisser passer… Or, il y a déjà eu des précédents, à Tsararano où on a construit une station d’épuration sur la zone humide, ou encore un marché couvert, et l’État a laissé faire.

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Par ailleurs, les études qui sont faites en termes d’impact environnemental sont souvent négligées et les bureaux d’études ne maîtrisent pas toujours bien le sujet en considérant qu’il n’y a pas d’espèce endémique à valeur patrimoniale, par exemple. Mais prenez l’arrière-mangrove justement : c’est un habitat pour les oiseaux, pour les crabes. C’est une zone où espèces animales et végétales vivent, où les oiseaux viennent se nicher. Non seulement on détruit cet habitat avec le village relais, mais quand il sera occupé, avec la lumière, les activités humaines, cela va faire fuir bon nombre d’animaux qui vivent là. L’argument qu’on nous oppose, c’est de dire qu’il y a déjà des habitations dans la zone. À qui la faute ? Ce sont la mairie de Mamoudzou et l’État qui ont laissé faire… et qui maintenant s’engouffrent dans la brèche.

FI : Au niveau de la FMAE, quelles actions prévoyez-vous et quelle réponse espérez-vous obtenir des autorités ?

Z. S. : Même si nous ne désespérons pas, tout cela est très compliqué… Le chantier va avancer. L’État est arrivé avec ses grosses bottes, et piétine tout, en tout cas, c’est comme ça que nous le ressentons. Même si nous faisons un recours devant la justice, je crains que le chantier ne soit fini avant que l’on commence à en voir les fruits… Tout ce que nous espérons, ce sont donc au moins des mesures compensatoires, que l’État compense ces dégradations en mettant en place des mesures qui protègent mieux l’environnement sur l’île. S’il faut vraiment porter plainte, nous le ferons, même si nous n’y croyons pas beaucoup. Nous allons donc aussi poursuivre nos campagnes de sensibilisation, alerter au niveau des médias, écrire au préfet, car au niveau de la justice en ce moment, force est de constater que nous n’avons pas beaucoup d’écho par rapport aux problèmes que nous soulevons. Nous avançons à très petits pas, et c’est très insuffisant par rapport aux défis que nous avons à relever sur cette île. Depuis 1842 jusqu’à maintenant, en un siècle pour faire simple, nous avons perdu la quasi-totalité de nos forêts. Nous avons forcément perdu des espèces endémiques que l’on ne connaissait même pas ! Dans la zone océan Indien mais à Mayotte encore davantage, nous sommes sur un point chaud, avec des risques d’extinction ou de danger imminent pour les différentes espèces. Ici plus qu’ailleurs, je pense que les enjeux anthropiques sont énormes, avec les flux migratoires et la croissance démographique, nos écosystèmes naturels sont soumis à des pressions considérables.Très rapidement, nous aurons tout dégradé, donc il est urgent d’aller plus vite dans les sanctions, que nos pouvoirs publics soient plus réactifs. Malheureusement, à la vitesse à laquelle nous allons pour l’instant, la vitesse tortue en réalité, dans cinquante ans nous aurons tout saccagé…

Projet de loi Mayotte : Renforcement de l’État régalien : une trentaine d’idées proposées par les officiels

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Le préfet Jean-François Colombet continue sa tournée à la rencontre des forces vives de Mayotte. Vendredi dernier, il était à M’Tsamboro pour écouter et récolter les propositions des institutions sur le thème du renforcement de l’État régalien à Mayotte. Au total, pas moins d’une trentaine d’idées ont été relevées. Elles seront inscrites dans la synthèse que recevra le ministre des Outre-mer le 1er juin.

La cafétéria du collège de M’Tsamboro accueillait de drôles d’élèves ce vendredi matin. Il ne s’agissait pas d’adolescents, mais de femmes et hommes adultes représentant différentes institutions ainsi que des élus. Tous sont venus exposer leurs idées afin de contribuer à l’élaboration du projet de loi Mayotte proposé par Sébastien Lecornu. L’attractivité de Mayotte était au cœur des préoccupations. Chacun à sa manière a formulé une suggestion pour que le territoire soit moins attractif aux clandestins. Voici une liste non exhaustive des idées qui ont émergé lors de ce forum institutionnel.

 

Taxer les bangas

 

Le préfet s’est lancé dans une reconquête du foncier en démolissant les cases en tôles construites illégalement. Mais force est de constater que certains propriétaires de terrains refusent de coopérer comme ce fût récemment le cas en Petite-Terre. Le maire de Koungou a alors proposé une alternative. « Il faudrait taxer les bangas, pour faire entrer de l’argent dans les communes et mieux les contrôler. Le bailleur devra également proposer un bail de location. Ainsi les propriétaires de bangas se mobiliseraient un peu plus et s’occuperaient mieux de leur foncier. » Une idée qui n’a pas vraiment enchanté Jean-François Colombet. « Je préfère plutôt qu’on les détruise et que l’on dénonce les propriétaires qui tirent des revenus de ces bangas », a-t-il rétorqué. Il a d’ailleurs donné les noms de ceux qui ont refusé la démolition des cases en tôles au procureur et à la direction régionale des finances publiques (DRFIP) pour qu’une enquête soit ouverte.

 

Interdiction d’attribuer des titres de séjours à ceux qui entrent illégalement

 

Comme depuis le début de la semaine, la question de l’immigration s’est invitée dans le débat. Le député Mansour Kamardine a proposé l’interdiction au préfet de procurer des titres de séjour à tous ceux qui entrent clandestinement sur le territoire ou qui y résident illégalement. « Y compris ceux qui entrent avec un visa et qui ne partent pas. On ne peut pas récompenser les personnes qui trichent, parce qu’en les régularisant on leur dit de continuer de se cacher pendant 15 ans et elles seront récompensées », a-t-il argumenté. Une proposition relevée par le préfet, non sans quelques pics de provocation. « Par contre, il faudra que les élus arrêtent de faire des interventions pour que je régularise certaines personnes. J’en reçois beaucoup… », a-t-il taclé. Une vérité générale qui a eu le don de faire rire l’assemblée.

 

Faire payer les femmes clandestines qui veulent accoucher

 

La forte natalité de Mayotte inquiète les Mahorais. Il y a quelques jours, la maternité de Mamoudzou enregistrait un nouveau record de 45 naissances en 24 heure. « Il fût un temps l’hôpital leur faisait payer 300 euros aux femmes enceintes qui résident à Mayotte illégalement avant leur accouchement, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais cela ne se fait plus. Il faut restaurer ce système et peut-être même les faire payer plus de 300 euros », a soutenu Hadidja Bacar Said, une habitante de M’Tsamboro qui a réussi à participer à cette réunion. Sa proposition va encore plus loin puisqu’elle aimerait ensuite que « l’on renvoie ces femmes et leurs bébés immédiatement chez eux dès qu’ils sortiront de la maternité ».

 

Réévaluer la population de Mayotte à sa juste valeur

 

Le nombre d’habitants présents à Mayotte communiqué par l’Insee a toujours été sujet à des houleux débats. Selon les derniers chiffres, l’Insee répertorie 289.000 personnes sur l’île. « Je pense qu’on est tous conscients d’être largement plus sur le territoire », a soulevé le représentant du collectif du monde économique de Mayotte dans la lutte contre l’insécurité (CMEM). Le travail des agents recenseurs a fortement été critiqué pendant le forum institutionnel à M’Tsamboro. « Les jeunes qui sont embauchés pour faire le recensement ne vont pas dans les quartiers informels, il ne faut pas se leurrer », ajoute un autre intervenant. Et contrairement à toute attente, le préfet a acquiescé. « Je pense que c’est vrai et l’Insee a beaucoup été sensibilisé là-dessus… Je suis attaché à un critère, c’est le nombre de foyers fiscaux, parce que le fisc ne rate personne. Le DRFIP nous disait que nous avons 94.000 déclarations physiques, donc on peut faire le ratio et on peut imaginer que le chiffre indiqué par l’Insee n’est effectivement pas le nombre de personnes présentes à Mayotte. », a-t-il indiqué. Or, tous les moyens attribués à Mayotte sont calculés sur la base du nombre officiel d’habitants. « Aujourd’hui, on est tous en attente de moyens, alors il faut revoir la politique du recensement », a préconisé le représentant du CMEM. Jean-François Colombet a annoncé que le recensement sera désormais séquencé, ce qui permettra une mise à jour plus régulière.

 

Désenclavement des communes

 

C’est un fait, pratiquement tous les services publics, les entreprises, les activités diverses et variées se concentrent à Mamoudzou. Une situation qui crée des kilomètres de bouchons et qui défavorise les autres communes. L’idée a été évoquée par un adhérent du syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales. « Je pense qu’il y a à l’intérieur de Mayotte plusieurs Mayotte. Il faudrait développer les services publics et les faire venir dans les endroits qui s’éloignent du chef-lieu. Sans oublier les médecins qui devraient s’installer dans ces endroits reculés », a-t-il développé.

 

Confiscation des matériaux nautiques destinés aux kwassas

 

« On connait les fournisseurs des fabricants des kwassas. Ils sont basés dans le sud de la France et leurs conteneurs passent à Mayotte, tout le monde le sait », a affirmé un participant au forum. Selon lui, la douane française devrait tout simplement confisquer ces matériaux nautiques lorsqu’ils sont au port de Longoni et les offrir aux pêcheurs pour qu’ils puissent réparer leurs bateaux gratuitement. « Le président Azali refuse de reprendre ses compatriotes ? Alors on lui fait un embargo sur tous les matériaux nautiques qui servent à fabriquer les kwassas », a-t-il ajouté. Voilà de quoi déstabiliser le réseau de passeurs établi entre les Comores et Mayotte.

EDM veut “devenir l’entreprise préférée des mahorais”

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Vendredi dernier, EDM recevait dans ses locaux les associations de consommateurs et les centres communaux d’action sociale (CCAS) de l’île pour partager les nouvelles avancées en termes de prise en charge des clients de l’entreprise. Des nouvelles et des futures solutions qui ont semblé ravir les représentants des associations.

Si pendant des années, les relations ont été compliquées entre EDM et ses clients, la situation tend fortement à s’améliorer. Il était notamment reproché à EDM les difficultés pour aller payer jusqu’au siège de Kawéni et les prix des factures parfois exorbitants, alors que l’entreprise a le monopole de distribution d’électricité sur l’île. Depuis plusieurs années, EDM et les associations de consommateurs travaillent en commun pour améliorer au maximum l’expérience client. Des efforts qui sont en train de payer.

“Donner le choix aux mahorais”

L’une des premières mesures qu’a souhaité le pôle clientèle et commercial d’EDM, c’est la mise en place de divers moyens de paiements pour éviter à tous les habitants de Mayotte de devoir se déplacer jusqu’à Kawéni. Il a notamment été remonté qu’un abonné sur quatre paie en espèces au guichet. Des bornes de paiements ont donc été installées à plusieurs endroits stratégiques du territoire, comme à Combani ou à Chirongui. D’autres seront aussi rapidement installées au marché couvert de Mamoudzou, mais aussi à Pamandzi ou encore à Dzoumogné. Il est désormais aussi possible de payer directement en ligne pour les personnes équipées d’une connexion.

Mais ces nouveaux moyens de paiements ne sont pas les seules améliorations qui ont vu le jour. L’accueil client au sein de l’agence de Kawéni a lui aussi été repensé. “Ici avant, c’était un hangar, c’est plus agréable de venir aujourd’hui dans nos locaux”, indique Ali Moussa Mohamed Mourdjae, chef du pôle clientèle et commercial d’EDM. Un espace dédié au paiement a été défini et les bureaux ont été réagencés afin que les clients aient plus d’intimité lorsqu’ils viennent faire remonter des problèmes. L’accueil des professionnels a désormais, lui aussi, sa salle dédiée. Et dès l’été, une agence en ligne sera disponible. Il sera possible pour chacun des habitants de retrouver son espace personnel sur la toile ainsi que toutes les informations liées à son compte client.

 

Une sensibilisation nécessaire

 

Si ces nouvelles initiatives sont saluées par les clients, accompagner ces derniers reste nécessaire. À la demande des centres communaux d’action sociale, des agents d’EDM peuvent se rendre dans différents endroits de l’île pour initier à l’utilisation des bornes ou à l’utilisation des chèques-énergies. En effet, nombreux sont les chèques-énergies à ne pas revenir à EDM, parce qu’encore trop de gens ne les utilisent pas. “Certaines personnes, notamment des mamies, [les] reçoivent, mais les rangent dans un tiroir parce qu’elles ne savent pas quoi en faire”, explique l’une des représentantes des consommateurs. Il semble alors clair que les habitants doivent encore être sensibilisés aux nouveautés apportés par EDM, qui se veut “leader sur le territoire” en termes de relation clientèle.

Un autre point de sensibilisation est mis en avant par Ali Moussa Mohamed Mroudjae sur la façon de consommer. “Les factures sont extrêmement hautes parce que les Mahorais ne sont pas sensibilisés sur leur manière de fonctionner”, explique-t-il aux représentants des associations. Il semble donc à ses yeux judicieux d’éveiller les consciences sur les différents types d’ampoules, le fait d’éteindre la lumière et la télévision en sortant ainsi que d’autres gestes simples qui peuvent faire réduire les factures.

 

Des efforts appréciés par les consommateurs

 

On a le sentiment que l’entreprise ne cherche pas à faire du chiffre, mais à améliorer l’expérience client”, déclare une membre du CCAS du Nord. Un sentiment qui semble être partagé par tous les représentants des consommateurs. Une satisfaction générale ressort de la réunion : les associations de consommateurs ont le sentiment d’avoir participé à ces améliorations et se sentent “vraiment prises en compte dans le processus”. Si ces années de travail ont été parfois mouvementées et tumultueuses, aujourd’hui tous s’entendent pour une cause commune : minimiser l’effort client.

“Et si on changeait vraiment ?” La liste NEMa présente ses candidats aux les élections départementales 2021

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Mercredi 5 mai, Maymounati Moussa Ahamadi et Ali Omar du parti Nouvel Élan pour Mayotte (NEMa) dévoilaient leur programme pour briguer les élections départementales du canton de Dzaouzi-Labattoir. Leur mot d’ordre ? “Cap sur la jeunesse”.

« Nous devons créer une continuité dans la rupture. » C’est par ces mots que Saïd Omar Oili, le président du parti Nouvel Élan pour Mayotte, a introduit la conférence de presse organisé mercredi dernier pour présenter ses deux protégés qui se lancent dans la course aux élections départementales. « Aujourd’hui, le monde a changé. Nous avons besoin d’un renouvellement de la classe politique pour répondre aux besoins de la population.” Le maire de Dzaouzi a insisté sur l’importance pour les candidats de bien connaître leur circonscription. “Si vous ne maitrisez pas la géographie et la démographie, vous ne pouvez pas faire de politique durable. À Mayotte, nous sommes face à un déficit de données à combler pour calibrer les politiques publiques en fonction des besoins du territoire.”

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“Incarner l’espoir dans la nouvelle génération”

Maymounati Moussa Ahamadi, candidate avec la liste NEMa, a également présenté les grandes lignes de son programme. “Nous sommes à l’ère des transitions. Nous devons être dans une transition politique. À Mayotte, 60% de la population a moins de 20 ans. La jeunesse doit être une priorité ultime.” Avec son collègue Ali Omar, les deux candidats désirent mettre l’accent sur l’éducation et la formation des jeunes afin de leur offrir un avenir meilleur. “Les Mahorais ont une qualité de vie qui n’est pas à la hauteur de leur combat pour une Mayotte française. Nous nous devons de leur donner des conditions de vie dignes, de pouvoir s’instruire, travailler, se former, se loger. Nous devons changer réellement avec des hommes capables de travailler au quotidien pour la population.

“Les projets ne se feront pas sans moyens”

Ali Omar a montré sa volonté de soutenir les institutions mahoraises. “Aujourd’hui, le Département ne supporte pas assez les communes. Il faut que nous nous battions pour financer nos projets. Les projets ne se feront pas sans moyens.” L’un des enjeux mis en avant par les candidats de NEMa est l’enclavement de certaines zones de l’île. “Il faut sortir les gens qui vivent dans le noir, sans eau ni électricité de cette situation précaire.
Maymounati Moussa Ahamadi, quant à elle, a rappelé les chiffres tristement élevés de la précarité à Mayotte, “Sur l’île, le taux de pauvreté atteint 77% contre 14% en métropole, tout doit converger vers la lutte contre la pauvreté.

“Le premier objectif est de ne pas subir Mayotte mais de la choisir”

La candidate aux élections départementales souhaite “proposer une offre de formation qui permettrait aux Mahorais de rester sur le territoire”. Un objectif partagé par son collègue Ali Omar, qui dit avoir à cœur de placer l’action sociale et le développement de l’économie aux centres de leurs futurs projets. Parmi les infrastructures qui pourraient voir le jour ? La création d’un CFA. Celui-ci permettrait de former des jeunes et leur donner une chance de s’insérer dans le monde professionnel.

“Penser développement humain pour répondre aux enjeux internationaux”

Ali Omar a affiché une volonté de développement au niveau local, mais aussi une ouverture du territoire à l’international. “Nous ne pouvons pas vivre en autarcie.” Le candidat a rappelé les différents enjeux de ce petit territoire insulaire et a pointé l’intégration de celui-ci à l’échelle régionale pour assurer sa place de “porte d’entrée de l’Europe”. Enfin, pour répondre aux problèmes d’insécurité prégnants sur le territoire, le duo prône des changements profonds et durables au sein de la société afin d’offrir à chacun une égalité des chances de s’épanouir et de vivre dignement à Mayotte. “Pourquoi les jeunes n’ont pas d’autre alternative que la violence ? Regardons les profondeurs de ce mal être et trouvons les solutions adéquates.” Rendez-vous dans les urnes le 20 juin prochain.

Loi Mayotte : Les motifs impérieux s’invitent dans les débats, portés par un groupe de médecins du CHM

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En pleine audience du préfet pour la consultation sur la loi programme, des personnels soignants ont décidé d’interpeller le représentant de l’État au sujet des motifs impérieux et des contrôles drastiques effectués par les services de la préfecture. Au vu de la situation sanitaire stabilisée, ceux qui sont en première ligne face au Covid-19 s’inquiètent des conséquences d’une telle prolongation pour les habitants de l’île.

Décidément, le Covid-19 n’est jamais bien loin. Même dans les réunions organisées depuis mercredi pour la consultation sur la loi programme pour Mayotte. Ce jeudi, c’est à l’occasion d’une audience avec le préfet à la mairie de Mamoudzou, version intimiste d’un grand débat, qu’un petit groupe de médecins du centre hospitalier a choisi de faire entendre sa voix. Leurs doléances ? Les motifs impérieux, qui commencent de plus en plus à s’attirer les foudres des habitants de l’île aux parfums.

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Rien à voir, de prime abord avec les cinq thèmes de cette grande consultation lancée par le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, qui sont rappelons-le : l’égalité des droits sociaux, le renforcement de l’état régalien, l’accélération du développement de Mayotte, le renforcement du conseil départemental, et la jeunesse et l’insertion. Pourtant… “Nous craignons que l’hôpital rencontre de plus en plus de difficultés à recruter des collègues sur le long terme. On sait que Mayotte souffre déjà d’un désert médical. Et certains soignants autour de nous pensent à quitter l’île, malgré l’attachement à leurs patients…”, signale cette médecin, dans ce qui s’apparente à un cri d’alerte.

“Nous ne sommes plus confinés mais séquestrés sur l’île !”

La question qui m’interroge : sur quels fondements et données épidémiologiques, sachant que le taux d’incidence est au plus bas, est basée la prolongation de ces motifs impérieux ?”, lance cette soignante, installée depuis trois ans dans le 101ème département. “Nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas comprendre cette interdiction, nous avons tous des motifs qui nous paraissent impérieux, voir nos proches, obtenir des soins qui ne sont pas disponibles ici, ou encore des raisons professionnelles”, renchérit l’un de ses collègues. “Nous ne sommes plus confinés mais séquestrés sur l’île !

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Réponse du préfet, qui rappelle avoir obtenu l’assouplissement récent de ces motifs : “la logique du gouvernement, c’est de dire : oui vous ne présentez pas de risque particulier, par contre, il faut freiner les échanges car nous courons encore le risque d’importer les variants britannique ou brésilien”, explique Jean-François Colombet, en évoquant le précédent presque catastrophique de l’arrivée du variant sud-africain à Mayotte. A ce jour, cinq premiers cas de la mutation dite britannique du virus ont en effet été détectés sur le territoire.

 

Deux poids, deux mesures

 

Une situation qui ne convainc pas ces médecins, pourtant confrontés au virus tous les jours. “Les variants brésiliens et anglais ne vont pas circuler pendant des semaines, pas pendant des mois, mais pendant des années ! On va vivre sous ces motifs pendant des années ?”, s’insurge l’un d’eux, qui travaille précisément au service réanimation du CHM. Pour lui, cette justification tient d’autant moins qu’aucun seuil n’a été fixé pour décider d’une levée ou non des motifs. Et une autre de surenchérir : “J’aimerais qu’on se réveille sur la réalité sanitaire de Mayotte. L’année dernière, nous avons eu plus de morts de la dengue que du coronavirus. Aujourd’hui, en réanimation, vous avez plus de jeunes victimes de l’insécurité. Il y a plus de morts du diabète…” Sans compter que le même contrôle ne s’effectue pas pour les passagers en provenance de métropole, qui se contentent encore de présenter leur bout de papier directement au guichet de l’aéroport.

 

La protection des données médicales en question

 

En autre guise de réponse à leurs interrogations, le préfet assure que les personnes souhaitant se déplacer pour un motif sanitaire le peuvent. Éclats de voix dans l’assistance. “On a des cas tous les jours de personnes qui se font refouler leurs motifs !” “On protège une population contre le virus, mais on en empêche une autre d’aller se faire soigner. Des gens qui devaient aller au CHU hier se sont vus refuser leur motif”, précise Safina Soula, la représentante du collectif de défense des intérêts de Mayotte (Codim), en soutien aux personnels soignants. “Nous avons six personnes, trois de la police aux frontières (PAF) et trois fonctionnaires à la préfecture chargés d’étudier les dossiers”, mentionne le délégué du gouvernement. Une source d’inquiétude de plus pour ces médecins. “C’est quand même accablant que ce soient des policiers de la PAF qui regardent les dossiers médicaux !

Bref, la gronde monte même chez ceux en première ligne contre le virus. En attendant, le Conseil d’État vient de débouter le collectif des citoyens de Mayotte de leur recours sur cette même mesure. À la mi-avril, le groupe avait déposé une requête pour demander la suspension de l’exécution des nouvelles dispositions de l’article 57-2 du décret du 16 octobre 2020, permettant justement au représentant de l’État de demander des pièces justificatives aux passagers, six jours avant leur départ. Le collectif entend déposer un référé-liberté au tribunal administratif.

Réouverture des salles de sport à Mayotte : une bouffée d’oxygène après trois mois sous tension

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Après trois longs mois de fermeture, les salles de sport de Mayotte peuvent à nouveau accueillir du public depuis ce lundi. Malgré les difficultés engendrées par cet arrêt prolongé, les sourires sont de mise depuis la reprise tant attendue, à la fois au niveau des gérants que des adhérents.

Tout le monde est soulagé !” C’est ce qu’annonce Julien, gérant de la salle Orange Bleue, à Mamoudzou. Il est vrai que pour les sportifs, la période de confinement a été particulièrement compliquée. S’il est possible de jogger ou de faire son sport seul dehors, tous les championnats sont encore à l’arrêt et les équipements des salles manquaient aux plus rigoureux d’entre eux. “Dès que j’ai appris pour la réouverture lundi matin, je me suis organisé pour pouvoir venir”, explique Antoine, tout sourire, transpirant sur son tapis de course. “Les gens étaient impatients, surtout quand ils ont appris la réouverture des bars et des restaurants, mais pas des salles”, souligne Anli, gérant de la salle May Bodyform.

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En effet, à la sortie du deuxième confinement, les salles n’ont pas rouvert, contrairement par exemple aux lieux de culte. Une situation qui a généré de nombreuses interrogations chez les sportifs, notamment au vu du protocole sanitaire strict imposé aux salles. “On a reçu beaucoup de messages et de soutien de la part des adhérents. C’est important de le souligner parce que c’est grâce à eux qu’on vit et qu’on survit”, constate Anli. Et si les habitués étaient dans le doute, les gérants aussi.

 

Dans le flou total, pendant trois mois

 

Tous les deux regrettent un manque de communication de la part de la préfecture. Ils sont restés “dans le flou total”, pendant trois mois. “On ne savait même pas qu’ils se réunissaient vendredi pour discuter de notre réouverture, on l’a appris seulement vendredi soir, vers 20h”, raconte Julien, un léger sourire aux lèvres. Mais les abonnés semblent toutefois avoir répondu présent. Ce qui n’a apparemment pas été le cas des propriétaires, ou même des banques. Les deux hommes font le même constat : si lors du premier confinement, il y avait eu une compréhension collective, cette fois, c’était plus compliqué.

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Tous deux ont dû payer leur loyer en temps et en heure, une obligation compliquée notamment pour May Bodyform, qui ne marche pas à l’abonnement et qui n’avait donc aucune rentrée d’argent… “C’est le fond de solidarité qui nous a permis de couvrir les charges, les grands gagnants de cette crise, c’est les propriétaires !”, conclut Anli. Malgré tous les désagréments engendrés, les gérants restent confiants. Le fitness semble avoir un réel avenir sur Mayotte. “Cette période nous a même permis de nous rapprocher, de discuter pour développer la musculation sur Mayotte”, indique Julien.

Et si les salles ne sont pas pleines en ce mois de Ramadan, auquel s’ajoutent les vacances scolaires, la salle Orange Bleue comptabilise “pas mal d’inscriptions” et les deux gérants comptent bien relancer la machine, une fois l’Aïd passé.

Ramlati Ali : « Le gouvernement n’a pas découragé Air France, la discussion est en cours »

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Piste longue, non-venue d’Air France, campus connecté, grève des sages-femmes. Au cours de la dernière semaine, la député de la majorité, Ramlati Ali, a suivi de près l’actualité qui touche le 101ème département. Elle revient pour Flash Infos sur ces dossiers chauds qu’elle porte sur tous les fronts. Entretien.

Flash Infos : Vendredi dernier, vous avez rencontré un manager senior associé mandaté par la direction générale de l’aviation civile (DGAC) pour une concertation de suivi post débat public dans le cadre de la réalisation de la piste longue de l’aéroport de Mayotte. Qu’est-il ressorti de votre entretien ?

Ramlati Ali : Cette personne mandatée par la DGAC a pour mission d’étudier la faisabilité de la piste longue. J’avais demandé sur mon compte Facebook l’avis des internautes pour connaître leurs désidératas sur ce sujet. À Mayotte, les habitants ont l’impression que nous avons repris des études. Mais ce n’est absolument pas le cas. Nous sommes dans la prolongation et l’actualisation de ce qui a été fait par le passé. Par rapport à tout cela, on m’a confirmé que nous étions dans la continuité. Nous n’en sommes plus à nous demander si nous allons la faire ou non, mais plutôt dans quelles conditions nous allons la construire !

Avant même que nous parlions de volcan, de séismes, de risques tsunamiques, j’ai toujours été dans l’optique de voir cette piste sur pilotis. Il faut que la population s’implique dans le processus pour que nous puissions désormais nous tourner vers les matériaux à utiliser en cas de remblais. Encore plus aujourd’hui qu’hier, cette option est la meilleure façon de surélever la piste par rapport au niveau de la mer.

FI : Lundi, nous avons appris, par la voix de Mansour Kamardine, la non-venue d’Air France à Mayotte. Depuis le début de semaine, difficile de démêler le vrai du faux. Quelles sont vos informations à ce sujet ?

R. A. : Comme tout le monde, j’ai regardé le journal qui disait qu’Air France ne venait pas officiellement à Mayotte. J’ai officieusement interrogé les uns et les autres. Tout ce que je peux vous dire à ce jour c’est que rien n’a été décidé, ni dans un sens ni dans l’autre. Hier [mercredi], j’ai sollicité les ministères des Outre-mer et des Transports pour leur dire qu’ils ne pouvaient pas mentir aux Mahorais sachant que le président de la République, Emmanuel Macron, s’est engagé en octobre 2019 à ouvrir le ciel mahorais à la concurrence. Même si je suis de la majorité présidentielle, je ne peux pas cautionner cette manière de procéder. Alors pour l’instant, on m’a certifié qu’il n’y avait pas de décision prise. C’est un peu le statu-quo. Une chose est sûre : le gouvernement n’a pas découragé Air France, la discussion est en cours.

FI : En tant que première femme médecin mahoraise, vous avez tout naturellement apporté votre soutien aux sages-femmes qui ont manifesté ce mercredi. Comment comptez-vous porter leurs doléances au plus haut sommet de l’État pour qu’elles se fassent entendre ?

R. A. : J’ai déjà commencé à les soutenir par le passé à la suite d’une demande de rendez-vous. Je n’ai pas eu besoin de cette nouvelle grève pour comprendre ce qu’il se passe, étant du milieu. Les sages-femmes se retrouvent entre deux fonctions : paramédicales et médicales. Aujourd’hui, ce corps médical n’a de médical que le nom. Donc j’ai immédiatement alerté le ministère de la Santé et j’ai eu une audience assez longue avec le syndicat. Je vais de nouveau saisir le ministère pour rappeler et porter leurs doléances. Disons que cela suit son cours.

FI : Dans la même journée, vous vous êtes entretenue avec la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, pour évoquer le campus connecté, présenté ce mardi par le rectorat…

R. A. : (elle coupe). Je ne l’ai pas rencontrée hier [mercredi]. C’est une photo d’archive qui remonte à 2019 et que mon attachée parlementaire a republié (sourire). Ce jour-là, nous avions parlé avec la ministre de l’université de plein exercice à Mayotte et de la mise en place du Crous. Et j’en avais profité pour évoquer l’idée du campus connecté dans le but d’accompagner les étudiants, en attendant que les autres dossiers prennent forme.

J’avais fait cette demande et la réponse à l’époque était de sonder la collectivité support, qui est la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou et le vice-rectorat pour être sûr que des étudiants mahorais aillent vers cette voie. L’idée était de ne pas nous retrouver comme à Saint-Pierre-et-Miquelon où les étudiants n’en voulaient pas. Ce travail de terrain, je l’ai fait, j’en suis à l’origine ! J’ai travaillé sur ce dispositif avec le recteur, Gilles Halbout, qui a eu une très bonne écoute.

FI : Le mois prochain doit se tenir, sauf retournement de situation, les élections départementales. Mansour Kamardine, le député LR, a expliqué sa volonté de se présenter comme chef de file pour revenir à un mandat local qui lui semble plus proche de la réalité du terrain. Quel est votre regard sur ce scrutin dont l’importance n’est plus à prouver à Mayotte ?

R. A. : Il est vrai que les mandats locaux ont un vrai pouvoir décisionnel. Mais au Département, il faut être président pour avoir la mainmise sur le développement du territoire. Quand mon collègue, Mansour Kamardine, explique que c’est plus concret, je le comprends. À Mayotte, les habitants ne comprennent pas forcément le travail des uns et des autres, qu’ils soient maires, parlementaires ou conseillers départementaux. Par exemple, on me reproche souvent les problèmes d’insécurité, alors qu’ils sont du ressort de l’État et des collectivités !

À ce niveau-là, avoir quelqu’un qui est au clair par rapport à tout cela, c’est très bien. Mais de l’extérieur, entendre que certains sont candidats à la présidence m’amuse un peu car il s’agit d’un scrutin binominal mixte majoritaire à deux tours… Il faut vite passer à la proportionnelle pour élire un projet pour le territoire. C’est ce que nous avons demandé avec les quatre parlementaires, le président du conseil départemental et le président de l’association des maires.

Nous le voyons bien, la décentralisation a commencé par le Département en 2004, puis les communes en 2008. Or, ces dernières marchent mieux car les élections municipales sont plus concrètes aux yeux des électeurs ! Nous votons pour un programme et un chef de file. Le projet de loi Mayotte doit commencer par cela… Pour que nous puissions avoir un vrai projet pour le territoire.

Le CNAM et le rectorat de Mayotte s’allient pour la formation professionnelle

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Le conservatoire national des arts et des métiers et le rectorat de Mayotte viennent de signer un accord cadre pour mutualiser leurs réseaux afin de développer la formation professionnelle sur le territoire. La première débutera dans quelques semaines.

Cela fait un an qu’ils le préparent, et il est enfin signé. L’accord cadre entre le rectorat et le conservatoire national des arts et des métiers (CNAM) vient officiellement de naître dans le cabinet du recteur ce jeudi 6 mai. La convention demande à chacune des deux parties de mobiliser ses réseaux et promouvoir les différentes formations professionnelles qui peuvent être proposées à Mayotte à distance ou en présentiel.

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L’un des principaux avantages de cet accord est le public ciblé, qui est assez large. « Il est destiné aux demandeurs d’emploi et aux jeunes à partir de 16 ans qui ne sont ni en emploi ni en formation. L’autre volet de ce partenariat prévoit également d’accompagner les salariés du rectorat pour une montée en compétences », informe Antufati Bacar, directrice du CNAM de Mayotte. « L’objectif principal est d’élargir l’offre de formation, notamment à destination des jeunes qui ont du mal à trou-ver leurs voix professionnelles, et de lutter ensemble contre le décrochage scolaire », précise Gilles Halbout, le recteur de l’île.

Pour prétendre à une formation, il faut au minimum avoir le baccalauréat et surtout beaucoup de motivation. Ce dernier critère « est le plus important », prévient la directrice du CNAM de Mayotte. Les candidats devront passer un entretien devant un jury. Les sélectionnés commenceront avec des sessions de remise à niveau et enchaîneront deux ans de formation en alternance au sein d’une entreprise. Ce système serait une garantie d’emploi puisque le CNAM promet de travailler avec les stagiaires afin que les employeurs soient pleinement satisfaits et décident de les garder dans leurs sociétés.

« Ce n’est pas que du vent ! »

La directrice du CNAM et le recteur mettent un point d’honneur à ce que cet accord cadre porte réellement ses fruits. « Ce n’est pas que du vent ! Cette convention est le cadre, mais il y a déjà du fond », clame haut et fort Gilles Halbout. Et pour le prouver, une formation dans le domaine du BTP verra le jour dès la rentrée en septembre. Le conservatoire national des arts et des métiers de Mayotte a déjà commencé les sélections : dix candidats sont pour l’instant retenus, et il reste cinq places à pourvoir. « Cette formation est emblématique, elle montre notre bonne synergie puisqu’elle se déroulera dans les lieux de l’Éducation nationale, principalement au lycée Younoussa Bamana », indique le recteur.

La collaboration entre les deux partenaires s’inscrit également dans les études supérieures des universitaires de Mayotte puisque les formations du CNAM seront intégrées dans le campus connecté révélé il y a quelques jours. « Tout l’intérêt est d’anticiper les besoins à venir du territoire, de former les jeunes sur place pour qu’ils soient sur le marché du travail rapidement. Nous construirons avec eux un parcours qui répondra à ces besoins économiques avec un objectif d’insertion professionnelle durable », promet Antufati Bacar. C’est un constat connu de tous : sur l’île, le taux de chômage explose et beaucoup de jeunes se retrouvent sans emploi. Nul doute que les places dans les formations du CNAM seront chers.

Tortues : deux braconniers condamnés à 18 mois de prison ferme par la chambre d’appel de Mamoudzou

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Ce jeudi 6 mai avait lieu le procès en appel de deux braconniers de tortues interpellés au mois de février en Petite-Terre. Résultat ? 18 mois de prison ferme avec un maintien en détention ainsi que 14.000 euros de dommages et intérêts pour l’un des auteurs des faits et 18 mois d’emprisonnement avec mandat d’arrêt ainsi que 3.500 euros de dommages et intérêts pour le second.

Souvenez-vous, c’était en février. Ibrahim I. et Nail A. sont interpellés dans le cadre d’un braconnage de tortue verte sur la plage de Titi Moya. Jugés en comparution immédiate le 26 février 2021, ils sont condamnés à 6 mois de réclusion criminelle pour braconnage d’une espèce protégée. Pris en flagrant délit au moment des faits, Ibrahim I. avait reçu un mandat de dépôt, contrairement à son complice toujours en liberté à ce jour. Une situation qui a poussé le parquet à faire appel de la décision. L’affaire a donc atterri sur le bureau de la chambre d’appel de Mamoudzou, ce jeudi.

 

Un court rappel des faits

 

Pour rappel, Ibrahim I. et Nail A. avaient été repérés par des membres de l’association Oulanga Na Nyamba lors d’une mission bénévole de surveillance des plages. Les forces de l’ordre étaient intervenues, et Ibrahim I. avait été pris en flagrant délit au-dessus du corps sans vie de l’animal. Nail A. quant à lui, avait été retrouvé plus tard dans la nuit par la brigade de gendarmerie, transportant un sac rempli de viande de tortue. Il niait les faits.

 

“22 kg de viande ça fait beaucoup pour manger”

 

De retour devant les magistrats, Ibrahim I. présent ce jeudi à la chambre d’appel, a soutenu que la chaire de tortue était destinée à sa consommation personnelle. Un motif également évoqué par son complice, absent de la séance, mais qui aurait déclaré vouloir réaliser un voulé avec la viande qu’il transportait. Pourtant, peu de doutes subsistent quant au mode opératoire des deux individus. Les témoins ont rapporté des gestes précis et des intentions claires. “La tortue a été mise sur le dos avant d’être découpée.” Équipé de couteaux, Ibrahim I. a été surpris en train de morceler l’animal, avant de dissimuler la carapace dans le sable. “22 kg de viande ça fait beaucoup pour manger, c’était la première fois que vous faisiez cela ?”, lance le juge au prévenu. “C’était la première fois que je faisais ça, mais j’ai déjà consommé de la viande de tortue”. Pas franchement pertinent pour les magistrats, qui opteront pour une peine plus sévère qu’en première instance : 18 mois de prison ferme avec un maintien en détention ainsi que 14.000 euros de dommages et intérêts pour le premier et 18 mois d’emprisonnement avec mandat d’arrêt ainsi que 3.500 euros de dommages et intérêts pour le second.

 

La sauvegarde d’un animal en danger

 

Une petite victoire, alors que le trafic de tortue verte ou chelonia mydas demeure encore aujourd’hui très lucratif malgré leurs statuts d’espèces protégées. Les décisions de justice telles que celle-ci semble toutefois se multiplier, redonnant un peu d’espoir aux associations protectrices de l’environnement comme Oulanga Na Nyamba, les Naturalistes de Mayotte, l’Association Pour la Protection des Animaux Sauvages ou encore Sea Shepherd constituées partie civile. “Mayotte a des moyens, des institutions pour protéger les espèces menacées. Nous nous devons d’agir pour la biodiversité. Nous avons la chance d’avoir sur l’île plus de 100 plages reconnues comme lieux de ponte pour les tortues. De plus, sur notre territoire nous retrouvons cinq des sept espèces connues de tortues marines et deux d’entre elles viennent s’y reproduire” rappelle ainsi Maître Trouvé, avocate représentant les associations Oulanga Na Nyamba, Les Naturalistes de Mayotte et l’ASPAS. La lutte continue !

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes