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Laurent Ben Kemoun : « Être seize juges au lieu de dix-huit, c’est problématique »

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Laurent Ben Kemoun a été pendant trois ans président du tribunal judiciaire de Mamoudzou. Il devient vice-président du tribunal d’Évry (Essonne) en septembre.

Reconnaissant être éprouvé par ses trois ans à la présidence du tribunal judiciaire de Mamoudzou, Laurent Ben Kemoun quitte ses fonctions à la fin de la semaine. Le futur vice-président du tribunal d’Évry (Essonne) livre ses impressions avant de laisser son bureau à Catherine Vannier, qui arrivera lors de la deuxième semaine de septembre.

Flash Infos : Vous quittez la présidence du tribunal de Mamoudzou. Quel bilan personnel en tirez-vous ?

Laurent Ben Kemoun : J’ai aimé mon séjour à Mayotte, je serais même resté davantage. Cela n’a été possible pour des raisons administratives. Personnellement, je suis sensible aux charmes de Mayotte. Je me suis senti très à l’aise avec la culture mahoraise, notamment la pratique de l’islam à la mahoraise. Je ne suis pas musulman, mais je fais partie de ces gens qui se réveillent à l’appel du muezzin. J’ai bien aimé le rythme de vie qui est favorable aux esprits contemplatifs comme moi. Ma femme et mes enfants y ont été très heureux. Bien sûr, comme n’importe quel citoyen, j’ai pu remarquer une insécurité qui est un problème majeur ici. Les embouteillages, les coupures d’eau, ce sont des choses auxquelles j’ai réussi à m’adapter, mais cela pèse. Il faut s’adapter.

FI : C’était votre première expérience en Outre-mer ?

L. B. K. : Ah non, pas du tout ! J’ai vécu quatre ans en Guadeloupe. J’ai beaucoup pratiqué aussi l’Afrique subsaharienne dans le cadre d’ambassades ou de coopérations. J’ai vécu au Niger, en Centrafrique, en Éthiopie. C’est pour ça que je me sens bien ici, c’est ma sixième expérience africaine. Je sais que les gens ici ne se considèrent comme Africains, mais dans ma bouche, c’est un compliment.

FI : Lors de la dernière audience de rentrée, vous évoquiez à la fois le fait que vous n’étiez pas assez et le manque de place qui vous obligeait à « pousser les murs ». Est-ce que vous avez toujours ce sentiment aujourd’hui ?

L. B. K. : Pour ce qui est de « pousser les murs », c’est intéressant d’en parler. Nous allons emménager enfin, après deux ans et demi, dans le troisième bâtiment, celui le long de la route nationale, où il y a la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Nous nous installons au deuxième étage. C’est 400 mètres carrés, dont la moitié dévolue au conseil des prud’hommes. L’autre moitié va au tribunal judiciaire, pour tous les services civils, sauf état-civil et nationalité, et les affaires familiales. Ce seront des conditions de travail tout à fait plaisantes, même si ce sera dans un autre bâtiment. Ce sera temporaire, puisque dans quatre ou cinq ans, nous migrerons dans la cité judiciaire qui sera sur l’actuelle emprise de la Deal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement), à Kawéni, en face du restaurant Haraka.

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Le bâtiment de la Bred, à Kawéni, va accueillir les prud’hommes et une partie du tribunal judiciaire.

Nous avons aussi, dans les deux bâtiments actuels, énormément contribué à mieux gérer l’espace, notamment en le désencombrant. Il y a certaines salles qui étaient encombrées de meubles, des bureaux cassés, des chaises à trois pieds. Les administrations sont spécialistes de ne jamais jeter. Je pense à deux salles du bâtiment 2 (N.D.L.R. celui du milieu) qui ont été entièrement refaites. L’une est devenue un open space pour l’état civil, l’autre est une salle de travail.

FI : Et concernant les effectifs ?

L. B. K. : Ce n’est totalement univoque. Nous avons un grand succès avec la création d’un troisième poste de juge des enfants, ce qui était un projet de longue date. Par contre, les deux postes des juges des libertés et de la détention n’ont pas été remplacés lors des départs des deux titulaires en septembre 2021 et janvier 2022. Il n’y a pas de candidats et ce sont des fonctions spécialisées. Donc j’ai dû en nommer un parmi mes vice-présidents. Un deuxième, sortant de l’école, arrive en septembre. Il y en a qui s’occupera plutôt de la partie pénale, placement détention provisoire, demandes de remise en liberté, perquisitions de nuit, … Un autre plutôt spécialisé en matière civile, comprenant la rétention administrative et l’hospitalisation en psychiatrie.

FI : Il y a aussi du renfort du côté du ministère public.

L. B. K. : Il y a deux substituts du procureur qui restent et deux dames qui arrivent. L’une sort de l’école, la deuxième était déjà substitut en Guadeloupe. Ils seront cinq pour un effectif théorique de six. Là, ça devient correct.

FI : Et les juges ?

L. B. K. : Pour nous, cela ne va pas du tout. Seize au lieu de dix-huit, c’est vraiment problématique. Il y a une tâche qui va croissant et que nous n’arrivons absolument pas à assumer, ce sont les assises. Il y en a de plus en plus, et comme les assesseurs sont issus du tribunal de Mamoudzou, c’est devenu un plein-temps de magistrat. Désormais, la cour d’appel fourni un ou deux assesseurs. Je me suis battu pour que le renfort soit dévolu aux assises et non pas aux autres fonctions du tribunal. L’avantage, c’est qu’il y a moins de risques d’incompatibilité, puisque les assesseurs n’ont jamais mis le nez dans le dossier. Et pendant ce temps-là, les juges de Mamoudzou en sous-effectif peuvent continuer à faire tourner leur boutique.

FI : En mars, un greffier a tenté de mettre fin à des jours en laissant une lettre dénonçant les conditions d’exercice de son métier (lire le Flash Infos du 11 mars 2022). Est-ce qu’il y a du changement depuis ?

L. B. K. : Il y a des changements, mais pas forcément à l’intérieur du tribunal. Des choses déjà dans les tuyaux ont été accélérées, peut-être il est vrai avec ce geste de détresse. C’est par exemple la revalorisation matérielle avec des places en crèche réservées, des appartements réservés également au personnel du tribunal, le versement de primes plus favorable et la possibilité de bouger au bout de deux ans et non plus trois. Pour certains, c’est un poids psychologique de moins. Je le vois déjà avec les nouveaux magistrats.

En interne, il y a toujours le problème du sous-effectif. C’est toujours source de stress. Par exemple, si vous êtes aux affaires familiales et que nous vous demandons d’aller tout à coup au tribunal pour enfants.

Il y a des choses que nous attendons aussi comme des concours propres à Mayotte. Cela existe déjà en métropole. Ici, cela serait souhaitable. Concernant les contractuels, c’est quelque chose qui paradoxalement marche très bien. Nous avons toujours plein de candidats.

FI : Toujours sur le plan du personnel. Vous avez réagi publiquement à l’agression de collaborateurs en juin. Pourquoi être sorti de votre devoir de réserve ?

L. B. K. : Il se trouve que je venais de recevoir une relance du réalisateur de « Tropiques de la violence » (N.D.L.R. Manuel Schapira) pour des séances de cinéma à Paris. J’étais au même moment au téléphone avec mes collègues au tribunal pour suivre ce qui se passait. J’ai eu une sorte d’impulsion. J’ai communiqué sur les réseaux sociaux sous le coup de l’émotion. Mes collègues étaient cernés par une centaine de jeunes, j’étais extrêmement inquiet. Et la soirée s’est finalement très mal terminée puisque deux collègues ont été agressées en rentrant chez elle, à Majicavo.

FI : Pendant votre présidence, la justice a connu la réforme du code pénal des mineurs. Est-ce qu’elle a été difficile à mettre en place ?

L. B. K. : Oui, tout à fait. C’est là que nous voyons que deux juges pour enfants, ce n’est pas suffisant pour Mayotte quand la réforme a été mise en place en septembre 2021. La situation dans la Creuse n’est pas la même qu’ici. Tout est plus compliqué, il y a des problèmes d’adressage, d’interprètes, pour faire venir les gens au tribunal. Il y avait un manque cruel de greffiers. Nous y avons mis bon ordre, il y a eu des recrutements et notamment un contrat d’objectifs avec du personnel affecté. Je suis relativement optimiste maintenant.

FI : Toujours sur ce sujet, la délinquance juvénile est hors norme par rapport à la métropole. Et parfois, les Mahorais ont dû mal à comprendre que la justice à l’encontre des mineurs ne soit pas plus sévère.

L. B. K. : Oui, la question est sensible. Je généraliserai. C’est toute la question de l’ancrage de Mayotte dans la communauté française. C’est un choix des Mahorais et à partir du moment où nous sommes Français, nous nous inscrivons dans des valeurs comme celles de l’ordonnance de 1945 (N.D.L.R date du dernier code pénal des mineurs), avec la proéminence de l’éducatif sur le répressif. Le nouveau code n’a fait que rappeler ce qui existe depuis très longtemps. Les mineurs se voient réserver un rôle différent des majeurs. Je ne serais plus un magistrat français si je disais le contraire. Qu’il y ait un émoi par rapport aux pratiques judiciaires, je le comprends. De même que nous nous évertuons à dire qu’il ne faut pas faire de mal aux tortues et que ce n’est pas toujours compris.

FI : C’est un sentiment partagé également chez les policiers. Ils demandent d’ailleurs une meilleure coopération avec la justice (voir FI du vendredi 19 août).

L. B. K. : C’est un discours que nous entendons partout. Je peux m’en tenir à un seul discours, il y a un état de droit. Si un jeune est remis dehors, c’est qu’il a quand même rencontré un magistrat qui a pris une décision. Ce qui pourrait être embêtant, c’est rarissime, cela arrive deux fois par an et c’est toujours un scandale, c’est quand il y a un vice de forme. Cela peut être le relâchement d’une personne qui n’a été présentée dans les temps devant un magistrat. Mais c’est rarissime. C’est d’ailleurs intéressant de remarquer que, vu les conditions de travail aussi difficiles, c’est déjà miraculeux que cela arrive aussi peu.

Gérald Darmanin : « Les Mahorais ne sont pas oubliés »

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Le ministre de l’Intérieur et désormais de l’Outre-mer, Gérald Darmanin, a commencé ses visites au pas de course. Ici, avec le préfet de Mayotte, Thierry Suquet au deuxième plan.

La visite du ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer à Mayotte a commencé dimanche matin, par une rencontre avec les élus locaux et les parlementaires. L’après-midi, celui-ci s’est rendu à l’aéroport pour rencontrer les employés de Mayotte Fly Services, le prestataire qui assure la surveillance aérienne du lagon, puis il est allé au ponton de la marine où les deux derniers intercepteurs de la police et de la gendarmerie étaient amarrés. Aucune annonce d’ampleur n’a été faite. En tout cas, pas publiquement, car devant ses interlocuteurs matinaux, il a fait part de son intention de remettre sur la table de nouvelles mesures pour lutter contre l’immigration illégale et de sortir la loi Mayotte de son placard (voir ci-dessus).

Les moyens utilisés par les forces de l’ordre pour interpeller les kwassas-kwassas ont occupé une large place de l’agenda du ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, Gérald Darmanin, dimanche après-midi. Au pas de course et accompagné de son ministre délégué, Jean-François Carenco, celui-ci est venu dire aux Mahorais « qu’ils ne sont pas oubliés » et leur « garantir un maximum de tranquillité, puisque vous savez que cette augmentation de l’immigration illégale provoque énormément de désordre, un habitat insalubre, des difficultés de sécurité et vient toucher une croissance économique importante ».

Et cette lutte contre l’immigration clandestine, elle passe d’abord par l’interpellation en mer avec de gros moyens. C’est ce que la délégation ministérielle a voulu montrer en visitant Mayotte Fly Services, l’entreprise installée aux abords de l’aéroport de Pamandzi. Car, outre des drones de renseignement qui maintenant survolent l’espace maritime mahorais, le prestataire intervient à raison de trois heures de vol par jour. Deux avions assurent les rotations, dont le dernier est un modèle Observer. « On a 90 heures de vol par mois. C’est quand même assez conséquent », rappelle le capitaine de frégate Patrick Musique aux ministres. « C’est complémentaire avec les intercepteurs. Ils peuvent être appelés pour déterminer si c’est un kwassa de pêcheurs par exemple », précise le nouveau sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration illégale, Frédéric Sautron. Sur la terre, mais en complément des moyens maritimes également, le ministre de l’Intérieur a d’ores et déjà promis le remplacement de quatre radars et l’installation de deux autres.

Deux intercepteurs arrivés comme promis

Deuxième temps-fort de ce dimanche, Gérald Darmanin a foulé le ponton de la marine, à Dzaoudzi, où l’attendait deux intercepteurs, l’un de la gendarmerie, l’autre étant dévolu à l’unité nautique de la police aux frontières. En mer depuis avril, ces deux bateaux étaient une promesse du ministre lors de sa dernière venue, en août 2021. Contrairement aux précédents, ils peuvent transporter une quarantaine de passagers. « Leur spécificité est que leurs défenses sont en dur. Aucun risque de crevaison. Sur l’une de nos dernières interventions, ils ont tenté de percer les boudins, mais n’ont pas pu, puisque c’est rigide », explique le brigadier Nicolas Floquet. Avec ses deux moteurs de 300 chevaux, le nouveau bateau tourne 24 heures sur 24, et ne reste qu’une heure à quai le temps de la relève. Prenant des notes sur l’embarcation, le membre du gouvernement s’est exprimé rapidement ensuite à la presse, avant de prendre le large à bord d’une vedette de la marine nationale, à destination de Longoni.

Il reprendra ces visites au pas de course dès lundi matin, en se rendant à la caserne de gendarmerie de Pamandzi.

 

La loi Mayotte prête à ressortir du placard ?

Les élus mahorais avaient été vexés que la loi Mayotte soit abandonnée en février, tout comme le gouvernement français l’avait été lors de l’avis négatif prononcé par le conseil départemental de Mayotte. Ce dimanche matin, les deux parties étaient en face à face, lors de la première étape de cette visite ministérielle. Et, selon Estelle Youssouffa, députée de Mayotte, son collègue Mansour Kamardine a demandé au ministre que l’État accepte de « la co-construction » « On a eu un discours qui nous a un surpris. La loi Mayotte ne serait pas abandonnée. Je n’ai pas tous les éléments. Elle reviendrait au parlement… ou pas. Il y a vraiment des discussions à mener à Paris et notre rendez-vous à l’Elysée, début septembre, permettra d’avoir de la clarté », raconte la parlementaire, demandant que l’État « change de méthode ».

Sur l’immigration aussi, Gérald Damarnin veut aller plus loin. Le droit du sol à Mayotte, aujourd’hui conditionné à trois mois de résidence d’un des parents sur le territoire, pourrait passer à un an (N.D.L.R. ce qui était prévu dans la loi Mayotte), mais avec la condition cette fois que les deux parents remplissent la condition de la résidence.

L’école de l’excellence sportive de Mamoudzou, une « passerelle » pour la jeunesse mahoraise

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Dévoilement de la plaque à la MJC de M’Tsapéré.

Vendredi 19 août dernier, Ambdiwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou, a inauguré son école de l’excellence sportive à la MJC de M’tsapéré. Créée dans la lignée de son ambition de faire de Mamoudzou une « ville-monde », cette école a pour objectif de réunir les meilleurs jeunes sportifs de la commune afin de les accompagner vers le plus haut niveau. Ce projet a pu voir le jour grâce au soutien du conseil départemental, du comité régional olympique et sportif et du rectorat dont les représentants étaient présents.

« Mamoudzou regorge de talents dans le domaine du sport. Ils ne demandent qu’à s’épanouir », affirme Ambdilwahedou Soumaïla lors de l’inauguration de l’école de l’excellence sportive organisée vendredi dernier à la MJC de M’Tsapéré. À ses côtés : de nombreux élus de la commune, du conseil départemental et des principaux clubs sportifs, tous ravis d’assister à cet évènement qui marque le début d’une nouvelle dynamique pour le sport mahorais.

Cet équipement multisports a pour ambition d’accompagner les jeunes sportifs à tous les niveaux : sur le plan physique et diététique, bien sûr, mais également dans le domaine de la préparation mentale. Un point qui pèche souvent quand cette jeunesse doit participer à des rendez-vous en dehors des frontières de leur île. « Cette école doit être une passerelle pour les préparer aux grandes compétitions de niveau régional, national et un jour, nous l’espérons, international », souligne le premier magistrat. Conscient du manque d’infrastructures sportive, il indique que sa commune « prend toute sa part dans le renforcement du cadre technique depuis déjà deux ans ». Par ailleurs, elle octroie une aide de 6.000 euros par an aux jeunes inscrits dans un centre de formation ou un club sportif où qu’il se trouve dans le monde. « Je suis conscient qu’accéder à un haut niveau sportif est un chemin long, difficile et qui demande un engagement sans faille au quotidien, d’où l’importance de l’accompagnement », admet-il.

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Madi Vita (à d.), le président du comité régional olympique et sportif, Hassani El Anrif, le président de l’office départemental des sports, et Anli Bedja (à g.), le chef de cabinet du recteur, étaient présents aux côtés du maire pour l’inauguration.

Créer des infrastructures sportives aux normes

En parallèle, le maire s’emploie pour sortir de terre de nouvelles infrastructures sportives ou pour mettre aux normes celles qui existent déjà. La pose de la première pierre du stade de Tsoundzou 1 se déroulera le 31 août prochain tandis que les études pour la création du complexe sportif de Passamaïnty touchent à leur fin et que le concours d’architectes pour sélectionner le cabinet chargé de créer le complexe de Kawéni suit son cours ! Bref, Ambdilwahedou Soumaïla s’efforce de compléter au mieux le maillage territorial dans ce domaine. Le terrain synthétique de M’Tsapéré est d’ores et déjà en fonction et peut accueillir huit disciplines différentes, dont le foot, le basket, le hand et même le tennis et le badminton. « Créer des équipements de proximité est essentiel pour faire évoluer le niveau de nos jeunes sportifs », insiste-il.

Président du comité régional olympique et sportif de Mayotte, Madi Vita salue l’ouverture de cette école et invite les maires des autres communes à suivre l’exemple de Mamoudzou. Il espère toujours que les Jeux des Îles de l’océan Indien prévus en 2027 pourront se dérouler sur l’île aux parfums. « L’Éducation nationale nous aide beaucoup sur le plan des infrastructures et je sais qu’il y a une vraie volonté au sein du Département de développer l’excellence sportive », estime-t-il. Une déclaration confirmée par Hassani El Anrif, le président de l’office départemental des sports, qui loue l’initiative de l’édile de la ville chef-lieu et qui le félicite d’avoir procédé à cette inauguration dans le cadre des journées nationales du vivre-ensemble. « C’est une sage initiative dans ce contexte de violences urbaines que nous vivons actuellement. Nous n’insisterons jamais assez sur le rôle essentiel du sport pour donner un projet de vie à certains jeunes et les éloigner ainsi du spectre de la délinquance », martèle-t-il.

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La promotion football de la nouvelle école de l’excellence sportive a participé à cette inauguration officielle.

Des félicitations également partagées par Anli Bedja, le chef de cabinet du recteur. « Cette initiative vient compléter et consolider les projets mis en place par l’Éducation nationale, c’est une très bonne chose », poursuit-il. Pour lui, le vivre-ensemble constitue l’ADN de la population mahoraise et le sport est un excellent moyen d’apaiser les conflits, de renforcer la santé des jeunes et de leur donner le goût de l’effort. « C’est grâce à sa jeunesse que Mayotte finira par briller dans la région océan Indien », conclut-il.

Une cinquantaine de futurs collégiens de Doujani en stage de réussite

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Alors que l’année scolaire ne reprend que mercredi prochain, certains élèves bûchent déjà au collège de Doujani, à l’instar d’une cinquantaine d’anciens écoliers du village venue prendre part au stage de réussite organisée toute la semaine dernière. Au programme : quatre heures de cours intensif quotidiens ! « Nous leur avons appris à utiliser la souris et à taper sur le clavier », explique Fazir Mohamed, professeur de mathématiques depuis 2017 au sein de l’établissement scolaire, à Gilles Halbout, le recteur. L’objectif ? Maîtriser l’outil informatique pour ensuite réaliser des exercices d’algèbre, de géométrie et de calcul. Un sacré challenge sachant que « beaucoup n’ont jamais utilisé d’ordinateur ».

Dans une autre salle, même son de cloche mais avec le français. « Ils ont l’air bien concentré », note le responsable de l’académie face au sérieux du petit groupe. « Nous leur demandons de faire des recherches en ligne sur un thème précis pour leur montrer ce que nous attendons d’eux », lâche l’enseignante, sous le regard avisé de Philippe Chatelard, le principal, et d’Aurélien Mas, son adjoint.

Sur la base du volontariat, ce stage de réussite permet aux futurs collégiens éprouvant certaines difficultés dans leurs apprentissages de consolider les acquis fondamentaux ou de combler des lacunes en travaillant en petit effectif. Une remise à niveau ou une piqure de rappel d’autant plus intéressante que la rentrée en sixième rime avec une évaluation en mathématiques et en français.

Comores : le ministre des Sports condamné à verser 10 millions de francs comoriens à Int’Air Îles

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Ce contentieux remonte à deux ans. À cette époque-là, Djaanfar Salim Allaoui qui, dirigeait la direction régionale des impôts de l’île d’Anjouan, commandait des billets auprès de la compagnie. Malgré les multiples relances, l’actuel ministre des Sports refusait de régler les factures de ces réservations, dont certaines étaient faites au nom de ses proches, jusqu’à ce que l’affaire atterrisse dans les mains de la Justice.

Le tribunal de commerce a rendu son verdict mardi dernier sur l’affaire opposant Int’Air Îles et Djaanfar Salim Allaoui, actuel ministre comorien de la Jeunesse et des Sports. Ce dernier est en effet condamné à payer 10.110.000 de francs comoriens [environ 20 000 euros] à la compagnie aérienne dirigée par Seffoudine Inzoudine. En plus de ce montant, l’ordonnance de Justice précise que l’ex-ministre de l’Éducation nationale doit également régler la somme de 500.000 francs de dommages-intérêts et un million à titre d’obligation de plaider.

Ce contentieux remonte à deux ans à en croire, l’avocat d’Int’Air Îles, Me Fahmi Saïd Ibrahim. « Djaanfar Salim Allaoui commandait des billets. Lorsqu’on lui a envoyé les factures, il a refusé de payer arguant que celles-ci auraient dû être adressées à la direction régionale des impôts. Un argumentaire qui a surpris les responsables de la compagnie puisque c’était lui-même qui appelait à l’agence. D’autant plus que parmi les bénéficiaires, on retrouvait des tierces personnes, notamment des membres de sa famille », détaille le conseiller au cours de notre entretien avant de préciser que ce n’est pas Djaanfar le ministre qui est condamné, mais le citoyen.

Toujours selon Me Fahmi, il y a d’abord eu une sommation avec une ordonnance d’injonction avant que la procédure ne se retrouve devant le tribunal. Si l’affaire est arrivée jusqu’à ce stade, c’est uniquement parce que Djaanfar Salim Allaoui, également connu sous le sobriquet de Sarkozy, contestait les créances, dont le montant s’élevait à un peu plus de 10 millions de francs comoriens, malgré la bonne volonté dont a fait preuve son ancien ami, le PDG d’Int’Air Îles.

Enfants, journalistes, amis…

Car il faut noter que ce dernier n’aurait jamais accepté de laisser une telle ardoise traîner si ce n’est parce qu’il avait confiance en Sarkozy. « Après sa nomination à la tête de la direction des impôts, j’ai moi-même ordonné au responsable de l’agence de toujours émettre des billets dès que Djaanfar Salim Allaoui le demandait. On était d’accord que je les mette à son compte. Quand il a hérité du ministère de l’Éducation, il a continué à [en] réserver. Un appel suffisait », nous raconte Seffoudine Inzoudine.

Lorsque on a cherché à connaître le nombre total de billets non payés, notre interlocuteur a donné un chiffre qui donne le tournis :  250 ! Le bémol est que le ministre n’en est pas le seul bénéficiaire. Pas du tout même… En effet, d’après nos informations, on retrouve sur la liste de ses amis quelques agents des impôts, ses enfants, ainsi que des journalistes qui l’accompagnaient pour couvrir ses évènements. Ayant réussi à se faire remarquer pour ses allers-retours incessants, Djaanfar Salim Allaoui voyageait dans les îles presque tous les trois jours comme s’il prenait des taxis.

17 billets en deux mois

En novembre, le journal Al-watwan lui avait même consacré un article dans lequel il dénonçait son comportement de « rock star ». Le quotidien de service public s’interrogeait sur la manière dont l’ancien ministre de l’Éducation pouvait occuper des problèmes du secteur, lui qui ne restait jamais au bureau. Une petite illustration. « En deux mois, il avait déjà à son compte 17 billets au moment où il était ministre de l’Éducation. Quand j’ai dit stop après lui avoir envoyé la facture, il m’a fait comprendre qu’il irait désormais chez nos concurrents de Rkomor », se rappelle encore Seffoudine qui affirme avoir été menacé par Sarkozy lorsqu’il a réclamé son dû.

Pour l’heure, ni le ministre lui-même ni les caciques de son parti, le Gnec, prompts à réagir à chaque fois que leur leader est cité dans une affaire, ni le gouvernement n’ont fait une déclaration. Sollicité, son avocat n’avait toujours donné suite à nos demandes au moment où nous écrivions ces lignes. Moins de trois mois après la polémique des athlètes disparus à La Réunion, l’opinion se demande quelle sera la réaction du président Azali Assoumani à la suite de ce nouveau scandale. Le chef de l’État va-t-il se séparer de son ministre à qui il a déjà confié deux portefeuilles ministériels ? Affaire à suivre.

Seconde édition des journées d’accueil des étudiants

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Le centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte organise la seconde édition des journées d’accueil des étudiants, les mercredi 24 et jeudi 25 août 2022. Réservées aux étudiants de première année de licence, elles visent à faciliter le passage des jeunes bacheliers vers le monde universitaire. Elles s’organisent autour de temps de présentation et d’ateliers leur permettant de découvrir les lieux, les services et les personnes ressources de ce nouvel environnement.

Organisé par le bureau des formations en collaboration avec les départements de formation et l’ensemble des services du CUFR, ces journées d’intégration s’inscrivent dans une volonté d’améliorer l’accueil des étudiants pour leur offrir un meilleur encadrement. Ils pourront, entre autres, découvrir les programmes de formation, les dispositifs d’aide à la réussite ainsi que l’intégralité des activités du campus et de la vie étudiante (équipes pédagogiques, administratives, techniques et associatives).

En parallèle de ces journées, des stands d’information animés par des partenaires institutionnels et les associations étudiantes seront mis en place sur le patio du CUFR afin de présenter la vie étudiante à Mayotte. Ainsi l’autre enjeu de ces journées est la découverte de la vie de campus du centre universitaire. Améliorer l’accueil des étudiants, c’est donc leur permettre d’appréhender le campus comme un lieu de vie et non un lieu de passage. Cette vie de campus s’organise autour de manifestations scientifiques, culturelles, sportives et associatives, dont ils sont les premiers acteurs !

Camille Dagorne rejoint la direction générale des Outre-mer

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Par décret du président de la République du 16 août dernier, il est mis fin aux fonctions de Camille Dagorne, sous-préfète, chargée de mission cohésion sociale et jeunesse auprès du préfet de La Réunion. Elle sera appelée à de nouvelles missions en tant que directrice de cabinet de la direction générale des Outre-mer à compter du 29 août prochain.

Ambdilwahedou Soumaïla face aux parents d’élèves de Tsoundzou

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En prévision de la rentrée, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a rencontré les parents d’élèves de Tsoundzou lundi dernier lors d’une réunion publique portant sur la sécurité dans le village et aux abords des écoles.

À travers cette rencontre, les parents ont pu échanger et partager avec le premier magistrat sur les phénomènes de violence pouvant subvenir dans la localité. Après avoir expliqué les différentes actions de la ville pour sécuriser les établissements scolaires, il a également rappelé les enjeux de la parentalité dans l’éducation des enfants et a encouragé les parents à s’inscrire dans le dispositif parent-relai afin de contribuer à la surveillance aux abords des écoles.

Une formation sur la reconnaissance des auxiliaires de cultures à destination des agriculteurs

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Le 22 août prochain, le chargé de mission surveillance biologique du territoire, Pierre Baby, organise une formation à destination des agriculteurs et conseillers agricoles qui portera sur la reconnaissance des auxiliaires de cultures et des différents groupes d’insectes impliqués. Ces organismes, prédateurs des ravageurs, constituent un atout majeur afin de protéger les cultures sans utiliser de pesticide.

Ce rendez-vous a aussi pour objectif d’apprendre aux professionnels du montre agricole à reconnaître les principales maladies et insectes ravageurs des cultures. Ainsi les agriculteurs pourront identifier rapidement les dégâts subit sur leurs parcelles et une partie des solutions à mettre en place. La formation sera réalisée au lycée agricole de Coconi. Elle débutera à 9h par une séance en salle suivie, vers 10h, d’une session d’observation sur l’exploitation de l’établissement.

Financé par l’office française de la biodiversité, le plan d’action national ECOPHYTO II+ a pour ambition de réduire l’utilisation des pesticides de 50% d’ici 2025. La sensibilisation des agriculteurs et des consommateurs est au coeur de l’animation régionale du plan à Mayotte. Elle s’inscrit notamment dans le plan régional santé environnement.

Sa déclinaison se base sur quatre actions phares : l’animation régionale qui appuie la gouvernance régionale du plan et déploie les actions de sensibilisation ; la surveillance biologique du territoire qui vise à améliorer les connaissances sur les ravageurs et les auxiliaires (insectes ou acariens prédateurs des ravageurs) et l’évolution de leur population au cours de l’année (le bulletin de santé du Végétale est publié régulièrement pour tenir informé l’ensemble de la communauté agricole) ; le réseau DEPHY qui regroupe un collectif d’une dizaine agriculteurs travaillant ensemble sur les problématiques de réduction des pesticides et qui met à l’épreuve des techniques innovantes ; le transfert qui invite les agriculteurs à découvrir ou redécouvrir des techniques permettant la réduction des produits phytosanitaires (pose de filet sur les tomates, préparation naturelle peu préoccupante).

Une rivière empoisonnée par une grosse quantité d’insecticide à Sada

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Début août, la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) a été alertée par des riverains. Ces derniers ont constaté un grand nombre d’animaux aquatiques morts dans la rivière de M’Tsangagnouni, située dans les hauteurs de Tahiti Plage (commune de Sada). Prévenue par l’association, l’office français de la biodiversité a découvert une quantité importante de Deltaméthrine (appelé plus communément « décis »), un insecticide hautement toxique pour la faune aquatique.

Il y a environ deux semaines, la fédération mahoraise des associations environnementales a été alertée par des riverains sur la présence anormale d’animaux aquatiques morts dans la rivière de M’Tsangagnouni. Celle-ci sillonne les hauteurs de Sada pour venir se déverser dans la mer au niveau de Tahiti Plage. « Sur place, c’était le choc », raconte Naïlane Attibou, le secrétaire général de la fédération. « Nous avons découvert une grande quantité de cadavres de crabes, d’anguilles et d’écrevisses d’eau douce », se désole-t-il. « Par ailleurs, nous avons également observé une flaque stagnante ressemblant à un dépôt d’hydrocarbure. »

Devant ce désastre écologique, Ali Madi, le président de la FMAE, a immédiatement pris attache avec la mairie de Sada, la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement ainsi que l’agence régionale de santé. Si la Deal a envoyé l’office français de la biodiversité sur place pour effectuer des analyses, l’autorité sanitaire ne s’est quant à elle pas déplacée.  « L’ARS n’intervient qu’en cas de pollution bactériologique », informe Rachika, la chargée de communication. « En outre, Monsieur Ali Madi ne nous a pas donné la localisation exacte de cette rivière et ne nous a jamais rappelé par la suite. » Une déclaration qui scandalise le président de la FMAE : « Alors comme ça je fais partie des victimes et c’est à moi d’insister pour que l’État vienne faire son travail ? » Quoiqu’il en soit, les analyses effectuées par l’OFB ont révélé la présence d’une forte dose de deltaméthrine (appelé plus communément « décis »), un insecticide hautement toxique pour la faune aquatique, qui peut également se révéler dangereux pour les animaux à sang chaud et donc les humains. « Les agriculteurs de la zone abreuvent leurs animaux à cette rivière ! », indique Ali Madi.

Un suspect arrêté par la police municipale

« Il n’y a aucun rapport entre le composé chimique retrouvé et la pollution aux hydrocarbures », précise Loïc Thouvignon, le chef de service de l’office français de la biodiversité, dont l’un des rôles est celui de « la police de l’eau ». La rivière de M’tsangagnouni est donc victime d’au moins deux types de pollution. « Il est possible que certains petits garagistes peu scrupuleux déversent leurs déchets dans cette rivière », avance-t-il prudemment. « La flaque d’hydrocarbure a été constatée en bas de la rivière alors que le composé chimique toxique, responsable de la mort de la faune aquatique, a été retrouvé en amont. » Frileux à nous révéler la nature exacte de ce « composé chimique », le chef de service souligne néanmoins qu’il faisait partie de la famille des insecticides.

« La Deal n’est intervenue que sous la menace d’alerter les médias », se plaint d’ailleurs le président de la fédération environnementale. Une déclaration à prendre évidemment avec des pincettes… La police municipale, dépêchée par la mairie de Sada, a quant à elle rapidement arrêté un suspect avec l’aide de la population. « Il s’agit d’un particulier dénommé Abdallah Base », révèle M’dzakou Saïd Assani, le chef de la police municipale de Sada. Surpris par un riverain en train de déverser du décis dans la rivière pour pêcher plus facilement, il s’est enfui. « Nous avons toutefois réussi à le retrouver », poursuit-il. L’homme a été immédiatement remis à la gendarmerie de Sada et une enquête est en cours pour établir les preuves de sa culpabilité. D’après le chef de la police et le président de la FMAE, ce n’était pas la première fois que cet homme était surpris en train de se livrer à cette pratique de pêche illégale. « Mais cette fois-ci, il y est allé vraiment fort ! Il a vraiment empoisonné la rivière ! », s’indigne Ali Madi, scandalisé, à la fois par cette pollution risquant d’engendrer des problèmes de santé chez les humains, mais également par le manque de réactivité, selon lui, des services de l’État.

« Miss Excellence doit utiliser son titre et son écharpe pour promouvoir Mayotte »

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La sixième édition de l’élection Miss Excellence Mayotte aura lieu, ce samedi 20 août, au lycée de Sada, à 20h. Ce concours mettant en avant la beauté de la femme mahoraise, ses valeurs ainsi que l’ensemble du patrimoine mahorais met en concurrence huit jeunes femmes. Chacune d’entre elles a l’ambition de succéder à Chifaoui Chaharoumani, miss Excellence 2021. Une seule gagnante, mais une expérience qui marquera vraisemblablement l’esprit de chacune d’entre elles. Qui décrochera l’écharpe et la couronne cette année ?

Plusieurs candidates ont eu l’audace et le courage de se présenter pour le concours Miss Excellence Mayotte, mais seulement huit d’entre elles ont été retenues pour participer au concours, ce samedi 20 août. «Les filles doivent respecter les règles du comité pour pouvoir être sélectionnées. Elles doivent être originaires de Mayotte, parler une des langues régionales, ne pas être marié, résider à Mayotte, mesurer minimum 1 mètre 68, connaître Mayotte pour pouvoir représenter correctement notre île au niveau départemental mais aussi à l’échelle nationale », détaille Némati Toumbou Dani, présidente du comité Miss Excellence. La thématique de cette année n’a pas été choisie au hasard. Le comité a choisi comme thème « Zama ni talouha », une façon de rendre hommage à ses ancêtres lors de l’élection mais aussi de remonter le temps, ne serait-ce que quelques heures.

Une vitrine du territoire mahorais

Les organisateurs attendent beaucoup de la miss qui sera couronnée. « Elle doit utiliser son titre et son écharpe pour promouvoir Mayotte, la culture mahoraise, le tourisme et toutes les actions que nous allons mettre en place tout au long de l’année. Elle sera la vitrine de notre comité », ajoute la présidente. Plusieurs séquences défileront sur la scène. « Il y aura le tableau d’ouverture, celui traditionnel, le passage des candidates en maillots de bain, en tenue de ville, et enfin, le tableau final. » Une soirée dense pour le plus grand bonheur des spectateurs. En perpétuelle évolution, le comité a renforcé son équipe en collaborant avec des professeurs d’histoire-géographie et a signé une convention avec Mlézi Maoré dans l’objectif de mettre en place des actions sociales. « Chaque miss qui sera élue au cours de ces prochaines années sera l’ambassadrice de Mlézi Maoré », souligne Némati Toumbou Dani.

En attendant le jour-J, les candidates sont dans les ultimes préparations. « Elles sont passées devant le jury de présélection et ont effectué leur test de culture générale, ce jeudi. Elles sont ensuite parties pour quelques mises en beauté. Nous allons inaugurer les chambres d’hôtes dans lesquelles nous allons loger ce vendredi à Barakani. Pas loin du site où aura lieu l’élection », annonce la présidente.

Une escale à Madagascar pour les candidates

Les candidates de Miss Excellence ont eu la chance de se rendre à Mahajanga pendant une semaine et ont été accueillies par des personnalités importantes de la ville. « On a été accueilli par le gouverneur, le maire de Mahajanga, l’Office de tourisme… », raconte Némati Toumbou Dani. Par ailleurs, elles ont eu la chance d’assister à un gala qui a été financé par l’hôtel local le Skar et d’effectuer leur vidéo de présentation dans le fameux hôtel Antsanitia. « Les candidates ont ramené des vêtements et des jouets qu’elles ont offerts aux orphelins de l’orphelinat de Mahajanga. C’est une compétition bien sûr, mais aussi une aventure humaine », affirme la représentante. Ce samedi 20 août, une seule sera couronnée Miss Excellence 2022, mais chacune aura vécu une expérience unique.

Visite de Gérald Darmanin : Des mesures très attendues par les policiers

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Gérald Darmanin a déjà visité le commissariat de Mamoudzou, fin août 2021.

La venue à Mayotte de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, du dimanche 21 au mardi 23 août, a lieu un an après sa dernière. Des promesses avaient été faites, notamment sur la vidéoprotection et l’immigration. Quelles sont les attentes des syndicats de police aujourd’hui ? Djamaldine Djabiri (SGT-FO), Abdel Sakhi (Alternatives) et Badrou Ali (Unsa) donnent leurs avis.

Flash Infos : C’est la deuxième visite en deux ans du ministre de l’Intérieur. Quelles annonces espérez-vous ?

Djamaldine Djabiri, SGT-FO police : Nous attendons des annonces concernant la lutte contre l’immigration clandestine, notamment un renforcement des mesures. Il nous faut plus d’intercepteurs et plus d’effectif en mer. A Mayotte, on expulse autant que tout le reste du territoire français. Il faut au moins un intercepteur de plus pour fonctionner 24h/24h. On intercepte des kwassas, c’est vrai, mais beaucoup arrivent à « beacher » (N.D.L.R. à débarquer). Nous voulons également une reconquête des zones de non droit, c’est-à-dire des quartiers où la police n’est pas la bienvenue et les contrôles sont refusés.

Abdel Sakhi, Alternatives police : C’est bien qu’il vienne se rendre compte que la coopération avec la justice n’est pas totale. De plus en plus de délinquants arrêtés sont libres dès la fin de leur garde à vue, même dans le cas de délits graves. Je ne mets pas en doute les compétences des magistrats, mais il nous faut une meilleure coopération.

Badrou Ali, Unsa police : Dans un premier temps, on veut que les promesses du président de la République soient tenues. Je pense à la construction d’un hôtel de police digne de ce nom. Celui-ci est trop petit. Il en faut un autre qui puisse accueillir l’ensemble des services. On voit ce qui se passe aussi à Kawéni (voir Flash Infos de jeudi), il nous faut une compagnie d’intervention. Si on avait plus de monde, on pourrait dégager la route plus rapidement.

F.I. : Il avait dit que l’effectif a été renforcé durant le mandat, est-ce le cas ?

D.D. : Oui, il a été renforcé, mais pas énormément non plus. Il y a une petite quarantaine de nouveaux agents à la rentrée, c’est une bonne nouvelle. Ça montre que l’Etat a pris en compte nos demandes.

A.S. : On va avoir une augmentation du nombre de policiers. C’est pas mal, mais ça n’est pas suffisant. On veut une amélioration du matériel et des locaux. Pour notre part, notre syndicat est le seul à proposer la création d’une unité capable de monter des opérations coup de poing, de réaliser des grosses descentes. On tient aussi à saluer l’action du directeur territorial de la police nationale (Laurent Simonin) pour la création d’une nouvelle unité, le GSP (Groupe de sécurité de proximité) jour. Le GSP nuit existait déjà, mais cette nouvelle unité qui utilise des véhicules banalisés va permettre des interpellations et de lutter contre les violences urbaines, grâce à une meilleure projection.

B.A. : Ce n’est pas suffisant. C’est vrai qu’on aura plus de monde avec le GSP nuit. Il faudra d’ailluers qu’on regarde les horaires avec les autres syndicats. Actuellement, on a le plus de problèmes dans l’après-midi. Mais on devrait avoir une intervention plus rapide et efficace.

F.I. : Les chiffres montrent une hausse de la délinquance (+9% des faits sur un an). Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

D.D. : Les policiers sur le terrain nous font remonter que ce sont souvent les mêmes individus qu’ils retrouvent. On attend davantage de la justice, on veut de la fermeté sur les auteurs âgés d’au moins seize ans.

B.A. : La répression n’est pas à la hauteur. Quand on voit notre collègue qui s’est fait casser le nez, dimanche matin, qu’il a 28 jours d’ITT (Interruption totale de travail) et que son agresseur a de la prison avec sursis. Ce dernier peut se dire qu’il peut réitérer. Au niveau judiciaire, la réponse devrait être ferme. Est-ce qu’il faut attendre qu’il y ait un mort pour faire quelque chose ? Tous les jours, on a affaire à ce genre de personnes, on a besoin de protection.

F.I. : Mamoudzou comporte plusieurs villages. Est-ce la même situation partout ?

D.D. : C’est très aléatoire. A Mayotte, il n’y a que le sud qui est épargné par les violences. Il y a une différence cependant entre la zone gendarmerie et celle de la police. Dans la première, la violence vient de conflits aux abords des établissements scolaires. A Mamoudzou, ils s’en prennent directement à l’autorité de l’Etat. C’est pour ça qu’on attend du ministre qu’il accentue la reconquête, cela passe par de l’effectif et du matériel.

A.S. : C’est aléatoire. Et on observe dorénavant une délinquance qui s’exporte. Un jeune de Doujani peut très bien agresser une personne à Passamaïnty et Cavani.

F.I. : L’utilisation de drones est envisagée depuis un moment. Où en est-on aujourd’hui ?

D.D. : Je tiens à rappeler que c’est une demande à 100% de notre syndicat. Ces drones vont nous faire gagner en efficacité sur les violences urbaines. Cette unité de quelques fonctionnaires de police formés est une nécessité à Mayotte. Elle devrait être en service en septembre ou octobre.

A.S. : On a vu à quel point s’était efficace avec l’équipe du Raid (Recherche, assistance, intervention et dissuasion), en février. Même si les individus partent dans la mangrove, on peut ensuite les interpeller. On peut saluer la direction qui a mis en place quelque chose qui n’existe pas encore en métropole.

B.A. : On espère les avoir, en tout cas des collègues ont été formés. C’est un bon outil. Si on avait eu un drone à Kawéni par exemple, on aurait pu identifier tous les participants.

F.I. : Les récents affrontements à Passamaïnty, Tsoudnzou et Kawéni ont lieu juste avant la rentrée. Est-ce que ça vous inquiète ?

A.S. : On se demande comment ça va être la semaine prochaine. Comment protéger les élèves ou les bus des caillassages par exemple ?

B.A. : On sait que c’est toujours très compliqué. On va voir quelle stratégie la direction veut mettre en place, tout comme celle de la Ville de Mamoudzou.

*Chiffres au premier trimestre 2022 de la préfecture de Mayotte pour la zone police.

Sébastien Halm quitte le commissariat de Mamoudzou

La rentrée est synonyme d’un changement de képis. Commissaire de Mamoudzou depuis 2020, Sébastien Halm prend la tête de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de l’Yonne à la rentrée de septembre. Il se rapproche de la banlieue parisienne où il a exercé avant son arrivée sur l’île. C’est son adjointe, la commandante Frédérique Cornaille, qui assurera sa succession.

La gauche mahoraise sous une seule bannière ?

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Omar Simba (à droite), en compagnie d'Alhamidi Aboubacar, veut constituer une grande formation sociale après les dernières élections marquées par le recul de la droite mahoraise.

Omar Simba sur les traces de son maître à penser Jean-Luc Mélenchon ? Quoi qu’il en soit, il fait sa rentrée politique cette semaine avec un appel à l’adresse des mouvements locaux s’inspirant de la gauche nationale en vue de constituer une grande formation sociale capable de bâtir un nouveau projet social sur l’île et regagner le terrain perdu au profit de la droite lors des deux derniers scrutins (présidentiel et législative) de cette année.

Flash Info : Omar Simba, vous êtes le premier à faire votre rentrée politique cet été. À cette occasion, vous lancez un appel à la construction d’une nouvelle force de gauche unifiée sur le territoire, pouvez-vous nous en dire plus ?

Omar Simba : En effet, c’est un message que j’ai adressé aussitôt après l’élection présidentielle, il m’a paru opportun de lancer un appel à tous les mouvements politiques se réclamant de la gauche pour nous rencontrer et impulser une vraie force politique de gauche sur le territoire. Force est de constater ces derniers temps un manque réel de ce côté-là. Nous observons une très forte droitisation de la politique à Mayotte, au point de consacrer une dominance de l’extrême droite à la dernière présidentielle, au 1er comme au 2ème tour. Les résultats des législatives nous ont aussi donné deux élus que je qualifie de droite puisque Mansour Kamardine est un représentant du parti Les Républicains et Estelle Youssouffa, sur certains thèmes, a mené campagne sur un ton plus que de droite. Il nous faut donc un mouvement qui puisse porter une vision de gauche sur des sujets récurrents que nous entendons ici et là dans certaines manifestations et discours sur Mayotte. C’est en particulier le cas en ce qui concerne l’égalité sociale, l’égalité de droits, la lutte contre la pauvreté, très criante dans cette île, etc. Il nous faut des hommes et des femmes dévoués pour porter ces combats, les faire aboutir concrètement dans notre société et faire avancer notre département.

FI : Question importante : la gauche a-t-elle réellement existée dans l’opinion mahoraise ?   

O.S. : Oui, bien sûr ! À une époque, il y a eu ici un parti communiste rénové (PCR) et un parti Socialiste (PS). Il y a actuellement un parti social mahorais (PSM), un mouvement des radicaux de gauche (MRG). Des sympathisants sont là pour défendre les idéaux de la gauche. Mon idée est donc que nous puissions nous retrouver ensemble et construire une maison commune, à l’instar de ce qu’a fait la NUPES (nouvelle union populaire écologique et sociale) à l’échelle nationale, le regroupement des principaux partis de gauche autour d’un projet politique commun. Nous avons vu le résultat très intéressant obtenu !

FI : Il y a tout de même un paradoxe dans ce que vous nous dites là, lorsqu’on sait que la départementalisation en Outre-mer fut une œuvre de forces de gauche, alors qu’ici c’est plutôt la droite qui en est porteuse et la met progressivement en place, comment justifiez-vous cela ?

O.S. : Je ne partage pas trop cette affirmation selon laquelle la départementalisation de Mayotte est une œuvre exclusive de la droite. Je rappelle que si effectivement elle s’est produite sous la présidence de Nicolas Sarkozy, il y a eu cependant au préalable un long travail fondamental réalisé par le gouvernement de Lionel Jospin. Il ne faut donc pas oublier tous ces apports qui ont conduit vers la consultation référendaire organisée sous Sarkozy en 2009. C’est donc la gauche qui a scellé les accords ayant conduit Mayotte au statut de DOM (département d’Outre-mer), il faut lui reconnaître tout ce qu’elle a fait pour notre île. Ici, les gens ont toujours tendance à dire que cette île n’avance que lorsque la droite est pouvoir, alors que c’est faux ! La droite est au pouvoir en France depuis Nicolas Sarkozy et pourtant, Mayotte n’avance pas au rythme souhaité par ses habitants et pire encore, nous constatons même un certain recul depuis quelques années. En dehors de cette seule départementalisation que tout le monde s’accorde à dire que c’est une coquille vide, j’aimerais bien que l’on me dresse un bilan de ce que cette droite a réalisé pour ce territoire. Ce serait peut-être l’objet d’un autre débat qui pourrait être intéressant.

FI : Si coquille vide il y a, cela sous-entend qu’il y a un large espace à remplir. Alors quel serait le projet de cette future union des forces locales de gauche pour combler ce vide ?

O.S. : Vous savez, il appartient avant tout à l’ensemble des Mahoraises et des Mahorais et non seulement aux composants de cette future force de gauche que nous voulons créer de contribuer à combler ce vide. Il sera d’autant plus facile à le combler dans la mesure où nos concitoyens ont déjà déterminé ses contours, à savoir davantage de droit commun, d’égalité sociale, d’égalité de droits et de développement économique. Il n’est pas nécessaire de sortir de l’ENA (école nationale d’administration) pour connaître les revendications légitimes de nos populations. Ce qui reste, c’est une réelle volonté politique de nos gouvernants actuels d’accéder à ces demandes mahoraises. C’est aussi simple que ça !

FI : Le propre de la politique et de la démocratie consiste à se battre en permanence pour arriver à des résultats. Dans le cas présent, quels seraient pour vous les contours de ce combat et de ce projet politique ?    

O.S. : Mayotte ne fait que combattre depuis l’époque du TOM des Comores (territoire d’Outre- mer), à commencer par le simple droit d’exister en tant que tel dans notre environnement régional immédiat. Nous n’avons jamais cessé de combattre quand même semble-t-il, nos cris ne sont pas toujours entendus par les décideurs. Il est certain que nous aurions eu plus d’écoute de la part d’un gouvernement NUPES si nos camarades étaient au pouvoir puisque l’idée de Jean-Luc Mélenchon était d’apporter l’égalité partout sur l’ensemble du territoire français, en Hexagone comme dans les Outre-mer. Par conséquent, je dirais que ce combat pour notre île ne doit pas s’arrêter qu’à Mamoudzou. Il nous faut véhiculer nos doléances partout où c’est nécessaire, nous devons avoir de bons alliés à Paris pour amplifier le travail réalisé localement. Nous pouvons déplorer le fait que les alliés dont dispose Mayotte aujourd’hui à Paris ne soient pas d’une grande aide. Seuls les relais locaux des partis LR et La Renaissance pourront dire aux Mahorais s’ils disposent de sérieux alliés au sein de grands cercles de décisions parisiens, je ne peux pas répondre à leur place. En revanche, je pense que nous devons absolument avoir de bons alliés à notre écoute qui iront au charbon avec nous et pour moi, ce sont les élus de la NUPES !

FI : Pour être concret, une appartenance à la mouvance NUPES apportera quoi de plus à Mayotte ?

O.S. : Si nous lisons bien le projet politique présenté par Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et la forme retravaillée pour les législatives, nous nous apercevons que Mayotte se retrouve pleinement dedans. Il est question d’égalité sociale, d’éducation, de développement économique et de développement durable, d’exploitation de la mer, ainsi de suite. Tout ce en quoi aspire Mayotte est dans ce projet, ce qui pour moi aurait pu impulser un vrai développement ici dans notre territoire. Tout a été pensé, il n’y avait pas besoin de rajouter grand-chose. Ce qui est appréciable dans ce mouvement politique, c’est que les projets sont bâtis de façon communautaire avec un apport de chaque composant de la mouvance. Il s’agit donc à mes yeux d’un projet qui ressemble aux Mahorais et qui rassemblerait sûrement les Mahorais.

FI : D’aucuns observent que la France n’a jamais confié sa gouvernance à des extrêmes, quels soient de gauche ou droite. Ne serait-ce pas inconsidéré de vouloir arrimer le développement de Mayotte à long terme sur une logique comme celle de la Nupes ?    

O.S. : Je ne vois pas en quoi la Nupes peut être qualifiée de force d’extrême gauche, pas plus d’ailleurs que la France insoumise (FI) de Jean-Luc Mélenchon. Je rappelle que la Nupes rassemble notamment le parti socialiste, Europe Écologie-Les verts, le parti communiste français. Si je devais vous suivre, cela équivaudrait à penser que toute force n’appartenant pas à la mouvance présidentielle est à qualifier d’extrémiste, c’est un point de vue que je ne partage absolument pas. Cette force comporte dew personnes suffisamment intelligentes pour prétendre à gouverner la France.

FI : Comment voyez-vous l’avenir économique de Mayotte ? Comment faire pour inverser la tendance négative de ces vingt dernières années ?   

O.S. : Les besoins de Mayotte en matière de développement économique sont effectivement énormes car il n’y a pas de réels investissements consentis depuis plusieurs décennies. Il faut investir énormément sur de grands chantiers publics pour relancer l’activité économique et non pas se contenter de quelques rares constructions scolaires ou rénovations ici et là, ce qui n’est pas grand-chose. Ce qu’il nous faut sur ce territoire, ce sont de grands et ambitieux chantiers comme La Réunion sait en avoir, de sorte que quand l’un se termine, l’autre démarre. C’est de cette façon que nous arriverons à impulser un vrai développement économique. La construction de la piste longue de l’aéroport est évoquée depuis de nombreuses années, ce serait assurément un grand chantier, mais démarrera-t-il vraiment un jour ? Je n’en sais rien… Il n’y a pas de nouvelles routes à proprement parler : quand est-ce que nous effectuerons le contournement de Mamoudzou ? Ailleurs, nous en comptons déjà plusieurs ! Comment voulez-vous lancer un développement économique sérieux dans un pays où il vous faut passer cinq heures pour parcourir 15 kilomètres ? Soyons sérieux ! Il y a beaucoup de choses à accomplir, et elles peuvent-être réalisées à court terme. Mais comment faire pour éviter à un entrepreneur de ne pas perdre tout son temps sur la route ? Force est de constater aujourd’hui que nous ne sommes pas dans une logique de grands travaux, mais encore dans des minuscules investissements publics pour ne pas dire des miettes. Ce n’est pas comme ça que nous allons pouvoir développer l’ile.

FI : Qu’est-ce qui bloque cette doctrine de grands travaux à Mayotte selon vous ?

O.S. : Je ne pense pas que le problème provienne du manque d’ingénierie comme nous nous plaisons souvent à l’avancer localement. L’ingénierie, ce n’est rien d’autre que de la compétence, lorsque tu ne l’as pas, il te suffit de l’acheter ailleurs. À présent que nous sommes dans un vaste marché européen, rien ne nous interdit de l’importer, y compris en dehors de la métropole, puisque nous arrivons à le faire avec les médecins. Je reste convaincu que la réalité est une absence de volonté politique au niveau de ceux qui gouvernent la France pour développer Mayotte. Il faut arrêter de répéter à tue-tête qu’il faut des Mahorais pour développer l’île. Il faut des investissements lourds, privés et publics, pour impulser un vrai développement économique.

FI : Y a-t-il suffisamment de niches et de projets pour asseoir véritablement un développement cohérent de Mayotte dans le long terme ?

O.S. : Bien entendu ! Il y a matière pour entreprendre un vrai développement économique sur cette île. J’ai cité tout à l’heure l’aéroport et la piste longue, les routes de contournement de l’île, mais il y a aussi tout ce qui est lié à l’économie bleue à développer à partir de la mer, etc. Les projets ne manquent pas : il faut juste s’accorder sur le principe de les lancer et planifier leur réalisation dans un espace de 15 à 30 ans. C’est de cette façon que nous procédons ailleurs, alors pourquoi ne saurions-nous pas faire de même ?

FI : L’actualité nous ramène sur un problème récurrent : celui de la jeunesse en générale et de la délinquance juvénile en particulier. Qu’est-ce qui peut-être fait pour mieux encadrer cette jeunesse et corriger au plus vite cette dérive à la violence pour en faire une force positive au service du développement que vous évoquez ?

O.S. : Vous avez raison, la jeunesse de Mayotte comme de tout territoire devrait constituer une force et des opportunités de développement contrairement à ce qui se passe en ce moment chez nous où nos jeunes font peur, parce qu’ils ont été délaissés durant de nombreuses années, n’ont pas été éduqués ou pas assez… Ils se retrouvent dans les rues, et pour certains depuis très très jeune, ils n’ont rien connu d’autre que cette rue. Il est impératif d’investir conséquemment dans la formation pour les sortir de la rue, parce-que celle-ci n’éduque pas et ne forme pas, sans quoi il n’y aura pas de paix sociale dans l’île. Nous réclamons sans cesse davantage de forces de l’ordre pour faire face à cette délinquance, c’est une bonne chose car la violence atteint des niveaux inacceptables, mais ce ne sera jamais suffisant pour régler le problème. Les solutions viendront aussi de ces investissements massifs dans l’éducation et la formation. C’est ainsi qu’il sera possible à cette jeunesse de constituer une vraie force de développement structurée et non l’inverse.

FI : Pour finir, que préconise la gauche mahoraise en matière de relations et de coopération avec nos voisins immédiats, après le bruit consécutif à cette affaire de jumelage entre Mamoudzou et des communes comoriennes ?

O.S. : Ce qui est sûr et certain c’est qu’il est clair dans l’esprit de chaque Mahorais que notre territoire est une partie intégrante de la République française et de l’Union européenne. Aucun doute à ce sujet dans nos têtes ! Après, que ce choix ne soit pas accepté de l’autre côté de l’archipel, c’est une autre chose. Ils ont la liberté d’accepter ou de refuser. Aujourd’hui, c’est d’abord ici, chez nous, en France, que l’État doit être clair avec ses ressortissants du département de Mayotte et affirmer là où c’est nécessaire leur appartenance à la nation française. Je peux comprendre nos concitoyens qui estiment que la seule départementalisation ne suffit pas ! Notre pays doit plus souvent monter au créneau auprès des instances internationales, telles que l’Organisation des Nations Unies) pour le clamer haut et fort et défendre son territoire. J’ai l’intime sentiment que ce qu’elle fait est insuffisant. Je trouve ridicule qu’au niveau local nous en arrivions à nous chamailler sur ce sujet, parce que du côté de nos voisins un tel a dit ceci ou cela. Notre défense incombe à l’État français et c’est à lui de défendre sa souveraineté sur Mayotte auprès de l’ONU ou de toute autre entité. C’est l’une des plus grandes puissances de ce monde : sa voix porte et compte, et ce n’est pas rien. Ensuite si des relations politiques s’avèrent compliquées entre nous et nos voisins, ce n’est pas cela qui doit nous arrêter de dénicher d’autres formes de coopération. À chaque fois que nous aurons la certitude de tirer profit d’un aspect donné de coopération entre les deux parties, nous devons nous y engager et essayer de parvenir à quelque chose. Il y a plein de domaines, autres que la politique, dans lesquels le besoin de coopération est réel entre nous pour améliorer le quotidien des populations. Que je sache, l’Union des Comores n’est pas habitée que par des politiciens, il y a également des habitants qui ont des besoins énormes de part de d’autre de l’archipel pour que nous réussissions à mettre en place un vrai projet de co-développement au bénéfice de nos populations respectives.

Le périscolaire : un nouvel enjeu fédérateur à Mayotte

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Les grands acteurs de l’éducation et du développement économique ont animés ce séminaire dont le recteur Gilles Halbout, Madi Madi Souf, le président de l’association des maires, Bibi Chanfi, élue au développement économique au sein du conseil départemental, et Madi Velou, septième vice-président en charge de l’action sociale.

Un grand séminaire s’est tenu dans la salle Samuel Paty du rectorat, ce jeudi 18 août. Son thème était le développement de l’offre de périscolaire à Mayotte. Initié par le conseil départemental, cette rencontre a réuni autour de la table les grands acteurs de l’éducation tels que l’Education nationale, bien sûr, mais aussi les élus des communes, la CSSM, la Deal, ainsi que les associations de parents d’élèves. L’animation était assurée par Nadia Toumji, directrice associée du cabinet Verso Consulting auquel le conseil départemental a fait appel pour dresser un diagnostic de l’état du périscolaire à Mayotte et envisager des solutions de développement viables stratégiquement et économiquement.

Constatant le gros retard dont souffre Mayotte en termes d’accueil et d’activités périscolaires, le conseil départemental a décidé de « prendre le taureau par les cornes ». Pour cela, il a fait appel au cabinet Verso consulting pour établir un plan de développement dans ce domaine qui respecte les objectifs du Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Ce cabinet a donc dressé un état des lieux du périscolaire à Mayotte et établi des perspectives de développement chiffrées. Ne pouvant assumer tout seul cette tâche titanesque, aussi bien techniquement que financièrement, le Département a organisé, ce jeudi 18 août, un séminaire de gouvernance partenariale au rectorat afin d’informer les acteurs concernés de ses projets et de solliciter une participation collégiale.

Le département de Mayotte a invité les grands acteurs du monde éducatif et associatif à venir assister à ce séminaire.

« L’objectif est d’unir nos forces afin de dépasser la traditionnelle logique de séparation des dispositifs et des compétences qui constitue souvent un frein », affirme le recteur Gilles Halbout, persuadé que le développement du périscolaire sur le territoire contribuera à réduire les actes de violences chez les jeunes. Même si, selon lui, « tout est encore à faire à Mayotte dans ce domaine », cette initiative du conseil départemental suscite son enthousiasme. Les enjeux du périscolaires sont, selon, lui multiples. Ils touchent à la fois le bien-être de l’enfant, l’attractivité du territoire, la dynamisation de la vie culturelle et sportive au sein des communes, le renforcement du tissu associatif, le travail sur le vivre-ensemble et les valeurs de la République et le développement économique via la création de nouveaux emplois.

Un développement qui prend en compte les spécificités locales

Le cabinet Verso consulting a établi trois grands axes pour mettre en place ce plan de développement. Les offres devront être qualitatives et répondre aux standards nationaux, tout en s’adaptant aux contraintes spécifiquement locales, comme le problème des transports scolaires, le manque d’infrastructures d’accueil, de cantines, la démographie galopante et les rotations qui ont toujours cours dans certains établissements du premier degré. « Les spécificités socio-culturelles seront également prises en compte », ajoute Nadia Toumji.
Le diagnostic dressé en 2020 démontre notamment un manque d’activités pendant la pause méridienne, un manque de professionnalisation des animateurs et un manque de locaux pour accueillir les enfants. « Le partenariat est la clé pour répondre à ces enjeux », estime Madi Velou, le septième vice-président en charge des actions sociales au sein du Département. Le plan de développement du périscolaire préconise donc une implication forte des communes via leur projet éducatif territorial (PEDT), une généralisation de l’offre à l’ensemble des établissements scolaires, la mise en place de cantines, une offre diversifiée et de qualité ainsi que la création d’un parcours de carrière valorisant pour les animateurs. Une feuille de route a d’ores et déjà été établie pour tenter de répondre à ces enjeux avec des pistes de financement. Cette dernière question reste toutefois encore en cours de réflexion.

Anne-Sophie Delarue, déléguée adjointe au continuum éducatif au sein de la Drajes, a insisté sur le rôle de cadrage de sa structure au sein du plan de développement de l’offre de périscolaire.

Par ailleurs, certains élus communaux insistent sur l’importance d’aller vers les enfants en errance pour les inciter à s’inscrire à ces activités afin de les réinsérer dans le tissu social. « Ce n’est que comme cela qu’on arrivera à sauver nos enfants », estime une élue de la commune de Pamandzi. Les familles seront également beaucoup sollicitées car, comme le rappelle Gilles Halbout, « sans les familles, on ne peut rien faire ! ». La délégation régionale académique à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports (Drajes) est chargée de cadrer légalement les activités périscolaires et d’accompagner les structures qui souhaitent s’impliquer dans ce domaine. Elle s’assure notamment de la sécurité des enfants, de la cohérence des activités avec les projets d’école et de la professionnalisation des animateurs. « L’adaptation des modèles existants au contexte local ainsi que l’innovation sont au cœur de nos préoccupations », affirme Mme Delarue, la directrice de la Drajes. Cette structure sera également chargée d’aider les communes à mettre en place leur PEDT.

Un financement estimé à 835 millions d’euros

Ce plan de développement de l’offre périscolaire est estimé à 835 millions d’euros. « C’est ambitieux, mais réalisable si toutes les ressources du territoire sont mobilisées », estime Madi Velou. Pour lui, le plus grand investissement concerne la restauration scolaire qui devra faire l’objet d’une concertation avec les maires, mais également la région et le rectorat. 220 millions d’euros seront consacrés au recrutement de professionnels et à la montée en compétences des agents déjà en poste. Le cabinet Verso Consulting insiste sur le potentiel socio-économique de ce plan qui permettra la création de 8.000 nouveaux emplois sur une période de cinq ans.

 

La tuberculose à Mayotte de 2015 à 2020

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À Mayotte, 42 cas de tuberculose ont été déclarés en 2020 et le taux de déclaration standardisé sur l’âge était de 17.8 cas pour 100.000 habitants selon un communiqué de Santé Publique France envoyé ce mercredi 17 août. Après la hausse observée en 2015 (45.6 cas pour 100.000 hab.), le taux de déclaration de la maladie semblait poursuivre sa décroissance atteignant 20 cas pour 100.000 habitants en 2017. Celui-ci est repartie à la hausse en 2018 (36.7 cas pour 100.000 hab.) puis a poursuivi sa diminution jusqu’en 2020 où le taux de déclaration enregistré est le plus faible des six années précédentes.

En 2020, Mayotte était le deuxième territoire comptabilisant le taux de déclaration le plus élevé, derrière la Guyane et avant l’Île-de-France. Le taux de déclaration dans le 101ème département était en diminution, en 2020 et se situait au-dessus du taux de déclaration de la métropole.

Les cas ayant recours au système de soins de façon spontanée représentaient 84.6% des cas déclarés, en hausse par rapport aux trois dernières années. Sur la période 2015-2020, 8% des cas de tuberculose maladie déclarés ont été diagnostiqués dans le cadre d’une action de dépistage. En effet, dans toutes les classes d’âge, le diagnostic dans le cadre d’un recours spontané aux soins est majoritaire dans toutes les classes d’âges excepté chez les 5-14 ans, où la majorité des cas ont été diagnostiqués dans le cadre d’une enquête autour d’un cas.

En 2020, 177 (74%) avaient une forme pulmonaire et 63 (26%) une forme exclusivement extra-pulmonaire. Parmi les formes pulmonaires (avec ou sans localisation extra-pulmonaire), 97 (55%) avaient une microscopie positive. En 2020, 10 formes méningées ou miliaires ont été diagnostiquées, aucune parmi les cas âgés de moins de 15 ans.

Revalorisation anticipée des prestations sociales

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Dans le cadre de la loi pour le pouvoir d’achat, une revalorisation anticipée de 4% des prestations sociales a été votée par le Parlement le 3 août. Celle-ci vise à compenser la montée des prix due à l’inflation en 2022 et s’ajoute à la hausse de 1.1% survenue en janvier 2022. -Le différentiel des droits de juillet sera versé rétroactivement au mois de septembre avec les droits du mois d’août.

L’ensemble des prestations Famille applicables à Mayotte sont revalorisées de 4%, sauf l’aide au logement au taux de 3.5% : allocations familiales (Af), complément familial (Cf), allocation de rentrée de scolaire (ARS), prime pour l’activité (PPA), revenu de solidarité active (RSA), allocation adulte handicapée (AAH) et allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH).

L’ensemble des prestations Vieillesse versées dans le 101ème département sont également revues à la hausse, de l’ordre de 4% : retraite personnelle, pension de réversion, allocation de solidarité aux personnes âgées, allocation veuvage. Idem pour la pension d’invalidité ainsi que pour les rentes d’accident du travail ou de maladie professionnelle.

Tous les assurés du régime général percevant les prestations citées ci-dessus bénéficient de cette revalorisation. À noter que le versement est automatique, aucune démarche n’est à effectuer auprès de la caisse de sécurité sociale de Mayotte. Les paiements seront réalisés aux dates habituelles de versement de chaque prestation. Exemple : le 8 septembre pour les pensions de retraite.

Séminaire de mise en place d’une gouvernance partenariale afin de soutenir le plan de développement du périscolaire

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Le rectorat, le conseil départemental et l’association des maires de Mayotte s’associent pour l’organisation d’un séminaire de mise en place d’une gouvernance partenariale afin de soutenir le plan de développement du périscolaire, le jeudi 18 août à 9h, salle Samuel PATY du rectorat.

Le Département initie le projet, avec le soutien des partenaires, de réaliser un état des lieux, de fixer des orientations stratégiques et d’élaborer une feuille de route concertée et partagée avec l’ensemble des parties prenantes de l’offre de périscolaire à Mayotte. Des rencontres s’en sont suivies, tout au long du premier semestre 2022, proposées par le responsable de l’académie, Gilles Halbout, à chacun des maires, dans le but de finaliser ensemble leurs « projets éducatifs territoriaux ».

Le projet éducatif territorial (PEDT) formalise une démarche permettant aux collectivités territoriales volontaires de proposer à chaque enfant un parcours éducatif cohérent et de qualité avant, pendant et après l’école, organisant ainsi, dans le respect des compétences de chacun, la complémentarité des temps éducatifs.

Il s’agit d’un projet d’envergure qui vise à offrir les meilleures conditions de réussite à la jeunesse, à développer et à structurer une filière économique tout en soutenant l’ensemble des partenaires institutionnels et la société civile impliqués par cette compétence.

Sont conviés à cette présentation du plan de développement de l’offre périscolaire l’ensemble des acteurs des politiques éducatives du territoire (les maires, la caisse de sécurité sociale de Mayotte, les services de l’État, le centre national de la fonction publique territorial, Pôle emploi, la mission locale, les représentants des parents d’élèves, les représentants des fédérations populaires, les représentants du mouvement sportif, les acteurs de l’accompagnement sur le territoire).

Première édition des journées du vivre-ensemble à Mamoudzou

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Mamoudzou organise la première édition des Journées du vivre-ensemble les vendredi 19 et samedi 20 août 2022. Cosmopolite, la commune abrite de nombreuses communautés ainsi qu’une population riche de cultures variées. En organisant cet événement, la ville chef-lieu propose aux différentes communautés de se rencontrer et de se faire connaître.

Le temps fort de ces journées sera la conférence « Mieux comprendre la société mahoraise », animée par l’auteur et conférencier Salim Mouhoutar et l’historien et archiviste Inssa De N’Guizijou. Le sport, vecteur de valeurs fédératrice et de fraternité, joue un rôle déterminant et favorise la cohésion. À l’occasion de cette première édition, la ville inaugurera l’école municipale de l’excellence sportive de Mamoudzou. Enfin, vivre-ensemble est également synonyme de respect de l’autre et de son environnement. Évoluer dans un espace public propre contribue à la santé publique et à la protection de la biodiversité.

Vendredi 19 août : conférence sur le thème « Mieux comprendre la société mahoraise », animée par l’auteur et conférencier Salim Mouhoutar et l’historien et archiviste Inssa De N’Guizijou, à 9h à la MJC de Mamoudzou, clôture de la matinée par une prière œcuménique à 11h30, puis inauguration de l’école municipale de l’excellence sportive à 15h à la MJC de M’Tsapéré. Samedi 20 août : nettoyage collectif du front de mer et plantation de l’arbre du vivre-ensemble à partir de 7h à côté du parc Mahabou.

Des émeutes ont éclaté à Kawéni, ce mercredi

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Les premiers affrontements ont eu lieu, vers 11h, à proximité des pompiers.

Des barrages enflammés ont compliqué le passage des véhicules par Kawéni, ce mercredi. En fin de matinée, une opération de la police aux frontières a mis le feu aux poudres et déclenché la réaction de plusieurs centaines de jeunes.

Les fumées des grenades lacrymogènes ont rempli l’air de Kawéni, ce mercredi. En réaction à une nuée d’interpellations de personnes en situation irrégulière de la part de la police aux frontières, des jeunes de Kawéni s’en sont pris aux forces de l’ordre. « Ils n’ont pas supporté ces interpellations. Ils ont enflammé des poubelles et du mobilier urbain qu’ils ont placés sur plusieurs points de la chaussée », indique le commissaire Laurent Simonin, directeur territorial de la police nationale (DTPN). Celui-ci dénombre « 300 émeutiers » au plus fort des affrontements, qui ont débuté devant le bâtiment des pompiers, vers 11h. À court de grenades lacrymogènes, les policiers ont alors dû redescendre vers le rond-point SFR pour attendre des nouvelles munitions arrivant de Petite-Terre. Pendant ce temps, « les émeutiers ont pulvérisé les vitres des voitures garées sur le parking de l’espace Corralium », raconte le commissaire.

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Les policiers ont dû faire face à plusieurs centaines de jeunes.

Les résidus des barrages bloquent la circulation

Ces affrontements n’ont pas été sans conséquences sur le trafic routier de l’île. Une déviation a été rapidement mise en place aux ronds-points Méga et SFR pour éviter que les automobilistes soient pris entre deux feux. Le rétablissement de la circulation a été d’autant plus difficile que le mélange déchets-mobilier urbain a fortement détérioré la route et nécessité l’intervention des pompiers.

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Le mélange déchets-mobilier urbain a endommagé la chaussée, retardant la remise en circulation sur la route nationale.

Aucune interpellation n’a pu être effectuée lors des premières rixes, mais elles pourraient être nombreuses dans les jours à venir, estiment les policiers.

 

Estelle Youssouffa demande « de reprendre le terrain »

La députée de la première circonscription de Mayotte a réagi par un communiqué aux récentes émeutes de Kawéni et à l’incendie des bâtiments de la communauté de communes de Petite-Terre (voir par ailleurs). Elle demande au gouvernement français « de ramener par tous les moyens l’ordre public et la paix à Mayotte : nous ne pouvons plus endurer cette terreur, la peur doit changer de camp et la République reprendre le terrain laissé aux voyous ».

Concernant le deuxième fait, elle souhaite « une réponse forte et concrète de l’État face à la destruction cette nuit des bureaux de l’intercommunalité de Petite-Terre »« La population est toujours quasiment seule face aux vandales qui opèrent dans l’impunité totale, parfois à quelques dizaines de mètres des bâtiments des forces de police et de gendarmerie », fait-elle remarquer.

 

Place Zakia Madi : les réfugiés africains délogés par la police

Depuis samedi dernier, plusieurs familles de ressortissants africains s’installent de manière régulière sur la place Zakia Madi, à Mamoudzou (voir Flash Infos de mercredi). Originaires pour la plupart d’Afrique de l’Est, ils dénoncent leurs conditions de vie et demandent un meilleur traitement de la part des autorités françaises. Ce mercredi, vers 15h, une nouvelle intervention policière a permis de libérer la place. Toutefois, à chaque fois, les réfugiés finissent par y revenir.

Inscription du « mawlida shenge » au patrimoine culturel immatériel, « une chance énorme »

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Le "mawlida shenge" est inscrit au patrimoine culturel immatériel du ministère de la culture depuis le 27 juin 2022.

Le 27 juin dernier, la direction générale des patrimoines et de l’architecture du ministère de la Culture a inscrit le « mawlida shenge » (une pratique sociale et spirituelle de tradition soufie comprenant toute une organisation sociale, du chant, de la musique, de la danse pouvant aller jusqu’à la transe) à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel. Une grande première pour le 101ème département et surtout une immense fierté pour ceux qui ont porté cette reconnaissance à l’échelle nationale. Entretien avec Zouhourya Mouayad Ben, la quatrième vice-présidente du conseil départemental en charge des sports, de la culture et de la jeunesse, et Abdoul Karim Saïd, le directeur du Muma (Musée de Mayotte).

Flash Infos : Le « mawlida shenge » a rejoint fin juin la liste du patrimoine culturel immatériel. Comment s’est déroulée cette démarche ? Et pourquoi avoir proposé cette pratique sociale et spirituelle de tradition soufie ?

Abdoul Karim Saïd : Tout a commencé en 2019 sur une idée de Thomas Mouzard, chargé de mission pour le patrimoine culturel immatériel au ministère de la Culture, qui est venu en mission à Mayotte dans le but de nous sensibiliser les principaux intéressés à cet enjeu et à l’inscription. Il a alors formé une quinzaine de personnes. Une semaine plus tard, il a contacté Éric Alendroit qui a l’habitude de travailler avec La Réunion et qui a déjà inscrit « le maloya » par le passé, pour lui proposer d’inclure dans ses formations des agents de Mayotte. Il est ensuite venu deux fois sur le territoire pour la rédaction des fiches. Celle du « mawlida shenge », rédigée par Achoura Boinaïdi, la cheffe de service en charge de la recherche et de la conservation au Muma, a duré un an et demi en comptant une dizaine d’aller-retour entre nous et les personnes filtres et a été déposée en novembre 2021. Puis, nous avons reçu un avis favorable au début de l’année 2022.

Zouhourya Mouayad Ben : Cette nomination est une très bonne nouvelle pour Mayotte dans son ensemble. Les Mahorais l’attendaient depuis longtemps puisque c’est une manière d’honorer nos anciens. En recevant la notification, j’ai immédiatement pensé à nos parents et à nos grands-parents qui ont pratiqué ce chant et cette danse religieux. Je suis très émue rien qu’en en parlant, c’est magnifique… C’est tout simplement une chance énorme dans le sens où cela permet de parler de l’île autrement que sous la coupe de la violence et de l’immigration clandestine.

FI : Il s’agit ici du premier élément du patrimoine de l’île à figure dans la liste du PCI du ministère de la culture. Concrètement, qu’est-ce que cela peut changer pour Mayotte ?

Z. M. B. : Il y a cette reconnaissance aussi bien à l’échelle nationale que régionale dans le sens où nous apportons notre richesse culturelle à la France. Il y aura un peu plus de visibilité pour notre territoire. Les potentiels touristes qui chercheront notre destination sur Internet apprendront que le « mawlida shenge » est une pratique culturelle et spirituelle de Mayotte qui rassemblent des hommes et des femmes, même s’il y a une petite séparation entre les deux groupes. Assurément, cela va nous apporter une ouverture vers l’internationale !

FI : Plus largement, le département a-t-il l’ambition de présenter d’autres dossiers dans un avenir plus ou moins proche ?

Z. M. B. : Nous avons au sein du Département d’autres dossiers en cours, notamment celui concernant le lagon qui est l’un des plus beaux du monde. Même si nous rencontrons quelques difficultés, il se trouve déjà entre les mains du ministère de la culture.

A. K. S. : Au niveau du Muma, nous comptons présenter prochainement le « debaa » (un mélange de danse, de musique et de chant traditionnels pratiqué exclusivement par les femmes). Nous sommes actuellement à 80% de la rédaction. C’est un travail de longue haleine, cela ne se fait pas en un claquement de doigts puisqu’il faut répondre à un cahier des charges précis dans lequel nous revenons sur l’historique de la pratique, sur sa fonction, sur son rôle, sur les différentes communautés mobilisées, celles qui la jouent et celles qui en bénéficient. Sans oublier les faiblesses et les risques de disparition. Il y a énormément de rubriques à renseigner, il faut que tout soit cohérent !

Toute personne intéressée peut présenter une fiche, des gens comme vous et moi, des associations, des praticiens… C’est le cas pour le « mbiwi » qui est actuellement en phase d’études et le « shigoma » qui est en cours de rédaction.

Z. M. B. : Nous avons énormément de chants et de danses qui ne demandent qu’à être valorisés et à être reconnus aux yeux de tous !

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes