« Nous avons toutes les conditions réunies pour développer et atteindre la souveraineté alimentaire »

La Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte et les Chambres de commerce d’industrie et d’agriculture de Tanzanie ont récemment signé des accords de partenariats agricoles. Invitée par le Conseil Départemental, une délégation tanzanienne est récemment venue discuter des ambitions futures pour cette collaboration.

 Les conversations et remerciements fusent à l’hémicycle Younoussa Bamana à Mamoudzou, ce vendredi. La délégation tanzanienne et les acteurs économiques mahorais sont tous rassemblés. « Vous êtes ici chez vous », énonce Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental, s’adressant à ses invités tanzaniens. La Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (CAPAM) et les Chambres de commerce d’industrie et d’agriculture (CCIA) de Tanzanie ont lancé une rencontre, suite à la signature d’accords agricoles. « Il fallait d’abord, apprendre à se connaître », déclare Ambdilwahedou Soumaila, maire de Mamoudzou. Une énième rencontre entre les deux états, qui va permettre de dégager de nouveaux horizons pour la région. « Puissent ces moments de rencontre et de réflexion nous conduire à réaliser nos objectifs communs », conclut en souriant le président du Département.

Redorer le blason de l’océan Indien

« Il faut donner à Mayotte la place qu’elle mérite au sein du canal du Mozambique », déclare Ali Suleiman Amour, président de la Chambre de commerce Nationale de Zanzibar. Selon lui et beaucoup de ses confrères, la Tanzanie et l’île aux parfums sont similaires. Ils auraient la même dépendance à la pêche, à l’agriculture, à l’aquaculture ainsi que des ressemblances culturelles. Le point qui met tout le monde d’accord, c’est le caractère, défini comme « essentiel » par lui, ses collègues tanzaniens et mahorais, de ce rapprochement entre les deux nations.

Fatma Washoto, cheffe de la délégation, a mis un point d’honneur sur l’agriculture locale et régionale. « Avec la guerre en Ukraine, on a de très faibles arrivages en blé. Cependant, le blé ne pousse pas ici. C’est un héritage de la colonisation. Nous avons des produits naturels ici : la coco, le riz ou encore le manioc. Le sol est riche ici, nous devons arrêter de dépendre des imports », insiste-t-elle. Les collaborateurs sont convaincus de la possibilité de création de nouveaux circuits d’échanges régionaux et de la capacité de production de Mayotte. « Nous avons toutes les conditions réunies pour développer et atteindre la souveraineté alimentaire. On doit moins importer et augmenter nos exportations », ajoute le président du Département. « Mayotte est un poste français et européen au sein du canal du Mozambique et plus largement, en Afrique de l’Est. Avec une stabilité politique et une croissance économique forte, notre territoire a tous les atouts pour devenir un partenaire privilégié pour ses voisins », soutient le directeur du conseil départemental. Il croit au possible développement économique et agricole du territoire mahorais.

« Mayotte va beaucoup gagner »

Le plus proche objectif de cette collaboration est que la Tanzanie prêtera des terres pour que des agriculteurs mahorais puissent cultiver là-bas. « Mayotte va beaucoup gagner », affirme Fatma Washoto. Une initiative positive, soutenue par Said Attoumani, directeur de la CAPAM,  « l’autonomie alimentaire n’est pas un rêve, ça doit être un objectif. C’est nécessaire pour offrir plus de stabilité à notre territoire ». Obtenir un accès plus équitable aux denrées alimentaires et en quantité plus suffisante, c’est ce que veut sur le long terme l’organisme d’agriculture. Ce point-là est gagnant-gagnant, puisqu’il rapportera aux tanzaniens de nouveaux producteurs agricoles sur leur territoire.

Des vols directs entre la Tanzanie et Mayotte

Plusieurs projets à venir se sont dessinés au sein de l’assemblée. Le préfet, Thierry Suquet, a notamment dans les tuyaux le projet de créer des vols directs entre l’île et la Tanzanie. « On veut permettre aux jeunes d’être plus mobiles et de s’ouvrir à d’autres opportunités », confirme le préfet. Une ouverture de plus de Mayotte sur l’océan Indien s’inscrit dans les futurs points de cet échange.

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