Accueil Blog Page 539

Météorologie | Un retour à la normale

-

A l’heure où le changement climatique continue d’affecter la planète, Mayotte enregistre des records de saison en termes de températures depuis six mois consécutifs.

A l’occasion de la journée mondiale du climat, le 8 décembre, Bertrand Laviec, délégué départemental de Météo France pour Mayotte fait le point sur le climat de l’île aux parfums. 

FI : Mayotte bat des records de température depuis quelques mois, comment expliquez-vous cela ? 

Bertrand Laviec : Il n’a jamais fait aussi chaud à Mayotte depuis que l’on procède à des mesures, et nous faisons des mesures depuis 1949. On a connu le mois de juin le plus chaud jamais enregistré, cela fait maintenant six mois d’affilé qu’on bat les records. On commence sérieusement à penser que c’est lié au changement climatique. 

FI : Les fortes pluies des derniers jours, quant à elles, restent-elles dans la norme ? 

Bertrand Laviec : On revient vers la normale. On sort de plusieurs années où on avait des saisons des pluies plus au moins torpides, l’année dernière était pire. Là, on vit une saison des pluies tout à fait normale. Généralement, le début de la saison des pluies démarre sur la deuxième quinzaine du mois de novembre, chose qui n’était pas arrivée depuis quelque temps. La « normale » en météo est la moyenne sur 30 ans et nous sommes en plein dedans. 

FI : Selon Météo France, le mois le plus sec à Mayotte est le mois de juillet. A quoi devons-nous nous attendre en 2018 après la saison des pluies ? 

Bertrand Laviec : Il s’agira d’une succession de mois qui s’avèreront de moins en moins humides. La saison des pluies, officiellement, commence le 1 er novembre et s’achève le 30 avril. A partir de mi-avril on commence à entrer dans des périodes plus sèches, dès que le flux de mousson aura disparu. Au début, on aura encore un peu d’averses, puis progressivement on arrivera vers le mois le plus sec, donc le mois de juillet. 

FI : Alors qu’à La Réunion par exemple, où le mois le plus sec est celui d’octobre… 

Bertrand Laviec : Nous ne sommes pas sous les mêmes latitudes qu’à La Réunion. A Mayotte, nous sommes plus près de l’équateur. A La Réunion, c’est un climat tropical modéré. Nous, on est sur un climat équatorial, ce qui explique les différences. 

 

Un champion du monde de parachutisme prépare un film à Mayotte

-

Sébastien Chambet, double champion du monde de saut en parachute, est actuellement à Mayotte dans le cadre d’un repérage pour le tournage d’un documentaire. À cette occasion, l’homme aux 11 000 sauts à son compteur présentera le premier de ses films réalisés en Nouvelle-Calédonie.

« Le cadre est magnifique ici pour des sauts en parachute ». À peine arrivé dimanche dernier à Mayotte, Sébastien Chambet est déjà… tombé sous le charme du 101ème département. À l’invitation d’Anly Abdallah Djaha, un Mahorais originaire de Passamaïnty et ancien militaire parachutiste, l’ex-champion du monde dans la discipline Freestyle (2010 et 2012) et actuel entraîneur de l’équipe de France (dans les catégories Freefly et Freestyle), s’est rendu dans notre île afin de repérer les lieux où lui et son équipe viendront sauter l’année prochaine. Car Mayotte sera le décor du prochain film de Sébastien Chambet, Jim Gares et Vincent Cotte. Les trois garçons dans le vent viendront réaliser en août ou septembre 2018, un documentaire de 52 minutes avec une trentaine de sauts au programme. Le but, faire découvrir la beauté du territoire  à travers des sauts en parachute, mais pas uniquement. « Je tenais à ce que ne soit pas simplement un film sur notre discipline. Il s’agit aussi de mettre en avant la culture et la société mahoraise via des rencontres avec la population locale », précise Sébastien Chambet. Néanmoins, les vidéos tournées dans les airs proposeront à coup sûr des images époustouflantes de sauts en chute libre ainsi que de vols en wingsuit (combinaison ailée), « une expérience qui permet de prolonger le saut et ainsi d’apprécier le panorama », explique le parachutiste.  

Ce projet filmographique est la suite d’un premier documentaire réalisé en 2016 en Nouvelle-Calédonie. Présenté cette année, le film intitulé « 45 secondes d’éternité » (en référence à la durée d’une chute libre lors d’un saut en parachute) est le début d’une série dont le but est de faire le tour des départements et territoires d’outremer avec comme fil conducteur le parachutisme sportif. « C’est la société Grand Angle Production qui a suggéré cette idée. On s’est donc mis en contact avec des chaînes de télévision comme le réseau France Télévisions pour diffuser nos films », explique Sébastien Chambet. Ainsi, le 101ème département sera le lieu du second épisode des aventures des trois comparses.  

Sauter en parachute à Mayotte, ce sera possible dès 2018

C’est en prenant connaissance de leur projet qu’Anly Abdallah Djaha a proposé à l’équipe de France de Freefly de poursuivre leur tour du monde ultramarin. « C’est aussi l’occasion pour moi de faire connaître ma société Vehuwa (« s’envoler » en shimaore) spécialisée dans les baptêmes de saut en parachute tandem et dont l’activité sera lancée à Mayotte en 2018″, explique l’ancien militaire à la retraite après un peu plus de 17 ans de bons et loyaux services. Pour marquer le coup, l’enfant du pays a donc organisé la projection du premier film de Sébastien Chambet, qui se tiendra ce samedi à 20h au restaurant La Croisette derrière le marché couvert de Mamoudzou. 

En attendant, l’entrepreneur nourrit ce projet professionnel depuis plusieurs années. Il est à présent sur le point d’acquérir un avion pour mettre en œuvre son activité. « J’envisage également en plus des sauts en tandem, de proposer à l’avenir des formations », ajoute Anly Abdallah Djaha. Nul doute que son entreprise va susciter de l’intérêt et contribuer à développer le tourisme dans le plus jeune département de France.    

Mais l’objectif à court terme pour Anly et Sébastien est de trouver dès à présent des fonds publics et/ou privés pour financer leur projet de tournage. « Concrètement, cela peut se matérialiser par l’impression sur la voile du parachute du nom du partenaire qui soutiendra notre initiative. Un marketing qui permet une visibilité non-négligeable à l’entreprise ou l’institution qui aidera à nous financer », explique le porteur de projet. « Pour le premier film, nous avons obtenu des aides, mais nous avons dû financer une partie sur fonds propres », ajoute-t-il. En effet, le parachutisme n’est pas encore une discipline qui concentre beaucoup d’argent contrairement au football. « Dans la vie de tous les jours, nous sommes soit moniteurs, soit militaires. Notre sport est amateur et nous ne pouvons pas encore en vivre », indique le multiple champion national et international. L’appel est donc lancé pour soutenir un événement unique en son genre dans le 101ème département.   

► Pour en savoir plus : Projection en plein air du film « 45 secondes d’éternité » samedi 9 décembre à 20h au restaurant La Croisette à Mamoudzou. Renseignements au 0269 60 96 50. Plus d’informations concernant Sébastien Chambet et son équipe sur www.scphotographie.com

Occupations illégales : une piste pour les propriétaires ?

Les dispositions prévues pour l’accueil des gens du voyage pourraient-elles aider les propriétaires de Mayotte ?

Dans un courrier envoyé aux maires de Mayotte et au président du Conseil départemental, le sénateur et vice-président du Sénat, Thani Mohamed Soilihi, attire l’attention sur la problématique des occupations illégales, en soumettant une piste d’action pour les propriétaires des terrains concernés, en particulier lorsqu’il s’agit des collectivités. 

Dans la loi du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la citoyenneté,  il est en effet stipulé « Le fait de s’installer en réunion, en vue d’y établir une habitation, même temporaire, sur un terrain appartenant soit à une commune qui s’est conformée aux obligations lui incombant en vertu du schéma départemental prévu à l’article 1er de la loi (…) relative à l’accueil et à l’habitat des gens du voyage ou qui n’est pas inscrite à ce schéma, soit à tout autre propriétaire autre qu’une commune, sans être en mesure de justifier de son autorisation ou de celle du titulaire du droit d’usage du terrain, est puni de six mois d’emprisonnement et de 3750 euros d’amendes. »

Par ailleurs, est actuellement en débat au Parlement une proposition de loi, elle aussi relative à l’accueil des gens du voyage et à la lutte contre les installations illicites, qui propose de renforcer les sanctions pénales ci-dessus, en prévoyant notamment une peine d’emprisonnement d’un an et une amende de 7500euros. « Aussi, poursuit le sénateur, face à la recrudescence des occupations illégales observées sur notre territoire et dénoncées légitimement par la population mahoraise, il me semble important d’attirer votre attention sur le fait que ces dispositions peuvent être l’occasion pour les propriétaires terriens mahorais, publics ou privés, d’agir au pénal afin de faire respecter le droit de propriété. »

 

Deux manguiers abattus hier à Longoni

La circulation a été fortement perturbée hier matin sur la RN1 aux abords du port de Longoni. Selon nos renseignements, les agents grévistes du port de Longoni auraient abattu deux manguiers centenaires qui seraient couchés au milieu de la chaussée. Il aura fallu une bonne heure avant les agents de la Deal parviennent à dégager la chaussée.

Nidou : Propriétaire du bar-restaurant Le M’haju

-

Nidhoimi Bacar est un personnage atypique. Le M’haju, bar-restaurant réputé de la commune de Bandrélé – créé en 2007 sur la non moins célèbre plage de Musical – est son œuvre. L’entrepreneur mahorais, resté profondément attaché à l’île, nous parle de son Mayotte. La nostalgie, l’inquiétude et l’espoir transpirent de ses mots.

Cela fait dix ans tout rond que Nidhoimi Bacar propose ses services de cuisinier au bar-restaurant Le M’haju, qu’il a créé. « Tout ce que vous voyez ici a été fait de mes propres mains, mais je n’étais pas tout seul ! », précise-t-il en souriant. Marié et père de cinq enfants, Nidou, comme on le surnomme, a toujours vécu à Mayotte.

Néanmoins, les voyages, ça le connait. L’entrepreneur a parcouru quasiment toute la région océan Indien : de la Grande Comore à Anjouan, de Madagascar à La Réunion, de Maurice aux pays du Sud-ouest africain, etc., à la découverte de nouveaux horizons et des différents modes de vie. « Chaque île est belle », estime-t-il.

« Chacune a ses spécificités et c’est important de s’y rendre et de les découvrir, car elles nous cultivent. Ces voyages sont enrichissants : ils nous apprennent comment chaque population vit et s’adapte à la société. Mayotte a des choses à tirer de chaque île. » Comme de nombreux Mahorais, Nidou est également passé par la France métropolitaine. Un territoire sur lequel il ne pourrait jamais vivre. Il l’explique : « Je suis quelqu’un qui adore la nature pour la pureté qu’elle représente. Je suis né dans la nature, j’ai grandi, je vis et je travaille dans la nature. La nature et l’environnement sont ma vie. Et pour moi, la métropole est trop développée. Par rapport à mon vécu et à ma vie, je ne me voyais pas m’adapter là-bas. Mayotte est une île encore peu développée, et cela convient à mon mode de vie et mes centres d’intérêt : moins de développement, c’est moins de contraintes, notamment moins de déchets, moins de pollution. »

De Mayotte, le quarantenaire veut garder en tête ce côté sauvage, qui autrefois en faisait sa force. Il aime par exemple se souvenir du sentiment de liberté et de sécurité qui y régnait dans les années 1980 et 1990. « Nous nous contentions du peu que nous avions. Les gens n’avaient pas besoin de voler pour se nourrir ou autres. Du coup, l’insécurité n’existait pas. Nous pouvions dormir les portes et fenêtres ouvertes, et nous promener tard la nuit sur les plages sans nous soucier de ce qui pourrait arriver. »

Nidou est nostalgique aussi de l’éducation à l’ancienne qui, entre autres, attribuait un certain niveau de respect vis-à-vis des personnes âgées. Celui qui est également musicien évoque d’ailleurs souvent ce Mayotte d’avant dans ses chansons : « C’est ce qui a construit ma personnalité, ma façon d’être, et que j’essaie de transmettre à mes enfants aujourd’hui : le respect d’autrui, le respect de nos aînés, le respect de l’environnement. »

La restauration et la musique animent la vie de l’entrepreneur. Le M’haju a d’ailleurs été créé pour allier ces deux passions. Chaque semaine, du jeudi au dimanche, le bar-restaurant reçoit de nombreux adeptes de la cuisine locale. Et plusieurs fois par an, il est le lieu d’évènements éducatifs, culturels ou festifs.

C’est au M’haju que de nombreuses structures communales mettent en place leurs accueils collectifs de mineurs durant les périodes de vacances scolaires. C’est au M’haju aussi que M’toro Chamou, Wawa, Baco Oili et d’autres artistes locaux et régionaux reconnus se produisent. C’est au M’haju, encore, qu’ont été organisés les dernières Beach Party, si appréciées de la jeunesse mahoraise. Enfin, on ne peut parler du M’haju sans évoquer le Fest’Karam. En octobre dernier, Nidou fêtait la neuvième édition de son évènement qui mêle deux jours durant activités familiales, découverte des recettes mahoraises et scènes de musique. « Le Fest’Karam résume ce qu’est le M’haju finalement : de la cuisine locale et de la musique au milieu de la nature, dans une ambiance conviviale, familiale », conclut Nidou.

Ma bonne idée pour Mayotte

Nous devrions faire attention à notre mode d’évolution. Nous devrions profiter du fait de ne pas être encore véritablement développés pour ne pas reproduire les mêmes erreurs que les autres îles et pays développés, pour que demain nos enfants et petits-enfants n’aient pas à subir les conséquences désastreuses de nos choix d’aujourd’hui. Je pense toujours à la nature et à l’environnement mahorais : je souhaite par exemple qu’on réfléchisse pour que demain, Mayotte soit une référence mondiale en termes d’énergies renouvelables. Je souhaite aussi qu’il n’y ait jamais d’usines industrielles à Mayotte. Le développement, oui, mais autrement.

Ma photo marquante

Prenez-moi en photo maintenant et elle sera ma photo marquante ! La meilleure photo c’est celle prise l’instant même parce qu’elle montre qu’on est en vie. J’ai 44 ans et j’ai perdu beaucoup d’amis et de connaissances, des gens que je fréquentais et que je voyais de mes yeux. Aujourd’hui, ils n’ont plus la chance d’être pris en photo parce qu’ils ne sont plus en vie. Pouvoir encore être pris en photo, c’est ce qui important pour moi, c’est ce qui me marque.

Mon meilleur souvenir à Mayotte

Je reformulerai si vous me le permettez, et dirai plutôt « Ce qui me manque le plus à Mayotte ». Et bien c’est l’époque où l’on pouvait dormir en plein air ! Me trouver sur un djavi (natte traditionnelle) et dormir n’importe où : ça pouvait être dehors ou au milieu du village, ou sur la plage la nuit. Personne ne te prenait la tête.

Mes endroits favoris

Tout ce qui touche à la nature. Tout ce qui m’éloigne de l’urbanisation : cela peut être dans les îlots, à Saziley, à la campagne, etc. Peu importe l’endroit, si je peux installer mon djavi !

Le M’haju : un lieu de restauration et d’animation

Le M’haju, c’est avant tout un restaurant. Ouvert du jeudi au dimanche (le vendredi et le samedi soir sous réservation), Nidou y concocte de nombreux plats à base de produits locaux. Sa spécialité ? Les épices : les plats proposés font l’objet d’un assaisonnement oriental grâce à un mixe d’épices locales, africaines et européennes. « Comme la musique, la cuisine est un partage de culture. C’est ce que j’essaie de faire dans ma cuisine : mélanger par exemple dans un plat le anda de chez nous, le cumin africain et le thym européen pour un maximum de mixité. »

Le M’haju, c’est aussi un espace abritant des surfaces déblayées, ombragées, aménagées, et une scène musicale, où l’on peut organiser tous types d’actions ou d’évènements : camps de vacances, accueils collectifs de mineurs, cabarets, concerts, festivals, réunions de comités d’entreprises, anniversaires… 

Bar/restaurant Le M’haju, chez Nidou, Musical Plage ; 0269635419 ou 0639227534. Facebook : Bar Le M’Haju.

 

Violences scolaires : les lycées se rebiffent

-

Après le lycée de Kahani, c’est au tour d’une partie des agents du lycée polyvalent du Nord (Acoua) d’exercer leur droit de retrait, tandis que le LPO de Tsararano convoquait hier une assemblée générale d’urgence. Face à la récurrence des violences scolaires, certains personnels des établissements du second degré de Mayotte « ont peur » et prennent des mesures drastiques. Pour le vice-rectorat, ces agents en colère « ne représentent qu’une minorité de personnes, 16 en tout au 4 décembre ». 

« Les élèves et le personnel ont peur ». Dans un communiqué envoyé à la presse mardi, les personnels du lycée polyvalent du Nord (Acoua)  – réunis en collectif –  ne mâchent pas leurs mots pour exprimer leur ras-le bol face « aux situations de violences insupportables » qu’ils subissent régulièrement. Le jeudi 23 novembre, « un élève s’est fait tabasser (…) à coups de pierres » dans l’enceinte du lycée, raconte une enseignante. Des rivalités intervillageoises qui l’auraient conduit à l’hôpital de Mamoudzou avec une commotion cérébrale, et qui feraient suite aux évènements du 6 octobre où des jeunes armés de machettes auraient pénétré à l’intérieur de l’établissement, agressant certains élèves, selon la pédagogue. Un des adolescents passé à tabac ce jour-là aurait été évacué pour raisons médicales à La Réunion mais « son état de santé mentale ne semble pas intact depuis », poursuit l’enseignante.  

Certains agents du lycée polyvalent (LPO) du Nord ont donc décidé d’exercer leur droit de retrait le 24 novembre, mesure maintenue jusqu’alors, notamment en raison d’un risque de représailles et « puisque jusqu’à ce jour aucune proposition adéquate n’a été faite par le vice-rectorat pour assurer la sécurité des élèves, du personnel et le bon déroulement des cours », dénonce le collectif des personnels. Ces agents se disent « toujours en attente d’une réunion du CHSCTA (Comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail académique), pour une évaluation des mesures de sécurité adaptées à la situation. » Selon le vice-rectorat, ce comité s’est déjà réuni deux fois en 2017. 

Lundi, ils étaient 22 enseignants sur 70 à exercer leur droit de retrait et 18 mardi, a indiqué un professeur du LPO du Nord. Pour le vice-rectorat, joint hier par téléphone, ces agents en colère « ne représentent qu’une minorité de personnes, 16 en tout au 4 décembre ». Le vice-rectorat a également rappelé que des projets de sécurisation étaient en cours mais que leur mise en place prenait du temps. 

Du côté du lycée de Kahani, dont une partie du personnel exerçait son droit de retrait depuis le 20 novembre, les professeurs ont repris « par conscience professionnelle », a déclaré Sandrine, enseignante. 

Assemblée générale d’urgence

Ces problèmes de violences scolaires touchent de nombreux établissements du secondaire et lundi, la communauté éducative du lycée polyvalent de Tsararano a pris les devants en convoquant une assemblée générale d’urgence « suite aux événements graves de violence contre des élèves du lycée qui se répètent d’une façon très régulière et dans un espace de temps très court ». Lors de cette assemblée extraordinaire, il a été décidé qu’une réunion aurait lieu en janvier avec les parents afin d’échanger avec eux sur la sécurité du lycée. En outre, les agents du lycée demandent au CHSCT d’établir une liste des divers incidents qui ont émaillé le quotidien de l’établissement. Enfin, ils ont évoqué la possibilité de créer une intersyndicale « pour faciliter la communication entre centres  d’enseignement » et ont envisagé de mettre en place « une demi-journée solidaire à chaque fois qu’un centre scolaire [est] attaqué ». 

 

 

 

Insécurité et délinquance | Réunion des acteurs de la sécurité de Mamoudzou

-

Hier se tenait le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) sous l’égide de la mairie de Mamoudzou. Préfecture, police, vice-rectorat, procureur de la République, entreprises et associations ont échangé et se sont entendus sur un point crucial : il est urgent que les acteurs de la sécurité dialoguent davantage.  

La commune de Mamoudzou représente 13% du territoire mais concentre 50% des faits de délinquance perpétrés sur l’île, a résumé le commissaire Philippe Jos, lors du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) qui se tenait hier à la mairie. En d’autres termes, un délit sur deux est commis sur le territoire du chef-lieu. C’est dire si la réunion qui rassemblait entre autres mairie, préfecture, police, vice-rectorat, protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), procureur de la République, mais également entreprises telles que le transporteur Matis et associations d’insertion était d’importance. Seuls manquaient à l’appel les élus du conseil départemental, pourtant parties prenantes du CLSPD et qui auraient pu s’exprimer notamment sur les dispositifs mis en place pour la protection de l’enfance et les difficultés éventuellement rencontrées.

Le CLSPD se réveille

Créé en 2011 mais en sommeil depuis 2016, le CLSPD a été réactivé cette année et confié à une coordinatrice nouvellement recrutée. Ainsi, durant plus de deux heures hier, la vingtaine d’acteurs en présence ont débattu et échangé des informations autour de la sécurisation des abords des établissements ainsi que de la question des transports scolaires ; de la présence de meutes de chiens dressés à l’attaque ou divagants sur la commune de Mamoudzou ; de la responsabilité pénale des parents et des enfants ; de la consommation de drogue ; ainsi que de la mise en place de référents de parcours.


► Liliane Vallois : directrice territoriale de la PJJ

Si des désaccords ont été exprimés par les divers intervenants, tous se sont rejoints sur deux points importants. D’une part, la nécessité qu’il y a à se focaliser sur la jeunesse de la commune – quelques chiffres marquants : à Mamoudzou, plus de la moitié de la population a moins de 17 ans et le groupement scolaire de Kawéni accueille environ 10 000 élèves. D’autre part, l’urgence que les acteurs de la sécurité et de la prévention de la délinquance dialoguent davantage. Une représentante de l’Education nationale a à ce titre interpellé le procureur de la République afin que les informations d’ordre judiciaire concernant des mineurs scolarisés soient transmises aux chefs d’établissement concernés.

Propositions tous azimuts

Après un rapide bilan des années précédentes mettant en avant le dispositif du rappel à l’ordre ainsi que l’installation récente de caméras de vidéo-surveillance au sein de la commune, certains intervenants ont proposé quelques solutions concrètes. 

Le commissaire Philippe Jos souhaite développer la coopération avec la police municipale en accentuant notamment la transmission d’informations. Il estime qu’il serait également pertinent de renforcer certains partenariats existants comme celui conclu avec la Sim permettant l’opération « Tranquillité vacances » ou encore celui mis en place avec le vice-rectorat ayant vocation à sécuriser les abords des établissements scolaires. Enfin, le commissaire entend communiquer davantage et a enjoint avec humour la population de Mayotte de « suivre les aventures de la police nationale » sur sa toute nouvelle page Facebook. 

Le procureur de la République, Camille Miansoni, quant à lui, juge nécessaire de multiplier les rappels à l’ordre, permettant de « responsabiliser les parents (…) et le cas échéant, en présence de la force publique ». L’année dernière, seules une cinquantaine de personnes ont fait l’objet d’un rappel à l’ordre, la mairie pointant du doigt des difficultés d’adressage, ainsi qu’un nombre important d’individus ne se présentant pas suite à une convocation. Le magistrat a également évoqué le manque d’aménagements urbains rendant certaines zones « criminogènes » alors que la mise en place d’éclairage public, par exemple, améliorerait considérablement la sécurité de certains quartiers. Il a aussi souhaité que soient réactivés les groupes locaux de traitement de la délinquance (GLTD).

Etienne Guillet, le directeur de cabinet de la préfecture, a incité les représentants du vice-rectorat à communiquer davantage auprès des forces de l’ordre ainsi que de la mairie autour d’éventuelles situations problématiques à venir et de la présence d’éléments perturbateurs identifiés. Ainsi, la mairie pourrait-elle « retrouver » un jeune au sein de son établissement scolaire pour le rappeler à l’ordre, si jamais les difficultés d’adressage étaient trop grandes. Le sous-préfet a également rappelé l’importance de l’implication des parents dans l’éducation de leurs enfants, implication pouvant se matérialiser par exemple par l’accompagnement le matin par une autorité parentale du mineur jusqu’à son établissement scolaire. 

Et si un représentant de l’entreprise de transports scolaires Matis s’est félicité de la baisse des agressions depuis la fouille des sacs des élèves entreprise récemment par les forces de l’ordre, la directrice territoriale de la PJJ a plaidé pour des réponses éducatives et non systématiquement répressives, rappelant « qu’on est tous responsables de la situation dans laquelle le jeune se trouve ». Elle a ainsi défendu des alternatives à l’incarcération, notamment sous forme de travaux d’intérêt général (TIG), et a appelé la mairie à proposer ce type de mesures. 

Enfin, le capitaine Chamassi, chargé de mission auprès du cabinet du Préfet, a conclu en conviant la mairie de Mamoudzou à mobiliser ses équipes, notamment ses médiateurs, autour du dispositif « référent de parcours » ; l’agent « référent de parcours » ayant pour mission d’identifier et de suivre des jeunes, en mettant en œuvre un suivi individualisé « et non pas des réponses par groupe ».

 

Code du travail, des précisions bienvenues

-

Dominique Ledemé, chargé par le ministère de la transposition du code du travail à Mayotte, a fait preuve d’une grande pédagogie la semaine dernière pour détailler aux chefs d’entreprise les dispositions qui s’appliqueront au 1er janvier 2018. En attendant les documents reprenant les grandes lignes de ce code qui devraient être disponibles mi-décembre sur le site de la Dieccte, on revient sur les changements majeurs qui adviendront ces prochaines semaines. 

« Il y en a qui redoublent, qui reviennent pour la deuxième fois », plaisante Dominique Ledemé, chargé par le ministère de la transposition du code du travail à Mayotte, devant la cinquantaine de chefs d’entreprise venus pour tenter de comprendre les nouvelles dispositions qui s’appliqueront au 1er janvier 2018. Et pour cause : entre l’alignement du code du travail sur le droit commun à Mayotte et les réformes entamées par le gouvernement Macron, il y a de quoi se perdre. Ainsi, mercredi dernier, Dominique Ledemé a animé plusieurs réunions sur ce fameux code et certains entrepreneurs ont visiblement décidé d’assister à chacune. Car le « droit à l’erreur » également défendu par notre actuel président de la République « ne vous autorise pas à ne pas appliquer le droit du travail », prévient le chargé de mission du ministère du Travail. Et ce, même si pour les premiers mois d’application, la Dieccte a promis de privilégier l’accompagnement des chefs d’entreprise à la répression immédiate. En outre, l’intégralité du code ne s’appliquera pas de toute façon au 1er janvier 2018 puisque certaines dispositions se mettront en place progressivement, telle l’implantation du conseil de prud’hommes prévue pour 2022.

De manière générale, et dans la mesure où le code du travail de métropole et celui de Mayotte ne font plus qu’un – excepté pour certaines adaptations territoriales –, les ordonnances du gouvernement Macron s’appliqueront automatiquement à notre département, sauf mention contraire. Dans le détail, nous vous proposons de revenir sur plusieurs points-clés à savoir les 35 heures, la rupture conventionnelle du CDI, les accords d’entreprise et conventions collectives, le conseiller du salarié, la prime de précarité, etc. 

L’application délicate des 35 heures

A partir du 1er janvier 2018, les 35 heures deviennent la durée légale – et non pas obligatoire – du travail pour les entreprises de 20 salariés et plus. Pour les autres, cette durée légale s’appliquera au 1er janvier 2019. Petite précision qui a son importance concernant le calcul du nombre de salariés : il ne s’agit pas de considérer le nombre exact d’employés au 31 décembre 2017 mais de le comptabiliser sur les 36 derniers mois. Ainsi, si durant au moins 12 des 36 derniers mois, l’entreprise a employé 20 salariés ou plus, elle est assujettie aux 35 heures au 1er janvier 2018. 

Au-delà des 35 heures hebdomadaires, les heures supplémentaires sont déclenchées. Ces « heures sup » doivent donner lieu à une majoration salariale ou à un repos compensateur équivalent (dans la limite d’un contingent annuel). 

Des aides financières de l’Etat sont prévues afin d’accompagner les entreprises lors de ce passage des 39 aux 35 heures. C’est pourquoi chaque entreprise qui appliquera une durée effective de travail de 35 heures touchera 1400 euros par an et par salarié. Cependant, les entreprises restant à 39 heures en rémunérant les 4 heures supplémentaires seront exclues de l’aide, a indiqué, mécontent, le président du Medef de Mayotte. Mais les entreprises de moins de 20 salariés décidant volontairement de passer au 1er janvier 2018 aux 35 heures pourront solliciter cette aide de l’Etat.

Précisons également que le paiement se fera à terme échu, c’est-à-dire en 2019 pour une application des 35 heures en 2018. Enfin, cette aide sera dégressive, selon le barème suivant : 88,88 % de 1400 euros la 2ème année, 77,77 % de 1400 euros la 3ème année, 66,66 % de 1400 euros la 4ème année et 55,55 % de 1400 euros la 5ème année.

Rupture conventionnelle et prime de précarité

Autre nouveauté pour Mayotte : la possibilité dès le 1er janvier 2018 de recourir à une rupture conventionnelle de CDI si l’employeur et le salarié sont disposés à négocier. Ce type de rupture de contrat permet au salarié de bénéficier d’une indemnité et d’ouvrir ses droits aux allocations chômage. Durant l’entrevue obligatoire entre les deux parties, devront être définies les modalités de rupture (date de fin de contrat, montant de l’indemnité, préavis à effectuer ou non, etc.). Par la suite, la convention signée par l’employeur et le salarié devra être envoyée à la direction du travail (Dieccte). En outre, la prime de précarité – accordée à la fin d’un CDD (contrat à durée déterminée) – entre en vigueur au 1er janvier 2018 et devra être versée, même dans le cas où le CDD a été signé avant cette date.

Autre nouveauté : la possibilité de faire appel à un conseiller du salarié dont la mission est d’assister et de conseiller l’employé qui en ferait la demande auprès de la Dieccte. 

L’articulation des normes

Sous cette appellation un poil absconse se cache un point extrêmement important du code du travail. L’articulation des normes établit en effet la primauté des accords les uns sur les autres. Ainsi, désormais, les accords d’entreprise priment sur les dispositions des branches professionnelles. Et, en l’absence de celles-ci, c’est le code du travail qui prévaut. Cette nouvelle articulation exprime la volonté du gouvernement Macron de conférer à l’entreprise (employés et direction) des marges de manœuvre importantes afin d’adapter le code du travail en son sein. C’est pourquoi de vigoureuses négociations devraient avoir lieu au sein des entreprises françaises dans les prochaines semaines ; avec les représentants syndicaux quand ils sont présents dans l’entreprise ou, à défaut, avec les délégués du personnel (DP) ; ou, en l’absence de DP, avec les salariés eux-mêmes. Dans ce dernier cas de figure, les nouvelles dispositions devront être validées par référendum par plus de 50% des salariés mais les modalités de mise en application de ce mode de vote seront prochainement définies par décret.

Dernière précision, d’importance : une « clause de sauvegarde » prévoit que les accords collectifs, de branches ou d’entreprise conclus avant le 31 décembre 2017 continuent de s’appliquer.

Quand appliquer une convention collective ? 

Chaque chef d’entreprise peut décider de mettre en place une convention collective au sein de sa structure, sur la base du volontariat. Cependant, si tel était le cas, il devra se conformer à l’intégralité du texte appliqué et ne pas choisir les dispositions seulement en sa faveur. 

En outre, l’application de la convention collective devient obligatoire pour toutes les entreprises qui entrent dans le champ d’application « étendu » de ladite convention. 

Enfin, les nouvelles conventions collectives qui s’appliqueront à Mayotte feront l’objet d’un différé de 6 mois par rapport à l’Hexagone, le temps de considérer d’éventuelles adaptations territoriales.

Période de prise des congés adaptée

La période légale de prise des congés payés s’étend à Mayotte du 1er juillet au 31 décembre afin de prendre en compte la localisation de l’île et son rythme sociétal. Le calendrier des jours fériés, lui, ne bouge pas d’un iota à Mayotte, considérant quatre jours fériés et chômés – le lundi de Pâques, le 1er janvier, l’Aïd-el-Kébir et le 1er mai –, les autres restant à la discrétion de l’employeur. 

Violences inter-villageoises: une nouvelle victime

-

Actuellement à l’hôpital de Mamoudzou, Badaoui, 14 ans, devrait partir à la Réunion dans les prochains jours pour y être opéré. Il souffre d’un oedème au niveau de la tête, survenu après qu’il se soit fait agresser à Sohoa, vendredi dernier. Hier, ses proches, entourés des habitants des différents villages environnants, ont marché entre Chiconi et Sohoa, pour dénoncer cette banalisation de la violence. 

“C’est un jeune garçon très calme et sans histoire”, nous glisse très émue une cousine de Badaoui, cet adolescent originaire de Chiconi, qui a été pourchassé il y a quelques jours, en pleine journée par des jeunes de Sohoa, alors qu’il se rendait à la plage avec ses amis. Après des nouvelles inquiétantes sur son état de santé, les médecins sont aujourd’hui plus rassurants. Pourtant, même si son pronostic vital n’est pas engagé, il devrait partir rapidement à La Réunion, pour diverses interventions médicales. 

Dimanche, malgré la pluie, plus de 100 personnes sont venues apporter leur soutien à la famille de Badaoui et ont tenu à dénoncer la banalisation de cette violence gratuite. “Aujourd’hui, nous voulons interpeller tout le monde”, explique Zarianti Nourdine Abdallah, l’une des organisatrices de cette marche entre Chiconi et Sohoa. “C’est grave ce qui se passe et nous sommes inquiets pour la commune de Chiconi, mais pour Mayotte aussi! Comment cela a-t-il pu arriver? Pourquoi personne n’a réagi alors qu’un enfant se faisait agresser, en pleine journée  ? Pourquoi personne ne lui est venu en aide  ? Pourquoi a-t-il fallu que ce soit quelqu’un de Chiconi qui soit appelé pour venir le chercher ?” 

Trois jours après l’agression de Badaoui, l’émotion est toujours aussi vive pour les habitants de Chiconi qui en appellent à la responsabilité de chacun. 

Parmi les marcheurs  : des résidants du village et des proches de la victime, venus de la commune où les faits se sont produits, mais également de Ouangani, village d’origine du père de Badaoui. “À l’heure où je vous parle, je ne sais pas comment se porte mon fils », indique-t-il très calmement, après avoir pris la parole devant les habitants, pour en appeler au calme et à l’apaisement. “Quand on m’a prévenu qu’il s’était passé quelque chose de grave, je suis directement allé à l’hôpital. J’ai pu parler avec mon fils. Il m’a dit qu’ils étaient nombreux sur lui , à l’avoir tapé. Ce sont des gens qu’il connaît  ; que nous connaissons tous ! Je ne comprends pas pourquoi il y a un tel acharnement. Nous devrions être ensemble, pas les uns contre les autres. Aujourd’hui, je prie pour que cette violence s’arrête là. Laissons les enquêteurs faire leur travail”. 

L’enquête est menée par la brigade de gendarmerie de Sada. De rapides interpellations devraient avoir lieu. Néanmoins, en marge du mouvement d’hier, des voix se sont élevées pour demander des actions fortes de la part de la municipalité après ces derniers événements. Ces voix pourraient décider de mettre en place certaines opérations pour se faire entendre. 


 

Le ministre de l’Intérieur à Mayotte?

« Un déplacement à Mayotte est à l’étude » : dans un communiqué envoyé ce matin, le maire d’Acoua, Ahmed Darouechi, a fait savoir qu’il avait invité le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, à Mayotte « Pour se rendre compte personnellement des difficultés de notre département. »

Cette proposition a été faite lors d’une rencontre entre les deux hommes politiques, à Paris, à l’occasion du congrès des maires, la semaine dernière. Un voyage durant lequel Ahmed Darouechi a également été reçu au ministère des Outre-mer pour évoquer les sujets de la jeunesse et du financement des équipements socioculturels d’Acoua.

 

Rixe devant le lycée de Tsararano : deux blessés

-

 

Cet après-midi, trois jeunes originaires de Tsararano ont agressé devant le lycée du même village un groupe de jeunes originaires de Tsoundzou et Passamainty avec une barre de fer, un chombo et un marteau. Deux des victimes ont été blessées à la tête. Elles ont été transportées au CHM. Leur pronostic vital n’est pas engagé. Au moment où nous écrivions ces lignes, ni le vice-rectorat ni le procureur n’étaient en mesure de nous dire si les agresseurs ont été interpellés ou pas.

[DOSSIER – HUMOUR] Souriez, vous êtes clichés

[Cliché : Lieu commun, banalité que l’on redit souvent et dans les mêmes termes ; poncif]

[Stéréotype : caractérisation symbolique et schématique d’un groupe qui s’appuie sur des attentes et des jugements de routine] 

[Sociotype : type de personnalité du point de vue sociologique]

Vous allez reconnaître et adorer ceux des autres, mais détester et renier le vôtre. Rien de plus normal : c’est le principe des clichés et des stéréotypes. Caractéristiques collées, légitimement ou pas,  à un type de personne ou à un groupe – on parle alors de sociotype -, ils sont partout. Où que l’on aille, quoi que l’on fasse, impossible d’y échapper, qu’on le veuille ou non. Chacun à sa manière a un pied – voire les deux – dans une case, et même parfois dans plusieurs.

Mayotte n’échappe évidemment pas à la règle. Cette petite île, réputée ouverte et tolérante, use elle aussi – et parfois même abuse –  de poncifs envers les uns et les autres. Est-ce un mal ? « Pas nécessairement », répondra le sociologue, à condition toutefois que le sujet ne soit pas enfermé dans l’image dont il est affublé par l’autre, par la communauté. 

Mayotte Hebdo a donc choisi de s’intéresser à tous ces sociotypes qui font l’île aux parfums et aux idées reçues qu’ils véhiculent. Et elle n’en manque pas : de l’infirmière fêtarde au cadre fantôme des collectivités, du prof chasseur de primes au mzungu raciste, sans oublier la bouéni endormie du marché ou encore le gendarme dragueur : nous avons isolé une douzaine de groupes, et nous sommes amusés à les décrire. Vous êtes forcément dans l’un d’entre eux ou dans plusieurs, au moins un peu. Et si ce n’est pas le cas, c’est que vous manquez d’autodérision. Cela serait bien dommage car, comme le dit notre intervenant : « L’autodérision est un pas vers la tolérance. »

Souriez, vous êtes clichés : un dossier à lire avec humour et second degré. Et n’oubliez pas, on peut rigoler, mais on ne se moque pas ! 

 

⚠ N’hésitez pas à revenir régulièrement sur cet article qui sera étayé de nouveaux portraits

 

Le cadre qui travaille dans une collectivité

Sur son bureau, les piles de dossiers commencent à défier les lois de la gravité. La climatisation, en mode On depuis plusieurs jours, agite doucement les feuilles qui attendent, impavides, qu’on veuille bien les consulter. Anfouati, la secrétaire de ce directeur général adjoint d’une collectivité, a appris par cœur le message mécanique qui sauve ses journées de travail : « Ahmed H. est en déplacement. Rappelez demain ». En attendant, elle discute avec sa belle-sœur au téléphone qui, de toute façon, ne sonne guère plus. Lassés de rappeler tous les jours ce responsable aux abonnés absents, les interlocuteurs ne se pressent plus au bout du fil.

Ahmed est en déplacement depuis des mois. Quand il n’est pas à Madagascar – il fait bien partie du département Coopération régionale, non ?  –, il passe au bureau vers 10h pour demander à Anfouati  de rédiger quelques notes afin de justifier ses frais de bouche. A midi, il mange avec les vingt personnes de la délégation et évoque bruyamment ses dernières péripéties de voyage. Les convives des autres tablées ne sont même plus choqués, ils ont l’habitude.

Son père, agriculteur, lui a toujours dit qu’un homme qui réussit est un homme qui travaille dans un bureau. Ahmed a bien retenu le côté bureau, un peu moins le côté travail. Du coup, il a pris un peu de poids ces dernières années, il bedonne tranquillement. Il s’en fout, ce qu’aiment les femmes, c’est un petit ventre douillet et un portefeuille bien rempli. Avec ses chaussures faussement italiennes mais vraiment pointues, et son eau de Cologne qui embaume l’intérieur de son gros 4×4 payé cash, il trouve qu’il a réussi. Papa serait fier de lui. En tout cas, lui il l’est.

 

Le capoaï

 

Ce métropolitain qui a atteint un stade de tropicalisation très (trop ?) avancé ne pourra désormais plus se réadapter ailleurs. Le capoaï, également appelé « clochard » ailleurs – se trouve autour des épiceries – le soir en semaine, et dès le matin le week-end -, ou plus rarement attablé à un comptoir de bar. Il peut évoluer seul, mais préfère généralement trinquer en groupe de trois ou quatre capoaï. Il est facilement reconnaissable à la canette de mauvaise bière qu’il tient dans la main, et qui ne sera ni la première ni la dernière.

On l’imagine arrivé à Mayotte il y a de longues années : 10 ans, 15 ans. Peut-être 20. En tout cas, il est là depuis longtemps. Trop longtemps. Plus en tout cas que ce qu’il pouvait supporter sans sombrer. La chaleur, la mer, son divorce récent, des primes d’expatriation, des femmes plus jeunes que lui et peu regardantes, etc. : autant d’arguments qui l’ont alors convaincu que la vie était meilleure ici.

Malheureusement, le bonhomme n’a pas pris garde à la dégringolade. De mauvaise bière en mauvaise bière, d’été moite en été moite, l’ivresse l’a emporté sans qu’il ne s’en rende compte. Aujourd’hui, à cinquante ans, il a le visage rougi (et pas que par le soleil), des rides creusées, parfois un enfant qu’il a eu par accident, et la conviction qu’il mène la plus belle des vies. Il a probablement un métier, mais impossible d’imaginer lequel. En tout cas, une chose est sûre : il a des potes avec qui boire, boire, et boire encore devant des épiceries sans aucune retenue, et c’est finalement la seule chose qui lui importe.

Valable pour tout autre métropolitain célibataire qui arrive à Mayotte dans la force de l’âge, avec pour unique but de fuir quelque chose.

 

L’infirmière fêtarde

 

Le mercredi, « C’est Barak / Zen Eat ! » Ses jours de repos ? Wakeboard, plongée et sorties bateau. Sans oublier l’apéro « au Camion ». De temps en temps une sortie pêcheur et un voulé avec les collègues aides-soignants. Plus rarement, un dimanche au calme « Parce que ça fait du bien des fois. »

L’infirmière fêtarde aime Mayotte. Elle l’adore même ! Son lagon, tous les potes qu’elle s’est fait « Super rapidement », et tous ces loisirs trop cools qu’elle ne pouvait pas faire dans son Ardèche natale. Ici, elle vit en groupe, elle bronze, elle s’émerveille. Elle poste souvent des photos sur les réseaux sociaux. Le jour, ce sont les eaux turquoise et les plages blanches d’un ilot, accompagnées d’un « Trop dur la vie » ironique en commentaire. Le soir, c’est plutôt un selfie avec ses potes autour d’un verre de vin, avec là encore un « Trop crevée ! » faussement blasé comme message.
 Rapidement, ses amis de métropole vont venir la voir parce qu’elle leur donne envie, forcément. D’ailleurs, elle est « Super impatiente ! » de leur faire découvrir sa vie ici. Tellement hâtive qu’elle leur a déjà concocté un programme : Choungui au levé du soleil, wake, plongée, sortie bateau, voulé, bivouac, sortie pêcheur. Et bien sûr, « Camion, Barak’ et Zen Eat », parce qu’il « Faut trop que je les emmène au Zen Eat ! »

Quand elle repartira, elle sera triste. C’est pour ça qu’elle a déjà prévu d’aller en Nouvelle-Cal’ ou en Guyane. Mais ce n’est pas pour tout de suite : elle va prolonger son contrat pour un an. Ici, c’est trop chouette, et puis elle aimerait retourner une troisième fois à Mada, puis aller à La Run « Voir un pote », et aussi faire Maurice avant de partir.

Parfois, elle a un copain en métropole, mais elle n’est pas sûre que ça tienne entre eux. C’est normal : maintenant qu’elle a goûté à la vie au soleil, elle ne se voit pas retourner en arrière.  Lui, il veut une histoire tranquille, alors qu’elle, elle préfère « Profiter de la vie ». Elle verra bien, parce qu’elle n’a plus envie de se « Prendre la tête. »

En dehors de ses heures de travail, durant lesquelles elle est évidemment immédiatement identifiable, l’infirmière fêtarde est facilement reconnaissable : elle porte un short en jean, un débardeur, et des tongs. De retour de Madagascar, elle peut porter un sarouel et un tressage des cheveux égaye bien souvent son visage aux yeux un poil cernés.

Cette dernière caractéristique est d’ailleurs visible les lendemains de fête – particulièrement le jeudi -, mais aussi  à chaque fois qu’elle sort du CHM où elle vient de travailler 12h d’affilées, de jour ou de nuit. Car il faut bien lui reconnaître qu’elle bosse dur et consciencieusement.

Valable aussi pour les sages-femmes, les profs contractuels en première année, les salariés du privé célibataires de moins de 35 ans; etc. De manière générale, ce stéréotype peut concerner tous les métropolitains n’envisageant pas de rester plus de quelques années sur l’île.

 

La bouéni du marché

 

Il est 8h et il fait déjà chaud sous les toits du marché couvert de Mamoudzou. Ma Fatima est allongée de tout son long dans son nambawane bleu et blanc, le bras gauche replié sous elle. Son regard un peu embrumé passe sans les voir sur les ananas de saison, les papayes et les tomates plus vertes que rouges qu’elle vend aujourd’hui. Elle pense à toutes les bouteilles de poutou qu’elle ne peut plus écouler depuis que la préfecture a décrété que ce n’était pas aux normes. Depuis quand le poutou est-il illégal ? Tsssss, chipe Ma Fatima avec dédain.

Au bout de la rangée formée par les étals colorés dignes des plus belles toiles de Gauguin, une dame s’agite et marche d’un pas décidé vers elle. Une petite m’zunguette un peu fine, un peu pressée, un peu intimidée par ce milieu auquel elle n’appartient clairement pas. « Elle a de l’énergie, celle-là », pense Ma Fatima. « Ca se voit qu’elle ne s’est pas levée avant le chant du muezzin, qu’elle n’a pas levé les petits, pris le taxi brousse avec toute sa récolte. Je suis sûre qu’elle a la climatisation dans sa voiture », maugrée-t-elle encore. Qu’importe, il faut appâter la professeure en quête de légumes frais. « Madamou ! Madamou ! Papayes ? Tomates ? Ananas ? » La jeune femme frêle s’arrête devant l’étal et tente un « Gégé Bouéni » qui radoucit immédiatement Ma Fatima. « J’aimerais deux ananas, s’il vous plaît ». Mais c’est quoi leur problème, à ces wazungu ? Ils voient bien qu’on les vend par trois ! « Je n’en prends que deux, mais je vous paie les trois, ça ne me dérange pas ». Butée, Ma Fatima refuse. C’est trois, c’est trois. La mzunguette, courageuse mais pas téméraire, cède de bonne grâce. « Allez, on ne va pas se fâcher, tiens, je t’en mets un autre de plus », rigole Ma Fatima, regardant partir malicieusement cette petite chose toute perdue avec ces… quatre ananas. On a le sens du commerce, à Mayotte, on ne pourra pas nous enlever ça !

Renvoi d’une affaire de kwassa à cause d’une erreur d’interprétation

-

Le tribunal correctionnel de Mamoudzou a renvoyé au 17 janvier une importante affaire de trafic de clandestins impliquant 8 passeurs remontant aux années 2015 et 2016.

Le tribunal a dit ne pas être en capacité de juger cette affaire dès aujourd’hui alors que les avocats étaient prêts à plaider. Le juge et ses assesseurs ont cru qu’il s’agissait pour cette affaire d’une audience relais,  c’est-à-dire que l’affaire devait être présentée avec rappel des faits. Puis une date d’audience devait être fixée. Or il s’agissait bien d’une comparution pour jugement ce jour. Il y a donc eu une erreur d’interprétation de la part du tribunal. Ce dernier a ainsi décidé le renvoi de l’affaire.

Les prévenus sont en détention provisoire depuis 18 mois et 12 gendarmes ont été déplacés pour l’occasion.

Mise à jour : 10h27

La décision de remettre en liberté sous controle judiciaire oui ou non, les prévenus, a été suspendue. Le juge s’est déclaré dans l’impossibilité de rendre cette décision car il a siégé en tant que juge des libertés et de la détention (JLD) dans cette affaire. « Il y a une incompatibilité. Le document à ce sujet n’a pas été mis à jour, nous nous en excusons », expliquait-il à l’issue de l’audience.  Par conséquent le délibéré sera rendu par un autre juge mais il sera dans l’obligation de reprendre la séance depuis le début pour une question de respect de la procédure. En attendant ce petit couac judiciaire risque de faire grincer des dents.

 

Violent accident de la route à Kaweni

-

Cette après-midi un accident de la route impliquant un scooter et une voiture s’est produit à Kaweni au niveau du siège d’EDM. Le conducteur du deux roues et sa passagère ont percuté l’automobile côté conducteur. Ils ont été transportés à l’hôpital. Les deux victimes semblaient conscientes au moment d’être transférées dans les ambulances. Impossible au moment des faits de savoir dans quelle circonstance l’accident s’est produit, les secours et la police étant occupés à secourir les victimes et à réguler la circulation. Conséquence de l’accident, d’importants embouteillages se sont formés en provenance de Mamoudzou et de Majicavo.

Lycée de Kahani : du droit de retrait aux manifestations

-

Depuis plus d’une semaine, le lycée de Kahani est en émoi en raison des violences qui émaillent son quotidien.

Hier matin, et après une semaine de droit de retrait, environ 80 personnes – professeurs, personnels, parents d’élèves et représentants syndicaux – ont défilé dans les rues de Mamoudzou, alertant la population et les autorités du « danger imminent et grave » qu’ils encourent. Une délégation a été reçue hier à 11h au vice-rectorat.

La chaleur accablante de ce lundi matin n’a pas découragé les parents d’élèves et les personnels du lycée de Kahani qui, après s’être rassemblés devant le vice-rectorat, se sont successivement rendus à la préfecture et au conseil départemental. Objectif de cette manifestation réunissant environ 80 personnes : alerter la population et les autorités du « danger imminent et grave » encouru par les élèves et le personnel, en raison de vagues de violence sévissant au lycée de Kahani depuis deux ans et qui ont atteint leur apogée le 15 novembre lorsque des bandes rivales ont commencé à caillasser à tout va, obligeant plusieurs dizaines de gendarmes à intervenir.

Les manifestants ont distribué des tracts aux passants et ont tenté d’obtenir des rendez-vous – en vain – à la préfecture et au conseil départemental afin de leur remettre un courrier explicitant « la forte dégradation du climat scolaire » constatée. Parmi les « incidents » relatés : « des bus caillassés quotidiennement », « des rixes planifiées sur le hub (échangeur de bus, ndlr) et à l’intérieur de l’établissement », l’introduction d’armes, de gaz lacrymogènes et de substances illicites au sein du lycée, le vol de matériel informatique, la destruction de caméras de surveillance, des agressions physiques et verbales récurrentes, des rackets, etc. La liste est longue. « Le jour où un drame arrivera, (…) on aura prévenu », commente un professeur de Lettres et d’Histoire au lycée de Kahani. Ces courriers, que les manifestants demandent aux parties visées de signer, ont vocation à attester de manière écrite que le personnel a bien averti des dangers en temps et en heure, dans le cas où un accident grave surviendrait.

Depuis le 20 novembre, des personnels du lycée exercent leur droit de retrait et une partie représentative d’entre eux a été reçue la semaine dernière par le directeur de cabinet du vice-rectorat, qui a promis de sécuriser l’échangeur de bus scolaires en mettant en place un grillage autour de ce « hub », a rapporté une enseignante. Insatisfaits de la proposition, les agents ont poursuivi leur mouvement, tout en indiquant qu’eux-mêmes réfléchissaient à la mise en œuvre de solutions en interne telles qu’une sortie différée pour les élèves selon leur lieu de résidence afin d’éviter que les bandes rivales de village ne se rencontrent; ou encore une rédaction plus rigoureuse des rapports destinés aux conseils de discipline ainsi que davantage de fermeté à l’égard des perturbateurs de manière générale.

Sécurisation du hub et salles supplémentaires

Hier, une délégation de cinq personnes a été entendue par le directeur de cabinet du vice-rectorat, Didier Cauret. A l’issue de l’entrevue, le vice-rectorat a indiqué que « des aménagements [allaient] être réalisés » : une clôture, munie d’un portail électrique, devrait protéger la gare routière, un éclairage de nuit devrait encore sécuriser la zone et la construction d’un sas à l’entrée du lycée est prévue. Le vice-rectorat a déclaré qu’il apporterait son expertise technique pour ces travaux mais que leur financement devait être assuré par la mairie d’Ouangani, propriétaire du foncier, censée déposer une demande de subvention auprès de la préfecture avant 2018. En outre, des équipes mobiles de sécurité (EMS) seront mobilisées toute la journée jusqu’à la fin de l’année et leur prolongation « sera étudiée selon les circonstances », en plus de la présence renforcée de la police municipale d’Ouangani, tôt le matin et l’après-midi. Enfin, le vice-rectorat a rappelé que 16 salles de classe supplémentaires allaient être livrées à la rentrée 2018.

Cependant, « ces promesses ne sont pas ancrées dans un calendrier précis », regrette le professeur au lycée de Kahani. « On risque de reprendre le travail dans les mêmes conditions », craint l’enseignant. Le collectif des personnels du lycée de Kahani demande des moyens humains supplémentaires, et notamment la création d’un troisième poste de conseiller principal d’éducation, d’un second poste de proviseur adjoint ainsi que de quatre nouveaux postes à temps plein de surveillants. C’est pourquoi l’ensemble des agents se réunit ce matin à 8h afin de s’entendre sur la poursuite ou non du droit de retrait.

 

Une décharge sauvage de produits usagés pour bébés découverte à Passamaïnty

Le président de l’association Mayotte Île Propre, Jacques-Martial Henry a découvert le weekend dernier sur les hauteurs de Passamaïnty, un tas d’ordures composées essentiellement de couches, pots de compote et boîtes de lait pour bébés. Des déchets bien ciblés qui pourraient faire croire que ce délit aurait pu être commis directement ou indirectement par une structure comme une garderie ou une crèche selon le président de l’organisme. « Cet acte ne peut pas être le fait d’une seule personne au vu de la quantité des déchets et de leur caractère récent », nous expliquait au téléphone Jacques Martial-Henry. « J’ai déjà vu des couches usagées jetées par-ci par-là, mais jamais en si grosse quantité », ajoutait-il.

Ainsi ce dernier via son association, a prévu de déposer une plainte auprès du procureur. Pour rappel, dans le cadre d’une véritable décharge sauvage, le code de l’environnement prévoit une peine maximale d’un an d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende.

Tourisme | La croisière s’amuse-t-elle ?

-

Les plus observateurs l’auront remarqué : le bateau de croisière le Boudicca a fait escale toute une journée à Mayotte samedi dernier. Quelque 800 passagers ont eu l’opportunité de visiter l’Ile aux Parfums tandis que nous sommes montés à bord pour visiter ce géant des mers. Reportage.

Il est 17h à Mayotte ce samedi et nombreux sont les Britanniques du bateau de croisière le Boudicca à avoir fait l’impasse sur le sacro-saint « tea time », lui préférant une baignade dans l’un des plus grands lagons du monde. De retour sur le géant des mers qui a fait escale dans les eaux mahoraises, les touristes anglais sont extatiques : « Beautiful beaches », « Most lovely trip », « Best experience so far », « Excellent », « Very exciting », « Brilliant sights », « Fantastic ». Ces Britanniques en goguette ont fait fi de leur flegme légendaire et, enthousiastes, ont rivalisé de superlatifs pour décrire paysages, plages, coraux et poissons qui les ont émerveillés. Pourtant, ces fringants septuagénaires qui sillonnent les mers à bord du bateau de croisière norvégien ont déjà accosté le long d’autres rivages à la réputation idyllique, de l’Ile Maurice aux Seychelles.

Ainsi, preuve à l’appui, le potentiel touristique du 101ème département français sur lequel on projette, on tergiverse, on épilogue, on discourt depuis tant d’années, est bien réel et pourrait bien surpasser ceux de ses sœurs de l’océan Indien. Seul bémol émis par une vacancière francophone qui a passé sa journée à jouer l’interprète : le manque de personnel d’accueil parlant anglais sur les sites touristiques.

Plus de 400 visiteurs pris en charge

Céline, de l’opérateur touristique Baobab Tour, énumère les multiples activités des 440 touristes anglosaxons ayant choisi de se faire guider : sorties en mer avec les prestataires nautiques, excursion à Musicale plage puis à Tahiti plage avec animation foklorique au jardin botanique de Coconi, ou balade en Petite-Terre, notamment sur le site des Badamiers. D’autres vacanciers ont opté pour la visite libre, d’autres encore sont restés à bord du Boudicca pour une journée de farniente sur les multiples ponts du navire avec, en toile de fond, les différentes îles et îlots de Mayotte, bordés par un lagon placide aux eaux émeraude. 

C’est le capitaine du navire lui-même, Mikael Degerlund, qui a pris le temps de nous faire visiter son bateau de 206 mètres de long, nous guidant à travers ponts, salles de dîner, bars, parcours de mini-golf, salle de gym et spa, saluant aimablement chaque passager, occupé à bouquiner face à la mer et sous les brumisateurs ou à se baigner dans la piscine d’un pont intermédiaire. Ce Finlandais, affable et circonspect, a déjà parcouru la plupart des mers et océans du monde. Son enfance sur les rivages scandinaves le prédestinait à une vie sur les flots. « Je viens d’une famille pauvre et le seul moyen de découvrir des endroits tels que Mayotte était de travailler sur des navires », explique sereinement le capitaine, dans un anglais parfait néanmoins teinté d’un léger accent exotique. Avoir sous sa responsabilité quelque 800 passagers à la moyenne d’âge élevée et 300 membres d’équipage n’effraie guère le vieux loup de mer qui a déjà, en 17 ans de carrière, manœuvré des monstres marins avec, à leur bord, plus de 1000 membres d’équipage. « Le plus dur, c’est d’être loin de sa famille », s’ouvre le capitaine qui, sur quatre mois, en travaille deux non-stop sur le navire. « Mais si vous aimez écouter, il y a beaucoup d’histoires à entendre sur un bateau », se console-t-il, évoquant la diversité – à la fois en termes d’âge, de niveau social et de nationalité – des passagers et membres d’équipage. 

Le Boudicca a quitté nos eaux samedi soir mais devrait revenir avec de nouveaux visiteurs à son bord le 9 décembre.

 

 

Perquisition du procureur à la mairie de Mamoudzou

Hier, midi, le procureur accompagné de la gendarmerie, a perquisitionné l’hôtel de ville de Mamoudzou. Cette enquête pourrait concerner l’attribution de certains marchés par la municipalité ces dernières années. Nous avons tenté de contacter par téléphone le parquet pour avoir plus de précisions, mais celui-ci n’était pas joignable.

« Non, il n’y a pas de coupure d’eau à Sada »

Des informations, voire des rumeurs, circulent sur des coupures d’eau prévues ce jour sur la commune de Sada. La SMAE dément ces informations et confirme qu’aucune interruption de la distribution d’eau n’est prévue aujourd’hui dans cette commune, sauf incident technique pouvant intervenir à tout moment. Le service clientèle du fournisseur en eau potable se tient à la disposition des usagers au 02 69 61 11 42 pour tous renseignements complémentaires.

 

Une application à la fois directe et progressive

-

Un séminaire d’information sur la mise en application du Code du travail national à Mayotte dès le 1er janvier 2018, s’est tenu hier au cinéma Alpa Joe. Il a réuni les différents acteurs économiques et sociaux autour de la Dieccte (Directions des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) et Dominique Ledemé, chargé par le ministère du Travail de la transposition du Code du travail national à Mayotte. 4 tables rondes ont abordé les divers éléments qui vont changer dès le 1er janvier prochain et ceux qui entreront progressivement en vigueur. 

« L’objectif était de marquer le coup en rassemblant les entreprises, les partenaires sociaux et l’État », réagissait  Dominique Ledemé à l’issue du séminaire. Après la publication le 26 octobre dernier de l’ordonnance sur le Code du travail national à Mayotte, cet événement avait pour but de répondre aux interrogations et inquiétudes de chacun quant à l’entrée en vigueur des nouvelles règles dès le jour de l’an.

« Le Code du travail est applicable, comment fait-on pour l’appliquer? », tel était le fil conducteur de cette rencontre. Le directeur général du travail et la déléguée à l’emploi et à l’insertion professionnelle ont adressé aux acteurs socio-économiques de l’île un message vidéo dans lequel ils appellent tout un chacun « à prendre part au processus d’application » du code. La négociation, c’est le mot sur lequel insistait Dominique Ledemé car c’est bien de cela qu’il s’agira pour prévenir tout conflit. Car Mayotte est coutumière des mouvements sociaux en série, surtout depuis la grève contre la vie chère de 2011.  

Concernant la partie formation, L’État a voulu rappeler qu’il « ne sera plus seul maître sur le sujet ». « La gouvernance se fera désormais à 4 (État, Conseil départemental,  représentants des salariés et représentants des entreprises). Les acteurs ont la responsabilité de la mise en œuvre de ce Code », précise Dominique Ledemé. « Mais l’État ne se désengage pas », tient-il à ajouter. Il continuera via la Dieccte à fournir une assistance aux acteurs économiques et sociaux sans oublier de poursuivre son rôle de contrôle et de sanction « si besoin est ».

Qu’est-ce qui entre en vigueur dès le 1er janvier ?

Si l’installation du Code du travail est imminente, la mise en place est toujours en cours et le sera au moins durant toute l’année 2018. La phase d’état des lieux de l’existant, la définition d’une stratégie pour mettre en œuvre le Code et la question des moyens financiers et humains pour le réaliser sont un processus long. 

Néanmoins, le 1er janvier certaines règles entrent en vigueur sans délai. Dominique Ledemé a cité les exemples suivants : le travail intérimaire, les ruptures conventionnelles, la mise en place d’un conseiller du salarié ou encore le temps partiel. Mais en ce qui concerne le champ de la négociation, les mesures viendront progressivement.  Il s’agit par exemple de l’aménagement du temps de travail après l’entrée en vigueur des 35h, des sujets concernant le CDI (contrats à durée indéterminée), la mise en place des instances de représentants du personnel ou encore l’installation du Crefop (Comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles). « Mais attention, le but n’est pas de dire que l’application de ces mesures se fera plus tard », tient à souligner Dominique Ledemé avant d’aouter : « il faut que les choses entrent en vigueur dans un temps raisonnable ».

Des réunions de suivi seront régulièrement organisées. Le Medef (syndicat patronal) a demandé à ce que tous les acteurs et l’État se rencontrent tous les 6 mois. « C’est envisageable », répond le chargé de mission du ministère du Travail avant de conclure: « reste à savoir si on sera sur des rapports de force ou de la négociation. En tout cas, les partenaires sociaux ont l’air d’accord pour dire qu’il faut éviter le conflit ».  

 

Pour en savoir plus :

Des réunions d’information se tiendront lundi 27 et mardi 28 novembre à 9h à la Dieccte. Une autre se tiendra au restaurant L’Orient express à 9h mercredi 29 du même mois. Inscription préalable vivement conseillée. Tél : 02 69 61 16 57.

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes