Issouf Madi Moula, l’ancien maire de M’tsangamouji (2009 – 2014), a été condamné ce matin par le tribunal correctionnel de Mamoudzou à 2 ans de prison ferme pour fraude électorale. Ses deux comparses qui figuraient dans sa liste électorale, ont écopé de 18 mois de prison ferme. Pour rappel ils ont été reconnus coupables d’avoir réalisé des fausses procurations lors des élections municipales de M’tsangamouji en 2015. Tous ont reçu une inéligibilité et une interdiction de voter pour les 5 ans à venir. L’un des prévenus, agent du Conseil départemental, s’est vu refuser sa demande de non-inscription de la condamnation dans son casier judiciaire. Une décision qui devrait conduire à son licenciement de la collectivité. Les trois prévenus ont 10 jours pour faire appel.
Le personnel du lycée de Kahani exerce son droit de retrait
Afin de protester contre les violences qui ponctuent régulièrement le quotidien du lycée de Kahani depuis deux ans et qui ont encore éclaté mercredi dernier, une majorité du personnel de l’établissement a exercé hier son droit de retrait. Explications.
Ils craquent. Hier, une majorité du personnel du lycée de Kahani (136 agents sur 160 environ, selon le syndicat CGT Educ’Action Mayotte) a exercé son droit de retrait afin de protester contre les violences régulières éclatant depuis deux ans « tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’établissement », a indiqué par voie de communiqué le collectif des personnels du lycée de Kahani. « Ce mouvement fait suite aux graves évènements qui se sont produits mercredi [dernier] devant l’établissement lors desquels deux groupes de jeunes se sont affrontés », a expliqué le collectif. Les forces de l’ordre ont dû intervenir alors que les caillassages se multipliaient à l’intérieur comme à l’extérieur de l’établissement, selon la CGT Educ’Action Mayotte.
« Ils [les auteurs des violences] ont bien préparé leur coup à l’avance, en cassant les caméras de surveillance dans la nuit de mardi à mercredi, et en demandant à leurs petites sœurs et petits frères de casser des cailloux la veille », témoigne une enseignante du lycée. « C’est ça qui nous donne la trouille, c’est que ce ne sont pas des flambées de violence spontanées », explique-t-elle.
Des bandes rivales à l’intérieur de l’établissement
Situé en plein centre de l’île, le lycée de Kahani accueille des élèves d’horizons géographiques divers et variés, ce qui provoquerait en son sein des altercations entre bandes rivales, selon l’enseignante interrogée. Un assistant de prévention et de sécurité (APS) a récemment convoqué les chefs de bandes rivales de Mamoudzou et de Dembéni et est parvenu à « calmer le jeu », rapporte encore cette même pédagogue. « Mais pour combien de temps ? », se demande-t-elle, inquiète. Des armes blanches seraient régulièrement trouvées dans les sacs des élèves, rapportent les syndicats, et « ce fort climat d’insécurité chez les élèves et le personnel » les exhorterait à demander une autre affectation, selon le collectif des personnels du lycée de Kahani. Enfin, la présence d’un échangeur important de bus scolaires « constitue un facteur aggravant des violences », selon le collectif, les élèves de tous les villages s’y mélangeant ou y attendant souvent désœuvrés. Le collectif demande donc le déplacement de ce « hub ». Deux réunions devraient se tenir mercredi entre la préfecture, le vice-rectorat et le conseil départemental sur les problématiques de sécurité liées au hub, a indiqué hier le vice-rectorat.
2 CPE pour 1600 élèves
Quentin Sedes, secrétaire général de la CGT Educ’action à Mayotte, pointe du doigt le manque d’effectifs : en 2010, il y avait 2 conseillers principaux d’éducation (CPE) pour quelque 900 élèves et en 2017, alors que l’établissement accueille 1600 élèves, il n’y a toujours que 2 CPE.
« Il n’est plus possible de faire grossir les établissements comme celui-ci », tempête Quentin Sedes, liant le phénomène de surpopulation scolaire aux violences qui éclatent aux abords des établissements. « Sur ce point, Madame le Vice-recteur semble déconnectée de la réalité, considérant que le problème est extérieur à l’Education nationale. Notre analyse de ce qui se passe sur le terrain est très différente : les violences se déroulent également aujourd’hui à l’intérieur des établissements et il s’agit donc bien de violences scolaires, en lien avec la surpopulation scolaire à laquelle nous sommes confrontés. Aussi, sans moyens éducatifs renforcés (AED et CPE), la situation continuera de se dégrader », a écrit le syndicaliste dans un communiqué présentant le bilan de la journée de grève du 16 novembre dernier.
Ainsi, le collectif des personnels du lycée de Kahani demande-t-il la création d’un troisième poste de conseiller principal d’éducation, d’un second poste de proviseur adjoint ainsi que de quatre nouveaux postes à temps plein de surveillants. « Tant que [ces] revendications ne seront pas acceptées par le vice-rectorat », le droit de retrait sera reconduit, a averti le collectif.
Impossible de virer les élèves, selon un professeur
« Le vrai problème, c’est que depuis trois ans environ, la loi nous interdit de virer les élèves », estime une enseignante du lycée de Kahani. « Nous n’avons plus de moyen de pression », regrette-t-elle encore, évoquant l’unique assistante sociale du lycée, absolument « dépassée » par la situation sociale de beaucoup d’élèves, et l’équipe pédagogique « démunie face à l’énormité du problème ». « On s’est laissés déborder », reconnaît-elle aussi, indiquant qu’une réunion allait être convoquée afin de trouver en interne des solutions pour cadrer davantage les élèves problématiques.
À la rencontre de … Zaïnaliambidina Nizari Andinani, avocat
« Je suis fier de ce que Mayotte m’a apporté, aujourd’hui je veux transmettre à ma façon »
Docteur en droit, titulaire de deux Masters 2, dont l’un en Droit bancaire et financier, ancien conseiller bancaire, et désormais avocat au barreau de Mayotte : à 39 ans, Zaïnaliambidina Nizari Andinani a déjà eu 1001 vies. Toujours en quête de mieux, le Mtsapérois ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
S’il y a des personnes qui mettent des années à trouver leur vocation, ce n’est pas le cas de Zaïnaliambidina Nizari Andinani. À 7 ans déjà, l’homme savait qu’il deviendrait avocat. À 14 ans, il voulait être avocat, mais aussi, en plus, docteur en droit. Une ambition nourrie et encouragée dès le début par sa famille : « Ma mère est originaire de M’tsapéré M’balamanga. Mon père est de Tsingoni. Nous étions 10. Mes parents voulaient que l’on réussisse. Mon père n’avait pas fait d’études, mais il était dans l’armée, avant. Il était âgé et fatigué, donc il ne travaillait plus, mais on allait souvent au champ ensemble. Il m’a inculqué des valeurs. »
Le premier déclic lui viendra de sa sœur, Sania Youssouf. Un nom loin d’être inconnu puisqu’il s’agit de « la première Mahoraise à avoir ouvert un cabinet de conseil sur le territoire », explique-t-il. “Elle faisait des études de droit à Bordeaux. À l’époque, c’était compliqué pour une femme de faire de longues études. Elle a dû rentrer. Mais c’est elle qui m’a donné le gout, l’envie d’aller jusqu’au bout ».
Cette ambition a été renforcée dès son arrivée au collège de Mamoudzou, après avoir redoublé son CM2, à l’école primaire de Doujani. “J’ai été en CP1 et en CP2, puisque les écoles maternelles n’existaient pas. Enfin, il y en avait deux, je crois, mais elles étaient privées. Tout s’est bien passé jusqu’à ce que je rate mon examen d’entrée en 6ème. Je me rappelle que cela avait choqué mon instituteur, Monsieur Alexandre Dumas. Il s’était renseigné et avait découvert qu’on m’avait fait redoubler parce qu’il y avait des enfants beaucoup plus âgés que moi, et qu’il fallait les faire entrer au collège en priorité. Ce jour-là, je me suis dit que plus jamais je ne redoublerai ».
La deuxième rencontre déterminante de sa future vie professionnelle, Maitre Nizari Andinani la fera des années plus tard, à l’ancien palais de justice de Mayotte : « J’étais au lycée, et j’aimais bien entrer, de temps en temps, au palais de justice. Ce jour-là, je suis tombé sur un avocat qui plaidait. C’était Mansour Kamardine. J’étais admiratif devant son éloquence et sa technique. Des années plus tard, nos chemins se sont croisés. Aujourd’hui, je travaille dans son cabinet ». Sa détermination à être docteur lui vient du soutien inconditionnel de ses proches dans sa quête de réussite. Elle lui vient également d’une rencontre qui a eu lieu après avoir obtenu sa Maîtrise. « Un jour, à l’aéroport, je rencontre Mahamoud Azihary, docteur en économie, seul docteur à M’balamanga. C’est comme ça qu’on me l’a présenté. Il m’a encouragé à aller jusqu’au bout, et m’a dit qu’il espérait que je devienne le premier docteur en Droit à M’tsapéré. Je le voulais aussi et j’y suis parvenu ». Malgré son Bac littéraire, le docteur s’intéressera de près à la finance durant ses études. La thèse qu’il a soutenue en 2009 s’intitule d’ailleurs « Le financement du développement économique et durable par les systèmes financiers informels, dont le microcrédit et la tontine à Mayotte ». Une thèse qu’il a soutenue et pour laquelle il obtient une mention très honorable avec félicitations et applaudissements du jury, ainsi que le droit de publier en l’état ses recherches. Chose qu’il compte bien faire, après avoir effectué quelques mises à jour.
Son mémoire de recherche, lui, s’intitulait « Essai d’introduction d’un phénomène traditionnel dans un système bancaire moderne : la tontine – “le chicowa ” – à Mayotte ». Cette envie de faire de la finance lui vient d’un autre homme : Ahmed Ali Mondroha. « Je ne le connaissais pas. On m’en parlait parce que c’était quelqu’un de ma famille. Il faisait des études dans la finance, et c’était le premier Mahorais à faire des études longues dans ce domaine. Il était ambitieux. Cela m’a donné envie de le faire aussi. »
Entre temps, il passera le concours pour entrer à l’école des avocats et sera accepté. “Je me suis dit que je n’allais pas passer le grand oral, parce que je voulais continuer mes études, et je voulais travailler. L’entreprise où j’avais effectué mon stage voulait me garder, mais finalement j’ai été débauché par la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées. J’y ai travaillé cinq ans, et ce, sans abandonner mes études. Son deuxième Master 2 a pour intitulé Contrats et Responsabilités des Professionnels.
Si le parcours universitaire a été couronné de succès, tout ne s’est pas fait sans mal. « À 19 ans, je partais en métropole pour la première fois, sans ma famille. Mes frères et mes sœurs m’avaient raconté comment c’était. Mais entre ce qu’on nous dit et ce qu’on vit réellement, ce n’est pas pareil. C’était un choc culturel. J’ai pu surmonter cette rupture parce que j’étais curieux de nature. Je voulais voir, découvrir cette France métropolitaine. »
La première année se passe sans encombre : « Même si le parcours de Droit est compliqué, je voulais prouver qu’on pouvait valider son année du premier coup. Après, il y a eu le contrecoup. La deuxième année, je me suis relâché. C’était compliqué. J’ai redoublé et ça m’a fait un choc. Je n’avais jamais redoublé depuis le CM2. Je me suis remis au travail, je suis parti en 3ème année, puis je me suis relâché. Au final, j’ai mis 5 ans à valider ma licence, mais le plus important, c’est que la motivation était toujours là. J’étais arrivé en métropole avec un objectif et je voulais repartir avec cet objectif atteint. «
Parti en 1998, l’avocat reviendra finalement s’installer définitivement à Mayotte en décembre 2015. « On se dit toujours qu’on va rentrer, mais pas tout de suite. La France, c’est ma patrie. Toulouse, c’est ma ville d’adoption. Mayotte, c’est chez moi. C’est mes entrailles. J’avais des propositions d’emploi aussi bien en Métropole qu’à l’étranger. J’ai travaillé dans le secteur bancaire, dans des cabinets de conseils aussi. Mais je me suis dit que ça serait dommage de rester en métropole alors que je pourrai transmettre tout cela chez moi. Et je voulais aussi me rapprocher de ma famille ».
Depuis, Zaïnaliambidina Nizari Andinani est inscrit au barreau de Mayotte. Il intervient également au Centre universitaire de Dembéni et auprès d’organismes de formation, dans l’objectif de transmettre ces connaissances que d’autres lui ont donné envie d’ acquérir.
PORTRAIT CHINOIS
- Si vous étiez une personnalité : Nelson Mandela
- Si vous étiez un animal: un phénix. Je renais toujours de mes cendres.
- Si vous étiez une couleur : le rouge, bien sûr! Je pense au FCM ( Football Club de Mtsapéré), à Tsingoni, à Monaco, etc.
- Si vous étiez une qualité : la persévérance.
- Si vous étiez un défaut: je ne suis pas modeste, car il n’y a que de la fausse modestie, et les choses fausses ne me conviennent pas.
- Si vous étiez une citation: c’est l’extérieur qui m’attire, mais c’est l’intérieur qui m’inspire. C’est de moi, dans un livre pas encore publié.
La BFC accorde 15 millions d’euros de crédit au Sieam
La banque BFC et le syndicat des eaux ont signé vendredi dernier un accord de partenariat concernant la mise en place d’un crédit de 15 millions d’euros dans le cadre de la réalisation de grands travaux structurants.
Le Sieam va pouvoir se reposer sur une aide financière de la banque BFC pour les trois ans à venir. Avec 15 millions d’euros de crédit de trésorerie accordé par l’institut bancaire, le Sieam va pouvoir réaliser le système d’assainissement des eaux usées du centre (réseaux de collecte et centre d’épuration) ainsi que les travaux de renforcement de la chaîne de transfert des eaux usées de Mamoudzou vers la Step (station d’épuration) de Baobab. Des projets qui s’inscrivent dans le programme pluriannuel d’investissement 2015 – 2020 du Sieam. L’opération menée avec la BFC a pour but de relayer une partie des subventions Feder (fonds européens) accordées au Sieam.
« C’est un partenariat historique. On va utiliser ce crédit de manière efficace et honnête pour faire avancer Mayotte », a déclaré le président du Sieam Moussa Mouhamadi Bavi. « Ce versement a été concrétisé le temps que les fonds européens arrivent. Cela va servir à payer les entreprises », a poursuivi le président.
« À partir du 15 janvier, les Mahorais n’auront plus de problèmes d’eau »
En attendant, les 70 millions d’euros annoncés en 2016 par la ministre des outremers de l’époque Ericka Bareigts et la Caisse des Dépôts ont été affectés à la réalisation de 6 forages, l’agrandissement de l’usine de dessalement qui sera livrée en janvier 2018. Enfin, ils ont aussi servi à l’interconnexion des deux retenues collinaires. À noter également que la DUP (déclaration d’utilité publique) de la troisième retenue a été lancée. « À partir du 15 janvier, je pourrai dire aux Mahorais qu’ils n’auront plus de problèmes d’eau, car nous avons fait le travail qu’il fallait », a conclu Moussa Mouhamadi Bavi.
Le parcours santé de Mahabou a coûté 40 000 €
Le Conseil départemental, la DJSCS (Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale) et Mayco (absent de la cérémonie à cause du mouvement social qui frappe actuellement l’entreprise) ont inauguré hier le nouveau parcours santé de la pointe Mahabou. Un projet qui a coûté environ 40 000 €.
Des jeunes et des associations étaient les premiers à officiellement inaugurer le tout nouveau parcours santé du parc de la pointe Mahabou. Après les discours des officiels et la pose de la plaque inaugurale, une démonstration a été réalisée. L’occasion de montrer la diversité des agrés installés. Tractions, abdominaux ou étirements, de nombreux exercices peuvent être réalisés grâce aux modules installés. Ces derniers ont remplacé les précédents devenus vétustes et délabrés. Une initiative qui vise à encourager tout un chacun à faire du sport pour garder la forme.
Le projet a coûté 40 000 €. 30 000 € ont servi à l’achat des modules et l’installation de panneaux. Entre 2 000 et 3 000 € ont été consacrés à l’installation des équipements. Le tout a été financé par l’embouteilleur Mayco dans le cadre d’une campagne de « healthwashing » qui consiste pour une entreprise privée à soutenir financièrement un projet inscrit dans la promotion du sport et de la santé. Le Département quant à lui a financé l’élagage, la rénovation du portail d’entrée et de quelques panneaux de signalisations ou informations à l’intérieur du parc à hauteur de 4 000 € environ.
Un projet d’arboretum à Coconi
Cette opération est aussi l’occasion pour le département de donner une seconde vie au parc qui trop longtemps souffert d’une mauvaise réputation en termes d’insécurité. 2 à 3 agents de sécurité effectuent des rondes de 7h à 19h, heures d’ouverture du parc, en plus des visites régulières de la police municipale. Le recrutement d’emplois aidés a aussi aidé à endiguer le phénomène des chiens errants dans le parc. « Mais des progrès restent encore à faire dans ce domaine et au niveau de la proximité avec le public », expliquait Anil Akbaraly chef de service environnement au Conseil départemental à l’issue de la cérémonie. Un projet de page Facebook consacrée au parc est par ailleurs à l’étude. « Il pourrait faire office de livre d’or. Chaque usager pourrait laisser des remarques afin de nous aider à améliorer le service », explique Anil Akbaraly.
En attendant, cette réalisation du parcours santé en appelle d’autres puisque le service environnement réfléchit pour 2018-2019 à la création d’un arboretum au Jardin botanique de Coconi (géré par le Département au même titre que Mahabou) avec la mise en place de microhabitats représentatifs de Mayotte comme la forêt sèche ou la forêt humide. Des projets d’airs de jeux sont également dans les cartons du Département.
Les initiatives fleurissent lentement mais sûrement malgré des budgets restreints. État, collectivités et éventuellement entreprises privées comme dans ce cas précis, doivent poursuivre leur travail de coopération afin de développer des projets.
Fraude électorale | L’ancien maire de M’tsangamouji risque la prison
Trois hommes dont l’ancien maire de M’tsangamouji Issouf Madi Moula, comparaissaient devant le tribunal correctionnel hier pour des faits de fraude électorale. Ils sont soupçonnés d’avoir réalisé plus de 80 fausses procurations lors des élections municipales de M’tsangamouji en 2015. Les prévenus risquent de la prison ferme.
En novembre 2015, sa garde à vue avait fait couler beaucoup d’encre. Après deux ans d’instruction, l’ancien secrétaire fédéral du Parti socialiste et ex-maire de M’tsangamouji était sur le banc des accusés hier au tribunal correctionnel de Mamoudzou aux côtés de deux de ses colistiers poursuivis eux aussi pour « entrave aux opérations de scrutin par manœuvres frauduleuses » autrement dit fraude électorale. Ils sont soupçonnés d’avoir en septembre 2015 falsifié 84 procurations destinées à fausser le résultat de l’élection municipale. Un scrutin qui a vu finalement la victoire d’Ibrahima Saïd Maanrifa (Les Républicains).
Les procurations en question au moment des faits ont pu être interceptées à temps par la préfecture qui ne les a ainsi pas comptabilisées dans le dépouillage des voix. S’en est suivie une mise en examen avec interdiction de quitter le territoire de Mayotte. Mais voilà, l’ancien cadre du PS mahorais nie être impliqué dans cette affaire. Il accuse ses colistiers Assani et Issouf d’être à la manœuvre. « Il les soupçonne d’avoir fait un excès de zèle en somme pour favoriser leur candidat », explique le procureur avant de dénoncer une fable de la part de l’homme politique : « Comment peut-on croire que le secrétaire fédéral du PS à Mayotte et la tête de liste socialiste aux élections municipales à M’tsangamouji ne soit pas au courant de l’opération ».
La fraude électorale, une habitude à Mayotte?
Les trois prévenus se sont réunis en 2015 à l’approche de l’élection municipale dont le premier scrutin en 2014 avait été annulé par décision du Conseil d’État, car le résultat du second tour avait débouché sur un écart d’une voix. Lors de cette rencontre, les candidats inscrits dans la liste Ouvoimoja (PS) avaient ainsi évoqué la question des procurations. « J’avais proposé d’aller chercher les procurations des électeurs qui ne pourront pas se déplacer aux urnes, mais pas celle de recourir à de fausses procurations », jure l’ancien candidat. Pourtant ses deux comparses qui ont reconnu les faits, affirment qu’Issouf Madi Moula était au courant. Il est même désigné comme l’instigateur de la fraude. Assani était chargé d’envoyer les procurations depuis la métropole. « Ce sont les instructions que l’on m’a données », indique-t-il. Ce dernier a même reçu une somme d’argent de 600 € de la part du secrétaire fédéral pour acheter un billet d’avion. « C’était pour qu’il se rende à Madagascar afin de réaliser des gris-gris pour nous protéger et gagner les élections », justifie l’ancien maire de M’tsangamouji. « Ça, c’était notre couverture pour que je me rende en métropole », a répondu Assani.
Ce dernier, une fois arrivé dans l’hexagone, a envoyé les procurations depuis Toulouse et Lyon dont une vingtaine du même bureau de poste ce qui a éveillé les soupçons de la commission électorale et des enquêteurs. À cela s’ajoutent les faux tampons de la police ou de la gendarmerie et une écriture manuscrite identique sur de nombreux cerfas (formulaire administratif réglementé). Une falsification grossière accablée par des preuves irréfutables comme les scans de fausses procurations retrouvées dans le smartphone du troisième prévenu, Haidar. Face à ces nombreux éléments probants, le procureur a requis 14 mois de prison fermes pour les trois individus avec mandat de dépôt. Le juge et ses assesseurs ont mis l’affaire en délibéré au 22 novembre, 10 000 € d’amende chacun et une inégibilité de 5 ans.
Au vu des faits, les juges n’ont pas manqué de rappeler les problèmes récurrents que rencontre l’île à l’approche d’un scrutin électoral en termes de fraudes. En témoigne les récents soupçons de fausses procurations utilisées lors des dernières élections législatives dans la circonscription nord. Une affaire qui a conduit à la mise en examen en août dernier d’un gendarme qui a reconnu devant le juge d’instruction avoir utilisé de fausses procurations au profit de la candidate socialiste Ramlati Ali, gagnante du scrutin, sans que celle-ci puisse pour le moment être soupçonnée d’avoir été impliquée de près ou de loin dans ces agissements. Ces affaires sont néanmoins « symptomatiques » selon l’expression du juge Banizette, d’une vision de la politique qui sert d’abord les intérêts personnels avant l’intérêt général. Le tout agrémenté de pratiques douteuses, voire illégales comme « les porteurs de valises ou les distributions de cartons de mabawas à la fin des meetings », malheureusement très répandues à Mayotte a rappelé le magistrat. Mais au fond, ces politiques véreux ne font-ils pas que reproduire ce qui se fait ou ce qui s’est fait ailleurs, notamment en métropole à d’autres échelles et/ou avec d’autres méthodes ?
Des traces d’un insecticide interdit en France présentes sur des tomates de Mayotte
Des prélèvements ont été réalisés par les services de l’État (service CCRF de la DIECCTE et le service alimentation de la DAAF) sur des tomates vendues en bord de route. Un nombre significatif de ces résultats d’analyses démontre que certains producteurs à Mayotte ont recours à un insecticide, le diméthoate, dont l’utilisation est prohibée en France pour le traitement des tomates. De plus, sa mise en œuvre mal maîtrisée conduit à observer des taux de contamination très importants.
Il est rappelé que l’utilisation de ce pesticide interdit comporte des risques sanitaires importants pour la santé des consommateurs mais aussi pour celle des producteurs qui les utilisent, tout en favorisant les réseaux d’approvisionnement illégaux. Par arrêté, le préfet de Mayotte vient de prendre une mesure administrative de mise sous surveillance de la commercialisation des tomates produites à Mayotte sur la base du code de la consommation. Cette mesure entre en application à compter de ce jour, pour une durée de 150 jours, soit jusqu’au 13 avril 2018.
Quiconque propose des tomates à la vente, doit pouvoir justifier de l’origine et de la provenance du lot par une facture d’achat, un bon de livraison ou tout document permettant d’identifier la provenance du lot et l’établissement de production. En l’absence de présentation immédiate d’un document, une mesure administrative de retrait du marché et de destruction, pourra être mise en œuvre.
Opération anti-délinquance à Kawéni
Une opération anti-délinquance de grande envergure a été menée par la police nationale, la PAF et la police municipale très tôt ce matin dans les quartiers Bandrajou et Manga Télé à Kawéni.
Victimes de caillassage la semaine aux abords du lycée de Mamoudzou Nord par de jeunes individus non scolarisés dans l’établissement, les forces ont voulu montrer qu’il n’existe pas de zone de non droit. Ainsi, 10 individus en situation irrégulière ont été interpellés à Bandrajou. Ils seront transférés au centre de rétention administratif de Pamandzi et reconduits à la frontière. Du côté de Manga Télé, l’accent a été mis sur l’enlèvement de conteneurs usagers qui servent de squats aux jeunes délinquants ainsi qu’à la chasse aux chiens errants qui prolifèrent dans la localité. Probablement informés par cette descente, les délinquants avaient pris la fuite, mais les policiers ont pu toutefois intercepter 3 chiens dans un banga.
Cette action menée par le Bureau Partenariat Prévention (BPP) a mobilisé 25 policiers nationaux, 12 de la police aux frontières et 12 agents de la police municipale. Selon l’adjoint du responsable de la sécurité publique, Christophe Demeusy, « ce genre d’opération sera renouvelée régulièrement dans plusieurs quartiers afin de lutter contre les agressions à répétition devant les établissements scolaires ».
Des élèves improvisent des barrages entre Doujani et Passamainty
Hier matin entre 5h et 9h, des collégiens et lycéens ont monté des barrages sur la route entre Doujani et Passamainty. Ils demandent l’installation d’abribus afin de se protéger de la pluie. La circulation a donc été perturbée pendant près de 4 heures. Une délégation a finalement été reçue par la municipalité de Mamoudzou dans l’annexe de la mairie située à Passamainty afin d’obtenir des solutions de la part de la commune.
La situation était quelque peu tendue hier matin au niveau des carrefours giratoires de Doujani et Passamainty. Des dizaines d’élèves en colère ont décidé très tôt de bloquer la route nationale afin de protester contre l’absence d’abribus alors que la saison des pluies vient de démarrer. La police était sur place afin de prévenir tout débordement. Fort heureusement, aucun incident n’a été signalé. Au bout de quelques heures, deux délégations d’élèves ont été reçues par la commune, le Deal (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) et la police municipale dans l’annexe de Passamainty. Un appel au dialogue qui a convaincu les jeunes de lever leurs barrages.
Le premier groupe d’élèves reçu a formulé une demande concernant la construction d’abribus à Doujani. Un projet mené par la Deal est déjà en cours. “Les travaux vont démarrer mi-janvier”, nous assurait hier au téléphone Mohamed Moindjié, deuxième adjoint au maire de Mamoudzou. “Mais il y a également des projets d’abribus dans d’autres villages de la commune”, ajoute-t-il.
Concernant Passamainty, les élèves demandent un point de ramassage scolaire au niveau du rond-point de Passamainty-Tsoundzou. “Sur le principe, on est d’accord, mais il doit y avoir une réflexion sur la sécurité et l’organisation du site. C’est un sujet qui sera abordé ce vendredi”, répond l’élu municipal.
Cette rencontre aura un caractère général concernant les transports dans l’agglomération de Mamoudzou. Il rassemblera le Département, la préfecture, le vice-rectorat, la mairie, la Deal et l’intercommunalité. “Si les élèves le souhaitent, ils pourront y assister”, souligne Mohamed Moindjié. Le transporteur Matis sera également présent. “Des dysfonctionnements au niveau de la circulation des bus ont été signalés par des usagers. Il faut donc trouver des solutions pour améliorer le service”, a déclaré la mairie.
Une autre rencontre se tiendra plus tard (pas de date précise) sur la mise en place des arrêts bus du futur réseau interurbain. Cette réunion concernera la Cadema (intercommunalité de Mamoudzou et Dembeni), la Deal et la mairie de Mamoudzou.
Le chantier des transports en commun est vaste. Les problèmes liés aux bus scolaires sont souvent sujets à des débordements ou des accès de fièvre au sein d’une population juvénile à fleur de peau. Il est plus qu’urgent de répondre à ces enjeux pour éviter des dérives comme le caillassage des autocars, le blocage des routes et des affrontements avec les forces de l’ordre.
Grand mariage / Manzaraka : l’entraide encore privilégiée pour le financement
Le manzaraka, ou grand mariage, est un passage obligatoire pour tout Mahorais souhaitant s’inscrire dans la tradition. Cette cérémonie peut facilement rassembler plus de 300 personnes : colliers de fleurs, mbiwi, mais surtout liasses de billets. Le manzaraka a un coût ! Alors, comment est-il financé ?
Minimum 20 000 euros, c’est le montant moyen que la mcharoussi (mariée en shimaoré) récolte lors d’un « bon » manzaraka. En ce qui concerne les frais liés au grand mariage à Mayotte, le chiffrage exact est quasi impossible à définir. Considérée comme la cérémonie phare du grand mariage, le manzaraka suscite des dépenses pharamineuses, tant au niveau des moyens mis en place (location des chapiteaux, repas, boissons etc.) qu’au niveau de l’argent dédié à la mariée durant les différentes danses. Les nouvelles générations de Mahorais y prennent part tant bien que mal, quitte à s’endetter.
Le prêt bancaire boudé au profit de divers microcrédits
Le cas de Nadia, 26 ans, enseignante originaire du sud de Mayotte est courant. La jeune femme a procédé au mafounguidzo (le mariage religieux) en 2015, mais a finalisé son union en célébrant le manzaraka l’été dernier. Avec un salaire de 2500 euros par mois, Nadia n’a pas souhaité contracté de prêt bancaire : ce n’était pas la solution patente pour l’enseignante, qui avait déjà un prêt de 30 000 euros à son actif, pour l’achat d’une voiture. « Grâce au chicoa (voir encadré), j’ai récolté 800 euros. J’ai également participé à un mtsango. Avec les jeunes de ma génération, on a chacun cotisé à hauteur de 20 euros par mois, j’ai pu en tirer 1300 euros », indique la jeune femme. En ce qui concerne les dépenses restantes, la famille est un pilier financier sur lequel la jeune femme a pu se reposer » Mon grand-frère a payé les deux zébus, 7000 euros. Mes deux autres frères ont chacun cotisé 1500 euros, ma grande-sœur a participé à l’achat des denrées alimentaires à hauteur de 1000 euros, mes deux autres sœurs ont chacune donné 500 euros ». La participation familiale n’étant toujours pas suffisante, Nadia a procédé à des crédits par-ci par-là : « J’ai dû faire des microcrédits auprès de différentes institutions, sinon je n’aurais pas pu financer les prestataires, les décorations, les cageots de boisson, etc. Tout cela m’a quand même coûté 20 000 euros. »
Le manzaraka et tout ce qui s’ensuit
« L’après manzaraka » est une partie à ne pas négliger. Après son grand mariage en août 2017, Saidati 26 ans, enseignante, a contracté un prêt d’un montant de 38 000 euros sur sept ans, auprès de la Bred afin d’achever les travaux de sa maison. Saidati gagne 2800 euros par mois et rembourse ainsi 500 euros par mois : « J’ai rempli le dossier pour la demande de prêt en mai 2007, et j’ai eu les sous en août 2017. Ma famille a financé le manzaraka, et moi je me suis occupée de l’autre partie : finir ma maison. » Elle poursuit : « Avec le chicoa, j’ai récolté 9000 euros, c’est ce budget qui a servi à financer mes déplacements en Chine et à Dubaï pour faire les achats d’ameublement de ma maison etc ». Et si aujourd’hui la jeune femme est incapable de chiffrer le montant total des dépenses liées au manzaraka, elle reste consternée quant aux frais qui en découlent « A l’issue du manzaraka, j’ai eu 30 000 euros mais le montant des dettes cumulées est tellement élevé qu’il ne reste plus rien pour moi ».
La tontine ou le moyen de financement traditionnel incontournable
La fameuse tontine reste un moyen de financement ancien mais toujours en vogue dans la société mahoraise. Cette association d’épargnants qui mettent en commun un certain montant permet une rentrée d’argent plus ou moins importante. C’est le cas du « chicoa » ou encore du « mtsango », qui connaissent un succès fulgurant au sein des familles mahoraises : après avoir cotisé une certaine somme par mois, chaque membre touche la somme totale chacun son tour.
Banques et prêts
Les grandes banques de l’île ne proposent pas de crédit spécifique au manzaraka. Le Crédit agricole et la BFC parlent de prêt lambda, soit un prêt à la consommation. En revanche, la BFC a révélé procéder à offres promotionnelles en amont, lorsque la période des manzaraka approche.
Constructions illégales en pleine nature : la démolition impossible
Le Conseil constitutionnel vient de déclarer conforme à la Constitution les dispositions de l’article L.480-13 du Code de l’urbanisme. Cette décision valide l’impossibilité de demander la démolition d’une construction illégale…
Sauf dans des cas bien précis et trop limitatifs. France Nature Environnement s’indigne de cette décision qui va à l’encontre de la préservation des milieux naturels, forestiers et agricoles. Seuls quelques pourcentages du territoire national bénéficient d’une protection renforcée en matière environnementale et architecturale. Avec les dispositions de cet article, adoptées par opportunisme dans la loi Macron et validées par le Conseil Constitutionnel, les constructions déclarées illégales après l’annulation du permis de construire ne pourront être démolies en dehors de zones protégées limitativement énumérées.
Raymond Leost, responsable du réseau juridique de France Nature Environnement, précise : « les riverains et associations restent dans l’impossibilité d’obtenir la démolition d’une construction illégale au prétexte de sécuriser des projets immobiliers. Il s’agit pourtant de la seule réparation efficace pour lutter contre l’artificialisation des espaces naturels, agricoles et forestiers. Cette décision intervient alors que les constats alarmants sur l’artificialisation des sols et la perte d’espaces naturels se multiplient. L’Etat français doit assurer une protection effective de ces espaces ».
De quoi laisser perplexe notamment à Mayotte au vu du très grand nombre de construction illégales qui grignotent petit à petit la forêt.
Grève au CHM : les médecins exercent un droit de retrait
La communauté médicale a exercé un droit de retrait hier matin afin de protester contre le blocage du CHM et de certains dispensaires dans le cadre du mouvement social entamé le 2 novembre et évoque un impact « important » sur la santé des habitants de Mayotte. Les médecins dénoncent également les violences exercées à l’encontre de personnels non grévistes.
Entrées fermées et cadenassées, il n’est possible de pénétrer à l’intérieur du CHM que par les urgences. Depuis le 2 novembre, début du mouvement social mené par une intersyndicale déterminée, le CHM tourne au ralenti et bon nombre de dispensaires n’accueillent plus de patients. Seules les urgences vitales sont prises en charge. Une situation ayant un impact « important » sur la santé des habitants du 101ème département français, qu’a dénoncée jeudi matin la communauté médicale, soit près d’une centaine de personnes, en exerçant un droit de retrait durant une heure. « Nous ne sommes pas contre les grévistes et nous estimons d’ailleurs que leurs revendications sont légitimes », explique Philippe Durasnel, médecin en charge du pôle URSEC (Urgences, Réanimation, SMUR, Evacuations sanitaires, Caisson) et vice-président de la commission médicale d’établissement (CME). Si le praticien respecte le droit de grève, il dénie à l’intersyndicale « le droit de bloquer l’hôpital » et proteste contre « ces entraves à l’accès aux soins ».
Des évènements dramatiques et d’éventuels décès
Impossible pour l’heure de donner une idée exacte de l’impact du mouvement social sur le fonctionnement du CHM mais Philippe Durasnel a déjà constaté un certain nombre de manquements « graves » : les consultations sont annulées, l’hôpital de jour ne fonctionne plus, les visites aux patients sont impossibles, les chimiothérapies en ambulatoire prennent du retard (ce qui entraîne des « complications graves voire l’échec des traitements »). En outre, des « évènements dramatiques » ont certainement eu lieu en périphérie, les habitants n’ayant pas accès aux dispensaires, a poursuivit le praticien qui évoque d’éventuels décès. « On investigue », précise-t-il.
De même, le centre d’orthogénie n’ayant pu accueillir ses patientes, des femmes ont dépassé le délai légal d’interruption volontaire de grossesse alors qu’elles comptaient bénéficier d’une IVG – rappelons que le CHM est le seul centre de l’île où l’on puisse pratiquer des IVG chirurgicales.
Philippe Durasnel a indiqué qu’un courrier avait été envoyé il y a cinq jours au préfet afin qu’il débloque l’hôpital mais que ce courrier était resté lettre morte. La préfecture de Mayotte a expliqué avoir bien reçu le message et veiller « comme c’est le cas depuis le début de la grève, à ce que les accès au CHM ne soient pas fermés, pour des raisons de fonctionnement, d’accueil des patients et de sécurité ».
Altercations entre grévistes et non-grévistes
En marge de ces considérations d’ordre médical, d’autres problématiques ont émergé durant le mouvement social. Mercredi, un délégué syndical a été placé en garde à vue suite à la chute, intentionnelle ou non, d’un personnel non gréviste, a indiqué jeudi la police qui fait ce récit de l’altercation: « Une tente faisant office de poste médical avancé était installée dans la cour de l’hôpital. Alors que la victime, cadre de santé au CHM de Mamoudzou, tentait de réguler l’accès aux urgences, un des grévistes opposé à la présence de cette installation a commencé à la démonter. S’ensuivit une algarade à l’issue de laquelle la victime a chuté au sol et a perdu connaissance. Selon un témoin des faits, un individu aurait poussé violemment la victime qui aurait chuté au sol et serait restée inconsciente environ 30 secondes, se voyant octroyer 12 jours d’ITT suite à un traumatisme crânien et perte de connaissance. L’auteur présumé a été placé en garde à vue et libéré le jour même. La victime est toujours hospitalisée. »
Les médecins opposés à la « querelle raciale »
L’intersyndicale, par la voix de son porte-parole Anli Rigotard, dénonce « une machination et une manipulation pour une meilleure ségrégation » et dément que le délégué syndical soit à l’origine de la chute de la victime. En outre, l’intersyndicale a déclaré mercredi avoir porté plainte contre plusieurs responsables du CHM pour « insultes et agressions verbales ».
Philippe Durasnel, quant à lui, a souligné que « l’agression de mercredi n’était qu’une manifestation de violence parmi d’autres », mentionnant le cas de collègues « molestés et injuriés ». Chacun des deux camps évoquent des injures raciales. Condamnant fermement ces éclats de violence, le vice-président de la CME a déclaré ne pas vouloir participer à ces débats : « Il n’y a pas de querelle raciale, ce n’est pas le problème », a-t-il affirmé.
Une rencontre par visioconférence entre l’intersyndicale et un représentant du ministère de la Santé s’est tenue hier après-midi. A 17h, toujours en réunion, l’intersyndicale déplorait « qu’aucune proposition » n’ait encore été faite.
Décasage : condamnation confirmée en appel contre la délogeuse de Boueni
La cour d’appel a rendu son jugement hier matin concernant l’affaire d’expulsion arbitraire en 2016 d’une ressortissante comorienne par la propriétaire du logement qu’elle occupait à Boueni. Cette dernière avait été condamnée en première instance à 6 mois de prison avec sursis simple et l’obligation d’effectuer un stage de citoyenneté. Le tribunal correctionnel l’avait également condamnée à payer 13 000 € de préjudice matériel et moral. Ayant fait appel de cette décision, la prévenue s’est vu confirmer hier sa peine par la cour d’appel. Une décision symbolique qui pourrait ou pas avoir un effet dissuasif sur les personnes qui seraient tentées d’expulser de manière illicite des locataires qui occupent légalement un logement ou un terrain.
Les usagers des pontons de Mamoudzou et Dzaoudzi dénoncent un “racket”
Le collectif des usagers des pontons de plaisance de Mamoudzou et Dzaoudzi ont adressé un courrier au vitriol aux autorités de l’île concernant la gestion actuelle des marinas de l’île par la CCI. Manque d’entretien des structures, racket ou encore dégradations des bateaux, les critiques pleuvent sur la tête du délégataire. Voici en substance le contenu de ce courrier.
“Par le présent, nous tenons à attirer l’attention de Monsieur le préfet de Mayotte, de monsieur le Procureur de la République, de nos sénateurs et députés, sur la mise en place du collectif des usagers des pontons de plaisance de Mamoudzou et de Dzaoudzi qui est en droit, de se poser de nombreuses questions : Comme les délégations de service public sont soumises à des règles d’attribution et sur ce point la législation est claire ; elle considère que lorsqu’un contrat est soumis à des obligations de publicité et de mise en concurrence, elle ne peut être reconduite, sauf dans l’intérêt général et pour une durée d’un an. Le Conseil départemental, en sa qualité d’autorité portuaire, vient de conclure, à notre connaissance, un septième avenant au profit de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (C.C.I.M), n’y aurait-il pas un délit de favoritisme avéré ?
Pour information, le 28 mai 2015, l’assemblée délibérante a décidé de lancer une procédure de DSP classique (Article R 141-2 du code des ports maritimes) afin de confier la gestion des pontons à des entités spécialisées en matière d’infrastructures portuaires. Depuis cette date, la procédure de DSP est restée dans les tiroirs à croire que le Conseil départemental n’a pas le temps ou les compétences.
La C.C.I.M, depuis le remplacement des pontons en 2011, fait office de gestionnaire allant d’avenant en avenant sans se préoccuper de ses obligations de service public : égalité des usagers, continuité du service, adaptation constante des installations aux variations de l’intérêt général, etc.
Cela se traduit par une obligation de fournir toute une série de prestations : surveillance des installations, respect du cahier des charges, outillages, installations de sanitaires, remorquages, contrat d’entretien des infrastructures, etc. C’est d’ailleurs le nombre, la nature et la qualité de ces prestations, qui autorisent le gestionnaire à percevoir des redevances sur les usagers des ports.
Des plateformes au bord de la rupture
À Mayotte, il n’en est rien, la C.C.I.M ne trouve pas utile, depuis toutes ces années, de souscrire un contrat d’entretien pour les infrastructures et selon nos informations, récupérées auprès de spécialistes dans les travaux sous-marins à Mayotte, au prochain coup de vent fort, les infrastructures vont être arrachées.
Au vu de l’état général, catastrophique et des moyens de fixation, des pontons de Mamoudzou et de Dzaoudzi (chaînes et manilles proches de la rupture) n’y aurait-il pas mise en danger de la vie d’autrui ?
Ne nous attardons pas sur : l’absence de navire pour l’assistance aux bateaux à l’intérieur du périmètre portuaire, en cas de difficulté de manoeuvre ou d’avarie, l’absence d’un balisage des périmètres et chenaux des sites de Mamoudzou et Dzaoudzi, l’absence de sanitaires (info pour la C.C.I.M, sanitaires = ensemble comprenant lavabos, douches et water-closet).
Au niveau des mouillages légers, la loi littorale a prévu un encadrement juridique et permet aux gestionnaires des ports de plaisance d’affecter une partie des droits et redevances perçus à l’aménagement et à l’exploitation des mouillages, mais comme les services d’accueil des bateaux amarrés sur des bouées prévues dans le contrat de la DSP (délégation de service public) ne sont pas assurés par l’exploitant à quoi bon. Au niveau des gardiens, suite à nos contacts avec les personnes faisant office, il apparaît qu’un seul effectif est diplômé du Certificat de qualification professionnelle. (Le C.Q.P.A.P) permet d’effectuer la surveillance, la sécurité technique et incendie, l’accueil et le contrôle d’accès, mais aussi, très important les secours et assistance aux personnes). La C.C.I.M est — elle en infraction au niveau du Code du travail ? Revenons en 2015, quand la C.C.I.M était sous tutelle, l’état représenté par le Préfet Morsy, par arrêté préfectoral n ° 2015-391 a décidé de suspendre l’assemblée générale de la C.C.I.M et de nommer une commission provisoire avec pour mission de définir le nouveau rôle de la C.C.I.M sur la base de 8 thèmes stratégique à fort potentiel pour le développement économique de l’île. En 2015, la commission de finances devait statuer sur l’augmentation des prix effectuée en 2011, manifestement excessive passant de 1500 euros à 3218 euros pour les navires de 7 à 8 mètres. En 2017 sur une centaine d’usagers des pontons de Mamoudzou et de Dzaoudzi, 60 ont reçu de la C.C.I.M, des courriers de menaces d’enlèvement et de saisie de leurs bateaux s’ils n’effectuaient pas le règlement, des tarifs reconnus illégaux, par la Commission des finances en 2015. Or la C.C.I.M, n’a absolument pas compétence pour procéder à la constatation et poursuivre la répression des empiètements, occupations irrégulières, ou infractions de toutes natures à l’occupation du domaine public portuaire, cette compétence étant réservée au représentant de l’État dans le département où sont implantées les installations du port, c’està- dire en l’occurrence à monsieur le préfet de Mayotte. De plus cette C.C.I.M, ordonnait à ces mêmes usagers de signer un contrat d’une durée d’un an où toutes les obligations du gestionnaire ont disparu et où il est stipulé de “reconnaître que les ouvrages du port mis à sa disposition sont en bon état d’entretien”. Pour les professionnels, d’après l’article R 5311-1 du code des transports, la durée du contrat doit être de cinq ans, afin d’assurer, à ces derniers une sécurité juridique. De même, par un document en notre possession, provenant des avocats de la C.C.I.M, nous avons confirmation que les tarifs pratiqués sont entachés d’illégalité par rapport aux précédents. Ces mêmes avocats leur conseillent d’éviter une décision du Tribunal administratif, qui pourrait constater l’illégalité des tarifs et provoquer de la part des usagers des demandes de remboursement.
Enfin, nous, plaisanciers, acteurs touristiques et pêcheurs, composant le groupement des usagers des pontons de Mamoudzou et Dzaoudzi, allons-nous devoir encore supporter, longtemps, ce manque de prestations, ces dégradations sur nos navires, ces tarifs illégaux, ces menaces et ce racket ?
Ce courrier sera transmis à monsieur le procureur de la République, accompagné, des documents en notre possession (attestations de racket contre des plaisanciers, courrier envoyé suite à des menaces transmises à la direction de la C.C.I.M et resté sans réponse, dépôt de plainte et divers documents).”
Mayco tourne au ralenti depuis le 27 octobre
Depuis près de deux semaines, l’entreprise productrice de Coca-Cola à Mayotte, Mayco, connaît un mouvement social qui a ralenti considérablement son activité.
Les grévistes réclament notamment des améliorations quant à leurs conditions salariales. Ils ne bloquent pas l’entreprise mais ils ont installé leur piquet de grève à l’entrée des locaux situés à Kangani. Les 115 grévistes sur les 140 à 160 salariés que compte la société sont en grève depuis le 27 octobre. Plusieurs revendications sont portées par les salariés en colère. Ils demandent la réintégration d’un de leur collègue licencié car soupçonné d’avoir agressé et menacé un autre collègue avec un couteau. « On conteste ces accusations. La présumée victime dit d’ailleurs ne pas avoir vu son interlocuteur avec un couteau. Ils se sont juste disputés », assure Soilihi Midaïn délégué syndical de CGT Ma. Une plainte a été déposée. « Cette affaire est à présent entre les mains de la justice », a conclu sur ce sujet le syndicaliste. Les grévistes demandent également la revalorisation des primes existantes, le paiement des heures supplémentaires et l’application des accords issus des NAO (négociations annuelles obligatoires) pour tous les employés. Une augmentation de salaire de 4% a été accordée par la direction mais selon la CGT certains en ont été exemptés. « Nous demandons qu’ils en bénéficient et qu’il y ait un rattrapage. On ne sait pas pourquoi ils ont été mis de côté », réagissait Soilihi Midaïn. Enfin, le syndicat demande la fin « des abus de pouvoir et du harcèlement moral » dont certains cadres de l’entreprise sont soupçonnés. Pour le moment, la CGT Ma dit n’avoir eu aucune réponse de la direction de Mayco. Par conséquent, elle a saisi la direction du travail (Dieccte). Cette dernière aurait envoyé un mail à la direction de l’entreprise mais aucune réponse n’aurait été donnée selon le délégué syndical. Pendant ce temps-là, les non-grévistes poursuivent leur activité. « Nous ne bloquons pas le site », tient à préciser le délégué syndical avant d’ajouter : « on a respecté les conditions de la direction à savoir laisser les non-grévistes travailler mais pour le moment elle refuse de nous rencontrer sous prétexte qu’elle ne veut pas négocier sous la pression et les menaces. Mais nous n’avons jamais menacé qui que ce soit. C’est la direction qui fuit les négociations ». Lundi dernier, les grévistes ont manifesté de Longoni jusqu’à Mamoudzou en organisant une opération escargot. A présent ils n’excluent pas l’éventualité d’une manifestation dans les rues du chef-lieu afin de faire bouger les lignes.
Ils torturent leur victime pour avoir le mot de passe du téléphone
Le 6 novembre dernier à 18h30, à Kavani, des délinquants ont pénétré dans un logement où ils ont forcé l’occupant à leur donner son téléphone portable. Face au refus de la victime de remettre le code permettant de déverrouiller le téléphone, ses agresseurs lui ont porté des coups de ciseaux et de scie à la cuisse puis dans le dos afin qu’elle cède. La victime a fini par se dégager de ses bourreaux avant d’appeler les secours. Mais ses agresseurs avaient déjà pris la fuite.
La grève au CHM entre dans son 4ème jour
Le mouvement social relancé le 2 novembre dernier au sein du CHM, se poursuit.
Un nouveau défilé va être conduit ce matin. L’intersyndicale du CHM annonçait hier que le mouvement de grève continue ce mardi 7 novembre. Hier encore, les grévistes de l’hôpital étaient une soixantaine à manifester dans les rues de Mamoudzou. Ils appellent la population à participer massivement à ce mouvement dès aujourd’hui. « Il ne s’agit pas uniquement du problème du personnel hospitalier, mais surtout de problème de santé à Mayotte », explique l’intersyndicale avant d’ajouter, « la santé va mal dans notre département. Les soignants sont malades. Et tout le monde reconnaît l’absence d’équité entre les soignants de Mayotte et les soignants de La Réunion ». Le personnel du CHM estime ne pas être écouté par Paris alors que de nombreux départs sont à prévoir dans les semaines à venir. Pour le moment, ces départs ne sont pas prévus d’être totalement remplacés faute d’attractivité suffisante pour attirer du nouveau personnel médical. Ainsi, l’intersyndicale réclame toujours depuis la visite de la ministre de la santé au mois d’octobre dernier, une prime mensuelle compensatoire liée à la surcharge de travail pour tous les agents non médicaux, la création d’une Agence de Santé à Mayotte, l’accès à la formation et la priorisation des résidents, la réhabilitation des sites périphériques en MCO (Médecine Chirurgie Gyn-Obstétrique), une indexation de salaire à 53% minimum pour l’ensemble des agents exerçant à Mayotte et la construction d’un Centre hospitalier universitaire (pour couvrir le désert médical de la région du canal de Mozambique). Lors de son séjour Agnès Buzin s’était contenté de dire qu’elle était venue pour faire l’état des lieux pas pour réaliser des annonces. Une déclaration qui a déçu le personnel hospitalier dont la situation n’est plus à diagnostiquer puisqu’elle est connue de tous, l’État le premier. Ainsi, les grévistes se réuniront de nouveau ce matin devant l’hôpital pour une nouvelle manifestation qui risque d’altérer la circulation. Ils semblent donc plus déterminés que jamais même s’ils sont peu nombreux à se mobiliser.
La maison de l’entreprise, un « outil » au service des entrepreneurs
Jeudi dernier, Mayotte a inauguré une nouvelle structure pour le développement de son économie, la maison de l’entreprise.
Située dans les anciens locaux de la Sim, place mariage à Mamoudzou, cette entité rassemble la CCI (Chambre de commerce et d’industrie), l’Adim (agence de développement et d’innovation, Business France (agence d’aide des petites et moyennes entreprises à mieux se projeter à l’international), le groupement des entreprises et Initiatives, la plateforme associative de financement et d’accompagnement de la création/reprise d’entreprises. La maison de l’entreprise va devenir ainsi le nouveau lieu de l’entrepreneuriat dans le 101ème département.
L’ensemble des acteurs économiques de l’île était rassemblé jeudi dernier devant la maison de l’entreprise. Ils voulaient ne manquer sous aucun prétexte l’inauguration de cette nouvelle institution que de nombreux porteurs de projets et autres attendaient. 4 salles dont une informatique et une équipée, en matériel de visioconférence sont désormais mis à la disposition de toute personne désireuse de créer ou développer son entreprise.
Avec un budget de 710 000 € consacré à la réhabilitation des locaux et l’achat de matériel, le projet a vu le jour en cette fin d’année 2017 après l’installation cette même année de la plateforme Initiatives France et de l’Adim. Les fonds européens de développement (Feder) ont financé ce programme à hauteur de 72% soit 516 000 €). Vient ensuite le Département avec 18% de participation soit 123 000 € et la CCI avec 10% soit 71 000 €.
Espace de formation, de corworking (bureaux partagés) ou encore d’accompagnement, la maison des entreprises est un « véritable outil pour les entrepreneurs qui veulent développer leurs projets », explique Alonzo Zoubair, directeur général de la CCI. « Il ne s’agissait pas seulement de réunir plusieurs opérateurs dans un même local », ajoute-t-il.
« Un bilan sera réalisé », assurent les partenaires de la Maison des entreprises afin de connaître l’efficacité de l’infrastructure à aider les porteurs de projets et entrepreneurs dans leurs démarches. En attendant, un logiciel intitulé « e-deal » a été mis en place au sein de la maison pour collecter « les indicateurs de performance » de l’institution dans son rôle d’accompagnateur.
Pour en savoir plus
Contactez le 02 69 61 04 26 ou connectez-vous sur www.mayotte.cci.fr.
Mayotte et La Réunion s’unissent pour former et développer
Vendredi dernier, dans les locaux tout neufs de la maison de l’entreprise à Mamoudzou, Mohamed Ali Hamid, président de la CCI de Mayotte et son homologue de la Réunion Ibrahim Patel ont signé deux conventions portant sur la formation et le développement économique. Le but pour la CCIM est de profiter de l’expertise de sa grande sœur réunionnaise qui existe de puis plus de 180 ans. Ces partenariats portent sur les domaines suivants:
– La création, du centre de formalités des entreprises, de l’appui aux entreprises, de l’innovation, et de l’international, du développement d’entreprises, des filières et de l’observatoire économique;
– La mise à disposition des formateurs, agents directs de la CCIR ou intervenants extérieurs du pôle formation de la CCIR, en vue de préparer et animer des modules de formations pour le compte de la CCIM ;
– Le déploiement d’actions de formation de la CCIR sur le territoire de Mayotte à la demande de la CCIM dans l’objectif de hausser le niveau de qualification et de compétences des Mahorais dans le domaine du management, de la comptabilité, etc. ;
– La mobilité des jeunes mahorais en stage et/ou en formation à La Réunion ;
– Une coopération dans la stratégie de développement international ;
– La collaboration entre les services de la CCIR et ceux de la CCIM dans le domaine de la gestion des fonds FEDER, FSE et Interreg ;
– L’assistance des services de la CCIR pour la mise en place de procédures internes à la CCIM ;
– L’accompagnement conjoint des porteurs de projets et ressortissants présents sur les deux territoires.
Financé par Interreg (programme européen visant à promouvoir la coopération entre les régions européennes et le développement de solutions communes dans les domaines du développement urbain, rural et côtier, du développement économique et de la gestion de l’environnement), le budget des conventions n’est pas encore fléché. « Un avenant aux conventions sera réalisé pour déterminer le coût des formations », explique Dayane Mohamed, directeur du pôle formation.
Un bilan annuel sera effectué pour évaluer l’efficacité de ces conventions et notamment savoir combien de personnes auront bénéficié des services que va apporter ce partenariat. À titre de comparaison, la CCI Réunion a formé 10 000 Réunionnais.
Pour en savoir plus:
Contactez Dayane Mohamed au 06 39 26 14 51 ou par mail à d.mohamed@mayotte.cci.fr.
Europe | XXIIème conférence des régions ultra-périphériques
À l’occasion de la XXII ème conférence des régions ultra-périphériques, en Guyane, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a co-rédigé avec Corina Creţu, commissaire à la politique régionale, un éditorial destiné à chacun des ces territoires, Mayotte compris. Nous vous le présentons ici.
L’Europe et les régions ultrapériphériques: une proximité de cœur
– Tribune du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker et de la Commissaire à la politique régionale, Corina Creţu
Nous avons toujours accordé une attention particulière aux neuf régions que l’on appelle « ultrapériphériques », qui sont avant tout des régions européennes, et qui projettent la présence de l’Europe à des points stratégiques du globe.
Vos spécificités et vos richesses, vous les connaissez, et l’Union européenne, qui s’attache depuis des années à combler la distance qui vous sépare du continent par une proximité de cœur, les connait aussi : une biodiversité unique, une position géographique propice aux échanges et à la coopération internationale et des opportunités infinies dans des domaines comme la croissance bleue ou les sciences de l’espace.
Aujourd’hui c’est nous qui traversons ces milliers de kilomètres pour venir en Guyane, avec le Président Macron, et nous ne venons pas les mains vides ; l’année dernière nous avions demandé aux représentants des neuf régions réunis à Bruxelles de nous dire ce qu’ils attendaient de l’Europe, de leur Europe, et comment ils imaginaient le partenariat qui nous lierait pour les années à venir.
En réponse à cela, la Commission a présenté cette semaine une stratégie pour les régions ultrapériphériques, qui est la base d’un partenariat privilégié, renouvelé et surtout renforcé.
Il est renforcé, car plus que jamais nous voulons être attentifs à ce qui rend chacune de vos régions unique. Vous partagez de nombreux défis communs – des jeunes qui manquent d’opportunités, des coûts de transport élevés, une dépendance vis-à-vis de quelques secteurs économiques – mais le vin des Açores n’est pas la banane des Antilles et Mayotte n’est pas Madère.
Ce partenariat, nous avons donc voulu qu’il valorise mieux vos singularités. Pour accompagner chacune de vos régions sur le chemin de la croissance, la Commission établira une plateforme de dialogue et, sur demande, des groupes de travail spéciaux, avec l’Etat membre concerné, sur des questions précises, comme utiliser au mieux les financements européens ou favoriser l’emploi.
A Mayotte, la stratégie soutiendra notamment une meilleure protection de la biodiversité, de meilleures liaisons de transport et une économie bleue solide, en encourageant le développement des énergies marines renouvelables, de l’aquaculture ainsi que de la pêche locale.
L’Europe fera aussi en sorte que vos régions aient un meilleur accès au programme européen de recherche Horizon 2020 ainsi qu’aux financements sous le Plan Juncker, pour des investissements stratégiques dans des infrastructures numériques, par exemple. Pour favoriser l’acquisition de compétences et la mobilité des jeunes, l’Europe leur donnera un coup de pouce financier pour qu’ils participent davantage au programme Erasmus et au Corps européen de solidarité.
Par ailleurs, l’UE s’attachera à mieux prendre en compte, en amont, l’impact des décisions qu’elle prend sur les régions ultrapériphériques, surtout lors de la négociation d’accords de commerce ou de pêche, afin de façonner des politiques reflétant davantage les réalités et intérêts de vos territoires.
Mais nous voulons le souligner : l’UE ne peut, à elle seule, garantir la prospérité de ces régions. Il s’agit d’une responsabilité partagée entre les régions elles-mêmes, l’Europe et les Etats membres. Ces derniers doivent faire preuve de volonté politique pour aider ces régions, qui sont aussi leurs régions, à exprimer leur plein potentiel.
Cette nouvelle stratégie pour les régions ultrapériphériques, nous en sommes fiers ; elle est un nouvel exemple concret d’une Europe qui protège, donne les moyens d’agir et offre à tous d’égales opportunités.
Crédit : © European Union 2015 – European Parliament
Naufrage d’un kwassa : 3 morts et 12 personnes secourues
Un kwassa a fait naufrage au large de l’îlot M’tsamboro (Mayotte) mercredi après-midi. Signalé par un pêcheur, l’incident a causé la mort de trois personnes dont les corps ont été repêchés. 12 autres personnes ont été secourues. Le passeur n’a pas encore été identifié. La gendarmerie maritime collecte depuis hier les témoignages des naufragés pour connaître les causes de ce drame et pour savoir si des personnes sont portées disparues ou pas.