Pour l’édition de décembre au marché de Coconi, les agriculteurs engagés en agriculture biologique seront réunis sous un pavillon commun. Qu’ils soient certifiés ou en cours de conversion à l’agriculture biologique, ils seront présents, ce samedi 3 décembre de 8h à 13h, pour vendre leurs productions. « Une initiative qui devrait ravir de nombreux consommateurs de fruits et légumes à la recherche de produits de qualité ! Si elle rencontre le succès escompté à Coconi, le pavillon devrait s’installer dans différents marchés de l’île », prévient l’Epfam (Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte). « Cette action s’inscrit dans le projet de structuration d’une filière agriculture biologique à Mayotte, porté par l’EPFAM, l’Ucoopam et l’EPN de Coconi, avec le soutien de la préfecture de Mayotte et du Feader », ajoute l’établissement public. www.epfam.fr/projet/structurer-agriculture-biologique
Les P’tits Loups de Cavani se mettent au street-art
L’école et le centre de loisirs Les P’tits Loups (Cavani-Mamoudzou) ont érigé « Mayotte » comme thème de l’année. Ainsi, le nom des classes, ainsi que la plupart des activités déployées au sein de notre structure sont en lien avec l’île (activités manuelles en rapport avec les tortues, les ylang, bananier etc…). Les contes traditionnels mahorais, les instruments de musique locaux ainsi que les mangroves (visite de la mangrove de Passamaïnty) ont déjà pu être étudiées par les élèves. Fréquentant le centre de loisirs, ces derniers ont pu faire appel à leur imaginaire et leur créativité via le street-art. Après avoir échangé avec l’artiste locale Luz Leon, ils ont établi le projet de réaliser une fresque murale géante sur les murs de la cour de récréation sur le thème « Mayotte Sauvage: flore et faune locale ». L’idée est de permettre aux enfants à travers la peinture murale de représenter Mayotte et sa nature dans toutes ses richesses : makis, roussettes, feuilles de bananiers, baleine, tortues, hippocampe. Mais également d’améliorer l’espace de vie récréatif des enfants en y apportant une multitude de formes et couleurs. La Direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte a décidé de soutenir ce projet qui a pu rapidement démarrer et a contribué à ouvrir l’horizon culturel des enfants qui fréquentent notre centre de loisirs. A travers plusieurs ateliers de street-art en compagnie de l’artiste Luz Leon, les enfants ont pu donner vie à cette fresque murale qui devrait-être complètement achevée à la mi-décembre 2022.
Annoncé en 2019, le groupe de travail sur le retour aux Comores de mineurs isolés n’a jamais vu le jour
A une question posée par Mansour Kamardine, en septembre, sur le retour aux Comores des mineurs non accompagnés abandonnés à Mayotte, le gouvernement vient de répondre. En effet, le député mahorais a souhaité avoir des réponses sur « la création d’un groupe de travail conjoint sur la question des mineurs non accompagnés présents à Mayotte, afin de favoriser la réunification de leurs familles ». Actée en juillet 2019, la création de ce groupe ne comporte aucun représentant mahorais et le parlementaire de Sada voulait connaître « les conclusions de ce groupe de travail, les décisions qui en sont issues et l’état de la mise en œuvre de ces dernières ». Le gouvernement français explique cependant que malgré les échanges avec les Comores, ce groupe n’est toujours pas constitué. « La question des mineurs comoriens non accompagnés à Mayotte est particulièrement délicate, notamment car elle achoppe sur une définition mutuellement partagée du phénomène. Dans ce contexte, nous poursuivons l’objectif défini dans l’accord cadre pour un partenariat renouvelé franco-comorien du 22 juillet 2019, et travaillons à la réunion d’un groupe de travail. Dans l’intervalle, et à titre transitoire, une approche au cas par cas est susceptible de donner des résultats. Grâce au travail d’acteurs associatifs de terrain, certaines situations individuelles ont été identifiées. Des réunifications familiales, puisque des parents comoriens résidant aux Comores sont désireux de retrouver leurs enfants, semblent possibles, dans un cadre juridique sécurisé sur lequel nous travaillons », assure le gouvernement.
Gérald Darmanin passera le Nouvel an à Mayotte
Lors de son déplacement à Mayotte à la fin du mois août 2022, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, s’était engagé à revenir sur l’île d’ici « le mois de novembre ». Il reviendra finalement un mois plus tard, puisqu’il est attendu « fin décembre ». Après un passage par La Réunion, il sera sur l’île aux parfums pour « faire un point d’étape sur les engagements pris alors (pérennisation d’un quatrième escadron de gendarmerie mobile de 72 gendarmes en appui des effectifs territoriaux, renforcement des actions conduites dans le cadre du plan Shikandra lancé en 2019, financement de la vidéoprotection et d’équipements des polices municipales au profit des communes, livraison de deux intercepteurs supplémentaires au premier trimestre 2023, création entre 2023 et 2027 de quatre nouvelles brigades de gendarmerie, etc.) », indique le ministère. Sa venue coïncide également à l’intermède entre les débats de l’Assemblée nationale et du Sénat sur son projet de loi sur l’immigration. Plusieurs mesures pourraient d’ailleurs concerner Mayotte. « Le ministre se rendra ainsi à Mayotte fin décembre et passera à cette occasion le Nouvel an aux côtés des Mahorais et des policiers et gendarmes mobilisés pour assurer la sécurité de la population », ajoute son ministère.
Un nouveau chef de brigade à la gendarmerie de Pamandzi
Ce mercredi matin, le capitaine Rodolphe Meulenyzer a pris le commandement de la brigade de gendarmerie de Pamandzi. Il a été intronisé dans ses nouvelles fonctions par le chef d’escadron Laurent Seurin, commandant de la compagnie départementale, et en présence du colonel Olivier Casties, le numéro 2 de la gendarmerie de Mayotte. Le nouveau chef prend la tête d’une équipe de 38 personnes.
Deux accidents de la route près de Combani, ce mercredi matin
Ce mercredi 30 novembre, à 8h30, un scooter a été percuté par une voiture à proximité de la Maison France Service à Combani. La conductrice, qui souffrait de douleurs à une jambe, a été conduite au dispensaire mais ses blessures seraient légères. Peu de temps après, un scooter seul aurait chuté près de la mosquée de vendredi à Combani. Les deux passagers, dont un enfant de 11 ans, ont été transportés au CHM pour des radios de contrôle. Leurs blessures seraient également légères. Ces deux accidents ont provoqué d’importants bouchons dans le village.
Les prix des produits pétroliers augmentent ce jeudi 1er décembre

« Comme le prévoit la réglementation, le préfet fixe mensuellement les prix maximums des produits pétroliers suivants : Supercarburant sans plomb, Gazole routier et maritime, Mélange détaxé, Pétrole lampant, Gaz de pétrole liquéfié », rappelle la préfecture de Mayotte. L’État, depuis le 15 novembre et jusqu’au 31 décembre, applique une remise forfaitaire de 8.33 centimes par litre. Toutefois, les prix sont révisés tous les quinze jours en fonction des cours. C’est pour cette raison, que la préfecture annonce des nouveaux tarifs. Le supercarburant sera donc à 1,81 euros par litre (contre 1.78 précédemment), le gazole à 1.61 €/l (1.68), le mélange détaxé à 1.29 €/l (1.33) et le gazole maritime à 1.23 €/l (1.38). Si le prix du gazole semble diminuer, toutefois, ce mois décembre marque « la fin de la remise de 7,4 centimes/l de la taxe spéciale de consommation sur le prix de l’essence et du gazole routier par le Conseil départemental de Mayotte », indiquent les services de l’État.
Par ailleurs, le prix de la bouteille de gaz de 12 kg augmente de 50 centimes d’euros par litre et passe à 25,50 euros.
Pour le second centre hospitalier à Combani, « on sera à vos côtés »
Le deuxième jour de François Braun, le ministre de la Santé et de la Prévention, à Mayotte a comporté trois séquences. La deuxième était à Combani, ce mercredi, à 9h. Elle concernait les projets médicaux sur le territoire, dont celui du second hôpital qui sera implanté dans le village du centre.
Pas de grandes annonces, le ministre de la Santé et de la Prévention ne fait pas le tour de l’océan Indien pour y révolutionner les pratiques de médecine. François Braun, qui visitait Mayotte ces mardi et mercredi, était davantage intéressé pour prendre le pouls du territoire et y suivre les projets. L’un des plus importants d’entre eux, le second hôpital de Combani, lui était d’ailleurs présenté dans le village même, ce mercredi matin. Olivier Brahic, le directeur de l’Agence régionale de santé, Jean-Mathieu Defour, le directeur du centre hospitalier de Mayotte (CHM), et le médecin Pierre Menard, conseiller médical à la direction du CHM, ont dévoilé les coulisses du projet dont les tvaux commenceront en 2025. « On a réfléchi en parcours de soin », évoque ainsi ce dernier. « Il faut accompagner le patient de la ville vers l’hôpital, et réciproquement. Parmi les points-clés, il faut maintenir un établissement hospitalier public unique. C’est une force du CHM pour le territoire et il faut qu’il reste en l’état. Développer une offre hospitalière complète et ainsi permettre aux Mahorais de se soigner à Mayotte. Répondre à la forte prise en charge mère et enfant, mais aussi prendre en considération l’explosion des besoins de prise en charge de l’hypertension, du diabète, des maladies chroniques et dégénératives. »
« Le second #hopital se fera à #Combani. Il n’y a aucun doute là-dessus », maintient #FrancoisBraun, le #ministredelasanteetdelaprevention #Tsingoni #Mayotte #Sante pic.twitter.com/3SGanLLxR4
— Mayotte Hebdo (@MayotteHebdo) November 30, 2022
Le médecin émet quelques idées dans l’ère du temps, comme le renforcement de l’attractivité des soignants, mais aussi celui de la formation. « Ce projet est envisageable qu’en respectant des prérequis. J’en citerai deux, l’aménagement du territoire et une politique de ressources humaines volontariste. Il faudrait au moins cent étudiants-infirmiers par promotion, le développement de formations soignantes spécialisées. Peut-être une première année de médecine sur le territoire et pourquoi pas l’universitarisation de certains services », propose-t-il.
La question du foncier à régler
« Le second hôpital se fera à Combani, il n’y a aucun doute là-dessus. On sera à vos côtés », a prévenu le ministre, coupant court aux rumeurs de communes ayant plus de terrains disponibles ou moins congestionnées. Ces dernières étaient nourries par les difficultés d’acquérir du foncier sur Combani. « La préfecture coordonne les réflexions autour de ce foncier, autour de tout ce qui va y avoir autour de l’hôpital, des soignants, des problématiques de circulation routière, à voir avec la mairie ou le conseil départemental. Je crois qu’il y a une mobilisation de tous autour du même projet. C’est ça que je trouve extrêmement intéressant », indique François Braun. La mairie de Tsingoni, engagée dans cette même réflexion, a d’ailleurs voulu rassurer les représentants de l’État en rappelant que des logements sont actuellement en construction et qu’un contournement de Combani est prévu avec le l’aide du Département.
En tout cas, la commune de Tsingoni ne doit pas ménager ses efforts si elle veut un jour voir ce second hôpital tracer sa route jusqu’à Combani.
Deux questions à… François Braun

Flash Infos : Vous avez annoncé au CHM que vous étiez « à leurs côtés », comment vous l’êtes justement ?
François Braun : Je crois qu’il y a un message qui est fort, qui est porté par les équipes médicales et paramédicales de Mayotte, c’est de donner envie aux gens de venir à Mayotte. C’est sur la base de beaux projets comme celui du CHM, sur la base aussi de ressources, de rémunérations en tout cas équivalentes au reste de la métropole ou comparables à celles de La Réunion. On doit aussi favoriser les formations des jeunes sur Mayotte, en augmentant les places en école d’infirmières, avec l’aide du Département. Je crois qu’on a le terreau ici qui est vraiment bien pour mener à bien tous ces projets. Enfin, tout ne va pas se faire en deux minutes, vous comprenez bien. La construction de l’hôpital, par exemple, commencera à l’horizon 2025.
F.I. : En termes de temps, au vu de la démographie de l’île, est-ce que ce sera assez pour demain ?
F.B. : Si vous êtes Nostradamus, je prends des projections. Je crois qu’il y a une étude, en tout cas sérieuse qui est faite aussi. Je voyais ce matin avec le représentant de Santé publique France. Il y a une étude faite sur les projections, sur les besoins. C’est un secret pour personne, la santé de la femme, la périnatalité, les enfants sont des sujets très importants sur l’île. Ce qui est en opposition avec la métropole où l’on travaille plutôt sur les personnes âgées, les Ehpad. Mais c’est aussi pour ça que je viens voir la situation sur le terrain. Selon les territoires, il y a des différences.
Lancement de la vaste opération de vaccination dans les écoles

De passage à Mayotte pour 48 heures, le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, a officialisé mercredi matin, à Labattoir, une campagne de vaccination de plusieurs mois dans les écoles primaires et les collèges. La diphtérie et le tétanos auraient refait surface dans l’île aux parfums.
Visite au pas de course pour François Braun, le ministre de la Santé et de la Prévention, qui a démarré le deuxième jour de sa visite à Mayotte par un déplacement très matinal dans un groupement scolaire de Dzaoudzi-Labattoir. Accompagné du préfet de Mayotte, du recteur de l’académie de Mayotte et du maire de Dzaoudzi, Saïd Omar Oili, il a assisté au lancement (par l’ARS Mayotte) d’une campagne de rattrapage (DTPC) au sein de l’école primaire Mohamed Houmadi Kichou. Cette séquence marque le point de départ d’une très grande opération de vaccination qui va s’échelonner tout au long de l’année scolaire sous la direction du docteur Maxime Jean. Celui-ci explique que le taux de couverture vaccinal (DTPC) est très mauvais sur l’île où des cas de diphtérie, de tétanos et d’autres maladies du même type ont été constatés au cours des derniers mois, « d’où l’urgence de restaurer rapidement un taux vaccinal satisfaisant pour le territoire et ses habitants ».
Une campagne qui mobilise beaucoup de personnes, y compris des réservistes de Santé Publique France, avec une vaccination proposée à tous les enfants scolarisés en primaire et au collège depuis l’âge de 6 ans, sous réserve d’un accord parental. Pour l’ARS Mayotte, il était indispensable de s’assurer que le protocole rédigé en vue de cette campagne vaccinale est réalisable et l’opération d’hier matin avait juste pour but d’éprouver le protocole en question. Désormais, elle peut se généraliser sur le reste du territoire.
Autre personnel mobilisé en vue de cette campagne vaccinale, les 46 agents de médiation de l’association « Mlézi Maoré ». Ils interviennent sur le terrain, dans les quartiers, deux semaines avant une opération pour avoir une emprise qui leur permet de faciliter le travail aux médecins et infirmiers. Très mobiles, ces équipes se chargent d’apporter l’information nécessaire à la population, de vérifier en amont toutes les données et documents relatifs aux individus à vacciner. Elles travaillent régulièrement avec l’ARS Mayotte sur différentes opérations thématiques en fonction des besoins exprimés.
Le rectorat poursuit sa volonté de faire de l’éducation aux médias

A l’occasion du lancement du sixième numéro du Chab, magazine alimenté par les élèves mahorais, le rectorat de Mayotte a signé une nouvelle convention de partenariat avec la Somapresse (éditrice de Flash Infos et Mayotte hebdo), à son initiative. L’objectif : assurer le lancement des prochains numéros pour permettre aux élèves qui le souhaitent de prendre la parole et de traiter des sujets qui leur tiennent à cœur.
« On ne nous donne pas souvent la parole. Personnellement, participer à l’écriture du Chab m’a permis de m’émanciper, j’ai toujours eu peur de m’exprimer parce que j’étais jugé avant même de parler. A Mayotte, on parle souvent de la jeunesse sans nous demander ce que l’on ressent, comment on voit les choses. Puisqu’on m’a donné la parole, je l’ai prise. » C’est en ces termes qu’un des élèves du lycée de Dembéni a retranscrit sa participation au sixième numéro du Chab. Dans ce magazine, il revient sur son expérience au sein de la webradio 101, lancé le 17 octobre au sein de son établissement. Le magazine, alimenté uniquement par des élèves, rapporte en effet les initiatives des établissements mahorais et traite de sujets qui leur tiennent à cœur. Véronique Hummel, professeur au sein du lycée du Nord, a notamment accompagné une de ses élèves qui souhaitait proposer des recettes françaises et mahoraises et aborder les différences de ces deux cuisines. « C’est une élève très timide mais c’est la seule qui voulait travailler sur ce projet. Cela permet d’inciter d’autres à participer », estime la professeure.
« Créer des journaux scolaires, des webradios, des webtv »
Ce mercredi 30 novembre, était donc l’occasion de présenter le nouveau numéro du magazine, avec ses contributeurs. Un rendez-vous au sein du collège de Chiconi qui a également permis au rectorat et à la Somapresse (la société qui édite Flash Infos et Mayotte Hebdo) de signer une nouvelle convention de partenariat, permettant d’assurer le lancement des futurs numéros. « Depuis le mois de janvier 2022, nous sommes dans une démarche de généralisation d’éducation aux médias et à l’information. L’objectif principal est de créer des journaux scolaires, des webradios ou des webtv », souligne Éric Micaelli, coordinateur du centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi), qui forme notamment des enseignants sur ces thématiques.
Et si le rectorat veut faire de l’éducation aux médias « une priorité », c’est parce que « l’information n’est plus descendante comme elle l’était avant », estime Gilles Halbout, le recteur, qui souligne la prolifération de fausses informations et leurs conséquences, notamment sur les résultats électoraux ou dans un contexte de pandémie. Pour lui, l’enjeu est de faire des élèves mahorais des « citoyens éclairés ». Et « une bonne manière d’être éduqué aux médias est de participer », souligne-t-il.
« Plus de 50 % de Mahorais ont moins de 18 ans »
Créé il y a quinze ans par la Somapresse avant d’être arrêté quelques années plus tard, le Chab a pu être relancé en janvier 2019 grâce au soutien du rectorat. « A sa création, nous sommes partis d’un constat simple », souligne Laurent Canavate, directeur de la Somapresse. « Il y a plus de 50 % de Mahorais de moins de 18 ans et nous les voyons très peu, nous ne savons pas ce qu’ils pensent et comment ils voient Mayotte. C’est pour leur donner la parole que nous avons lancé ce support. »
Distribué dans les CDI, les collèges et les lycées, le Chab s’accompagne depuis peu d’un site web. Et le rectorat entend aller encore plus loin. « J’attends beaucoup de ce que vous allez nous dire et nous apporter », a lancé son chef aux élèves présents pour le lancement du nouveau magazine. Car « si le territoire est en retard sur de nombreux sujets », il estime qu’il peut être en avance grâce à sa proportion de jeunes « ayant des envies et des idées ». « Nous pouvons financer certains de vos projets, nous vous aiderons à aller au bout. On attend que vous nous suggériez des choses. »
Lutte contre le VIH : « certains n’ont jamais fait de tests médicaux »

Le 1er décembre est traditionnellement la journée mondiale de lutte contre le Sida (dernier stade du VIH, le virus de l’immunodéficience humaine). A Mayotte, les cas sont davantage connus grâce au dépistage, « mais il y a encore des améliorations à faire ».
La circulation du VIH est-elle de plus en plus importante sur l’île ?
« On a 400 patients en file active. Depuis 2019, l’année où je suis arrivé, j’ai vu une augmentation. Cette année par exemple, on a 80 nouveaux dépistés. Une vingtaine l’étaient déjà avant d’arriver à Mayotte », comptabilise le docteur Mohamadou Niang, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au centre hospitalier de Mayotte (CHM). Celui-ci y voit « trop de comportements à risques et un manque d’éducation sexuelle. La notion de tourisme sexuel est également importante ». Et même si l’augmentation des cas est liée à un meilleur dépistage, « il y a encore des améliorations à faire », nuance Marie-Eve Tremblay. Infirmière du service de consultations externes du VIH, elle veille avec Pauline Focant au suivi des patients porteurs du VIH.
Les communautés sont-elles différemment touchées ?
Les deux infirmières évaluent à 30% de Malgaches environ la part de patients sur Mayotte. Le virus étant particulièrement actif en Afrique, les populations comoriennes ou d’Afrique de l’Est sont également touchées. « 70% des patients ont besoin d’une régularisation. Il y a un gros travail social, c’est une partie prenante de la prise en charge », concède Pauline Focant. Les travailleuses du sexe est un public particulièrement surveillé. Le chef du service et les infirmières déplorent que les malades ne se font connaître au dernier stade de l’infection au VIH, celui du Sida.
Quels sont les freins au dépistage ?
C’est un problème sur l’île, la prévention y est plus difficile à effectuer qu’en métropole, même si des associations comme Narike M’sada œuvrent localement pour ça. « On a beaucoup de dépistage en cas de grossesse », relève Marie-Eve Tremblay. En effet, les femmes enceintes étant obligées de faire des contrôles, c’est ce public qui est plus facilement suivi. Car, a contrario, les hommes n’ont pas assez le réflexe du dépistage et peuvent très bien avoir le VIH sans le savoir. « Certains n’ont jamais fait de tests médicaux », fulmine le médecin, alors qu’il préconise un dépistage « tous les trois ans ». Autre frein, à Mayotte, les tests sont généralement plus chers qu’en métropole. Et « quand vous rentrez dans une pharmacie, il faut le demander aux pharmaciens. En métropole, on peut acheter un test directement dans les rayons », ajoute l’infectiologue.
Est-ce qu’on peut se soigner à Mayotte ?
C’est la particularité du VIH, les patients peuvent tout à fait vivre normalement avec le virus. Un traitement sous forme de trithérapie avec un comprimé par jour est souvent administré. En cas de détérioration de l’état d’un patient, il peut bénéficier « d’une prise en charge pluridisciplinaire » rapidement sur place. Ce mardi, par exemple, trois personnes étaient hospitalisées au CHM. « On est entre 85% et 90% des personnes porteuses du virus, mais qui ne le transmettent plus. L’Organisation mondiale de la santé a fixé un objectif de 95% en 2030 », font valoir le médecin et les deux infirmières.
« Mayotte la frileuse, c’est du passé ! »

La première journée du cinquième forum économique de Mayotte s’est tenue, ce mercredi 30 novembre, au cinéma Alpajoe à Mamoudzou, avec comme trame générale l’idée de propulser Mayotte au rang de « hub économique régional ». Représentants étatiques, institutionnels et chefs d’entreprises de la région ont pu échanger sur les stratégies à mettre en place pour faire de notre département – petit morceau d’Europe dans le canal du Mozambique – un carrefour économique à l’interface de l’Afrique de l’Est et de l’océan Indien.
« Mayotte la frileuse, c’est du passé ! Nous devons faire de ce territoire une locomotive du développement dans la région ! », s’exclame Mohamed Ali Hamid, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Mayotte. « C’est par l’économie que nous résoudrons nos problèmes, et que nous réussirons notre intégration. » Le ton est donné ! Ce mercredi, dans la salle du cinéma Alpajoe, Mayotte n’est pas examinée sous le prisme habituel du « département français » mais comme le futur fer de lance de l’économie régionale.
Premier constat partagé par l’ensemble des intervenants : le potentiel mahorais est indéniable. La situation géographique est idéale – un pied en Afrique de l’Est, l’autre dans l’océan Indien – et le statut d’unique région ultrapériphérique (RUP) de l’Union européenne dans le canal du Mozambique donne à Mayotte un poids politique certain. « Mayotte est un hub naturel, qu’il faut désormais structurer », lance Zamimou Ahamadi, qui intervient en sa qualité de présidente de l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim).
Et l’exemple donné par la délégation des Canaries, représentée sur l’estrade par l’économiste et ancien membre du gouvernement, Luis Padilla Macabeo, fait rêver : 1.000 vols hebdomadaires y drainent, entre autres, quinze millions de touristes par an – et les retombées économiques qui vont avec ! Ensemble de territoires insulaires dispersés à quelques dizaines de kilomètres des côtes africaines (de l’ouest en l’occurrence) et bénéficiant d’un climat tropical et ensoleillé toute l’année, les Canaries sont se constituées en hub dans leur région respective en tablant sur deux axes : le tourisme et une fiscalité avantageuse, explique l’Espagnol. De quoi donner des pistes de réflexion à l’ensemble des acteurs mahorais présents dans l’assemblée.
Des freins à lever
Toutefois, pour faire pleinement valoir son rôle de hub, Mayotte doit lever un certain nombre de verrous, qui limitent aujourd’hui la coopération économique régionale. La libre circulation des personnes – et donc des compétences – a ainsi cristallisé les échanges. « C’est quand même dommage que Mayotte ne puisse profiter pleinement de la main d’œuvre qualifiée disponible dans la région, et notamment à Madagascar ! », plaide Augustin Andriamananoro, directeur en charge des projets présidentiels, qui regrette la difficulté d’obtention de visas pour ses concitoyens malgaches. Dans le public, Théophane « Guito » Narayanin, le patron d’IBS, abonde : « Nous Français, entrons à Madagascar ou aux Comores comme dans un moulin ! Combien de mes collaborateurs malgaches ou comoriens ont été bloqués et n’ont pu venir à Mayotte ? ».
« La question des déplacements est critique pour l’attractivité du territoire », admet Bibi Chanfi, vice-présidente du conseil départemental. Pour devenir hub économique, l’île doit donc se placer comme un carrefour maritime et aérien incontournable dans la région. Dans l’assemblée, plusieurs chefs d’entreprise font état de leur souhait qu’une ligne directe Dzaoudzi – Tananarive voit le jour. De son côté, Mohamed Ali Hamid certifie que « l’agenda de la compagnie maritime régionale s’accélère ! ».
La problématique des transports, et de leur importance dans le décollage d’un hub, sera abordée plus en détails ce jeudi, en ouverture de la deuxième journée de ce forum économique, à partir de 9h (voir le programme ci-contre). Pour rappel, tous les échanges peuvent être suivis en direct sur la page Facebook de l’Adim (facebook.com/AdimMayotte).
De la viande malgache dans nos assiettes « d’ici 2024 »
Siti Frahati Said Hachim, cheffe de service agriculture, pêche et programmation au conseil départemental l’a affirmé : le Département travaille au retour de l’agrément permettant d’importer la viande bovine malgache. « D’ici fin 2023, début 2024, on retrouvera la viande malgache dans nos assiettes ! » En effet, les normes européennes, auxquelles Mayotte doit se plier étant donné son statut de RUP, limitent certaines importations. Le laboratoire d’analyses départemental « multilab » de Dembéni, dont la mise en service est prévue à l’horizon 2025 se positionne donc comme une infrastructure clé pour faciliter les échanges à l’échelle régionale ; les entreprises de l’océan Indien pourront y faire appel pour mettre leurs produits en conformité avec les normes européennes.
Le programme de ce jeudi au forum économique
9h – 10h55, au cinéma Alpajoe : Le Hub de Mayotte en pratique : port et aéroport, au cœur de l’ambition de Mayotte hub régional (Quelle politique de transport aérien pour favoriser le développement de Mayotte dans la région ? Le transport maritime, enjeu de désenclavement du territoire et de coopération régionale)
11h30 – 12h55 : Les autres ingrédients de la formation d’un hub (l’emploi et la formation : enjeux majeurs pour relever les défis du développement de Mayotte, Mayotte vers une indépendance énergétique)
14h00 – 15h00 : Développement des filières économiques avec une perspective d’industrialisation
15h15 – 16h15 : L’innovation, accélérateur de l’attractivité et du développement économique (les infrastructures : plateformes de l’innovation dans la région (Data center, PER, technopole), l’innovation dans la région et la valorisation de la biodiversité mahoraise)
17h – 18h30 : Discours de clôture
Coupures d’eau : le centre et le sud de Mayotte également concernés
Alors que le nord de Mayotte s’est habitué ces dernières semaines aux tours d’eau, le reste de l’île était plutôt épargnée. Ce n’est plus le cas, ce mardi soir, puisque les communes de Sada, Ouangani, Chiconi, Dembéni, Bandrélé, Kani-Kéli, Chirongui et Bouéni connaissent une interruption de l’alimentation en eau, depuis 18h. La société Mahoraise des eaux (SMAE) confirme que « que les niveaux des réservoirs de tête dans le centre et le sud sont trop bas pour assurer une distribution normale. Ceci nous oblige à faire une coupure, aujourd’hui à partir de 18h, pour permettre le remplissage de ces réservoirs ».
Caribus : la déviation de Passamaïnty provoque d’importants bouchons
Mise en place avec un peu de retard, ce mardi 29 novembre, la déviation de Passamaïnty a entraîné de grandes difficultés de circulation toute la journée. Celle-ci, qui doit durer deux mois, est pourtant nécessaire puisqu’elle permet à la Cadéma (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou) de couper la route entre le rond-point du cimetière de Passamaïnty et celui à l’entrée du bourg. Ce tronçon doit, en effet, comporter « des trottoirs plus larges pour les piétons et une piste cyclable ». A quelques mètres, le projet de pôle d’échange multimodal servira à la future ligne de bus ralliant Passamaïnty au rond-pont Baobab, qui est prévue fin 2023.
Le Raid est intervenu ces derniers jours à Vahibé
Actuellement sur Mayotte, une équipe du Raid est en soutien des policiers de Mamoudzou, depuis le mardi 22 novembre. Alors que la situation s’est apaisée dans les villages de Doujani et Kawéni, la dizaine d’hommes (relevée par une autre équipe ce mardi, voir photo) de cette unité d’élite de la police procède à des opérations dans la plus grande commune de Mayotte. Ils sont notamment intervenus à Vahibé, ces derniers jours. « Ils sont allés récupérer des individus identifiés », confirme la police. Ces derniers sont suspectés d’être des coupeurs de routes liés à des barrages et au racket d’automobilistes, le 28 octobre dernier. Deux ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi. Cependant, une nouvelle opération de ce genre, ce lundi, a fait « chou blanc ». Les emplacements ciblés n’ont, cette fois-ci, rien donné et « 150 jeunes armés de barres de fer » ont caillassé les policiers locaux et l’équipe du Raid.
Bus attaqué à Majicavo : deux auteurs présumés interpellés
Le mercredi 16 novembre, vers 13h30, un bus a violemment été attaqué au niveau de la prison de Majicavo-Koropa. Montés à bord du véhicule, des jeunes du village ont porté des coups de machette et de couteau à des adolescents de Kawéni qui rentraient chez eux. Quatre élèves avaient été blessés et un cinquième en état de choc avait été pris en charge par les pompiers. Le chauffeur de bus avait eu les mains tailladées par des éclats de bouteille. Selon la gendarmerie, « l’enquête menée par les gendarmes de la brigade de Koungou a conduit à l’interpellation par l’antenne GIGN (groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) de Mayotte, appuyée par le Psig (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie) de Koungou, des deux principaux instigateurs et auteurs des faits ». Les deux ont été appréhendés le week-end dernier. Une information judiciaire étant ouverte, d’autres interpellations pourraient avoir lieu prochainement.
Aménagement du cimetière musulman de Majicavo-Koropa
La commune de Koungou a entamé des travaux de quatre mois au cimetière de Majicavo-Koropa. Ils sont nécessaires pour sécuriser le périmètre, améliorer son accès, mais aussi pour augmenter la capacité du cimetière, compte tenu des contraintes de foncier du village. Sont donc prévus, la création d’une plateforme sur l’emplacement du cimetière existant, la réalisation d’allée piétonne, l’installation de mobilier urbain, la réalisation d’un local technique et de son raccordement, mais aussi toute la signalisation, l’aménagement paysager et la mise en place d’un réseau d’éclairage solaire autonome. Lieu de mémoire et de recueillement où la symbolique est forte, le cimetière est un espace singulier. Ainsi, outre la nécessité de sécuriser le lieu, l’objectif est de proposer un espace de recueillement aménagé pour les habitants de la commune. L’accessibilité sera facilitée avec la création d’une liaison piétonne depuis la sortie de la RN1. Le lieu sera sécurisé avec la mise en œuvre d’une entrée unique, la réalisation d’un mur de soutènement et d’un mur de clôture en béton.
Quant à l’aménagement, il sera en cohérence avec les orientations du PLU de la commune, pensé pour une bonne gestion des eaux pluviales et une minimisation des risques d’inondations. Les aires destinées aux futures sépultures seront engazonnées. Les plantations d’essences locales et d’entretien facile pourront utilement offrir un embellissement des lieux. La concrétisation de ce projet se fera en plusieurs phases. La première phase a débuté et la durée des travaux est estimée à quatre mois. Elle comprend la création d’un mur de protection du cimetière, la sécurisation des fondations du murs de protection avec de l’enrochement et la réalisation d’un remblai en terre et la pose de garde-corps. Le montant du projet global est 1.949.397 euros. Un diagnostic des autres cimetières sera réalisé dans les prochains mois afin de les sécuriser et de les aménager à leur tour, et ce, selon un plan pluriannuel.
François Braun : « il faut donner les moyens aux professionnels de travailler »
Le ministre de la Santé et de la Prévention a visité le centre hospitalier de Mayotte, ce mardi 29 novembre. L’occasion de confirmer la création d’un second hôpital sur l’île et sa volonté d’attirer plus de professionnels de santé. Ce mercredi matin, il enchaîne les visites à Dzaoudzi, Combani et Hamjago.
Une deuxième journée de visites ce mercredi 30 novembre
Après s’être rendu à La Réunion, le ministre des Solidarités et de la Santé est arrivé à Mayotte pour deux journées sur le territoire. Ce mercredi 30 novembre, il se rendra au sein de l’école élémentaire Mohamed Houmadi Kichou, à Dzaoudzi, pour suivre la campagne de rattrapage vaccinal. Il assistera ensuite à la présentation des projets d’investissements du CHM à Combani, puis inaugurera un nouveau centre de santé ophtalmologique situé à Hamjago.
Le Conservatoire du littoral entame « un plan de reconquête du littoral »
Ce mardi 29 novembre, dans les locaux la communauté de communes de Petite-terre, l’antenne de Mayotte du Conservatoire du littoral a réuni gestionnaires, institutions et associations pour dresser le bilan 2022 de la gestion des sites littoraux de la Petite-terre. Après une matinée de présentation des résultats et projets à venir, une visite de terrain s’est déroulée sur le site de la Vasière des Badamiers, dans l’après-midi. Bacar Mdallah, chargé d’aménagement et de gestion de l’antenne de Mayotte, nous éclaire sur le rôle du Conservatoire du littoral, et sur les défis auxquels fait face le littoral de l’île.
Flash Infos : Comment se traduit le travail du Conservatoire du littoral à Mayotte ?
Bacar Mdallah : Ici à Mayotte, on a des réseaux de sites. C’est-à-dire plusieurs sites en un. Par exemple, sous la dénomination « cratères de Petite-terre », on regroupe le lac Dziani, les plages de Moya 1 et 2 et le versant littoral de la crête de la Vigie. En tout, cela représente une vingtaine de sites, pour un total de 2.700 hectares. Parmi ces sites, on trouve les îlots, une majorité des mangroves de l’île et des étendues de terres. Le Conservatoire a également la compétence pour intervenir sur les lacs, à l’image du lac Karihani. L’objectif du Conservatoire est avant tout la préservation de l’espace naturel littoral, et d’en permettre l’accès à la population lorsque cela est possible. Notre devise, c’est : « le littoral pour tous, et pour toujours ! ». Pour cela, on confie nos sites à des gestionnaires – en l’occurrence le conseil départemental et les communautés de communes – qui sont garants de leur entretien et de leur valorisation.

F.I. : Vous dressez aujourd’hui le bilan des actions menées cette année en Petite-terre. Quelles sont vos principales satisfactions ?
B.M. : La principale satisfaction qui se dégage de cette réunion, c’est l’engagement des structures, collectivités et associations en faveur de la préservation des sites. Leur présence est importante car ces sites ont un fort potentiel pour le développement touristique de l’île.
La deuxième grande satisfaction concerne les actions de sensibilisation effectuées auprès de la population par nos gestionnaires. Ces sites ont une grande valeur – écologique comme paysagère – et il est important de bien faire connaître les règlementations qui leur sont propres. On essaye également de travailler avec les gestionnaires pour développer des actions de restauration. On retient par exemple la réfection du parking d’accès au Dziani, et de la piste de Moya par la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT), accompagnée de la remise en état des canalisations d’eau qui alimentent la maison des gardes (N.D.L.R. du conseil départemental, en charge de la surveillance des tortues). Toutes ces actions permettent un meilleur accès aux sites par le public.
F.I. : Quels sont les grands défis auxquels fait face le littoral mahorais ?
B.M. : Le principal défi, c’est l’activité de l’homme en général… à commencer par le développement urbain. Notre but, c’est de faire ce qu’on appelle de la coupure d’urbanisme, c’est à dire garder des espaces naturels pour éviter qu’ils ne soient construits. Nous devons faire face à l’occupation illégale de nos terrains. En 2021, un agent a été spécifiquement embauché pour recenser ces occupations, dans le cadre d’un « plan de reconquête du littoral ». Au total, 115 occupations ou groupes d’occupations ont été dénombrées. Beaucoup sont de nature agricole. L’agriculture n’est pas forcément incompatible avec la préservation des espaces, mais dans ce cas nous devons pouvoir engager un travail de régularisation et de contrôle de cette activité sur nos sites. On observe aussi des bâtis d’habitations, dont au moins une centaine d’habitats insalubres. Des processus seront engagés pour enlever ces constructions. Le littoral mahorais se confronte également à la problématique des déchets. D’une part, en saison des pluies, tous les déchets des zones urbaines sont drainés sur le littoral. D’autre part, nous constatons de nombreux dépôts sauvages. Enfin, vient la question du réchauffement climatique. L’eau grignote le littoral : on observe une forte érosion du trait de côte. Au Conservatoire, on a un outil qui nous permet de suivre et d’évaluer l’impact de ce recul de trait de côte sur nos terrains. C’est quelque chose que nous surveillons attentivement.
Le Conservatoire du littoral, qu’est-ce que c’est ?
Créé en 1975, le Conservatoire du littoral est un établissement public dont la mission est d’acquérir des parcelles du littoral dégradées ou menacées par l’urbanisation, pour en faire des sites « restaurés, aménagés et accueillants dans le respect des équilibres naturels ». Le Conservatoire est propriétaire des sites qu’il acquiert, mais il les confie à des gestionnaires – collectivités et associations – qui sont spécifiquement chargés de les entretenir et de les valoriser. A l’échelle nationale, 213.500 hectares de parcelles sont sous la coupe du Conservatoire du littoral, dont un tiers en outre-mer. A Mayotte, ce chiffre est de 2.700 hectares répartis en une vingtaine de sites dont les cratères de Petite-Terre, la Vasière des Badamiers, les pointes et plages de Saziley-Charifou, l’îlot Mtsamboro, l’îlot Bandrélé, la baie de Dzoumogné-Longoni, le lac Karihani et la prairie humide de Malamani.
Un projet Moya 2023
Plages à fort potentiel touristique, et privilégiées par les tortues pour la ponte de leurs œufs, Moya 1 et 2 traduisent parfaitement les problématiques auxquelles fait face le littoral mahorais. Les questions de l’accueil du public et de la préservation de l’environnement y sont entremêlées. Le conseil départemental et la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT), gestionnaires du site des « cratères de Petite-terre » dont font partie les plages de Moya, ont annoncé plusieurs projets spécifiques qui pourraient être mis en place dès l’année prochaine. Le conseil départemental prévoit ainsi la rénovation des escaliers et de la maison des gardes, la dotation de leurs agents de surveillance de monoculaires à vision thermique, et leur formation au comptage des traces de tortues sur tablette dans un but de cartographie des zones de ponte. La CCPT, a quant à elle annoncé vouloir mettre en place un système de vidéosurveillance au niveau de la barrière et du parking, pour lutter contre les dépôts sauvages de déchets.
Faux en écriture au port de Longoni : le procès en diffamation dans l’impasse

Les dissensions entre les acteurs du port sont connues et débouchent ces derniers temps sur des actions en justice. Ce mardi 29 novembre, le tribunal correctionnel de Mamoudzou devait se prononcer sur des faits supposés de diffamation de la part de l’Union maritime de Mayotte, et son président Norbert Martinez, à l’encontre de Mayotte Channel Gateway (MCG), le délégataire du port de Mayotte. Ils concernent un arrêté du conseil départemental sur les tarifs du port présenté comme « faux » par l’Union.
Est-ce que l’arrêté du conseil départemental du 28 avril 2016 fixant les tarifs pratiqués sur le port de Mayotte est un faux ? C’est la question qui revient sans cesse du côté de Longoni depuis plusieurs mois. La copie brandie par Mayotte Channel Gateway, le délégataire choisi par le conseil départemental, ne souffre d’aucune contestation d’un côté. De l’autre, l’Union maritime de Mayotte, une association d’acteurs du secteur portuaire, estime que c’est le cas. Le 16 mai 2022, son président, Norbert Martinez, a dit d’ailleurs dans une émission de Mayotte la 1ère qu’il s’agit « d’un faux ». Ces propos ont été également repris dans un communiqué de l’Union datant du même jour. Cette affirmation, Ida Nel et sa société MCG ne souhaitent pas la laisser passer. Ce mardi matin donc, les juges du tribunal correctionnel de Mamoudzou devaient statuer si c’est ou non de la diffamation. Car l’Union maritime et Norbert Martinez avancent l’idée que grâce à ce document, MCG peut pratiquer « des tarifs exorbitants » sur le port. Pire, s’il s’agit d’un faux, cela pourrait même remettre en cause le contrat de concession qui lie le Département à MCG. L’avocat de l’association, maître Michaël Chehab, rappelle que l’arrêté initial n’a jamais été trouvé et que la signature sur la copie du président du conseil départemental de l’époque (Soibahadine Ibrahim Ramadani) n’est pas authentique, examen graphologique à l’appui.
Une enquête au point mort
Ce qui aurait pu aider les juges, c’est de savoir si les faits dénoncés par l’Union sont vrais. Cependant, malgré deux plaintes déposées les 29 mars 2021 et 7 avril 2022, l’enquête confiée à la gendarmerie n’est pas vue comme une priorité et a très peu avancé. Un seul enquêteur serait dessus et il est occupé sur d’autres affaires, concède le Parquet. Avec peu d’éléments à sa disposition, le tribunal tendait plutôt vers l’idée d’un sursis, en dépit des protestations des avocats de la MCG. « Le tribunal est amené à statuer sur des allégations qui portent atteinte à l’honneur », défend maître Fatima Ousseni, arguant qu’en attendant, « la plainte n’est pas un permis de diffamer ». Les deux avocats du délégataire ont également mis en doute la première expertise graphologique de l’arrêté en joignant au dossier l’avis d’une graphologue expliquant qu’il était difficile d’authentifier une copie. Maître Michaël Chehab a répliqué « qu’il n’y a pas d’original. Et je rappelle que ce n’est pas nous qui avons fait la demande d’expertise. C’est celle du Département qui montre qu’il s’agit d’un faux ».
Après un long moment pour délibérer, les juges ont préféré fixer une nouvelle audience au 21 février 2023, pour donner à l’enquête pénale le temps d’avancer.
Le procès du maire de Tsingoni renvoyé
Parmi les affaires de ce mardi 29 novembre, au tribunal correctionnel de Mamoudzou, figurait celle du maire de Tsingoni, Mohamed Bacar. L’élu est prévenu dans une histoire d’attribution de marchés publics et de prise illégale d’intérêts. La dernière remonte à 2021 et concerne des terrains communaux attribués à des proches du maire. Ses avocats ayant reçu la copie du dossier un mois et six jours après l’arrivée de leur demande au tribunal (alors qu’il faut moins d’un mois), les juges ont accepté que le procès soit renvoyé. Celui-ci se déroulera au mois de mars 2023.