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« Nos conducteurs pleurent comme des enfants »

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Après de nouveaux actes de violences perpétrés sur le secteur de Combani-Miréréni en milieu de semaine dernière, une énième réunion entre le Département et les gestionnaires du transport scolaire s’est déroulée ce lundi 14 février. Tandis que les transporteurs font état d’une situation insoutenable, Ali Omar, l’élu en charge du dossier pour le compte de la collectivité, prône le dialogue et les actions de sensibilisation.

« Si nous n’avons pas de réponse de la justice, nous aurons beau dépenser des millions et des millions d’euros, nous n’y arriverons pas. » Le constat dressé ce lundi matin à l’occasion d’une nouvelle réunion entre les gestionnaires du transport scolaire et le conseil départemental par Anis Boinaidi, le président du GIE Ouvoimoja Transports, semble faire mouche parmi l’assemblée, à en croire l’acquiescement – discret – des uns et des autres. « Toutes les plaintes sont remontées au niveau national », assure Frédéric Delouye, le directeur de Transdev, en charge de la gestion du réseau pour le compte de la collectivité. Néanmoins, il regrette l’absence d’un contrat d’objectif qui aurait eu le mérite d’obliger tous les acteurs de la sécurité à s’asseoir autour d’une même table.

Que faire alors face à une situation qui s’enlise de jour en jour ? « Certains de nos chauffeurs se sont retirés ce matin sur la zone centre », confie Houlame Chaharmane, le directeur du GIE Tama Ya Leo Na Messo. Une décision intervenue après le nouvel acte de violences perpétré la semaine dernière sur le secteur de Combani-Miréréni (voir encadré), qui avait eu pour conséquence la suspension du ramassage samedi dernier. « Il y a eu un mort, donc nous savons pertinemment que les autres vont vouloir se venger. Le terrain est miné… Ce sera peut-être même encore plus dangereux que d’habitude », poursuit-il pour défendre la réaction de ses collaborateurs un peu plus tôt dans la journée.

« Les conditions de sécurité ne sont jamais réunies pour rouler »

Depuis la rentrée scolaire 2021/2022, les transporteurs recensent 37 caillassages, dont pas moins de 22 pour la seule nouvelle année… Un bilan chiffré qui fait froid dans le dos et qui cristallise les tensions. « Nos conducteurs pleurent comme des enfants alors qu’ils aiment leur travail », regrette Houlame Chaharmane, relativement virulent à l’égard des forces de l’ordre, déployées régulièrement sur le terrain. « Elles nous menacent quand nous n’envoyons pas nos bus en zone de guerre alors que les conditions de sécurité ne sont jamais réunies pour rouler. » D’autant plus que ces attaques répétées ont des répercussions financières non négligeables pour les transporteurs. « Lorsque les réparations dépassent un certain seuil de la franchise, il ne devient même plus pertinent de déclarer une casse… Sans compter les défauts d’assurance puisque les assureurs n’acceptent plus de nous couvrir. » En somme, c’est la double peine comme le fait remarquer Lanto Thomas, la directrice de la société Matis.

Malgré la signature de différents protocoles d’accord, un choc frontal paraît inévitable dans ces conditions. Abdallah Abdallah Djaha, le directeur GIE Ouvoimoja Transports, préconise des mesures drastiques, comme de brouiller le réseau satellitaire à l’intérieur des autocars pour éviter que les jeunes ne communiquent l’état d’avancement du véhicule, mais aussi d’équiper l’extérieur des habitacles de vidéosurveillance. Deux requêtes difficilement réalisables pour Frédéric Delouye. La première « pénaliserait l’ensemble des bus » tandis que la seconde est interdite par la loi. « Nous n’avons pas le droit de filmer le domaine public en mouvement, il faudrait faire une demande de dérogation auprès du ministère de la justice. »

Prendre exemple sur Tsoundzou

Face à ces multiples témoignages, le vice-président en charge des transports, Ali Omar, tente de garder la tête hors de l’eau. « Nous allons beaucoup trop loin et nous dépensons beaucoup trop [alors que tout ne relève pas de la compétence du Département] », souligne-t-il. « Nous allons mettre l’État et les communes, notamment celles de Tsingoni et de Ouangani, devant leurs responsabilités. » Suffisant ? Pas totalement de son propre aveu. Si l’idée d’une réunion de concertation régulière avec les principaux intéressés ressort du lot, l’élu souhaite aller encore plus loin et prendre exemple sur Tsoundzou, le 7 février dernier. « Depuis notre échange avec les associations, nous n’avons plus eu de caillassages alors que nous en avions vécus 13 en l’espace de quatre jours », dévoile Abdallah Abdallah Djaha. Cette option de sensibilisation et de médiation – sans garantie aucune et sans calendrier établi – semble être la solution la plus adaptée à court terme. « Ayez foi en ce que nous faisons et croyez en nous. J’entends vos maux, mais il ne faut pas tomber dans le fatalisme », insiste Ali Omar. En attendant, les chauffeurs n’ont d’autres choix que de reprendre la route, la boule au ventre. « En clair, nous prions pour qu’il ne nous arrive rien ? », peste Houlame Chaharmane, en chemin pour annoncer la « nouvelle » à ses chauffeurs.

 

Affrontements entre jeunes : un vendredi particulièrement chaud à Combani

Après la mort d’un jeune de 24 ans, mercredi 9 février, de nouvelles confrontations ont eu lieu vendredi à Combani. De premiers jets de pierre ont été signalés par un conducteur de bus, vers 14h, près du stade de la commune. Trois vitres latérales ont été brisées par des pierres lancées par une trentaine de jeunes. À l’intérieur, un garçon de 17 ans a été touché sérieusement à la tête. Après avoir été emmené premièrement au dispensaire de Kahani, il a été héliporté dans un état grave au centre hospitalier de Mamoudzou.

Toujours à Combani, de nouveaux affrontements ont eu lieu ensuite à la frontière entre Combani et Miréréni. Selon la gendarmerie, une trentaine de jeunes faisaient face à une cinquantaine d’autres. Pour les disperser, une soixantaine de gendarmes ont été déployés et 345 tirs de grenades lacrymogènes ont été effectués. Un hélicoptère et deux véhicules blindés ont été dépêchés sur les lieux. Un dispositif a été mis en place jusqu’à minuit, ce soir-là. La situation est revenue au calme pendant le week-end, alors qu’une marche blanche était organisée ce dimanche en mémoire du jeune homme tué le 9 février. L’enquête est en cours, indique le parquet de Mamoudzou. Aucune interpellation n’a eu lieu.

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