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Quand la justice vient au secours de la police mahoraise

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On l’appelait Stam. Et l’actualité que connaissent les États-Unis comme la métropole quant aux violences policières faites aux noirs ne peut que faire écho à son histoire. Celle d’un jeune père de famille de Mayotte, tué par balle de la main d’un policier le 23 février à Kawéni. 

Relation sexuelle à 14 ans : une mineure de plus victime des failles de la justice mahoraise

Une simple affaire d’atteinte sexuelle sur une mineure de moins de quinze ans a fini par prendre de l’ampleur au tribunal correctionnel mercredi dernier. Rappelant que le débat sur le consentement, en particulier des mineurs, est toujours cruellement d’actualité, deux ans après l'adoption de la loi sur les violences sexistes et sexuelles. 

Protection animale à Mayotte : « Quand on s’en prend comme ça à des chiens, c’est qu’on n’a plus de limites »

La thématique de la délinquance a mis en lumière, ces dernières semaines, le rapport de jeunes bandes avec les chiens. Torturé par sadisme, utilisé comme arme et objet de rivalités, le « meilleur ami de l’homme » a la vie dure sur le territoire où associations et forces de l’ordre tente tant bien que mal d’endiguer le phénomène.

Rapt de Petite-Terre : après l’appel devant la chambre de l’instruction, case prison et « tournure politique »

Rendue ce jeudi en appel devant la chambre d’instruction de La Réunion, la décision de placer les quatre hommes mis en cause dans l’affaire du rapt de Petite-Terre n’est pas sans soulever de questions selon leur avocat. Me Nadjim Ahamada dénonce notamment une violation des droits de la défense et une motivation politique à l’endroit des divers collectifs contre l’insécurité qui affichent un soutien farouche à ses clients.

La vidéo avait largement circulé sur les réseaux sociaux depuis juillet 2019. Filmant une in-tervention policière, son auteur décrivait une bavure en des termes peu amènes envers les fonctionnaires en action, qu’il accusait dans le document d’avoir tiré sur une personne. Il n’en était rien. Et l’accusateur revêtait ce mercredi l’habit d’accusé devant le tribunal cor-rectionnel de Mamoudzou qui l’a jugé coupable de diffamation.

« Défendre la police qui se voit aujourd’hui partout malmenée sans raison », voilà donc la mission qu’assignait ce mercredi Maître Hessler, l’avocat des policiers parties civiles, aux magistrats du tri-bunal correctionnel de Mamoudzou. Et que ces derniers ont accepté sans sourciller, à l’image d’un procureur de la République affichant ouvertement son amitié et son soutien envers les fonction-naires de police. La présidente n’aura quant à elle pas pris la peine de motiver sa décision. Il faut dire que les faits sont accablants pour ce trentenaire à la barre qui s’est pris pour un « journaliste citoyen » et qui a, ironie de l’histoire, « toujours rêvé d’être policier ».

8 juillet 2018, M’Tsamboro. Quatre agents de police interviennent sur un chantier particulier dans le cadre d’une opération de lutte contre le travail clandestin. Alors qu’ils pénètrent dans les lieux, un ouvrier en situation irrégulière tente de se sauver et se blesse à la jambe en tombant sur une tôle. Les secours débarquent sur place pour le prendre en charge. Et c’est à ce moment-là qu’ap-paraît, téléphone filmant la scène, l’autoproclamé journaliste citoyen qui va livrer une toute autre version des faits. Selon lui, et les commentaires qu’il enregistre dans sa vidéo, l’horreur se joue devant ses yeux : les policiers ont lâchement tiré avec leur arme de service sur un travailleur clan-destin.

« J’ai toujours rêvé d’être policier »

« C’est comme ça à Mayotte, la police mahoraise tire sur les clandestins », commente-t-il, épiçant le propos en cinglant « des policiers qui ne sont pas allés à l’école » tout en montrant leurs visages ou qui « bafouent les lois de la République ». « Je suis arrivé au mauvais endroit au mauvais mo-ment et j’ai cru ce que je voyais, ce qu’on me disait et me suis laissé emporter », expliquera dans une bien maigre défense durant son procès l’auteur des deux vidéos postées sur Youtube. « Ja-mais je n’avais dit de mal de la police, au contraire je l’ai toujours admirée comme les gendarmes et j’ai toujours voulu faire ce métier », assure celui qui s’est vu recalé d’un concours pour intégrer la gendarmerie nationale. Mais la colère se serait emparée de lui lorsqu’un des policiers aurait tenté de lui arracher son téléphone.

Une défense peu audible face aux propos qu’il emploie dans la vidéo, résonnant par les haut-par-leurs d’un ordinateur apporté aux juges par un policier. Mais plaider sa cause n’est pas l’objet de sa venue explique le mis en cause, plutôt à l’audience « pour présenter ses excuses aux policiers [qu’il] respecte beaucoup ». Une contrition qu’il affiche jusqu’à se retourner pour faire face aux quatre agents et leur demander pardon.

Mais de l’avocat des parties civiles au ministère public en passant par la présidente du tribunal, on a bien du mal à comprendre. Comprendre comment une personne rêvant de revêtir l’uniforme s’autorise à salir sans preuve ceux qui le portent. Pourquoi, alors qu’apprenant sa méprise quant aux faits, l’auteur des vidéos ne les a supprimées que plusieurs mois plus tard, laissant le temps à ce qu’elles soient largement relayées ? C’est bien cela, outre le caractère diffamatoire, qui « agace » le plus le procureur et la présidente. « Vous vous rendez-compte que maintenant, la vi-déo est encore disponible en ligne et que des gens qui vont taper « police Mayotte » sur Internet vont voir cela avec le visage de ces quatre policiers ? », questionne ainsi la magistrate.

Diffamation en ligne, « un dommage permanent »

« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose », déplore de son côté le procureur en reprenant les mots de Francis Bacon. « Et c’est encore aujourd’hui plus vrai que jamais avec Internet car cette vidéo est toujours en ligne. » « Un dommage permanent », selon l’avocat des po-liciers, qui impose une large réparation à hauteur de 4.000 euros par policier. Qui sont trois à s’être constitués partie civile. Contre quatre à être intervenus. Le quatrième fonctionnaire a bien tenté de se greffer à l’action, allant jusqu’à épeler son nom en alphabet international sous les yeux ébahis des robes noires. Trop tard, ces yeux se sont fermés sur la demande.

Le fonctionnaire « papa, roméo… tango » aura cependant reçu le soutien moral du procureur au titre « d’un travail difficile fait avec beaucoup d’humanité ». Gare cependant à ne pas voir ici « un écho au débat actuel sur la police, il n’en est rien », assure-t-il, coupant l’herbe sous le pied à Maître Hessler qui n’avait pas hésité à pénétrer sur ce terrain-là. Mais qui avait eu le flair d’égale-ment circonscrire le champ de son propos. « Les policiers à Mayotte font un travail remarquable dans des conditions de plus en plus difficiles, dans un département qui est un baril de poudre et où un rien peut allumer la mèche. Il suffit d’un individu qui poste une vidéo et cela peut avoir des con-séquences dramatiques. Ces gens-là, il faut les calmer », a ainsi martelé l’avocat, appelant à faire de la condamnation qu’il réclame un exemple « pour contribuer à mettre fin à ces agissements lâches et sournois de diffamation sur les réseaux sociaux ».

« J’ai merdé », pousse faiblement dans un nouveau flot d’excuses celui qui ne veut « jamais bais-ser les bras pour accomplir [son] rêve d’intégrer les forces de l’ordre », pourtant conscient d’avoir « perdu beaucoup de crédibilité ». Et d’argent dorénavant. Car s’il a bien proposé de faire son mea culpa dans une nouvelle vidéo en guise de réparation, la présidente du tribunal ne l’a visiblement pas entendu de cette oreille. Et c’est le masque délacé, tombant sur son polo, que défait, l’accusé se voit condamné à 1.000 euros par infraction pour les deux délits de diffamation. Et 2.000 euros de dommages et intérêts par policier.

 

Corps retrouvé aux Badamiers : un lien possible avec l’affaire du rapt de Petite-Terre

« Nous avons en effet trouvé un corps et l’on s’interroge sur son identité », explique le procureur de la République, Camille Miansoni, qui invite à une « prudence absolue » quant à lier cette dé-couverte à l’affaire du rapt de Petite-Terre. « Il y a bien sûr des éléments dont la proximité de la découverte avec les faits qui nous amènent à nous interroger fortement mais ma responsabilité m’impose d’annoncer l’identité du corps qu’une fois qu’elle sera formellement établie », concède toutefois le procureur. Du côté de la gendarmerie, « on a la réponse mais on ne peut pas la don-ner », confie-t-on à l’aune de « multiples éléments ». Prudence donc, « surtout sur un dossier comme celui-ci » qui a menacé d’embraser l’île et qui a valu au représentant du ministère public la cible d’une campagne haineuse. De son côté, on insiste donc : « il n’y a que des éléments, ça ne suffit pas ! Le corps ne peut être identifié par des proches éventuels et il nous faut donc la preuve quasi formelle de son identifié à travers l’analyse ADN. » Laquelle ne pourra être réalisé qu’à l’oc-casion d’une autopsie dont « on ne sait toujours pas quand elle aura lieu car nous n’avons per-sonne sur place pour la réaliser et en ces temps de restriction des vols, il est compliqué de faire venir quelqu’un de l’extérieur ». « On va prendre notre mal en patience », conclut ainsi le procu-reur, expliquant que pour l’heure, deux dossiers distincts sont ouverts. L’un confié à un juge d’ins-truction dans le cadre de l’affaire du rapt de Petite-Terre. Et l’autre entre les mains du procureur de la République, lié à la découverte du corps « dans le cadre d’une procédure de recherche des causes de la mort ». « Pour l’instant les deux ne sont pas liés », insiste encore le procureur malgré les « fortes interrogations ». Si tel devenait le cas, « cela changera beaucoup de choses, mais cela sera communiqué à ce moment-là », prévient-il.

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