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Gestion de crise : Pour le centre hospitalier de Mayotte, les 15 prochains jours seront décisifs

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Avec plus de 700 cas recensés au cours de la dernière semaine, Mayotte connaît véritablement sa deuxième vague, notamment avec l’apparition du variant sud-africain. Si le plan rebond permet aujourd’hui d’éviter une saturation rapide des services, les 15 prochains jours seront décisifs. Surtout que l’épidémie de bronchiolite pourrait se greffer à celle du Covid-19. Le scénario catastrophe pour Christophe Caralp et Ludovic Iché, le chef de pôle URSEC et le chef de service des urgences. Entretien.

Flash Infos : Alors que la campagne de vaccination a officiellement commencé ce lundi, Mayotte recense 711 nouveaux cas du 16 au 22 janvier, soit près de 10% du nombre total depuis le début de l’épidémie en mars dernier. Du côté des urgences, comment analysez-vous la situation ?

Christophe Caralp : Depuis dix jours, nous notons effectivement une nette accélération du nombre de cas positifs avec également une entrée quotidienne en réanimation. La situation actuelle est que le service de réanimation est plein, dont la moitié des lits sont occupés par des patients atteints du Covid qui présentent des détresses respiratoires assez sévères. Il s’agit principalement d’hommes âgés de 50-60 ans avec des facteurs de risque, comme l’hypertension et le diabète. Jeudi soir, nous avons ouvert la première aile de débordement pour la réanimation en SSPI (salle de surveillance post-interventionnelle), qui nous permet d’accueillir sept autres patients. Aujourd’hui, nous en comptons trois, dont deux sont potentiellement sortants. Et en parallèle, nous avons mis en place une filière respiratoire aux urgences pour isoler les cas positifs, avec du personnel dédié, et renforcé le Samu, notamment le centre de régulation, car le nombre de dossiers liés au Covid représente 10% de nos appels.

Cette accélération logarithmique est probablement comparable aux moments les plus difficiles de la première poussée vécue l’année dernière. Nous étions avertis car des données de Santé Publique France alertaient déjà fin décembre sur cette possibilité. Après un mois de congés, entre les retours de métropole et les brassages sur l’île, nous nous y attendions. Même si nous avons été surpris par la sévérité. Heureusement, nous étions prêts sur le plan logistique.

FI : À la différence de l’an dernier où l’on ne cessait de répéter le retard de sept semaines avec la métropole, les autorités ont déjà prévenu qu’il serait compliqué de recevoir autant de moyens. Comment appréhendez-vous cela ?

Christophe Caralp : Mayotte reste une zone surveillée au même titre que la Guyane, en raison de l’apparition du variant sud-africain. Mais si ce dernier s’installe durablement et se diffuse, nous risquons d’être confrontés à une deuxième poussée car il a l’air plus contagieux chez les jeunes et réinfecte plus facilement ceux qui ont déjà eu la souche initiale.

Notre effectif actuel est présent chez nous a minima jusqu’à mi-avril. Cela nous laisse un peu de temps pour continuer à nous organiser. Malgré tout, le gouvernement a bien conscience de nos limites. L’ARS et la direction nous ont demandé de faire remonter nos besoins pour éventuellement accueillir un renforcement paramédical d’ici trois ou quatre semaines grâce à la réserve de Santé Publique France, voire même des militaires car nous avons la possibilité d’armer des lits de réanimation supplémentaires.

Ludovic Iché : Nous sommes aussi à la recherche de ressources humaines internes pour augmenter nos capacités à répondre au téléphone, c’est-à-dire plus d’assistants de régulation médicale. Après la première vague, nous avions rédigé des plans de réorganisation de reprise d’activité du Covid pour les services des urgences et du Samu. Sur le papier, nous avions donc déjà une idée de comment nous allions procéder en cas de rebond. Mais cela va encore monter en puissance, même si toute la France risque d’être dans le besoin. Au niveau politique, Paris enverra les moyens dans les départements qui en ont le plus besoin. De part sa configuration, Mayotte est à mon sens en haut de la pile et devrait rapidement voir débarquer des renforts vu la saturation actuelle. Même si nous avons la possibilité d’envoyer tous nos patients non-Covid en réanimation à La Réunion pour bénéficier de plus de lits.

FI : À quel moment considérerez-vous que la situation deviendra réellement critique ?

Ludovic Iché : En tant que chef de service, je pars du principe que nous allons être confrontés à une vague sévère, ce qui nous permet d’anticiper le pire. Je ne vais pas minimiser. Être pessimiste nous permet d’avoir un coup d’avance. Ce basculement sera imminent en fonction du nombre d’hospitalisations et de consultations. Ce seront les signaux d’alerte sur lesquels nous nous baserons. Si nous continuons en ce sens, nous serons très rapidement saturés. C’est la raison pour laquelle nous essayons d’augmenter nos capacités depuis plus d’une semaine. C’est un travail d’équipe avec l’ensemble des services de l’hôpital dans le but de libérer des lits et de la place pour accueillir les nouveaux patients. Si nous n’y arrivons pas, la prise en charge serait alors fortement dégradée.

FI : L’une des solutions n’est-elle pas de remettre en place le plan blanc pour faire en sorte que certains services « non indispensables » ne soient plus actifs ?

Christophe Caralp : Nous avons une capacité de nos services qui est déjà amputée. Mais il nous reste encore des réserves. L’idée, comme vous l’avez compris, est de continuer à les accroitre pour ne jamais être acculés et devoir arriver à ce genre de choix, comme l’activation du plan blanc. Nous poursuivons les évacuations sanitaires dans la mesure du possible.

Même si le Covid est une épidémie relativement sévère, notre but est de retarder l’échéance au maximum. Au vu de l’accélération sur la dernière semaine, il est très difficile de se projeter. Mais selon moi, nous partons pour 15 jours décisifs. Nous espérons que l’instauration du couvre-feu permettra d’infléchir la courbe.

FI : Comment anticipez-vous l’arrivée des épidémies de dengue et de bronchiolite qui peuvent mettre à mal la filière respiratoire de l’hôpital ?

Christophe Caralp : Traditionnellement, à cette période, nous sommes confrontés à l’épidémie de bronchiolite. Donc nous avions renforcé les effectifs en pédiatrie et aux urgences. Mais comme l’infection est probablement stoppée par l’application des mesures barrières, comme le lavage des mains et le port du masque, nous avons pu rediriger ce personnel vers les filières respiratoires dédiées au Covid.

Ludovic Iché : Je ne suis pas très inquiet par rapport à la dengue, même s’il va falloir la surveiller de très près. Par contre, je suis moins optimiste pour la bronchiolite. Car si celle-ci passe relativement inaperçu aux yeux des médias, tous les médecins généralistes et les dispensaires sont en temps normal saturés d’enfants de moins d’un an qui font des détresses respiratoires. Si cette épidémie fusionne avec celle du Covid-19, la gestion des deux sera d’une complexité sans précédent. Ce serait le scénario catastrophe des prochains jours.

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