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Tribune libre : Dix ans déjà

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Les danses traditionnelles mahoraises deviennent un sport à part entière

C’est une idée on ne peut plus originale qui a émergé dans la tête d’un amoureux des danses traditionnelles locales. Mansour Ramia est à l’origine de Moovafrica, un programme de sport basé sur les danses de chez nous. Le concept est adopté à l’international par des centaines de milliers de personnes. Aujourd’hui, le fondateur a besoin de passer à l’étape supérieure, mais le parcours n’est pas de tout repos.

Munia Dinouraini, une benjamine prête à redistribuer les cartes de la politique

Novice en politique, la benjamine de 27 ans du nouveau conseil municipal de Mamoudzou, membre de la majorité, ne veut pas faire de la figuration au cours des six prochaines années. Au contraire, elle compte bien jouer des coudes pour se faire entendre et défendre ses dossiers avec hargne. Portrait d’une enfant de M’Tsapéré, prédestinée à un tel engagement. 

Discorde à la mairie de Mamoudzou

Rien ne va plus à la mairie de Mamoudzou. L’opposition sort les griffes via un courrier envoyé le 23 avril, demandant au maire de réunir les conseillers municipaux. Le courrier signé par neuf d’entre eux pointe du doigt la politique de la mairie pendant la crise sanitaire. L’équipe du maire Mohamed Majani dénonce un coup politique.

Julien Kerdoncuf, sous-préfet à Mayotte en charge de la lutte contre l’immigration clandestine : “Nous n’avons pas constaté d’arrivées de kwassas liés au Covid”

Alors que l’épidémie de Covid-19 continue sa propagation à Mayotte et que le flou règne sur la situation sanitaire en Union des Comores, la LIC se poursuit, d’ailleurs amplifiée pour limiter l’impact que pourrait avoir l’importation de nouveaux cas sur le territoire. Pour autant, après une baisse, les arrivées de kwassas tendent à reprendre depuis quelques jours, sans qu’elles ne soient a priori imputables au Covid-19. Le point avec Julien Kerdoncuf, sous-préfet délégué à la lutte contre l’immigration clandestine. 

En devenant français en 1841, les Mahorais ont trouvé la garantie durable de leurs libertés. En 1958, la constitution française, en distinguant les départements d’Outre-mer des territoires d’Outre-mer, a promis les premiers à l’intégration dans l’ensemble français et les seconds à l’indépendance ou à une large autonomie. Aussitôt, la population mahoraise assemblée en congrès à Tzoundzou I, a créé l’union pour la défense des intérêts de Mayotte (U.D.I.M) devenue le Mouvement Populaire Mahorais (M.P.M). Dès lors, malgré toutes les pressions, tous les efforts, et toutes les exactions, les Mahorais ont demandé de façon constante, claire et quasi-unanime la départementalisation de leur île. La légitimité de cette revendication a toujours été reconnue par les autorités françaises, puisque la loi du 24 décembre 1976, qui créait le statut de collectivité territoriale de Mayotte, annonçait déjà cette possibilité. Depuis 1976 et après plusieurs reports (1979, 1984, 1986) de la consultation de la population, le gouvernement a finalement accepté aux vœux des Mahorais. Ainsi 95 % des Mahorais ont confirmé le choix du département, lors de la consultation du 29 mars 2009. Le 31 mars 2011, Mayotte devenait le 101ème département français et le 5ème département d’Outre-mer de la France. Ce territoire est certes le plus jeune des départements français, mais il est celui qui se réclame de la plus longue histoire et de la plus grande tradition militante en faveur de ce statut.

Traduite en termes individuels, cette revendication collective des Mahorais s’analyse, comme une volonté des Mahorais de demeurer français et d’échapper aux destins des Comores indépendantes. Ils veulent être Français simplement et complètement. C’est aussi leur droit à la liberté – « nous voulons être Français pour être libre », scandaient les Mahorais en 1974 – que les Mahorais ont voulu protéger en devenant français. Cependant, il reste que la devise républicaine n’est pas divisible et que, Mayotte étant française, il faudra bien la lui appliquer intégralement l’égalité sociale. Et enfin, ils veulent garantir le développement de leur île grâce à la solidarité de l’État, de l’Europe par l’intervention des fonds européens ainsi que le respect de l’identité mahoraise et la personnalité de Mayotte. Ces objectifs sont tellement proches de la devise républicaine de liberté, égalité et fraternité, dont il serait la concrétisation à Mayotte, que la France s’honorerait en respectant ses propres principes.

Il est évident que l’expectative statutaire qu’a connu Mayotte avant la départementalisation, a permis de faire durer les inégalités les moins fondées. Les attentes de la population étaient essentiellement contenues dans cette réponse extrêmement laconique qu’on peut résume de la façon suivante : « vous n’êtes pas encore un département … ». Et dès que Mayotte a accédé au statut de département, il n’était plus possible d’opposer aux revendications des Mahorais. Depuis cette date, il y a une libération de la parole à Mayotte. Cependant, dix ans plus tard, il est évident que les attentes de la population sont loin d’être satisfaites. Et la vie de l’île est marquée par un climat social lourd, renforcé par un contexte démographique dynamique et singulier – population très jeune, forte pression migratoire de population étrangère. Des niveaux de développement économique et de ressources qui sont très en retrait par rapport à la métropole – chômage très élevé, forte précarité.

Tandis que les autorités nationales et départementales n’ont pu redonner de l’espoir aux Mahorais, qui désespèrent de voir arriver les changements positifs promis que devrait induire l’évolution statutaire de leur île. Nombreuses ont été pendant ces dix derniers années, les crises sociales et les grèves dans les secteurs publics et privés qui se durcissaient sur un fond démographique qui constitue au-delà des discours officiels, un décor désormais permanent. Les Mahorais n’ont pas cessé d’une part, de protester contre la cherté de la vie en 2011, la crise de l’eau en 2017, l’insécurité et l’immigration clandestine en 2018 et d’autre part, de revendiquer la refonte du mode de gouvernance locale avec davantage d’autonomie et la mise en place des certaines conventions collectives dans les entreprises.

Et Mayotte offre encore aujourd’hui des conditions insuffisantes de salubrité pour ses habitants : 29% des ménages n’ont pas accès à l’eau, le prix de l’eau est toujours aussi cher, l’assainissement, la collecte et le traitement des déchets ne sont pas suffisamment organisés. Le désenclavement de l’île disait-on. La piste longue est reportée sine die, le billet d’avion est toujours aussi cher. Intervention directe d’EDF avait-on promis, est abandonné. Le désenclavement terrestre avec les routes et surtout avec le projet du contournement du grand Mamoudzou. Et enfin, ces dix années de statut départemental, n’ont pas permis d’apporter aux familles mahoraises l’alignement de leurs droits sociaux sur ceux des autres familles françaises, de généraliser les crèches et les cantines qui les libèreraient et leur permettraient de travailler, de donner à Mayotte les aides au logement.

Cependant deux évènements ont marqué sur un plan administratif les dix ans de la départementalisation. La transformation du vice-rectorat de Mayotte, en un rectorat de plein exercice. Il s’agit d’un service déconcentré du ministère de l’Éducation ationale, et du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, qui cumule les missions d’un rectorat et d’une inspection académique dans un département qui connaît un développement démographique rapide. Cette création a été votée à l’Assemblée nationale le 15 février 2019, lors de l’examen du projet de loi « pour une école de la confiance« .

La création d’une ARS de plein exercice, le 1er janvier 2020 au terme d’un long processus de préfiguration. Jusqu’à cette date, Mayotte dépendait de l’ARS de l’océan Ibdien, basée à La Réunion. Mais à l’issue du mouvement social qui avait paralysé l’île pendant plus de deux mois en 2018, le premier ministre Édouard Philippe, avait accédé en avril 2018, à l’une des demandes de la population d’avoir une ARS de plein exercice.

Il s’agit pour l’île aux parfums d’une évolution institutionnelle importante permettant de recueillir sur le terrain, les premiers fruits d’une lutte acharnée pour une départementalisation toujours en devenir. Pour nous il faut réfléchir sur un véritable projet de développement économique, social et culturel, remettant Mayotte sur les voies de la prospérité mais aussi de l’égalité sociale et de la responsabilité locale. D’autant plus qu’avec la départementalisation et l’intégration progressive des Mahorais dans le droit commun, il était attendu une grande visibilité des élus dans la prise des décisions locales. Dans encore bien des domaines ayant trait à des problèmes de proximité, c’est toujours le préfet qui est visible.

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