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Mariés de Tsimkoura : Trois jeunes du village condamnés à de la prison ferme

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On l’appelait Stam. Et l’actualité que connaissent les États-Unis comme la métropole quant aux violences policières faites aux noirs ne peut que faire écho à son histoire. Celle d’un jeune père de famille de Mayotte, tué par balle de la main d’un policier le 23 février à Kawéni. 

Relation sexuelle à 14 ans : une mineure de plus victime des failles de la justice mahoraise

Une simple affaire d’atteinte sexuelle sur une mineure de moins de quinze ans a fini par prendre de l’ampleur au tribunal correctionnel mercredi dernier. Rappelant que le débat sur le consentement, en particulier des mineurs, est toujours cruellement d’actualité, deux ans après l'adoption de la loi sur les violences sexistes et sexuelles. 

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La thématique de la délinquance a mis en lumière, ces dernières semaines, le rapport de jeunes bandes avec les chiens. Torturé par sadisme, utilisé comme arme et objet de rivalités, le « meilleur ami de l’homme » a la vie dure sur le territoire où associations et forces de l’ordre tente tant bien que mal d’endiguer le phénomène.

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Rendue ce jeudi en appel devant la chambre d’instruction de La Réunion, la décision de placer les quatre hommes mis en cause dans l’affaire du rapt de Petite-Terre n’est pas sans soulever de questions selon leur avocat. Me Nadjim Ahamada dénonce notamment une violation des droits de la défense et une motivation politique à l’endroit des divers collectifs contre l’insécurité qui affichent un soutien farouche à ses clients.

La violente agression d’un couple de jeunes mariés dans la nuit du 15 au 16 juillet, quelques heures avant leur manzaraka, avait marqué toute l’île. Deux des agresseurs, des jeunes du village de Tsimkoura âgés d’une vingtaine d’années, ont écopé de trois ans de prison dont un an avec sursis. Un troisième, 20 ans également, a été condamné à quatre ans de détention dont une année avec sursis.

« J’ai cru voir mon mari mourir », raconte la mariée au tribunal correctionnel de Mamoudzou, un mois et demi après les faits. Dans la nuit du 15 au 16 juillet, vers 3h du matin, alors que le couple était en train de préparer le salon de leur maison pour le manzaraka prévu dans la journée, ils ont entendu un bruit à l’extérieur. Inquiets, ils ont prévenu le frère de la mariée occupé par les mêmes préparatifs au chapiteau installé à Mramadoudou. Rejoignant Tsimkoura en camionnette avec un ami et quelques jeunes, il a fouillé les environs et averti sa sœur que tout allait bien. Le groupe a continué alors à s’affairer sur place. C’est au moment où ils sont sortis de la maison que la soirée a réellement basculé. Les témoins ont raconté aux gendarmes qu’une dizaine de jeunes armés de pierres et de machettes se sont dirigés vers eux. Les plus jeunes, venus aider les mariés, se sont réfugiés à l’intérieur, tandis que les plus âgés dont le frère se sont portés à la hauteur de la bande pour comprendre ce qui se passe. Ils ont très vite dû de fuir face à des jeunes « déterminés à tuer ».

A l’intérieur, le couple, qui habite en Bretagne et n’est à Mayotte que pendant les vacances, n’a pas compris toute de suite ce qu’il se passait. Suivant les jeunes qui entraient, la mariée s’est réfugiée dans une chambre avec deux d’entre eux. Dans le couloir, son compagnon s’est retrouvé seul face à ses agresseurs. « Il y avait cinq personnes à l’intérieur. J’en attrapé un, je me suis débattu avec lui. J’ai vu une machette s’abattre sur moi, j’ai essayé de l’attraper avec la main », se souvient-il, en montrant son bras. D’autres coups, notamment à la tête, l’ont fait vaciller. S’il n’a pas vu le visage de ses agresseurs, il se rappelle que l’un a dit : « il faut le terminer. Un autre a répondu que les voisins allaient arriver ». L’épouse a confirmé avoir entendu son mari crier et est sorti de la chambre. Face à  trois assaillants, elle a vu l’un d’eux porté un coup de machette au genou droit de son mari. « C’est ce coup qui m’a choqué parce qu’il y a eu une éclaboussure de sang », dit celle qui a reconnu le jeune du village. « C’est le fils d’une cousine de ma grand-mère. Je connais bien ses parents. » Elle-même bousculée alors qu’elle était enceinte, elle a eu cinq jours d’interruption temporaire de travail (ITT). Son époux, resté plusieurs semaines à l’hôpital, en a eu 90.

Un réquisitoire aussi à l’adresse des parents

Les raisons de cette violente agression restent floues. Selon les prévenus, dont l’un est un cousin de la mariée, et alors qu’il est établi qu’ils se sont concertés le lendemain des faits, ils avancent l’idée qu’ils ont voulu intervenir contre des voleurs, qui sévissaient régulièrement dans le village. Sans casier judiciaire, de « bonne famille » selon leurs avocats, ils affirment qu’ils voulaient aider. « C’est un malheureux quiproquo », plaide maître Charles Simon, qui défend les deux prévenus qui ont reconnu les faits. Il demande de la prison avec sursis. « Une grosse méprise », renchérit maître Andjilani, conseil du troisième et affirmant qu’il n’y a pas de preuve hormis les déclarations de la mariée. Il demande la relaxe.

L’explication des voleurs provoque la colère du procureur de la République, Yann Le Bris. « Quand on rentre dans la maison avec des machettes, qu’on agresse les occupants, qu’on récupère les téléphones portables. Qui sont les voleurs ? » tempête-t-il. Profitant de la présence nombreuse de proches des prévenus, il s’est abondamment adressé à eux pendant les réquisitions, excédé d’entendre que les familles soient intervenues auprès de celles des victimes. « Il faut que la famille sache, qu’il n’y ait pas d’extrapolations », lance-t-il à l’assemblée, reprenant les faits reprochés aux trois jeunes hommes sur le banc. « Vous avez vu un couple de jeunes mariés, des gens qui viennent demander des explications. A aucun moment, on peut s’imaginer que ce sont des voleurs. Vous y croyez ? Moi, pas du tout. » « Et surtout quelle image renvoie cet homme baignant dans son sang. Et on lui fait quoi ? On lui fait les poches. La grande classe ! »  Il demande deux ans de prison avec six mois de sursis pour ceux qui reconnaissent les faits, et trois ans de détention dont un avec sursis pour celui identifié par l’épouse.

Par décision contradictoire, le tribunal correctionnel a reconnu les trois jeunes coupables des violences en réunion avec arme, des vols, mais également des dégradations sur la camionnette. Pour les peines, les juges ont préféré des sanctions plus sévères que le Parquet en condamnant Iliasse Bamana et Ibrahim Soujda à trois ans de prison dont un avec sursis. Reconnu comme coauteur, Madi Hamada hérite d’une peine de quatre ans de prison assorti du même sursis. En outre, ils ont une obligation de travail, de formation et devront indemniser les victimes (le couple pour qui une audience sur les intérêts civils est prévue l’an prochain, le frère de la mariée et un ami du frère). Deux mineurs liés à cette affaire comparaîtront devant le juge pour enfants au mois d’octobre.

 

Harountazief reste en détention à Majicavo

Prénommé en référence au volcanologue français Haroun Tazieff, un habitant de Kawéni de 25 ans a été présenté en comparution immédiate, ce mercredi après-midi. Le 25 août, il avait mordu les doigts d’un gendarme à Majicavo lors d’un transfert. Tenant des propos incohérents en réponse aux questions de la présidente du tribunal, Julie Vignard, il a déjà été jugé et condamné à dix mois de prison pour des faits similaires en février 2022. Son avocat, maître Soumetui Andjilani, a demandé une expertise psychiatrique au regard des déclarations de l’homme originaire des Comores. Celle-ci a été refusée au motif que le prévenu n’a pas voulu voir de psy et qu’une expertise a déjà été faite en vue du procès aux assises. Comme il n’a pas affirmé clairement qu’il souhaitait être jugé ce mercredi, il le sera le 31 octobre.

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