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De plus en plus de morts par noyade à Mayotte

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Cinq décès par noyade à Mayotte en 2018

L’agence sanitaire Santé publique France vient de publier une enquête de recensement de toutes les noyades, quelle qu’en soit la cause, répertoriées entre le 1er juin et le 30 août derniers. L’étude dénombre 492 décès sur cette période, soit une centaine de plus qu’en 2015 à la même époque. À Mayotte, les pompiers ont dénombré pas moins de 5 noyades mortelles depuis janvier dernier. Un chiffre qui augmente par rapport à l’an dernier. 

Un peu plus d’un Français sur sept déclare ne pas savoir nager. Santé publique France, agence nationale de santé, a publié ce mardi une enquête intitulée « Noyades 2018 » recensant toutes les noyades, quelles soient intentionnelles ou accidentelles, suivies d’une prise en charge en milieu hospitalier ou d’un décès. L’enquête concerne toutes les noyades survenues entre le 1er juin et le 30 août dernier sur le territoire métropolitain et Outre-mer. L’agence constate notamment une forte augmentation des décès en 2018 par rapport à 2015. Sur la même période, le nombre d’hospitalisations et/ou de décès a plus que doublé avec 2 255 noyades* en 2018 contre 1 092 en 2015, soit 1 163 de plus en seulement trois ans. « Cette augmentation peut s’expliquer pour partie par les conditions climatiques en termes de températures et d’ensoleillement, particulièrement favorables à la baignade », indique Santé publique France. Ces noyades auraient été suivies de 492 décès (soit 22% du nombre total de morts durant cette période) dont 254 de manière accidentelle et 55 par intentionnalité (suicides ou agressions). Les causes des 183 autres décès ne sont, à ce jour, pas encore connues et pour lesquelles les investigations se poursuivent.  Entre le 27 juillet et le 9 août 2018, pas moins de 122 personnes sont mortes noyées en France, soit une moyenne de huit décès par jour, relève l’organisme dans un rapport du 16 août. 

Apprendre à nager, à tout âge

De manière générale, les tranches d’âges élevées sont les plus touchées par les cas de noyade. D’après le « baromètre santé 2016 », 95% des 15-24 ans ont déclaré savoir nager alors qu’ils n’étaient que 65% chez les 65-75 ans. Chez les 65 ans et plus, 213 noyades accidentelles ont eu lieu en juin, juillet et août derniers, dont 77 ont été suivies d’un décès. « Il est important de rappeler que l’apprentissage de la nage, facteur de prévention des noyades, peut se faire à tout âge. Cependant, il faut distinguer le fait de savoir nager en piscine (milieu ne comportant ni vague ni courant ndlr) et celui de savoir nager en milieu naturel (mer, lac, fleuve, etc) », insiste l’INPES. « Dans les autres classes d’âges, à ce stade de l’enquête, les évolutions pour les noyades accidentelles en 2018 par rapport à 2015 sont moins marquées », ajoute l’agence sanitaire. 

37 noyades en Outre-mer

L’enquête révèle également que l’Occitanie, dans le sud de la France, est la région où sont recensées le plus de noyades accidentelles avec 202 (soit 17%) dont 30 suivies d’un décès, devant Provence-Alpes-Côte d’Azur (182), La Nouvelle-Aquitaine (175) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (127). Pour l’Outre-mer, les noyades accidentelles sont plus complexes à comptabiliser « du fait d’une durée de consolidation et de validation des données plus longue qu’en métropole ». 

« Nous sommes confrontés à un certains nombre de contraintes vis-à-vis de la métropole. La distance est un frein à l’actualisation des données mais la collecte pose aussi problème car les sources manquent à Mayotte. Il faut aussi souligner que le recensement des noyades n’est pas la priorité du département », déplore Aymeric Ung, épidémiologiste et responsable de l’enquête « Noyades 2018 ». Malgré ces difficultés de recensement, le rapport dénombre en trois mois 37 cas de noyades accidentelles, dont 12 suivies de décès dans les Outre-mer. « Ce sont les seuls chiffres que nous avons à ce stade de l’enquête. Nous ne pouvons pas faire mieux que d’avoir des données nationales et régionales pour le moment », justifie Stéphanie Champion, de Santé publique France. « Il faudrait créer une enquête spéciale pour regrouper toutes les données de l’Outre-mer », ajoute Aymeric Ung. 

Contactés par Flash Infos, les pompiers de Mayotte auraient de leur côté comptabilisé 15 noyades dans le département en 2017. Parmi celles-ci, quatre ont été mortelles dont trois, survenues dans un milieu naturel et une dans une fosse septique. En comparaison, et alors qu’il reste un peu plus de trois mois avant la fin de l’année, le nombre de décès a déjà augmenté en 2018 avec cette fois, cinq noyades mortelles – toutes survenues en milieu naturel – sur les 15 recensées en 2018. Le fait que la baignade ne soit surveillée – à l’heure actuelle – sur aucune des plages du 101ème département augmente le facteur de risque, relève par ailleurs Aymeric Ung. 

Hausse du risque chez les plus jeunes

En France, la noyade est la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 15 ans. Face à ce constat, le ministère des Solidarités et de la Santé publique France mènent des actions de prévention des noyades et des accidents liés aux baignades et aux sports nautiques. « Il est sans doute hors de portée de vouloir changer le comportement des tout jeunes enfants, par nature curieux et immatures. Par contre, il faut faire comprendre aux parents qu’ente deux et quatre ans, on doit les surveiller sans cesse », a souligné l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES). En effet, dans les trois quarts des cas, les parents sont à moins de vingt mètres de la piscine (77% des décès ont lieu dans une piscine familiale). L’INPES rappelle également qu’un enfant peut se noyer dans seulement vingt centimètres d’eau, en quelques minutes. 

Chez les enfants de moins de six ans, une « augmentation des noyades accidentelles » a été observée avec un nombre de 332 en 2018 contre 180 en 2015. Pourtant, dans ce cas présent, le nombre de décès n’est pas supérieur à celui de 2015 (22 en 2018 contre 23 en 2015). Tous les trois ans, l’agence sanitaire mène une enquête sur la période allant du 1er juin au 30 septembre. L’enquête n’est donc pas encore terminée et le rapport final sera publié au printemps 2019. 

*1 169 noyades accidentelles, 109 noyades intentionnelles et 977 d’origine encore indéterminée et en cours d’investigation.

 

De plus en plus de victimes 

Plusieurs événements tragiques concernant des Mahorais ont eu lieu récemment, sur le territoire ou en métropole. Le 8 juillet dernier, une petite fille de neuf ans et deux garçons de dix et treize ans – issus d’une même fratrie – originaires de M’stangamouji ont été retrouvés morts noyés à Chalon-sur-Saône. En début de soirée, les enfants étaient allés se rafraîchir au bord du lac des Prés-Saint-Jean alors que la baignade était interdite dans cette zone, en raison d’un à-pic situé à quelques mètres du rivage. Les deux plus petits ont glissé dans l’eau. Ne sachant pas nager, l’aîné est alors parti les secourir, en vain. 

Plus récemment, le 17 août, un autre événement dramatique est survenu, à Mayotte cette fois. Une demi-douzaine d’enfants et un adulte se trouvaient à bord d’une barque traditionnelle qui s’est renversée à une vingtaine de mètres du rivage à Iloni. Deux fillettes d’une dizaine d’années ont été retrouvées mortes noyées. Un plongeur de la brigade nautique avait été envoyé sur place pour repêcher une des deux fillettes. Prise en charge par les pompiers et le SMUR, la fillette n’a pas pu être réanimée. La seconde, elle, avait été amenée au dispensaire de Dembéni par des habitants avant l’arrivée des secours. Malheureusement, elle aussi a perdu la vie. 

 

Festival de Mayotte : les concerts de Kassav et Ali Kiba annulés

Grosse déception pour les fans du groupe antillais Kassav et de l’artiste tanzanien Ali Kiba. Les artistes, qui devaient assurer le show de clôture du tout premier Festival de Mayotte, ce samedi 8 septembre, ne seront finalement pas de la partie, a-t-on appris d’une source proche du dossier. Les raisons de cette annulation, encore floues, seront détaillées dans les prochaines éditions de Mayotte Hebdo & Flash Infos.

« On n’éduque pas les enfants avec un câble électrique ! »

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La mère d’un adolescent de 14 ans, poursuivie pour des violences répétées sur son fils, a été condamnée par défaut à un an de prison avec sursis mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou. Fait rare, c’est l’adolescent qui a lui-même entrepris de dénoncer les faits et de porter plainte. 

 

Elle est absente de la salle d’audience. Son fils de 14 ans, lui, est bien là, assis sur les bancs du public. Une mère de famille a été condamnée mercredi à un an de prison avec sursis pour des « corrections » violentes et répétées commises sur son fils ayant entraîné une ITT (interruption totale de travail) de cinq jours. « Je ne veux plus vivre là car je suis maltraité ». C’est ainsi que ce jeune garçon décrira aux policiers sa situation lors de son dépôt de plainte en commissariat. Il s’y rendra de son propre chef après que sa mère a ordonné à son cousin, le 15 février dernier, de le frapper avec un câble électrique. Le témoignage de l’adolescent, qui présentait alors de nombreuses traces de coups sur les jambes et le bras gauche, est pris au sérieux par les enquêteurs. Lors de son audition, il explique que les « corrections » de ce type sont monnaie courante dans sa famille : un retour tardif à la maison, une vaisselle, des devoirs pas faits, tous les prétextes semblent bon pour infliger une raclée au garçon. Élève en CAP qui « aime aller au lycée », le jeune homme est arrivé avec sa mère à Mayotte depuis Mohéli il y a deux ans avec un visa spécial pour raison de santé. Son beau-père, qui vit avec sa mère, a été témoin de scènes de violence, qu’il a évoquées lors de son audition. « J’ai déjà vu ma femme donner des gifles à Mohamed »*, raconte-t-il. « J’ai entendu des cris mais je ne voulais pas en entendre plus ». Au cours de sa garde à vue, la mère explique de son côté que ce 15 février, elle avait « autorisé » son neveu à « corriger (son) fils avec un fouet », ou plutôt en l’occurrence, un câble électrique. « Je n’ai jamais levé la main sur mon fils, j’ai profité de ce que mon neveu était là », dira-t-elle encore, ajoutant : « Je ne regrette pas ce que j’ai fait car il le mérite, je ne voulais pas qu’il commette des délits ». La mère raconte aussi qu’elle envisage de renvoyer le garçon aux Comores chez sa mère, « si la justice ne le garde pas ». 

 

« Ce n’est pas une petite fessée, c’est un mode éducatif ! » 

 

Placé en famille d’accueil le temps de l’enquête, l’adolescent vit mal cette période. Il s’en veut d’avoir dénoncé sa propre mère et dit aux assistants sociaux que ses voisins l’accusent de vol. Pour Me Gibello Autran, qui représente le mineur, l’absence de la mère au procès est affligeante, tout autant que l’attitude du beau-père, « qui ne parle pas avec (l’adolescent) parce qu’il considère que c’est un enfant à problème ». L’avocate raconte qu’elle a expliqué à son jeune client « que ce n’était pas lui le coupable, qu’il avait raison de porter plainte contre sa mère », malgré le respect qui lui est dû. « En aucune façon un père ou une mère ne devrait prendre un fil électrique et frapper un enfant ! Ce n’est pas comme ça qu’on éduque les enfants. Ce n’est pas une petite fessée, c’est un mode éducatif ! », s’insurge-t-elle. L’absence de la mère démontre par ailleurs toute la « solitude de cet enfant, dont on peut se demander comment il éduquera ses propres enfants ». Le substitut du procureur, Pablo Rieu, abonde dans son sens. À l’appui de ses réquisitions, il fait également valoir les preuves issues des dossiers médicaux, qui font état de traces de coups récentes mais également anciennes, démontrant la récurrence des maltraitances. Fustigeant l’attitude de cette mère qui « fuit ses responsabilités », il requiert à son encontre un an d’emprisonnement avec sursis et la déchéance de l’autorité parentale, prévue à l’article 378 du Code civil. Le tribunal correctionnel n’a retenu que la première partie de cette proposition, laissant à la mère son autorité légale de parent. 

 

* Le prénom a été modifié.

 

France – Comores | Mansour Kamardine : « Chacun sur son île »

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Quelques jours après la rencontre entre les élus mahorais et la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, le député Mansour Kamardine revient sur la teneur des débats, en particulier sur la question de la crise entre la France et les Comores. En ligne de mire : la volonté de faire admettre le choix de Mayotte sur la scène internationale. Entretien.

 

Mayotte Hebdo : Jeudi dernier, une rencontre a eu lieu réunissant les parlementaires de Mayotte, le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani, le préfet Dominique Sorain et la ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Ont notamment été évoquées les tensions entre la France et l’Union des Comores au sujet de Mayotte. Qu’en ressort-il ?

Mansour Kamardine : En ces 43 années de conflit sur la question de Mayotte, c’est la première fois que des élus mahorais participent à une réunion avec le Quai d’Orsay pour évoquer cette problématique. Pour nous, Mahorais, contrairement à ce que pense le ministère des Affaires étrangères, ce n’est pas un contentieux dérisoire. Souvent, les gens se sont interrogés légitimement sur le pourquoi du comment on n’arrive pas à trouver un consensus alors que l’Allemagne et la France se sont payées deux guerres mondiales et ont tout de même fini par s’entendre. Nous ne sommes pas dans la même dimension. Certes, la France et l’Allemagne se sont fait la guerre deux fois, armées, violemment, mais si elles ont réussi à faire la paix, c’est parce qu’elles ont réussi à se mettre d’accord sur l’essentiel. Cet essentiel, c’est la souveraineté, les limites territoriales. La France reconnaît les limites territoriales de l’Allemagne, l’Allemagne reconnaît celles de la France, et donc les conditions sont réunies. Aujourd’hui, s’agissant de Mayotte, l’Union des Comores refuse de reconnaître les limites territoriales de la France et de l’Europe à Mayotte, donc les conditions ne sont pas réunies pour une réconciliation et la possibilité d’envisager une relation durable.

Nous considérons, contrairement à notre diplomatie, qu’il n’y a pas de contentieux à dépasser puisqu’à chaque fois que l’on a essayé de le faire, c’est lui qui nous a dépassés. Il faut donc aujourd’hui, non pas le dépasser, mais le régler. C’est ce que nous avons dit : que ce n’était pas un contentieux dérisoire, car il s’agit des principes de souveraineté, et qu’il est temps de le régler.

 

MH : Mais dans un jeu diplomatique à deux parties, la France et l’Union des Comores, comment faire entendre raison à la partie adverse ? 

MK : Vous avez remarqué que Mayotte n’est pas un territoire sans maîtres. Mayotte appartient à l’origine aux Mahorais. Anjouan appartient aux Anjouanais, Grande Comores aux Grands Comoriens, et Mohéli aux Mohéliens. Chacun sur son île, dans son île. Il y a des limites territoriales, et sur des îles, c’est la mer. Mayotte est fière de ce qu’elle est : une île française, parce que c’est le choix de sa population, et nous ne pouvons donc pas accepter qu’une autre île considère que Mayotte lui appartient. Nous nous sommes fait la guerre du temps des sultans batailleurs parce que nous refusions d’être colonisés par Anjouan ; la Grande Comore a fait la guerre à Anjouan pour refuser d’être colonisée ; Mohéli aussi, et ainsi de suite. C’est la France qui a mis un terme aux guerres des sultans batailleurs. Ensuite, nous nous sommes trouvés dans un contentieux administratif qui nous a été imposé, et le jour où les Comores ont décidé de devenir indépendantes, les Mahorais ont choisi de demeurer français. 

Alors, comment régler la question ? On ne peut pas imaginer que quand on est un pays qui a voix au conseil de sécurité de l’Onu et qui a la puissance de feu de notre diplomatie, il ne soit pas possible de trouver avec l’Union des Comores, qui demeure un pays ami, la possibilité de convenir d’un accord, et que la souveraineté française à Mayotte ne fasse plus l’objet d’une revendication ou d’une contestation. Il faut que la France s’engage dans une démarche qui permettra de solder ce problème en utilisant les voies diplomatiques qui existent. Nous soutenons les Comores à travers sa monnaie, à travers les organisations internationales, etc., donc je crois que nous avons la possibilité de le faire.

 

MH : Selon vous, les gouvernements français successifs ont manqué de volonté sur cette question ? 

MK : Encore une fois, nous n’avons jamais été dans une posture de règlement de crise, mais dans celle de dépassement. Il faut désormais que cela change pour régler cette crise.

 

MH : Le gouvernement vous a-t-il paru réceptif à cette volonté de règlement définitif de la crise ?

MK : C’est ce que nous vérifierons dans les jours, mois et années à venir. Nous avons souhaité que les Mahorais soient associés de manière quasi-systématique aux actions qui se déroulent sur la scène internationale. Il pourrait y avoir par exemple une délégation d’élus mahorais auprès de l’Onu, de l’Union africaine, et d’autres grands …/… 

…/… ensembles, pour aller expliquer ce qu’est Mayotte. Nous pensons que la France a un problème avec son passé colonial, et qu’elle n’a donc pas le courage de regarder un pays africain dans les yeux pour dire « Les Mahorais ont fait le choix de la France. » Alors qu’on y emmène et nous, nous le dirons en swahili s’il le faut, en anglais, ou en français. Nous considérons que nous sommes nos meilleurs avocats, mais encore faut-il que la France accepte de mettre à disposition sa diplomatie.

 

MH : Êtes-vous confiant sur une résolution prochaine de la crise actuelle ? 

MK : Nous avons donné notre point de vue, parlé de l’aspect historique de la question, et notamment du fait que Mayotte était française bien avant les autres îles. J’en profite pour ajouter un élément qui n’a jamais été versé au débat. On dit que les Comores sont indépendantes, et notamment suite à la déclaration unilatérale d’indépendance, mais je ferais remarquer que lors de la convocation de la Chambre des députés des Comores, qui a voté en faveur de cette déclaration le 5 juillet 1975, les quatre ou cinq parlementaires de Mayotte n’avaient pas été conviés. Ils n’y ont pas assisté. On a « oublié » de leur envoyer un avion pour venir les chercher, et donc il y a eu déclaration unilatérale d’indépendance des élus des trois îles, sans Mayotte. Mayotte a donc le droit de considérer qu’elle n’a jamais été associée à cette déclaration.

 

MH : On a l’impression que les élus Mahorais ont la volonté de prendre les choses en main, et notamment de faire comprendre à certains pays le choix de Mayotte. C’est une nouvelle façon de faire…

MK : Il s’agit d’une prise de conscience de la difficulté dans laquelle notre pays, la France, se trouve sur ce sujet. C’est une main tendue à notre gouvernement : les élus mahorais sont prêts à l’aider. Sans nous substituer à notre diplomatie, car nous n’avons pas son savoir-faire, nous pensons que nous pouvons être associés.

Jusqu’ici, la France a laissé toute la voie aux Comores pour livrer sa propre version sur la scène internationale. Et à chaque fois, notre diplomatie a été timorée, de peur d’être traitée de colonisateur. Nous, nous disons « non » : Mayotte n’est pas un pays colonisé, c’est un département français par la seule volonté de sa population. 

 

MH : Autre sujet abordé lors de cette rencontre : celui du toilettage institutionnel relatif aux compétences d’un département-région. Le terme fait peur à une partie de la population qui y voit une remise en cause du statut de Mayotte. Que pouvez-vous nous en dire ? 

MK : Moi je n’ai pas à expliquer ce qu’est ce toilettage institutionnel. Il y a un pilote sur le sujet à travers la personne du président du Conseil départemental. Je peux juste dire deux choses : nous avons unanimement convenu que ce toilettage ne doit pas être une fin en soi. Il ne doit pas être considéré comme le moteur sans lequel le développement de Mayotte ne peut se faire. Au contraire, nous considérons que nous avons, grâce à la loi Égalité réelle, un outil extrêmement intéressant pour accompagner le développement de Mayotte. La vraie question qui se pose est : « Quels sont les outils à notre disposition susceptibles d’accompagner et d’amplifier notre développement ? » La loi Égalité réelle a mis en place les contrats de convergence, qu’il faut bâtir. Nous sommes tous d’accord pour constater que 43 ans d’action n’ont pas été un franc succès, et que ce qui a été mis en place l’était certes avec l’accord des Mahorais, mais pas de leur initiative. Nous pensons qu’il est temps de changer de paradigme et de permettre aux Mahorais de donner leur vision de ce qui est bon pour Mayotte, et de demander à l’État d’accompagner. Si nous parvenons à nous entendre là-dessus, le gouvernement a proposé de mettre à disposition  quelqu’un pour nous accompagner dans cette réflexion.

Priorité doit être donnée aux infrastructures de développement : piste longue, routes, port de Longoni, numérique, etc. Sans la mobilité des personnes, des données et des marchandises, on ne pourra pas parler de développement économique. 

Ce n’est que lorsqu’on aura constaté que pour de telles ambitions, il faut modifier de manière substantielle les institutions actuelles, que nous pourrons envisager un toilettage institutionnel et des modifications à la marge, tels le nombre d’élus ou le mode de scrutin, par exemple. Mais s’il s’agit d’aller au-delà, alors il faudra revenir devant le peuple pour une consultation, comme nous l’avons fait cinq ou six fois déjà. C’est ce que j’appréhende sur cette question. Il y a un préalable : fabriquons le contrat de convergence, regardons ce qu’on peut y mettre, et demandons-nous s’il y a nécessité de toiletter. Pour appliquer le Code de la santé, le versement des retraites, et autres réformes sociales, il n’y a pas nécessité à le faire.

MH : À propos de la piste longue, le gouvernement a annoncé en juin dernier la reprise d’une étude en ce sens. Qu’en est-il ? 

MK : Le gouvernement a décidé une mission d’inspection. Elle est en cours. Elle a déjà rencontré les parlementaires, et est venue sur le territoire. Nous attendons ses conclusions. De  notre côté, les choses sont claires : nous ne pouvons pas aborder le développement de Mayotte sans une piste longue. Une piste non pas au service exclusif d’Air Austral, mais une piste qui permette à tous de se poser et de libéraliser l’espace aérien de Mayotte de manière à créer une concurrence. C’est un véritable hold-up dont sont victimes les Mahorais avec la tarification en cours.

 

 

Ramlati ali : « le point de vue mahorais a pu être entendu »

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Jeudi, le sénateur Hassani Abdallah (LREM), les députés Mansour Kamardine (LR), Ramlati Ali (LREM), le président du Conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani et le préfet de Mayotte, Dominique Sorain, ont rencontré la ministre des Outre-mer à Paris pour une réunion de travail centrée sur le fonctionnement du port de Longoni et l’avenir institutionnel du département. Au cours de leur déplacement, les élus mahorais ont également pu s’entretenir des relations diplomatiques avec les Comores avec des ambassadeurs africains. 

 

« On gagne toujours à expliquer l’histoire de Mayotte », estime la députée LREM de Mayotte Ramlati Ali. En déplacement à Paris avec d’autres élus mahorais en fin de semaine dernière pour rencontrer la ministre des Outre-mer Annick Girardin, la députée En Marche ! de la première circonscription de Mayotte a indiqué que ses collègues et elle avaient pu avoir, en marge de cette réunion de travail, une « rencontre très intéressante » à l’occasion de la conférence des ambassadeurs des États africains et avec le directeur de la zone Afrique, « dans la lignée » de la feuille de route France-Comores. « C’était la première fois depuis 1841 (date à laquelle Mayotte a été vendue à la France ndlr) que les élus mahorais rencontraient les ambassadeurs des pays africains », indique l’élue, qui se félicite de cette rencontre où les relations diplomatiques franco-comoriennes ont été évoquées. Face aux élus mahorais, une cinquantaine d’ambassadeurs des pays africains, dont certains soutiennent les revendications des Comores à Mayotte étaient présents. « À chaque fois, (les représentants des pays africains) entendent le point de vue comorien sur la situation, il fallait aussi qu’ils entendent le nôtre », estime l’élue. 

 

Contourner les procès en néocolonialisme 

 

Les responsables politiques mahorais, plus proches du terrain et fin connaisseurs de l’histoire de leur île, apparaissent aussi plus légitimes pour évoquer la question de la départementalisation devant des responsables étrangers. Autre avantage des élus mahorais sur d’autres représentants de l’État français, ils sont peu susceptibles d’être taxés de néocolonialisme par leurs interlocuteurs, fait valoir Ramlati Ali. Pour rappel, le président comorien, Azali Assoumani réaffirmait encore, le 9 août dernier, les revendications comoriennes sur le 101ème département français. Évoquant le référendum constitutionnel du 30 juillet qui est venu renforcer ses pouvoirs et qui lui permet désormais de briguer deux mandats consécutifs de cinq ans, le président Azali a déclaré mi-août que « tous les problèmes que nous avons eus dans ce référendum, leur seule cause reste notre opposition aux expulsions de Comoriens de leur propre pays, l’île de Mayotte. Et nous ne céderons pas. Je veux que ce pays se développe sans l’ancienne puissance coloniale… » Face à la crise diplomatique, les élus mahorais ont la volonté d’être associés au processus de diplomatie. La prochaine étape ? « Il faudrait que nous puissions rencontrer directement les chefs d’État africains qui seraient hostiles à ce que Mayotte reste française », espère la députée Ramlati Ali. 

 

Une collectivité unique, des compétences à clarifier 

 

À l’occasion de leur visite, les élus et le président du Conseil départemental ont rencontré la ministre des Outre-Mer Annick Girardin pour une réunion de travail consacrée à l’organisation du port de Longoni, à sa DSP (Délégation de service public), et à la question de l’évolution institutionnelle du 101ème département. Des questions institutionnelles que les derniers blocages avaient un peu laissées au second plan. »Concrètement, Mayotte est la première collectivité unique qui est censée représenter le département et la région », résume la députée Ramlati Ali. Or, « nous sommes arrivés sur (ce modèle) sans nous y préparer », regrette-t-elle, déplorant un flou sur la répartition des compétences entre la région et le département, ainsi que sur les budgets afférents. « L’évolution institutionnelle que le président (du Conseil départemental ndlr) appelle de ses vœux et que je soutiens, c’est qu’il faut qu’on évalue ce qui est fait, en termes d’obligations et de moyens ». Selon le président Soibahadine cité par nos confrères du Journal de Mayotte, à cet égard, « une lettre de mission sera confiée à un émissaire du ministère des Outre-Mer, qui rencontrera les forces vives du territoire. Ils devront s’exprimer sur l’avenir économique, social, culturel et environnemental de Mayotte. L’envoyé devra définir les outils juridiques et financiers nécessaires pour les mettre en oeuvre. Il faut clarifier les compétences et les ressources de Mayotte ».

 

Fermeture du bureau des étrangers

Alors que le Bureau des étrangers avait partiellement rouvert ses portes, le 30 août, ce dernier a été fermé lundi sur ordre du préfet de Mayotte, Dominique Sorain. Des « mamans mahoraises » membres des associations manifestantes, ont dormi devant l’établissement, bloquant l’accès au service aux personnes s’y présentant le lendemain matin. Le collectif des citoyens de Mayotte et le Comité de défense des intérêts de Mayotte (CODIM) bloquent en effet l’accès au lieu depuis un peu plus d’un mois maintenant. Jeudi dernier, trente deux personnes, dont des personnels de l’Éducation nationale et des personnes constituant un cas sanitaire problématique avaient pu renouveler leur titre de séjour. Le lendemain, c’est soixante cinq personnes qui ont pu le renouveler. Le bureau restera fermé jusqu’à nouvel ordre.

L’activité bancaire en augmentation à Mayotte

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L’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) vient de publier un « Panorama de l’activité bancaire dans les DOM et les collectivités d’outre-mer de la zone euros en 2017 ». Un rapport encourageant pour les banques ultramarines. À Mayotte, la conjoncture économique est porteuse malgré un niveau d’équipements bancaires inférieur à celui de l’hexagone. 

En 2017, seul sept établissements bancaires étaient installés à Mayotte, contre vingt à La Réunion*. Selon l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) « le paysage bancaire continue sa mutation dans les Départements français d’Amérique (DFA) et l’océan Indien et les projets de transformation des principaux groupes bancaires nationaux se poursuivent », en 2017. Un premier constat identique à  un précédent rapport de 2015. Intitulé « Panorama de l’activité bancaire dans les DOM et les collectivités d’outre-mer de la zone euros en 2017 », ce bilan fait donc état d’une convergence progressive des banques ultramarines vers un système plus métropolitain, abandonnant les établissements « exclusivement locaux » au profit de grands groupes bancaires « hexagonaux ou internationaux ». 

Pourtant, la densité des équipements bancaires dans les départements et collectivités d’outre-mer « reste en général inférieure à celle observée dans l’hexagone ». En effet, le nombre de « bancarisation » (comptes ordinaires par habitant) est largement plus élevé dans l’hexagone avec 1,25 compte bancaire par habitant contre 0,89 en moyenne pour les départements et les collectivités d’outre-mer (DCOM), à l’exception de Saint-Pierre-et-Miquelon, et seulement 0,29 dans le 101ème département français en 2017. Malgré ces chiffres, 42% des entrepreneurs à Mayotte ont ouvert un compte en banque l’année dernière selon une étude de l’association pour le droit à l’initiative économique (ADIE).

L’octroi de crédits augmente

Dans l’océan Indien (La Réunion et Mayotte), « en écho à un contexte plutôt favorable », l’activité des banques « renoue avec la croissance » avec une hausse de 5,4% sur un an (-0,3% en 2016) alors que la conjoncture économique est « mitigée dans la zone Antilles-Guyane ». Cette croissance s’explique notamment par la progression de l’encours de crédits (+4,5% en 2017 après +3,1% en 2016) et des crédits aux investissements des entreprises (+11,9%). La collecte des dépôts à la clientèle est également à la hausse de 5,4% en 2017, après une augmentation de 6,1% en 2016. 

En outre, le taux de créances douteuses des banques de l’océan Indien « poursuit son amélioration », passant de 6,0% en 2016 à 5,2% en 2017. Cependant, « le taux de créances douteuses reste plus élevé sur les DCOM que ceux observés pour la France entière (3,7% sur la base des données 2016) », souligne l’IEDOM. Une évolution due à une meilleure protection des banques installées à Mayotte, qui disposent désormais d’un niveau de couverture plus important que dans l’hexagone.

Une meilleure rentabilité

Dans les Départements français d’Amérique, le Produit national brut (PNB) des banques baisse de 0,9%, atteignant 659 millions d’euros en 2017. L’océan Indien enregistre « la même dynamique » avec -0,3%, soit 501 millions d’euros. En cause, les opérations avec la clientèle notamment. Pour autant, le résultat net des banques de la zone océan Indien augmente de 19 millions d’euros (+19,3%) « pour se porter à 117 millions d’euros » grâce à une diminution du montant des impôts. La hausse du PNB améliore donc « la plupart des indicateurs de rentabilité pour les deux zones », révèle l’Institut, avant d’ajouter : « la baisse du PNB conjuguée à la hausse assez marquée du résultat net a pour conséquence une hausse de la marge nette : +2,3 points dans les DFA et +3,8 points dans l’océan Indien ». Pour l’océan Indien, les niveaux de ces indicateurs sont « parmi les plus élevés des géographies étudiées », se félicite l’IEDOM.

*Vendredi 31 août, une nouvelle agence bancaire du Crédit Agricole a été inaugurée à Bandrélé, portant le nombre d’établissements bancaires installés à Mayotte à huit.

Immigration | Bureau des étrangers : 32 personnes reçues

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Hier, une nouvelle mesure prise par la préfecture a permis à un nombre réduit de personnes souhaitant régulariser leur situation auprès du bureau des étrangers de mettre à jour leur carte de séjour. Un tri sélectif des demandeurs était de rigueur.

Le bureau des étrangers de la préfecture ne fonctionne plus normalement depuis mars dernier. Période durant laquelle, grève et mobilisation sociale avaient cerné l’établissement, menant fin juillet, à sa fermeture totale. Le collectif des citoyens de Mayotte et le Comité de défense des intérêts de Mayotte bloquent en effet l’accès au lieu depuis maintenant un mois. Hier, devant le bureau des étrangers de la préfecture, les deux associations manifestaient une fois de plus leur mécontentement face à la décision de la préfecture d’une ouverture partielle bien ciblée. Étienne Guillet, directeur de cabinet du préfet, explicite cette nouvelle position prise pour faciliter les démarches d’un certain nombre d’usagers « qui vivent, de par la situation dans laquelle nous étions avec le service des étrangers fermé, avec une situation personnelle intenable ». Et d’ajouter : « Il s’agit de personnes avec des problèmes de santé qui peuvent remettre en cause leur vie, plus largement qui peuvent avoir d’autres aspects sanitaires avec lesquels il faut être vigilant. Des maladies pouvant être à l’origine d’épidémies par exemple ».

Le cas des étudiants étrangers pas à l’ordre du jour

En parallèle, le directeur de cabinet met en lumière le cas des enseignants « qui étaient en situation régulière avant d’être reçus ce matin dans le bureau des étrangers, mais ils avaient perdu la régularité de leur séjour puisque ce dernier étant fermé, leur titre était arrivé à expiration ». En effet, il s’agit d’enseignants qui étaient sur le territoire et qui ont procédé aux démarches « comme il le fallait » et « qui ont été acceptés sur ce territoire mais qui se sont retrouvés avec un titre de séjour périmé » a-t-il souligné. »Nous avons souhaité permettre à ces enseignants de retrouver la plénitude de leurs droits. Pouvoir enseigner tout simplement devant les élèves de Mayotte ». Si cette ouverture partielle reste très limitée, d’autres jours d’ouverture sont prévus car tous les cas urgents n’ont pas été traités, à savoir les cas sanitaires assez problématiques et les personnels de l’Éducation nationale qui ne pourront enseigner s’ils se retrouvent en situation irrégulière. En ce qui concerne l’affaire des étudiants étrangers, leur dossier n’est toujours pas à l’ordre du jour : « La décision n’a pas été prise par le préfet, ils ne seront donc pas reçus au bureau des étrangers », a conclu Étienne Guillet. 

 

Une ouverture partielle encouragée par Jean- Michel Blanquer

Lors de son passage sur l’île en début de semaine, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer avait insisté pour que le bureau des étrangers rouvre. « Le bureau des étrangers doit rouvrir dans les plus brefs délais, c’est le rôle du préfet et je lui fais confiance là-dessus », avait-il déclaré. Une allusion probable à la situation des professeurs sénégalais (voir notre article ici) clamant leur droit d’accès à un renouvellement de leur carte de séjour.

Dépistage du Sida : « Il faut cibler les personnes les plus exposées »

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Mercredi se tenait dans les locaux du SMIAM, à Mamoudzou, la cinquième édition de la Journée « VIH et Hépatites de Mayotte » chapeautée par l’association Nariké M’sada pour les personnes séropositives et la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST). L’occasion pour les professionnels de santé de faire un point de situation sur le virus et les autres IST ainsi que de définir les perspectives d’évolution en matière de prévention et de prise en charge. 

Sida, hépatites, papillomavirus… « Il ne faut pas se cacher sur la réalité de ces infections à Mayotte ». Tel est le constat du docteur Anne Barbail, médecin et inspectrice de l’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte, invitée à intervenir lors de la cinquième édition de la journée d’informations et d’échanges « VIH et hépatites de Mayotte » qui s’est tenue mercredi dans les locaux du SMIAM, à Mamoudzou, sous l’égide de la COVERIH Réunion/Mayotte (Coordination régionale de la lutte contre l’infection due au VIH) . Ce point de situation organisé par l’association Nariké M’sada, qui œuvre pour les personnes séropositives et la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) a  réuni de nombreux professionnels de santé et institutionnels. Il ressort de leurs échanges qu’il existe des facteurs de risques spécifiques au  101ème département en matière d’IST : les partenaires multiples – avec la pratique de  la polygamie notamment – la précocité des relations sexuelles, un accès et un usage du préservatif restreint ou encore le manque de dépistages. À cet égard, « l’objectif est de dépister au plus tôt un VIH pour pouvoir favoriser un diagnostic rapide et un traitement rétroviral efficace », souligne l’inspectrice de l’ARS. Pour autant, « nous avons actuellement du retard en matière de diagnostic ». D’importants efforts restent donc à faire, notamment auprès des populations qui apparaissent les plus exposées au virus. 

Plusieurs méthodes complémentaires sont à disposition des personnels de santé et de la population pour dépister le virus du sida. À côté des tests sérologiques classiques réalisés en laboratoire, il existe des Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD) qui peuvent être effectués en établissement de santé, dans diverses structures de prévention ou à l’occasion de programmes de dépistage dits « communautaires ». Il  y a encore la possibilité d’avoir recours aux autotests, disponibles en France depuis 2015 – »Il y a une vraie demande » pour ces outils, selon le docteur Barbail –  mais dont l’usage reste encore très limité à Mayotte. L’entreprise pharmaceutique Copharmay a par exemple indiqué ne fournir qu’entre 4 et 6 autotests Mylan (entre 40 et 50 euros pièce) aux pharmacies mahoraises chaque mois.

« L’intérêt du TROD communautaire est d’aller vers les personnes les plus exposées, c’est ce vers quoi l’on doit tendre, notamment avec les associations », insiste le docteur Barbail. Les personnes prostituées, les usagers de drogues, les migrants ou les personnes précaires font partie de ces personnes particulièrement exposées au risque de transmission. En 2016, « les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes restaient majoritaires » dans les populations les plus exposées, selon les données recueillies par l’ARS. « 

Dédramatiser la maladie 

Pour le directeur de l’association Nariké M’sada, Moncef Mouhoudhoire, il ne faut pas négliger les chiffres : chaque année, une trentaine de nouvelles contaminations au VIH sont découvertes à Mayotte. C’est beaucoup, mais paradoxalement, cela signifie également que « l’action de dépistage fonctionne », relève-t-il. En outre, « Les choses commencent à changer à Mayotte, avec la transformation de l’ARS océan Indien en ARS  Mayotte autonome, ce qui devrait changer la donne en termes de financements » et permettre d’allouer plus de moyens à la lutte contre les IST, espère le directeur. S’il n’est pas question de nier la gravité de la maladie et ses répercussions, il apparaît nécessaire selon lui de la « dédramatiser », alors que les personnes séropositives font encore aujourd’hui l’objet de stigmatisations en tout genre. « La prise en charge médicale du VIH  à Mayotte fonctionne comme dans le reste de la France métropolitaine, et, comme nous sommes en France, les traitements – dont le coût moyen peut aller jusqu’à 1000 euros – sont remboursés », ce qui n’est pas le cas de nombreux  autres pays du globe, à l’instar des États-Unis, qui ne bénéficient pas d’un système de sécurité sociale tel que le nôtre, souligne-t-il.  Par ailleurs, « les personnes séropositives peuvent aujourd’hui avoir une vie normale à Mayotte (…) Elles ont une espérance de vie normale et ont la possibilité de faire des enfants « . Grâce aux progrès des traitements, les porteurs du virus peuvent également parvenir à ce qu’on appelle une « charge virale indétectable », une formule utilisée lorsque la quantité de virus présent dans le sang est très faible, réduisant par là-même les risques de transmission, jusqu’à permettre aux porteurs du virus de devenir,  à terme, « non-contaminant ». 

« L’infection Hépatite B  est majeure à Mayotte »

Le virus de l’hépatite B (VHB) se transmet principalement par voie sexuelle et sanguine. Il s’attaque aux cellules du foie et entraîne l’inflammation de cet organe. Pour Anne Barbail, médecin et inspectrice à l’Agence Régionale de Santé (ARS), « l’infection d’hépatite B est majeure à Mayotte, c’est pourquoi depuis 2012, nous insistons beaucoup sur la vaccination » notamment chez les nourrissons. Selon une enquête de Santé Publique France, le nombre de dépistages en France s’élevait en 2016 à 4,3 millions (+14% par rapport à 2013) avec 33 962 dépistages positifs (+6% par rapport à 2013) pour un total de 45 cas sur 100 000 habitants. Mayotte est à cet égard la région la plus concernée avec 344 cas pour 100 000 habitants, devant la Guyane (183) et l’Île-de-France (145). Sur l’ensemble du territoire, « Il y a une recrudescence des IST à laquelle Mayotte n’échappera sûrement pas », déplore l’inspectrice. 

 

L’illettrisme, fléau de Mayotte

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Les Journées nationales d’action contre l’illettrisme (JNAI) auront lieu du 8 au 15 septembre prochains. À Mayotte, le taux de l’illettrisme est nettement supérieur à la moyenne dans l’hexagone. Dans un courrier en date de lundi, Ben Youssouf  Chihabouddine, Président de la Commission de lutte contre l’illettrisme,  a interpellé le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, en visite officielle sur l’île, pour dénoncer ces disparités. 

Plus de cinq jeunes mahorais sur dix en grande difficulté à l’écrit. Selon les derniers résultats de l’enquête nationale de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), en 2012, parmi les 109 000 personnes en âge de travailler, 58%  des habitants de Mayotte ne maîtrisaient pas les compétences de base à l’écrit en langue française. Compte-tenu d’un accès à l’enseignement plus tardif, les femmes étaient davantage en difficulté avec 63% contre 53% pour les hommes. « Les langues véhiculaires parlées à Mayotte sont différentes de la langue de scolarisation, ce qui peut créer un fossé avec la métropole par exemple », a regretté Éric Nedelec, coordonnateur national de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI). Le Président de la Commission de lutte contre l’illettrisme, Ben Youssouf Chihabouddine, a profité de la visite à Mayotte du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, pour l’interpeller sur ces chiffres inquiétants,  dans un courrier datant de lundi. Il a notamment évoqué « un problème (illettrisme et analphabétisme ndlr) aigu qui s’aggrave » prenant exemple sur la Journée de la défense et de la citoyenneté en 2015. « Les enquêtes […] ont fait ressortir que 75% des jeunes ont des difficultés de lecture à Mayotte ». Une situation alarmante qui nécessite des efforts « immenses et urgents » pour le département. Le Président de la Commission a également demandé « que soit intégré dans le plan de construction de Mayotte, un vaste programme de lutte contre l’illettrisme et l’analphabétisme orienté vers l’amélioration de l’employabilité de la population ». Enfin, il a rappelé la « volonté exprimée de Monsieur Le Président de la République de mieux accompagner Mayotte » pour « une amélioration rapide de la connaissance de la langue française et des savoirs de base de la population ».  

Pauvreté et illettrisme, même combat

Le ministre a, quant à lui, assuré lundi que le gouvernement avait pris « toute la mesure » des problèmes récurrents à Mayotte et a souligné que les « évaluations diagnostiques » devaient permettre aux enseignants de vérifier, dès le CP, l’acquisition des savoirs fondamentaux. Ces difficultés face à l’écrit et à la lecture « s’expliquent notamment par l’environnement économique et culturel, le contexte et l’histoire de l’île », a indiqué Éric Nedelec avant d’ajouter : « la plupart du temps, nous pouvons superposer la carte de la grande pauvreté et la carte de l’illettrisme. Là où il y a des poches de pauvreté, il y a un taux d’illettrisme qui peut être important même s’il ne faut pas faire de généralité », a remarqué le coordonateur national de l’ANLCI. En 2017, une plateforme partenariale a été mise en place à Mayotte, « même si la volonté était de la créer en 2015 », pour fédérer tous les acteurs de ce combat. Regrouper tous les acteurs, c’est aussi la mission des Journées nationales d’action contre l’illettrisme (JNAI) qui se dérouleront, cette année, du 8 au 15 septembre prochains. « L’illettrisme est un phénomène invisible. C’est donc un travail incessant d’informations et d’échanges avec la population pour le faire connaître, surtout dans les Outre-mer et à Mayotte en particulier », a expliqué Virginie Lamontagne, chargé de mission à l’ANLCI. Et d’ajouter que « diffuser un message est au cœur de notre campagne : on peut apprendre à tout âge. L’estime de soi, il faut travailler sur cette dimension ».

Une entreprise sur deux concernée par l’illettrisme

Selon une enquête du CSA, publiée le 8 septembre dernier, seul  un quart des employeurs est en mesure de déceler l’illettrisme, alors qu’il concerne une entreprise sur deux. Plus de 2.5 millions de personnes, soit 7% de la population âgée de 18 à 65 ans, étaient en situation d’illettrisme, en 2017, après avoir été scolarisées en France, selon l’ANLCI. Le pourcentage d’employeurs disposant des moyens nécessaires pour repérer ce phénomène, n’est que de 26%. Pourtant, 91% des entreprises assurent que la lutte contre l’illettrisme est un enjeu important.

 

Deux personnes déférées après les échauffourées de Musicale Plage

Quatre personnes avaient été interpellées lundi après les échauffourées et l’agression d’un gendarme survenues à proximité de Musicale Plage, à Bandrélé, dans la nuit de samedi à dimanche.

Deux d’entre elles ont été déférées devant un juge d’instruction hier pour l’ouverture d’une information judiciaire, a-t-on appris auprès du procureur de la République Camille Miansoni. L’un des individus présentés à la justice est poursuivi pour des faits de tentative de meurtre sur un agent de la force publique, l’autre pour vol aggravé, également à l’encontre d’un agent de la force publique. Leur placement en détention provisoire a été requis. La nuit du 25 août, deux gendarmes avaient été appelés en renfort par des agents d’une société de sécurité privée chargés d’encadrer la soirée « Black Out Beach Party » organisée à Musicale Plage.

Sous couvert d’anonymat, un agent de sécurité, avait indiqué à Flash Infos qu’n groupe de jeunes avait, ce soir-là, enfoncé une clôture, pour « semer le chaos » à l’intérieur du périmètre dédié à l’événement. Des gaz lacrymogènes ont notamment été tirés, nécessitant la prise en charge d’au moins une jeune femme par les services de secours. Puis, selon un communiqué de la gendarmerie, « vers deux heures du matin, une bagarre y a éclaté, entre une bande de jeunes individus et le service de sécurité ». La brigade de gendarmerie de M’zouazia dépêchée sur les lieux aurait alors été » immédiatement » prise à partie, « alors que les gendarmes tentaient de faire cesser les dégradations commises sur un véhicule par les mêmes fauteurs de trouble », indique la gendarmerie, qui ajoute qu’un individu, « profitant de l’obscurité », a asséné deux coups dans le dos d’un des militaires « à l’aide d’un tournevis au niveau de sa clavicule droite, alors qu’un autre parvenait à repousser ses agresseurs, qui tentaient de lui arracher un pistolet à impulsion électrique (taser ndlr) ». Le gendarme blessé est toujours sous observation au CHM. Ses jours ne sont pas en danger. 

 

« Je suis assez confiant » : le ministre optimiste pour l’avenir du système scolaire

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Deuxième et dernier jour de visite à Mayotte, mardi, pour le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Avant de décoller vers Paris en fin de matinée, l’homme politique s’est déclaré confiant quant à l’avenir du système scolaire mahorais. 

Après les visites d’établissements scolaires, celle au vice-rectorat, et l’inauguration de l’internat d’excellence, lundi, la journée d’hier était un peu le point d’orgue de la venue du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Point d’orgue, car c’est notamment la rencontre avec les représentants syndicaux qui était au programme. Enjeu de celle-ci : s’enquérir des revendications désormais bien connues : attractivité du territoire, formation des professeurs, rythmes scolaires, construction de nouveaux établissements, etc. Pas d’annonces puisque ce n’était pas là l’objet de cette visite  officielle, mais une satisfaction pour le ministre, qui a souligné des « échanges chaleureux, francs, authentiques et dirigés vers des solutions » avec les acteurs de l’éducation à Mayotte. De quoi faire avancer le grand chantier de l’éducation mahoraise ? Oui, selon le ministre, qui s’est déclaré « assez confiant » quant à l’avenir.

Et de s’appuyer sur le plan de développement pour Mayotte annoncé en mai dernier, les 500 millions d’euros qu’il réserve pour l’amélioration du système scolaire local, et la mise en place d’un rectorat de plein exercice dès cette année : « C’est pour cela que Stephan Martens a été nommé (…) L’objectif n’est pas de changer la pancarte du rectorat, mais de réellement hausser le niveau. Cela signifiera (…) des recrutements pour renforcer l’institution, des fonctionnalités qui vont se développer en matière de formation professionnelle et d’apprentissage, de formation initiale et continue des professeurs, pour le suivi des constructions, etc. », a-t-il commenté. Une transition qualifiée « d’emblématique du passage d’un cran à un autre. »

350 postes créés pour cette rentrée

Pour cette rentrée scolaire, « 350 postes ont été créés », a rappelé Jean-Michel Blanquer, en promettant une série de mesures à venir « pour améliorer l’attractivité et la gestion des ressources humaines ». Dans le détail, il s’agit d’amener la future académie « à avoir plus de profs titulaires » et « toujours mieux formés », notamment en privilégiant le pré-recrutement  pour « avoir le plus possible de professeurs titulaires mahorais. » 

Pour autant, malgré l’optimisme affiché, le ministre n’a pas nié les évidences du territoire : « Il y a des difficultés à Mayotte », a-t-il ainsi reconnu avant de poursuivre : « [Elles] sont importantes. Personne ne le nie. Nous avons aujourd’hui un diagnostic partagé sur les insuffisances des infrastructures, mais aussi face à l’énormité des défis que nous avons, dont le défi démographique. »

Autre défi soulevé : celui du niveau scolaire, désormais admis comme plus faible qu’ailleurs, avec un taux d’illettrisme encore élevé. « Le mot-clé est « pragmatisme », a-t-il assuré, en soulignant l’application de la mesure limitant les classes de CP et CE1 à 12, voire 15 élèves, mais aussi la mise en place dès 2019 de la scolarisation obligatoire dès trois ans partout en France, Mayotte comprise. Les classes de niveau, parfois suggérées, n’ont pas été exclues.  Leur pertinence devrait  être étudiée lors de l’élaboration du projet académique du futur rectorat, prévue pour cette fin d’année.

 

Du cas par cas pour les enseignants et les étudiants étrangers

 » Les situations de blocage dans un sens ou dans l’autre ne sont pas durables », a réagi hier le préfet Dominique Sorain à propos du blocage du service des étrangers de la préfecture, qui affecte notamment les professeurs et les étudiants étrangers. « Un travail au cas par cas sera fait dans les prochains jours. Sur la situation des enseignants étrangers, nous allons regarder leur situation (…) pour qu’ils puissent avoir les documents nécessaires à leur activité ici, à Mayotte. Pour les étudiants, cela sera en fonction de leur situation. L’examen sera fait avec le vice- rectorat pour déterminer la suite à donner à leurs demandes. »

 

Jean-Michel Blanquer : « Nous avons les moyens d’aller de l’avant à Mayotte »

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Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer est arrivé à Mayotte lundi matin pour une visite de 48 heures destinée à prendre contact avec les réalités de terrain des établissements scolaires du département. L’occasion, en cette période de rentrée, de saluer le « volontarisme politique » en la matière et le travail des équipes pédagogiques, ainsi que de rassurer sur les promesses budgétaires du « Plan d’action pour Mayotte » dont le contenu a été dévoilé en mai dernier. 

Classes surchargées, illettrisme, infrastructures vieillissantes, manque d’effectifs, de sécurité… En matière d’éducation, le plus jeune département de France a de nombreux défis à relever. Pour les appréhender et rencontrer ceux qui s’y attellent, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer effectue une visite de deux jours sur l’île aux parfums, débutée lundi matin. « Je sais depuis longtemps à quel point le système scolaire de Mayotte connaît de très grandes difficultés, en partie liées au sujet démographique. L’Éducation nationale doit être à la hauteur du défi qui est posé et c’est pour ça que je suis là. Je suis aussi venu pour accompagner toutes les actions que nous avons décidé de faire, dont la transformation du vice-rectorat en rectorat (de plein exercice ndlr) », a assuré le ministre dès son arrivée à l’aéroport. Première visite à son agenda : l’école élémentaire de Labattoir 6 Ali Said Fundi, en PetiteTerre. Avec pas moins de 500 élèves pour une vingtaine d’enseignants, cette école ouverte en 1997 a été sélectionnée car elle fonctionne depuis 2011 selon le système dit des « rotations ». Faute de place disponible pour accueillir tous les élèves en même temps, les journées de cours y sont divisées en deux. Certaines classes ont cours le matin, d’autres l’après-midi. Environ 30% des établissements scolaires de Mayotte ont adopté ce système destiné à gérer la surcharge d’élèves dans les classes. 

Ce lundi matin, la récréation a dû être avancée pour la venue du ministre. Une large banderole portant l’inscription « Caribou à Labattoir » et de nombreux drapeaux tricolores lui faisaient office de tapis rouge. Après avoir reçu son traditionnel collier de fleurs, Jean-Michel Blanquer a été accueilli par Saïd Omar Oili, le maire de Dzaoudzi-Labattoir. « Vous êtes venu pour vous rendre compte de la réalité », se réjouit ce dernier. Après avoir retracé l’historique de l’école, l’élu explique que « l’application des rythmes scolaires n’est pas évidente ici », et plaide pour un nouveau soutien financier à destination de la rénovation des locaux. Si Mayotte est le « territoire de tous les défis », c’est aussi « le plus pauvre et celui qui mérite le plus d’aide, car il a voulu rester français à tout prix ».

« Le plan de 500 millions d’euros va s’accomplir »

Après avoir rencontré les enseignants et s’être assis à la table des élèves en compagnie de la directrice, du nouveau recteur Stephan Martens et du préfet Dominique Sorain, le ministre a tenu à rassurer et à rappeler ses principaux objectifs. Évoquant les « taux d’illettrisme » importants à Mayotte, il a assuré que le gouvernement avait pris « toute la mesure » des problèmes récurrents dans le 101ème département. Et de rappeler les deux mesures phares de son programme : les classes de CP à douze élèves – « Ici comme dans toute la France je mets l’accent sur le CP et le CE1, cette période fatidique où les enfants apprennent à lire, à compter et à respecter autrui » – et « les évaluations diagnostiques » qui doivent permettre aux enseignants de vérifier, dès le CP, l’acquisition des savoirs fondamentaux. 

Sur le volet budgétaire, les 500 millions d’euros promis pour l’éducation lors de la présentation du Plan de rattrape et de développement pour Mayotte, dévoilé en mai dernier par la ministre des Outre-mers, Annick Girardin, « vont s’accomplir », a insisté Jean-Michel Blanquer, « ils sont en train de s’accomplir ».  À l’époque, la ministre avait en effet évoqué « un effort important (…) indispensable en faveur des constructions scolaires. Sur le quinquennat, [il y aura] près de 500 millions d’euros d’investissements, soit environ le double que lors du quinquennat précédent (…) Plus de 500 recrutements seront opérés [dans l’Éducation nationale], dont 150 en plus de ce qu’impose la progression des effectifs ». Interrogé sur la question des rotations, le ministre a voulu rappeler qu’elles ne « datent pas de cette rentrée » ajoutant que « nous avons les moyens d’aller de l’avant, cela marchera si l’on est unis ».

« Le bureau des étrangers doit rouvrir »

Depuis plusieurs semaines, le service des étrangers de la préfecture fait l’objet de blocages quotidiens à l’initiative de divers collectifs de citoyens qui s’opposent à l’octroi de titres de séjour à des étudiants étrangers. Ces étudiants, réunis en collectif, avaient interpellé la préfecture le mois dernier sur leur situation, dénonçant des retards dans l’examen de leur demande de visa à la suite de la fermeture du service des étrangers en mars. Bacheliers, certains d’entre eux se trouvent ainsi empêchés de poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur, faute de papiers pour s’inscrire. Interrogé sur cette situation, Jean-Michel Blanquer a estimé que « de façon générale, un blocage n’est jamais bon » avant de déclarer que « le bureau des étrangers doit rouvrir dans les plus brefs délais, c’est le rôle du préfet et je lui fais confiance là-dessus ». 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les néo-contractuels font leur rentrée

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Au programme pour la première journée, une conférence sur « l’éducation prioritaire et le contexte plurilinguisme », des interventions de professionnels de l’Éducation nationale et des ateliers destinés aux enseignants débutants. Au cours de la deuxième journée, était proposée une conférence intitulée « Connaître le système éducatif et ses attentes, ce que l’Éducation nationale attend des élèves du 21ème siècle, les gestes professionnels et la posture de l’enseignant ». 

L’ouverture de ce séminaire a été assurée par le nouveau recteur Stephan Martens. Plusieurs intervenants y ont participé, dont le directeur académique adjoint des services (DAASEN), chargé de mettre en œuvre la politique éducative du département, et des inspecteurs des différentes circonscriptions de l’Académie de Mayotte. Ce séminaire était animé par Richard Barbé, directeur de la formation pour les néo contractuels représentant le Département de la formation et de l’accompagnement des contractuels. Environ 200 néo-contractuels, tous degrés confondus, étaient présents. Les intervenants ont souhaité rappeler le contexte de plurilinguisme de Mayotte, et rassurer ces nouveaux enseignants avec la mise à disposition de plusieurs outils pédagogiques et de formations. Ils ont également souligné les efforts considérables fournis chaque année pour élever le niveau des élèves et assurer la qualité de l’enseignement dans le 101ème département. 

Laïcité : des conseils pour son application à Mayotte 

 » Je vis à Mayotte depuis trois ans, j’ai exercé le métier d’ingénieur pour une entreprise de Mayotte. J’ai décidé de me reconvertir en tant que professeur car je suis une personne pédagogue, et j’aime partager le savoir « , a confié Steven Rodrigues, qui s’apprête à faire sa première rentrée en tant qu’enseignant. La laïcité était au cœur des débats. Un rappel des obligations de neutralité des enseignants quant à leurs tenues, leurs postures et leur idéologie. La loi de 2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises rappelle que les tenues de la vie quotidienne sont tolérées, comme par exemple le Kichali mahorais, ce voile coloré avec différents motifs porté par les jeunes filles et femmes de Mayotte. 

Le voile islamique noir – celui qui couvre les cheveux et les oreilles – est en revanche prohibé. Le port du boubou, une tenue blanche portée lors des cérémonies religieuses, est également interdit. En 2017, cinq cas d’atteinte à la laïcité ont été constatés sur l’année scolaire précédente. Le premier cas concerne des élèves qui ne voulaient pas dessiner des visages en cours d’art plastique et les quatre autre cas concernaient des enseignants. Un rappel a également été fait sur les discriminations entre collègues enseignants. Ces derniers sont tenus de signaler les cas d’abus et de non-respect des principes de la laïcité. Toutefois, il leur a été conseillé par exemple de ne pas exclure un élève qui porterait à l’école des tenues interdites par la loi, favoriser le dialogue avec l’élève et ses parents. « Les années précédentes ont été difficiles en termes de recrutement » Cette année 50 contractuels dans le premier degré et 250 contractuels dans le deuxième degré ont été recrutés pour renforcer les effectifs. « Cette année nous avons moins recruté car les contractuels des années précédentes ont vu leurs contrats se renouveler. L’enseignement à Mayotte progresse », a estimé Richard Barbé. Des conditions de diplôme sont requises pour pouvoir enseigner à Mayotte. Chaque niveau de diplôme a ses avantages. Les néo-contractuels qui détiennent une licence ou un master percevront ainsi un salaire net de 2 300 euros par mois, les 40% d’indexation étant inclus, sans compter les diverses primes et paiement d’heures supplémentaires. Afin d’attirer les nouveaux arrivants résidant hors de Mayotte un complément de rémunération de 8 000 euros est prévu. Ceux qui détiennent un diplôme de niveau master 2 ou plus percevront quant à eux un salaire net de 2 600 euros par mois, indexation incluse. Un complément de rémunération de 9 000 euros leur est par ailleurs destiné. « La campagne de recrutement a été lancée depuis quelques mois, les rémunérations intéressantes et la possibilité de faire carrière dans la fonction publique sont les raisons pour lesquelles les nouvelles recrues ont accepté de signer avec le vice-rectorat de Mayotte. Les années précédentes ont été difficiles en termes de recrutements de contractuels », admet-on au vice-rectorat.

Des ressources pédagogiques pour les enseignants 

Lors du séminaire, il a été rappelé que des ressources pédagogiques sont disponibles sur les différents sites du vice-rectorat et du ministère de l’Éducation nationale. Chaque enseignant bénéficiera par ailleurs d’une adresse mail de l’Académie de Mayotte. Cette adresse leur permettra de pouvoir accéder à des outils sur le site du Vice-rectorat et de l’Éducation nationale. 

 

Voici la liste des liens mis à leur disposition : 

www.ac-mayotte.fr 

www.education.gouv.fr 

https:/peda.ac-mayotte.fr 

www.edusol.education.fr 

www.ife.ens-lyon.fr/ife

 

Ousna Attoumani sacrée Miss Mayotte

Vendredi à Kani Bé, une nouvelle Miss Mayotte a été couronnée. Ousna Attoumani, sublime jeune femme de 20 ans, s’est vu remettre son écharpe par la Miss France 2018, Maëva Coucke, venue sur l’île aux parfums pour l’occasion. Après un baccalauréat littéraire et des études de LEA anglais et chinois (Langues étrangères appliquées), la jeune femme d’1m77 s’est tournée vers le tourisme et souhaite faire rayonner son île aux quatre coins du globe. Adepte du fitness, la jeune femme se passionne également pour le design et la mode. Ousna Attoumani succède à Vanylle Emasse, gagnante de l’édition 2017, qui lui a remis la couronne. La jeune femme, actuellement en voyage à La Réunion, participera à l’élection Miss France 2019 en décembre prochain. 

 

Circulation coupée samedi soir

Attention, prudence. La circulation routière sera coupée dans les deux sens sur la route nationale 1 au point de repère 04+600, au niveau de la sortie d’agglomération de Majicavo Lamir en direction Koungou, dans la nuit du samedi 25 août à 20h00 et jusqu’au dimanche 26 août 05h00, « pour des travaux de mise en oeuvre des couches de roulement en béton bitumineux sur le chantier du giratoire de Majicavo Lamir », indique, par voie de communiqué, la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) de Mayotte. »Les usagers de la route sont invités à emprunter, en guise de déviation, les routes départementales n° 1 (Soulou – Combani), 2 (Dzoumogné – Soulou) et 3 (Combani – Passamainty). » Seuls les véhicules d’urgence, les véhicules prioritaires et de secours seront autorisés à passer selon les indications données sur le chantier. « La DEAL appelle les usagers de la route à la plus grande prudence, à la patience et au respect de la signalisation routière. Elle les remercie pour leur compréhension pour la gêne occasionnée. »

Profs en situation irrégulière

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Le bureau des étrangers est bloqué depuis le mois dernier par le Comité des citoyens de Mayotte. Une situation qui contraint un bon nombre d’habitants à vivre dans l’illégalité. C’est le cas notamment de professeurs sénégalais n’ayant pu renouveler leur carte de séjour. 

« Les autorités doivent savoir qu’on galère, qu’on souffre. On va limite devenir clandestins ». Désespéré Amadou Dione, professeur de lettres modernes à Kani-Kéli  et membre associé du Laboratoire linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles  de l’université Grenoble-Alpes, nous fait part de sa situation. Arrivé à Mayotte le 17 septembre 2017 avec une carte de séjour valable un an – renouvelable -, le professeur contractuel était loin de se douter qu’il pourrait un jour se retrouver en situation irrégulière. Ils sont une dizaine dans ce cas, explique-t-il, principalement des Sénégalais.  

Amadou Dione s’est rendu à Mayotte avec une carte de séjour valable jusqu’en octobre 2017. Avant la date d’expiration, ce dernier effectue une première demande auprès du bureau des étrangers et obtient une autorisation provisoire de séjour (APS)*, valable trois mois. En février 2018, convoqué par la préfecture, le professeur doit s’y présenter afin de réaliser un relevé d’empreintes digitales en vue d’obtenir un titre de séjour. Ce dernier repart bredouille sans pouvoir s’entretenir avec qui que ce soit. S’ensuivra le grand mouvement social et la fermeture du bureau des étrangers, qui ne faciliteront pas la situation du professeur. 

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ? 

Ce dernier ne cesse d’effectuer des allers-retours entre la préfecture et le Vice-rectorat en quête d’une solution rapide. Le 7 juin dernier, ses empreintes digitales sont enfin relevées, ce qui correspond « normalement à l’avant-dernière étape » avant l’obtention de la carte de séjour. « Depuis ce jour, je n’ai eu aucune réponse. Je suis dos au mur. Personne ne répond à mes sollicitations ». Et de préciser : « J’appelle, ça ne répond pas. J’envoie des courriers, ça ne répond toujours pas. Il n’y a aucune communication, je ne sais pas où en est mon dossier ». Après son rendez-vous du 7 juin, Amadou Dione était censé recevoir une convocation de la préfecture pour finaliser sa demande de renouvellement. 

En tout et pour tout, l’APS de Amadou Dione a été renouvelée trois fois. Toujours dans l’expectative, le contrat d’Amadou Dione en tant que professeur contractuel est pourtant reconduit pour l’année prochaine. Il doit mettre à jour les informations relatives à la date de fin de validité du titre de séjour afin de poursuivre son année au sein de l’Éducation nationale. Chose qu’il ne peut faire pour le moment. Son APS est valable jusqu’au 7 septembre prochain, qu’en sera-t-il si sa situation ne se débloque pas d’ici-là ? Amadou Dione redoute le pire. D’autres contractuels sénégalais sont dans la même situation que le professeur de lettres modernes, et pour certains, leur titre de séjour a déjà expiré. 

Une page Facebook est en train de se mettre en place.

* Une autorisation provisoire de séjour (APS) d’une durée de 12 mois peut être délivrée à certains étudiants étrangers souhaitant compléter leur formation par une première expérience professionnelle ou justifiant d’un projet de création d’entreprise dans un domaine correspondant à leur formation. La durée de l’APS et son caractère renouvelable varient en application d’accords conclus par les autorités françaises avec certains pays.

 

L’entrepreneuriat au coeur du développement de Kawéni

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Depuis lundi et jusqu’au 24 août, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Mayotte organise l’événement Boostin’ Kawéni pour les jeunes et les entreprises. En partenariat avec la mairie de Mamoudzou, ces quatre jours sont dédiés à l’échange au travers d’ateliers et de conférences destinés à « découvrir les ficelles de l’entrepreneuriat » et favoriser le développement du quartier de Kawéni. 

Au premier regard, tout semble les opposer. Des jeunes âgés de 17 ans à 27 ans et des chefs d’entreprise de Kawéni sont réunis, depuis lundi et jusqu’au 24 août, pour échanger autour de l’entrepreneuriat et lancer des projets destinés à améliorer la vie du quartier.  L’événement se tient à la Maison de l’entreprise, Place Mariage à Mamoudzou et à la Maison de projet de Kawéni. Connue pour ses nombreux bidonvilles et ses problèmes d’insécurité, l’agglomération est aussi un pôle économique et industriel en pleine mutation. « Nous nous sommes aperçus que la communication n’existait pas entre Kawéni-village et la partie entreprise. Nous voulions créer un événement rassemblant les différents acteurs du quartier pour les faire travailler sur un projet commun, qu’ils interagissent entre eux. Ce sont des rencontres entre des jeunes porteurs d’idées ou de projets d’entreprises et des entrepreneurs afin d’optimiser le potentiel de Kawéni », a expliqué, mardi, Alexandre Kesteloot, Directeur du développement économique, de l’innovation et de l’international à la CCI de Mayotte. Les deux premiers jours de l’événement étaient consacrés aux idées de chacun et à leur mise en forme afin d’aboutir à un projet structuré. « Nous sommes partis des problèmes rencontrés par les entreprises et les jeunes en recherche d’emploi pour mettre en place des solutions et des projets fiables sur le long terme », ajoute le directeur du développement économique à la CCI. Lundi, Carla Baltus, la Présidente du Medef, Feyçoil Mouhoussoune, gérant d’ETIC Services (conception web et digital), et Nadjayedine Sidi, adjoint au maire de Mamoudzou chargé notamment de la rénovation urbaine, étaient présents pour évoquer leur parcours et leur expérience devant les jeunes du village. 

« Nous voulons développer notre quartier » 

Cette première phase de travail a permis de cibler les difficultés de valorisation de Kawéni et de pérennisation des entreprises dans la zone commerciale. Plusieurs projets ont déjà émergés de ces ateliers, notamment celui de deux jeunes de 17 et 18 ans. « Nous aimerions chercher et fabriquer du Bitcoin (unité monétaire utilisée sur Internet, indépendante des réseaux bancaire et liée à un système de cryptage ndlr). Il y a quelques temps, nous en avons entendu parler et nous nous sommes intéressés à cette monnaie. Ce marché est fascinant et nous y avons pris goût. Aujourd’hui, nous avons envie de participer au développement de notre quartier et nous espérons l’aider grâce à notre projet ». D’autres propositions sont à l’étude comme une crèche combinant divers services comme de la préparation de repas et de la blanchisserie. Une idée qui pourrait permettre de « créer de l’emploi » et qui « semble tout à fait réalisable », selon le Directeur du développement économique de la CCI de Mayotte. 

La seconde phase du programme, qui s’est déroulé mercredi et s’achève ce jeudi, est dédiée à la concrétisation des projets des jeunes. « Ils travaillent avec le Business model ‘canvas’ qui est un outil permettant de dresser un état des lieux du modèle économique d’une entreprise et d’analyser son potentiel. Cela peut paraître compliqué mais c’est en réalité assez facile et les jeunes se débrouillent très bien », a assuré Alexandre Kesteloot. Le projet sera réédité le semestre prochain, vraisemblablement en octobre, afin de « constituer un stock d’idées ». 

Un challenge d’agriculture urbaine ?

Dans le même ordre d’idée, Laurent Georgeault, Responsable développement durable à la CCI de Mayotte et docteur de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est intervenu, mardi matin, pour parler d’économie circulaire et d’éco-gestion. « C’est une innovation de proximité permettant de créer de l’emploi. Nous y croyons beaucoup pour Kawéni et pour Mayotte en général. Je suis très content du retour et de l’écoute lors de cet atelier. Ils (les jeunes) ont assimilé l’utilité environnementale, sociale et économique d’adopter un tel modèle, de limiter la diffusion de déchets et la surconsommation de produits. Les jeunes présents aujourd’hui sont venus de leur plein gré sur leur temps de vacances. Ils ont la capacité de se projeter, ce qui est essentiel », a-t-il souligné. Il leur a également parlé de la possibilité de mettre en oeuvre des projets d’agriculture urbaine sur Kawéni. « En métropole, il existe de plus en plus d’agriculture réalisée sur les toits (en hydroponie ndlr). C’est une technique horticole très ancienne qui procède à une culture hors-sol. Pourquoi ne pas proposer un challenge d’agriculture urbaine, les entreprises financeraient quelques équipages ce qui développerait la relation entre les entreprises et la population ». Un concept relativement nouveau pour Mayotte mais déjà très utilisé en France métropolitaine qui pourrait mettre Kawéni et la ville de Mamoudzou au premier plan dans le domaine de l’agriculture sur le territoire.

« Dans la continuité du travail sur l’ANRU »

Élaborée par la CCI de Mayotte et la mairie de Mamoudzou, qui la finance également, l’opération « Boost’in Kawéni » a été élaborée dans « la continuité du travail sur l’ANRU (Agence nationale pour le renouvellement urbain) », selon Alexandre Kesteloot, Directeur du développement économique, de l’innovation et de l’international à la CCI de Mayotte. En effet, le 15 mai dernier, après la venue de la ministre des outre-mer, Annick Girardin,  à Mayotte, le gouvernement avait présenté un plan d’action de l’État pour votre quotidien » aux habitants de Mayotte. Dans une des cinquante trois mesures exposées, l’État prévoyait notamment le développement des rénovations urbaines.

 

 

Une première pleine de promesses

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L’élection Miss Prestige Mayotte 2018, organisée samedi soir à la MJC de Tsingoni est à marquer d’une pierre blanche. Il s’agissait en effet de la première édition d’un concours qui devrait s’installer dans le long terme sur l’île. En conférence de presse vendredi dernier, Némati Toumbou Dani, présidente du concours à l’initiative de l’événement avait annoncé la couleur, en promettant une soirée dédiée à la culture et aux traditions mahoraises.

Némati Toumbou Dani, présidente de Miss Prestige Mayotte, Zaïnoudine Antoyissa et Attoumani Harouna, vice-président et président de l’office du tourisme de la 3CO, aux côtés des présentatrices de l’élection, Anastasia Laguerra et Dayati Mistoihi, lors de l’ouverture de la soirée.

 

Le public n’a pas été déçu, avec un défilé des sept candidates sur le thème du manzaraka, une représentation du chigoma ou encore la prestation scénique de l’artiste Komo, aux rythmes du m’godro. Diffusée en direct sur la chaîne de télévision Mayotte La 1ère et sur le compte Facebook du média (la vidéo a suscité plus de 6 000 commentaires !), l’élection a vu le triomphe de Myriam Cassim.

 

La jeune femme originaire de M’tsangaboua est la toute première lauréate du concours Miss Prestige Mayotte… Mais la deuxième représentante de Mayotte au concours Miss Prestige National, succédant à Aechat Kamar, nommée Miss Prestige Mayotte 2017 à la suite d’un casting, l’organisation – alors naissante – n’ayant pas eu les moyens d’organiser une élection.

 

Une prochaine étape en métropole

Cette année, l’association Miss Prestige Mayotte a pu compter sur le soutien de la Communauté des communes du centre ouest (3CO ), comportant les communes de Sada, Chiconi, Ouangani, Tsingoni et M’tsangamouji. Celle-ci s’est engagée à financer et à accueillir l’événement en son sein, au moins jusqu’à la fin de sa mandature (2018-2021).

Miss Prestige Mayotte 2018 entourée de ses proches, sa mère notamment qui, selon la jeune femme, l’a toujours soutenu dans ses choix.

Némati Toumbou Dani a pu également compter sur le soutien du Conseil départemental de Mayotte, du Comité départemental du tourisme ou encore de nombreux partenaires privés. En janvier prochain en métropole, Myriam Cassim aura un sacré défi : celui de faire aussi bien que sa prédécesseure, élue 3ème dauphine de Miss Prestige National 2018. Cette écharpe de dauphine nationale remportée par Aechat Kamar lui permet d’intégrer le prestigieux concours Miss Model of the World, en novembre en Chine.

« Il s’agit d’un concours mondial, où Aechat représentera la France ! Depuis le début de l’histoire des Miss à Mayotte, aucune Mahoraise n’est allée aussi loin », souligne Némati Toumbou Dani. En attendant les prochaines éditions, la présidente de Miss Prestige Mayotte souhaite un meilleur parcours à sa nouvelle ambassadrice.

La chambre régionale des comptes étrille le SIEAM

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Dans un rapport rendu public le 14 août, la Chambre régionale des comptes de Mayotte critique la situation financière et la gestion du SIEAM (Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte), de 2013 à aujourd’hui. La juridiction dénonce une gouvernance marquée par une forte concentration des pouvoirs du président, un pilotage lacunaire et une situation financière dégradée.

Comme les dernières pénuries d’eau potable l’ont montré, le Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM) est confronté à des difficultés majeures dans le 101ème département. Raison de plus pour améliorer sa gestion, jugée « lacunaire », et revenir à l’équilibre financier, fait valoir l’antenne régionale de la Cour des comptes dans un rapport daté du 28 mai, résultant d’un contrôle ouvert au printemps 2017. Selon ce rapport – consultable en ligne -, « l’établissement est confronté à des enjeux majeurs liés, d’une part, à l’augmentation de la population et à l’urbanisation croissante du territoire qui font peser des contraintes sur le dimensionnement des systèmes actuels d’alimentation en eau potable et d’assainissements ». Les difficultés rencontrées lors des pénuries de fin 2016 ont notamment fait apparaître « l’absence d’anticipation et de gestion des équipements au regard des besoins croissants » de la part de l’organisme, déplorent les auteurs du rapport. À cet égard, « le respect des échéances relatives aux investissements nécessaires our se conformer à la directive communautaire sur les réseaux d’eaux usées (DERU), dont le coût oscille entre 700 et 800 M€, paraît difficilement atteignable » , selon le rapport. Depuis 2008, c’est la société SMAE (Mahoraise des Eaux, ex-SOGEA) qui gère l’exploitation du service de l’eau potable. Fin août 2017, le syndicat avait informé le délégataire de sa volonté de renégocier les termes du contrat. Le recours aux organismes extérieurs va croissant, relève par ailleurs la chambre régionale des comptes.

Un président trop puissant ?

Si sa situation financière fait l’objet de nombreuses recommandations de la part de la Chambre, le premier axe d’amélioration concerne la gouvernance et le pilotage du syndicat. Une gouvernance « caractérisée par une forte concentration des pouvoirs du président », selon les auteurs du rapport. L’utilisation des délégations de fonction et de signatures reste d’après eux marginale, et « aucune délégation n’est accordée au directeur général des services, qui apparaît écarté de l’équipe de direction », ce qui est « contraire aux pratiques générales », relèvent-ils, ajoutant que « l’organe délibérant s’apparente à une chambre d’enregistrement ». En effet, l’ensemble des délibérations adoptées par le comité syndical du SIEAM – qui comprend 34 délégués – le serait à l’unanimité, en moyenne à… 96% ! Par ailleurs, des irrégularités, erreurs matérielles portant sur les dates ou les conditions de quorum par exemple, entacheraient plusieurs d’entre elles. Autant de dysfonctionnements susceptibles d’entraver la mise en oeuvre efficace des missions confiées au SIEAM et de peser sur sa situation financière. La gouvernance de l’établissement est normalement placée sous la surveillance de quinze commissions d’instruction mises en place en 2014, afin de « contrôler annuellement les comptes produits par le délégataire, joindre les rapports de contrôles aux comptes de la collectivité », selon une délibération de 2016. Or, malgré le caractère obligatoire de ces commissions, « au cours du contrôle, le syndicat n’a présenté aucun document permettant d’attester du fonctionnement effectif des commissions d’instruction ni de leur contribution au pilotage de ses politiques publiques », relève le rapport.Et d’ajouter que « sans le démontrer, le président précise que ces commissions se seraient réunies en moyenne huit fois par an ».

Un risque de cessation de paiements

Malgré des ressources en progression de plus de 30% depuis 2013 (provenant de recettes d’exploitation ou de fonds propres), la situation financière du SIEAM s’est dégradée, « notamment entre 2016 et 2017 », indique la Chambre régionale des comptes. Les capitaux propres du syndicat intercommunal – composés pour plus 60% de subventions publiques – ne lui permettent pas de faire face à ses échéances. Aussi, « le SIEAM a recours à des financements externes comme l’emprunt et des concours financiers de l’Etat et de l’Union européenne ». L’excédent brut d’exploitation (à 3,5M€ en 2013) et la capacité d’autofinancement (à 3,1M€ en 2013) se sont « détériorés au fil des années », accusant une baisse respective de 88 et 94% en quatre ans. Ils s’élevaient fin 2017 à 0,4M€ et 0,18M€ fin 2017. Si la trésorerie du SIEAM est « en apparence positive » s’élevant à 17M€ fin 2017 au regard des comptes de gestion, « cette situation masque la réalité », indique le rapport, qui évoque une évolution « préoccupante ». Le niveau réel de la trésorerie en 2013 serait ainsi de -8,3 M€ et négative à hauteur de – 18 M€ en décembre 2017. Des lacunes que la souscription d’emprunts ne parviennent pas à combler. Le 25 mai 2018, la trésorerie disponible était négative à hauteur de -3,4 M€. « Au vu de ce qui précède, le syndicat pourrait être confronté à une cessation de paiements », alerte les auteurs, qui préconisent l’établissement d’ordres de priorité de paiements pour limiter le montant des intérêts de retard. Parmi les autres recommandations de la chambre, on notera également la mise en place des dispositifs de contrôle interne et de contrôle de gestion, la limitation du nombre de participants aux missions pour réduire le niveau des frais de déplacement, ou encore, la mise en place d’un programme de maintenance préventive des équipements de traitement des eaux usées, dont seulement … 20 % des stations (STEP) seraient en bon état, selon un prestataire cité dans le rapport.

28% des ménages privés d’eau potable

En 2013, seules 13% des habitations, soit 5710 abonnés dont près de 80% résidant dans la commune de Mamoudzou disposaient d’un système d’assainissement collectif. « L’effort restant à accomplir est majeur », souligne le rapport. Et de 2013 à 2016, le nombre d’abonnés n’a progressé que « d’à peine 1%, passant de 36 685 à 40 008 ». Une partie de la population ne dispose toujours pas de l’accès à l’eau potable, et quelque 15 000 logements privés, soit 28% des ménages, sont privés d’eau courante. Des lacunes mises en exergue par la dernière vague de pénurie d’eau. « Le contexte de crise relatif à la pénurie de l’eau potable, qui a débuté fin 2016 avec la période de sécheresse, semble témoigner d’une prise en compte insuffisante de la problématique de la fourniture de l’eau », par le SIEAM. La Chambre rappelle à ce titre qu’un « plan d’urgence eau » avait été signé fin février 2017 entre le syndicat, l’Etat, et les principaux bailleurs financiers constitués par la Caisse des dépôts et l’Agence française pour le développement (AFD) pour un montant qui s’élève aujourd’hui à 90 M€

 

 

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