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Un policier de Mamoudzou mis en examen pour violences volontaires

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Le policier a passé la nuit de lundi à mardi, en garde à vue, avant d'être déféré au tribunal de Mamoudzou.

A la suite d’un match de football, dimanche soir, plusieurs agressions ont eu lieu, à Cavani. Une centaine de jeunes s’en sont pris à la population. En civil ce soir-là, un policier mahorais a fait usage de son pistolet, blessant deux mineurs. Ce mardi, le Parquet confirme sa mise en examen pour violences volontaires et son placement sous contrôle judiciaire.

Près d’une centaine de soutiens du policier se sont rassemblés, ce mardi matin, devant le tribunal judicaire de Mamoudzou. Il y était entendu après les faits datant du dimanche soir. Après le match entre le l’AS Rosador de Passamaïnty et l’AS Kawéni, des bandes de jeunes ont commis des agressions sur les habitants et des vols dans un quartier proche du stade de Cavani. L’un des riverains, le fonctionnaire de police, a été lui-même blessé à la cuisse. Le Parquet du procureur de la République indique dans un communiqué : « Ayant pu regagner son domicile, il s’était muni d’une arme chargée, était ressorti de chez lui et avait, dans des circonstances qui restent à compléter, fait usage à plusieurs reprises de son arme ». Deux mineurs ont été touchés et sont toujours hospitalisés. L’un d’eux a une ITT (interruption volontaire de travail) de six jours, l’autre une ITT de 21 jours.

Plusieurs agressions ont eu lieu, après la tenue d’un match de football à Cavani, entre Passamainty et Kawéni, dimanche soir. (images d’archives)

« On pensait qu’il allait passer la nuit chez lui »

Après une nuit en garde à vue, il a été déféré au tribunal de Mamoudzou en vue d’une information judiciaire ouverte pour « violences volontaires avec arme ayant entraîné des ITT de moins de huit jours et de plus de huit jours ». Un traitement que ne comprennent pas les syndicats de police qui étaient tous représentés devant le tribunal, ce mardi matin. « C’était important que notre collègue sache qu’on est avec lui », explique Badrou Ali, du syndicat Unsa. S’il reconnaît que « l’enquête est en cours », il estime qu’il n’y avait pas de raisons qu’il passe la nuit en garde à vue. Il aurait préféré qu’il comparaisse libre. « Il avait toutes les garanties nécessaires. Des collègues ont été surpris ce matin d’apprendre qu’il était resté au poste. On pensait qu’il allait passer la nuit chez lui », regrette le syndicaliste, liant cet événement au mouvement de colère de policiers en métropole, après plusieurs faits où des fonctionnaires de police ont été placés en détention. Dimanche soir, et à nouveau ce lundi, des rassemblements ont eu lieu devant le commissariat de Mamoudzou, afin de soutenir le policier mahorais.

Mis en examen, il n’est pas placé en détention, mais sous contrôle judiciaire. Il a également déposé plainte pour ses blessures.

Grève chez Total : les stations-services approvisionnées dans la journée de mardi

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Une partie des employés de Totalénergies Mayotte continuent la grève, ce mardi. Cependant, les livraisons de carburant sont en cours, ce matin. (images d'archives)

Une grève illimitée a été lancée, ce lundi 24 juillet, par des employés de Total Mayotte. Ils reprochent à leur direction le licenciement d’un des leurs, qui a accepté un virement via MoneyGram de la part d’un client sans lui demander sa carte d’identité (voir encadré). Leur mouvement a entraîné une pénurie de carburant dans les stations-services de l’île, dimanche soir et lundi. Cependant, celles-ci devraient être réapprovisionnées progressivement ce mardi.

Dès le dimanche, les stations-service de l’île ont été prises d’assaut par les automobilistes informés que la grève se préparait, ce qui a provoqué les premières pénuries. Dans la soirée, les pompes de Kawéni et Passamaïnty se sont ainsi retrouvées vides de carburants. La raison ? Un mouvement de colère des salariés de Totalénergies Mayotte dû au licenciement de l’un des leurs (voir encadré). Ils estiment la sanction « sévère » et demandent sa réintégration. Ce lundi, le syndicat majoritaire, FO Total Mayotte, indiquait ne pas avoir encore rencontré la direction à ce sujet. Le conflit perdure ainsi, ce mardi*. Abedi Abdallah, représentant syndical de FO, est catégorique : « Si la sanction est levée, on reprend le travail ».

Des gendarmes à Longoni

Le mouvement social a comme conséquence le blocage des livraisons, car les chauffeurs-livreurs se sont associés à la cause du pompiste, au moins pour la journée de lundi. « Nous vous informons que suite à un mouvement social, toutes les stations sont ouvertes, excepté Dzoumogné. Par ailleurs, seuls les distributeurs automatiques de Majicavo et Longoni fonctionnent », annonçait Totalénergies Mayotte, lundi midi. Faute de réapprovisionnement, les prises de carburant étaient toutefois « exceptionnellement limitées à vingt euros ». Dans l’après-midi, seuls deux chauffeurs intérimaires ont pu approvisionner les stations de Chirongui et Kawéni, la sortie du dépôt de Longoni se faisant même sous la supervision des gendarmes.

Ce mardi matin, les militaires sont à nouveau sur site, ce mardi matin, tout comme une dizaine de grévistes. Mais la situation est calme, nous assure-t-on, et devrait permettre à plusieurs camions de rejoindre les stations-services de l’île. Celles-ci étant à sec, le réapprovisionnement se fera de manière progressive aux cours de la journée et avec toujours une limitation de 20 euros par prise de carburant.

*Joint par téléphone, Totalénergies Mayotte n’a pas souhaité nous répondre.

Le syndicat FO Total Mayotte demande la réintégration du salarié licencié comme condition pour mettre fin à la grève.

 « Un coup de pouce » selon les employés, une faute pour la direction

« La semaine dernière, un collègue a été licencié pour avoir rendu service », regrette Abedi Abdallah, représentant Force ouvrière de Total Mayotte. A Kawéni, le pompiste aurait permis à un client qu’il connaissait de faire son plein sans qu’il n’ait à présenter sa pièce d’identité, un document obligatoire en cas de virement de fonds via la plateforme « MoneyGram ». « C’est normalement le responsable de site qui s’en charge », poursuit le syndicaliste. A cause de ce « coup de pouce », selon les employés, l’homme qui fait ce métier depuis une quinzaine d’années a reçu en mains propres une lettre de licenciement de la part du directeur commercial. Une sanction que ses collègues jugent « sévère » et dont ils demandent l’annulation.

La commune de Pamandzi invitée à se serrer encore la ceinture

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Si la Chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte a noté que des efforts ont été faits à Pamandzi, elle souhaite qu'ils perdurent en 2023.

La municipalité de Petite-Terre fait partie des deux seules de l’île (avec Chirongui) à voir son budget validé par la préfecture de Mayotte, après un examen des comptes par la chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte. Cette particularité est due à l’absence de majorité autour des deux maires, Madi Madi Souf à Pamandzi et Bihaki Daouda dans la commune du sud, lors des votes des budgets. La CRC a rendu public son avis sur la situation budgétaire de Pamandzi, le 20 juillet, et celui-ci se veut assez critique. Pour le budget primitif 2023, « si les déficits prévisionnels s’inscrivent dans la trajectoire de redressement retenue par la chambre dans son avis du 21 juillet 2022, la situation budgétaire reste toujours déficitaire. Elle constate que le niveau de déficit de la section de fonctionnement reste préoccupant. Les mesures prises par la commune pour redresser ses comptes sont donc jugées insuffisantes », constate-elle. Elle incite sur la réduction de la masse salariale, « notamment en agissant sur les contrats à durée déterminée ». Sous la précédente mandature, elle était passée de de 5,4 millions d’euros en 2018 à 8,7 millions d’euros en 2020. La nouvelle majorité autour de Madi Madi Souf a bien amorcé une baisse (8,1 millions d’euros en 2021, 7,9 millions d’euros l’année dernière), toutefois, celle-ci s’avère encore insuffisante pour la CRC qui préconise de passer sous les 7,4 millions d’euros en 2023.

Autre recommandation qui n’a pas été suivie des faits. L’instance a demandé que la commune augmente ses impôts. Les taux fonciers sont aujourd’hui fixés à 22,56 % (la moyenne des communes mahoraises est à 17,15%) pour le bâti, 12,26 % (moyenne à 7,98%) pour le non bâti et 20 % (moyenne à 30,5%) en ce qui concerne la taxe d’habitation sur les résidences secondaires. Elle souhaiterait qu’ils soient augmentés à 33,36 %, 33,36 % et 30,05 % en 2023.

Ainsi, pour le budget primitif 2023 présenté au préfet de Mayotte, en prenant en compte les résultats reportés des années précédentes et les corrections de la CRC, les dépenses de fonctionnement s’établissent à 12,9 millions d’euros et les recettes à 12,5 millions d’euros. En investissement, les dépenses seront limitées à six millions d’euros, tandis que les recettes plafonnent à 4,8 millions d’euros.

Kaz’a Nyamba, le futur centre de soins des tortues en construction

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Les élus de la commune de Dzaoudzi-Labattoir et de la communauté des communes de Petite-Terre (CCPT), ainsi que le représentant de l’État ont assisté à la pose la première pierre de la maison des tortues, le mercredi 19 juillet.

Le projet couve depuis trois ans, et il voit finalement le jour aujourd’hui. L’association Oulanga Na Nyamba construit un centre de soins et de découverte des tortues marines, à Dzaoudzi-Labattoir. Ce nouveau bâtiment permettra de mettre cette espèce au centre du patrimoine naturel de Mayotte.

La pose d’une première pierre est un moment symbolique. Mais il est aussi important pour tous ceux ayant contribué à la réalisation du projet de centre de soins des tortues marines de Mayotte. Tous les partenaires étaient présents sur le boulevard des crabes, à Dzaoudzi-Labattoir, ce mercredi 19 juillet, pour le début des travaux. C’est à cet endroit que sera implanté ce nouveau bâtiment qui devrait être construit en neuf mois si tout se passe comme prévu. Il permettra à l’association Oulanga na Nyamba d’étoffer ses missions. L’association pourra désormais prendre en charge les tortues marines blessées. « Il y aura six bassins de soins alimentés en eau de mer qui pourront accueillir six espèces en simultanée, et on espère pouvoir en soigner plus de vingt par an », précise Jeanne Wagner, la directrice de l’association.

Pour l’instant, seule une à deux tortues sont soignées car la structure n’a pas les installations nécessaires. Ce nouvel édifice va changer la donne et il sera multi-fonctionnel. En plus des bassins de soins, il y aura un laboratoire pour les analyses des tortues accueillies et les projets scientifiques, ainsi que les bureaux de l’association. Cette maison des tortues sera également un espace pédagogique puisqu’il sera ouvert au public. Oulanga na Nyamba espère recevoir 7.000 visiteurs par an.

Faire rayonner la tortue à Mayotte

Ce centre de soins de deux millions d’euros est un bâtiment écologique. Une centrale photovoltaïque composée de 60 panneaux permettra d’alimenter une grande partie de la consommation énergétique du lieu. Le matériel utilisé est du bois, tout a été pensé dans le respect de l’environnement. « Tout est fait pour avoir une emprunte énergétique faible. On voulait être exemplaire pour montrer qu’il est possible de construire de manière écologique », explique Jeanne Wagner. Cette dernière a de grands espoirs pour le futur. « Notre plus grand objectif est de faire rayonner la tortue à Mayotte. On veut montrer que ce n’est pas simplement un animal que l’on peut observer dans le lagon, mais que c’est une richesse. Et nous devons mettre en évidence cette richesse en faisant rayonner ce centre. » Elle compte sur les touristes et les locaux qui pourront le visiter et observer les animaux qui seront soignés sur place. « Ils vont s’y intéresser et plus ce centre aura du succès plus la valeur de la tortue sera reconnue. Je pense que cela va changer les mentalités de ceux qui pensent que l’environnement n’est pas la ressource première de Mayotte », poursuit-elle.

Si la directrice d’Oulanga na Nyamba est optimiste c’est parce qu’elle a vu les mentalités évoluer depuis une vingtaine d’années, à la création de l’association. À l’époque les tortues marines étaient peu considérées par la population à Mayotte, et de nos jours, « il y a de plus en plus de personnes qui reconnaissent qu’elles font partie de notre patrimoine et qu’il faut les protéger », selon elle. Il faut croire que les années de sensibilisation portent leurs fruits.

Les Nyamba Kids en mission de sensibilisation

L’association Oulanga na Nyamba vient de créer le club Nyamba Kids. Comme son nom l’indique, il regroupe des enfants qui ont pour mission de protéger les tortues à leur manière. Cela passe principalement par de la sensibilisation. « On nettoie les plages, et on parle à notre entourage pour qu’ils ne jettent pas les déchets par terre car ils risquent d’aller en mer et tueront les espèces », explique la jeune Ellina Giraud. Ces militants sont conscients de leur rôle et des enjeux pour l’avenir de l’île. « Nous sommes engagés dans ce club car les tortues marines sont un trésor qu’il ne faut pas tuer ni abîmer », ajoute Haïnia Ahamadi, une autre Nyamba kids.

 

Circulation alternée : « Nous pouvons dire que les gens sont satisfaits »

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Le maire de Mamoudzou annonce la reprise de la circulation alternée à la fin du mois d’août.

Du 19 juin au 20 juillet, les usagers des routes de Mamoudzou étaient soumis à la circulation alternée. Au départ, cette mesure n’a pas fait l’unanimité, mais un mois plus tard, le maire de la ville, Ambdilwahedou Soumaïla, en fait un bilan positif. C’est la raison pour laquelle il a décidé de renouveler le dispositif dès le lundi 28 août.

Flash Infos : Quel bilan faites-vous de ce mois de circulation alternée ?
Ambdilwahedou Soumaïla : Nous avons réuni l’ensemble des partenaires : les usagers de la routes, les représentants des entreprises, la Caisse de sécurité sociale de Mayotte, l’hôpital, la Chambre de commerce et de l’industrie, le SDIS, la sécurité civile, la police nationale et municipale, les syndicats de taxis, les transporteurs, le centre pénitentiaire. On voulait avoir un avis général, un retour d’expérience. Ils nous ont fait comprendre que le bilan global est satisfaisant même s’il y a des choses à améliorer pour mieux fluidifier la circulation. Ils avaient peur que la mesure soit définitive mais on leur a fait comprendre qu’il s’agit d’un dispositif d’urgence. Nous faisons aussi des consultations auprès de la population, et aujourd’hui, nous pouvons dire que les gens sont satisfaits. De plus, même la qualité de l’air s’est améliorée. Mamoudzou, plus précisément la zone Kaweni, avait dépassé le seuil autorisé des particules fines dans l’air. Et les spécialistes nous ont affirmé que pendant le mois de la circulation alternée, le niveau avait beaucoup baissé et ils nous ont encouragé à continuer dans cette lancée.

F.I. : Allez-vous prolonger le dispositif ?
A.S. : Oui. À la rentrée, dès le 28 août, on reprend la circulation alternée à Mamoudzou jusqu’au dernier jour avant les vacances de décembre. En attendant, nous avons décidé d’interrompre le dispositif pendant les grandes vacances scolaires pour mieux nous organiser. On va notamment améliorer les contrôles. Nous voulons mettre des vignettes sur les véhicules qui n’ont pas besoin d’être contrôlés afin de les reconnaître de loin, par exemple pour ceux des habitants de Mamoudzou. On réfléchit aussi à faire des contrôles tout le long de la journée, alors que pour l’instant ils avaient lieu aux heures de pointe et certains en abusaient. Nous allons renforcer la vigilance. Il y aura des contrôles à des
heures et endroits fixes puis d’autres à l’intérieur du périmètre avec des agents en deux roues qui circuleront toute la journée et pourront contrôler. La Cadema (N.D.L.R. communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou) va aussi étoffer son dispositif de ramassage, notamment pour ceux qui circulent le soir. Elle va déployer des bus qui circuleront au-delà de 19h.

F.I. : Au début beaucoup vous ont critiqué, certains ont essayé de vous arrêter, qu’avez-vous à leur dire aujourd’hui ?
A.S. : C’était normal qu’il y ait ces critiques, normal qu’il y ait ces appréhensions parce que tout changement fait peur. On a fait de la pédagogie et maintenant les gens nous remercient. Ils se sont organisés autrement, et c’est bénéfique pour tout
le monde. Les usagers dorment plus et mieux et quand ils arrivent au travail, ils sont moins fatigués, moins stressés, et sont donc plus productifs. Même les transporteurs scolaires nous ont dit qu’ils arrivent à gagner 20 à 25 minutes de trajet, donc les bus partent plus tard et les élèves peuvent dormir un peu plus. Les pompiers, la police nous indiquent également que les temps de trajets des interventions sont plus rapides. Les chauffeurs de taxis font plus de courses car ils ne sont pas coincés dans les embouteillages pendant des heures. Je suis conscient que la circulation alternée est une mesure contraignante, mais elle était utile pour l’économie, la société, l’écologie, la santé. Ses bienfaits sont plus
nombreux que les contraintes. On estime qu’on rend service aux gens.

Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou.

F.I. : La circulation alternée n’est pas une solution pérenne. Que compte faire la ville pour régler ce problème d’embouteillages sur le long terme ?
A.S : Caribus va être la solution. C’est un projet d’aménagement urbain puisqu’en plus des lignes de bus, une tram verte de cinq kilomètres est prévue, il y aura aussi des pistes cyclables. Nous pensons à d’autres alternatives en plus du bus. Au niveau de la ville, nous sommes en train d’affiner les études pour que du nord au sud, les habitants de Mamoudzou puissent rejoindre les deux extrémités de la ville sans emprunter la nationale, c’est ce que l’on appelle des liaisons inter-village. Le tracé est déjà fait, les premiers travaux commenceront l’année prochaine entre le collège de Passamaïnty et le village de Tsoundzou 1. Il y aura également les navettes maritimes qui vont être mises en place par la Cadema depuis Iloni jusqu’au quartier des Hauts-Vallons.

F.I. : Est-ce que la fréquentation des bus de la Cadema ont augmenté en un mois ?
A.S. : Entre le début de la circulation alternée et maintenant, ils ont doublé le nombre de passagers. Nous sommes arrivés à 10.000 voyageurs qui prennent les navettes dans le sud. C’est aussi un gain économique important pour les automobilistes
car ils laissent leurs voitures et économisent donc en carburant, ce qui n’est pas négligeable.

Le projet de loi Mayotte relancé au comité interministériel des Outre-mer

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Conférence de presse conjointe du ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, désormais l'ex-ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et la Première ministre Elisabeth Borne, à la sortie du comité interministériel des Outre-mer, le 18 juillet.

Après avoir été reporté à plusieurs reprises, le comité interministériel des Outre-mer a finalement eu lieu le 18 juillet. 17 ministres se sont réunis autour d’Élisabeth Borne afin d’améliorer la vie des ultramarins. Le gouvernement a délimité plus de 70 mesures, dont un volet uniquement consacré au 101e département, avec une loi Mayotte prévue « dans les six mois ».
« Mayotte est un département aux enjeux très spécifiques. Nous suivons la situation mahoraise de très près », annonce la première ministre lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du comité interministériel des Outre-mer. Et c’est pour cela que le gouvernement a décidé de relancer l’élaboration du projet de loi Mayotte. Il sera proposé aux élus locaux « au plus tard dans six mois ». L’objectif est d’adapter les mesures prises, aux spécificités du territoire. Cela commencera par « reprendre le contrôle de la démographie à Mayotte », précise le document de présentation du CIOM. Cette volonté se caractérise en trois points. La lutte contre les fraudes à la paternité, le durcissement des conditions de délivrance des titres de séjour et la restriction d’accès à la nationalité française aux enfants nés d’un parent en séjour irrégulier. Autre sujet crucial, qui a fait l’objet de l’opération Wuambushu, la lutte contre l’habitat indigne. Il sera créé « une nouvelle catégorie d’habitation légère dispensée de permis de construire pour accélérer la
production de logements adaptés sur des secteurs définis et prioritaires », indique-t-on à Matignon. Le gouvernement envisage également de construire deux sites de logements modulaires « afin de reloger les familles sur les terrains récupérés lors des destructions ».

Rendre l’île plus attractive

Le milieu hospitalier n’est pas en reste. Le désert médical du département a de lourdes conséquences, et le centre hospitalier de Mayotte se vide de ses médecins. Pour y remédier, le comité interministériel des Outre-mer envisage un plan spécifique. « Il sera élaboré, selon une logique interministérielle, visant à une meilleure attractivité des professionnels de santé d’ici la fin de l’année 2023 ». Ce projet prévoit, entre autre, de faciliter le recrutement de médecins diplômés de facultés extérieures à l’Union européenne. Le dossier de la convergence sociale est aussi remis sur la table. Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, qui a annoncé sa venue dans l’île aux parfums en septembre prochain, affirme qu’il faut « permettre à Mayotte et aux Mahorais de fonctionner comme un véritable département d’ici 2030 ». La première ministre n’oublie pas qu’il faut également des mesures d’urgence afin de sortir le territoire de la crise de l’eau dans laquelle elle se trouve. Et pour cela, la chef du gouvernement annonce le gel du prix de l’eau en bouteille dès cette semaine (il est effectif depuis mercredi 18 juillet). Elle rappelle aussi que « le financement de l’usine de dessalement de l’eau en Grande-Terre est désormais garanti ».
Dans ce CIOM, la première mesure qui retient l’attention de tous est la refonte de l’octroi de mer. Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, indique que cette taxe sera réformée sans donner les modalités. Celles-ci « seront inscrites au plus tard dans le projet de loi de finances 2025 ». Et pour l’heure, il n’est précisé nulle part si Mayotte en fera partie. Quoi qu’il en soit, le gouvernement veut s’assurer de l’efficacité de toutes ces mesures et envisage un rendez-vous annuel du comité interministériel des Outre-mer. Le prochain est déjà prévu dans douze mois.

Eau, sécurité, constructions, projet académique, le rectorat à l’heure des grands défis

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Au côtés du secrétaire général du rectorat, Dominique Gratianette, du préfet de Mayotte, Thierry Suquet, Jacques Mikulovic présente les grandes lignes de son premier projet académique en tant que recteur de Mayotte.

Avec la moitié de la population ayant en-dessous de 18 ans, la présentation du projet académique du rectorat de Mayotte, jeudi 13 juillet, était particulièrement attendue. Pour son premier exercice en tant que recteur, Jacques Mikulovic (il est arrivé en janvier 2023) n’a éludé aucun sujet, dans l’amphithéâtre du CUFR de Dembéni.

« Le maximum pour que l’école soit maintenue »

A l’heure où les coupures d’eau s’accentuent, l’Éducation nationale (qui est le plus grand consommateur de cette ressource sur l’île) se prépare depuis des mois à faire face à une sécheresse plus importante à la rentrée. « J’espère bien qu’on aura de l’eau. Le préfet de Mayotte met tout en œuvre pour qu’il n’y ait pas de coupures dans la journée. Ce n’est pas ma responsabilité d’alimenter tous les établissements en eau, même si on a tout mis en œuvre pour que tous les établissements du second degré [N.D.L.R. ceux du premier degré dépendent des communes] soient équipés d’une cuve-tampon, ne serait-ce que pour les sanitaires », indique Jacques Mikulovic, le recteur de Mayotte, ce jeudi 13 juillet. « On fera le maximum pour que l’école puisse être maintenue. Chaque jour d’école manqué, c’est une chance en moins pour nos élèves. »

Les problématiques de l’île pouvant décourager de potentiels candidats, le recteur ne s’est pas étendu outre mesure sur le sujet. « Aujourd’hui, les recrutements pour les enseignants du second degré sont en cours. Nous avons une session de rattrapage pour les non-lauréats du concours de professeur des écoles. J’espère que le 18 août, nous aurons résolu notre problème et atteint notre quota de postes à pourvoir pour le premier degré. »

Dans l’amphithéâtre du CUFR de Dembéni, le jeudi 13 juillet, une centaine de personnes étaient présentes à la présentation du projet académique 2023-2027 du rectorat de Mayotte.

Des établissements devenus des « citadelles »

Difficile de ne pas évoquer l’insécurité quand on évoque les établissements scolaires. Beaucoup de conflits ont encore eu lieu, cette année, notamment sous la forme de caillassages. Outre les rixes aux abords du lycée de Dzoumogné, l’attaque du bus scolaire à Majicavo-Koropa le 16 novembre 2022 et celle à l’intérieur même du lycée du Nord, à M’tsangadoua, le 4 avril 2023, ont particulièrement choqué. Le recteur a remercié les représentants des forces de l’ordre pour leur présence récurrente à proximité des collèges et lycées. Il regrette cependant que « les établissements soient construits comme des citadelles », lui qui aimerait qu’ils soient plus ouverts vers l’extérieur, notamment pour les associations sportives et culturelles. Citant en exemple le collège de Kwalé qui a signé plusieurs conventions, il note « qu’il y a moins d’effractions » quand ces lieux accueillent un public extérieur.

Les savoirs fondamentaux à la fin du collège

Le recteur ne s’en cache pas. Avec son projet académique 2023-2027, au stade de « document de travail » selon lui, il fixe comme objectif : « 100% de réussite du cycle 3 à la fin du cycle 4 ». En clair, tous les élèves devront avoir au minimum le niveau attendu en sixième à la fin de leurs années de collège. Pour arriver à l’acquisition des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter), le rectorat souhaite « expérimenter » et compte sur un retour à « des groupes de besoins ou de niveaux ». L’enjeu est important, à Mayotte, 74,4% des jeunes de nationalité française rencontrent des difficultés de lecture à la journée Défense et Citoyenneté.

Le projet, dont le maître-mot est « Respect », comporte sept principes d’engagement : renforcer l’école, encourager le promotion des personnes, sécuriser les parcours, participer à l’élaboration des projets de vie, coopérer en mobilisant toutes les ressources, travailler en partenariat et donc expérimenter structurellement les parcours en cycles adaptés dès le collège.

Étoffer la formation professionnelle

« La formation professionnelle n’est pas une voie en déclin, mais d’avenir. Il faut l’étoffer », souhaite le recteur. Il prend en exemple le baccalauréat STMG (Sciences et technologies du management et de la gestion) dans lequel beaucoup d’élèves sont envoyés. « On fait du volume à moindre coût », admet-il, mettant en exergue la formation STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable) « pas saturée » et qui pourrait permettre davantage de débouchés. A Mayotte, l’offre devrait également se faire plus varier avec le futur lycée des métiers du bâtiment de Longoni, le pôle des métiers de l’aérien en Petite-Terre et le lycée des métiers de la mer et du littoral (également en Petite-Terre).

Pour le post-bac, l’une des grandes avancées prévues en 2024 est le passage du CUFR (centre universitaire de formation et de recherche) de Dembéni en une université de plein exercice.

Dominique Gratianette, le secrétaire général du rectorat de Mayotte, dévoile ici le futur collège de Vahibé (900 élèves) dont la première rentrée est prévue dans trois ans.

Les constructions continuent

Depuis le collège de Bouéni, ouvert en 2019, aucun autre établissement du secondaire n’a été inauguré. Une anomalie sur un territoire qui ne cesse de voir ses effectifs progresser et dont l’année 2026 semble déjà charnière pour les collèges (au vu du nombre d’élèves enregistrés en primaire). Le rectorat de Mayotte a donc décidé de lancer plusieurs chantiers en même temps. Le 8 décembre 2022, le lycée des métiers du bâtiment de Longoni (LMBL, 1.800 élèves), prévu à la rentrée 2025, a vu sa première brique posée. Selon Dominique Gratianette, secrétaire général du rectorat, d’autres devraient suivre. C’est le cas des collèges de Bandraboua (aussi en 2025) et Cavani, des enceintes moins grandes que d’habitude avec quelques centaines d’élèves. « Des établissements à taille humaine pour Mayotte », confirme le secrétaire général. En 2026, ce sera au tour du collège de Longoni (600 élèves) d’intégrer ce qui deviendra alors une cité scolaire avec le LMBL. La même année, Vahibé (900 élèves) devrait avoir aussi son collège, tout comme Tsararano ou Tsimkoura l’année suivante. Côté lycées, M’tsangamouji (en 2028, avec une capacité de 2.600 élèves) et Chirongui (en 2027) sont les prochains sur la liste, tandis que le projet de celui de Mamoudzou sud « doit être revu », prévient Dominique Gratianette.

Et les langues régionales ?

Dans nos colonnes, le 13 juillet, Rastami Spelo souhaitait que « le rectorat ouvre les portes de l’école à nos langues régionales ». Le président de l’association Shimé demandait « une continuité » par rapport à l’action de l’ex-recteur Gilles Halbout, parti fin décembre 2022. Le message n’est pas passé inaperçu, semble-t-il. Jacques Mikulovic n’a pas fermé la porte à l’apprentissage du shimaoré et du kibushi, même s’il préfère que les élèves maîtrisent le français en priorité. « Ça ne veut pas dire qu’on s’oppose aux langues régionales », rappelle-t-il, espérant d’ailleurs mettre en place un conseil dédié à ces langues locales afin « de statuer sur ce qu’on peut mettre en place ».

Général Olivier Capelle : « J’ai le sentiment d’avoir avancé dans le bon sens »

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Le général Olivier Capelle a commandé pendant trois ans la gendarmerie de Mayotte. Attaché au territoire, il y a été décoré de la légion d’honneur alors que son escadron mobile était stationné ici. C’est sur l’île aux parfums également qu’il a décroché ses galons de colonel, puis de général.

Après trois ans à la tête de gendarmerie de Mayotte, le général Olivier Capelle quitte bientôt le territoire. Il intègre la direction générale de la gendarmerie, le 1er août, où il deviendra chargé de mission auprès du directeur des opérations et de l’emploi. Il y gardera un œil sur les Outre-mer et notamment Mayotte.

Flash Infos : Quel sentiment domine à l’approche de votre départ ?

Olivier Capelle : C’est très vaste comme question. Il y a des choses sur lesquelles on a été pleinement au rendez-vous. On a le quatrième escadron de gendarmerie mobile sanctuarisé à Mayotte, une présence quotidienne auprès de la population, que ce soit auprès des établissements scolaires, les transports scolaires, la voie publique, auprès des maires, on a des projets avec les communes sur la vidéoprotection. J’ai essayé d’être le promoteur d’idées un peu nouvelles, d’une façon un peu différente de travailler. C’est en cela que j’estime avoir rendu de bons services, au moins de loyaux services. On a vraiment essayé de travailler main dans la main avec les élus, les associations, les directions départementales, la préfecture de Mayotte, les magistrats, les forces armées. J’ai le sentiment d’avoir avancé dans le bon sens. Après, j’ai conscience que sur certains aspects, on a lancé que des chantiers. Ça vaut pour la culture de la prévention de la délinquance, on est à peine dans les projets de vidéoprotection. Les comités de locaux ne sont pas encore bien structurés, ça manque encore de régularité dans les échanges. On a mis la locomotive sur les rails, il faut qu’elle trouve son rythme de croisière.

En opération anti-délinquance routière, à Majicavo-Koropa, le commandant Capelle est entouré du préfet de Mayotte, Thierry Suquet, et du chef d’escadron Laurent Seurin, commandant de la compagnie départementale de Mayotte, lui aussi partant.

F.I. : Comment voyez-vous l’évolution de la gendarmerie, notamment en matière d’effectifs ?

O.C. : Il y a deux volets, les affectés et les détachés [N.D.L.R. les gendarmes mobiles, dont les missions à Mayotte sont la lutte contre l’immigration clandestine et le maintien de l’ordre]. Pour les deuxièmes, quand je suis arrivé, il y avait un peu moins de trois escadrons [de 72 hommes chacun] sur le département. On en a quatre maintenant. J’ai conscience que c’est un effort très conséquent qui est fait par mon directeur général. On le voit bien en métropole, avec ce qui se passe en ce moment. Ces gendarmes mobiles sont souvent sollicités pour du maintien de l’ordre. Aujourd’hui, Mayotte concentre un cinquième des forces mobiles envoyées en outre-mer.

Sur la partie des militaires affectés, on est passé de 265 à 289. On passe à 319 en comptant le GIGN (groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale), dont le commandement est à Satory (Yvelines). On a créé pas mal de choses. Je pense à la compagnie départementale à Koungou. Ça m’a permis d’avoir un commandement sur Grande-Terre. Celui-ci est plus proche des brigades territoriales et permet d’avoir une meilleure réactivité dans les thématiques de police judiciaire et de sécurité publique que l’on connaît. Grâce à cela, on a créé une brigade de recherches, un niveau intermédiaire entre la section de recherches qui balaye le haut du spectre en termes de criminalité et la brigade territoriale. On a quatre militaires et j’y adjoins un petit groupe judiciaire. Ils sont neuf au total.

F.I. : D’autres changements sont prévus ?

O.C. : On va avoir des renforts supplémentaires, effectivement, au titre du groupe interministériel de recherches (GIR). Avec nos camarades de la direction territoriale de la police nationale, celle-ci va s’articuler autour de sept personnels. Ce groupe va travailler sur le champ de la délinquance financière et qui va nous permettre de chercher des organisateurs de certains réseaux liés à l’immigration clandestine, à l’entrée au séjour, au travail illégal, « des marchands de sommeil ». Ceux qui quittent notre section de recherches pour intégrer le GIR seront remplacés.

F.I. : Gérald Darmanin avait annoncé la création de quatre nouvelles brigades à Mayotte. Où en est-on ?

O.C. : Il y aura deux créations qui seront rapidement mises en œuvre. On attend que la validation politique par une annonce officielle du gouvernement. L’objectif est de pouvoir disposer à terme d’une architecture de commandement similaire aux départements de l’Hexagone. On peut imaginer, par exemple, deux groupements, un au nord et un autre au sud, ou le dédoublement des moyens d’intervention avec un deuxième Psig (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie). Je pense que le département de Mayotte a encore besoin de structuration.

F.I. : L’année dernière, vous parliez justement de l’élaboration d’un schéma directeur. Où est-ce que vous en êtes ?

O.C. : Difficile pour moi de faire des annonces parce qu’il y a des enjeux fonciers et financiers lourds. Aujourd’hui, on réfléchit à ce que le commandement de la gendarmerie puisse se trouver plutôt sur Grande-Terre [N.D.L.R. il est actuellement à Pamandzi]. C’est là que se trouve 95% de notre activité. Ça nécessite du foncier. On a des pistes de réflexion intéressantes, mais je ne pourrais rien dire aujourd’hui.

En 2022, un quatrième escadron de gendarmes mobiles a été pérennisé à Mayotte.

F.I. : Certains élus locaux poussent parfois pour que Petite-Terre ou Koungou passent en zone police. Qu’avez-vous à répondre à cela ?

O.C. : C’est vrai, Madi Madi Souf [maire de Pamandzi] a longtemps prôné un passage en zone police. Il a radicalement changé de position. Le maire de Dzaoudzi-Labattoir, Saïd Omar-Oili, n’a jamais fait cette demande. Je pense qu’on a fait la démonstration que la gendarmerie peut pleinement répondre à leurs attentes. En Petite-Terre, il n’y a donc plus de débat. Sur Koungou, je ne suis pas propriétaire de ma zone de compétences. C’est un choix qui se fait à des niveaux politiques. Il y a un travail de concert avec la municipalité qui est en bonne voie, mais qui mérite d’être amélioré.

F.I. : Sur l’aspect de la délinquance, les chiffres montrent une augmentation du nombre de faits en 2022 en zone gendarmerie (+15,6% par rapport à 2021).

O.C. : Ce que je vois sur ces trois dernières années, ce sont deux tendances structurelles. La première, c’est qu’on a une délinquance qui relève à l’intégrité physique des personnes qui est de plus en plus importante et qui découle de rixes pour différents motifs, parfois très futiles. De plus en plus de faits sont commis de très jeunes mineurs. La proportion de mineurs n’a été vraiment évolué, elle est aux alentours de 27% ou 28% parmi les mis en cause. On est rentré dans un cycle de violences structurelles. Un différent ne peut se régler que par des coups entre jeunes. La deuxième tendance, c’est l’augmentation de violences intrafamiliales (+44,1% en 2022). En trois ans, on a travaillé avec au départ une intervenante sociale dans la gendarmerie, on en a trois aujourd’hui. Elles concentrent beaucoup la parole des femmes. J’ai tendance à dire que cela traduit une libération de la parole. Par contre, je n’ai pas vu une augmentation des vols ou des cambriolages.

F.I. : Voyez-vous une augmentation d’autres faits ?

O.C. : Sur les six, huit derniers mois, on a davantage d’infractions financières. C’est aussi parce que j’ai le temps d’aller les chercher. Ça revient à ce que je disais sur la création brigade de recherches qui permet à la section de recherches de sortir ce genre d’affaires, comme celles des maires de Chirongui [Andhanouni Saïd a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour ses voyages en métropole et à Madagascar aux frais de la municipalité, des recrutements de proches à la mairie sans les qualifications requises et des marchés passés sans appels d’offres] ou Tsingoni [Bacar Mohamed a été condamné à douze mois de prison avec sursis, 15.000 d’euros d’amende et une peine d’inéligibilité de trois ans avec exécution provisoire pour prise illégale d’intérêts]. Je pense aussi aux fraudes Covid-19, un gros dossier sur lequel on a travaillé. On va continuer, parce qu’il n’est pas question de traiter que la délinquance de voie publique, qui reste notre priorité. De la lutte contre la délinquance financière, dépend le développement du territoire.

F.I. : Combien de temps consacrez-vous aux écoles chaque année ?

O.C. : On consacre 28% de notre temps sur la prévention de la délinquance aux alentours des établissements scolaires, transport scolaire compris. C’est énorme. Je ne suis pas sûr que d’autres commandements de gendarmerie fassent plus. Ça correspond à une réalité du territoire. Il y a 112.000 élèves scolarisés. L’année prochaine, on sera à 120.000. C’est normal donc d’y consacrer un quart de mon activité. Je sais très bien que c’est une population qui mérite une attention de chaque instant. Les établissements sont les catalyseurs des violences entre mineurs.

Le général Olivier Capelle rejoint la direction générale de la gendarmerie pilotée par le général Christian Rodriguez (ici le 25 juin à Dzaoudzi-Labattoir). Il y sera chargé de mission auprès du directeur des opérations et de l’emploi.

F.I. : Et concernant la lutte contre l’immigration, il y a beaucoup d’attentes ici, notamment parce que vos moyens ont augmenté.

O.C. : On a cinq intercepteurs actuellement, mais le plus ancien va être réformé. Alors oui, on a davantage de moyens, mais on a surtout standardisé nos procédures de travail. Ce n’est pas tant qu’on ait plus d’hommes, c’est qu’ils travaillent mieux. Les circuits d’information sont bien huilés, chacun sait ce qu’il a à faire. On a monté un nombre incalculable de missions conjointes avec la police aux frontières et la gendarmerie mobile. Avant que j’arrive, chacun travaillait dans son coin. Il y a encore des choses à améliorer, c’est vrai. Mais il fallait davantage se professionnaliser la chaîne et c’est ce que nous avons fait.

F.I. : Nous sommes toujours en pleine opération Wuambushu, qui a mobilisé davantage de policiers et de gendarmes (1.800 à son maximum). Est-ce que ça a vraiment aidé dans vos missions ?

O.C. : Oui, forcément. On n’a plus à faire des choix opérationnels. Quand on a autant de capacité de manœuvre, on peut traiter de front une fin d’année scolaire qui s’est globalement bien passée, tout en étant présent sur les contrôles liés à l’immigration clandestine, en assurant la sécurisation pendant la déconstruction d’habitats informels ou étant sur mer. Demain, et vous le savez, ces renforcements seront amenés à rentrer dans l’Hexagone et on rentrera dans une nouvelle phase plus technique, plus tournée vers de la police judiciaire. Là aussi, des renforcements arriveront, dans des délais qui restent à déterminer. Je pense que les résultats de la première phase sont plus qu’honorables. On aura toujours des détracteurs pour dire : « tout ça pour ça ». Mais il faut bien se dire que personne ne l’avait fait avant. Ça méritera d’être prolongé, peut-être d’une autre façon. Il ne faut pas que ça se limite à un coup d’essai.

Un autre général à la tête du commandement

Le successeur du général Olivier Capelle est le général Lucien Barth. Celui-ci est actuellement commandant en second de la gendarmerie de Corse. Il y est depuis août 2020. Avant cela, le militaire de 56 ans a été à la tête du groupement de gendarmerie de Nièvre et commandant de la gendarmerie de Martinique pendant quatre ans.

« C’est bien la calamité gouvernementale qui assèche nos robinets ! »

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Via un communiqué de presse daté de ce mardi 18 juillet, la députée Estelle Youssouffa critique vivement l’action gouvernementale lors de cette crise de l’eau.

Alors que Mayotte s’habitue depuis ce lundi 17 juillet aux coupures d’eau nocturnes quotidiennes (pour Petite-Terre, Koungou et Mamoudzou) et celles de 24 heures pour les autres communes, Estelle Youssouffa a transmis un communiqué de presse très critique sur la gestion de la crise de l’eau. Avec son groupe politique Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), la députée de la première circonscription de Mayotte « dénonce l’inertie de la politique publique pour la production d’eau potable » sur l’île aux parfums et alerte sur la possibilité d’une crise sanitaire. Côté préfecture de Mayotte, de nouvelles restrictions sont prises depuis lundi (voir encadré) et le prix des bouteilles d’eau est enfin fixé à partir de ce mercredi.

« Mayotte a soif !

La crise de l’eau dure depuis 1997 à Mayotte. Sans que rien ne bouge sinon de plus en plus de coupures d’eau. La Préfecture a décidé de couper l’eau trois fois 24h pour l’ensemble de l’île et 7 jours sur 7 de 16h à 8h du matin pour la zone la plus habitée de Mayotte [N.D.L.R. depuis ce lundi 17 juillet] : l’eau coule quand les gens sont au travail, rendant impossible le réapprovisionnement des réserves des familles qui payeront des factures d’une eau qui impropre à la consommation pour 50% du temps qu’elle coule dans nos robinets. Le taux de manganèse de l’eau qui coule dans les robinets, est anormalement au-dessus de la norme sanitaire. Ce sont les plus fragiles qui le payent.

La crise de l’eau qui frappe Mayotte n’est pas naturelle : ce n’est pas la seule sécheresse qui nous accable mais c’est bien la calamité gouvernementale qui assèche nos robinets ! Le gouvernement [d’Élisabeth] Borne pointe du doigt la sécheresse historique qui frappe Mayotte : nous dénonçons l’inertie de la politique publique pour la production d’eau potable. La population a augmenté mais nos infrastructures n’ont pas suivi. Pour rappel, Mayotte subit chaque année des coupures d’eau, même pendant la saison des pluies ! Les solutions existent mais ne sortent pas de terre parce qu’on espère qu’elles tombent du ciel : la pluie ne tombe pas et nous ne pouvons plus compter sur elle. Le département est entouré d’eau de mer et l’usine de dessalement pompe du sable pendant que nous attendons de nouvelles unités déjà financées depuis plus de cinq ans.

Des bouteilles d’eau quatre fois plus chères que dans l’Hexagone

La crise de l’eau va être couplée d’autres crises que Mayotte n’est pas en mesure d’absorber : crise sanitaire immédiate dû au manque d’hygiène et une crise économique pour des foyers qui vont devoir acheter de l’eau en bouteille importée à un prix plafonné à cinq euros le pack de six bouteilles (voir par ailleurs). C’est quatre fois plus cher que dans l’Hexagone ou dans le département voisin de La Réunion. C’est aussi une crise sociale grave qui nous attend avec les solutions que propose votre gouvernement : contre l’avis des élus locaux, le gouvernement Borne construit des fontaines et des rampes d’eau potable gratuite pour les bidonvilles de clandestins [N.D.L.R. selon l’Insee, en 2017, 65% de personnes de nationalité étrangère (en situation régulière ou non) habitent dans une maison en tôle, c’est également le cas pour 25% de Français vivant à Mayotte] à côté des foyers qui paient des factures pour des robinets qui tournent à vide… Des rampes d’eau dont certaines alimentent l’agriculture illégale sur des terrains volés.

Des citernes ont été distribuées aux écoles pour la rentrée mais pas les pompes, des gourdes seront achetées par le rectorat pour les enfants scolarisés mais avec quelle eau les parents vont-ils les remplir ? J’alerte depuis plus d’un an : nous voulons de l’eau. Maintenant. Quand entamerez-vous la distribution massive et gratuite de bonbonnes d’eau potable pour tous les foyers à Mayotte ? Quelle solution pour rembourser les factures d’eau pour des robinets vides ? Quelle solution pour la pollution plastique des bouteilles que nous allons importer ? Quelle protection sanitaire contre les maladies inhérentes au manque d’eau (gastroentérite aigue, choléra, gale, maladie de la peau…) et à la surconsommation de PET, ces perturbateurs endocriniens qui flottent dans l’eau des bouteilles en plastique ?

L’eau est un élément vital à la vie, la santé des Mahoraises et des Mahorais est en danger, Mayotte a soif ! »

Des restrictions en plus des coupures

Il n’y a pas que le calendrier des coupures qui a été modifié, ce lundi 17 juillet. De nouvelles mesures ont été prises par le comité de suivi de la ressource en eau. Y figurent l’interdiction du lavage des bateaux de plaisance de particuliers, de l’arrosage des jardins potagers de minuit à 18 h ou le remplissage et le maintien à niveau des piscines privées. L’utilisation de l’eau potable à des fins d’épreuves réglementaires nécessitant un volume d’eau supérieur à 5 m³, pour réaliser des exercices incendies, pour l’avitaillement des navires de commerce (en cas d’urgence, une dérogation peut être accordée par le commandant du Port sur demande expresse et documentée de l’armateur), pour le remplissage et l’appoint en eau des bassins individuels dans les établissements recevant du public (exemple : jaccuzzis, spas) dès lors qu’ils ne sont pas raccordés à un système de récupération totale et de ré-usage des eaux, pour le rinçage des personnes au retour d’une sortie en mer par tout moyen branché sur le réseau public, pour le lavage des embarcations, motorisées ou non, par tout moyen branché sur le réseau public, à l’exception de celles des services et organismes ayant des missions de police, de secours et de sauvetage en mer ou pour des manifestations type « pool party » est également prohibée. Enfin, alors que la période des manzarakas bat son plein, « le lavage de la vaisselle lors de manifestations publiques ou privées (concerts, manzarakas, banquets) » avec l’eau du réseau d’eau potable est frappé du même interdit. La préfecture de Mayotte préconise d’ailleurs « l’usage de vaisselle à usage unique et recyclable » lors de manifestations culturelles et privées.

L’artiste mahorais Lokygramme sort son premier EP

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Le chanteur mahorais Lokygramme.

Il s’appelle « M’trumé », et c’est le premier gros projet du chanteur mahorais Lokygramme. L’EP sera disponible à partir du 28 juillet, pour le plus grand bonheur de ses fans qui attendent ce moment depuis des années.

Huit chansons, deux featurings et quatre clips… C’est ce qui composent le projet M’trumé de Lokygramme. L’artiste et son équipe ont vu les choses en grand, et proposent aux fans un travail qualitatif. « Le public qui me suit était à la demande de cela. On ne voulait pas faire quelque chose de simple, alors on a pris le temps pour avoir de bons sons », explique le chanteur. Il s’agit de son premier Ep depuis ses débuts en solo en 2017. Il a écrit toutes les chansons et a fait appel à CG-Flow pour composer 90% des morceaux. Ce dernier n’est autre que le compositeur de Maître Gims. Lokygramme a également souhaité s’ouvrir aux artistes de la région, puisque dans cet EP on y trouve un feat avec Meiitod, et un autre avec Ga Ei,l’étoile montante de la musique urbaine malgache.

Ce projet est un nouveau départ pour le chanteur mahorais puisqu’il se met à nu. « Dans cet EP, on me découvre un peu plus car je dévoile toutes les facettes de Lokygramme. J’ai voulu montrer tout ce que je peux faire », affirme-t-il. Il nous propose donc une palette de plusieurs types de musique, tel que la pop, la Soul, ou le R’N’B. Mais cela lui met une pression supplémentaire. « J’appréhende un peu la sortie de cet EP parce que même si je suis sûr de moi, c’est le public qui décide s’il aime ou pas. Mais il fallait le faire et je suis content. »

« La musique à Mayotte a de l’avenir »

Lokygramme s’est plongé dans le monde de la musique depuis le collège. Il a commencé par faire du slam, puis il est passé par la case rap avec un groupe d’amis, pour enfin finir par chanter. « Je me suis concentré sur le chant car c’est ce qui me convient le
plus, je suis plus à l’aise quand je chante », indique-t-il. Et il met un point d’honneur à ne chanter qu’en mahorais. « Si on chante tous en français, il n’y aura personne pour conserver la musique mahoraise. Les chansons mahoraises permettent de promouvoir notre langue. La musique est quelque chose qui ne meurt jamais, et ça fera vivre notre langue encore longtemps », assure-t-il.

Même s’il reconnait que le chemin est encore long pour que les artistes de l’île puissent avoir la même reconnaissance que les autres, il concède tout de même que « la musique à Mayotte a de l’avenir. » Il continue : « je me rends compte qu’aujourd’hui, on a envie de consommer la musique mahoraise, ce qui n’était pas le cas avant. C’est donc un peu plus facile pour ma génération parce qu’on a plus de gens qui nous regardent, qui nous écoutent. On a plus de visibilité avec toutes les plateformes qui existent ».

C’est la raison pour laquelle Lokygramme est plus déterminé que jamais à se faire une place pérenne dans ce milieu

Pamandzi accompagne ses taxis dans l’innovation

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Est-ce la fin des arrêts intempestifs de taxis en bordure de route à Pamandzi ? Une campagne de sensibilisation est lancée à destination des usagers et des taxis sur la création de plusieurs dizaines points d’arrêt et de récupération de la clientèle. D’autres innovations sont également annoncées.

La commune de Pamandzi s’apprête à lancer la création de trente arrêts de taxis sur l’ensemble de son territoire. L’opération a été officialisée, jeudi matin à 10 heures, par le maire Madi Madi Souf, en compagnie de Salama Ramia, quatrième adjointe chargée du commerce et de l’artisanat. Plusieurs jours durant, l’information sera portée aux conducteurs de taxis pour qu’ils visualisent bien l’emplacement exact de ces arrêts qui leurs sont destinés. Ce projet « des arrêts de taxis » entend répondre positivement à un certain nombre de difficultés rencontrées par les conducteurs de taxis et leurs usagers. En effet, lorsqu’on circule en Petite-Terre, il est courant d’entendre des personnes se plaindre du manque de taxis ou du fait qu’ils affichent toujours pleins aux heures d’arrivée et de départ des avions, particulièrement en cette période de vacances estivales. Une situation qui n’est pas sans conséquences fâcheuses, l’intercommunalité de Petite-Terre ne faisant pas mystère de son ambition de créer dans un avenir proche une ligne de bus pour pallier ce problème. « Nous entendons tous ces projets, mais en attendant qu’ils voient le jour, nous pensons qu’il y a mieux à faire pour améliorer la vie des particuliers et aider les 115 artisans taxis officiellement déclarés comme opérant sur Petite-Terre », indique Salama Ramia. À travers elle, la commune de Pamandzi lance un appel aux autres collectivités locales pour qu’elles privilégient le développement d’un modèle propre à Mayotte et éviter de se précipiter sur des concepts extérieurs inadéquats aux difficultés spécifiques à notre département.

Prévenir avant de sévir

« Les transports en commun aux moyens de bus ont le vent en poupe actuellement sur l’île, tout le monde y va du sien et personne ne pense à améliorer, moderniser l’existant pour innover. Pour notre part, nous avons choisi d’accompagner la profession de taxis depuis deux ans et l’aider à se structurer pour mieux satisfaire les attentes de nos populations »,
rajoute Salama Ramia. Un objectif qui sera atteint à travers ce projet à travers trente arrêts de taxis disséminés dans Pamandzi. Le principe vise à permettre aux usagers de ne plus arrêter les taxis sur le bord de la route, ni de galérer à parcourir de longues distances à la recherche d’un taxi. En se rendant directement à un arrêt précis, ils ont la certitude qu’un transporteur passera automatiquement à cet endroit pour les récupérer. Pareillement pour ces derniers, ils feront des économies de carburant à n’ayant plus à faire le tour de la ville en quête de clients lorsqu’ils ne sont pas affairés à relier les quais de barges à l’aéroport. Terminé aussi pour eux le risque de se faire verbaliser pour stationnement
interdit, la nouvelle législation en la matière étant draconienne. Mieux encore, la commune de Pamandzi, avec le soutien financier du département de Mayotte, soutien les adhérents de la coopérative « Taxis-Vanille » (laquelle a été créée pour couvrir tout le territoire de Mayotte) à s’équiper de moyens nouveaux, notamment de géolocalisation et de moyens de paiement.

Les premiers taxis électriques pour 2024

La clientèle est désormais en droit de demander un reçu au terme de sa course, mais aussi de pouvoir payer la prestation au moyen d’une carte de crédit. Autre innovation de taille, le lancement d’ici peu de temps d’une carte de paiement de rechargeable pour le taxi comme à la barge. Un avantage indéniable pour s’éviter les soucis de petite monnaie. Une partie des 115 taxis officiels de Petite-Terre est joignable via une centrale d’appel. Il est donc désormais possible de commander un taxi par téléphone en fournissant des données de géolocalisation. Dans son élan, Pamandzi anticipe déjà l’avenir et envisage d’inciter les conducteurs de taxis à s’équiper de véhicules électriques dès 2024. Pour cela, elle compte une fois de plus sur le soutien financier du Département de Mayotte pour l’acquisition des équipements connexes.

Jean-Alexis Poupon prend le commandement de la légion étrangère à Mayotte

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Un colonel remplace un autre à la tête des forces armées à Mayotte. Axel Girard a quitté Mayotte ce mercredi pour Paris, il a été remplacé par Jean-Alexis Poupon qui préside désormais à la destinée des forces stationnées au quartier Cabaribère sur le rocher de Dzaoudzi.
Le commandement du Détachement de Légion Étrangère de Mayotte (DLEM) a changé de mains à l’occasion d’une brève cérémonie militaire qui s’est déroulée dans les jardins de l’hôtel de ville de Dzaoudzi-Labattoir, mardi 18 juillet, en fin d’après-midi. Le colonel Axel Girard a été remplacé par le colonel Jean-Alexis Poupon en présence de nombreux officiels dont le secrétaire général de la préfecture de Mayotte, Sabry Hani, et les maires des deux communes de Petite-Terre, Saïd Omar-Oili et Madi Madi Souf. Une foule nombreuse de civils et militaires avait fait le déplacement pour assister à cet événement présidé par le général Laurent Cluzel, commandant des Forces Armées de la Zone Sud de l’océan Indien (FAZOI).

Celui-ci n’a pas manqué de rappeler les moments forts de l’action du colonel Girard à la tête du DLEM, le soutien et la formation des éléments de l’armée nationale de développement des Comores (AND), la formation de militaires malgaches réalisé en partie dans notre département. Il en a été de même au Botswana, en Afrique australe. La cérémonie s’est achevée par un défilé militaire sur la rue du Commerce de Labattoir. Le
colonel Axel Girard a quitté Mayotte au lendemain de cette de passation de commandement
pour Paris.

Au revoir Samuel !

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La presse mahoraise et régionale est en deuil. Notre éminent confrère Samuel Boscher nous a quitté ce jeudi 20 juillet. Il est décédé à l’âge de 52 ans des suites d’une longue maladie.
Atteint d’un cancer, cette figure marquante de la presse locale (papier, radio, télé) avait choisi de se retirer dans la ville de Majunga à Madagascar il y a six ans. Passionné par Mayotte, Samuel Boscher est arrivé dans le département au début des années 2000 en provenance de l’île voisine de La Réunion où il a travaillé pour le Journal de l’île de La Réunion (JIR) sous la gouverne de Jacques Tillier. La teneur de ses articles reflétait alors la passion qu’il avait développé pour l’île. Samuel Boscher a ensuite travaillé en tant que
rédacteur en chef pour le journal « Le Mahorais » fondé par l’actuel député de Mayotte, Mansour Kamardine. A l’annonce de la disparition de notre confrère, celui-ci a tenu à présenter « ses très sincères condoléances à sa famille et à ses proches ».

Il a déclaré se souvenir du journaliste professionnel que fut Samuel Boscher, de ses analyses politiques sur Mayotte et la France qu’ils ont eu l’occasion de partager ensemble, en sa qualité d’avocat et d’homme politique. Il était aussi un créateur de média, fort de l’expérience acquis et de sa grande connaissance du tissu politique, économique et social mahorais, notre confrère avait franchi le Rubicon il y a quelques années en devenant à son tour patron de presse avec la création du quotidien en ligne « France Mayotte Matin » dont il a un moment assuré la rédaction en chef. Il s’est s’associé ensuite avec le groupe Kwézi TV de Patrick Millan, groupe auquel il finit par céder ses parts sociaux un peu plus tard. Il resta néanmoins une figure marquante des différents supports médiatiques de ce groupe, un collaborateur fidèle de Patrick Millan une quinzaine d’années durant. Devenu sa seule famille depuis six ans, c’est à ce dernier qu’il incombe la lourde tâche de s’assurer
de la crémation prochaine de notre confrère à Majunga. En effet, Samuel Boscher avait émis le vœu de se faire incinérer. Nous exprimons à nos confrères de Kwézi TV nos plus sincères condoléances.

Pour Mansour Kamardine, la droite en fait davantage pour l’outre-mer

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Le député de la deuxième circonscription de Mayotte, Mansour Kamardine, salue Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, à Bouéni, le 1er janvier 2023.

Député de Mayotte, Mansour Kamardine est devenu l’homme fort de l’Outre-mer au sein de son parti, Les Républicains. Il en est d’ailleurs le seul représentant ultramarin à l’Assemblée nationale. Dans un communiqué, celui qui est secrétaire national du shadow cabinet chargé de l’outremer [N.D.L.R. d’inspiration anglo-saxonne, il s’agit d’un équivalent officieux et dans l’opposition du ministre des Outre-mer] estime que sa formation est la plus à même de répondre aux attentes de l’outre-mer.

« Depuis dix ans, l’outre-mer a trop souvent le sentiment d’être oublié par un pouvoir influencé par une vision parisienne. Dès son élection à la présidence des Républicains, Éric Ciotti a démontré sa volonté d’entendre ces territoires et de leur apporter la dignité qu’ils méritent. Tout d’abord, un comité des Outre-mer a été créé pour fédérer les forces politiques qui participeront à la reconstruction de la droite et rénover le socle idéologique de la droite », défend le Sadois, qui a fait un voyage dernièrement en Guyane, en Guadeloupe, où il a notamment visité la centrale géothermique de Bouillante, et en Martinique. Il est allé aussi à La Réunion, où « il a pu rencontrer Michel Fontaine, maire de Saint-Pierre et les anciens députés René-Paul Victoria et David Lorion afin d’évoquer la réflexion institutionnelle outre-mer en cours concernant ce département et les attentes portant sur le comité interministériel des outre-mer ». Ce dernier justement a été repoussé par le Gouvernement à deux reprises, à cause des émeutes à la suite de la mort de Nahel.

Mansour Kamardine rappelle que son camp soutient l’opération Wuambushu, qui est encore active sur notre territoire. Sur l’avenir institutionnel des territoires ultramarins, il se fait plus mesuré. « Même si des évolutions peuvent être envisagées au cas par cas, il est important de rappeler que l’évolution institutionnelle n’est pas l’assurance d’une meilleure efficacité de l’action publique », estime-t-il. Ce Chiraquien convaincu argue que « les Républicains seront toujours les ardents défenseurs de ces concitoyens, qui ne méritent pas l’indifférence du Gouvernement, les outrances de la Gauche radicale et les fausses promesses des indépendantistes de tous bords. Notre projet s’orientera clairement et prioritairement vers l’amélioration des conditions de vie des ultramarins ».

La Nupes demande « un plan d’urgence Eau » pour Mayotte

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La coalition de gauche, Nouvelle Union populaire écologique et sociale, a réagi, le jeudi 13 juillet, au problème de sécheresse que rencontre Mayotte et qui passe notamment par un programme de tours d’eau beaucoup plus drastique à partir du lundi 17 juillet. « Dans un communiqué le mercredi 12 juillet, la Préfecture de Mayotte a annoncé une intensification des coupures d’eau. Dès lundi 17 juillet, les communes de Mamoudzou, Koungou, Pamandzi et Dzaoudzi subiront sept coupures « nocturnes » par semaine, de 16h à 8h du matin. Treize autres villes du département devront faire face à « trois tours d’eau » de 24 heures par semaine. Apres l’échec de l’opération sécuritaire et anti-pauvres « Wuambushu », le gouvernement s’enlise dans l’indifférence vis-à-vis de nos concitoyens de Mayotte, qui subissent de plein fouet son inaction. Depuis plusieurs années nous alertons et avons déposé une proposition de loi, balayée par la Macronie, afin de garantir la gratuité de 50 litres d’eau par jour et par personne, ce qui correspond au minimum vital préconisé par l’OMS.

À Mayotte, un tiers des familles n’a pas d’accès à l’eau courante. Les taux de connexion au réseau d’assainissement sont très faibles : alors que 37 % de la population vit dans des zones desservies par le réseau, 18 % seulement des ménages y sont connectés. L’État ne peut pas priver une partie de la population d’un accès à l’eau. Nous demandons « un plan d’urgence Eau » pour Mayotte et sa discussion à l’Assemblée nationale. »

Festival Sanaa : Mamoudzou recherche des sponsors

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Le premier festival Sanaa a marqué les esprits. La commune de Mamoudzou veut réitérer cette année avec une deuxième édition. Mais pour ce faire, elle a besoin de sponsors. L’appel est donc lancé aux acteurs économiques du territoire souhaitant participer. Les structures qui veulent tenter l’aventure doivent envoyer leur demande par mail à : contact@mamoudzou.yt. La date limite pour valider la participation de chacun est fixée au vendredi 28 juillet.

Les étudiants primo-partants invités à une journée d’informations

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La direction de l’enseignement supérieur (anciennement appelée DPSU), en collaboration avec de nombreuses associations étudiantes, invite tous les jeunes bacheliers et étudiants qui s’apprêtent à poursuivre leurs études en dehors de Mayotte, à une journée d’informations et d’échanges. La rencontre aura lieu le lundi 31 juillet, de 8h à 14h30, dans la salle de Cinéma Alpa Joe, à Mamoudzou. L’objectif est de préparer les jeunes à leur vie étudiante à l’extérieur. Des professionnels seront présents pour les aiguiller vers les différents dispositifs existants sur le territoire et en dehors du département pour une meilleure intégration. La présence des parents est également vivement conseillée.

Une conjoncture économique favorable selon l’Iedom de Mayotte

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L’Institut d’émission des départements d’Outremer (Iedom) a publié un nouveau rapport annuel qui présente l’évolution de la situation économique, financière, environnementale et sociale du département de l’année dernière. Et les conclusions sont plutôt positives. Elles indiquent que « l’année 2022 a bénéficié d’une conjoncture économique favorable et d’une activité en croissance dans la majorité des secteurs ». Et ce malgré les difficultés que rencontrent les entreprises à l’exemple de l’inflation et de l’insécurité. Et l’avenir semble prometteur puisque de nombreux projets émergent et « les institutions publiques et les établissements de crédit prennent toute leur place dans l’accompagnement et le financement de ces divers projets ». L’Iedom affirme que les prochains mois continueront dans cette lancée, l’activité économique de l’île devrait rester dynamique et vigoureuse.

La chambre des métiers reporte son assemblée générale

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La chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte (CMAM) s’était réunie, mercredi matin, à Mamoudzou, pour son assemblée générale annuelle. Cette réunion a finalement été reportée au 31 juillet 2023 après que les représentants de la préfecture de Mayotte aient soulevé le non-respect des délais préalables de convocation des élus (inférieurs au nombre de jours exigés par les textes). Une source bien informée fait état d’un trou de deux millions d’euros qu’il va falloir combler. Un trou que l’équipe dirigeante actuelle de cette chambre consulaire met à l’actif de l’administration sortante. Affaire à suivre….

Service national universel : « Être quelqu’un de bien tous les jours dans la vie »

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En intégrant le Service national universel, les jeunes de 15 et 16 ans se plient à un cadre entre scolaire et militaire. Une fois leur diplôme obtenu, ils seront exemptés de journée défense et citoyenneté (JDC), et leur volontariat comptera dans Parcoursup.

La troisième promotion mahoraise du Service national universel termine bientôt son stage au lycée de Dembéni. Les 97 volontaires de 15 et 16 ans ont eu la visite du recteur et du préfet de Mayotte, lors de la levée des couleurs, ce jeudi matin.

Malgré la fatigue, les 97 volontaires du Service national universel se tiennent droits et fiers. Voilà presque dix jours que ces Mahorais, issus de toutes les communes et tous les milieux sociaux de l’île, participent à leur stage. Au programme, levée des couleurs tous les jours à 8 heures, puis direction les salles de classe du lycée de Dembéni pour des modules éducatifs ou l’extérieur de l’établissement pour des activités sportives et physiques.

La presque centaine de volontaires du Service national universel s’est réunie, ce jeudi matin, au lycée de Dembéni, à Tsararano, pour la levée des couleurs.

Le cadre est rigoureux, le programme est piloté par les ministères de l’Éducation nationale, de l’Armée et de l’Intérieur. « Les élèves sont volontaires », rappelle une nouvelle fois Nourdine Boinahéry, chef de projet SNU, à la Drajes (délégation régionale académique de la jeunesse, à l’engagement et aux sports). « Ils aiment justement ce cadre. Ils ne l’ont pas toujours à la maison. Ici, ils sont nourris, blanchis, logés et ont les mêmes vêtements. Personne ne les regarde différemment. »

250 candidats

A Mayotte, le dispositif ne manque pas de candidats. 250 ont déposé un dossier pour une centaine de places dans cette troisième promotion, la motivation étant le premier critère retenu. Des problèmes médicaux ou des vaccins manquants ont réduit a minima le groupe qui est divisé en sections rattachés à des héros historiques (Aimé Césaire, Coco Chanel,…). Pendant le stage, ils auront d’ailleurs à présenter des travaux rendant hommage à ces personnages. Côté activités physiques, ils ont le droit à de la randonnée et un cours de savoir nager par exemple.

Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, assure les volontaires qu’ils seront vus comme « des gens bien » grâce au SNU.

Pour la tête, ils ont pu suivre des modules sur la citoyenneté, le handicap, les violences sexistes et sexuelles (c’était encore le cas ce jeudi matin). Et pour le 14-Juillet, ils auront le droit de suivre le défilé aux côtés des officiels. « Ça va vous permettre d’être tous les jours quelqu’un de bien dans la vie pour faire progresser notre société », clame le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. Celui-ci a assisté à la levée des couleurs, ce jeudi matin, en compagnie du recteur Jacques Mikulovic et de Madeleine Delapierre, directrice de la Drajes.

Le protocole se doit d’être respecté. La moitié des intervenants sont d’ailleurs des militaires, ce qui ne déplaît pas aux jeunes. Beaucoup se destinent déjà « à intégrer un corps », admet Nourdine Boinahéry, que ce soit dans la gendarmerie, l’armée ou la police.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes