Saut en parachute : à la conquête du ciel de Mayotte avec Vewuha

La jeune entreprise basée en Petite Terre propose des expéditions de rêve pour les amateurs de sensations fortes. Le 5 septembre, elle s’envole en hélicoptère grâce à une collaboration avec la compagnie SAF. Une offre inédite, fruit d’un parcours du combattant pour Anli Abdallah Djaha, ex-militaire reconverti en chef d’entreprise. Portrait.

Anli Abdallah Djaha fait un peu partie de ces gens qu’on n’arrête pas. À 42 ans, l’ancien militaire parachutiste a la tête dans les airs et les pieds sur terre. À peine a-t-il atterri de La Réunion ce mardi, où il faisait quelques sauts pour se remettre en jambe, qu’il reprend ses affaires en Petite Terre. C’est que l’entrepreneur, qui a créé en 2018 Vewuha pour proposer des sauts en parachute au-dessus de Mayotte, a du pain sur la planche. À partir du 5 septembre et jusqu’au 30 novembre, il organise à nouveau des virées dans le ciel pour les fans de sensations fortes. Petite nouveauté : cette fois, le saut dans le vide se fera à partir d’un hélicoptère. “C’est le fruit d’une démarche de longue haleine initiée l’année dernière, et qui a pu voir le jour grâce à la collaboration avec SAF hélicoptère”, se réjouit le parachutiste professionnel.

Une opportunité en or, car “les sensations en avion ne sont pas les mêmes qu’en hélicoptère”, avance-t-il. Entre la vue imprenable à 360° sur le lagon depuis le cockpit et la montée en flèche que permet l’aéronef, les sportifs de l’extrême risquent bien d’en prendre plein la vue. En moins de dix minutes, l’hélico atteint en effet l’altitude de largage, soit 3.500 mètres, pour un saut de près d’une minute en chute libre, et sept minutes sous voile avant de se poser, soit à l’aéroport de Mayotte, soit sur l’îlot de Sable blanc ou encore aux îlots Choizil. En tout, l’expédition dure “une bonne demi-heure”. Bien sûr, elle représente un certain coût. Mais alors que l’offre hélicoptère est censée revenir plus cher que l’offre en avion, Anli Abdallah Djaha assure ne pas augmenter ses tarifs pour le moment. Comptez donc à partir de 355 euros pour l’aéroport, 595 euros pour les îlots.  

Le coup dur du confinement

Un petit budget certes, mais qui s’entend face au dur labeur que cette activité représente pour le jeune retraité, encore seul dans sa boîte. Et qui a de plus subi le confinement de plein fouet : la dernière expédition, prévue au mois d’avril, a dû être annulée à cause de la crise sanitaire. Un “boogie”, comme sont désignés dans le milieu ces rassemblements, qui regroupent des gens d’un certain niveau à la recherche de spots uniques sur Terre. Cette édition devait se faire en collaboration avec des professionnels venus des quatre coins de monde, Angleterre, Inde, Etats-Unis, Europe…“Tout était calé avec l’avion, or cette prestation engage forcément des coûts qui ne sont pas remboursables. Ça m’a coûté un bon billet que j’aurais pu mettre dans autre chose”, hausse des épaules le créateur d’entreprise. Sans toutefois se laisser abattre.

Car Anli en est persuadé : cette offre a toute sa place à Mayotte. “Ce spot est unique et mérite une telle activité.” Une conviction chevillée au corps pour l’ancien militaire revenu sur son île natale dans cet objectif. “Cela fait au moins treize ans que je pense à cette belle idée d’amener cette activité à Mayotte”, souffle-t-il. Originaire de Passamaïnty, le Mahorais

embarque en effet pour la métropole à l’âge de 17 ans, où il passera deux années avant de s’engager pour l’armée. C’est là, au milieu des treillis et des rangers, qu’il découvrira sa passion pour le parachutisme, deux ans plus tard. Et aussi qu’il fera ses billes, au Kenya, en Afrique du Sud, au Koweït. “J’ai des contacts qui me permettent pour l’instant de louer des avions, et de ramener des professionnels sur l’île pour mes événements”, explique-t-il. Même si, à terme, il entend bien financer un avion basé à Mayotte, et embaucher quelques salariés.

Pour l’instant, Anli fait confiance à ses anciens camarades parachutistes, rencontrés à l’armée et qui se sont aussi professionnalisés pour exercer en civil. “Des gens avec qui j’ai déjà travaillé partout dans le monde”, sourit-il. Sauf, jusqu’à peu, à Mayotte, que le natif du département leur a présentée en lançant Vewuha. “Les premiers mots, après les premiers sauts, c’était juste ‘‘wow’’. Ce qui a confirmé mon choix sur ce spot de Mayotte, qui en valait le coup”. Le parachutiste a conscience des trésors de son île, et déplore de la voir se fragiliser, année après année. “Avec Vewuha, je veux aussi adresser un message de préservation de cet endroit”, poursuit le voltigeur du lagon, porté par une volonté inébranlable. “Il y a tant de challenges sur cette île. On ne peut pas rester les bras croisés”.

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