Crise de l’eau : « Ce n’est pas la peine de forcer, il y a assez d’eau disponible pour tous »

Dans les communes mahoraises, c’était la première journée de distribution générale d’eau en bouteille, ce lundi. Dans celle de Dzaoudzi-Labattoir, le rappel des troupes a permis de conjuguer une forte affluence de demandeurs dans la matinée, tandis que l‘après-midi s’est plutôt passé dans le calme. Reportage.

« Hé madame ! Retournez là-bas avec les autres, c’est nous qui allons vous appeler », pouvait-on entendre ce lundi, tout comme : « Ce n’est pas la peine de chercher à forcer le passage, il y a assez d’eau disponible pour tout ». Un peu de chahut, beaucoup d’impatience, mais une maîtrise remarquable des foules a pu se mettre en place grâce à une plus grande mobilisation de différents services municipaux, du soutien des militaires et des sapeurs-pompiers. C’était un soulagement pour cette première journée de distribution d’eau minérale en bouteille, une promesse que le gouvernement devrait faire durer au moins deux mois, car il y avait une forte affluence ce lundi matin aux abords des locaux de la mairie. « Visiblement, l’information relative aux conditions requises pour cette distribution n’est pas passée auprès du public, d’où un certain cafouillage en début de matinée, plutôt assez bien maîtrisé par des agents de la police municipale », remarque une dame assise.

Ils ont été nombreux à s’agglutiner sur les escaliers du CCAS (centre communal d’action sociale) pour obtenir le sésame permettant d’accéder au lieu de distribution des fameuses bouteilles d’eau, alors que des simplifications avaient été imposées par l’administration préfectorale. Point besoin de se faire enregistrer au préalable pour obtenir une carte lisible via un logiciel partagé par les services du CCAS. Pour ce lundi, la population avait à attendre sous des tentes de bâche installées sur le parking de la salle des fêtes en face de l’entrée principale des bâtiments municipaux. En file indienne, ils devaient se présenter, par groupe de trois ou quatre personnes, à d’autres agents installés devant le portail d’entrée de la mairie et retirer trois feuilles (une fiche explicative et deux documents à remplir au choix selon la situation de chacun, selon qu’on soit propriétaire ou personne hébergée). Très rapidement débordé, ce filtrage s’est trouvé contraint de demander l’assistance de la police municipale pour ramener le calme et la sérénité. Tant bien que mal, la situation a fini par se résorber au bout de trois heures, le système ayant retrouvé une fluidité certaine à la mi-journée. 

Des bouteilles vides à ramener ensuite

Bénéficier de cette première distribution n’est pas aussi problématique que certains auraient pu l’imaginer. Cependant, il est rappelé aux heureux bénéficiaires qu’ils devront revenir munis des bouteilles en plastique vides la prochaine fois qu’ils voudront renouveler leur stock. « C’est une condition imposée par la préfecture de Mayotte », explique un agent du CCAS, qui se félicite que la commune ait pris sur elle la charge de cette distribution à grande échelle. « Sans cela, il nous aurait été imposé d’assurer une mission de cette ampleur. » Depuis le démarrage de cette opération en septembre dernier, le CCAS a dû s’adapter pour répondre aux 280 demandes de fourniture d’eau à un public prioritaire très varié. Certaines de ses missions classiques sont reléguées au second rang ou tout simplement gelées en attendant la fin de cette crise de l’eau. « Heureusement que nous avons su capitaliser nos difficultés de démarrage dans cette prise en charge. Les hôpitaux et les cabinets d’infirmiers libéraux nous ont été d’un grand secours en nous signalant spontanément ceux de leurs patients nécessitant notre assistance », rajoute la même source. Il y a ceux et celles qui peuvent se déplacer pour renouveler leur stock d’eau sur place dans les bureaux du CCAS de Labattoir, mais il y également les autres qui sont physiquement dans l’incapacité de faire cette démarche et qu’il faut livrer à domicile. D’autres cas sont signalés, ceux de personnes situées dans des quartiers informels, et qui faute de voirie, se font approvisionner via des équipes de la sécurité civile.

« Sans cette mobilisation générale, nous serions allés droit vers la catastrophe », remarque un autre agent municipal. Une chose est sûre, la distribution d’eau minérale en bouteille se poursuit, les équipes d’accueil se relaient matin et après-midi pour répondre à une demande qui sera incontestablement croissante au fur et à mesure que le bouche à oreille aura accompli son œuvre.

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