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Au lac Karihani, « la faune est revenue comme avant »

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Déserté pendant la sécheresse par sa faune, le lac Karihani est redevenu un endroit chaleureux pour les oiseaux. Avec le retour des pluies, les animaux sont revenus peupler l’endroit, qu’il va néanmoins falloir continuer de surveiller. 

Le lac Karihani a repris des couleurs, et surtout une bonne dose d’eau. En août dernier, après une année sans pluie, cette zone normalement humide, située entre Combani et Tsingoni, gérée depuis juin 2023 par le Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay), était à sec. Les « kariha » (poules d’eau), qui ont donné leur nom au lac, ainsi que les crabiers blancs, grèbes castagneux et autres oiseaux avaient alors déserté le lac, sous l’inquiétude de l’association.

Heureusement, la saison des pluies de cette année a fait rentrer les choses dans l’ordre, et le lac a retrouvé ses 2,5 mètres de profondeur. « La faune est revenue comme avant. Il y a deux semaines, il y avait une quarantaine de crabiers blancs grâce à la pluie qui a entraîné le retour des grenouilles et des insectes, dont ils se nourrissent », se réjouit Émilien Dautrey, directeur du Gepomay. Ce jeudi matin, on peut en effet remarquer un certain nombre de rainettes sauter de feuilles en feuilles aux abords du lac.

Si les poules d’eau ne sont pas autant qu’avant, l’association a remarqué que plusieurs avaient fait leur nid au sein du lac, signe que l’environnement leur convient. « On ne sait pas où les poules d’eau sont passées pendant la sécheresse, car on n’en n’a pas vu plus que d’habitude au niveau des retenues collinaires. Mais elles reviennent tranquillement », assure le directeur en nous prêtant ses jumelles pour pouvoir observer des « kariha » faire leur toilette au milieu du lac éponyme.

Surveiller la nouvelle flore

Si en janvier, l’association s’inquiétait de la quantité d’herbe qui a poussé et demeure dans le lit du lac, notamment pour son impact sur la flore aquatique, on peut apercevoir les nénuphars qui ont fleuri. « C’est plutôt bon signe », commente notre guide depuis l’observatoire situé sur une des rives, remis à neuf il y a deux ans. Néanmoins, un suivi et des études vont être faites, car cette prairie posée sur l’eau pourrait poser problème dans quelques mois. En effet, quand l’herbe va pourrir, elle risque de tapisser le fond du lac, et donc de réduire le volume disponible pour l’eau. « Cela pourrait engendrer des débordements du lac, et donc moins de stock d’eau pour la saison sèche », avertit Émilien Dautrey. Mais pour l’instant, ce dernier est rassuré de voir la vie de la biodiversité reprendre son cours. « Cela montre à quel point la nature peut être résiliente », en conclut-il.

Le directeur du Gepomay insiste sur l’importance de préserver cet endroit : il s’agit de l’unique lac naturel d’eau douce de Mayotte. « C’est une vraie richesse pour l’île », insiste-t-il. Armé de cette philosophie, le groupe d’étude compte mettre à jour son plan de surveillance du lac dans les prochains mois et de procéder à des restaurations d’habitats naturels.

Le Gepomay compte aussi travailler avec les agriculteurs qui occupent les parcelles avoisinantes, et notamment mettre en place des abreuvoirs à museau pour les zébus, afin que ces derniers n’aillent pas jusqu’au lac pour boire, le piétinement des rives favorisant l’envasement du plan d’eau.

Une nouvelle lettre contre l’usine de dessalement d’Ironi Bé

Si en janvier, différentes associations environnementales avaient écrit une lettre à l’attention du préfet de Mayotte pour dénoncer les impacts environnementaux du projet d’usine de dessalement à Ironi Bé, une nouvelle a été écrite cette semaine à l’attention des pouvoirs publics. Cette fois, les rangs des associations se sont étoffés, avec notamment le Gepomay. « L’État finance des projets pour sauver le crabier blanc, et avec cette usine, compte détruire son habitat. C’est un comble », estime Émilien Dautrey, directeur du Gepomay. En effet, la future usine engendrera la destruction d’une partie de la mangrove du secteur, et les associations craignent que l’eau saumâtre rejetée par l’infrastructure perturbe l’écosystème.

Cette lettre annonce notamment le dépôt d’un recours gracieux, afin « de mettre en place un processus qui se veut à la fois respectueux de la société civile et de l’environnement ». Si les associations ne mettent pas en cause la construction d’usines de dessalement, elle insiste sur la nécessité de prévoir des mesures complémentaires pour diminuer la pression sur la ressource en eau, comme la reforestation ou bien davantage de dispositifs de récupération d’eau de pluie.

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