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Avril 2010 : Conservatoire du littoral

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Un projet d'inscription du site de la vasière des Badamiers à la convention internationale de Ramsar, qui protège les zones humides, a été déposé l'année dernière.{xtypo_dropcap}A{/xtypo_dropcap}lors que notre regard se perd sur un vol d'oiseaux marins au-dessus de la vasière des Badamiers, notre chemin nous mène à travers une végétation luxuriante vers les plages de Moya, situées entre le lac Dziani et la Vigie, le point culminant de Petite Terre. Tous ces sites font partie du domaine du Conservatoire du littoral, qui est propriétaire de 356 hectares dans les communes de Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi. "On pourrait intervenir partout à Mayotte, car toutes les communes sont littorales", nous précise Pierrick Lizot.

Créé en 1975, le Conservatoire du littoral n'intervient à Mayotte que depuis 15 ans. "Le Conservatoire du littoral n'est pas un service de l'Etat sous l'autorité du préfet : c’est un établissement public national possédant son propre conseil d’administration qui lui permet d’exercer les missions qui lui sont confiées", explique le chargé de mission.

Grâce aux acquisitions foncières du Conservatoire, de nombreux espaces littoraux sont désormais définitivement protégés de l'urbanisation. "Ce n'est pas une mise sous cloche des espaces, on peut y développer des activités agricoles et touristiques respectueuses de l'environnement", tient à rappeler Pierrick Lizot. Les terrains du Conservatoire sont composés de terrains domaniaux, de mangroves, du domaine public maritime, de la zone des pas géométriques (ZPG) et d'îlots affectés.

Le domaine "affecté" correspond aux terrains appartenant à l'Etat. Dans ce cas, c'est un arrêté de transfert de gestion qui permet au Conservatoire d'acquérir le terrain, à titre gratuit. En revanche, pour les terrains des autres collectivités et des particuliers, l'acquisition est onéreuse.

 

50 agents du conseil général pour gérer les terrains

 

"Nous élaborons un plan de gestion avec nos partenaires une fois atteint un seuil de cohérence foncière suffisant. Ce sont les mêmes principes que les plans de gestion d'une réserve nationale, mais en moins lourds. Nous faisons d'abord un état des lieux des sites, des équipements, de la faune, de la flore, des habitats d'intérêt, etc. pour identifier les enjeux de conservation et définir des objectifs, en général sur 5 ans". A Mayotte, des plans de gestion ont été élaborés pour le site de Saziley en 1998, aujourd'hui en cours de refonte, le site des Cratères de Petite Terre en 2005, le lac Karéhani et la vasière des Badamiers en 2006.

A Mayotte, l'intégralité des sites du Conservatoire du littoral est gérée par la Collectivité. Sous la responsabilité de Léonard Durasnel, la cellule de gestion des terrains du Conservatoire du littoral est un service de la direction de l'environnement et du développement durable (DEDD) du conseil général. Elle est composée de 50 agents qui assurent le suivi de l'avifaune, de la flore et de la dynamique des plages, l'encadrement de l'activité agricole, l'entretien et le gardiennage des sites, le suivi des populations de tortues, l'animation auprès des visiteurs et l'animation du réseau de partenaires (associations et communes).

Ali Mari s'occupe de l'entretien (ramassage des déchets, balisage des sentiers, mise en place de petits aménagements et lutte contre les espèces exotiques envahissantes), Mireille Quillard dirige l'Observatoire des tortues marines, Bacar Ousséni est responsable du suivi des oiseaux, Ayoub Khan Amadi, celui de la flore et Mohamed Abdou Salam, celui des mangroves.

Tous les ans au mois de novembre, le Conservatoire et la cellule de gestion organisent un comité de gestion où chaque technicien présente ses travaux, les suivis et les actions futures, en présence de tous les partenaires des services de l'Etat, des élus des communes et du conseil général et de membres d'associations environnementales. Ces réunions ouvertes à tous se déroulent dans les communes les plus concernées par les actions en cours.

 

Le site de Moya bientôt réaménagé

 

Les agents d'entretien et les gardes-animateurs se répartissent sur 7 sites, à Saziley, Karéhani, Moya et les Pointes du nord. Sur les plages de Moya et Saziley, très fréquentées par les tortues, des agents sont présents 24h/24 pour lutter contre le braconnage, encadrer les visiteurs et effectuer un suivi des pontes. Parmi les agents, 4 (et bientôt 2 autres qui ont été commissionnés en novembre 2009) sont assermentés et peuvent établir des PV.

Avec le soutien de la Daf, la cellule espère la mise en place rapide de nouveaux arrêtés de protection de biotope, sur le modèle de celui pris à Papani, sur les plages de Moya 1 et 2 et les 6 plages de Sazilé et celle de Charifou, pour mieux encadrer les activités des gens venus voir les pontes.

Depuis la fin 2006, un suivi du profil des plages de Moya, Papani et Saziley est également réalisé, pour observer l'évolution des mouvements des sables sur la plage et savoir s'il y a une régression ou un engraissement, avec un appareil appelé "mire coulissante" qui permet de mesurer sur le terrain la hauteur du sable et l'évolution du trait de côte. Avant de repartir de la plage, le chargé de mission nous annonce que les panneaux du sentier géologique du lac Dziani viennent d'être refaits : "Ils sont déjà arrivés, il n'y a plus qu'à les mettre en place. Les textes ont été revalidés par le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières)".

A Moya, le Conservatoire a signé une convention de délégation de maîtrise d'ouvrage avec le conseil général, qui a prévu d'aménager le site, avec de nouveaux farés, un camion-bar, un aménagement du parking et de la voirie, des barbecues plus éloignés, ainsi qu'une barrière végétale pour cacher les phares de voitures qui dérangent les tortues. Une opération test sera également conduite par le Conservatoire, la cellule de gestion et la Daf pour installer 4 cages-pièges à Moya, afin de capturer les chiens errants qui s'en prennent aux tortues venues pondre.

 

48 conventions agricoles signées en Petite Terre en 2007

 

De gauche à droite : Ayoub Khan Amadi, responsable du suivi de la flore à la cellule de gestion des terrains du Conservatoire du littoral, Mohamed Abdou Salam, responsable de celui des mangroves, et Pierrick Lizot, chargé de mission au Conservatoire.Notre périple nous mène ensuite à la Vigie, qui offre un point de vue panoramique sur toute la Petite Terre et ses terres cultivées… sur les terrains du Conservatoire. Pierrick Lizot nous apprend que 48 conventions agricoles ont été signées sur Petite Terre en 2007, avec l'aide de l'ASP (ex-Cnasea). Ce travail est en cours sur Grande Terre, pour Saziley, l'anse d'Hajangua et l'îlot Karoni dans la baie de Chirongui.

Le Conservatoire signe des conventions agricoles avec les utilisateurs coutumiers de ces terrains pour améliorer les pratiques. Après un diagnostic des arbres et des cultures présentes sur des parcelles délimitées au GPS, un cahier des charges regroupe les préconisations pour lutter contre l'érosion des sols et la perte de biodiversité, en évitant notamment les cultures monospécifiques de bananes et de manioc. Cette convention tripartite entre le Conservatoire, le conseil général et l'usager permet de délivrer une AOT (Autorisation d'occupation temporaire) de 3 ans, à titre gratuit.

"On va faire un bilan cette année pour savoir si tout le monde a respecté les préconisations. Les sanctions sont encore à définir – cela pourrait être un PV – pour pouvoir encourager ceux qui ont joué le jeu et inciter les autres à suivre leur exemple". Un premier bilan qui a été fait par la cellule de gestion en 2009 a montré qu'une vingtaine d'usagers avaient effectivement respecté leurs engagements.

"C'est pour poursuivre les objectifs du Conservatoire, mais c'est aussi pour eux car l'érosion des sols empêche de cultiver par la suite", ajoute Pierrick Lizot, qui précise que, comme pour les constructions illégales qui peuvent faire l'objet d'une expropriation et d'une démolition, "l'arrachage est la seule solution pour les cultures illégales, c'est-à-dire celles qui n'ont pas fait l'objet d'une convention et qui ont pourtant été défrichées".

 

Un sentier pédagogique pour sensibiliser le public à la préservation de la mangrove

 

Nous nous rendons ensuite à la vasière des Badamiers, premier site d'oiseaux d'eau de l'île et seule mangrove de Mayotte en extension. 35 espèces d'oiseaux migrateurs ont été recensées sur le site, comme le drôme ardéole, la sterne voyageuse, le courlis cendré ou le héron de Humblot, une espèce classée en voie de disparition au niveau mondial, qui y a été aperçue récemment. Les tortues marines viennent aussi manger sur l'herbier à marée haute. On peut les observer depuis la plate-forme du Bateau de la tortue, juste au bord du site.

Des travaux sont actuellement en cours pour installer un sentier pédagogique au beau milieu de la vasière. Ce projet de 530.000 € a vu le jour en 2007 et commence aujourd'hui à se concrétiser, avec un parcours en béton et 4 placettes. Il a été financé par le Comité interministériel de l'aménagement du territoire à hauteur de 164.000 € et par la Fondation Total pour 90.000€, le reste sur les fonds propres du Conservatoire.

"Nous avons choisi un parcours en béton parce que celui que le Conservatoire avait fait en bois dans la mangrove de Dapani a été complètement détruit par l'érosion et le vandalisme", se justifie Pierrick Lizot face aux réactions négatives que pourraient susciter l'emploi de ce matériau. "Les dalles de béton n'empêcheront pas l'eau de s'écouler, puisque la marée passe bien au-dessus".

"Beaucoup de touristes débarquent ici, c'est un site fortement fréquenté et la mangrove est très dynamique. Une notice d'impact environnemental a été faite et il y aura un suivi pour voir l'évolution de la sédimentation. A Mayotte, on n'a pas une grande connaissance des mangroves, ce sentier permettra de sensibiliser le public à sa préservation", s'enthousiasme pour sa part Mohamed Abdou Salam, chargé du suivi des mangroves à la cellule de gestion.

Au mois de juin, la muséographie, submersible en eau de mer, commencera à être montée avec des tables rondes d'informations et des bornes d'indications. Un livret à destination des scolaires est également en cours de réalisation. Une convention du Conservatoire avec l'association Oulanga na nyamba et la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse) vient d'être signée pour un an, pour que le bâtiment acquis en 2009 par le Conservatoire à proximité, juste entre le sentier pédagogique et le Bateau de la tortue de l'association, soit utilisé comme un lieu d'éducation à l'environnement.

Reste le problème des déchets venant de Labattoir, qui reste crucial pour assurer la survie des écosystèmes de la vasière. Un projet d'inscription de la vasière des Badamiers à la convention de Ramsar, qui protège les zones humides au niveau international, a été déposé l'année dernière, pour que la réglementation soit encore plus stricte.

 

Le site de l'usine sucrière d'Hajangua bientôt réhabilité

 

Un projet d'inscription du site de la vasière des Badamiers à la convention internationale de Ramsar, qui protège les zones humides, a été déposé l'année dernière.Les futures acquisitions du Conservatoire à Mayotte, validées par le Conseil des rivages de l'océan Indien qui s'est tenu en janvier 2010, validées par le conseil d'administration du Conservatoire le mois suivant, prévoient l'affectation en transfert de gestion des plages de Petite Terre et Saziley. Il y a également 2 projets d'acquisition très importants.

Le premier est à l'initiative de la commune de Chirongui, il concerne 98 hectares de terrains agricoles et de l'arrière-mangrove de la baie de Bouéni, très riche en biodiversité végétale. "La commune avait des problèmes de conflits d'usages et voulait avoir une agriculture plus respectueuse de l'environnement et qui produise plus, pour alimenter le futur marché", explique Pierrick Lizot.

Les parcelles qui ne font pas partie de la ZPG seront rachetées à des particuliers. "Le périmètre d'intervention a été validé, il ne reste plus qu'à effectuer le recensement des parcelles et la négociation avec les propriétaires. La déclaration d'utilité publique et l'expropriation seront aussi possibles, car il y a beaucoup de propriétaires. Ce serait une première à Mayotte, comme cela s'est déjà fait à la Réunion et ailleurs. La commune pourrait en avoir la gestion, ou il pourrait aussi y avoir une convention tripartite avec le conseil général."

La seconde acquisition se situe en amont du site de 64 hectares de l'anse d'Hajangua. Il s'agit d'une extension de 3 hectares sur l'ancienne usine sucrière, pour réhabiliter le site et l'ouvrir au public. "Il y a des projets similaires de réhabilitation de sites historiques à la Réunion ou en Martinique". Pour la gestion, le Conservatoire pourrait nouer un partenariat avec le conseil général, les affaires culturelles de la préfecture et la commune de Dembéni. "Il n'y a qu'un seul propriétaire qui se dit prêt à vendre. L'acquisition doit se faire dans l'année", prédit le chargé de mission.

Divers aménagements sont par ailleurs prévus cette année sur les sites existants : des nouveaux farés, un panneau d'identification des oiseaux et de présentation du lac à l'observatoire ornithologique de Karéhani, des panneaux thématiques explicatifs à Saziley et Moya sur les baobabs, les tortues marines, la mangrove, etc., et un projet de sentier botanique à Saziley.

Pour une meilleure gestion des sites, un programme de compagnonnage entre des gardes de Métropole et les 6 techniciens de Mayotte a été lancé l'année dernière. Financé par le programme Temeum (Terres et mers ultramarines) et piloté par l'association Rivages de France, ce programme de professionnalisation vise à former et spécialiser les gardes selon leurs profils d'intervention.

Tandis que nous reprenons la barge et regardons le littoral bétonné de Mamoudzou, on ne peut s'empêcher de se retourner pour admirer la beauté d'une côte préservée, un cadeau inestimable pour les générations futures…

 

Julien Perrot

 

 

Comme au niveau national, la stratégie d'intervention du Conservatoire du littoral à Mayotte fixe à l'horizon 2050 la protection d'un tiers des rivages, en terre comme en mer.

 

 

{mospagebreak title=Les 3 principes des intervention du Conservatoire du littoral à Mayotte}

1) Protéger de grandes entités paysagères naturelles : Cratères de Petite Terre, Pointes et plages de Saziley et Charifou, Pointes et îlots du nord.

2) Protéger les écosystèmes littoraux à intérêt écologique fort :

– Les forêts xérophiles littorales résiduelles (Saziley, îlot de M'tsamboro)

– Les zones humides dont les lacs (Dziani Karéhani, Dziani Dzaha) et les mangroves (Dzoumogné, Longoni, Bouéni, vasière des Badamiers et Hajangua)

– Les habitats abritant des espèces endémiques ou menacées, comme les baobabs

– Les plages de ponte des tortues marines (Moya, Saziley)

-Les sites d'importance ornithologique (îlots, lac Karéhani, vasière des Badamiers).

3) Accueillir le public sur site pour la découverte du patrimoine naturel et culturel, pour la sensibilisation aux enjeux de préservation et pour le développement de l'écotourisme (parcours à thème, sentiers).

 

 

{mospagebreak title=Près de 1.000 hectares supplémentaires bientôt protégés}

A ce jour, 1.708 hectares répartis sur 16 sites naturels sont préservés par le Conservatoire du littoral à Mayotte, dont 518 ha de domaine terrestre (372 ha146 ha affectés) et 1.189 ha de domaine maritime attribué, dont 328 ha de bande littorale naturelle (zone des 50 pas géométriques), 515 ha de mangroves (sur les 735 ha de mangroves présentes à Mayotte) et 346 ha d'îlots. acquis et

Le 12 mars 2009, 36 îlots ont été attribués au Conservatoire du littoral, c'est-à-dire tous les îlots de Mayotte, excepté l'îlot M'bouzi déjà classé réserve naturelle. Une campagne de dératisation sur les îlots d'Hajangua et de Gombé Ndroumé a été engagée par le Conservatoire afin de préserver cet important secteur de nidification des oiseaux marins, tels le paille-en-queue.

Comme au niveau national, la stratégie d'intervention du Conservatoire du littoral à Mayotte fixe à l'horizon 2050 la protection d'un tiers des rivages, en terre comme en mer. Le conseil d'administration a d'ores et déjà validé des périmètres d'intervention pour une protection définitive de 2.600 ha de rivages naturels mahorais.

{mospagebreak title=Des espèces exotiques envahissantes à Mayotte}

Lantana camara et bois noir à Moya, avocat marron et vigne marronne au lac Karéhani, chouca vert à Saziley, herbe baïonnette, acacia mangium et auriculiformis sur le site des Cratères de Petite Terre…

Lorsqu'elles s'implantent sur un site, les espèces exotiques envahissantes créent des zones de végétation monospécifique, où plus rien d'autre ne pousse. Selon une étude réalisée par deux stagiaires en master menée l'année dernière dans la forêt sèche de Saziley, 45% de Raoussi Maoussi et 26% de Saziley Bé sont envahis par des espèces exotiques envahissantes. Ayoub Khan Amadi, responsable du suivi de la flore au sein de la cellule de gestion des terrains du Conservatoire, lutte au quotidien contre ces "pestes vertes".

"L'Union mondiale pour la Nature a comptabilisé une centaine d'espèces exotiques envahissantes dans le monde, dont une vingtaine sont présentes à Mayotte, notamment le lantana "corbeille d'or". Depuis 2007, nous avons entamé des travaux de lutte contre ces espèces en mettant à la place des espèces indigènes : en tout, 3 ha ont aujourd'hui été replantés. A Moya, on a replanté du takamaka, de la natte et du comiphora ; à Karéhani, du takamaka, du raphia, du barringtonia et de l'érythrine ; à Saziley, du takamaka et de la natte".

 

 

{mospagebreak title=Les mangroves de Mayotte sont en régression, excepté celle de la vasière des Badamiers}

"L'ensemble de la mangrove de Mayotte est en régression, surtout dans le sud. Dans le nord, elle est plus ou moins stable, sauf pour la vasière des Badamiers où elle est en forte extension. C'est une mangrove interdidale, c'est-à-dire une jeune mangrove qui n'existe que depuis 30 ans, avec une accélération depuis 10 ans", constate Mohamed Abdou Salam, responsable du suivi des mangroves à la cellule de gestion des terrains du Conservatoire.

On dénombre 7 espèces de palétuviers à Mayotte, dont 4 sur le site de la vasière des Badamiers, mais ils ne sont pas les seuls à pousser dans l'eau salée, et ne sont donc pas la seule végétation de la mangrove. En plus des palétuviers, on trouve des graminées dans la vasière des Badamiers, et des petits arbustes comme pemphis acidula ou thespesia populnea. La vasière des Badamiers est la seule mangrove à posséder un plan de gestion, qui arrive à terme cette année.

"Les palétuviers se développent sur du substrat sableux, sablo-vaseux, vaseux ou rocheux, en fonction des espèces", nous explique Mohamed Abdou Salam, qui effectue un suivi de la croissance des palétuviers en fonction des différents substrats. La végétation d'arrière-mangrove est également essentielle pour les palétuviers.

"Sur les mangroves en forte régression, on remarque une forte absence de végétation d'arrière-mangrove qui a été brûlée ou coupée par l'homme, ce qui confirme les conséquences sur la mangrove elle-même", explique l'agent, qui est en train de suivre l'évolution des mangroves pour réaliser une carte d'évolution tous les 3 ans.

La cellule de gestion fait aussi un suivi de la faune : crabes, poissons qui y nichent ou y migrent, tortues qui viennent s'y alimenter, etc., et s'assure de la protection de la mangrove contre les défrichements et remblais. Elle nettoie régulièrement les déchets et tente de sensibiliser la population à la préservation de cet écosystème unique.

Mohamed Abdou Salam réalise également des transplantations avec des graines de palétuviers prises sur place : "La dégradation de la mangrove n'est pas naturelle, donc la transplantation marche très bien, même si les palétuviers sont des espèces protégées soumises à autorisation pour pouvoir les replanter".

 

 

{mospagebreak title=11% des côtes françaises définitivement protégées grâce au Conservatoire du littoral}

Le Conservatoire du littoral, membre de l'Union mondiale pour la Nature (UICN), est un établissement public créé en 1975. Il mène une politique foncière visant à la protection définitive des espaces naturels et des paysages sur les rivages maritimes et lacustres et peut intervenir dans les cantons côtiers en Métropole, dans les départements d'Outremer, à Mayotte, ainsi que dans les communes riveraines des estuaires et des deltas et des lacs de plus de 1.000 hectares.

Il acquiert des terrains fragiles ou menacés à l'amiable, par préemption, ou exceptionnellement par expropriation. Des biens peuvent également lui être donnés ou légués. Après avoir fait les travaux de remise en état nécessaires, il confie la gestion des terrains aux communes, à d'autres collectivités locales, à des associations pour qu'ils en assurent la gestion dans le respect des orientations arrêtées. Avec l'aide de spécialistes, il détermine la manière dont doivent être aménagés et gérés les sites qu'il a acquis pour que la nature y soit aussi belle et riche que possible et définit les utilisations, notamment agricoles et de loisir compatibles avec ces objectifs.

Au 1er janvier 2009, le Conservatoire assurait la protection de 125.000 hectares sur 600 sites, représentant 1.000 km de rivages, soit plus de 11% du linéaire côtier. Son budget annuel est de l'ordre de 30 M€, dont 25 M€ consacrés à l'acquisition et à l'aménagement des sites. L'essentiel de ces moyens vient de l'Etat. Les collectivités locales et l'Europe apportent aussi leur concours. Des entreprises mécènes et des particuliers apportent également des contributions volontaires.

L'équipe du Conservatoire est relativement réduite : une centaine de personnes, à la Corderie royale à Rochefort, à Paris et aux sièges des délégations régionales. Les recrutements s'effectuent surtout parmi les fonctionnaires. Cette petite équipe est particulièrement performante. Elle acquiert chaque année 2.000 à 3.000 ha, ce qui l'amène à négocier et signer un acte d'acquisition par jour. 580 gardes du littoral, recrutés par les collectivités locales et les organismes gestionnaires assurent, tout au long des côtes, la surveillance et l'entretien des sites du Conservatoire.

En application de la loi de 1975, la gestion des sites acquis par le Conservatoire (entretien courant, surveillance, accueil) est confiée en priorité à une collectivité locale. Sur les 325 sites ayant donné lieu à une convention de gestion signée, 60% sont gérés par des communes ou des groupements de communes. Dans une vingtaine de cas, le conseil général ou l'ONF sont co-signataires de ces conventions. Les départements sont gestionnaires d'un tiers des sites du Conservatoire. Des associations, des établissements publics (dont les parcs naturels régionaux) ou quelques exploitants agricoles ont été retenus pour répondre à des situations locales particulières.

 

 

{mospagebreak title=Des intervention de plus en plus étendu}

La zone d'intervention du Conservatoire était constituée à l'origine (loi de 1975) des cantons côtiers et des communes riveraines des lacs de plus de 1.000 ha. Depuis, elle s'est élargie aux communes d'Outremer (décret du 1er septembre 1977), puis aux communes littorales au titre de la "loi littoral" du 3 janvier 1986. Deux directives européennes sur la protection des oiseaux en 1979 et sur la protection des habitats de la faune et de la flore en 1992, élargissent le cadre des mesures nationales en faveur de la protection de la nature.

La loi de 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement a rendu effective l'extension du domaine de compétences du Conservatoire aux estuaires. La loi paysage de 1993 stipule une extension aux secteurs géographiques limitrophes constituant une unité écologique et paysagère. Enfin, ce dispositif est complété par la loi du 30 décembre 1996 relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur de la zone dite des cinquante pas géométriques dans les départements d'Outremer.

Depuis le décret du 23 mars 1995, le Conservatoire peut également intervenir sur les rivages de la Collectivité de Mayotte. La loi de 2002 a étendu son champ d'intervention au domaine public maritime, c'est-à-dire les récifs frangeants, les îlots et les récifs barrière. La mission et l'aire de compétence du Conservatoire sont définies par le Code de l'environnement (art. L.322 et R.243). Son domaine d'action concerne aujourd'hui 22 régions, 46 départements et 1.140 communes.

En Outremer, ses interventions concernent 8 départements et collectivités, et ont permis de protéger 20.000 hectares sur 167 sites, 58 espèces strictement endémiques et 15 espèces classées " en danger" et "en danger critique d'extinction".

 

 

{mospagebreak title=Organisation du Conservatoire du littoral}

Le Conservatoire du littoral est un établissement public national à caractère administratif, placé sous la tutelle du ministre chargé de la protection de la nature. L'instance de décision est son conseil d'administration, composé à parité d'élus nationaux, départementaux et régionaux d'une part, de représentants de l'Etat et de personnalités qualifiées d'autre part.

Le conseil d'administration, qui se réunit en moyenne trois fois par an, élit en son sein un président qui est traditionnellement un membre de l'assemblée nationale. C'est au directeur du Conservatoire du littoral que revient l'exécution des décisions du conseil, ainsi que l'organisation et le fonctionnement général de l'établissement.

Le Conservatoire du littoral est représenté localement par 10 délégations régionales (Manche Mer du Nord, Normandie, Bretagne, Centre Atlantique, Aquitaine, Languedoc-Roussillon, PACA, Corse, Outremer, lacs) qui sont localisés dans l'une ou l'autre des implantations géographiques de l'établissement (Wimereux, Caen, Plérin, Rochefort, Bordeaux, Montpellier, Aix-en-Provence, Bastia).

Parallèlement, des Conseils des rivages ont été institués au niveau de chaque façade littorale. Composées à parité d'élus départementaux et régionaux, ils ont un rôle de consultation et de proposition quant à la politique foncière dans leur aire de compétence et également, depuis 2002, en matière de politique d'aménagement et de gestion. Le président de chaque Conseil des rivages siège de droit au conseil d'administration.

Le Conseil des rivages de l'océan Indien est composé pour Mayotte de 4 élus de la Collectivité, qui côtoient 4 conseillers généraux et 4 conseillers régionaux de la Réunion. Ce conseil valide les propositions d'intervention foncière, les projets de partenariat et les programmes d'aménagement et de gestion des sites naturels protégés. Sa présidence est tournante : c'est Ali Bacar, conseiller général de M'tsamboro, qui le préside depuis le 1er janvier 2010.

 

 

{mospagebreak title=Antilles : 5.700 hectares supplémentaires protégés}

France Domaine et le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres ont signé le 24 février une convention visant à protéger 5.700 hectares de terrains côtiers appartenant à l'État. Avec cette nouvelle mise à disposition, le Conservatoire protège désormais 133.900 hectares de zones littorales particulièrement sensibles, rapporte le site maxisciences.com.

Les 5.700 hectares mis à disposition du Conservatoire du littoral sont divisés en 31 sites en majorité situés en Outremer. 5.400 hectares concerneront en effet des zones de mangroves en Martinique et surtout en Guadeloupe. Les Abymes, Baie-Mahault et Morne-à-l'Eau seront confiés au parc national de Guadeloupe, tandis qu'en Martinique la convention concerne les îlets à Ramier dans la commune de Trois-Ilets, où sera réintroduite et protégée une espèce d'iguane endémique. Ces acquisitions complètent celles réalisées en 2008 à Mayotte.

Les mangroves recèlent une biodiversité très importante et sont, parmi tous les écosystèmes, ceux qui produisent le plus de biomasse. Malgré leur grande fragilité, les mangroves constituent un rempart contre l'érosion côtière et contribuent à la résilience écologique des écosystèmes après certaines catastrophes naturelles telles que les tsunamis, les cyclones ou face aux dérèglements climatiques.

Le Conservatoire du littoral va désormais pouvoir mettre en place des plans de protection, de restauration et de valorisation de ces espaces, mais aussi permettre un renforcement de la connaissance de ces milieux si particuliers qui possèdent d'importantes capacités, notamment en matière d'épuration des eaux.

Actuellement, la France co-préside avec les Samoa l'Initiative internationale pour la protection des coraux (Icri) et entend dans ce cadre renforcer les mesures en faveur des mangroves, menacées par l'urbanisation et diverses opérations de remblais.

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