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Wuambushu 2 : « Je suis venu voir s’ils allaient détruire ma maison »

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Peu avant que le deuxième volet de l’opération Wuambushu, rebaptisé « place nette », soit annoncé depuis Paris par Marie Guévenoux, ministre déléguée aux Outremer, les démolitions de cases insalubres ont commencé ce mardi sous les coups de 8h30, à Doujani. « Plus de 200 sont concernées », indique la préfecture de Mayotte.

Dès 6h, ce mardi matin, les engins de chantier se préparaient sur le terre-plein de M’tsapéré, à Mamoudzou. Une heure et demie plus tard, un premier véhicule de la gendarmerie mobile partait en éclaireur vers la carrière de Doujani 2. Peu après, le convoi d’une dizaine de camions, suivi de près par une autre unité de la gendarmerie mobile, s’enfonce à son tour sur la route de terre qui conduit aux cases en tôle qui doivent être détruites. D’après l’arrêté du 2 janvier 2024, 199 habitations sont concernées, « plus de 200 », indique la préfecture de Mayotte.

Sous les regards silencieux et observateurs des habitants du quartier, les véhicules s’avancent doucement sur la route escarpée qui mène à la carrière. Des enfants jettent sans grande conviction de petits morceaux de gravier en direction du camion des gendarmes, qui poursuit son chemin. Des bruits de grenades lacrymogènes se font entendre un peu plus loin, mais le cortège continue pour arriver vers 8h30 là où le décasage doit commencer.

« On va accompagner ceux qui veulent l’être »

Les différents engins de chantier sont déchargés des camions au fur et à mesure au niveau du virage juste avant de rejoindre la rue de la Carrière. La presse ne peut pas s’avancer plus loin, et ne pourra qu’entendre les machines entamer leur travail et voir un groupe de jeunes s’enfuir un peu plus loin dans les hauteurs. « Je suis venu voir s’ils allaient détruire ma maison », explique un habitant, qui a suivi le convoi avec nous. Son logement n’étant pas numéroté, il est sauf.

Une dizaine de minutes après le début des démolitions, un second cortège, de voitures cette fois, arrive, transportant le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, et son adjoint à l’aménagement, Hamidani Magoma. « Certains habitants qui ont construit ici ont demandé qu’on leur laisse un jour de plus pour pouvoir casser leur banga et récupérer les tôles. On leur a demandé de ne pas reconstruire au même endroit, ils ont dit « oui », donc on les a aidés. Car samedi, lors de notre réunion avec la population, certains étaient très aidants. Ce projet-là, c’est leur projet. Donc voilà, ils sont aidants, on les aide. On va accompagner ceux qui veulent être accompagnés, c’est important pour nous », détaille ce dernier, tandis que la préfecture n’a pas souhaité faire de déclaration avant la prise de parole de la ministre déléguée aux Outremer Marie Guévenoux en fin de matinée. Ce samedi, le maire de Mamoudzou avait en effet improvisé une réunion avec la population, dans le but de la rassurer sur le relogement.

Permettre à la ZAC de voir le jour

Ce décasage, préparé depuis six mois selon l’adjoint, doit permettre à la Zone d’aménagement concertée (ZAC), dont l’étude de faisabilité a été réalisée il y a quinze ans, de voir enfin le jour. « On a déjà consulté les entreprises pour faire les travaux de sécurisation du cimetière », déclare Hamidani Magoma. En janvier 2023, une opération similaire à Doujani 3 et en lien avec la ZAC avait également eu lieu et débouché sur la destruction de 160 logements.

Pour l’heure, la préfecture n’a pas encore communiqué les chiffres concernant le nombre de familles concernées, de celles éligibles à une solution de relogement et de celles l’ayant acceptée. Après une petite trentaine de minutes, les élus et les services de l’État sont repartis en direction de la place en face de la mosquée de Doujani, où se trouvent les enquêteurs sociaux. Là, Psylvia Dewas, chargée de la résorption de l’habitat illégal à la préfecture, a détaillé au préfet le travail d’enquête sociale réalisé dans le cadre de cette opération. Vers 9h20, ce dernier ainsi que le maire et l’adjoint de Mamoudzou sont partis à bord de leurs véhicules, suivi à quelques minutes près par un camion revenant de la carrière, transportant des tôles.

La tension dans le quartier n’est pas redescendue de la journée et des affrontements entre forces de l’ordre et des bandes de jeunes ont continué jusque dans l’après-midi. Ils pourraient se réitérer dans la soirée. À 20h, la préfecture a annoncé sur ses réseaux sociaux six interpellations d’individus hostiles à cette opération.

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