Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

Pour un joli souvenir, c’est un joli souvenir. Et pour une belle histoire, c’est une belle histoire. D’ailleurs, à voir les nombreuses réactions sur la page Facebook où Jonathan a lancé son appel, elle a fait du bien à beaucoup en cette période quelque peu anxiogène. De quoi s’agit-il ? D’un accouchement quelque peu hors-norme et de la chaîne de soutien qui s’est instantanément mise en place. 

Nous sommes dimanche 17 mai, dans une résidence du quai Ballou, où vivent Jonathan, 35 ans, et Mouna, 23 ans. Le couple attend sa deuxième fille incessamment sous peu. D’ailleurs, depuis midi, la jeune femme a des contractions. “La sage-femme nous avait dit que tant qu’elles n’intervenaient pas toutes les cinq minutes, nous n’avions pas à aller à l’hôpital”, commente Jonathan. Lesdites contractions n’étant pas aussi resserrées, le couple patiente. L’après-midi et la nuit se poursuivent ainsi, puis vient le grand jour. 

Le lundi, aux alentours de 6h du matin, “Mouna me dit qu’elle pense avoir perdu les eaux. Je regarde et en effet !” Évidemment, il ne s’agit dès lors plus d’attendre, mais de se rendre à l’hôpital de Dzaoudzi. Celui-ci étant à 200 mètres, les futurs parents décident d’y aller à pied, accompagnés de leur première fille, Lucie, âgée d’un an et demi : “À cette heure-ci, nous ne pouvions pas trouver quelqu’un pour venir la garder.” En route, donc. Mais le bébé ne l’entend pas de cette oreille et décide de ne pas être si patient. 

En arrivant devant les douanes, “ma compagne s’est effondrée d’un coup sur le trottoir en me disant qu’elle allait accoucher”. Réflexe : garder son calme. “À partir de ce moment-là, je me suis dit qu’on allait devoir se débrouiller tous les deux. J’avais assisté à l’accouchement de notre première fille. Je n’ai pas trop réfléchi sur le moment, mais je savais comment ça allait se passer.” Ils feront cela tous les deux, oui, mais épaulés par une chaîne de solidarité improvisée. 

Quelques personnes assises au snack du quai Ballou accourent en effet pour filer un coup de main. L’un apporte une couverture, l’autre appelle les secours, le dernier soutient la tête de la future maman pendant que la petite Lucie embrasse celle-ci pour la soutenir. Un légionnaire faisant son footing s’en va également prévenir l’hôpital. Le travail se fait vite, moins de 10 minutes. Un secouriste croise le groupe par hasard et apporte aussi son aide : son couteau servira à couper le cordon, “même si après coup, on nous a dit que ce n’était pas à faire”. Pendant qu’il soutient sa femme, Jonathan confie le nouveau-né, Sarah, à une jeune femme passant par là, elle aussi mobilisée pour aider la petite famille. 

Et puis, “j’ai vu une sage-femme arriver en courant du bout de la rue, informée par le légionnaire. Elle a observé le bébé et nous a rassuré : tout allait bien !”, se rappelle le papa. Les ambulances, elles, arrivent 20 minutes après le début de l’accouchement, de fait déjà fini. Elles amèneront la mère et la fille à l’hôpital pour achever de rassurer tout le monde. Finalement, c’est là le plus long moment pour Jonathan : “Quand je suis rentré chez moi avec Lucie, j’ai été inquiet de savoir comment Mouna et ma fille allaient, jusqu’à ce que ma femme me rassure par téléphone.” Deux jours plus tard, tout le monde est réuni à la maison, prêt à se remettre de toutes ces émotions. 

Depuis, Jonathan a pu revoir la sage-femme arrivée en renfort pour la remercier, mais pas les autres protagonistes. Ce qu’il aimerait désormais pouvoir faire. Un appel, donc, à tous ceux qui ont participé à cette atypique, mais sympathique naissance : n’hésitez pas à vous manifester.

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