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24/08/2010 – Tribune libre – Madi Abdou N’tro

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

 

{xtypo_dropcap}M{xtypo_dropcap}ais alors pourquoi, dans un contexte historique où les défis liés au développement sont multiples et où l’urgence s’impose presque à tout le monde, nos dirigeants mahorais n'éprouvent-ils pas un sentiment d'avilissement permanent face à ce que l’on pourrait considérer comme étant leur incapacité à prendre de bonnes décisions ? Oui, leur incurie coupable voue souvent leurs décisions à l'échec. Ou encore, des décisions qui n'apportent que rarement des solutions pérennes aux questions sociétales cruciales. Convenons que cette situation est inquiétante, d’autant plus inquiétante que les défis de développement se multiplient et sont urgents. Qu’ils soient liés à la départementalisation ou à la mondialisation, ce sont bien ceux que doit relever l'homme moderne, où qu'il soit.

C’est le même constat qu’il est possible de lire à travers le texte virulent de l'avocat Kamardine. Cependant, il faut remarquer au passage qu’il s’agit là d’un discours écrit par un ancien élu, qui avait été aux affaires pendant un certain temps. Chercherait-il à se faire une santé neuve ? Apparemment non, puisque incontestablement l’homme jouit encore d’une importante notoriété publique qui pourrait le hisser à un mandant électoral. Quelle pourrait bien être alors la leçon que nos dirigeants politiques actuels doivent en tirer ? Comme il est tout aussi légitime de se demander ce que l'ancien conseiller général de Sada a à gagner en dénonçant pêle-mêle, et dans un discours de rupture, "la démocratie de la démesure et de l'excès de zèle" qui se pratique allègrement depuis peu ?

En effet, à travers ce texte il apparaît clairement que Mansour Kamardine ne partage pas les projets politiques que les dirigeants actuels proposent pour Mayotte. Mais ne l’a-t-il jamais fait ? Et, pour amplifier cette attitude de rupture, il aime à mettre en évidence, comme pour la jeter à la face de ses adversaires, l’aporie qui handicape leurs discours et leurs décisions. Mais cette attitude n’est pas nouvelle : il semble que l’ancien maire de Sada a toujours cherché à se positionner comme le principal contradicteur du pouvoir local en place, souvent avec réussite. Cependant, ce rôle de l’éternel seul opposant crédible ou de la seule alternative existante finit par marquer son discours de nombreuses contradictions. A telle enseigne que la lecture de ses interventions écrites régulières dans la presse locale note souvent la confusion, aboutit à une sorte de conflit d’interprétations et de compréhensions. Par exemple, sur la façon de "diriger".

En effet, quelles sont les bases pour une bonne gouvernance et une gestion efficace ? Son texte ou son discours en général reste vague à ce propos. On a surtout l’impression que son discours s’enlise dans une charge sévère contre les élus qui dirigent le conseil général depuis 2004. Certes Mansour Kamardine ne partage pas la définition que ces élus ont de la notion de diriger. Et pour lui, ces derniers auraient deux façons différentes d’envisager la notion "diriger", qu’ils ont le défaut de confondre : 1- "conduire en tant que responsable" les affaires du conseil général, 2- "exercer l’ (ou son) autorité" dans les affaires de conseil général. Ce qui aurait conduit, selon son argumentaire, à "la ruine" de "la démocratie mahoraise", qui se vivrait actuellement ainsi en apesanteur. Cela aurait également comme principale conséquence concrète le blocage de la mise en œuvre complète des grands projets de politique publique.   

Cependant, Mansour Kamardine nous met devant une double interrogation. Premièrement, a-t-il vraiment, comme il semble le laisser entendre, une longueur d’avance sur les autres élus locaux quant à la manière de réussir la départementalisation de Mayotte ? Peut-on dire alors que les orientations politiques prises lorsqu’il était aux affaires – député de Mayotte, conseiller général (1er vice-président du conseil général) et ancien maire de Sada – ont été plus légitimes, plus souhaitables que celles introduites par ces successeurs ? Deuxièmement, s’est-il trompé de trajectoire politique ? Auquel cas, par son discours de rupture et ses attaques, il ne chercherait alors qu’à exister politiquement après la destitution de tous ses mandants politiques.

On doit au moins convenir d’une chose : les nombreuses contradictions que l’on peut relever ici ou là dans son discours et la confusion qui peut l’affecter parfois ne doivent pas nous conduire à penser que Mansour Kamardine a toujours tort et qu’au contraire, il partage la même vision politique que ses pairs. Que sa volonté de se démarquer soit sincère ou affectée, il a en tous cas le mérite de poser l’alternative comme possible et l’alternance politique comme une modalité du fonctionnement démocratique. Et pourtant, l'incompréhension entre lui et "les autres" qui sont aux affaires règne et elle ne fera que s’accroître de jour en jour tant que chacune de ses apparitions sera vécue par le pouvoir en place comme un affront (public). Cette attitude du pouvoir en place serait-elle l’illustration du vieux dicton militaire ? "Qui dispose d'un marteau voit des clous partout". Mais, attention, quand les autres en sont privés, ils sont en permanence exposés au danger inverse : "Qui n'a pas de marteau refuse de voir des clous".

En somme, il y a bien une leçon que l’on pourrait tirer de la lecture du texte de Mansour Kamardine, semblable au sentiment inspiré par le texte d’Alphonse Karr mentionné au tout début : il faut éviter la neutralité, fuir la nullité occasionnelle, accepter de travailler (enfin) ensemble et ne pas se camper dans l’autosatisfaction. Paradoxalement, c'est ce défi original qu'a tenté d'exposer, nous semble-t-il, Mansour Kamardine, à travers l’article en question.

 

Madi Abdou N’tro

Président 2010 de la Jeune chambre économique de Mayotte

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