À Mayotte, coup de pression chez Sodifram

Les salariés de l’entrepôt du groupe Sodifram ont exercé leur droit de retrait hier matin. Ils dénoncent des conditions de travail inadéquates à la crise sanitaire dont nous faisons face. Leurs revendications tournent autour de trois points essentiels. Une première rencontre avec la direction a eu lieu, mais rien n’est joué.

Ils ont peur pour leur santé et celle de leurs familles. C’est la raison pour laquelle la centaine de salariés de la société Sodifram a arrêté toute activité ce lundi 30 mars dans la matinée. Depuis le début de la crise Covid-19 à Mayotte, leurs conditions de travail sont restées les mêmes. “En magasin, on côtoie les clients, mais rien n’est mis en place pour notre sécurité. Les chariots ne sont même pas désinfectés. L’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger ses salariés et on constate que rien n’est fait en ce sens”, dénonce Archidine Keldi, secrétaire du CSE et trésorier adjoint Force ouvrière Mayotte. Les employés demandent des masques, des gants, et des gels hydroalcooliques afin d’assurer un minium leur sécurité.

Les revendications concernent également la prime qu’a annoncée le président de la République. Il invite les entreprises qui le peuvent à verser aux salariés qui travaillent une prime exceptionnelle allant jusqu’à 1.000 euros pendant la période de confinement. Or, la direction de Sodifram propose des modalités de distribution qui ne conviennent pas aux employés. Dans un courrier qui leur est adressé, datant du 27 mars, il est indiqué qu’une prime de 100 euros par semaine sera versée “à tout salarié ayant fait l‘effort de se rendre au travail (sur le terrain) et ayant effectué au moins son temps de travail hebdomadaire et contractuel”, soit au moins 35 heures. Elle est valable à compter du 23 mars. Mais, à moins que le confinement dure dix semaines, les 1.000 euros ne seront pas atteints dans ces conditions. “On estime que 100 euros c’est peu par rapport à la taille de l’entreprise. Elle a les moyens de payer plus. On aimerait avoir les 1.000 euros, mais on peut s’arranger pour un montant avoisinant 800 euros pendant la durée du confinement”, indique Archidine Keldi avant le début des négociations. Les salariés exigent également que la prime prenne effet depuis le début du confinement et qu’elle n’impose pas aux employés de travailler 35 heures. D’autant plus qu’il leur est difficile de se rendre sur leur lieu de travail. Les taxis se font rares et ceux qui circulent n’ont pas les moyens de faire respecter les mesures de sécurité et d’hygiène. “On veut qu’ils mettent en place un transport pour ramasser les salariés. On propose un grand bus qui ferait le tour de l’île. Il nous récupérerait et déposerait à des points précis”, explique le représentant du personnel.

La menace d’un droit de retrait sur le long terme

“Les discussions sont très tendues, ils n’ont pas envie de céder, surtout pour la prime”, nous souffle Archidine Keldi, pendant la réunion. Mais à l’issu de celle-ci, les salariés se disent “satisfaits pour le moment”. Certaines de leurs revendications ont été entendues. “Ils ont accepté de faire reculer d’une semaine la prime et de la rendre effective depuis le début du confinement, soit le 16 mars. Ils ont également enlevé la clause des 35 heures”, annonce le secrétaire du CSE. Cependant, le montant de 100 euros par semaine reste inchangé.

Concernant les moyens de transport, aucune solution n’a été trouvée. La direction de Sodifram évoque une grande difficulté à établir une liaison qui sera satisfaisante au vu de la complexité des plannings et des lieux de vie des salariés. “Elle préconise en premier le covoiturage entre nous et il y aura peut-être une indemnisation”, précise Archidine Keldi.

Quant au matériel de protection, qui représentait leur principale source de préoccupation, le problème n’est pas encore totalement résolu. “Ils nous ont annoncé l’arrivée d’un avion-cargo avec du matériel qui arrivera sous peu. Donc on veut bien attendre, mais si on voit que la situation des salariés n’est toujours pas prise en compte on exercera notre droit de retrait”, prévient le représentant du personnel. La continuité du service ne tient donc qu’à une promesse qui, on l’espère tous, sera tenue. Autrement, les magasins de l’île risquent de rapidement se retrouver sans approvisionnements.

 

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