Grève chez Mayco : le bras de fer se durcit

La situation ne s’améliore pas à Longoni, au siège de l’entreprise Mayco. Le conflit social a pris une nouvelle tournure : 5 personnes ont été blessées et les forces de l’ordre ont dû s’interposer entre des grévistes et des membres d’une société privée, engagée par l’entreprise pour assurer la sécurité des lieux.

 » Sept semaines de silence = Fred démissionne, Mayco on l’aime ou on la quitte ». « Nous ne voulons plus des poubelles des autres entreprises ». Devant le siège de Mayco, le portail est fermé. Des banderoles aux mots explicites sont accrochées à même le grillage avec, en fond sonore, quelques-uns des titres les plus connus d’Alpha Blondy. Les messages semblent se cristalliser autour d’une seule personne : Frédéric Lauté, président directeur général de l’entreprise, dont les salariés sont en grève depuis le 27 octobre dernier. Sur place, collé aux murs du siège, un campement de fortune est installé. Les grévistes ont leurs habitudes, en témoignent les deux grosses marmites au feu, à une dizaine de mètres. Il y a quelques semaines encore, on pensait le conflit terminé. Dans les locaux de la Dieccte, un protocole de sortie de crise était sur le point d’être signé, et puis le point de discorde est apparu : l’article 5 du protocole de sortie de crise « dont la formulation se bornait pourtant à reprendre les dispositions du code du travail encadrant l’établissement de sanctions disciplinaires », pouvait-on lire dans un communiqué de presse, envoyé par le président directeur général, il y a trois jours. Sauf que depuis, la situation s’enlise. Le ton monte.

Affrontements devant le siège

Mercredi entre 9h30 et 10h, une altercation éclate entre une partie du personnel gréviste et des membres d’une société privée engagée pour assurer la sécurité du site de Mayco. « C’est une entreprise privée qui arrive de La Réunion », explique Soilihi Midaïn, délégué syndical CGTMa Mayco. « Les gros bras ont blessé deux de nos collègues qui étaient sur la route. Eux voulaient faire sortir l’un de leurs véhicules. Ils sont descendus. Ils ont gazé nos collègues et leur ont donné des coups de matraque et des coups de bâton. On dénonce ce comportement de voyou ». Impossible de connaître la version des faits de la direction, celle-ci n’ayant pas souhaité s’exprimer pour le moment. Mais du côté de la gendarmerie, qui a dû intervenir pour s’interposer entre les deux parties, on indique que même s’il est vrai qu’il a été fait usage de gaz lacrymogène, « à l’heure actuelle, il est impossible de savoir qui sont les responsables ». L’escadron de gendarmerie présent depuis quelques semaines, pour éviter le blocage de la RN 1, se retrouve donc également à devoir éviter que les rixes n’éclatent entre les différentes parties concernées par le conflit social.

Plainte sur plainte

Les deux blessés évacués sont issus des rangs des grévistes. L’un a été conduit à l’hôpital de Mamoudzou, l’autre au dispensaire de Dzoumogné. Trois autres ont été pris en charge par les pompiers, directement sur le site de Mayco. Impossible d’en savoir plus. La procédure sera lancée au gré des dépôts de plaintes qui devraient être déposées rapidement, du côté des grévistes comme de la direction. « Les agents grévistes qui ont été blessés vont déposer plainte contre les agents de la société privée, mais également contre le directeur de Mayco. » Ces plaintes vont donc s’ajouter à celles déjà déposées ces dernières semaines. Après un mois et demi, pas de solution en vue pour le moment, malgré les nombreuses avancées enregistrées. « Ce que nous avons obtenu, c’est juste l’application de ce qui avait été décidé lors de la dernière Négociation annuelle obligatoire (NAO) », s’indigne Soilihi Midaïn. « Le paiement des heures supplémentaires ? C’est le droit que nous faisons respecter ! Rien de plus. Nous n’avons pas eu la revalorisation des primes existantes, et nous avons accepté l’échéancier qui nous a été proposé pour de nouvelles discussions ! Tout cela pour sortir de la grève ». Les grévistes sont aujourd’hui intransigeants : ils reprendront le travail dès que la direction garantira qu’aucun salarié ne sera licencié malgré qu’il ait été gréviste.

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