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Construction des halles amarrées, nouveaux bateaux, formation gratuite : la filière pêche de Mayotte se professionnalise

Vendredi matin, un nouvel échange s’est tenu entre près d’une centaine de pêcheurs du territoire et Michel Goron, administrateur des affaires maritimes, pour lever tous les doutes des marins. Ce dernier en a profité pour faire un point sur les chantiers existants mais aussi sur les formations gratuites à leur disposition à condition qu’ils soient en règle. Entretien.

Flash Infos : Comment s’est organisée la rencontre de vendredi matin avec les pêcheurs ?

Michel Goron : Cette rencontre avec les pêcheurs est à l’initiative du président de la commission pêche de la Capam, qui a donc lancé les invitations pour réunir l’ensemble des pêcheurs de Mayotte. De façon à évoquer non seulement les points d’actualité, notamment les avancées sur la filière pêche, mais aussi apporter des éclaircissements aux interrogations diverses et variées des professionnels du milieu. Nous étions par exemple préparés à évoquer le contrôle qui s’est déroulé au Four-à-Chaux dans le cadre d’un comité opérationnel départemental anti-fraude. Sachant que nous avons enlevé 250kg de poissons et que sur 6 bateaux, il n’y en avait qu’un seul en position « normale ». Deux autres avaient le statut de professionnel mais ils employaient des étrangers en situation irrégulière… Je pensais que nous aurions eu à répondre à cette question, et finalement nous ne l’avons pas eue. Par contre, de nombreux échanges ont tourné autour de la problématique des titres de séjour. Même si elle ne relève pas de ma compétence, je peux m’en faire l’écho auprès du préfet !

FI : Vous avez également parlé de la construction des halles et des mises aux normes des bateaux. Quel est le calendrier établi sur ces chantiers ?

M. G. : Vous avez très bien vu comment se vend le poisson actuellement… Cela fait 4 ans que le constat a été dressé ! Donc il faut des points de débarquement obligatoire avec des halles à poissons, qui procèdent à la collecte. Les programmes de financement sont bouclés déjà bien longtemps. En 2018, nous avons finalisés Kani-Kéli et Bandrélé. En 2019, M’Tsahara, Chiconi et Petite-Terre. Et en ce moment, nous nous occupons de M’Tsapéré et Koungou. Nous avons à peu près une frise de 24 mois pour faire sortir de terre ces grandes installations. Mais nous pouvons rencontrer des problématiques techniques, comme la construction de pontons fixes au lieu de pontons flottants comme nous l’avions imaginé au départ. Il a alors fallu trouver le financement d’une machine à pieux, avec l’aide du Département et des intercommunalités. Après 36 mois de dur labeur pour les premiers pontons, nous allons enfin les voir émerger. Sachant que nous gagnerons du temps pour les autres. Globalement, le couperet tombe en juillet 2023, car nous sommes soumis à des règlements européens et que le fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (Feamp) pour la période 2014-2020 oblige un paiement au plus tard en juillet 2023. Tous ces projets vont se concrétiser incessamment sous peu. Nous sommes dans la phase où nous savons qu’ils vont se réaliser. Cela va permettre d’amarrer les navires sur les halles . Pour m’en assurer, je vais reprendre la tournée des DGS de toutes les communes pour savoir où ils en sont sur le projet et les aider dans la phase de pré-opérationnalité. Nous pouvons dire que pour ces projets d’infrastructure, nous sommes dans les clous !

Le renouvellement de bateaux est également un dossier européen. Il a fallu établir un régime d’aides et le remonter à l’Europe. J’ai reçu les observations au 31 août, auxquelles nous venons de répondre avec le conseil départemental. Jeudi, nous avons eu une réunion pour caler le langage terrain avec le langage européen. L’Europe a ensuite deux mois pour émettre de nouvelles observations ou les accepter. Si tout se passe bien, les financements commenceront au 1er janvier. Mais en parallèle de cela, il a fallu travailler pour ramener des bateaux à Mayotte. Les chiffres d’affaires de nos entreprises nous obligent à trouver des sociétés qui offrent des navires aux normes de la sécurité mais à des coûts moindres. Grâce au travail de la Copemay, nous avons récupéré une première barque de type Yamaha. Elle est toujours au ponton de plaisance car nous attendons le permis de navigation. Et nous avons un deuxième projet avec le chantier Techmarine à Madagascar qui va apporter un bateau de 3ème catégorie. Enfin, le Parc de son côté travaille bien pour le développement de ses dispositifs de concentration de poissons.

FI : Il ne reste plus que la formation des équipages pour que la boucle soit bouclée…

M. G. : Le Département n’a aucun problème pour financer des formations. Sa seule condition est de ne pas le faire dans le vide car il consacre quand même 800.000 euros chaque année sur cet aspect… Il souhaite par conséquent qu’un travail de recensement soit réalisé. D’un commun accord, nous avons décidé de monter une assistance technique Feamp pour s’en charger. Vous voyez bien que nous poussons, que nous tirons, mais à un moment donné, il faut que les professionnels viennent vers nous. Nous pouvons faire plein de choses pour eux, mais il faut aussi qu’ils aient la démarche inverse. D’om mon petit coup de colère aujourd’hui [vendredi 25 septembre] : nous ne pouvons pas toujours nous retourner vers l’État, le Département, le Parc naturel marin, les intercommunalités, les maires et dire ce que nous voulons. L’organisme en charge de représenter les pêcheurs, qui est la commission pêche de la Capam, doit être en état de faire son travail.

FI : Par contre, comme vous l’avez précisé, ces formations ne s’adresseront qu’aux marins mahorais et à ceux qui ont un titre de séjour en règle. Combien de temps durera-t-elle et en quoi consistera-t-elle ?

M. G. : Il faut être franc : 80% de la flotte mahoraise est illégale. Cela ne veut pas dire que nous refusons ou que nous excluons. Nous voulons bien les inclure mais il faut que ces gens-là fassent la démarche d’être en règle auprès de la préfecture. Et après, ils viennent voir l’administrateur, en étroite relation avec le Département, qui ne cesse de répéter qu’il souhaite financer des formations.

Ces dernières dépendront de ce que le marin veut passer comme brevet : matelot, petit capitaine de pêche… Après, nous avons des modules complémentaires de radio, etc. Il faut savoir combien d’élèves vont intégrer notre école. Nous allons proposer des sessions de 12, de 16, en fonction de ce que nous dira le directeur selon telle ou telle formation. Dans les 1 ans ½, 2 ans à venir, nous allons faire en sorte de bien récupérer nos armateurs et nos pêcheurs pour faire leur point de formation et dresser la liste pour l’envoyer à l’école et au conseil départemental. Nous avons jusqu’en 2025 pour rentrer dans la légalité et mettre tout en corrélation. Après cette date butoir, nous n’aurons plus de marche de manœuvre.

Daniel Dalin, président du conseil représentation des Français d’Outre-mer : « On nous rend invisibles »

La coupe est pleine pour le président du Crefom qui dénonce le peu de considération dont ferait preuve l’État à l’endroit des territoires d’Outre-mer. À tel point que Daniel Dalin et son conseil représentatif des Français d’Outre-mer organisent ce samedi à Paris une manifestation dans l’espoir de voir le regard du gouvernement changer. Ce qui, à l’entendre, ne sera pas une mince affaire tant le « mépris » serait profondément ancré.

Flash Infos : Pourquoi avoir décidé d’organiser cette manifestation ? Quel en est l’objet ?

Daniel Dalin : Ce n’est pas dans la nature du Crefom de mettre les gens dans la rue. Pourtant, année après année, événement après évènement, mépris après mépris, il n’y avait plus d’autres choix. Il y a cependant bien eu un élément déclencheur avec la fermeture de France Ô qui a nous a poussé à organiser cette mobilisation du 28 septembre pour exprimer notre colère face au manque de considération que l’on oppose aux Outre-mer. De manière générale, on observe que la France est en train de finasser sur les principes républicains qui devraient être le socle des territoires d’Outre-mer comme d’ailleurs.

Il y a nécessairement un parallèle à faire avec la Guyane qui est confrontée à un phénomène migratoire d’ampleur sous le regard presque passif des autorités. Très peu ou trop peu est fait pour endiguer le phénomène. Globalement, on retrouve, exception faite des pénuries d’eau, les mêmes problématiques à Mayotte et en Guyane. En Martinique et en Guadeloupe, s’il y a également des similitudes, on fait surtout face à des problématiques sanitaires majeures avec l’arrivée des sargasses sur lesquelles il n’y a aucune politique de santé digne de ce nom. S’ajoute à cela la problématique du chlordécone. Tout le monde sait que la Martinique et la Guadeloupe sont les champions du monde du cancer à cause de cela. Nous, au Crefom, ne sommes pas dans une problématique de réparation, c’est le rôle d’autres associations. Mais nous sommes là pour questionner. Quelles politiques de dépollution ont été mises en place par l’État ? Niet. Quelle politique de dépistage ? Niet. Quelles réparations pour les cultivateurs atteints de chlordécone ? Rien.

Si les problèmes ne sont pas les mêmes, on voit bien que dans tous les cas, l’État ne prend pas ses responsabilités comme il le ferait pour des territoires métropolitains. On assiste à une volonté de nous rendre invisibles. Voilà ce qui nous exaspère et qui nous a poussé à organiser cette première manifestation. Je le dis d’ailleurs d’emblée : ce ne sera pas la dernière. Nous réitérerons l’opération jusqu’à ce que le gouvernement nous entende et nous propose quelque chose de sérieux.

Mayotte Hebdo : Quelle est selon-vous, la cause du sous-investissement chronique dans les Dom ? Est-on face à des relents de l’histoire qui a lié ces territoires et la métropole ?

Daniel Dalin : Ce sous-investissement chronique, effectivement, atteste d’une posture. Postcoloniale ou néocoloniale, comme vous voulez. Car finalement, outre ce que l’histoire a écrit, qu’est-ce qu’une colonie ? C’est un territoire qui à moindre frais apporte les richesses à la métropole. C’est aujourd’hui le cas en matière de biodiversité et en espaces maritimes. Toute la richesse de la biodiversité française est dans les DOM, toute sa puissance maritime est portée par les Outre-mer. Pourtant, on ne fait rien, on refuse de mettre en place des politiques valables pour tirer vers le haut ces territoires. Nous sommes donc là, aujourd’hui, pour dire qu’il va falloir désormais compter sur nous.

Ça ne peut plus durer. Nous ne resterons pas invisibles plus longtemps. Quand on nous dit que nos ancêtres c’étaient les gaulois, qu’est-ce que cela veut dire pour la jeunesse des DOM, connectée au monde entier ? Le résultat est que ces jeunes vont déboulonner des statues. Car toute l’histoire nationale officielle ne correspond pas à la réalité des Outre-mer et de leur histoire, de leur vécu. Rien n’est fait pour que cette jeunesse, et à plus forte échelle ces populations, se sentent partie intégrante de la nation et de son histoire. Cette intégration, la France ne l’organise pas et cela peut conduire les peuples à se détacher, s’organiser, et potentiellement conduire à l’explosion. Oui, ça risque d’exploser. Mais pour l’éviter, nous sommes là, républicains, là pour travailler avec l’État. Encore faut-il que l’État nous entende.

Mayotte Hebdo : Comment expliquer que les Outre-mer soient si mal entendus ?

Daniel Dalin : Le président, dès son arrivée au pouvoir, a oublié les choses qu’il nous avait promises. Là où ça ne va pas, c’est qu’aucun de ses conseillers en charge des Outre-mer n’est spécialiste de ces territoires. Ils ne les connaissent pas, ils y sont peut-être allés dans des conditions très favorables comme en préfecture, mais ils ne connaissent pas le vécu des populations de Mayotte, de Guyane ou de Martinique. En plus de cela, la cooptation est la règle dans leur milieu. Quand ils partent, au lieu de mettre un Ultramarin qui pourrait attirer l’attention du gouvernement sur des sujets concrets, on remet quelqu’un hors-sol. Il y a bien eu Marc Vizy, sous François Hollande, qui connaissait les Outre-mer par cœur pour y avoir vraiment vécu. Pour le coup, il tenait le « cap Outre-mer ». Et pourtant, malgré sa présence, on a pu assister à un détricotage complet de la loi Égalité réelle en Outre-mer que le Crefom avait initié. Elle a été tout simplement vidée de son contenu par l’État avec la complicité de quelques élus de la représentation nationale pourtant issus des DOM.

L’entretien est à retrouver en intégralité dans la prochaine édition de Mayotte Hebdo.

Les amendes pour non-port du masque pleuvent dans les taxis

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Sous l’impulsion de la préfecture, le service des transports terrestres de la Deal et la police municipale de Mamoudzou ont procédé à une série de contrôles des taxis pour s’assurer que le port du masque était bel et bien respecté. L’occasion de verbaliser les chauffeurs pour d’autres infractions plus classiques.

« Ah, le chauffeur, déjà, il n’a pas de masque, c’est mauvais pour lui… » Casquette visée sur la tête avec le logo de la police municipale, Abou s’approche du taxi qu’il vient de faire ranger sur le bas-côté. À l’intérieur de l’habitacle, deux autres passagers sont dans la même situation et ne portent pas le précieux sésame. « Je peux décider de faire de la prévention s’ils en ont avec eux, sinon je serai obligé de les verbaliser. » Ironie du sort, l’un d’eux présente un titre de séjour falsifié. « Un réel contrôle aurait demandé d’appeler l’officier de police judiciaire compétent. Mais ce n’est pas la priorité de la mission du jour. » Prié de sortir de la voiture, l’homme continue sa route libre comme l’air, à pieds cette fois-ci.

Car l’opération menée ce jeudi matin, sur le parking du Barfly à Mamoudzou, consiste à sanctionner les taximens et les clients qui ne respectent pas les règles en vigueur, à savoir de porter un masque. Une obligation suite à la parution le 11 mai dernier du décret n°2020-545 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19. « Le taxi est vecteur de contamination », insiste Luca Vergallo, du cabinet du préfet. « Aujourd’hui, nous avons plus de liberté [avec la fin de l’état d’urgence], mais la liberté c’est faire preuve de responsabilité. Si nous arrivons à maintenir la courbe, nous allons pouvoir relancer l’activité économique. C’est dans l’intérêt de toute le monde, c’est un geste simple. » Alors pour limiter la propagation du virus et éviter une seconde vague, une vaste campagne de prévention a d’abord été menée par les contrôleurs des transports terrestres de la Deal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) pendant un mois pour rappeler la bonne conduite à tenir. Sur cette période de sensibilisation, « 61% des 156 véhicules inspectés faisait l’objet d’un défaut de port de masque » selon Gilles Ferry, en charge du service.

« Nous ne transigeons pas sur la sécurité »

Hier donc, place aux choses sérieuses. De 9h30 à 10h30, les arrêts sur le bord de la route s’enchaînent. Jacques, en poste depuis un 1 an à la Deal, s’assure également que tous les papiers sont en règle : autorisation de mise en exploitation, assurance, contrôle technique, carte employeur… « Vous voyez le numéro d’immatriculation n’est pas le même que sur la carte. Mais la préfecture a précisé qu’une nouvelle était en cours de fabrication. Dans le cas contraire, nous aurions dû le verbaliser », souligne celui qui est dans le métier depuis 30 ans. Et à ses yeux, si certains taximens jouent avec le feu, c’est tout simplement pour des raisons économiques, « ce n’est pas une volonté manifeste ». « Leur secteur d’activité a été mis à mal par la crise. » Toutefois, ce n’est pas une excuse pour se montrer plus indulgent. « Nous avons une obligation d’exigence à l’égard des passagers. Nous ne transigeons pas sur la sécurité. » À l’image de cet automobiliste présentant des pneus lisses, « une infraction que je n’avais pas vu depuis 20 ans », se souvient Jacques, avec un sourire en coin. Verdict : le contrôleur l’invite à se mettre en conformité dans un délai de 7 jours, durant lesquels il n’a pas le droit de transporter de passagers. C’est ensuite à la Deal de l’autoriser à reprendre le volant.

10 amendes pour non-port du masque

Au bout d’une heure, Gilles Ferry dresse un bilan des premiers contrôles et les infractions relevées avec ses troupes et les agents de la police municipale de Mamoudzou, « avant de bouger 45 minutes au Nord de la ville et bass ». Sur les 17 véhicules contrôlés sur les deux sites, 10 amendes de 135 euros ont été attribuées pour non-port du masque, dont 2 seulement au niveau de la pointe Mahabou. À cela se sont ajoutées d’autres infractions, à l’instar d’un surnombre de personnes à bord d’un taxi et 4 défauts de contrôle technique. Des chiffres qui peuvent sembler dérisoires mais qui s’expliquent pour une raison simple selon Nastaoui, au service de contrôles des transports terrestres depuis 2016. « Le message [de notre présence] circule vite entre les taximens. Ceux qui n’ont rien à se reprocher passeront ici », résume-t-il, avant de conclure, d’un air résigné, « nous n’en prendrons pas beaucoup la main dans le sac ce matin ». Sous le regard malicieux d’un chauffeur à peine contrôlé, le masque sous le nez…

Une piscine olympique avant les JIOI 2027 : Mayotte entre dans le grand bain ?

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Le super bassin devrait voir le jour en 2025. Et pourrait alors appuyer la candidature du 101ème département dans l’organisation des Jeux des îles 2027. Si tout se passe comme prévu…

Jeux des îles, neuvième édition. Alizée Morel bat un nouveau record sur le 800 mètres nage libre en bassin de 50, face aux redoutables Seychelloises Alexus Laird et Felicity Passon. Elle a à peine 20 ans et la jeune nageuse réunionnaise vient de rafler à elle seule pas moins de 8 médailles d’or. Carton plein pour l’athlète ! Et pour son île natale, c’est la consécration. L’île Bourbon finit cette édition 2015 en tête de podium avec un joli palmarès de 209 breloques, dont 84 en or et 72 en argent. “À l’époque, cela avait marqué tout le monde”, se souvient Madi Vita, le président du comité régional olympique et sportif (CROS) de Mayotte. La délégation mahoraise, elle, s’envolera de l’île voisine avec un maigre bilan de 13 médailles…

Pour ce défenseur des couleurs mahoraises aux Jeux, c’est d’ailleurs là “toute l’importance d’une piscine olympique pour le territoire”. “Ce n’est pas normal qu’à Mayotte, en 2020, nous n’ayons toujours pas de bassin municipal ou olympique. Les autres Outre-mer en sont pourvus et à chaque fois que je suis en visite, je le dis : c’est une honte pour notre département”, martèle-t-il. Alors l’annonce officielle par le conseil départemental de la livraison du futur complexe aquatique, à Kawéni, à côté du centre Kinga, pour 2025, répond à ses plus folles espérances. “C’est une très bonne chose pour Mayotte, notamment parce que la natation, c’est une discipline qui n’existe pas aujourd’hui chez nous, et nous n’avons jamais été représenté pour ces épreuves aux Jeux des îles. Et quand on sait qu’un seul ahtlète peut vous rapporter 8 médailles…”, salue le passionné de sport.

 

Les JIOI 2027 dans la lunette

Surtout, cette piscine olympique, si elle est livrée à temps, viendra appuyer la candidature de Mayotte pour accueillir la compétition en 2027, qui réunit sept îles de l’océan Indien – Maurice, les Seychelles, l’Union des Comores, Madagascar, Mayotte, La Réunion et les Maldives. C’est d’ailleurs clairement l’objectif affiché par le conseil départemental. “Nous nous battons justement pour que cela puisse être pris en compte”, confirme Mustoihi Mari, le directeur des services techniques de la collectivité, en charge de l’aménagement. À la bonne heure ! Car il s’agit même d’une condition sine qua non, la natation figurant en discipline obligatoire pour cette compétition multisports. “Le fait même d’avoir cette infrastructure va faire que nous serons pris au sérieux pour l’organisation des Jeux”, assure le président du CROS.

Un complexe de 7.000m2

Alors au charbon ! Pour l’instant, trois cabinets d’architectes ont été retenus pour le projet. Ces groupements métropolitains voire internationaux ont désormais trois mois pour proposer leurs esquisses. Et pour espérer décrocher le gros lot, ils devront répondre à un cahier des charges bien précis, dont Mustoihi Mari dévoile les grandes lignes. En tout, l’équipement regroupera trois bassins : un premier de 50 par 25 mètres, disposera de 10 couloirs ; un autre, de 25 mètres sera dédié à l’entraînement/récupération ; et un dernier aux enfants. Sans parler des gradins, avec 500 places, et bien sûr des vestiaires, des salles de présentation ou de cours collectifs… En tout, pas moins de 7.000 mètres carrés, sur un terrain dont le Département a la maîtrise. “Cela nous permettra d’aller plus vite”, souligne le DGS.

Faire naître des vocations

“Nous avons aussi demandé l’intégration de toboggans pour les petits”, poursuit-il. Car la piscine, en plus d’être un atout pour les compétitions sportives, constitue un vrai plus pour le territoire, et notamment pour les plus jeunes. La natation est en effet une discipline scolaire obligatoire. Et le complexe devrait permettre d’accueillir simultanément six classes, soit 240 créneaux par semaine en fonctionnement plein. Avec ça, si les jeunes mahorais ne sont pas comme des poissons dans l’eau !…

De quoi peut-être faire naître des vocations ? “Bien sûr !”, s’exclame le président du CROS. “Tous les entraîneurs, sélectionneurs ou directeurs techniques nationaux qui sont de passage ici le disent : les Mahorais sont très disposés au sport. Il ne reste plus qu’à créer la discipline”, défend-il. Pour ce faire, il faut en premier lieu lancer des formations diplômantes, en mettant en place une ligue affiliée à la fédération nationale. Un indispensable, si Mayotte ambitionne en effet d’accueillir un jour dans son bassin tout neuf des athlètes internationaux. “Il nous faudra non seulement nos athlètes, mais aussi des arbitres et des chronométreurs qualifiés. On ne peut pas imaginer avoir la structure sans les gens qui vont avec.” De là à atteindre l’objectif avant 2027, il y a un sacré mouvement de brasse. Rien que pour l’haltérophilie, dont les infrastructures sont moins lourdes, le CROS table sur cinq ans – la démarche a été enclenchée en 2019, après les Jeux des Îles – pour lancer ces formations diplômantes qui permettront, un jour peut-être à ces sportifs Mahorais d’atteindre les podiums.

Le défi de la gestion

Avant d’en arriver là pour la natation, encore faudra-t-il que l’infrastructure émerge. Les premiers travaux d’étude doivent se tenir entre 2021 et 2022, pour un lancement des travaux en 2023 et 2024. Et une livraison en 2025, donc. “Mais si vous prenez le stade Cavani par exemple, cela fait depuis 2008 qu’on attend sa rénovation…”, rappelle Madi Vita. Sans compter les autres défis, d’ordre financiers qui pèsent sur l’avenir du bassin olympique. Car en plus des 25 millions d’euros de travaux estimés pour le faire sortir de terre – financés en partie par le contrat de convergence, par les fonds propres du Département et peut-être des crédits du Centre national pour le développement du sport (CNDS), et des subventions européennes -, il faudra aussi compter au moins 1 à 2 millions d’euros pour assurer sa gestion sur le long terme. En tout cas, c’est la part qu’est prêt à financer le conseil départemental. À charge, maintenant, de trouver l’entreprise qui acceptera de récupérer le bébé. Avec l’eau du bain ?

Olivier Capelle, commandant de la gendarmerie de Mayotte, dévoile sa feuille de route

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Après quatre ans de bons et loyaux services, le général Philippe Leclerc a quitté son poste de commandant de la gendarmerie de Mayotte et a été remplacé par le colonel Olivier Capelle. À l’occasion de sa prise de commandement ce mercredi matin à Pamandzi, ce dernier est revenu pour Flash Infos sur les événements récents, sur ses premiers contacts avec les maires des différentes communes mais aussi sur la tenue prochaine des Assises de la sécurité. Entretien.

Flash Infos : Vous êtes arrivé à Mayotte le 3 août dernier, quel a été votre parcours avant d’être affecté à la tête du commandement de la gendarmerie du 101ème département ?

Olivier Capelle : Au préalable, j’ai exercé différents postes opérationnels depuis mon entrée dans la gendarmerie en 2000. J’ai été commandant d’escadron de gendarmerie mobile en région parisienne et commandant de compagnie de gendarmerie départementale dans le Lot-et-Garonne. J’ai également servi dans l’administration centrale, notamment sur la rédaction des textes réglementaires du maintien de l’ordre, qui s’apparentent au nouveau schéma national du maintien de l’ordre. J’ai été chef des opérations dans la région Alsace, plus particulièrement en charge de la lutte contre le radicalisme religieux et des problématiques de terrorisme. J’ai suivi ensuite la scolarité de l’école de guerre, à l’école militaire de Paris. Et enfin, j’ai commandé un groupement de gendarmerie mobile à Dijon et participé à ce titre à toutes les opérations des Gilets jaunes, de Notre-Dame des Landes, plusieurs voyages officiels du président de la République et les G7 des ministres de l’Environnement et de l’Intérieur.

Concernant mon affectation, nous nous inscrivons dans un parcours ni plus ni moins d’orientation professionnelle, avec des desiderata que nous formulons par rapport aux postes qui se libèrent. Vu mon passé opérationnel et les besoins de commandement, notamment dans le domaine de l’ordre public à Mayotte, j’ai sollicité ce poste. Et la confiance du directeur général de la gendarmerie nationale et du commandant de la gendarmerie Outre-mer était placée sur ma candidature pour accéder à ce commandement. C’est à la fois un échange entre les vœux individuels et les besoins de l’institution.

FI : Quels sont la durée et les objectifs de votre mission ?

O. C. : J’arrive pour une affectation de trois ans, peut-être renouvelable d’une année, tout dépendra de la volonté de mon chef et du potentiel successeur qui viendrait sur le poste. En termes d’objectifs, je n’en ai pas reçu de chiffrés. La lettre de commandement que j’ai reçue porte davantage sur l’intégration de la gendarmerie dans un dispositif partenarial qui est quand même complexe et l’entretien d’un réseau qui est impératif. Et qui a pu être mis à mal par certaines affaires, certains dossiers ou certaines problématiques. Mon but aujourd’hui est de nous réinscrire dans toutes ces dynamiques et surtout les dynamiques territoriales.

FI : En presque deux mois de présence sur le territoire, vous avez déjà été confronté à des affrontements d’une rare violence entre bandes rivales de Combani et de Miréréni, comment avez-vous vécu cette première expérience ?

O. C. : Alors il y a eu un aspect de gestion opérationnelle. J’ai autour de moi des collaborateurs qui, sur le terrain, m’ont permis d’avoir systématiquement toutes les informations, tous les renseignements, tous les éléments d’appréciation pour prendre des décisions dans le but de séparer au mieux les communautés. Notre objectif était d’éviter d’avoir des blessés, voire peut-être même des morts, comme cela a pu être le cas entre les bandes rivales de Majicavo et Kawéni au début du mois d’août. Nous voulions impérativement empêcher cela et aussi que certaines infrastructures stratégiques, comme la station-essence, certains grands magasins, le RSMA, soient touchées par ces affrontements. Nous sommes également conscients que ces objectifs-là ne nous ont pas permis de tenir tout le terrain comme nous l’aurions souhaité et que cela a occasionné des dégâts assez importants sur des véhicules et des habitations. Mais à mon sens, sur la partie de la gestion tactique, nous avons surtout permis qu’il n’y ait pas de blessures trop vulnérantes entre les jeunes.

Après sur l’aspect de gestion communication et politique de l’événement, j’ai été frappé par la capacité de nos effectifs à mobiliser les élus, les associations et tous les représentants des deux communautés pour les mettre autour d’une table. Cela a été assez long ! Peut-être un peu trop à mon goût… Mais cela nous a permis de trouver une solution qui n’était pas une solution sécuritaire. Nous ne sommes qu’un des piliers de la réponse que l’État peut apporter aux problématiques de sécurité de l’île. Cela ne pourra pas s’inscrire dans la durée si derrière il n’y a pas une politique volontariste des élus, des associations, des représentants des communautés et des villages, des cadis, des foundis de certains quartiers, qui doivent à un moment se réunir et être en capacité de discuter et de négocier un vivre ensemble et un projet commun d’avenir pour l’île.

FI : Justement, en parlant des élus, vous étiez présent au séminaire des maires le 8 septembre à Chirongui. Cette rencontre a été une première prise de contact avec les municipalités. Quelles ont été leurs revendications à votre égard ?

O. C. : Je dirais qu’il y a un double besoin chez les élus. Ils ont un vrai besoin d’accompagnement sur des aspects très techniques de la gestion de la sécurité de leurs communes respectives. Cela passe certainement par une possibilité pour nous d’accompagner la formation de leurs policiers municipaux. De leur donner des outils pour avoir des diagnostics de sécurité pour de la vidéoprotection s’ils en installent. D’être en capacité de leur expliquer que certaines infrastructures immobilières ne sont pas forcément adaptées aux problématiques de sécurité et qu’il faut pouvoir occuper la jeunesse. Éviter des concentrations de population dans certains secteurs, notamment des lieux de résidence…

Puis, il y a un vrai besoin pour eux d’échanger, d’avoir des renseignements sur nos pratiques, nos services. Et nous en contrepartie d’avoir des informations sur des habitants qui sont bien identifiés, qui peuvent être localisés, qui leur posent des difficultés. Parce que sans cela, je n’arriverai pas à avancer ! Je ne pourrai pas présenter des dossiers au niveau des autorités judiciaires. Et alors, nous retomberons dans les travers que nous avons connus il y a quelques mois, où l’action globale de l’État est remise en cause par les citoyens car ils s’aperçoivent qu’il n’y a pas de cohérence. Ce manque de cohérence passe d’abord par une capacité d’échanger, dans de bonnes conditions, des informations et des renseignements dont j’ai besoin. À mon sens, les maires sont le pivot de la réussite pour assurer un développement du territoire en toute sécurité.

FI : Ce mardi s’est déroulée la réunion préparatoire des Assises de la sécurité qui vont se tenir les 9 et 10 octobre prochains. On a eu comme un sentiment de déjà-vu, comme si les autorités compétentes voulaient faire du neuf avec du vieux…

O. C. : J’ai la conviction que c’est une nécessité à partir du moment où il y a un appel populaire pour essayer de se mettre autour de la table et reposer certains problèmes. Pour autant, je pense que les Assises de la sécurité sont un cadre dans lequel le débat sur la sécurité doit s’inscrire. Mais si nous voulons aborder les choses de façon très pratico-pragmatique, les pactes de sécurité que nous sommes actuellement en train de développer avec six maires répondent à leurs problématiques locales ! Nous allons chez eux, ils nous exposent leurs problèmes, et nous parlons de détails, comme un carrefour de rue ou une petite place sur un point de regroupement de jeunes qui peuvent être un peu désœuvrés… Ce sont des choses très concrètes à leurs besoins quotidiens. Et là, nous pouvons véritablement agir, car nous pouvons leur apporter des réponses concrètes.

Quoiqu’il en soit, ici nous pratiquons une politique de petits pas, c’est-à-dire d’avancées concrètes au quotidien, qui doivent être visibles par la population. Cela ne peut pas uniquement se régler dans des hémicycles où le débat est à portée très générale.

FI : Alors comment réussir à sortir ces jeunes de l’oisiveté qui gangrène le territoire ? N’y a-t-il pas la possibilité de davantage mettre l’accent sur le RSMA pour leur offrir un cadre plus structuré ?

O. C. : Bien sûr, le RSMA peut être l’un des acteurs. Après, il ne peut pas tout faire à lui tout seul car ses capacités sont forcément contraintes. Mais oui effectivement, c’est l’une des réponses ! Comme je vous le disais, la réponse sécuritaire ne suffit pas en elle-même. Il faut derrière adosser un projet politique de développement des territoires, et cela peut passer par un acteur étatique, comme le RSMA, ou des vraies initiatives d’associations qui vont chercher à développer l’enseignement professionnel par la voie de l’apprentissage, par les contrats aidés. Il existe énormément de dispositifs, il faut faire preuve d’imagination et avoir le courage de s’inscrire dans ces démarches-là.

117 personnes dans un logement indigne à Mayotte : le propriétaire de la “maison des Africains” devant la justice

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La bâtisse rose et délabrée s’élève à côté des locaux de Solidarité Mayotte. Depuis des années, des centaines de demandeurs d’asile originaire de l’Afrique des Grands Lacs y ont trouvé refuge, dans l’attente d’une réponse positive de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) sur leur statut. Or, ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou, c’est le propriétaire des lieux qui était appelé à la barre. Ce qu’on lui reproche ? Avoir soumis des personnes vulnérables à des conditions d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine, et aidé au séjour de personnes en situation irrégulière sur le territoire. Des faits passibles respectivement de 5 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende et 3 ans de prison et 50.000 euros d’amende. “Les personnes mentionnées sont vulnérables, certaines fuient la guerre. Et c’est d’ailleurs pour ça qu’elles acceptent ces conditions”, insiste la substitute du procureur.

Derrière ces murs peints, la vie n’est en effet pas rose. “La loi dit que chaque personne doit avoir 9m2, vous le saviez ? Non ? C’est bon de le savoir”, indique le juge Bouvard au prévenu. “Les victimes auditionnées disent qu’il n’y avait pas d’eau”, relève quant à elle la substitute du procureur, en rappelant que la consommation totale du bâtiment correspondait au moment des faits à celle d’une personne. Presque pas d’eau, un seul sanitaire par étage, et des personnes qui s’entassent par dizaines dans des piaules moisies, de 12m2 en moyenne… C’est là le quotidien des 117 habitants de la bâtisse, des hommes, des femmes, des familles qui tentent d’obtenir un droit d’asile à Mayotte, dans l’espoir de s’envoler un jour pour la métropole.

“Récupérer mon bien”

À la barre, le prévenu joue pourtant presque les bons pères de famille. “J’ai payé l’eau, j’étais sur les lieux, et les gens savaient qu’ils pouvaient venir me voir pour en avoir. Mais on favorisait les femmes enceintes, ou les familles avec enfant”, assure-t-il. Et pour les autres ? “Ils avaient tous une carte.” D’après sa version des faits, l’accueil de ces personnes ne relevait d’ailleurs pas de sa volonté. Bien au contraire. “Moi, mon but, c’était de récupérer mon bien”, n’aura-t-il de cesse de répéter face aux robes noires.

En effet, la maison de famille, acquise par sa mère à la sueur de son front, a d’abord été habitée illégalement par une cinquantaine de personnes immigrées, quand la propriétaire a quitté Mayotte pour s’installer en métropole. En 2018, son fils, seul aujourd’hui à l’audience, revient sur l’île expressément dans le but de “résoudre ce problème”. “J’ai dû démissionner de mon poste pour venir ici, j’ai deux enfants”, insiste l’homme qui multiplie les formules de politesse à l’attention des magistrats, comme pour s’accorder leurs faveurs. Il donne alors six mois à ces occupants non désirés pour faire leurs bagages. Quand il revient une fois le temps écoulé, il fait face à une centaine de demandeurs d’asile, qu’il tente de faire partir. Sans succès. On lui rétorque : “Ici c’est chez nous, vous n’avez pas le droit de nous faire sortir, vous n’êtes pas de la police”, relate-t-il aujourd’hui.

Des loyers entre 50 et 70 euros

“Qu’est-ce qu’on fait quand on veut se débarrasser de locataires, réguliers ou non ?”, l’interroge le juge Bouvard, en maître d’école. Et de couper court, vu les hésitations du prévenu : “On fait une procédure en justice. Vous l’auriez fait, c’était béton, si je puis dire”, s’amuse le président de l’audience, secoué d’un petit rire. Le prévenu avance la lenteur des procédures. Reste qu’il continuait, chemin faisant, de percevoir des loyers de la part des occupants, “entre 50 et 70 euros selon la pièce”, confirme-t-il d’ailleurs à l’audience. Le tout sans bail, quittance ou déclaration aux impôts. Visiblement, l’homme ne s’en privait d’ailleurs pas pour exercer une pression sur les habitants, selon les témoignages. “Des personnes rapportent que vous mettiez régulièrement la pression, en leur disant qu’il fallait payer six mois de loyer à l’avance, sinon c’était dehors”, signale ainsi la magistrate du parquet. Qui requiert donc 2.000 euros d’amende pour le prévenu et sa mère, la confiscation du bien et l’interdiction d’acquérir un bien à des fins d’hébergement.

L’immigration clandestine dans le viseur de la défense

À son tour, son avocat Maître Mansour Kamardine pointe l’immigration clandestine qui mine le territoire de Mayotte. “Les gens, avant même d’arriver ici en bateau, ils crient “Solidarité Mayotte !”, “Cimade !”, “droit d’asile !”, et dès lors on est tous comme électrisés, on ne peut plus rien faire”, dénonce celui qui est aussi député de la 2e circonscription de Mayotte. Dans sa ligne de mire ? L’association Solidarité Mayotte en particulier, établie à deux pas de la fameuse maison. La seule habilitée par la préfecture à assurer l’accueil et l’accompagnement des demandeurs d’asile sur l’île et qui fait justement face depuis quelques années à un afflux de demandes issues de l’Afrique des Grands Lacs. “Les gens interrogés disent eux-mêmes qu’ils sont là sur les conseils de Solidarité Mayotte”, pointe-t-il encore du doigt. Une plaidoirie qui aura pour but de remettre cette affaire dans un contexte général qui provoque la “souffrance de ce petit peuple de Mayotte, qui chaque fois, se retrouve pourtant accusé”, déplore l’avocat. Le tribunal doit rendre sa décision le 30 septembre.

Lutte contre la délinquance à Mayotte : « Nous ne pouvons pas prévoir une disposition pénale juste pour un territoire »

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Au lendemain de la réunion préparatoire des premières Assises de la sécurité, organisées par la ville de Mamoudzou les 9 et 10 novembre, le sénateur (LREM) Thani Mohamed Soilihi, intervenant lors de la rencontre, a tenu à faire le point. Alors que beaucoup réclament des exceptions légales taillées pour répondre aux spécificités mahoraises, le vice-président du Sénat estime lui que le territoire devrait davantage compter sur les outils légaux déjà existants. Entretien.

Flash Infos : Pourquoi, lors de la réunion de mardi à laquelle vous avez assistée, la question de la législation à Mayotte semble avoir divisé l’assemblée d’élus ?

Thani Mohamed Soilihi : Lorsque nous avons abordé le sujet de la justice des mineurs, le procureur avait expliqué que lorsque la loi n’est pas bonne, il faut la remplacer. Un peu plus tard, ces propos ont été repris dans un sens plus polémique : je ne souhaite pas qu’il soit sous-entendu que les parlementaires ne font pas leur boulot en ne changeant pas la loi à Mayotte. Car s’agissant d’une matière pénale, le droit s’applique sur tout le territoire national. Nous ne pouvons pas prévoir une disposition pénale juste pour un territoire, même s’il est d’Outre-mer. Pour réagir à la proposition du préfet de déchoir de leurs titres de séjour les parents de délinquants, je ne pense pas que nous pourrons changer la loi uniquement pour Mayotte à ce niveau-là, si tant est que ce dispositif soit jugé constitutionnel. Oui, nous avons modifié les textes sur un sujet de nationalité et de droit du sol, et je sais de quoi je parle puisque j’en suis l’auteur, mais la matière pénale ne supporte pas d’exception, d’autant plus que le droit est fondé sur la personnalité des peines : on ne peut pas être condamné pour des faits commis par une autre personne. Là, nous prenons le risque d’ouvrir une boîte de Pandore sans savoir ce qu’il y a dedans pour se défausser. Si vous voulez vraiment que je vous dise ce que je pense de la proposition du préfet, c’est donner l’espoir qu’en changeant les textes on pourra avoir la solution miracle. Que nous veillons déjà à appliquer les textes existants, et ensuite nous en reparlons.

FI : À quels textes pensez-vous précisément ?

T. M. S. : Il y a beaucoup de moyens qui n’existent pas à Mayotte. Je pense notamment à un centre éducatif fermé, ce n’est pas tout à fait de la prison pour mineurs, mais il existe des similitudes. Ce dispositif permet de beaucoup travailler la réinsertion du jeune pour qu’il ne retombe pas dans la délinquance en sortant de la structure. Pour cela, il n’y a pas besoin de loi, il suffit d’une décision politique au niveau du gouvernement. Je l’ai demandé à plusieurs reprises sans avoir été entendu jusqu’ici. Voilà quelque chose de nouveau qui, si mis en place, apporterait de vraies solutions. Nous avons déjà un centre éducatif renforcé d’une dizaine de places, mais cela permettrait d’aller plus loin et d’ouvrir une dizaine de places supplémentaires. Si nous nous occupons des meneurs des bandes de chaque village, les suiveurs vont se calmer par la force des choses. Et la case d’après, c’est la prison au quartier dédiés aux mineurs. Et si tant est qu’il y ait une « pression » à exercer au niveau des titres de séjour, c’est lors des entretiens préalables qu’elle se joue. Qui valide la délivrance des titres de séjour ? C’est la préfecture. Même lorsque tous les critères à l’obtention du titre sont remplis, la préfecture apporte son appréciation, et sans elle, il y aurait quasiment autant de titres que de demandes. Les déclarations du préfet s’apparentent à des déclarations politiques, alors qu’il s’agit juste d’appliquer les textes. La situation a été laissée se dégrader depuis les débuts de la crise du covid-19 jusqu’à atteindre l’inacceptable. Maintenant, il s’agit de la calmer de façon pérenne.

FI : D’où l’organisation des Assises de la sécurité. Quel regard portez-vous sur les premières pistes de réflexion ?

T. M. S. : Nous croyons souvent que tout ce qui touche à la sécurité relève uniquement de la compétence de l’État, mais c’est faux : les maires ont un pouvoir de police. L’État doit effectivement assurer la paix publique mais dans toute cette partie, entre la prévention et la répression, les élus locaux ont parfaitement leur place, soit en mettant en place des actions de prévention, soit en créant des infrastructures d’encadrement. Comme cela a été dit à plusieurs reprises, un gamin occupé est un gamin en moins tenté d’aller faire n’importe quoi. Alors pour moi, les Assises sont un événement qui peut s’avérer important, c’est un bon début qui je l’espère, emportera l’adhésion de tous. Nous nous sommes souvent contentés d’éteindre le feu, sans jamais faire en sorte qu’il n’y en ait pas d’autres qui s’allument derrière. J’espère qu’avec les Assises, nous ne fassions ni dans le rafistolage ni dans les mesures d’appoint.

FI : Parmi les pistes envisagées, une enquête citoyenne, des ateliers thématiques, une tournée de sensibilisation dans les écoles… Autant de mesures déjà appliquées par le passé, sans francs résultats. Pourquoi, cette fois, la recette fonctionnerait ? Allons-nous assez loin face à l’ampleur de la tâche ?

T. M. S. : Pour l’instant, aucune mesure n’a été définitivement proposée. Mais grosso modo, oui, il s’agira probablement du même genre de mesures que celles proposées depuis des années. Mais j’ai espoir que cette fois-ci il en aille différemment justement s’il y’a une adhésion collective, après l’initiative d’un maire. Dans une démocratie, pour que les choses avancent, tout le monde doit se sentir concerné et ramer dans la même direction. Quand par exemple vous avez des citoyens et des élus qui attendent une réaction unilatérale de l’État, mais que l’État appelle celle des communes ou du Département, c’est très mal parti car la solution n’est pas partagée. Lorsqu’elle l’est, au moins entre l’État et les collectivités, cette donnée-là peut tout changer. Le fait que le maire de Mamoudzou se soit emparé du sujet et l’ait proposé au débat, c’est pour moi un augure qui me laisse penser que, cette fois, cela peut fonctionner. Cette prise de conscience me fait croire que nous pouvons avoir de l’espoir. Une projection ou un projet n’est à la hauteur que si sa concrétisation permet de trouver des solutions aux maux concernés. À quoi cela sert d’aller imaginer des choses qui seraient impossibles à réaliser alors que nous ne sommes pas allés jusqu’au bout de l’application de l’existant ?

UNSS Mayotte : les néo-collégiens à la découverte du sport scolaire

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Une vingtaine d’établissements scolaires ont organisé la Journée nationale du sport scolaire 2020/2021, ce mercredi. Devant la crise sanitaire et les adaptations qu’elle implique, les participants ont été bien moins nombreux que les éditions précédentes. Malgré cela, l’événement n’a rien perdu de son enthousiasme.

Pieds nus sous le préau du collège de Ouangani, Abdou tient dans ses mains un volant et une raquette de badminton pour la toute première fois. Alors forcément, pour ces premières mises en jeu, le jeune garçon de 10 ans galère. Pourtant, entre deux services ratés et en dépit des moqueries de ses camarades, il l’assure : « J’adore l’UNSS parce qu’on s’amuse beaucoup ! » Le collégien vit ses premières heures de sport scolaire dans son nouvel établissement. Et comme la grande majorité des élèves de 6ème découvrant l’UNSS, il a tout de suite accroché. « Je n’arrive pas très bien à viser le volant, mais je réussirai quand je reviendrai. » Car pour lui, son inscription à l’AS Badminton du collège ne fait aucun doute. Trois heures d’activités sportives tous les mercredis après-midi : les élèves ne disent pas non et dans certaines disciplines, alors que la saison 2020/2021 de l’UNSS ne fait que démarrer, les AS sont saturées.

C’est le cas de l’AS Danse du collège de Chiconi, qui compte aujourd’hui 30 élèves pressés de commencer. « J’ai dû arrêter les inscriptions parce que sinon ça aurait fait beaucoup trop pour préparer le projet qu’on veut mettre en place à l’UNSS », relève Monsieur Berman, professeur d’EPS en charge de la section. « Mais je pense que ça va être super sympa parce qu’ils sont hyper motivés et apprécient la danse », ajoute l’enseignant, arrivé cette année de Bordeaux. Daoud Ben Ali, élève de 6ème et futur licencié de l’AS UNSS de Chiconi, confirme : il adore la danse ! « C’est amusant, ça me permet de faire des exercices, ça me permet de me motiver aussi pour l’école… En plus, ma sœur fait de la danse donc elle aime bien m’apprendre des pas et j’aime bien apprendre avec elle. J’espère pouvoir en faire toute l’année à l’UNSS. »

Des élèves « hyper motivés » pour l’UNSS

À Mayotte, la journée nationale du sport scolaire 2020/2021 a concerné en grande partie les élèves de 6ème, à qui les professeurs d’EPS ont souhaité faire découvrir l’UNSS. « Nous avons dû nous adapter face à la crise sanitaire. Il était difficile d’envisager une JNSS avec l’ensemble des élèves licenciés ou souhaitant se licencier. Et comme les 5ème, les 4ème et les 3ème connaissent déjà l’UNSS, nous avons pour cette fois-ci convié essentiellement les 6ème qui, eux, découvrent l’UNSS en entrant au collège », explique Madame Tardi, professeur d’EPS au collège de Sada.

Les établissements scolaires des quatre coins de l’île ont surfé sur la vague de cet événement national pour faire connaître leurs activités en AS. À Sada, les collégiens ont été initiés à la course, au saut et au lance. À Chiconi, danse, tennis de table, rugby ou encore ultimate étaient au programme. À Tsimkoura, les élèves étaient partagés entre natation, kayak et raid. À M’tzamboro, ils ont pu découvrir le golf, les sports de glisse, le yamakafit… Des établissements scolaires ont également profité de l’occasion pour sensibiliser les élèves sur l’importance d’une bonne nutrition.

Cette année encore, les professeurs d’EPS n’ont donc pas manqué d’imagination pour attirer l’attention de leurs élèves. Ceci en pensant à les protéger un maximum contre le virus. « Que ce soit pour le badminton ou le tennis de table, tous les élèves devaient se laver les mains avant et après avoir utilisé les raquettes. Pour cela nous leur avons mis à disposition de l’eau, du savon et du gel hydroalcoolique », soutient Monsieur Allaoui, enseignant d’EPS au collège de Ouangani.

La JNSS est une journée nationale devant promouvoir le développement de la pratique sportive ainsi que les valeurs du sport et de l’olympisme à l’école. Cette année, l’événement avait pour thématique « La santé et la reprise de l’activité physique ». Selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale, 6.500 opérations ont été mises en place dans le cadre de cette journée et un million d’élèves ont été mobilisés.

Lutte contre l’insécurité : Mamoudzou veut faire du neuf avec du vieux

Les premières assises de la sécurité de Mayotte se tiendront le mois prochain à Mamoudzou. Mardi, l’équipe municipale conviait un parterre d’élus à une réunion préparatoire, censée amorcer les premières pistes de réflexion. Mais les propositions rappellent étrangement ce qui avait déjà était fait dans le cadre des assises des Outre-mer quelques années plus tôt et dont les résultats en termes de sécurité se font toujours attendre du côté de la population.

C’est une première et pourtant, elle a un air de déjà-vu. Mardi matin, la mairie de Mamoudzou organisait une réunion préparatoire aux premières assises de la sécurité qui se tiendront les 9 et 10 novembre dans le chef-lieu. Autour de la table, une floppée de maires, des dizaines d’élus de la collectivité, trois des quatre parlementaires mahorais, le procureur, les forces de l’ordre et les représentants du Grand cadi, signe, pour certains, d’un esprit de cohésion inédit. Seuls absents ? Les acteurs associatifs et citoyens, qui n’ont pas été invités. Mais qu’ils se rassurent : une enquête en ligne et sur les réseaux sociaux devrait être proposée aux habitants de l’île – et même d’ailleurs – afin qu’ils « expriment leurs avis et leurs propositions ». Des doléances et recommandations qui seront ensuite présentées le jour J. Une sorte de remake du livre bleu élaboré lors des assises des Outre-mer entre 2017 et 2018, et dont l’un des objectifs établis pour Mayotte était déjà la lutte contre la délinquance. Mais depuis, celle-ci est en nette recrudescence…

Du côté du programme, la recette, aussi, semble la même : tables rondes, entretiens, synthèses, tournées des écoles, ateliers géographiques et thématiques marqués, notamment, par l’intervention de « grands témoins ». De quoi développer, selon Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou, des solutions immédiates, mais aussi à moyen et long terme. Dans l’assemblée, certains chuchotent sous leurs masques, que le dispositif, pour lequel un cabinet de conseil lyonnais a été recruté, ne suffira pas à toucher réellement les jeunes délinquants en rupture sociale et scolaire, et parfois en proie à une grande précarité. Un mot qui ne sera pourtant jamais prononcé au cours de la réunion.

Mais le rendez-vous a toutefois fait des heureux, à l’image du capitaine de police Chaharoumani Chamassi. « Oui, cela peut ressembler à ce qui s’est fait par le passé, mais il y a une prise de conscience nouvelle au niveau des élus, qui comprennent enfin que la prévention de la délinquance relève des mairies. Pour une fois, ce n’est pas l’État qui vient les chercher ! » Mais au-delà de chercher, reste à voir si enfin, les solutions seront trouvées. En ce sens, pas sûr que l’atelier rap – un brin stigmatisant –, comme proposé par l’équipe municipale, suffise.

Sénateur Thani : « S’il faut changer la loi, c’est au niveau national »

La petite phrase du préfet a marqué les esprits. Alors que le délégué du gouvernement annonçait quelques semaines plus tôt envisager d’expulser les parents titulaires d’un titre de séjour et dont les enfants seraient impliqués dans des faits de violence, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a brièvement réagit à ce sujet : « S’il faut changer la loi pour permettre la condamnation des parents, et si tant est que cela soit constitutionnel, c’est au niveau national. » Une déclaration qui a fait frémir certains membres de l’assemblée, estimant que la situation migratoire exceptionnelle à Mayotte justifie des exceptions législatives taillées sur-mesure. « Mais on ne peut pas associer les caillassages à la seule immigration », tempère toutefois Laurence Carval, nouvelle directrice de cabinet du préfet. Un contre-pied des déclarations de Jean-François Colombet, qui estimait que la recrudescence des violences était bel et bien liée à l’arrêt des reconduites aux frontières, excluant de facto la possibilité d’une délinquance mahoraise.

la filière bio à Mayotte, bientôt une réalité ?

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Quatorze agriculteurs et quatre partenaires s’étaient donné rendez-vous ce mardi à la SCEA Vahibio, pour signer un passeport bio. Un premier pas qui les engage dans une démarche de conversion, avant la certification et la structuration de la filière sur l’île aux parfums.

Sortie de Vahibé. On accède à la parcelle par une piste de terre rouge cabossée et sinueuse, où les rares morceaux de bitume élimé laissent apparaître ici et là de méchants trous caillouteux. Puis encore quelques mètres à faire au milieu de la brousse, avant un petit saut au-dessus d’un cours d’eau à sec. Quelques pas de plus sur les herbes folles et trois bananiers plus tard, voilà l’exploitation Vahibio ! Presque trois hectares bien touffus, où les manguiers côtoient les jeunes cacaoiers, et où abeilles et papillons viennent butiner les arbres à litchi en fleurs. Ici, tout pousse un peu de façon anarchique. Ou plutôt naturelle. “Vous voyez là, c’est la saison sèche, on n’a même pas désherbé. De toute façon, tant qu’on ne cueille pas, on n’arrache rien !”, lance Dominique Labotte en pointant un versant en friche. “C’est simple, ça fait 22 ans qu’on est sur ce terrain et qu’on ne met rien dessus ! Certains arbres n’aiment pas ça d’ailleurs”, sourit cette convertie à l’agriculture, avec un air espiègle. Rien, cela signifie bien sûr aucun produit chimique ou phytosanitaire.

Et c’est d’ailleurs pour cette raison que Dominique Labotte et son mari Wirdane Mkadara avaient donné rendez-vous à plusieurs agriculteurs ce mardi, pour la cérémonie officielle de signature des passeports “bios”. À l’origine de l’événement, une initiative lancée par les membres du projet partenarial pour la structuration de la filière Fruits et Légumes de Mayotte, que sont la Coopac (coopérative des agriculteurs du centre), l’Ucoopam (union des coopératives de Mayotte), l’EPFAM (établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte), et le lycée agricole de Coconi. Leur projet, financé par le FEADER (fonds européen agricole pour le développement rural) et l’ODEADOM (office de développement de l’économie agricole des départements d’Outre-mer), vise au développement de la production de fruits et légumes pour répondre aux attentes de la population de Mayotte en termes de qualité, quantité et disponibilité. En tout, un budget de 1,1 million d’euros réparti sur trois ans, doit permettre l’accompagnement administratif et technique des producteurs, l’expérimentation de méthodes de production, d’approvisionnement et de commercialisation.

Pas encore de label AB

Aujourd’hui, la première convention arrive à son terme, et l’enveloppe a déjà permis d’accompagner 14 agriculteurs de Mayotte, principalement du centre de l’île. “Beaucoup sont déjà bio techniquement, mais c’est vrai qu’il y a encore du travail à faire sur l’aspect administratif, par exemple sur la compta, sur le suivi des cultures, des choses qui ne sont pas forcément dans la culture mahoraise”, explique Laurent Guichaoua, producteur maraîcher affilié à la Coopac. Or pour bénéficier du petit logo vert “AB” apposé à ses produits, il faut en effet remplir un cahier des charges bien précis, qui fait l’objet d’un contrôle régulier par un organisme certificateur. Et pour les agriculteurs mahorais engagés désormais dans cette démarche, c’est la prochaine étape à franchir. C’est pourquoi un comité de pilotage est prévu prochainement avec la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF), pour expliquer la nécessité de poursuivre leur accompagnement. “D’autant que ce projet a permis de faire du lobbying pour obtenir l’application d’une mesure du PDR (programme de développement rural) à Mayotte, qui rend possible l’aide à la conversion pour les agriculteurs inscrits dans cette démarche bio”, appuie Cécile Morelli, chargée de mission à l’EPN de Coconi.

Des “bio pilotes” pour développer la filière

Cette cérémonie était donc à la fois l’occasion de faire le bilan des actions passées, et de poursuivre cette lancée ensemble, partenaires comme agriculteurs, en signant ce passeport “bio”. Les premiers s’engagent ainsi à continuer leur accompagnement ; les seconds, surnommés pour l’occasion les “bio pilotes”, à communiquer et échanger sur leurs pratiques pour une meilleure diffusion de ce mode de production sur tout le territoire mahorais. “Notre but est vraiment de structurer cette filière de l’amont à l’aval, c’est-à-dire de l’intrant, du produit, au conseil technique jusqu’à la commercialisation”, déroule Pierre-Emmanuel, le coordinateur du projet.

Au moment de signer, les premiers ambassadeurs du réseau ont déjà bien intégré le discours. “Je fais de l’agriculture depuis cinq-six ans et j’ai vu les dégâts avec les produits phytosanitaires donc je n’aime pas ça”, confirme Taoussi, un maraîcher de Mroalé. “Je n’en veux pas car cela fait des dégâts dangereux”, résonne Antouria, qui commence tout juste à cultiver son champ à Combani. Établie depuis un peu plus longtemps, Fatima Daoud a quant à elle deux exploitations et s’est lancée dans le maraîchage depuis trois ans “pas tant car ça me plaît, mais parce qu’il faut bien gagner des sous”.

Le bio, un défi pour les maraîchers de Mayotte

Or, comme l’explique Valérie Ferrier, maraîchère à Combani, ce type de culture, pratiqué de manière intensive et cible des parasites, a plus de difficultés à se passer d’intrants chimique. En 2019, le sénateur Thani Mohamed Soilihi évoquait d’ailleurs cette caractéristique nouvelle pour l’île aux parfums, dans une question adressée au gouvernement. “À Mayotte, où la quasi totalité de la production agricole est destinée à la consommation, on a pendant longtemps estimé que la certification « agriculture biologique » était superflue tant la culture des produits locaux était assimilable à celle des produits biologiques”, rappelait-il en s’appuyant sur une étude publiée en 2017 par la DAAF de Mayotte, qui attestait ce potentiel de labellisation. “Pourtant, depuis quelques années, les services de l’État constatent un recours accru aux produits phytosanitaires, notamment dans le secteur maraîcher”.

D’où le défi qui repose sur les épaules de cette quinzaine d’agriculteurs. Pour eux, le challenge est même économique. “J’ai l’habitude de dire que je fais tout naturellement, mais c’est vrai que certains clients demandent la certification”, acquiesce Fatima Daoud. Surtout, celle qui vend ses produits tous les dimanches au marché de producteurs de Chirongui a vu débarquer une nouvelle concurrence. “Il y a des revendeurs qui viennent, et ça fait un peu peur, tous les produits se mélangent sans distinction”, raconte-t-elle. “Raison de plus pour obtenir la certification !” Reste que la route est longue. D’autres initiatives ont bien été lancées par le passé, mais elles se sont heurtées aux difficultés du territoire, comme l’absence d’organisme certificateur sur place. Résultat, le coût de la certification peut vite revenir cher pour l’agriculteur, s’il faut compter le billet d’avion depuis la métropole… “Mais avec le réseau que nous sommes en train de construire, nous pourrons justement mutualiser ces coûts à l’avenir”, répond Laurent Guichaoua. En attendant le petit autocollant vert, les agriculteurs devront pour l’instant se contenter d’une communication orale, pour informer sur leur démarche de conversion. Et il leur faudra sans doute encore jouer un peu des coudes pour séduire une clientèle en quête de produits sains.

Étudiant en architecture, Nahed Saidali ouvre Six Barbershop à M’Tsapéré

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En plein cœur de M’Tsapéré, un barbershop s’est invité dans le paysage économique du quartier. À sa tête, un jeune étudiant en architecture de 24 ans qui s’est pris de passion pour ce milieu. Moins d’un mois après son ouverture, la nouvelle adresse cartonne déjà. Rencontre.

Tondeuse dans une main, spray dans l’autre, Négro, l’un des deux coiffeurs diplômés avec DT du Six Barbershop, s’évertue à tailler la barbe du client, affalé sur le siège, au millimètre près. Derrière son masque bleu, un large sourire se devine. Lunettes de soleil noires sur le nez, Nahed Saidali s’amuse à immortaliser la nouvelle coupe. En deux clics, le grand gaillard d’1m90 partage la vidéo sur les réseaux sociaux pour en faire profiter la communauté. La communication, c’est son dada. Lui-même le dit, il surfe sur cette vague pour « attirer une clientèle masculine et apporter ce côté soin du visage, un concept encore trop peu présent sur l’île ». Deux semaines après le lancement de son salon, le business tourne déjà à plein régime. « On a une clientèle très diversifiée entre les cheveux typés européens et afro », s’amuse-t-il, au détour d’un pas de danse. Et ce n’est pas l’inauguration de samedi dernier qui dira le contraire… « On a accueilli beaucoup de monde, ça a dépassé nos espérances », avoue le jeune homme de seulement 24 ans, qui a réussi à collaborer pour l’occasion avec Caresse Cream et DJ Madis pour rameuter les troupes. « Ça a créé l’engouement. Ça a coiffé, ça a mangé des glaces ! »

« Une culture très urbaine »

Toute cette folle aventure remonte pourtant seulement au mois dernier lors du retour de ce natif de M’Tsapéré à Mayotte. Avec cette idée bien en tête : ouvrir un barbershop. Un lieu que fréquente chaque semaine à Paris Nahed Saidali. Et surtout inconnu au bataillon sur l’île aux parfums. Banco, l’opportunité fait mouche ! Une fois le local trouvé, les travaux s’enchaînent en un temps record. En moins de trois semaines et demi, l’adresse à deux pas de la mosquée du vendredi et du plateau sportif fait peau neuve. « On a voulu mettre en lumière un concept bien identifié, avec des vrais sièges de barbier, des coiffeurs habillés d’un tablier en cuir et de gants noirs pour créer cette ambiance et s’y fondre. » L’environnement intérieur, lui, plonge les curieux dans un univers à la fois personnalisé et épuré, en attendant l’aménagement mobilier expédié depuis Dubaï, « qui restera minimaliste ». Sa marque de fabrique ! Tout comme la musique, qui relate « une culture très urbaine, avec du rap français et américain ».

Un quartier « au fort potentiel économique »

Si Nahed Saidali réalise un rêve de gosse, lui qui bichonne ses frères et ses cousins à la maison depuis belle lurette, il voit en cette activité une moyen de redynamiser un quartier « en plein boom » et « au fort potentiel économique ». Une manière aussi de montrer l’exemple à l’égard d’une jeunesse parfois désoeuvrée qui côtoie la zone. D’ailleurs, le gérant doit retourner en métropole incessamment sous peu pour débuter son master en architecture et ainsi suivre les traces de son défunt père, à l’origine de l’entreprise Concept Architecture. « Le dessin joue un rôle essentiel dans les deux milieux », explique-t-il avec une pointe de philosophie. Son éloignement de plus 8.000 kilomètres n’effraie en aucun cas l’entrepreneur, bien au contraire. « Je vais pouvoir envoyer du matériel beaucoup plus facilement et surtout concrétiser des projets en cours de finalisation, comme l’utilisation de serviettes chaudes et la coloration. » Et une fois son diplôme en poche, Nahed Saidali n’aspire pas à faire de vieux os en Hexagone et compte bien revenir aussi sec dans le 101ème département, pour poursuivre son expansion. Avec pourquoi pas, un développement « d’ici deux ou trois ans dans le centre de Mamoudzou, à Combani ».

Éducation : les protocoles sanitaires font grincer les dents des syndicats de Mayotte

Alors que l’épidémie semble repartir au niveau national, le ministère de l’Éducation a publié un nouveau protocole allégé pour les écoles primaires et élémentaires. Des mesures que les antennes syndicales locales jugent trop peu strictes, alors que les protocoles initiaux peinent déjà à être respectés pour assurer la santé de tous. Et que Mayotte n’est toujours pas passée au vert…

Et un de plus ! Ce mardi, un nouveau protocole sanitaire allégé entre en vigueur dans les écoles primaires et élémentaires. L’annonce, formulée par le ministre de la Santé Olivier Véran à la suite de la publication d’un nouvel avis du Haut conseil pour la santé publique publié jeudi, a été confirmée dimanche soir par le ministère de l’Éducation. Désormais, si un enfant est positif au Covid-19, sa classe pourra « continuer de se tenir normalement pour les autres élèves, qui ne sont plus considérés comme cas contacts », précise le communiqué. L’élève qui présente des symptômes pourra revenir à l’école si ses parents attestent par écrit avoir consulté un médecin et qu’un test n’a pas été prescrit ; ou bien, à défaut, sept jours plus tard s’il ne présente plus de symptôme. Quant aux cas contacts, ils peuvent désormais retrouver les bancs de l’école sept jours plus tard, sans passer obligatoirement par la phase coton-tige (s’ils n’ont pas de symptôme). Par ailleurs, la fermeture d’une classe ou d’une école pourra être décidée seulement à partir de trois cas confirmés.

Tout dépend du masque

Une énième mouture qui fait s’arracher les cheveux à Henri Nouri, secrétaire départemental du SNES-FSU. “Les textes changent sans arrêt ! À force, c’est très difficile à suivre pour les collègues, surtout quand vous n’êtes pas affilié à un syndicat et que vous n’êtes pas habitué à vérifier les nouvelles dispositions tous les quatre matins”, déplore-t-il. Trop tirés par les cheveux, ces protocoles publiés à la chaîne ? Ce n’est toutefois pas l’avis de Gilles Halbout, le recteur de Mayotte. Au contraire, le nouveau texte “clarifie surtout les choses”, souligne le responsable de l’Académie. “Dans la limite où nous portons un masque pour éviter la diffusion du virus quand nous sommes dans un lieu qui accueille du public sans pouvoir assurer le respect de la distanciation physique, si un cas Covid est détecté et qu’il portait un masque, on part du principe qu’il ne l’a pas diffusé dans son entourage”, déroule-t-il. En résumé, désormais, une personne qui avait un masque n’est plus considérée comme un “cas contact à risque”. Une nouvelle dénomination qui simplifie sans doute le laborieux travail de contact tracing ! Et la même logique s’applique pour les plus jeunes, de moins de 11 ans, qui n’ont pas l’obligation de se couvrir le visage et qui “diffusent très peu le virus”.

Peu de transmission par les enfants

C’est d’ailleurs ce qu’explique le nouvel avis du Haut conseil à la santé publique dans son avis complémentaire du 17 septembre sur les stratégies de prévention de la diffusion du Sars-Cov-2 en EAJE (établissement d’accueil du jeune enfant) et milieux scolaires : “Le HCSP prend en considération que les enfants sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la transmission du SARS-CoV-2. Le risque de transmission existe surtout d’adulte à adulte et d’adulte à enfant et rarement d’enfant à enfant ou d’enfant à adulte”, décrit l’instance. Du coup, un enseignant de maternelle ou de primaire muni de son masque ne sera plus considéré comme cas contact même s’il a cotoyé un enfant positif au Covid-19 et il n’aura plus à s’isoler. Et sa classe n’aura donc plus à fermer faute de maîtresse ou de maître !

Aucune classe fermée à Mayotte

Car ces nouvelles dispositions visent aussi à assurer la continuité pédagogique et éviter de laisser les enfants sur les bras de parents à cause de fermetures inopinées. À Mayotte, les quelques fermetures de classe ou d’école sont d’ailleurs plus liée à cette absence de personnel qu’à de véritables clusters. Au collège de Mtsamboro, par exemple, seul établissement scolaire ayant dû fermer totalement ses portes jeudi et vendredi derniers, l’absence de trois personnels de la vie scolaire pour suspicion de Covid rendait difficile la tenue normale des cours. “C’était une fermeture provisoire le temps d’avoir les résultats de leurs tests, et de fait, ils étaient tous négatifs”, relève Gilles Halbout. De plus, aucune classe n’est actuellement fermée. “Et si l’on enlève le cluster des professeurs de sport de la rentrée, on doit avoir une dizaine de cas que nous suivons à ce jour, ce qui n’est pas énorme.”

Simple grippette ?

Reste que les syndicats n’en dorment toujours pas sur leurs deux oreilles. “Les collègues sont inquiets, nous avons des classes surchargées… On joue avec la santé des gens. Soit on dit que c’est un virus dangereux et on prend des mesures strictes, soit ce n’est qu’une simple grippette, mais je crois qu’il s’agit de plus que cela”, lâche Laurent Draghi, secrétaire académique à Sud Éducation Mayotte. Son syndicat s’est d’ailleurs fendu d’un communiqué ce dimanche, pour dénoncer le “flou” des “protocoles mis en place”, et “le sentiment que la réalité dans les établissements scolaires est passée sous silence”. “On a des témoignages qui nous remontent, à Dembéni, à Chiconi, un peu partout sur l’île et les classes ne ferment pas”, rapporte encore le représentant syndical, qui demande un protocole plus strict et rigoureux. Par exemple sur les masques, car “on a donné des masques aux élèves, mais on sait bien qu’ils ne sont jamais lavés. On devrait leur en donner chaque jour à l’entrée, les récupérer à la sortie et les laver pour le lendemain”. Même son de cloche chez son homologue de la SNES-FSU : “les protocoles qui se sont succédé ont vu un allègement progressif des conditions pour en arriver au masque, protection ultime !”, grince-t-il. Un bout de tissu qui aura décidément gagné en lettres de noblesse depuis le début de la crise…

Un master de CUFR fermé ce lundi par mesure de précaution

C’était l’autre exemple brandi par le secrétaire académique de Sud Éducation pour rappeler que le virus circule toujours. “On entend parler de cas Covid depuis la fin de la semaine dernière, résultat, des cours sont arrêtés seulement aujourd’hui. Il y a un temps d’attente trop long entre le moment où on établit le constat, celui où on transmet l’information à l’ARS et au Rectorat, et la décision”, avance Laurent Draghi. Contacté, le directeur du centre universitaire confirme la fermeture ce lundi du master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) à cause de deux cas confirmés positifs entre “hier soir et ce matin”. D’après le Rectorat en milieu de journée ce lundi, une troisième personne était dans l’attente du résultat de son test. “En lien avec l’ARS et le Rectorat, nous avons donc pris la décision de fermer juste cette filière, par mesure de précaution, le temps de mener l’enquête sur les cas contacts.” Le master regroupe deux années, avec tout de même quelque 200 élèves chaque… “Mais nous travaillons avec l’agence de santé, et grâce aux emplois du temps nous pouvons rapidement savoir quel étudiant assistait à quel cours, et il faut aller déterminer si le cas positif portait son masque”, développe-t-il. Et de rappeler que le masque est obligatoire dans l’enceinte de l’université. “Si le masque est porté, il y a peu de chance d’avoir des contacts à risque.”

Alignement des droits : le statut très particulier des travailleurs du secteur privé à Mayotte

On entend souvent dire que les travailleurs du secteur privé à Mayotte sont défavorisés si on les compare à ceux du reste du territoire national. En effet, plusieurs avantages sociaux et salariaux ne leur sont pas attribués, et cela engendre des grèves incessantes. Presqu’aucun secteur du privé n’est pas épargné par une grogne dénonçant le caractère discriminatoire du régime mahorais, alors, concrètement, de quelles manières se caractérisent ces inégalités ? Explications.

Pour les syndicats de Mayotte, le combat est toujours le même depuis des dizaines d’années. Ils veulent que les salariés de l’île bénéficient des mêmes droits que ceux de l’hexagone et des autres territoires de l’Outre-mer. Et le chemin est encore long. « Le Medef et la Dieccte voudraient qu’on ait des accords locaux, mais nous nous sommes rendus compte qu’en faisant cela, nous sommes écartés lors des mises à jour nationales. Maintenant, on veut éviter d’avoir des spécificités », explique Antoine Tava, secrétaire général adjoint de la CFDT Mayotte. « Cette différenciation est avantageuse pour les entreprises. Elles ne veulent pas s’aligner sur les modèles nationaux parce qu’elles se font beaucoup de marges avec le système actuel », ajoute, El Anzize Hamidou, secrétaire général d’UD-FO. Code de la sécurité sociale, conventions collectives nationales, code du travail, SMIC, retraite, tous ces aspects qui régulent le monde du travail posent problème chez nous. Certaines garanties sociales sont tout bonnement inexistantes quand presque toutes les autres ont des spécificités. « En 2012, les agents de la Caisse de sécurité sociale ont réussi à avoir les mêmes droits que leurs collègues du territoire national en obtenant l’application de la convention collective nationale, mais ils se sont battus pendant 20 ans pour y arriver », rappelle El Anzize Hamidou. Le groupe Total a également été contraint d’appliquer la convention collective nationale, car il n’a pas de concurrents sur l’île. Récemment, les transporteurs scolaires ont obtenu gain de cause en signant l’application de la convention collective nationale, même si elle n’est effective qu’en partie. Les autres domaines se battent encore, mais selon les différents syndicats, le Medef serait opposé à cette uniformisation. Sa présidente, Carla Baltus s’en défend en expliquant que le patronat comprend ces revendications, mais qu’il ne faut pas précipiter les choses. « On échange souvent avec les partenaires sociaux parce qu’on a aussi cette volonté d’aller vers une convergence. Mais ils souhaitent que ça soit plus rapide, alors que nous prônons la progressivité parce que nous pensons à la santé financière des entreprises. Si on applique immédiatement les conventions collectives nationales, combien d’entreprises vont supporter cette hausse de charge qui peut être de l’ordre de 50% ? On comprend les droits des salariés, mais on leur demande aussi de comprendre les difficultés », a-t-elle indiqué sur les ondes de Mayotte la 1ère. De leur côté, les syndicats ne comprennent pas cette volonté, répétée depuis trop longtemps à leur goût, d’aller progressivement. Et demandent au gouvernement de prendre la main afin d’obliger tous les secteurs à s’aligner sur les modèles nationaux. « Sinon à quoi bon avoir départementalisé Mayotte si ensuite on lui refuse les mêmes droits que les autres ? Nous voulons une République unie et indivisible. Nous ne voulons plus être écartés », clame le secrétaire général d’UD-FO.

Le code de la sécurité sociale

Le code de la sécurité sociale est l’illustration parfaite des différences entre les travailleurs mahorais et ceux du reste de la France, puisqu’il n’est tout simplement pas appliqué à Mayotte. Pourtant, il est en quelque sorte la bible des droits sociaux des salariés. Tous les chemins mènent au code de la sécurité sociale. Sa non-application engendre la perte de certains droits à l’exemple des congés paternité accordés aux hommes. « À Mayotte, lorsque vous êtes père, vous pouvez prendre les 3 jours de déclaration uniquement sécurisés par le code du travail. Les 11 jours restants sont régis par le code de la sécurité sociale. Mais, comme il n’est pas appliqué à Mayotte, si vous prenez ces 11 jours, ils seront considérés comme des absences justifiées qui ne seront pas payées. Par conséquent, beaucoup de parents y renoncent », explique Antoine Tava, le secrétaire général adjoint de la CFDT Mayotte.

Les conventions collectives nationales

L’application des conventions collectives nationales est une revendication qui revient régulièrement lors des conflits entre une entreprise et ses salariés. Pourtant, à en croire Antoine Tava, demander leur mise en vigueur n’est pas une bonne stratégie. « L’application des conventions peut apaiser les tensions, mais ce n’est pas le plus important. Le plus important reste le code de la sécurité sociale qui va gérer tout cela. La plupart des garanties des conventions collectives sont régies par le code de la sécurité sociale. » Or, si ce dernier n’existe pas sur l’île, ces conventions seraient comme des coquilles vides. De plus, aucune entreprise n’est prête à se porter volontaire pour être la seule à appliquer une convention alors que ses concurrents du même secteur ne le font pas. « Par exemple, le groupe Bourbon distribution Mayotte ne va pas le faire alors que Sodifram ou Somaco ne le font pas. Ce n’est que le code de la sécurité sociale qui peut obliger toutes les entreprises à s’aligner », précise Antoine Tava.

Le code du travail

Jusqu’au 1er janvier 2018, le code du travail national n’était pas en vigueur dans le 101ème département de France. Depuis cette date, il existe un code du travail spécifique à Mayotte, mais il n’est pas encore parachevé. « Il reste encore des instances à mettre en place comme la CPRI (commission paritaire régionale interprofessionnelle) qui n’a toujours pas vu le jour alors qu’elle permet d’arbitrer les TPE (Très petites entreprises) », explique Antoine Tava. Avant ce code du travail, le statut d’auto-entrepreneur, notamment, n’existait pas à Mayotte jusqu’au mois de mai 2020, où il a été mis en place.

Le SMIC

Le Smic brut de Mayotte est différent du Smic brut de l’hexagone. Au 1er janvier 2020, sur l’île, il s’élève à 7,66€ brut par heure, contre 10,15€ à l’échelle nationale y compris dans les DOM et certaines collectivités d’Outre-mer. Une différence de presque 360€ mensuel sur la base de la durée légale de travail de 35 heures par semaine. Cet écart passe à 150€ par mois lorsque le SMIC est converti en net car le taux de charges salariales des travailleurs n’est que de 8% chez nous contre 22% partout en France. « Tant qu’on n’aura pas le taux de cotisation égal à celui du national, on aura toujours un SMIC différent », souligne le secrétaire général adjoint de la CFDT Mayotte. Il s’agit en réalité d’un cercle vicieux. Les salariés mahorais ont un Smic plus bas car le taux de cotisation est plus bas. Mais ce taux de cotisation est en dessous du national car le Smic de l’île est en dessous. Cette différence pose un autre problème puisque de nombreuses indemnisations s’appuient sur le Smic brut à l’image du chômage partiel. Les sommes perçues par les travailleurs de l’île sont par conséquent inférieures à celles des autres.

La retraite

La retraite fait également partie des exceptions mahoraises. Le plafonnement du taux de cotisation à la caisse de retraite en serait la cause. Résultat, les pensions sont en moyenne de 500 euros sur l’île, contre 1.472 euros bruts au niveau national. Pourtant, tous les syndicats s’accordent à dire que les salariés du privé sont prêts à débourser plus pour préparer leur avenir. « Dans le privé, les employeurs prétendent que les agents vivront mal cette augmentation de cotisation car cela aura un impact sur leur pouvoir d’achat. Ce qui est faux car lorsque les agents du secteur public ont été alignés sur le système national de retraite, ils ont compris et accepté », rappelle Ousseni Balahachi, secrétaire général de la CFDT Mayotte. Les retraites très basses seraient le fruit d’une mauvaise volonté et d’une mauvaise stratégie de la part du patronat, selon Antoine Tava. « Le Medef ne voit pas sur le long terme et c’est très dangereux parce que beaucoup d’agents qui sont en âge de partir à la retraite ne le font pas parce qu’ils vont recevoir une retraite qui ne leur permettra même pas de payer leurs loyers. » Un employeur peut obliger un salarié à partir à la retraite uniquement à partir de 70 ans. Pendant ce temps, le chômage des jeunes ne cesse d’augmenter puisque les places ne se libèrent pas pour eux.

« Célébrer quelque chose qui est vraiment le reflet de la culture mahoraise »

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Le week-end dernier se déroulaient les Journées européennes du patrimoine. Malgré les répercussions de la crise sanitaire, bon nombre de communes et d’associations ont joué le jeu pour proposer des animations et des activités aux visiteurs. En charge du patrimoine immatériel à la direction des affaires culturelles de Mayotte, Arnauld Martin relate les premiers retours de cette 37ème édition et se tourne déjà vers l’année prochaine.

Flash Infos : Quel bilan tirez-vous de ces journées européennes du patrimoine (JEP) consacrées à la culture « malagasy » ? Que retiendrez-vous en particulier ?

Arnauld Martin : À l’heure actuelle [lundi soir], nous avons le retour de comptage de cinq porteurs de projet sur les 17 recensés. Toujours est-il que ces premiers éléments sont quand même intéressants : en tout, nous avons comptabilisé 893 visiteurs, sachant que cela représente à peine un tiers des sites. Par exemple, le Muma, le musée de Mayotte, a reçu 537 personnes, ce qui est proche des chiffres de fréquentation des années précédentes ! Musique à Mayotte a accueilli 107 visiteurs, le lycée de Coconi, avec ses activités de découvertes, a vu 40 visiteurs pointer le bout de leur nez. Mais de toute façon, nous ne sommes pas dans une logique de chiffres.

Pour avoir visité plusieurs sites le samedi et le dimanche, nous retenons l’engouement du public, qui a dégagé une sensation de joie et une volonté de célébrer quelque chose qui est vraiment le reflet de la culture mahoraise. Les JEP mettent en avant le patrimoine immatériel mahorais, qui fait partie de la culture quotidienne, à l’instar de la langue, du savoir-faire… Il y a une grande fierté à mettre en avant cette culture quotidienne dans le patrimoine immatériel.

À Mayotte, nous ne venons pas spécialement visiter des monuments, mais plutôt constater que nous avons une richesse culturelle qui n’a pas toujours été bien traitée au cours de l’histoire. Les Mahorais ont souvent été dénigrés par le passé à ce sujet. Or, les JEP démontrent bel et bien le contraire. Pour moi, c’est vraiment ça l’important à retenir !

FI : Sur les neuf communes ayant participé à l’événement, lesquelles ont accueilli la plus grande affluence ? Quels sites ont le plus intrigué les visiteurs ?

A. M. : À chaque endroit, il y avait « beaucoup » de monde, et notamment une participation assez marquée à Mamoudzou, à Bandrélé, à Chirongui… Après, ce ne sont pas des foules, car les porteurs de projets avaient des restrictions quant au nombre de participants. Mais, je dirais que toutes les grandes communes qui ont organisé des activités ont reçu du monde.

À Mamoudzou, l’ensemble des activités était réuni sur l’ancienne place du marché avec un chapiteau, des démonstrations, des expositions… Il s’agit d’un lieu très central qui a accueilli des gens en continu venus découvrir des aspects du patrimoine parfois méconnus. À l’écomusée du sel à Bandrélé, il y avait la possibilité de voir le travail des « Mamas shingos », les ateliers de musique et de danse, la gastronomie. Concentrer toutes ces activités au même endroit a permis de fidéliser les visiteurs. Choisir ce principe de foyer a été payant. Les Naturalistes ont également proposé des sorties en bateau pour visiter l’îlot Mbouzi. La quarantaine de curieux a partagé une expédition qualitative avec l’histoire de ce site. À Dembéni, le village d’Iloni a participé aux JEP pour la première fois. Forcément, ça attire, ça mobilise et ça motive. Cette réappropriation du savoir-faire de l’association témoigne de cette reprise en main du patrimoine par les Mahorais. À Chirongui, la commune a un service patrimoine, donc il y a eu une manifestation centralisée autour du pôle culturel, mais aussi des animations dans la mangrove. Cela a répondu à différentes demandes. Certains ont préféré la randonnée dans les hauts de la commune tandis que d’autres ont privilégié l’aspect foire artisanale et spectacle. En clair, il y en a eu pour tous goûts et tous les publics.

FI : Comment comptez-vous vous y prendre pour fédérer encore davantage les partenaires et les institutions, à l’instar du rectorat, l’année prochaine ?

A. M. : Nous nous y prendrons plus tôt pour mobiliser les acteurs. À la direction des affaires culturelles, nous souhaiterions réunir les porteurs de projets dès le premier trimestre de l’année 2021 pour mieux travailler sur l’harmonisation des programmes et la communication, qui a été rendue compliquée.

Avec le rectorat, le problème est que les JEP tombent très tôt après la rentrée scolaire donc les enseignants n’ont pas tous la possibilité de s’organiser. Mais cela pourrait leur permettre de lancer un projet pédagogique mené sur toute l’année.

Après bien sûr que nous aimerions que d’autres partenaires ouvrent leur porte. J’ai vu qu’EDM avait tourné un film sur sa centrale des Badamiers en Petite-Terre. Ce serait génial que le public puisse s’y rendre pour la visiter. Je pense aussi à la Légion étrangère ou à Mayotte la 1ère. Ce sont autant de pistes que d’institutions que nous allons solliciter dans les prochains mois, en amont de la prochaine édition.

Enfin, l’objectif est d’inciter les associations et les mairies à pérenniser ces activités tout au long de l’année pour en faire bénéficier les scolaires et le plus grand nombre. Il y a une envie d’activités qui est débordante à Mayotte et le travail des associations est extraordinaire de ce point de vue-là !

SMEAM : la nouvelle équipe face à une situation catastrophique

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Les élus arrivés fin juillet sur les bancs du syndicat des eaux sont tombés des nues face à l’ampleur des problèmes qui touchent la structure. Rapports à l’appui, ils dénoncent la gestion calamiteuse de l’ancienne équipe, qui les pousse aujourd’hui à jouer la carte de la transparence, pour restaurer la confiance. Et tenter de sauver le syndicat…

On leur a refilé la patate chaude, et ça, la nouvelle équipe du SMEAM entend bien le faire savoir. C’est pour cette raison qu’elle avait donné rendez-vous à la presse vendredi à Kawéni, pour présenter la “situation réelle” du syndicat. Et elle n’est pas belle à voir. “Nous avons été élus pour être transparents et dire la vérité”, a d’abord introduit le nouveau président et actuel maire de Bandraboua, Fahardine Bacar. Avant de lâcher, sans détour : “nous avons hérité d’une situation que l’on connaissait plus ou moins, mais on s’est vite rendu compte de l’ampleur des problèmes au sein du syndicat. La situation est si critique, qu’il se pourrait que nous ne puissions pas payer les salaires des agents le mois prochain…”, souffle l’élu.

Plus payer les salaires ! Silence dans l’assistance. Mais si l’annonce fait son effet, il faut toutefois rappeler que ce n’est pas la première fois que les voyants clignotent rouge au sujet de l’ex-SIEAM, devenu le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte au 1er janvier 2020 avec l’intégration des intercommunalités. Déjà en 2018, la Chambre régionale des comptes étrillait les nombreux dysfonctionnements au sein de la structure, censée exercer les compétences en matière d’eau et d’assainissement déléguées par les 17 communes de l’île. Au vu d’une gestion “lacunaire” et d’une évolution de sa trésorerie “préoccupante”, “le syndicat pourrait être confronté à une cessation de paiement”, avertissait déjà la chambre.

Dette et gestion magnégné

Deux ans après et deux autres rapports incendiaires au compteur, on peut dire que les sages ont visé juste. Le syndicat fait face à une situation financière catastrophique, dont la nouvelle équipe a eu le plaisir de découvrir l’étendue au moment de la publication d’un nouveau rapport, paru en août 2020 celui-là. On y apprend entre autres joyeusetés que les factures impayées s’élèvent à plus 23 millions d’euros pour un total de dettes qui frôle les 40 millions d’euros. Pire, à cause de cette fameuse gestion “magnégné”, le syndicat pourrait perdre des subventions à la pêle, faute d’un suivi régulier des opérations d’investissement permettant le respect des délais, ou encore à cause du non-respect des règles des subventions.

Le contrat de progrès de 2018, passé en urgence après le crise de l’eau de 2017 et qui devait permettre d’améliorer la situation du territoire en matière d’eau potable et d’assainissement, pourrait même être remis en cause, car le syndicat serait dans l’incapacité de le poursuivre, note le rapport de la CRC. Ce contrat, d’un montant de 140,5 millions d’euros sur trois ans (2018-2020) doit être renégocié. Or, “sur l’année 2020, l’intégralité des investissements programmés et en cours d’exécution sont financés à 100% par l’État”, révèle le président du SMEAM. Ce n’est pas comme si Mayotte, qui s’apprête par ailleurs à vivre une nouvelle crise de l’eau, pouvait faire l’économie de ces investissements stratégiques pour le territoire…

Petit chèque à Vinci

“Vraiment, tous les jours, nous apprenons de nouvelles choses”, complète avec effarement la première vice-présidente en charge de l’eau potable, Aminat Hariti. Comme ce petit chèque adressé à l’entreprise délégataire, alors même que Vinci doit s’acquitter d’une redevance trimestrielle de 2,4 millions d’euros. Cadeau de départ, bons comptes entre amis, ou solde de tout compte ? L’histoire ne le dit pas, mais l’ex-président du syndicat, directement visé par la nouvelle équipe, aurait ainsi signé juste avant son départ un accord pour reverser 1,9 millions à la maison-mère de la SMAE. “Paraît-il pour rembourser la dette, mais on ne comprend pas”, tente d’expliquer Aminat Hariti. “Et si c’est un acte sur lequel on ne peut pas revenir, la situation financière à court terme risque d’être d’autant plus tendue.” D’autant plus qu’il ne s’agit pas là des seuls déboires du syndicat. Le rapport de la Chambre régionale des comptes mentionne aussi les “travaux de débroussaillage, dépenses de formation sans réalisation effective, voyages et déplacements en métropole, à Madagascar, en Inde, ou encore (une) flotte de 34 véhicules pour 105 agents”, sans compter la gestion des ressources humaines qui “souffre d’irrégularités et d’effectifs élevés”.

40 à 50 ans pour rembourser la dette

Le drame de l’histoire ? Ce sont les Mahorais qui devront payer, si ce n’est déjà le cas, les pots cassés. “Nous avons un réseau qui est défaillant, et aujourd’hui nous le voyons bien avec les coupures. Certes, certaines visent à économiser la ressource. Mais ne nous mentons pas, d’autres sont bien le fait de problèmes techniques”, décoche la vice-présidente. Et d’évoquer à titre d’exemple, les réservoirs, d’une autonomie de 4h seulement dès qu’une intervention d’urgence doit être effectuée. Pour tenter de sortir la tête de l’eau, la nouvelle équipe planche d’ores-et-déjà sur un plan de redressement et un schéma directeur, pour préparer les investissements sur le long terme. Mais avant toute chose, il faut “sauver le SMEAM”. Et pour ce faire, “il nous faut au moins 80 millions d’euros d’emprunts. Or ces dettes-là, ce sont les Mahorais qui vont les payer, sur quarante voire cinquante ans”, signale Fahardine Bacar. La facture d’eau, déjà cible des commentaires les plus hargneux, pourrait devenir encore plus salée…

Pas d’investissement depuis 2001

Une nouvelle qui risque bien de faire du bruit dans les chaumières, alors que le spectre de la crise de 2017 pointe à nouveau le bout de son nez. Les deux retenues collinaires sont presque vides, l’usine de dessalement de Petite-Terre ne produit que 2.300 m3 contre les 5.300 m3 qui étaient prévus, tandis que l’usine de dessalement de Grande-Terre et la troisième retenue collinaire restent de beaux projets, mais sur le papier. “Les derniers investissements datent de la période 1994-2001. Depuis, aucun gros investissement n’a été mené à part quelques forages. Nous subissons aujourd’hui ces manques d’investissement”, analyse Aminat Hariti. Or, même en prenant le problème à bras le corps et en utilisant efficacement les quelque 40 millions d’euros qui resteront de l’emprunt de 80 millions d’euros, il faut sept ans pour construire une retenue collinaire, relève le DGS Ibrahim Aboubacar.

Bref, la nouvelle équipe du SMEAM a du pain sur la planche. Et cette réunion “transparente”, pour “rétablir la confiance”, était sans doute une manière de rappeler qu’elle n’en était pas la seule responsable. Dans le viseur des élus, l’ancien président Moussa Mohamadi Bavi, qui tente d’ailleurs depuis l’élection fin juillet de contester les résultats, car le quorum n’aurait pas été respecté. Mais pour les nouveaux venus, c’est presque le cadet de leur souci. “Oh vous savez, cette plainte, il a quand même peu de chance de la voir aboutir. Surtout quand on voit ce bilan…”, ironise un délégué de Pamandzi. Prêt à se retrousser les manches et à sauver le SMEAM ? “Inch’Allah !”

Le BTS commerce international fait sa première rentrée à Mayotte

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Vendredi dernier, le lycée Mamoudzou Nord faisait honneur aux étudiants qui ont in-tégré le BTS commerce international. Cette formation est une première sur le terri-toire et les étudiants sont déterminés à en faire un véritable succès. Pour cela, ils peuvent compter sur les entreprises qui ont accepté de les embaucher le temps de leur formation.

Ils sont 16. 11 jeunes femmes et 5 jeunes hommes qui vont vivre une expérience inédite à Mayotte. Ils sont les tous premiers étudiants en BTS commerce international au lycée Mamoudzou Nord, mais surtout sur l’île. Cette nouvelle formation leur a permis de choisir Mayotte face aux nombreuses tentatives d’une vie ailleurs, à La Réunion ou dans l’hexagone. “ Je conseillerai à tous ceux qui veulent faire un BTS commerce international de tenter leur chance ici. Il ne faut pas tout le temps vouloir partir, il y a aussi de belles choses chez nous ”, clame fièrement Amar devant ses camarades, son proviseur, ses profes-seurs, les entreprises, les instituions partenaires et le recteur. D’autres voient en cette formation des chances de mieux réussir leur parcours. “ Il y a trop d’élèves qui échouent en métropole. Ici, je suis plus tranquille, je n’ai pas à me soucier des problèmes d’argent et je peux mieux me concentrer dans mes études ”, explique Oumaya, également étudiante.

Ces jeunes ne sont pas de simples étudiants, mais des apprentis. Tous ont été acceptés en alternance dans différentes entreprises: Total, EDM, Groupe 3M, Carla Mayotte Trans-ports Baltus, Maison des livres ou encore Bureau vallée, pour ne citer qu’eux.

La particularité de cette classe réside également dans la diversité des profils des élèves. Ils viennent de filières complètement différentes. Certains sont issus d’un bac littéraire, d’autres d’un bac scientifique, économique et social ou encore STMG. Alors pour certains, les matières du BTS commerce international sont une nouveauté pour eux. “ À part les langues, tout est nouveau pour moi. Le marketing est un peu difficile mais je sais que je vais y arriver”, se rassure Oumaya, issue d’un bac L.

Un accompagnement crucial

Le proviseur du lycée Mamoudzou Nord, Patrick Loval, ne le cache pas, il aurait été impossible pour lui et le rectorat de mener à bien ce projet sans l’aide de leurs partenaires. “ On n’aurait pas pu le faire sans l’appui des entreprises, la CCI et le Medef qui nous a aussi aidé financièrement.” Le Medef a surtout encouragé les entreprises à accepter les étudiants en alternance malgré leur santé financière mise à mal par la crise sanitaire. Les entreprises ont dû également accepter le fait que leurs nouveaux collaborateurs s’absentent 8 semaines pour effectuer un stage à l’étranger. “L’idéal aurait été qu’ils effectuent leur alternance dans une société d’import-export, mais il n’y en a pas tant que ça sur le territoire donc les entreprises ont accepté que les élèves aillent faire leur stage ailleurs dans une autre entreprise ou une succursale ”, explique le proviseur.

Ce BTS commerce international est une première à Mayotte, mais l’objectif est de le développer afin de l’inscrire dans la durée. Un véritable défi pour l’enseignement et les entreprises puisque le concept d’apprentissage “est récent sur le territoire”, selon le recteur de l’académie. Pour cette rentrée, 300 étudiants sont en apprentissage à Mayotte. Un chiffre non négligeable quand on sait les difficultés financières qu’ont rencontré les entreprises pendant la crise Covid-19.

Mayotte : Éole 1er en plein cœur du cratère de Moya 2

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Pour la première fois de sa jeune existence, le catamaran Éole 1er s’est engouffré dans le cratère de Moya 2. Une aventure dont rêvait son capitaine Patrick Varela qui a souhaité médiatiser cette étape pour rappeler les trésors cachés sur l’île aux parfums. Plongeon dans un écrin multicolore à bord de ce navire de 16 mètres.

Jeudi, 16h. Sur le ponton de Mamoudzou, un silence de cathédrale règne. Les clapotements de l’eau sur l’enfilade de bateaux restés à quai répondent coup pour coup aux moteurs de la barge. Comme un air de calme avant la tempête. L’unique rescapé du port se nomme Marco. Au téléphone, le regard rivé vers l’horizon, le gérant de Cétamayotte grille sa tige. « J’attends les journalistes et je te rejoins », glisse-t-il entre deux taffes. À l’autre bout du fil, Patrick Varela, le capitaine d’ Éole 1er. En plein cœur du cratère de Moya 2 avec son catamaran, il attend ses passagers avec impatience pour partager cette aventure unique, rendue possible grâce aux grandes marées. « S’il y a trop de vagues, je ne prends aucun risque et je rentre au bercail », annonce celui qui est labellisé High Quality Whale-Watching. Ni une ni deux, le petit groupe de trois personnes embarque à bord du zodiac et fonce vers Petite-Terre. « Tout le monde sait nager ? », demande-t-il malicieusement. Un « oui » timide s’envole avec le vent. Sorti du lagon, les murs d’eau se fracassent sur la coque. La traversée est rude mais le jeu en vaut la chandelle. 20 minutes plus tard, l’étape ultime se profile avec l’entrée à l’intérieur de l’anse. Le mât rouge pétant se dessine au loin. Les moteurs vrombissent une dernière fois pour l’atteindre. Et quelques sauts plus tard, la petite embarcation se retrouve nez à nez avec le mastodonde, arrivé tout droit du Sri Lanka en décembre 2017.

Sourire jusqu’aux oreilles, Patrick Varela et sa femme Gwen accueillent les passagers du jour à bord de son daily charter. Alors que des séries de déferlantes s’écrasent sur le bi-coque, le capitaine, mains sur les manettes, effectue deux-trois manœuvres pour positionner son « bébé » et profiter de la vue à 360 degrés qui s’offre à lui. Ce rêve, vieux de trois ans, se réalise enfin. « Je voulais absolument rentrer dans ce site paradisiaque, surtout que ce catamaran est beaucoup plus maniable que le catamaran de croisières que nous avons. » Le spectacle est tout simplement saisissant, avec une mangrove en plein essor, des falaises de poudre friables, une plage recouverte, des têtes de tortues… Et surtout « ce fer à cheval qui s’ouvre sur l’océan », dit-il l’air ébahi.

« Dégager une image positive »

Avec des yeux d’enfant, le navigateur se réjouit de cette expérience. Qu’il souhaite partager avec le plus grand monde. « J’ai voulu attirer l’attention de milliers personnes qui ne sont pas forcément toujours au courant de la présence des trois cratères sur l’île [Dziani, Moya 1 et 2, ndlr]. » De ce fait, Patrick Varela se la joue pédagogue pour « faire découvrir des endroits parfois méconnus » dans le but de « dégager une image positive de Mayotte », en cette période troublante. « En ce moment, il y a trop de délinquance et de violences relatées dans les médias. Cela me fatigue… Il faut montrer qu’il n’y a pas que cela », souligne-t-il en balayant de la main le spot autour de lui.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Après plus d’une heure de parenthèse, l’eau redescend à vitesse grand V. « Nous avons perdu 50 centimètres en seulement quelques minutes. Il va falloir se dépêcher sinon, nous allons rester bloqués », annonce Patric Varela, pris entre l’envie de prolonger cet instant magique et la peur de le voir virer à la catastrophe. Et c’est sous les couleurs orangées du coucher de soleil, que le cataramaran rouge vogue vers de nouveaux horizons, s’éloignant d’un bleu saissisant qui restera à jamais gravé dans la mémoire de Patrick Varela, complètement conquis par cette opportunité, qui « malheureusement ne se présente pas souvent ». Mais qu’il ne manquera pas de raconter dans les moindres détails à sa clientèle.

Mobilisation du 17 septembre : le grand soir attendra

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L’appel des syndicats à la mobilisation massive a trouvé un écho relativement faible chez les salariés du public et du privé. Alors même que le mouvement national était l’occasion de porter des revendications spécifiques et justifiées quant au droit du travail à Mayotte.

Clac ! Au son du déclencheur, les visages réjouis se tournent vers la caméra. Ça prend la pause, ça tire sur son drapeau rouge ou orange, ça alpague les camarades. “Viens, une photo pour le patron !”, rigole une bande de syndicalistes, avant de reprendre tranquillement sa marche autour du rond-point de la barge. L’ambiance est plutôt bon enfant mais derrière les blagues et les tapes dans le dos, les revendications sont sérieuses. “Il faut qu’on montre qu’on est là, qu’on ne lâche rien”, poursuit plus calmement Moussa*, un chauffeur de poids lourd qui défile derrière les bannières de la CGT.

Coïncidence cocasse, le petit cortège passe alors pour la troisième fois devant le panneau publicitaire Stop Insectes : “On leur en fait voir de toutes les couleurs !” En guise de couleurs, la manifestation du jour est certes plutôt servie, les bandeaux oranges de la CFDT flottant aux côtés des nuances rouges de la CGT et de Force Ouvrière. Une fois n’est pas coutume, les uns et les autres battaient le pavé ensemble, à l’appel de l’intersyndicale départementale (UD-FO, UI-CFDT, CGT-Ma et CFE-CGC) qui avait invité ce jeudi 17 septembre “tous les travailleurs de Mayotte à une journée de grève pour revendiquer l’égalité républicaine”. Un mouvement national qui était en effet l’occasion à Mayotte de porter des revendications locales, notamment sur l’alignement du code du Travail. “Disons tous non à ce système discriminatoire en nous mobilisant massivement pour des manifestations et grève générale interprofessionnelle”, écrivait ainsi le communiqué de l’intersyndicale.

Un SMIC toujours trop bas

Malheureusement, la mayonnaise n’aura pas pris. Du moins pas autant que les syndicats ne pouvaient l’espérer. Le “gros des troupes”, arrivé sur les coups de 9h place de la République, n’a pas excédé la centaine de personnes qui a d’abord écouté les discours des représentants syndicaux, avant d’entamer une marche vers le conseil départemental puis la préfecture. Principale revendication du jour : la convergence du SMIC net sur celui de la métropole. En effet, malgré l’application du code national du travail à Mayotte depuis le 1er janvier 2018, qui prévoyait notamment le passage du SMIG au SMIC, et une durée de travail hebdomadaire de 39 à 35 heures, le niveau du salaire minimum de croissance à Mayotte reste très en deçà du reste de la population : augmenté d’1,2% en janvier dernier à l’image du reste du pays, il n’atteint toujours que 7,56 euros bruts de l’heure contre 10,15 euros au national. Soit un montant de 1.161,77 euros brut mensuels pour un contrat aux 35h, contre 1.539,42 euros en France métropolitaine. Et avec le passage aux 35 heures, l’intersyndicale dénonce en plus une perte de 148 euros pour les salariés de Mayotte qui “ont toujours travaillé 39h”.

Les mêmes droits que tout le monde

Un constat que tous les salariés présents ce jour partagent. “Avant, je bossais à La Réunion. Je suis revenu ici et j’ai dû perdre presque 300 euros !”, grogne Ibrahim*, syndiqué à la CGT-Ma. “On travaille dans une société de distribution qui est aussi implantée à La Réunion. Là-bas, ils gagnent 10 euros de l’heure et nous seulement 7,56 euros, ce n’est pas normal”, témoignent quant à eux Ahmed et Ali. Même son de cloche chez leur homologue de la CFDT, agente de vente dans une entreprise d’audiovisuel. “En tant que Française, je ne comprends pas pourquoi en métropole ils ont un certain salaire et ici nous avons autre chose. Nous devons avoir les mêmes droits que tout le monde”, abonde la jeune femme, qui espère aussi pouvoir progresser dans sa carrière. Une évolution difficile quand tout est “centralisé à La Réunion”. “Là où je suis, je peux rester agente de vente jusqu’à ma retraite…”, souffle-t-elle à l’ombre du marché couvert.

C’est là que les plus vaillants attendent encore les représentants syndicaux, reçus à la préfecture dans la matinée pour faire entendre ces revendications. Il est bientôt midi, et ils ne sont déjà guère plus d’une cinquantaine. Mais ceux qui sont là ne se découragent pas. “Je suis la seule à être venue, je crois que mes collègues ont un peu peur. Mais moi je n’ai pas peur, c’est mon droit”, assure cette salariée du privé. Avant de lâcher, avec un petit haussement d’épaules : “Qui ne tente rien n’a rien !”

Violences conjugales : un oeil crevé pour un “manque d’amour”

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Un homme a éborgné sa compagne il y a cinq ans à Passamaïnty. Entendu ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou, le prévenu a enchaîné de graves maladresses face aux juges. Des propos qui illustrent bien le phénomène de culpabilisation de la victime dans les affaires de violences conjugales.

L’histoire est “horrible”. À en frissonner dans cette salle d’audience sans clim. À faire résonner les paroles creuses et les explications vaines d’un prévenu plus que maladroit face aux juges. L’homme qui se tient devant eux, ses maigres épaules voûtées dans sa chemise trop large et la calvitie naissante dans ses cheveux poivre sel, a 49 ans, mais ses traits tirés par l’alcool lui en donnent dix de plus. Son tort ? Avoir crevé l’oeil de sa compagne, un jour d’octobre 2015, à Passamaïnty. Cuisiné tour à tour par les robes noires qui tentent de lui faire comprendre sa pleine responsabilité, le prévenu s’enfonce. “J’aurais toujours un doute sur l’origine de la blessure…”, souffle-t-il à voix basse, comme pour se rassurer.

Mais les faits tels qu’il sont présentés ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou, ne jouent pas vraiment en sa faveur. Ce soir fatidique, l’homme déjà passablement éméché rentre chez la victime où il enchaîne les bières avec sa fille et son petit-ami. Après leur départ, cet originaire d’Annecy qui aime un peu trop lever le coude part en quête d’un petit complément de bangué, à son spot habituel, au rond-point du collège. Mais le vendeur est en rade. Alors, le quadragénaire se rabat sur un autre stupéfiant, autrement plus dangereux : la chimique. De retour à la maison, on lui passe un savon. Sa compagne ne veut pas de ça chez elle, elle lui ordonne de quitter les lieux. Fou de rage, l’homme fond sur elle, et lui assène plusieurs coups à la tête et au visage.

Greffe connue à l’oeil

Le problème ? C’est que sa dulcinée a une fragilité toute particulière à l’oeil droit, à cause d’une greffe de cornée. Un fait que le prévenu n’ignorait pas au moment d’envoyer ses coups de poing précisément dans cette direction. Quand les gendarmes arrivent, la femme est donc prise en charge par les pompiers. Le premier examen note un éclatement du globe oculaire droit possiblement provoqué par les coups avec un “risque de perte définitive de l’oeil qui n’est pas exclu”. L’usage d’un mortier ou des bris de verre provoqués par les déferlements de violence sont évoqués pendant l’enquête, et même un doigt sadique enfoncé alors que la victime était inconsciente. Un récit glaçant qui conduira le prévenu à lâcher, presque plaintif à la barre : “Je ne comprends pas ces propos, c’est déjà grave, alors vouloir ajouter de l’horreur à l’horreur…”

80 euros et des bourdes

“Vous vous dites choqué, mais vous vous rendez compte qu’elle est marquée à vie ?”, s’estomaque alors le juge. En effet, la femme perdra finalement son oeil malgré plusieurs tentatives de soins. Et au prévenu d’enchaîner les bourdes : “J’ai défiguré la personne que j’aime le plus au monde.” Poussé à s’expliquer face à l’audience, l’homme peine à convaincre. Dans sa version des faits, arrivent pêle-mêle : “B. elle a un caractère quand même…”, “c’était beaucoup d’insultes”, “on ne peut pas mettre un terme à sept ans de relation juste comme ça, sur des mots”, “la violence m’a emporté, à cause de ce rejet, ce manque d’amour”. Pire, quand il revient sur l’origine de la dispute, le prévenu mentionne aussi de l’argent que sa compagne aurait pris dans son portefeuille et qu’il aurait retrouvé à côté de son lit. Une coquette somme de 80 euros…

Une repentance insuffisante

Certes, l’homme affiche aujourd’hui sa repentance. Il assure ne plus consommer d’alcool ni de stupéfiant, une déclaration que son avocate tente d’appuyer en apportant ses dernières analyses sanguines. Il affirme travailler aussi sur son impulsivité – le prévenu, au moment des faits, avait déjà fait l’objet d’une main courante pour avoir frappé sa compagne, et il était connu du voisinage pour ses fréquentes bouffées de rage. Mais il avoue avoir renoncé au suivi des addictologues et refusé les médicaments. Ce qui n’est visiblement pas au goût des juges… Ni du conseil de la victime. Maître Andjilani rappelle d’ailleurs à l’audience que la gravité des faits aurait dû conduire l’homme violent devant une cour d’Assises où il risquait bien plus, car l’affaire relevait davantage du crime que du délit (une correctionnalisation souhaitée par le parquet et la victime pour accélérer la procédure). Face à ces constats, le procureur de la République a donc requis cinq ans de prison dont deux ans de sursis probatoire, avec mandat de dépôt. Le tribunal décidera d’une peine de quatre ans dont deux avec sursis. Envoyé directement à Majicavo, le prévenu devra aussi verser 40.000 euros de provision de dommages et intérêts à la victime.

Deux groupes de médiation citoyenne à Tsingoni pour prévenir les violence

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Ce jeudi, le préfet de Mayotte et le président du conseil départemental se sont réunis à la Maison France Services de Combani pour signer un avenant à la convention de médiation citoyenne installant deux nouveaux groupes à Tsingoni, à la suite des violences entre bandes rivales de la semaine passée. L’objectif ? Faire de la prévention et remonter les incidents aux autorités compétentes.

Pendant plus d’une semaine, Tsingoni a été le théâtre d’affrontements d’une violence inouïe entre bandes rivales de Combani et de Miréréni. Habitants terrorisés, voitures caillassées et brûlées, maisons incendiées… Ce triste constat a poussé le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, à se déplacer sur place jeudi dernier pour rencontrer les élus et la population. Le délégué du gouvernement a alors annoncé la mise en place d’ici la fin du mois d’un pacte de sécurité avec la commune et a apporté quelques garanties, notamment sur l’immigration clandestine avec l’installation d’une commission sur les demandes de titres de séjour.

Et ce n’est pas tout. Une nouvelle étape a été franchie hier avec la signature d’un avenant à la convention Groupe de médiation citoyenne. Action pour la sécurité de Mroalé et la Régie de territoire viennent ainsi grossir les rangs de ce dispositif préfectoral et départemental. Pour autant, la première association se plie en quatre depuis trois mois pour sécuriser la ville et réaliser des patrouilles et des rondes le soir. « Les événements des derniers jours nous ont propulsés au premier plan et ont précipité notre intégration au GMC. C’est la suite logique des choses », se réjouit Mahamoudou Soulaimana, le secrétaire d’Action pour la sécurité de Mroalé. Concernant leurs missions, elles consistent à échanger, faire de la prévention et apaiser les tensions. « Nous ne sommes ni des forces de l’ordre, ni une milice. Si nous tombons sur des actes de violence, nous appellerons la police, comme nous l’avons toujours fait jusqu’à présent, pour signaler les faits et nous recueillerons le maximum d’éléments pour aider à la poursuite de l’enquête. » Hors de question donc de prendre des risques inconsidérés et d’intervenir directement en cas d’attaques au couteau par exemple. « Si nous sentons que nous ne pouvons pas sécuriser nos adhérents, nous n’allons pas les mettre en danger ! »

Le collège, principal lieu de surveillance

D’ailleurs, les 56 bénévoles – « des jeunes, des moins jeunes, des mamans, des bacocos, des foundis » – s’engagent à se relayer jour et nuit pour créer un climat de sérénité. Leur point de chute ? Principalement les alentours du collège, qui accueille plus de 1.500 élèves. « Nous savons très bien que les actes de violence se déroulent très souvent dans le milieu scolaire », souligne Mahamoudou Soulaimana. « Nous sommes là pour sécuriser la zone, d’autant plus que le village de Mroalé attire pas mal d’ennuis… » Et le secrétaire de l’association compte bien travailler main dans la main avec l’autre cosignataire, la Régie de territoire. « Nous avons des talkies walkies pour communiquer ensemble. Mais ce serait bien que nous ayons chacun un référent pour discuter avec les structures des autres localités. Comme ça, nous pourrons mener des actions communes. »

Cette convention lie les deux associations avec les services de l’État pour une durée d’un an, renouvelable en décembre 2021. En échange de remontées régulières du terrain, chaque bénévole recevra chaque mois un bon d’achat alimentaire d’un montant de 100 euros. « Même avant de rejoindre le dispositif GMC, nous envoyions déjà des rapports sur les incidents que nous observions, comme des bagarres et des événements louches, à la police municipale et à la gendarmerie », précise Mahamoudou Soulaimana. Cette signature n’est donc qu’une manière d’officialiser et de légitimer l’agissement de ces hommes et ces femmes, qui ne recherchent qu’à retrouver le calme.

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