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Maîtriser la consommation d’énergie : un enjeu crucial pour Mayotte… et nos factures !

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Le comité Maitrise de la demande en énergie, qui regroupe EDM, le conseil départemental, l’Ademe et la Deal, lance une nouvelle campagne de communication. Objectif : inciter particuliers et entreprises à opter pour des constructions et des équipements plus performants. Avec en ligne de mire, la baisse des émissions de gaz à effet de serre et de la facture énergétique.

Vous les avez peut-être aperçues dans le coin du rétro…ou bien êtes passé sans un regard. Depuis quelques jours, de grandes affiches “Oui aux offres Hodari” ont été placardées ici et là sur les routes de Mayotte : une femme y fait cramer son aile de poulet au mur, visiblement harassée par une châleur étouffante, une autre y sirote son café sous le regard envieux de ses amies. Le message vous échappe ? C’est que la marque “Hodari”, une série d’offres lancée en partenariat avec plusieurs entreprises locales par le comité Maîtrise de la demande en énergie (MDE), peine encore à se faire connaître. Son objectif, pourtant, est crucial pour Mayotte : réduire la facture énergétique du département, où 95% de l’électricité consommée provient encore de centrales alimentées au gazoil – contre seulement 5% d’énergies renouvelables.

Alors le comité, créé en 2019 et qui regroupe EDM, le conseil départemental, l’Ademe et la Deal, entend bien changer la donne. Mais “le meilleur moyen de diminuer les émissions de carbone ainsi que sa facture énergétique est encore de ne pas consommer”, rappelle Claude Hartmann, le nouveau directeur général d’EDM. La société d’électricité organisait donc une conférence de presse ce lundi, en présence des autres acteurs du comité, pour lancer officiellement cette nouvelle campagne de communication. Celle-ci s’adresse à tous les clients de Mayotte, entreprises comme particuliers, qui souhaitent diminuer leur consommation d’énergie. Le but : favoriser l’accès à des produits éco-efficaces et matériaux non énergivores à travers des primes incitatives. Isolation du bâtiment, climatisation plus performante, ou encore chauffe-eau solaires… La promesse Hodari vante jusqu’à 30% d’économies sur la facture d’électricité ! Un coup de pouce non négligeable quand on sait que la consommation annuelle par foyer s’élève à 5.000KWh. Soit une facture de près de 650 euros par an, tout de même.

Déjà 5GWh d’électricité économisés

Le plus gros poste de consommation ? La climatisation, bien sûr ! À titre d’exemple, vous pouvez donc, grâce aux offres Hodari, remplacer votre vieux climatiseur énergivore pour un appareil de classe A+++ et bénéficier d’une prime de 500 à 900 euros, en fonction de sa puissance. Le comité MDE propose aussi des actions “non standard”, un volet consacré aux projets d’envergure, et qui vise à améliorer l’efficacité énergétique d’un bâti, d’une industrie ou d’une collectivité en passant par un bouquet de travaux. La municipalité de Koungou, via la mise en place de luminaires d’éclairage public solaire autonomes, le distributeur alimentaire Distrimax pour sa chambre froide, le promoteur immobilier CBO pour un ensemble de trois bâtiments au centre de Kawéni ou encore un particulier qui a construit sa maison avec de fortes ambitions sur sa performance énergétique en ont ainsi bénéficié. Pour toutes ses actions, en 2019, le comité estime à 5 GWh d’électricité économisés, soit l’équivalent de 1.000 foyers mahorais, pour un investissement de 2,8 millions d’euros. Et à l’horizon 2023, le MDE entend bien atteindre les 25 GWh d’économies annuelles.

Créer de nouveaux marchés

Certes, passer au tout écolo représente toutefois un investissement de taille. “Mais il y a une notion de coût global à plus long terme à faire comprendre, d’où l’importance de mener un travail de sensibilisation”, déroule Yann Le Bigot, ingénieur à l’Ademe. Outre des campagnes sur les offres MDE, le comité finance aussi des actions de terrain menées par l’Espace Info Énergie, qui intervient en milieu scolaire, organise des tournées dans les villages ou les entreprises, et fait le relais entre particuliers et constructeurs afin de faire comprendre les avantages des équipements performants.

L’autre risque pour le comité : voir les commerçants augmenter leur prix, ce qui annihilerait de facto l’effet des primes. L’ensemble des acteurs présents assure avoir conscience de cette possibilité. “Mais nous constatons aussi l’arrivée de nouveaux acteurs sur ces marchés, qui se développent justement grâce à ce type d’offres, ce qui permet de créer la concurrence et de maintenir les prix”, analyse Yann Le Bigot. En effet, via son réseau de partenaire, l’offre Hodari entend aussi encourager les filières locales. Comme par exemple, la brique de terre compressée, un matériau utilisé par le passé et qui trouve une nouvelle jeunesse depuis que la filière a été relancée cette année, en lien avec la Chambre des métiers et de l’artisanat. “Aujourd’hui, nous avons huit partenaires. C’est une très bonne chose, car il s’agit là d’un matériau noble, avec un pouvoir d’isolant non énergivore”, salue Christian Freu, responsable pôle transition énergétique et innovation chez EDM.

Augmenter la part des énergies renouvelables

De belles avancées, donc. Mais il ne faudrait pas que ce soit l’arbre qui cache la forêt. Avec la croissance démographique record que connaît le département, et une croissance de la consommation d’énergie moyenne de 5% par an, le passage à une production d’électricité issue d’énergies renouvelables est une priorité pour Mayotte. “Nous pouvons techniquement monter à 30% de photovoltaïque dans le mix énergétique, et le réseau est prêt à le supporter”, souligne Claude Hartmann. D’autant plus que les systèmes pour stocker cette énergie – et ainsi la mettre à profit pour les pics de consommation qui surviennent généralement à la nuit tombée – existent. Les nouveaux appels d’offre dans le cadre de la prochaine Programmation pluriannuelle de l’Énergie (PPE) devront aller dans ce sens.

26ème édition du festival de l’image sous-marine à Mayotte en hommage à Jack Pass

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La 26ème édition du festival de l’image sous-marine a un peu de retard cette année, mais elle aura bien lieu du 7 au 10 octobre. Elle aura une ambiance quelque peu particulière puisque pour la première fois depuis sa création, son fondateur Jack Pass n’y participera pas.

Le père fondateur du festival de l’image sous-marine nous a quittés au mois d’août dernier, mais l’évènement n’est pas prêt de disparaître. L’agence de communication Angalia qui a aidé le défunt à l’organiser ces 4 dernières années, a entièrement pris les rênes cette année suite à sa disparition. Jack Pass a tout de même aidé à l’élaboration de cette nouvelle édition de son vivant, en début d’année. L’apparition du virus a également joué les troubles fêtes et a chamboulé le cours des évènements. Le festival qui a habituellement lieu au mois de mai, se déroulera finalement en octobre. Toutefois, il ne perd pas son sens premier. Les concours sont maintenus, et il existe trois catégories : celui du film, de la photo et du dessin. Les lauréats du concours du film et de la photo ne sont pas encore connus. Le jury n’a pas pu délibérer à cause de la crise sanitaire. Seuls ceux du concours de dessins ont été désignés. Il s’agit de 20 enfants qui gagnent une séance de plongée. Le festival débutera mercredi 7 octobre par un hommage à Jack Pass avec la diffusion du film La flèche et l’épée d’Éric Keyser, qui parle entre autre de celui qui est aussi à l’origine de la mythique course de pneus.

Au total 19 films seront projetés, 78 photos seront exposées ainsi que 103 dessins d’écoliers. « C’est une programmation ambitieuse parce que trouver des films de 52 minutes, ce n’est pas simple. Mais on a un festival qui est complet et on est fiers quand on sait le temps qui nous a été imparti et la complexité du départ de Jack et la covid », souligne Laurent Mounier, gérant de l’agence Angalia. Les organisateurs ont tout de même dû revoir leurs ambitions à la baisse puisque le nombre de visiteurs à été réduit de moitié. En temps normal, les séances peuvent accueillir jusqu’à 250 personnes. À cause des restrictions sanitaires, leurs nombres seront limités à 130.

L’évolution du festival sans Jack Pass

« Notre philosophie est de maintenir tout ce qui a été fait par Jack Pass et on le développe. » Le gérant de l’agence Angalia est clair, il est hors de question de modifier l’essence même du festival. Mais les nouveaux organisateurs voient grand. Ils ont trois objectifs bien définis. « On veut poursuivre le travail de sensibilisation auprès des scolaires en donnant accès aux films gracieusement aux écoles qui le demandent pendant la période du festival », explique Laurent Maunier. À l’exemple de La Réunion qui a mis en place ce système depuis deux ans. Cela permet d’augmenter considérablement le nombre de vues. Mais leur ambition va bien au-delà, puisque le festival de l’image sous-marine de Mayotte veut s’exporter sur le territoire national. « L’idée est de participer au festival de La Réunion et celui d’Hyères. On va travailler ensemble pour mutualiser des images, des expériences, et faire diffuser les conférences sur l’ensemble des festivals », précise Laurent Maunier.

Enfin, les organisateurs veulent favoriser les productions mahoraises. Pour cette édition, seulement 5 films ont été produits localement. Le vouloir est une chose mais le concrétiser en est une autre. Pour le moment, l’agence Angalia ne sait pas de quelle manière elle procèdera pour que les habitants aient envie de filmer ou de prendre en photo le lagon du 101ème département.

Youmna Mouhamad, chercheuse mahoraise : “Parler de mon histoire et inspirer les jeunes à poursuivre leurs ambitions”

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La chercheuse à l’Université de South Wales, au Pays de Galle, originaire de Pamandzi, vient de remporter le prix “Womenspire Award 2020”. Cette passionnée de sciences, étudiante acharnée et désormais entrepreneure, revient sur son parcours, et ses combats pour promouvoir l’égalité et la diversité. Entretien.

Flash Infos : Quel est votre parcours ? Comment vous avez été amenée à devenir chercheuse en électronique imprimée à l’Université de Swansea au Pays de Galle ?

Youmna Mouhamad : Je suis Mahoraise et je devais avoir huit ans quand mes parents ont déménagé en métropole. C’est là où j’ai fait toute mon éducation jusqu’au bac que j’ai passé en filière scientifique. Les sciences m’ont toujours plu, je prenais beaucoup de plaisir à me fixer des défis, à résoudre des exercices très difficiles. Mais ensuite, quand j’étais en classe préparatoire, j’ai échoué, en partie à cause de mon anglais. Cela m’a poussée à partir à l’étranger, et c’est ainsi que je suis arrivée en Angleterre pour ma dernière année de licence en physique chimie. J’ai tout de suite été séduite par ce pays. J’avais toujours souffert du manque de diversité en France et quand je suis arrivée à l’aéroport, j’ai vu un homme d’origine indienne à côté des panneaux d’affichage. Et là je me suis “Ici, on existe”. Sans parler de la façon d’enseigner qui amène à vraiment réfléchir sur la signification de ce que l’on apprend. J’ai donc poursuivi avec un master en physique, puis un doctorat en physique des polymères, et j’ai évolué dans le domaine de l’électronique imprimée pendant six ans. C’est un domaine très intéressant et innovant, où l’on utilise de l’encre qui conduit l’électricité, on imprime des capteurs de pression par exemple, où l’on fait même des panneaux solaires. Mais à côté de mon travail de recherche, j’ai toujours gardé des idées de projet en tête, issues de mon expérience personnelle en France, et de ce constat du manque de diversité.

FI : Vous avez donc lancé un réseau BAME (black and minority ethnic) au sein de l’université. Pourquoi ? Comment vous est venue l’idée de lancer ce réseau et quels sont ses objectif ?

Y. M. : Dans ma classe en France, j’avais été frappée par le manque de diversité ethnique, qui plus est dans les parcours scientifiques. Même au niveau des professeurs, les sciences ne m’avaient jamais été enseignées par quelqu’un à qui je ressemblais. Cela a vraiment provoqué quelque chose en moi. En France, en tant que jeune fille noire, musulmane, issue des banlieues de Marseille, je sentais que je ne pouvais pas accomplir mes ambitions. Arrivée en Angleterre, j’ai certes constaté que beaucoup de marketing était fait autour de la diversité mais que les réalités étaient différentes. Dans mon master, nous étions 22 étudiants, dont seulement deux femmes. Et j’étais la seule femme de couleur. Résultat, malgré mes efforts pour créer des relations, j’ai rencontré des murs, qui ont affecté mon bien-être mental et mes performances. Je me suis rendue compte que le problème ne venait pas de moi, mais de l’environnement et du manque de diversité dans les universités. À ce moment-là, j’étais déjà investie dans plusieurs organismes qui défendaient l’égalité des genres, mais je sentais que mes expériences en tant que femme noire n’y avaient pas assez leur place. J’ai voulu créer un espace, un réseau pour les gens de couleurs. On invitait des experts sur la diversité, sur le racisme institutionnel, pour vraiment expliquer les raisons, éduquer les gens, comprendre les comportements excluants, et surtout imaginer comment l’on pourrait changer la donne et pousser les institutions à se remettre en question. Je voulais que l’on arrête d’approcher la question de la diversité pour des raisons marketing et que l’on construise vraiment un environnement où tout le monde pourrait donner le meilleur de soi et ainsi évoluer dans sa carrière. Nous avons même pu mobiliser des fonds pour lancer des formations de leadership à destination des étudiants, et financer des chercheurs dont le but était d’étudier, au sein de l’université, ces questions de diversité en interrogeant autant les minorités éthniques que la majorité. Grâce à tout cela, j’ai été nominée pour le Womenspire, un prix national au Pays de Galle qui récompense les femmes pour leur accomplissement personnel ou le changement apporté à une communauté.

FI : Désormais vous lancez Myana Naturals, un produit créatif et innovant pour faciliter l’entretien des cheveux afro. Comment vous est venue l’envie de vous lancer dans un tel projet ?

Y. M. : Justement, avec le prix Womenspire, j’étais aussi nominée pour mon projet entrepreneurial. Une idée que j’avais en tête depuis un moment, née de mon expérience personnelle. Étant mahoraise, ma mère s’occupait de mes soins capillaires pendant ma jeunesse et arrivée ici, j’ai dû m’en occuper moi-même. Cela prend un temps fou ! Car la chevelure afro demande beaucoup d’entretien, le cheveu est sec, il s’emmêle très facilement et il a donc besoin d’être nourri par des huiles et des crèmes hydratantes. Donc j’ai voulu lancer ce produit, qui n’a pas d’équivalent sur le marché, et qui facilite la maintenance du cheveu. L’idée a grandi et cette année j’ai enfin déposé un brevet. J’ai aussi gagné un autre prix prestigieux cette année, le “Royal Academy of Engineering”, qui m’a permis d’obtenir une bourse entrepreneuriale pour m’y consacrer entièrement. J’ai donc lâché un temps les circuits imprimés pour devenir directrice de Mayna Naturals !

FI : Aviez-vous cette fibre entrepreneuriale avant ce projet ?

Y. M. : Du tout ! Au contraire, pendant longtemps, je n’avais pas le bon état d’esprit. Du fait de mes origines sociales plutôt populaires, ma relation avec l’argent était néfaste, et je gardais un certain mépris pour les gens qui réussissaient, qui étaient riches. Donc j’avais toujours regardé le business comme quelque chose qui rendait mauvais, avare. Il m’a fallu beaucoup de développement personnel pour dépasser ce frein. J’ai compris que ce boulot-là, que l’entrepreneuriat, pouvait me permettre au contraire de créer le changement que je voulais voir pour l’égalité des races, des genres. Depuis, je vois le business comme un moyen de créer le changement et d’élever les causes qui me tiennent à coeur.

FI : Être une femme, qui plus est originaire de Mayotte, a-t-il représenté un frein dans votre parcours ? Quel message aimeriez-vous envoyer à votre île natale, et aux jeunes filles, qui comme vous, aspirent peut-être à des carrières scientifiques ou autre ?

Y. M. : Quand on grandit à Mayotte, on nous apprend à parler français, on nous dit que nous sommes français. Pour moi, en arrivant en France, ça a été la grosse claque. J’ai très vite compris que l’on me disait “Non, tu n’es pas française”. Cette question de l’inclusivité, je l’ai ressentie même enfant. Cela m’a touchée négativement, car cela a fait naître une forme derage, mais que j’ai souhaité guider dans mon éducation, pour la transformer en quelque chose de positif. Ensuite, en tant que femme mahoraise, j’ai ressenti les schémas dans lesquels on voulait que je rentre. Mais moi, je voulais étudier, et il a fallu que je me batte pour que je puisse poursuivre mes ambitions. Aujourd’hui, là ou je suis, je voudrais vraiment pouvoir inspirer plus de jeunes filles à en faire de même. Car nous avons cruellement besoin de cette diversité dans tous les domaines, business, sciences. Il y a encore un vrai manque de représentation d’une partie de la population. En douze ans passés en Angleterre, je n’ai rencontré qu’une seule mahoraise ! C’est aussi pour cette raison que j’ai nommé mon entreprise Myana Naturals, pour que les gens partout dans le monde sachent qu’il y a une petite île dans l’océan Indien qui s’appelle Mayotte. Mon grand rêve à long terme, c’est de parler à la jeunesse, de revenir à Mayotte pour faire des formations, des conférences pour les jeunes. Je veux parler de mon histoire et inspirer d’autres jeunes filles à poursuivre leurs ambitions. Surtout en sciences car je connais très peu de femmes de minorité ethnique dans ce domaine. C’est un vrai manque.

Tsingoni : un budget toujours dans le rouge, tacle la CRC

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Les magistrats financiers ont rendu leur avis sur le budget de la commune, en redressement depuis 2016. Et la situation ne s’arrange pas vraiment…

Redresser les finances ? À Tsingoni, c’est un peu l’Arlésienne. La commune a de nouveau été épinglée par la chambre régionale des comptes au sujet de son budget primitif, après un premier rapport rendu public le 28 juillet dernier. Code des collectivités territoriales oblige, et au vu du plan de redressement dont la ville fait l’objet depuis 2016, le préfet était tenu de transmettre à la chambre le budget prévisionnel pour 2020. Un mois plus tard, les sages ont rendu leur avis, et leur constat est sans appel : “Les mesures de redressement prises par la collectivité pour résorber partiellement son déficit au titre de l’exercice 2020 sont insuffisantes.” Conséquence : la CRC enjoint le préfet à modifier ce budget primitif pour résorber une partie du déficit au cours de l’exercice actuel.

Déjà, dans son dernier rapport sur les exercices 2015 et suivants, la chambre pointait une “situation financière et budgétaire déjà fragile, (qui) s’est détériorée alors même que la collectivité fait l’objet d’un plan de redressement depuis 2016”. Le déficit avoisinait alors les trois millions d’euros portés par “des charges de fonctionnement en forte hausse entre 2015 et 2018”, supérieures désormais aux produits de gestion. Parmi ces dépenses, les charges de personnel enregistraient une croissance rapide, en passant de 4,7 millions d’euros à 7,3 millions d’euros. Le fruit d’un joli cocktail mêlant sur-rémunération, recrutements importants, manque de transparence dans les procédures, absentéisme…

Déjà 5 agents titularisés en 2020

Or, dans son nouvel avis, la CRC note que “les mesures de redressement proposées par la chambre dans son dernier avis comme dans son rapport d’observations définitives n’ont pas été suivies, notamment en matière de dépenses de personnel”. Seule proposition des élus pour maîtriser le déficit : une hausse de la fiscalité qui a permis en 2019 de colmater un peu le creux, de 2,4 millions d’euros à 1,8 millions d’euros. Or, l’avis souligne également qu’il “est impossible de proposer des mesures susceptibles de réduire le déficit sur l’exercice en cours, celui-ci étant pratique achevé”. Il est donc impératif de contenir les dépenses de personnel en dessous de 7,5 millions d’euros. Le hic ? C’est que la municipalité a “stagiairisé” – étape par laquelle passe un contractuel ayant réussi un concours de la fonction publique avant d’être titularisé – 31 agents en 2019, dont déjà 5 ont été titularisés en 2020. “Il appartient à la commune de supprimer sans délai les emplois sur lesquels elle comptait recruter les agents au terme de leur stage”, avertissent les experts des chiffres.

Vente de terrains et hausse de la fiscalité

Le message passera-t-il cette fois ? Rien n’est moins sûr. “Il n’y a pas de volonté de la majorité actuelle de maîtriser les charges salariales, alors même que des leviers sont actionnables avec les départs à la retraite”, déplore Ibrahima Ambdoulhanyou, candidat malheureux (MDM) aux dernières élections municipales et élu de l’opposition à Tsingoni. “Au contraire, leur vision des choses, c’est de donner de l’emploi dans la commune.” Alors pour parvenir à l’équilibre, la commune “est en train de vendre notre patrimoine foncier”. Une situation que le Mouvement pour le développement de Mayotte dénonçait déjà en août dernier. Un projet de vente de plusieurs hectares de terrain vague pour 48 euros le m2, voté le 27 juillet dernier, à une entreprise dont l’immatriculation ne remontait qu’à juin 2020, avait attiré l’attention de l’opposition qui s’était alors fendue d’un communiqué à la presse. “Ce prix nous paraît dérisoire au regard de la valeur actuelle du foncier dans la commune de Tsingoni qui peut aller jusqu’à 300 euros le m2”, pouvait-on y lire.

L’autre solution, c’est malheureusement le contribuable mahorais qui devra la payer. “Nous avons pu équilibrer le budget avec la fiscalité, et j’ai constaté que celle-ci a presque doublé”, rapporte ainsi Ibrahima Ambdoulhanyou, présent au moment du vote. Un constat partagé par les magistrats financiers, qui concluent leurs observations sur la “pression fiscale” que la collectivité “n’aura d’autre choix que de maintenir au moins jusqu’en 2022”, faute d’une maîtrise des charges de fonctionnement. La facture risque d’être salée…

22,6 millions d’euros pour refaire une beauté à Mamoudzou

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Le vendredi 2 octobre, le maire de Mamoudzou et le directeur de l’AFD à Mayotte ont signé une convention de financement de 15 millions d’euros. Ce montant donnera un coup de pouce aux projets d’Ambdilwahedou Soumaïla qui voit grand pour sa ville.

Il y avait comme un air de déjà vu vendredi dernier à la mairie de Mamoudzou. Même lieu, même agence, même objectif. Seul le maire et son équipe étaient différents. Ambdilwahedou Soumaïla a signé avec l’Agence française de développement un prêt de 15 millions d’euros, auxquels il faudra rajouter 7,6 millions d’euros. Le chef-lieu bat donc son propre record puisqu’au mois d’août 2019, le premier magistrat de l’époque, Mohamed Majani, avait signé une convention de financement avec l’AFD, pour la modique somme de 17 millions d’euros. Il s’agissait alors d’une somme inédite à Mayotte. Cette année, le nouveau édile veut marquer son territoire et demande un nouveau prêt, Le taux de ce nouvel emprunt est de zéro, mais l’AFD tire ses bénéfices ailleurs. “C’est un prêt [qui] se traduit par la bonification du ministère de l’Outre-mer. Elle est plus ou moins élevée en fonction du secteur d’intervention et elle nous permet d’abaisser le taux”, explique Yves Rajat, directeur de l’AFD à Mayotte. Et cette fois-ci la bonification sera maximale puisqu’il s’agit d’un prêt vert. Les projets financés prendront en compte l’environnement et le changement climatique. Ils respecteront également la charte Maynergie plus.

L’art de faire du neuf avec du vieux

Le programme d’Ambdilwahedou Soumaïla ne se différencie pas beaucoup de celui de son prédécesseur, du moins pour cette convention avec l’AFD. Le nouvel homme fort de la commune veut investir ce montant dans l’éclairage public, dans la construction de nouvelles classes d’école, des espaces verts ou encore dans la rénovation du gymnase de Cavani, auquel le rectorat se serait engagé à aider, selon le maire de Mamoudzou. À l’époque de Mohamed Majani, il était déjà question d’éclairage public et de rénovation du gymnase de M’Gombani. Toutefois, Ambdilwahedou Soumaïla veut s’inscrire dans une nouvelle ère et pour cela, il sait pertinemment qu’il doit conquérir ses administrés. “Nous allons construire 24 nouvelles salles de classe. Quant à l’éclairage, il concernera tout Mamoudzou. C’est vrai qu’il y a encore des zones non-éclairées dans la commune. L’objectif est de rénover l’existant tout en mettant le maximum d’éclairage possible sur les zones qui ne sont pas du tout éclairées, ne serait-ce que pour la sécurité publique”, détaille-t-il. Pour ne pas perdre de temps, un pré-financement de 7,6 millions d’euros sera signé dans quelques jours entre le maire et l’AFD. Cette somme devrait être rapidement débloquée pour financer les projets prioritaires, à l’exemple du gymnase de Cavani, des écoles Cavani 1 et 2 ou encore un groupe scolaire aux Hauts Vallons dans le cadre de la ZAC (zone d’aménagement concertée) du Soleil levant.

Un prêt, une marque de confiance

La commune commencera à rembourser ce prêt de 22,6 millions d’euros à partir du 31 mars 2024, sur les vingt prochaines années. À cela s’ajoutent les 17 millions de l’an dernier, dont le remboursement est également échelonné sur 20 ans. Le chef-lieu est-il capable de supporter cette dette ? La chambre des comptes a évalué les comptes de la commune, et a visiblement statué en faveur de ce nouveau projet. “Ce prêt est la preuve que la ville de Mamoudzou est bien gérée, c’est une marque de confiance. La commune prend ses engagements pour tenir ses comptes”, déclare Ambdilwahedou Soumaïla. Il lui faudra tout de même trouver des moyens plus efficaces de faire des recettes avant d’être dans le rouge.

Le secrétaire général du lycée de Coconi cambriolé puis attaché pendant de longues heures

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Dans la nuit de mercredi à jeudi, le secrétaire général du lycée de Coconi a subi un cambriolage avant d’être emmené par ses agresseurs et ligoté à un arbre. Il a été retrouvé le lendemain vers 16h, dans un fort état de déshydratation. Ses collègues comptent lui témoigner leur soutien tout au long de la semaine.

Une histoire digne d’un film… Mercredi, 23h. Le secrétaire général du lycée de Coconi se trouve dans son logement SIM de la même commune. Tout à coup, plusieurs individus se présentent chez lui. Le propriétaire des lieux leur ouvre la porte. Le début du cauchemar ! D’abord victime d’un cambriolage, les agresseurs embarquent l’homme dans son propre véhicule avant de le ligoter à un arbre, à Caroni, entre Chirongui et Bouéni. « Pour l’instant, nous avons très peu d’éléments communiquables », annonce dans le week-end le procureur de la République, Camille Miansoni. « Nous en saurons plus en début de semaine, une enquête est en cours. » Peu d’informations donc à se mettre sous la dent. Pour Papa Ahmed Combo, le directeur adjoint de l’établissement scolaire, les assaillants auraient été au nombre de 5. « Ils lui auraient demandé des sous et seraient partis avec sa voiture, direction le Sud. Ils l’auraient forcé à retirer une somme d’argent dans un gabier, fait le plein avec sa carte, et après, ils l’auraient abandonné », témoigne son collègue, la gorge serrée. Ce n’est que le lendemain, vers 16h, qu’un habitant l’aperçoit et prévient la gendarmerie. Un laps de temps interminable pour celui qui est en poste à Mayotte depuis un an. Complètement déshydraté, il est pris en charge par le centre de soins de Mramadoudou avant d’être transféré plus tard dans la journée sur Mamoudzou. « Il se trouvait que ce [jeudi], il avait pris une journée de congés. Son absence n’a donc pas été remarquée très tôt », dévoile Bertand Wybrecht, le directeur de la DAAF (direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt). Visiblement pour accueillir sa femme, de retour sur l’île aux parfums le soir-même.

Touché physiquement et psychologiquement

« Physiquement, il a des marques légères. Psychologiquement par contre, il est très touché », détaille un employé du centre hospitalier de Mayotte. Une analyse partagée par sa hiérarchie qui le définit comme « extrêmement choqué et fatigué ». À ce jour, il est encore trop tôt pour annoncer une date de son retour… « Il faut qu’il se reconstruise et que les forces de l’ordre appréhendent les coupables », ajoute Christophe Bretagne, le directeur du lycée agricole, qui précise que cette terrible mésaventure s’est passée « dans la sphère privée, comme cela aurait pu arriver à n’importe qui d’entre nous ». Une information partagée avec le personnel, lors d’un échange vendredi matin. « Il ne faut pas confondre les deux environnements [professionnel et personnel], même si c’est insupportable ! »

Malgré les circonstances, pas de question de passer cette agression sous silence. Mais « nous ne tenions pas à pénaliser les élèves en fermant le lycée, ne serait-ce qu’une seule journée », confie Christophe Bretagne. Alors pour marquer le coup, « l’ensemble des collègues porteront un brassard noir toute la semaine pour apporter leur soutien et signifier leur mécontentement ». Une manière de protester et de demander des mesures fortes, comme l’explique Papa Ahmed Combo. « Nous souhaiterions que le préfet fasse un geste car d’autres agents de la communauté, dont certains sont des personnes fragiles, habitent dans le lotissement. » En ligne de mire : le renforcement de la sécurité dans le lotissement. Un appel de détresse également adressé au maire de la commune « pour qu’il demande plus de rondes de la gendarmerie dans le quartier ».

Des précédents au sein de l’établissement

Si c’est le ministère de l’Agriculture qui gère le lycée de Coconi, le recteur de l’académie, Gilles Halbout, apporte toute sa solidarité. Lui qui est sujet à de nombreux affrontements à l’intérieur et à l’extérieur de ses enceintes, le poussant à doubler les clôtures, à installer de la vidéoprotection et à renforcer la présence humaine (services civiques et équipes mobiles de sécurité) aux abords des bâtiments. Cet événement rappelle que le corps enseignant ainsi que les établissements scolaires sont la cible privilégiée des « délinquants » ces dernières années. « Un agent de l’exploitation agricole s’était fait agresser par des jets de pierre à la suite de l’intrusion d’une bande », se souvient Bertand Wybrecht. Bis repetita il y a 2 ans lors d’un cambriolage durant lequel « les gardiens avaient été violentés ». Toujours est-il que cette affaire sordide laisse une nouvelle fois le lycée agricole sans secrétaire général, comme ce fut le cas pendant un temps avant l’arrivée de l’actuel. « Il a voulu venir à Mayotte pour participer à [notre] développement », glisse avec une pointe d’émotion Papa Hamed Combo. En espérant que tout cela ne le pousse pas à revenir sur son choix et à quitter définitivement le territoire…

GBH à Mayotte : le protocole de fin de conflit vole déjà en éclat

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Vendredi dernier, les représentants syndicaux et la direction du groupe Bernard Hayot s’attablaient autour du préfet à la Case Rocher pour signer un protocole de fin de conflit après 71 jours de grève. Si toutes les parties semblaient se réjouir d’une telle issue, le retour à la réalité a semble-t-il remis de l’eau dans le gaz. Les salariés ont de nouveaux exercé un débrayage ce jeudi pour soutenir deux de leurs collègues licenciés cette semaine.

La lune de miel entre les salariés et la direction du groupe Bernard Hayot n’aura duré que quelques heures seulement… Allongées à côté d’une file indienne de cadis, à l’ombre d’un soleil déjà au zénith, caissières et boulangères font la grise mine. À peine remises d’une grève longue de 71 jours, ponctuée par une sortie de conflit vendredi dernier, elles remettent le couvert ce jeudi pour « manifester notre mécontentement car la direction n’a pas respecté le protocole ». Visages exténués, malgré les sourires d’apparence, elle prennent conscience que le combat est loin d’être terminé… Au contraire, celui-ci risque bien de repartir de plus bel. L’étincelle de ce revirement de situation ? Un retour à la normale conjugué de « discrimination » et de « licenciements ».

Mardi, six des huit agents des services techniques découvrent avec stupéfaction le changement de la serrure de la porte d’entrée de leur local. Avant de partir en congés, leur supérieur leur ordonne de ramasser les ordures sur le parking et dans les entrepôts jusqu’à son retour en début de semaine prochaine. Face au refus du personnel d’exécuter ces tâches, un premier debrayage s’installe dans la foulée. Mais l’annonce du licenciement de deux salariés – l’un des techniciens et un employé du Score de Petite-Terre – met le feu au poudre dès le lendemain, provoquant de facto un nouveau mouvement social ce jeudi. « Nous nous étions mis d’accord pour reprendre le travail sans représailles aucunes. Mais Monsieur Berlioz n’en fait qu’à sa tête », fustige Boura Attoumani, délégué membre du comité social et économique (CSE). Selon lui, les deux personnes évincées auraient été prises « au hasard juste pour nous faire peur ». Conséquence, « nous avons réuni tous les collègues grévistes pour dire « stop » et soutenir nos collègues », souligne-t-il, dépité. « Nous avons appelé la personne de la Dieccte qui suit notre dossier pour tenter de trouver une solution. »

Deux licenciements et des mises à pied

Du côté de la direction, la version est sensiblement différente ! Pour les cas les plus graves, notamment ceux qui ont été à l’origine d’incendies, ceux qui ont tenu des propos injurieux à l’égard des non-grévistes, et ceux qui ont commis des entraves, il fallait s’attendre à des répercussions. « Nous avons dit qu’il y aurait des licenciements s’il y avait eu des exactions. C’était prévu comme cela, cela a été dit comme cela en présence du préfet », confie-t-on. Pour l’heure, il est encore trop tôt pour connaître le nombre exact de salariés qui risquent d’être mis à la porte. « Sur les sujets disciplinaires, nous avons dit que nous porterions une attention particulière pour que les décisions soient mesurées. Que les salariés ne soient pas satisfaits, nous le comprenons, mais nous n’avons jamais dit autre chose. » Et pour tenter de désamorcer la bombe qui se profile, la hiérarchie précise avoir privilégié les mises à pied. « Nous avons pris l’engagement qu’il n’y aurait pas de nouvelles procédures judiciaires, mais il pourra y avoir des procédures disciplinaires ! »

Deux discours diamétralement opposés qui viennent une nouvelle fois mettre de l’eau dans le gaz alors que les relations semblaient repartir sur de bons rails. « De toute façon, notre chef s’en fout. Il nous a montré à plusieurs reprises qu’il faisait ce qu’il voulait », peste Abdoul, manager dans le groupe. Toutefois, la direction tend à jouer la carte de la transparance. « Quand l’un de nos collaborateurs a été tapé ou blessé par un collègue gréviste, nous ne pouvons pas faire comme si rien ne s’était passé… » Avec une idée en tête : « L’objectif n’est pas de nous séparer de tout le monde mais de rassembler et de retrouver un climat de travail serein. Certains y arrivent, pour d’autres c’est plus difficile. » Visiblement, un point de non-retour a de nouveau été atteint entre les deux parties. Au risque de faire machine arrière et d’envoyer aux oubliettes le protocole signé la semaine dernière ? « Nous sommes prêts à nous remettre en grève. Certes, c’est un sacrifice financier, nous en sommes tous conscients. Mais l’enjeu est beaucoup trop important pour laisser passer cela », met en garde Abdoul. D’ailleurs, une nouvelle grève illimitée pourrait commencer dès aujourd’hui. Pour combien de temps cette fois-ci ?

Avion dérouté : derrière l’incident, l’enjeu de la sécurité aéroportuaire à Mayotte

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Alors que le grève des pompiers de l’aéroport de Mayotte vient tout juste de débuter, un avion d’Air Austral en provenance de Paris a dû dévier en urgence vers La Réunion car les conditions de sécurité n’étaient pas réunies pour l’atterrissage. Une situation qui risque bien de mettre le feu au poudre entre les grévistes et leurs responsables…

À peine 24 heures après le début de la grève illimitée des pompiers, premier couac. Alors qu’il survolait l’aéroport de Dzaoudzi, un avion de la compagnie Air Austral, en provenance de Roissy Charles de Gaulle a dû virer de bord en catastrophe ce jeudi matin, direction La Réunion. En cause : la sécurité qui n’était pas assurée sur la piste, pour permettre l’atterrissage du Dreamliner, avec à son bord plus de 200 passagers. “Nous avons dû dérouter le vol arrivant de Paris en raison de la grève des pompiers et de la détérioration des camions de pompiers ne permettant pas à l’aéroport le niveau de sécurité requis”, souligne Stéphanie Bégert, la directrice de communication d’Air Austral. À la mi-journée, des solutions avaient été trouvées pour les passagers, qui ont finalement pu embarquer dans un nouveau vol pour Mayotte à midi. Ouf !

Mais la nouvelle n’a toutefois pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux, les uns vociférant contre les grévistes, les autres houspillant institutions, aéroport et compagnie aérienne. “Il faut couper la cravate de ceux qui sont responsables pour que les pompiers puissent travailler dans des bonnes conditions”, notait ici un commentateur sur Facebook. “Prions pour que ces passagers arrivent sains et saufs, après on règlera nos comptes”, ajoutait là un autre internaute.

Actes de sabotage

En guise de réglement de compte, la préfecture de Mayotte s’est rapidement fendue d’un communiqué incendiaire, condamnant “les actes de sabotage qui ont compromis la sécurité des vols à Mayotte”. “Selon un mode opératoire qui sera déterminé dans la journée, des individus ont pénétré cette nuit par effraction dans l’enceinte de l’aéroport et ont saboté les véhicules de secours”, ce qui a “empêché les sapeurs pompiers en service de faire sortir les engins indispensables à la sécurité des atterrissages”, peut-on lire. Les équipements ont alors dû être réparés en urgence pour permettre le décollage de quatre évacuations sanitaires. Le préfet “forme le souhait que leurs auteurs soient très durement sanctionnés”. Côté Edeis aussi, on pointe un “sabotage” et la responsabilité des sapeurs-pompiers grévistes, qui “auraient fait une intervention”. “Une enquête en interne avec la gendarmerie de l’aéroport est en cours”, tempère néanmoins Olivier Capiaux, le directeur d’Edeis, l’entreprise gestionnaire.

Niveau 5 de sécurité aéroportuaire

Des accusations qui font monter la moutarde au nez d’Abdallah Bamana, le responsable syndical des sapeurs-pompiers de l’aéroport. “Un sabotage ? Nous ne sommes pas au courant, nous demandons à la préfecture de nous dire quel est ce sabotage”, grogne le soldat du feu. Qui n’hésite pas à renvoyer la balle dans le camp de l’État et d’Edeis. “Monsieur le Préfet, vous mettez tous les jours les passagers de l’aéroport de Mayotte en danger, vous et l’entreprise EDEIS avec l’accord de la GTA (gendarmerie des transports aériens) et la DGAC (direction générale de l’aviation civile)”, vise sans détour la section syndicale des sapeurs-pompiers de l’aéroport de Mayotte sur sa page Facebook. “Nos hommes sont en mouvement social depuis hier, et ils n’ont pas accès à l’aéroport en dehors des horaires de garde”, rappelle Abdallah Bamana.

Service minimum oblige, ils sont toutefois deux pompiers à continuer à exercer leur mission de sécurité avec un seul des trois camions opérationnels du SSLIA, malgré la grève illimitée lancée mercredi. Or ce service minimum remplit les critères du niveau 5 de sécurité aéroportuaire. Un chiffre bien inférieur au niveau requis pour permettre aux gros porteurs d’Air Austral d’atterrir sur le tarmac. “Nous les avons avertis depuis hier soir que seul le niveau 5 serait garanti, ils ont fait le choix de venir malgré tout”, dénonce le syndicaliste.

La sécurité, fer de lance des pompiers

Quoi qu’il en soit, cet incident fait écho selon lui aux revendications des sapeurs-pompiers. Outre la reconduite de la convention entre gestionnaire de l’aéroport de Mayotte EDEIS et le service départemental d’incendie et de secours (SDIS) qui se termine fin décembre, sorte d’épée de Damoclès qui menace leurs postes, c’est bien le manque de moyens pour assurer la sécurité que pointent du doigt les grévistes. S’ils ont bien obtenu un nouveau camion en août, ils attendent encore des moyens nautiques indispensables pour le sauvetage maritime. En attendant qu’ils soient entendus, d’autres incidents du même type pourraient bien survenir. “Tant que le mouvement social se poursuivra, il n’y aura que du niveau 5 à l’aéroport”, met en garde Abdallah Bamana. Prêt pour le bras de fer…

La contraception à Mayotte, un droit pour toutes les femmes… en théorie

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Le camion du réseau périnatal de Mayotte a élu domicile dans le village de Koungou ce jeudi 1er octobre. L’objectif était de sensibiliser les femmes sur la contraception et la santé sexuelle en gé-néral. L’antenne mobile du réseau est ouverte à tous, mais le public qui s’y rend est toujours le même.

Elles sont venues en groupe ou seules, mais elles sont venues. Les femmes du village de Koungou n’ont pas hésité à se rapprocher du camion blanc du réseau périnatal de Mayotte (Répéma) posté devant la bibliothèque. La sage-femme et l’accompagnatrice vont recevoir des patientes tout au long de la journée. Des femmes qui ont des doutes, qui ont besoin de conseil ou d’une consulta-tion médicale gratuite. L’antenne mobile a pour objectif d’orienter et de sensibiliser sur la santé sexuelle, notamment les moyens de contraception. Celles qui se présentent sont dans la grande majorité éloignées du système de santé. “Nous constatons qu’il y a beaucoup de personnes qui pourraient bénéficier d’un suivi gynécologique, mais elles ne le font pas ou peu”, déclare Anne-So-phie Bonnin, sage-femme présente ce jour là. Il s’agit en réalité de femmes en situation irrégulière sur le territoire, qui n’osent pas sortir. Par conséquent, elles sont mal informées ou pas informées du tout sur les moyens de contraception.

Les antennes mobiles du Répéma luttent contre ces fausses informations et orientent celles qui le nécessitent vers les professionnels de santé. “Nous ne sommes pas là pour remplacer les structures de soin qui existent déjà dans les villages. Nous sommes vraiment là pour raccrocher les gens à des parcours de soin”, rappelle Anne-Sophie Bonnin. Cette dernière n’hésite cependant pas à recevoir en consultation les femmes à l’arrière du camion aménagé comme dans un cabinet médical. Et elle prend son temps avec chaque patiente. “Je passe trois quarts d’heure généralement avec chaque femme. Je peux regarder les seins et leur apprendre à les palper. Je regarde ce qu’elles ont si elles ont mal au ventre, c’est une vraie consultation.” La sage-femme va même au-delà de ses fonctions. Elle conseille les femmes qui viennent pour un mal de genou, des problèmes de poids, ou encore de vue. Ses collègues et elles vont même jusqu’à prendre les rendez-vous chez les professionnels de santé, pour ces femmes.

Les jeunes filles se font discrètes

Durant les déplacements de l’antenne mobile du Répéma, les professionnels ont constaté que les jeunes filles manquent à l’appel. Les femmes qui se présentent sont celles qui ont une vie sexuelle reconnue par la société, autrement dit des femmes mariées. La contraception chez les filles non mariées est encore tabou à Mayotte puisqu’elles ne sont pas censées avoir de relations sexuelles avant d’avoir un mari. “Il faut voir la réalité en face. Nous voyons bien avec les chiffres des IVG que les jeunes ont des rapports sexuels. Il va donc falloir discuter dans les familles, les parents doivent prendre ces choses très au sérieux”, recommande Anne-Sophie Bonnin. Il existe cependant d’autres moyens pour sensibiliser les jeunes filles. “À l’occasion des interventions en groupe, nous pouvons faire passer le message auprès des jeunes filles, contrairement aux consultations individuelles. Nous communiquons aussi beaucoup sur les réseaux sociaux”, indique Zaina Malidi, la directrice du réseau périnatal de Mayotte.

Les hommes font également partie des grands absents quand on parle de contraception. Lors de ces journées de prévention, très peu d’entre eux se sentent concernés. Et ceux qui viennent n’ont qu’une seule idée en tête. “Ils ont là pour nous demander des préservatifs”, sourit Zaina Malidi. Et Anne-Sophie Bonnin d’ajouter : “Il faut que les parents éduquent également leurs garçons à la sexualité.” Dans une société où le sexe est encore très tabou, le combat est loin d’être gagné.

Après une intrusion, les enseignants de Cavani réclament des mesures

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Deux individus armés ont fait une frayeur aux élèves et personnels de l’école élémentaire Cavani-Sud 1. Les enseignants ont exercé leur droit de retrait ce mercredi pour obtenir des garanties de sécurité. Un événement qui fait écho à l’agression lundi d’un enseignant au lycée polyvalent de Dzoumogné.

Un vent léger fait osciller la porte métallique. Un simple fil retient le battant, qui s’ouvre sans difficulté quand un employé, passant par là, le soulève d’un vif mouvement d’index avant d’enfourcher à nouveau son scooter pour remonter la pente. Quelques mètres plus haut, c’est l’école élémentaire Cavani Sud-1. Cette après-midi, il n’y a plus un chat ni un seul cri d’enfant dans cet établissement qui fonctionne d’ordinaire en rotation : les enseignants ont fait jouer leur droit de retrait. Car la veille, c’est entre ces murs, d’à peine deux trois mètres de haut, qu’une intrusion a semé la panique aux alentours de 14h30.

D’après les témoignages, deux individus, armés d’une arme blanche, ont pénétré dans l’enceinte de la structure, qui regroupe les écoles Cavani Sud-1, Cavani Sud-2, et une maternelle. Ils ont alors pu se “balader de salle de classe en salle de classe”, sous les yeux apeurés des enfants et des enseignants. Puis ils ont volé les goûters, avant de s’enfuir comme ils étaient venus. Sans résistance.

Face à ce manque criant de sécurisation sur le site, les enseignants ont donc notifié parents, direction et institution de leur volonté d’exercer leur droit de retrait ce mercredi, “pour faire bouger les choses”. Dès aujourd’hui, ils reprendront toutefois le chemin de l’école. “Les collègues ont réagi avec beaucoup de sang froid et de professionnalisme. S’ils ont fait ce droit de retrait, ce n’est pas pour le plaisir, mais parce qu’il y a un vrai danger”, retrace Bruno Diaz, le représentant syndical de la CGT Éduc’action au 1er degré. “Mais ce sont aussi des personnes qui ont une grande conscience de leur mission républicaine, donc si les mesures sont prises, ils reprennent le travail sans hésiter.”

Solutions immédiates

Dans l’immédiat, une première réunion avec les directeurs des trois établissements, l’inspectrice de l’Éducation nationale, les représentants des parents d’élèves, et des élus de la ville de Mamoudzou, a permis de proposer des solutions pour faire face à l’urgence. La municipalité a par exemple proposé d’envoyer un agent en charge de la sécurité dans l’établissement et des policiers municipaux pour patrouiller devant les bâtiments. Côté Éducation nationale, on a dépêché deux EMS (équipes mobiles de sécurité), présents dès ce mercredi pour faire le tour des lieux et qui doivent revenir ce jour.

Des mesures de court terme qui ne doivent pas mettre sous le tapis les travaux indispensables pour éviter de nouvelles intrusions. Parmi les pistes envisagées, des fils de barbelés ou un rehaussement des murs d’enceintes ont été évoqués, ainsi que la possibilité pour tous les enseignants de fermer leurs portes à clé de l’intérieur. “Il s’agit là tout bonnement de respecter les protocoles en matière d’intrusion, mis en place dans le cadre du plan Vigipirate”, rappelle Bruno Diaz.

Cavani se mobilise

Ces solutions devront concerner l’ensemble des trois établissements. Mais dans le quartier, où la rumeur a vite circulé, on en attend tout autant. C’est ainsi qu’à quelques encablures de là, à l’école élémentaire Cavani Stade, les quelque trente enseignants ont eux aussi exercé un petit droit de retrait d’une heure ce mercredi matin, “pour manifester notre soutien et pour demander que ces mesures bénéficient à toutes les écoles”, explique Karen Ronin, la déléguée SNUIpp au sein de l’établissement. “Nous avons juste gardé les enfants une heure dans la cour en guise de débrayage, pour signifier notre position sans les pénaliser”, développe la représentante syndicale.

À Dzoumogné aussi, la violence à l’intérieur

Ces événements surviennent alors qu’une agression d’un enseignant au lycée polyvalent de Dzoumogné avait conduit les enseignants à exercer eux aussi leur droit de retrait. Mardi matin, le secrétaire départemental du SNES- FSU Henri Nouri rappelait à ce sujet, sur les antennes de Mayotte la 1ère, que les violences se produisent “aussi à l’intérieur des établissements”. “Nous sommes scandalisés qu’un collègue puisse être agressé dans un établissement scolaire qui devrait être dans la sérénité”, a-t-il déploré.

Une réunion était donc prévue ce mercredi avec le recteur. “Il s’agissait d’ailleurs bien davantage d’une “journée de réflexion et de solidarité”, et non d’un droit de retrait, car celui-ci est conditionné à un danger grave et immédiat”, tient à rappeler Gilles Halbout. “Il en est ressorti d’une part que l’agression de l’enseignant était un événement ponctuel, et d’autre part que les mesures, déjà évoquées avant le confinement, étaient en train de se mettre en place”. À savoir surtout un renforcement des moyens humains, avec le recrutement de 6 PEC (parcours emploi compétences), et le déploiement des EMS (équipes mobiles de sécurité).

Corsair à Mayotte : « L’idée est d’apporter de la transparence et de la clarté au marché »

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Corsair, au cours de la saison "d'été", proposera quatre vols par semaine pour rejoindre Mayotte depuis Paris.

Après une idylle de 11 ans, entre 2007 et 2018, Corsair avait été « forcée » d’abandonner sa desserte à Mayotte. La compagnie aérienne signe son grand retour sur l’île aux parfums à compter du 12 décembre, en ouvrant une ligne Dzaoudzi-Paris Orly, via La Réunion. Une excellente nouvelle financière pour les Mahorais que détaille le directeur régional océan Indien, Jules Perreau, en voyage sur le territoire pendant quelques jours.

Flash Infos : Qu’est-ce qui a poussé Corsair à arrêter de desservir Mayotte en 2018 et surtout pourquoi avez-vous décidé de revenir sur l’île aux parfums ?

Jules Perreau : En 2018, nous avons dû partir, ce n’était pas souhaité ! C’était un départ contraint pour deux raisons. La première était liée à des contraintes opérationnelles, parce que tout notre programme Mayotte reposait sur une organisation bien précise. Trois mois sur douze, nous avions des Airbus A330 qui nous permettait d’opérer via La Réunion. Le reste de l’année, nous étions contraint d’utiliser des 747 en passant par Madagascar. Donc la flotte était un problème. La seconde résidait dans cette triangulaire avec Madagascar. En 2018, les autorités malgaches nous ont signifié que nous n’avions plus le droit de trafic pour atterrir sur leur territoire. Par conséquent, nous avons stoppé toutes nos dessertes avec eux. Et la victime collatérale de cette décision a été Mayotte…

Nous avions pour projet de revenir sur l’île aux parfums en 2021 lorsque notre flotte serait entièrement repensée en Airbus A330. Il s’avère que ce renouvellement a été un peu plus rapide que prévu… Avec le Covid, nous avons décidé de retirer plus tôt du ciel nos A747. Pourquoi ? Parce que ce sont de gros modules difficiles à manoeuvrer et surtout parce que notre flotte est trop importante pour la demande actuelle. Dorénavant, nous avons simplement une flotte de A330 qui peut atterrir et redécoller de Mayotte. Nous réinstallons donc la ligne que nous avions difficilement quittée !

FI : Vous aviez prévu de rouvrir une ligne à partir de l’année prochaine, comment les tractations se sont passées pour avancer votre retour dans le ciel mahorais ?

J. P. : Pour y avoir opéré pendant 11 ans, nous connaissons très bien la piste, les interlocuteurs, l’aéroport… D’autant plus que c’est un département français. En termes d’autorisation, nous pouvons aussi bien nous poser à Mayotte qu’à Toulouse. Pour une compagnie française, il n’y a entre guillemets rien de plus simple. En soi, le plus dur était de prendre la décision. Et celle-ci a été prise très rapidement finalement.

FI : Avez-vous reçu des garanties sur l’allongement de la piste, une promesse du président de la République, Emmanuel Macron, lorsque celui-ci est venu dans le 101ème département en octobre 2019 ?

J. P. : Pas vraiment ! Je crois que le calendrier n’est pas encore totalement établi… Même s’il semble s’étaler sur du très long terme de ce que j’ai cru comprendre. Dans l’immédiat, cela ne change rien car piste longue ou pas, nous faisons escale à La Réunion. Et si ce chantier venait à aboutir, cela pourrait faire évoluer le format de notre opération sur Mayotte : qui dit nouvelle piste, dit nouvelles opportunités, notamment pour proposer quelques liaisons en direct. Nous suivrons bien sûr ce dossier de très près.

FI : L’an dernier, French Bee avouait aussi que le prix du carburant était un frein à son déploiement sur Mayotte. Qu’en pensez-vous ?

J. P. : Ce sont vraiment des contraintes liées aux opérations. Je n’ai pas les éléments en mains. Maintenant, il paraît évident que le fuel représente l’immense partie du coût variable de la compagnie lorsqu’il s’agit d’opérer des avions. Si ce poste-là est déraisonnable et ne nous permet pas d’être compétitif sur une ligne, cela paraît logique que ce soit un frein. Après, nous pourrions faire un peu de démagogie en demandant à Total de baisser ses prix, mais je ne suis pas sûr que cela soit aussi simple… Mais cela ne pourrait être qu’une bonne nouvelle pour les compagnies aériennes et in fine pour les Mahorais via le prix du billet d’avion.

FI : Justement, en parlant du prix du billet d’avion, vous avez annoncé un tarif de 428 euros toutes taxes comprises, sans bagage, pour un aller/retour. Comment justifiez-vous ce montant ?

J. P. : Il faut distinguer deux choses : l’axe régional vers La Réunion et celui vers Paris. Dans ce cas précis, nous parlons du second. Pour construire notre grille tarifaire, nous ajoutons simplement ce que nous appelons un add-on, c’est-à-dire un frais fixe à l’instar de la barge. Pour tout billet qui fait Mayotte-Paris, en passant par la Réunion, nous ajoutons 80 euros sur le tarif La Réunion-Paris. Du coup, Mayotte, indirectement, est impactée par les tarifs qui sont vigueur sur l’axe Paris-Réunion. En ce moment, il s’avère que les prix des billets d’avion n’ont jamais été aussi bas. Donc Mayotte profite directement de cette concurrence qui existe à La Réunion.

Pour nous, c’est un tarif d’appel, mais il ne s’agit pas de créer un tarif défiant toute concurrence pour avoir un effet d’arrivée. Il s’agit tout simplement de la réalité actuelle du marché. En aucun cas, c’est un tarif pour susciter l’envie et faire croire que Corsair sera magique, même si bien sûr nous allons essayer de l’être !

FI : Donc ce tarif d’appel est amené à évoluer …

J. P. : Bien sûr ! Il faut toujours comprendre que ces tarifs les plus bas communiqués peuvent varier plus ou moins fortement en fonction des saisons et de la demande. Si vous partez sur une période creuse en plein mois de novembre, cela vous coûtera moins cher que si vous vous envolez à Noël et que vous décidez de prendre votre billet le jour-même pour le lendemain. Maintenant, l’idée est d’apporter de la transparence et de la clarté au marché pour que le client puisse bénéficier de très bons tarifs.

FI : Dans un premier temps, vous rétablissez deux dessertes hebdomadaires, mais vous avez déjà sous-entendu réfléchir à des vols directs entre Mayotte et Paris. Avez-vous un calendrier prédéfini ?

J. P. : Nous sommes bien sur deux fréquences par semaine et nous avons eu un très bon démarrage de vente en seulement quelques jours. Et nous avons déjà décidé de proposer une troisième fréquence sur la haute saison, qui commencera au mois de juin. Concernant les vols directs, cette idée a été directement soulevée par le président de Corsair dans le premier communiqué de presse. Mais c’est une volonté qui n’a pas de calendrier aujourd’hui et qui dépend de nombreux facteurs, comme l’arrivée de nouveaux avions beaucoup plus performants sur l’océan Indien, la configuration de la piste, le marché. Nous avons préféré commencer prudemment plutôt que d’avoir les yeux plus gros que le ventre. Si nous nous rendons compte, dans quelques mois, que nous pouvons nous le permettre, nous le ferons volontiers.

FI : Quelle est votre stratégie sur le moyen terme ? Avez-vous l’intention de renouer des contacts avec Madagascar par exemple ?

J. P. : Madagascar fait partie des options. Nous ne nous fermons aucune opportunité dans la région. Mais très sincèrement, aujourd’hui, ce n’est pas encore d’actualité.

FI : Savez-vous comment Air Austral a pris votre retour sur la scène mahoraise ?

J. P. : Je n’ai pas pour habitude de donner de commentaires sur les autres compagnies. Si mes souvenirs sont bons, Air Austral a dit que la concurrence était une bonne chose pour la région. De là à dire qu’elle est contente, je ne sais pas… Mais en tout cas, je pense que notre arrivée ne peut être que bonne pour le territoire. J’espère simplement qu’elle sera motivée par le challenge que Corsair lui impose.

FI : Comment définiriez-vous la relation de Corsair avec la population du 101ème département ?

J. P. : Elle est particulière, parce qu’à l’image d’un couple, nous sommes restés 11 ans ensemble. Notre départ a suscité une émotion à la hauteur de notre arrivée. Cela a été dur de partir aussi bien pour nous que pour les Mahorais. Et ce retour provoque énormément d’attente pour apporter une solution pérenne et stable au département. Cette pression, nous la ressentons et nous en avons bien conscience. Il faut que nous ayons un discours rassurant et que nous leur fassions comprendre que nous ne sommes pas là pour faire un one-shot, mais bel et bien pour nous nous inscrire durablement. Corsair est un acteur historique de la continuité territoriale dans les Outre-mer.

Une première en Europe pour Corsair

En début de semaine, Corsair a communiqué son partenariat avec ADHETEC, spécialiste des solutions adhésives haute qualité, pour équiper les tablettes repas de ses appareils d’un film spécial aux propriétés antibactériennes et antivirus. « Dès qu’un virus touche le plateau, il est désintégré. Cela permet de limiter encore plus les potentiels cas contacts de contamination qui pourraient subvenir sur certaines matières », souligne Jules Perreau. « Nous sommes les premiers en Europe à mettre cela en place. » Encore en phase de test, cette technologie doit être prochainement déployée sur les vols de la compagnie. « Cela fait partie des mesures que nous souhaitons instaurer pour rassurer notre clientèle. » Cette innovation s’ajoute à une autre nouveauté, à savoir la garantie pandémie. « Si le nom peut faire frémir, toutes nos assurances ont intégré une assistance en cas de cas contacts, si vous êtes positif ou si le territoire où vous vous rendez devient rouge. Cela permet d’apporter de la visibilité aux voyageurs. »

Les start-up mahoraises en marche vers la French Tech

Mayotte deviendra-t-elle la sixième communauté d’Outre-mer a être labellisée French Tech ? C’est le souhait de Feyçoil Mouhoussoune, créateur d’une entreprise d’ingénierie informatique et président du GEMTIC (groupement des entreprises mahoraises des technologies de l’information et de la communication). Il croit en l’innovation mahoraise et la labellisation French Tech ne pourrait qu’être bénéfique. Raison pour laquelle il appelle tous les acteurs privés à s’exprimer d’une voix commune pour que Mayotte at-teigne cet objectif.

Flash Infos : Vous avez manifesté votre intention de présenter la candidature de Mayotte à la labellisation French Tech. En quoi consiste ce label ?

Feyçoil Mouhoussoune : La French Tech est un réseau d’innovation français. Il regroupe différents écosystèmes spécialisés dans l’innovation technologique, sur le territoire national. On retrouve des points de pré-sence de ces réseaux dans différentes grandes villes, c’est ce qu’on appelle des métropoles French Tech. Ce sont de vrais pôles de compétitivité d’innovation technologique. Et puis, il y a les communautés French Tech, c’est-à-dire des représentations plus petites, dans lesquelles pourrait s’inscrire Mayotte. Cette marque est devenue une image de l’innovation française partout dans le monde.

FI : Pourquoi vouloir labelliser Mayotte ? Quel sera l’intérêt pour les start-up locales ?

F. M. : La French Tech, ce sont aussi des pratiques, des dispositifs du réseau des autres start-up. Il est important pour Mayotte de se connecter à ce réseau pour en bénéficier. Cela nous permettra d’être en contact avec les autres partenaires du territoire national pour rompre l’isolement. Être labellisé French Tech est aussi une manière de reconnaître notre capacité d’innovation et de valoriser ce que notre territoire a à offrir. On pourrait également bénéficier de l’image de marque et avoir de la crédibilité auprès de certains acteurs nationaux et internationaux. De plus, il ne faut pas oublier qu’on a une population très jeune qui va probablement avoir l’ambition de se projeter en dehors de Mayotte, donc la French Tech peut les préparer à s’exprimer à l’international.

FI : Les entreprises mahoraises se rapprochent-elles des critères demandés pour obtenir la labellisation ?

F. M. : Il y a un certain nombre de critères à avoir qui varient selon le niveau de labellisation qu’on veut atteindre. On n’a pas la prétention de vouloir être une métropole French Tech. Notre ambition est de pouvoir créer une communauté localement afin de fédérer un certain nombre d’acteurs de l’innovation. C’est généralement une démarche menée par les acteurs privés mais qui est accompagnée par les pouvoirs publics. On sait qu’on a l’appui du Département, de l’ADIM (Agence de développement et d’innovation de Mayotte), de la CCI (Chambre de commerce et de l’industrie)… Nos institutions seront derrière nous.

FI : Avez-vous établi un délai pour atteindre cet objectif ?

F. M. : Aujourd’hui, on ne s’est pas fixés de délai ni de contrainte. Notre seul objectif est de nous faire labelliser par le réseau French Tech. À nous maintenant de faire en sorte que cela marche.

FI : Actuellement sur l’île, existe-t-il des entreprises plus avancées que d’autres qui peuvent permettre une labellisation plus rapide ?

F. M. : On a une technopole qui est en train de se construire. C’est une infrastructure qui sera dédiée à l’innovation, il s’agit d’un projet de la CCI. L’ADIM a aussi un pôle innovation, il y a des couveuses comme Oud-jerebou, en bref, on a de plus en plus de jeunes porteurs de projets. Nous pouvons également compter sur la diaspora qui est formidable, qui a du talent et qu’on pourra attirer avec la labellisation.

FI : Dans quel domaine peut-on développer l’innovation digitale ?

F. M. : L’innovation digitale est partout. Elle n’est pas forcément que dans la technologie informatique. L’innovation digitale peut être en lien avec d’autres métiers. On parle d’agriculture connectée, d’e-santé, d’e-administration, d’e-éducation, de tourisme digital, etc. Dès l’instant où on peut investir dans de nouveaux modèles plus intelligents, plus performants grâce au digital, on sera dans l’innovation digitale. C’est important pour un territoire comme Mayotte d’être à la pointe sur ces sujets parce qu’on pourrait avoir des solutions moins chères et plus porteuses de valeur grâce au digital. On ne peut pas envisager l’avenir sans le digital.

FI : N’avez-vous pas peur d’être freinés par le réseau internet ?

F. M. : Aujourd’hui, il y a des opportunités avec du bas débit. La question d’avoir des infrastructures de qua-lité est aussi une décision politique. Sur ce sujet, il ne faut pas être défaitiste. On n’aura peut-être pas la 5G, mais si on a un projet qui nécessite le très haut débit, on trouvera un moyen de mettre du très haut débit. Internet est une question légitime, mais il ne faut pas en faire un motif qui nous mènerait à baisser les bras.

Le rectorat de Mayotte nourrit de grandes ambitions pour ses bacheliers de demain

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En devenant un rectorat de plein exercice au 1er janvier dernier, l’académie de Mayotte voit ses champs de compétence évoluer, notamment en termes de recherche et d’innovation. Mardi, le recteur Gilles Halbout, entouré d’un certain nombre de partenaires de l’enseignement supérieur, a fait un point exhaustif sur les perspectives qui se présentent aux futurs bacheliers. Un panel d’outils au service du territoire et des entreprises.

Orientation des élèves, campus des métiers et des qualifications, centre universitaire, recherche et innovation… Pas de doute, l’académie de Mayotte voit grand pour ses futurs bacheliers. « L’enseignement supérieur ne sont pas que les formations portées par le rectorat », rappelle en préambule Gilles Halbout, le recteur dans le 101ème département. Autour de lui dans la salle audio du lycée Bamana de Mamoudzou ce mardi, un florilège de partenaires, à l’instar de la Chambre de commerce et de l’industrie (CCI) ou encore la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF). « À partir du 1er janvier 2021, nous récupérerons la compétence recherche et innovation. » Une nouvelle manière de s’émanciper un peu plus de La Réunion qui pilotait jusqu’alors cette mission. Et surtout d’apporter « un appui au développement économique » local mais aussi « plus d’insertion ». Pour l’épauler dans sa tâche, le chancelier des universités peut compter sur « 4 thémathiques fortes et structurantes ».

Avant même d’évoquer la suite du second degré, il convient de rappeler quelques chiffres. Et sur ce point, Sylvie Malo, la chef du service académique d’information et d’orientation, ne tarit pas d’éloge sur les résultats de l’année scolaire précédente : « Plus de 9 lycéens sur 10 ont obtenu une place [dans l’enseignement supérieur] à Mayotte ou ailleurs. » À titre d’exemple, le CUFR a offert 475 places sur Parcoursup aux néo-entrants pour la rentrée universitaire 2020 (son nombre total d’étudiants est supérieur à 1.500). Autre constat, et non des moindres, le taux d’insertion des bacheliers généraux s’élève à 99%. « Malgré un bac plus facile à obtenir », admet Gilles Halbout. Crise Covid oblige… « Nous savons que nous avons encore des progrès à faire dans le taux d’obtention. » Une remarque pertinente, qui rappelle ô combien le devenir de ces élèves dépend de l’ensemble du cursus scolaire. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas préparer l’avenir. Parmi les nouveautés, nous notons l’ouverture en août d’une classe préparatoire aux grandes écoles d’ingénieur d’une capacité de 24 places au lycée Younoussa Bamana. Suivie d’une autre au lycée de Sada à la rentrée 2021, dans le domaine Économique et commercial voie générale.

Un institut technique agricole d’ici 5 ans

Dans le milieu agricole, dont la formation scolaire initiale est assurée par le lycée agricole de Coconi, les pistes de réflexion sont également pléthoriques pour développer ce secteur d’activité porteur d’emplois sur l’île aux parfums. Sauf que pour Bertrand Wybrecht, le directeur de la DAAF, plusieurs freins s’accumulent. « À Mayotte, nous manquons d’un vivier de stagiaires », souligne-t-il. Avant d’insister sur le « besoin d’institutionnaliser la recherche » ainsi que sur « la création d’un institut technique agricole à l’horizon 3, 4, 5 ans ». Sans oublier l’expansion d’une chaîne d’enseignement supérieur dans l’agronomie, l’agroalimentaire et l’agroécologie. Le tout dans le cadre du projet régional de l’enseignement agricole sur la période 2019-2023.

Deux autres chantiers, chers à Mayotte, sont aussi sur les rails. Le premier est l’envol d’un pôle des métiers de l’aérien au sein du lycée de Pamandzi, regroupant des formations de maintenance aéronautiques, d’accueil et de sécurité. Si le nouveau local pour la maintenance aérienne sera livré sous quinzaine, la création d’une nouvelle extension de l’établissement scolaire sur un terrain proche de l’aéroport est prévue à horizon 2023-2024, dans le but d’accueillir 200 élèves sur les trois champs précités. Le second est l’amarrage d’un pôle régional de la mer et du littoral basé sur Petite-Terre. Une politique spécifique aux territoires ultramarins menée par l’ancienne ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Mais encore une fois, il va falloir prendre son mal en patience car la construction du lycée doit aboutir dans trois ans…

Fahoullia Mohamadi, tête d’affiche

Pour nouer le tout, la région académique peut se targuer dorénavant de bénéficier d’un pôle recherche innovation, sous la houlette de Fahoullia Mohamadi, nommée sur proposition conjointe du préfet et du recteur. En lien avec le schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (SRESRI) porté par le Département, qui doit aboutir en mai 2021. Deux projets pilotes, dont la finalité est de constribuer au développement économique du territoire, sont dans les cartons : l’un terrestre aurait pour thématiques la Pharmacopée et la Cosmétopée, l’autre marin se pencherait sur les Ressources lagonaires et les Paiements pour services écosystémiques.

Si tous ces projets sont ambitieux sur le papier, leur mise en pratique risque de prendre plusieurs années pour concrétiser les attentes du jour. À l’image de ce qui découle depuis plus de 40 ans à l’Institut des études de santé, qui propose 4 diplômes. Dont le plus connu reste celui d’infirmier, avec ses 45 places. « Nous avons un besoin de 120 infirmiers par an au vue des turnovers. » D’où le versement de bourses par le conseil départemental à tous les élèves infirmiers qui acceptent de s’engager 9 ans sur le territoire après la fin des études. Malheureusement, en l’absence du schéma régional des professions paramédicales, il apparaît encore délicat d’établir une liste exhaustive en besoin de formations.

« Former les futurs cadres »

Un échange long de plus d’une heure qui ravit la Chambre de commerce et de l’industrie, et plus particulièrement son président Mohamed Ali Hamid. « Votre invitation confirme le rapprochement entre le développement économique et l’éducation », souligne-t-il, précisant sa volonté de « former les futurs cadres » de demain pour Mayotte. « Nous pouvons former nos premiers de cordée ! » Tout comme « une main d’oeuvre hautement qualifiée ». Et pour rentrer dans le sujet du jour, il rappelle la prochaine sortie de terre d’une technopole à Dembéni, composée d’un incubateur, d’une pépinière, d’espaces de travail collaboratif, de laboratoires de recherche, de salles de formation, d’une résidence pour les chercheurs… Si la structure aurait déjà dû voir le jour, celle-ci est toujours en stand-by puisque l’appel à manifestation d’intérêt sera prochainement lancé pour trouver les premiers porteurs de projet. Un léger retard anecdotique semble-t-il. « Nous avons un panorama riche », s’enthousiasme Gilles Halbout. « Ces outils – IFSI et CUFR – sont au service du territoire et des entreprises. »

Les sapeurs-pompiers de l’aéroport de Mayotte en grève illimitée

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Ce mercredi 30 septembre, les sapeurs pompiers de l’aéroport de Mayotte débutent une grève illimitée. Même si leur direction a entamé une discussion avec eux, leurs principales revendications n’ont pas été entendues. Les professionnels redoutent le non renouvellement de leur contrat avec l’aéroport.

Ils ne descendront pas dans la rue mais leur mouvement aura un impact non négligeable sur le fonctionne-ment général de l’île. Les sapeurs-pompiers de l’aéroport de Mayotte se mettent en grève illimitée à partir de ce mercredi 30 septembre, malgré les quelques avancées obtenues depuis la publication de leur préavis de grève. Après avoir discuté avec EDEIS (société qui s’occupe des activités d’ingénierie et des opérations de maintenance à l’aéroport), cette dernière a fait savoir que le responsable de SSLIA (service de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs) à Mayotte a présenté sa lettre de démission. Son départ était exigé par les pompiers de l’aéroport. “Le problème avec lui, c’est qu’il est raciste. Il dénigre les professionnels. Je n’en dirai pas plus”, déclare Abdallah Bamana, responsable syndical des sapeurs-pompiers de l’aéroport de Mayotte. Ce traitement serait réservé aux soldats du feux du droit privé qui sont sous la direction du SSLIA. Ils ne bénéficient pas du même régime que leurs collègues du SDIS 976, qui eux relèvent du droit public. Dans leurs contrats, il existe un avenant qui ne correspond pas aux fonctions d’un pompier selon Abdallah Bamana. “Dans ce texte, on leur demande de tondre la gazon et de faire toutes autres tâches qu’un sapeur-pompier ne peut pas faire quand l’aéroport a un niveau supérieur à 6.” Pour rappel, celui de Mayotte a un niveau de sécurité de niveau 7. Ce point n’est toujours pas traité puisque la direction souhaite que chaque professionnel envoie un courrier demandant le retrait de l’avenant de polyvalence sur son contrat. “Chose que nous avons refusé catégoriquement car cette action supposerait que le collaborateur refuse son contrat de travail, un licenciement serait à la clé”, explique l’intersyndical du SDIS 976. Pour le moment, cette re-vendication reste donc en suspend…

Une convention mystère ?

Le plus gros point de divergence concerne une convention datant du 1er septembre 2020, et réceptionnée par EDEIS le 22 du même mois. Celle-ci met un terme au contrat entre la société privé et le SDIS 976 à partir du 31 décembre de cette année. Leur accord consistait à mettre à disposition 12 sapeurs-pompiers du droit public au service de l’aéroport. Cependant, l’aéroport souhaite se séparer d’une partie des professionnels du SDIS afin d’embaucher des sapeurs-pompiers qui relèveront du droit privé. Le SDIS 976 a donc décidé de récupérer tous ses salariés. Mais visiblement, cette décision ne fait pas l’unanimité. “Le personnel concerné souhaite rester travailler à l’aéroport jusqu’à leur retraite”, affirme l’intersyndical du SDIS 976. Cette conven-tion sème également le doute auprès des syndicats car ils ne savent pas qui l’a rédigée. « On se demande qui a écrit cette convention et qui l’a envoyée. Car depuis le 18 septembre le colonel Terrien n’a plus de pouvoir au SDIS 976. Et cette convention a été envoyée le 22 septembre. D’après nos sources, c’est le [lui] qui l’a écrite avant de partir, pour nous bloquer”, stipule Abdallah Bamana. Le document en question est signé par la présidente du SDIS 976, mais les syndicats sont convaincus qu’elle n’en a pas écrit un seul mot car “tout le monde sait que c’est une coquille vide”, martèle Abdallah Bamana, le responsable syndical des sapeurs-pompiers de l’aéroport de Mayotte.

Une réunion devait avoir lieu le mardi 29 septembre pour élucider le mystère, mais elle a été reportée par Moinecha Soumaïla à ce mercredi. Les sapeurs-pompiers font savoir que tant qu’ils n’auront pas le fin mot de l’histoire, la grève illimitée sera maintenue.

De retour de Paris, le maire de Mamoudzou voit grand pour sa ville

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Le nouvel élu à la tête de la commune chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaïla est de retour d’une mission de deux semaines dans la capitale, où il a pu rencontrer plusieurs institutions, partenaires et personnalités politiques. L’occasion de rappeler ses ambitions pour la ville et pour le développement de Mayotte. Entretien.

Flash Infos : Vous avez été élu maire de Mamoudzou, commune chef-lieu de Mayotte il y a environ quatre mois. Et vous revenez tout juste d’une visite de deux semaines à Paris. Quel était le but de ce voyage, et qui avez-vous rencontré ?

Ambdilwahedou Soumaïla : Chaque fois que nous pourrons faire parler de Mayotte à Paris, à Bruxelles mais aussi partout dans le monde, je ne manquerai pas l’occasion. Cette fois-ci, elle a pris la forme d’une réunion avec l’ensemble des villes choisies dans le cadre du programme Action coeur de ville [un plan du ministère de la Cohésion des territoires qui vise à améliorer les conditions de vie des habitants des villes moyennes et conforter le rôle de ces villes dans le développement du territoire, NDLR]. Nous avons pu faire un état des lieux du dispositif et parler des améliorations pour l’avenir. De mon côté, et au nom de la collectivité de Mamoudzou, j’ai donc plaidé pour que les dispositifs nationaux puissent bénéficier d’un déploiement spécifique sur chaque territoire, sans être rigides. Par exemple, ce plan ambitionne de dynamiser les centre-villes, or pour Mamoudzou, nos intérêts sont plutôt à l’inverse de développer et rendre plus attractives les périphéries.

J’ai aussi pu profiter de cette opportunité pour rencontrer d’autres institutions, comme le directeur de l’agence nationale de rénovation urbaine, pour parler du projet de rénovation de Kawéni, qui est le poumon économique de Mayotte et de Mamoudzou, ou encore la Caisse des dépôts et consignation en ce qui concerne l’habitat, autre enjeu clé pour notre territoire, et la CNAM pour les problématiques liées à la formation et l’éducation. C’était aussi l’occasion de renforcer nos liens avec nos partenaires financiers, le nerf de la guerre ai-je envie de dire ! L’AFD nous a ainsi donné un accord de principe pour nous accompagner à hauteur de 22,6 millions d’euros. Et puis, naturellement, nous nous sommes entretenus avec les parlementaires pour faire entendre collectivement la voix de Mayotte. À ce titre, j’ambitionne de faire de Mamoudzou une ville du monde et nous avons eu une réunion de travail avec un groupe du Japon dans le cadre de l’association Cités unies. L’idée de fond c’est que nos jeunes soient des jeunes du monde. Et d’ailleurs, dans une vision d’excellence éducative et sportive, nous avons aussi déposé des dossiers au ministère des sports, pour le financement des trois plateaux couverts de Kawéni, Baobab, et Vahibé, ou encore pour le stade municipal de Tsoundzou. Tout cela dans la perspective notamment des Jeux des îles 2027. Et pour montrer que la ville chef-lieu anticipe et afficher notre bonne volonté pour la candidature de Mayotte.

Enfin, bien sûr, j’ai profité de cette visite pour parler sécurité, notamment avec le président du Sénat Gérard Larcher. J’ai bon espoir qu’il puisse s’en faire le relai, pour que le gouvernement ait un regard particulier sur ce qui se passe à Mayotte, et notamment à Mamoudzou, au regard des récents événements. J’en ai profité pour lui glisser un mot sur les dotations, car Mamoudzou, à l’instar des 16 autres communes et du Département, n’est toujours pas logée à la même enseigne que les autres collectivités de la nation. Une divergence avec le droit commun, alors même que Mayotte est le département le plus pauvre !

FI : En parlant de sécurité : vous êtes parti peu de temps après les violents heurts qui ont émaillé la rentrée entre Majicavo et Kawéni, village de Mamoudzou. Quelques jours plus tard, vous étiez reçu au ministère de l’intérieur. Au regard de ce climat sécuritaire tendu, comment cela a-t-il influencé cette visite ? Avez-vous pu mettre l’accent sur ce volet sécuritaire, pour obtenir des avancées concrètes ?

A. S. : Naturellement ! Cela m’a permis d’appuyer sur ces sujets et pas que pour Mamoudzou. J’ai porté la voix de Mayotte toute entière, car nous ne pouvons pas continuer à mourir en silence. Plus concrètement, j’ai pu déposer un premier dossier pour demander 13 millions d’euros pour l’éclairage public. En effet, c’est un élément clé de la sécurité, pour les habitants comme pour les policiers ou les pompiers qui interviennent souvent dans le noir. Nous avons besoin que le gouvernement apporte son soutien. Le but de cet investissement sera de mettre aux normes l’éclairage existant mais aussi de couvrir toutes les zones non pourvues. À côté de cela, j’ai aussi déposé un dossier au ministère pour qu’il nous accompagne sur la vidéoprotection. Aujourd’hui, nous avons 66 caméras et une vingtaine hors d’usage, que nous pourrons remettre en état et sécuriser à condition de décrocher les fonds. Enfin, j’ai bien sûr mentionné le sujet des Assises de la sécurité, en les enjoignant à y participer, les 9 et 10 novembre prochains. Car comme je le dis souvent, il y a 300.000 habitants sur ce territoire et peut-être 300.000 solutions pour faire face à cette montée de violence. C’est donc important de réunir l’ensemble des acteurs.

FI : Votre majorité n’a pas eu la gouvernance de la Cadema sachant que cette dernière concentre des compétences clés pour le développement du chef lieu, poumon économique de l’île, notamment sur les transports, avec le projet Caribus par exemple, et sur l’aménagement du territoire. Or, la Cadema était elle aussi en voyage à Paris au même moment que vous. Est-ce le signe d’une volonté de collaboration renforcée, de dépasser les clivages politiques de l’élection ?

A. S. : Ma position n’a pas changé depuis la campagne. Premièrement, j’ai fait campagne pour la mairie de Mamoudzou, pas pour la Cadema. Car dans mon esprit, la Cadema a toujours été un outil de développement des deux communes et non une ambition politique. Mais mon homologue de Dembéni n’a pas eu cette même vision, il a fait le choix de politiser la structure alors que j’ai tout fait pour l’en dissuader : la Cadema ne doit surtout pas être un outil politique, car cela revient à mon sens à prendre en otage l’ensemble des administrés des deux communes… Mais on nous a fait comprendre que la majorité de Mamoudzou n’y avait pas sa place, cela a été dit et répété. Bien sûr, je l’ai regretté, et ce dès le premier conseil communautaire, où j’ai rappelé que mon état d’esprit était toutefois de travailler ensemble pour développer les deux structures. On nous a demandé de nous occuper de Mamoudzou, soit ! Nous avons pris acte et c’est ce que nous sommes en train de faire. Donc nous avons été tous les deux, Mamoudzou et la Cadema, invités à la même réunion, sans que cela ne soit un problème pour nous, à la mairie. Nous assumons tout simplement nos responsabilités. Voilà l’état de fait.

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : « Nous nous focalisons sur la justice et nous laissons de côté la prise en charge des mineurs »

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Début juin, nous avons appris le départ pour Brest du procueur de la République Camille Miansoni. Jeudi dernier, ce dernier a tiré sa révérence au cours d’une audience solennelle avant de définitivement quitter le territoire vers le 15 octobre. Le magistrat du ministère public a accepté de revenir exclusivement pour Flash Infos sur son passage sur l’île aux parfums.

Flash Infos : Depuis votre arrivée le 17 mars 2017, quelle aura été votre affaire la plus marquante ?

Camille Miansoni : En réalité, toutes les affaires sont marquantes parce que dans chacune d’entre elles, il y a beaucoup de souffrance. Que ce soit un adolescent qui meurt devant le lycée de Sada, comme en août 2019, ou une jeune fille violée… Il est difficile de faire une hiérarchie dans l’importance que subissent les victimes. Je dirais donc que le contexte est plus marquant que l’affaire en elle-même, à l’instar du naufrage du kwassa au large de Petite-Terre la semaine dernière, qui reste toujours difficile à appréhender.

FI : Vous quittez donc Mayotte après 3 ans et demi de bons et loyaux services, quel constat dresseriez-vous du système judiciaire sur le territoire ?

C. M. : Il faut d’abord dire que la justice de droit commun à Mayotte est très récente et remonte à 2011. Or, l’ancrage territorial est important pour une institution. Cette jeunesse se ressent par exemple dans les effectifs qui ne sont pas stabilisés. Nous ne capitalisons pas encore l’expérience : le personnel va et vient. La plupart de nos fonctionnaires et de nos magistrats chez nous sortent à peine d’école. À titre d’exemple, le plus ancien magistrat est arrivé en septembre 2015… Je milite aussi depuis fort longtemps pour que les greffiers aient une réelle attache sur le territoire. La juridiction est encore en construction en interne. Les services doivent être en permanence adaptés. Sur le plan immobilier, les choses ne sont pas définitives même si nous avons des bâtiments fonctionnels. Par contre, nous avons des problèmes d’espace pour archiver. Nous n’avons pas de locaux dédiés aux archives, ce qui constitue un gros problème. Il faut du temps pour que tout ceci puisse se stabiliser. Mais bien sûr que tout cela pèse dans le fonctionnement.

Aujourd’hui, la justice pénale est très largement active et visible. A contrario, la justice civile est sous-utilisée par rapport aux besoins réels car elle n’est pas encore ancrée dans la façon de régler les litiges, comme les problèmes fonciers. Avec le développement économique du territoire, nous aurons de nombreux contentieux à trancher, notamment dans la vie des affaires. En clair, nous sommes en transition et en construction pour encore quelques années. Mais nous nous dirigeons vers une certaine stabilité, qui prendra toutefois un peu de temps…

FI : Face à la recrudescence de la délinquance juvénile, l’État met-il vraiment les moyens pour permettre à la justice de jouer pleinement son rôle à Mayotte ?

C. M. : La justice des mineurs de Mayotte n’est pas un problème propre au territoire. Dans d’autres villes de France, nous en parlons aussi. Je crois donc que le problème des mineurs à Mayotte n’est pas seulement un problème judiciaire. Malheureusement, nous nous focalisons sur la justice et nous laissons de côté la prise en charge des mineurs… La justice pénale ne s’intéresse à un mineur que s’il commet une infraction. Or, ce qui devrait nous préocupper est que celui-ci ne commette jamais cet acte. Toute cette énergie devrait être mise dans son accompagnement. Bien sûr, nous pouvons toujours améliorer les structures, mais cela ne relève pas uniquement de l’État ! Certaines dépendent des missions du Département, commes les maisons de l’enfance, les centres de protection maternelle et infantile, qui servent à les accueillir, les accompagner, les éduquer et à suppléer les familles. La dimension judiciaire arrive seulement en bout de course, quand le drame s’est déjà produit. Aujourd’hui, l’enjeu premier est de ne pas laisser sombrer ce public. Il y a 30 places en prison pour les mineurs, un chiffre déjà élevé. Nous n’allons pas mettre tous les voleurs de téléphone en prison, cela n’aurait pas de sens !

FI : Bon nombre de candidats aux élections municipales avaient évoqué la possibilité de construire des centres éducatifs fermés pour enrayer le problème…

C. M. : Un centre éducatif renforcé est ouvert depuis 2 ans. Nous pourrions légitimement espérer un centre éducatif fermé mais il faut rester très lucide sur ces outils. Regardez combien il y en a à La Réunion et quelles sont leurs capacités… Ces infrastructures demandent beaucoup de moyens pour les faire vivre. Mayotte en aura forcément à terme, mais tout est une question de budget ! Il ne faut pas vraiment occulter cet aspect, ce serait illusoire. Sans oublier que ces centres arrivent après l’acte et que leurs durées sont limitées dans le temps. La solution n’est pas dans la coercition généralisée, à moins que vous ayez les moyens d’en construire 20 ou 30. Mais Mayotte deviendrait alors un département carcéral. L’ambition est de développer un département qui offre des perspectives aux mineurs, par l’insertion professionnelle et l’éducation pour que le moins d’entre eux passe à l’acte. Et pour y arriver, tous les acteurs doivent jouer leur rôle : les familles, le Département avec la protection des mineurs ainsi que les collectivités, via les ressources associatives, qui doivent agir en prévention, de façon massive, nuit et jour. Si nous mobilisons toutes ces ressources, nous pouvons espérer canaliser les jeunes et les moins jeunes qui posent tant de problèmes à Mayotte.

FI : Nous entendons souvent que la justice ne fait pas son travail à Mayotte puisque les faits de violence continuent à se multiplier sur l’île. N’est-il pas préférable de privilégier les travaux d’intérêt général (TIG) qui permettraient peut-être de polisser les remises en liberté ?

C. M. : Nous utilisons déjà les TIG, même si nous pouvons toujours faire mieux ! Mais encore faut-il que les communes jouent le jeu, car il faut des structures d’accueil. Et ces dernières dépendent principalement des associations et des collectivités. Si les 17 communes de l’île proposaient une offre suffisante de postes de TIG avec un encadrement adéquat, cela faciliterait l’attribution. Il est clair que ces sanctions font parties des alternatives et que nous pourrions les utiliser encore davantage.

FI : Face aux attaques personnelles, certaines à caractère racial, dont vous avez fait l’objet, quels conseils donneriez-vous à votre successeur, Yann Le Bris, pour exercer au mieux ses fonctions dans un tel climat ?

C. M. : Je n’ai pas de conseil à donner à mon collègue. Qu’il fasse ce qu’il doit faire, ce qui est prescrit par les textes. Nous n’avons pas d’autres cadres, d’autres références… La loi est la même ici ou à Brive la Gaillarde [où Yann Le Bris est actuellement en poste].

Contrairement à ce que les habitants croient, j’ai conscience de l’exaspération que suscite la situation. Même si je me dis que la population est parfois amnésique. Les faits que nous vivons aujourd’hui, nous les avons déjà vécus par le passé. Petit rappel : en 2012 avec l’assassinat d’un garçon en plein cœur du lycée Bamana, en 2016 avec les coupeurs de route… Vous pouvez trouver sur Internet tout un tas de documents relatant ces événements. Les rapports des 20 dernières années proposent une littérature abondante sur la situation générale à Mayotte. Cette délinquance est ancrée, c’est un fait ! Certes, il convient de faire de la répression inplacable, mais il faut surtout faire de la prévention en amont. Aucune représsion n’empêchera le passage à l’acte.

Le centre pénitenciaire de Majicavo possède 278 places sur le papier. Au 22 septembre, il comptait 343 effectifs hébergés, soit un taux de l’ordre de 123.38%. À titre de comparaison, ceux de Saint-Denis et du port à La Réunion recensent 507 et 382 détenus pour respectivement 569 et 507 places. Nous pouvons toujours dire que nous ne sommes pas assez répressifs ici. Bien évidemment, nous pouvons aller jusqu’à 130, 150, voire 200% d’occupation. Mais nous voyons bien que la réponse n’est pas que là ! Il faut empêcher que ces jeunes désoeuvrés passent à l’acte. C’est un travail plus profond, qui demande le déploiement sur le terrain de polices municipales. Ce sujet doit concerner tous les acteurs. Nous pourrons toujours reprocher à un procureur de la République tous les maux d’un territoire, mais au final, les difficultés seront toujours là !

Mayotte : après 71 jours de conflit, les salariés de BDM aux abois signent la reprise

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Sans salaire depuis plus de deux mois, les grévistes qui avaient répondu à l’appel du syndicat CGT-Ma ont accepté l’accord proposé avec la médiation de la préfecture et de la Dieccte. Un protocole bien maigre au vu des nombreuses revendications qui avaient poussé la centaine d’employés à battre le pavé et bloquer les entrepôts…

Petit score. Après pas moins de 71 jours de grève, la médiation de la Dieccte, trois entrepôts bloqués, mais aussi des incendies de pneus et quelques Douka Bé sans dessus dessous, les salariés de Bourbon Distribution Mayotte – qui comprend les enseignes Jumbo Score, Score, SNIE et Douka Bé – ont enfin obtenu gain de cause. Enfin, tout du moins quelque chose : trente euros, en l’espèce. Un bien maigre butin, par rapport aux 150 euros réclamés à grand cris depuis le début du mouvement.

Pourtant, ce lundi, les grévistes, qui avaient rendez-vous à la Case Rochet en Petite-Terre en présence de leur direction, du préfet et des représentants de la Dieccte, ont accepté de signer ce protocole de sortie de crise, aux allures de rabais. Une fin de conflit qui s’est ficelée en seulement quelques jours : les employés avaient levé les piquets de grève vendredi soir, ce qui avait permis aux discussions de reprendre dans le calme avec le groupe de distribution.

Le statut quo a trop duré

Avant cela, et depuis une première négociation le 21 août dernier, la grève semblait au contraire s’enliser, aucune des deux parties n’ayant l’air prête à mettre de l’eau dans son vin. Côté salariés, environ une centaine sur les 540 que compte le groupe à Mayotte, mobilisés depuis le 21 juillet à l’appel du syndicat CGT-MA, l’on attendait des promesses fortes pour aligner leurs droits sur ceux de leurs voisins réunionnais, mais aussi des autres salariés du groupe – BDM, filiale de Vindémia, venant d’être rachetée par le groupe Bernard Hayot (GBH), présent dans les Outre-mer.

Le syndicat réclamait notamment une hausse de 150 euros des salaires mais aussi des chèques déjeuners d’une valeur de neuf euros, la majoration des jours fériés à 200%, des réductions de 10% pour leurs achats chez leur employeur ou encore un 14ème mois et une prime transport. Mais rien que pour la revalorisation, difficile de faire plier la hiérarchie : celle-ci ne leur proposait que 23 euros seulement. Et pas pour tout le monde… Dans l’impasse, les grévistes poursuivaient donc leur blocage, tandis que la direction refusait tout dialogue tant que les salariés en grève maintenaient leurs entraves sur les entrepôts.

30 euros et bass

Tout ça pour ça ? “Demain, on reprend le boulot”, a simplement résumé Eddine Chadhouli du service technique de BDM, interrogé à la sortie de la Case Rocher par le Collectif des citoyens de Mayotte, venu apporter son soutien aux grévistes. Déçu ? “On a quand même gagné le combat, on a tenu jusqu’au bout”, a maintenu le salarié devant la caméra. Tous les salariés de BDM – du moins ceux au niveau de la grille – repartent donc avec trente euros.

Et bass ! Ces quelques 6,60 euros de plus ne sont guère que le seul avantage obtenu par les grévistes pour ces longues journées passées sur le piquet. Certes, quelques solutions avaient déjà été apportées avant la grève, comme les quatre tickets restaurants supplémentaires et une première hausse de 24 euros. Mais après 71 jours de grève, le protocole de sortie de crise ne prévoit pas d’autres avancées significatives. Si ce n’est la possibilité, en cas de besoin, d’obtenir des avances sur les salaires pour le mois d’octobre, qui seront retenues sur les deux mois suivants. Un petit coup de pouce pour ceux qui, après plus de huit semaines de conflit, se retrouvent carrément sur la paille…

Gare aux licenciements

Le texte assure enfin les employés qu’il n’y aura pas de nouvelles poursuites judiciaires contre les fauteurs de trouble. Certaines exactions et dommages collatéraux avaient en effet pu émailler le mouvement, comme ces incendies de pneus devant le Jumbo Score à Majicavo, qui avaient conduit une école à proximité à fermer ses portes. Dernière précision apportée par le protocole : “Les sanctions disciplinaires seront mesurées.” Comprendre : pas de licenciement systématique. Mais gare, tout de même, aux quelques coups de balai…

Une dame et son bébé attaqués à Dzoumogné ce week-end

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Dans la nuit de samedi à dimanche, une dame accompagnée de son bébé ont été victimes d’un guet-apens à Dzoumogné. Des individus avaient érigé un barrage en feu. La gendarmerie est intervenue. L’af-frontement entre les deux parties a duré près de deux heures.

“Je remercie Dieu de m’avoir laissée en vie pour pouvoir parler.” C’est ainsi que commence le témoignage poignant de Rama, publié sur les réseaux sociaux. Cette mère de trois enfants a vécu le plus gros trauma-tisme de sa vie dans la nuit de samedi à dimanche à Dzoumogné. Elle rentre de l’hôpital avec son bébé, qui a une fièvre de presque 40 degrés. À l’aller, en partant d’Acoua, Rama constate déjà le barrage, mais une brèche lui permet d’emmener son nourrisson aux urgences. Il est alors minuit. C’est à son retour que la si-tuation se complique. “Arrivée au niveau du pont (de Dzoumogné), je vois le feu et la fumée. J’essaye de faire demi-tour mais c’était impossible, il y avait déjà des individus derrière ma voiture”, raconte-t-elle, en-core terrifiée. Et d’ajouter : “Mon fils de 13 mois m’a vue stresser, il m’a vue crier.” Ne pouvant retourner en arrière, Rama essaye donc d’avancer mais face au barrage, il lui est impossible d’aller plus loin. Elle se re-trouve alors piégée, et encerclée en quelques secondes. “Je me suis dit que j’étais morte. Je me suis vue mourir”, dit-elle, d’une voix tremblante. Elle n’a pas d’autre choix que d’ouvrir la portière de sa voiture et de sortir. Elle s’assoit à même le sol en leur criant : “Prenez tout ce que vous voulez mais s’il vous plaît ne me tuez pas. J’ai des enfants qui m’attendent à la maison.” Insensible à ces cris de désespoir, le groupe de délin-quants, armés de barres de fer, de couteaux et de marteaux, décide toutefois de fouiller sa voiture de fond en comble. Rama joue sa dernière carte et montre le carnet du petit pour qu’ils la croient. Ils la laissent alors partir, non sans avoir pris son sac à main. “Il ne faut pas faire ça. Ne faites pas de mal aux gens”, glisse la mère de trois enfants, en jetant un dernier coup d’oeil par dessus son épaule. La réponse fuse, glaçante : “Ici c’est Mayotte, c’est comme ça !”

Deux heures d’affrontement avec la gendarmerie

Hors d’atteinte, Rama essaye tant bien que mal de conduire. Puis s’arrête un peu plus loin pour appeler la gendarmerie, peu avant 2h du matin. Une longue attente de 45 minutes d’après s’ensuit, avant l’arrivée sur place des militaires de M’tsamboro. Une partie d’entre eux escorte la femme, encore sous le choc, jusqu’à son domicile, tandis que les autres se rendent sur le lieu en question. “C’était un barrage en feu, tenu par une quinzaine de personnes. Nous sommes intervenus pour le dégager sous leurs jets de projectiles”, ex-plique le porte-parole de la gendarmerie nationale. Les forces de l’ordre ripostent avec des bombes lacry-mogènes et réussissent à dégager le passage. Mais c’est sans compter sur la détermination de la partie ad-verse, qui veut en découdre. “Ils ont essayé d’en installer un autre. Nous sommes donc restés sur les lieux jusqu’à 4h du matin”, précise la gendarmerie. Au total, entre les gendarmes de M’tsamboro, ceux du Pelo-ton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) et les gendarmes mobiles, 17 soldats ont été mobilisés sur cet événement. Devenu tristement banal ces dernières semaines sur le 101ème département.

Surveillance des plages, ménage, jardins… Des agents du CD de Mayotte entrent en grève

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Les agents de terrain du conseil départemental réclament plus de moyens pour assurer leur sécurité et leurs conditions de travail. Le syndicat Force ouvrière appelle à la grève à partir de ce lundi, 7h.

L’histoire avait fait le tour de l’île. Un vendredi soir de juillet à Saziley, Mohamed Ali était sauvagement agressé par des braconniers pendant un bivouac organisé par Les Naturalistes. Ce garde tortue du conseil départemental, partenaire de Sea Shepherd et président de l’association de sécurité villageoise de M’tsamoudou (ASVM), blessé à la tête et inconscient, sera alors évacué à l’hôpital. Et pendant qu’une marche s’organisait en soutien à la victime et à sa famille, l’affaire provoquait aussi un petit séisme entre les quatre murs du conseil départemental. Pour les agents de terrain de la collectivité, confrontés quotidiennement aux problématiques de sécurité et à des conditions de travail difficiles, c’était un peu la goutte d’eau. Un ras-le-bol qui les conduit aujourd’hui à se mettre en grève. “Ces agents sont particulièrement exposés au climat d’insécurité que nous constatons aujourd’hui… Ils vont au boulot la boule au ventre”, décrit Ichaan Madi, la secrétaire générale du groupement départemental Force Ouvrière services publics, qui porte aujourd’hui leurs revendications.

C’est donc à l’appel du syndicat, majoritaire au sein des instances du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), du comité technique et des commissions administratives paritaires (CAP), qu’une partie des agents de terrain, parmi lesquels les personnels en charge du ménage, les gardiens et agents de surveillance, les agents de surveillance des tortues, les jardiniers et les agents de la brigade rivière, se mobilise à partir de ce lundi. Au coeur de leurs revendications, donc : la sécurité. “Quelques jours après l’agression, ils ont enfin obtenu les casques qu’ils réclamaient depuis longtemps, alors qu’on leur avait toujours rétorqué qu’il n’y avait pas les moyens”, retrace la représentante syndicale.

Le local, seule échappatoire face aux braconniers

Plus de matériel, mais aussi des meilleurs locaux figurent en tête de leurs réclamations. En effet, le local de Moya doit être détruit dans quelques jours dans l’optique d’en construire un nouveau. Mais “rien n’a été prévu entre temps pour que les agents puissent déposer leurs affaires et continuer leur mission”, dénonce Mouslimou Maouard, secrétaire général du syndicat au conseil départemental. Or ce local est aussi souvent leur seule solution de repli face à des braconniers, armés de machette. Autre cause de leur colère : l’absence de régularisation de leur situation administrative. “Anciens jardiniers, les gardes tortues n’ont pas vu leur intitulé de poste changer, donc ils ont le même salaire, sans prime pour le travail de nuit ou le risque”, abonde encore Ichaan Madi.

Dialogue rompu

D’une manière générale, les agents de terrain ont décidé de mener cette action collectivement pour réclamer une meilleure prise en compte de leur travail par leur direction, qu’ils jugent trop souvent au mieux absente, au pire carrément méprisante. Défauts de management, critiques acerbes, voire insultes… Le dialogue semble parfois impossible avec leurs directeurs. Sans forcément demander des départs, les agents attendent “au moins qu’ils soient à l’écoute”, explique Ichaan Madi. “Sauf pour les femmes de ménage. Elles insistent pour que leur directrice change de poste.”

Sortie de crise rapide ?

Parmi les autres revendications des grévistes, l’on retiendra aussi la question de la prime Covid, car certains agents n’ont pas arrêté de travailler pendant le confinement, ou bien ont été rapidement rappelés. “Nous voulons voir la liste des bénéficiaires pour vérifier que tout est bon”, indique Mouslimou Madi. Ou encore celles de l’indemnisation en cas d’accident ou d’attaques pendant l’exercice de leurs missions, des réunions plus régulières du CHSCT, surtout en cas d’incident comme celui de Saziley, de nouveaux locaux pour les jardiniers, et une meilleure sécurisation des bâtiments pour les gardiens. “La majorité des sites sont de vraies passoires, et parfois les effectifs ne sont pas suffisants pour être en binôme, alors que la réglementation l’exige”, développe Ichaan Madi.

Pour l’instant, le syndicat a pu se réunir une première fois jeudi avec les directions concernées, les responsables des ressources humaines et de la médiation, et la vice-présidente du conseil départemental, chargée de l’administration générale, des infrastructures et des transports, Fatima Souffou. Si certaines revendications ont été entendues, d’autres restent en suspens et les agents confirmaient à l’issue de cette rencontre leur intention de faire grève à partir de ce lundi, 7h. Résultat : le Département devra compter sans certains bras précieux pour surveiller les plages, entretenir les espaces et sécuriser sites et rivières… Une situation qui n’est dans l’intérêt de personne. Contactée, la vice-présidente Fatima Souffou se garde de tout commentaire. “Ils sont en fin de mandat, ils nous ont contacté vite à partir du préavis de grève. Ils n’ont pas vraiment intérêt à ce que cette affaire s’envenime”, fait valoir Ichaan Madi. Optimiste.

À travers sa nouvelle série, Naftal-Dylan Soibri met les talents mahorais sous le feu des projecteurs

Un jeune Mahorais vient de signer le deuxième épisode de sa série, totalement auto-produite, FBI Mayotte, qui rencontre déjà un grand succès sur les réseaux sociaux. Un projet porté par une bande de copains, soucieux de prouver à toute l’île que Mayotte ne manque ni de talent ni de créativité.

Plus de 22.500 vues en seulement trois jours. Il faut dire que la dernière production de Naftal-Dylan Soibri n’a rien a envier à celles d’une grande chaîne de télévision. Pourtant, le jeune Mahorais a totalement auto-produit sa mini-série, FBI Mayotte. Les acteurs ? Ses copains d’enfance. Les lieux de tournage ? Les rues de Petite-Terre. L’intrigue ? Une sombre histoire d’intoxication au poutou de Mama Brochetti pour éponger les dettes d’un manzaraka… Une réalisation 100% made in Mayotte, pour montrer que l’île regorge de talents et dédier à ses habitants un contenu à leur image.

« Avec l’équipe, on s’est dit qu’il n’y avait pas vraiment de série à Mayotte. On avait fait Wassi l’année dernière, qui avait été diffusée sur Mayotte la 1ère, puis on s’est rendu compte que les Mahorais préféraient l’humour », commente Naftal-Dylan Soibri, qui a tenu, dans l’épisode deux de FBI Mayotte, à faire un clin d’œil au comédien Khams, figure de l’humour mahorais, décédé en juin dans un accident de jetski.

Tournage en un week-end

« Le premier épisode ? C’était un peu pour amuser la galerie », sourit le patron de la société ND Production. « Et finalement, ça a beaucoup mieux marché que ce qu’on espérait, y compris en dehors de Mayotte, et on nous a demandé une suite. » Amuser la galerie, oui, mais pas question de tomber dans l’amateurisme. « On a investi avec nos propres moyens, soit 4.000 euros pour l’épisode 2 de FBI Mayotte, et tout a été tourné en un week-end », commente encore le réalisateur. « Sur place, on a les compétences, les moyens techniques, les techniciens et beaucoup de talent. C’est aussi une façon de redorer l’image de Mayotte au-delà de la délinquance et de la violence. J’espère que tout cela va permettre de créer des vocations ! »

Une vocation pour laquelle Naftal-Dylan Soibri s’était engagé, quelques années plus tôt, dans un BTS audiovisuel à Paris, complété par une formation dédiée au cinéma. Diplôme en poche, il décide de rentrer à Mayotte pour s’y lancer en tant que producteur. « J’ai pensé que mon pays en avait besoin et je voulais développer le secteur à l’échelle de l’île. Au début, c’était compliqué, mais petit à petit, les projets commencent à voir le jour. » Preuve en est, il est devenu le producteur de l’émission culinaire Zana Za Maoré, diffusée sur Mayotte la 1ère et a, en sus de nombreux spots publicitaires, réalisé l’un des clips du chanteur Goulam. La qualité de son travail lui a même valu d’être repéré par Youssoufa Mass, qui a lui-même réalisé la série Force & Honneur pour Canal+, ainsi que les clips de Djadju, Soprano et La Fouine. Une belle reconnaissance pour l’enfant de l’île, qui regorge encore de projets, parmi lesquelles une émission inter-villages, tournée à Mayotte, évidemment. Gardez l’œil ouvert…

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