Passation de pouvoir au pôle Ursec entre Christophe Caralp et Karim Mechergui

Après un peu plus de trois ans, Christophe Caralp quitte la chefferie du pôle Ursec (urgences, réanimation, SAMU-SMUR, Evasan, caisson hyperbare) pour s’occuper essentiellement du service d’aide médicale urgente et redevenir « un simple soldat ». Il passe le relais à Karim Mechergui, qui va devoir assimiler ses nouvelles fonctions et apprendre à jongler entre les obligations administratives et l’activité clinique.

Entre Christophe Caralp et Karim Mechergui se dégagent un respect mutuel et une amitié sincère. Il suffit de les regarder prendre la pose, bras dessus bras dessous, pour comprendre ce lien qui les unit. De la même génération, les deux quadragénaires nourrissent la même conception de la médecine. Et partagent surtout le même goût de la taquinerie et du second degré. Une copie conforme sur le papier qui tombe à pic alors que le premier laisse sa place au second à la tête du pôle Ursec (urgences, réanimation, SAMU-SMUR, Evasan, caisson hyperbare). « En vrai, le praticien de réa n’a pas accepté le poste », pouffe de rire le sortant à destination de son successeur. Avant de reprendre un air plus sérieux : « On a alors réalisé un audit interne et il s’est positionné. » Bingo !

Depuis décembre dernier, la passation de pouvoir s’opère en douceur pour que Karim Mechergui prenne ses marques et assimile les rouages de sa nouvelle fonction. « C’est important qu’il y ait une forme de continuité et d’accompagnement. Quand j’ai pris le poste, mon prédécesseur est parti au bout d’une semaine… », se remémore, la mine déconfite, celui qui aura tout de même tenu un peu plus de trois années. Une période marquée par de nombreuses crises : rougeole, peste, Ebola en Afrique, et bien entendu Covid-19… Dur dans ces conditions de repartir pour un nouveau cycle de quatre ans. « Je sais que je vais faire une pause avec Mayotte à un moment donné. Dans quelques mois, cela fera dix ans que je suis le territoire », souligne Christophe Caralp, tenté de voguer vers de nouvelles aventures.

À l’inverse du Bordelais d’origine qui s’inscrit plutôt dans la durée. « En tant que chef du caisson, j’ai géré des équipes médicales et paramédicales. Cela m’a plu d’être décideur ! Quand il m’a proposé l’intérim, j’ai dit oui, mais ce n’était en aucun une ambition de carrière. Plus sérieusement, je ne sais pas si j’aurais accepté sans ce cadre de transmission. » Reste maintenant à apposer sa patte et surtout à trouver son rythme de croisière entre les nombreuses réunions de direction et les décisions de projet qui s’enchaînent dernièrement. Sans oublier la correspondance et la proximité avec les autorités telles que l’agence régionale de santé et la préfecture. « On a un petit temps administratif, mais rien qu’avec cela, j’ai déjà rempli mes heures. »

 

De nombreux projets pour les deux

 

Et c’est bien là toute la complexité de la tâche : ne pas se noyer sous la paperasse et en oublier sa mission première, à savoir sauver des vies. « Il faut être légitime et vu sur le terrain pour ne pas perdre la confiance de tes équipes », lui souffle Christophe Caralp. D’où la volonté de ce dernier de se concentrer essentiellement sur le service d’aide médicale urgente. Sans amertume aucune. « Je n’ai pas de souci à redevenir un simple soldat, bien au contraire. Je suis très content de m’être détaché du pôle Ursec qui est un poste usant. » Au Samu, moult projets l’attendent de pied ferme : le lien entre le 15 et le 18, l’instauration de la visiophonie, la formation des permanenciers ou encore la création d’une plateforme d’accueil des patients.

Sous la supervision de Karim Merchegui. Qui a lui aussi du pain sur la planche avec le renouveau des urgences, l’informatisation des évacuations sanitaires, l’installation d’une salle de crise, la mise en place d’un hélicoptère 24 heures sur 24, la construction d’héliports dans tous les centres médicaux de référence… « Je vais essayer de me calquer sur Christophe car on a la même vision et tout ce qu’il a monté va dans mon sens. Mais il va aussi falloir que je trouve mon équilibre. » Si le nouveau responsable va continuer à mener le projet de pôle écrit jusqu’en 2025, il aimerait communiquer davantage avec les autres services, à l’instar de la médecine, de la chirurgie et de la pédiatrie, dans le but « travailler en pleine efficience avec tout l’hôpital ».

Tandis que l’un aspire à monter en compétences rapidement pour « avoir plus de billes » et « être un bon manageur d’équipes », l’autre souhaite se « régénérer » et redécouvrir l’adrénaline de la première ligne. Car tous deux le savent, « le risque sinon est de s’enkyster dans son bureau ». « Mayotte est un accélérateur d’apprentissage, pas question de ressembler à la caricature du prof hospitalier », conclut Christophe Caralp. Avant de repartir hilare avec son pote, bras dessus bras dessous.

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