Le numéro mis en place par le CHM avait pour but de décharger les numéros d’urgence, envahis d’appels de personnes angoissées par le confinement et la propagation du coronavirus. Mais les professionnels se retrouvent aussi face à des situations de détresse d’un autre genre et doivent réorienter les familles vers les solutions de distribution alimentaire.
Les récents chiffres du Coronavirus à Mayotte sont plutôt stables. Mais l’agence régionale de santé n’en démord pas, la crise à Mayotte n’est pas encore arrivée à son point critique. Le confinement n’est pas toujours respecté, et le réapprovisionnement de l’île risque de rencontrer des difficultés en cours de route.
Depuis une dizaine de jours, un groupe de bénévoles fabrique, grâce à des imprimantes 3D, des visières de protection à destination du personnel de santé notamment. Mais alors que le collectif travaille sur ses fonds propres, les stocks de matériel diminuent drastiquement.
Entre la lutte sans merci qui se joue sur le marché des protections en ces temps de pandémie, et les priorités du secteur médical, les entreprises privées et services de proximité sur l’île aux parfums, bataillent sans relâche pour obtenir leurs commandes de masques.
L’ancien site des urgences devrait d’ici peu reprendre du service pour accueillir les patients qui ne sont pas concernés par le Covid-19. Cette mesure de précaution se justifie pour anticiper une éventuelle explosion du nombre de cas et un passage de l’épidémie en phase 3. Toutefois, les chiffres de la réanimation et de la régulation du SAMU démontrent que l’activité reste encore calme dans le 101ème département.
Face à la croissance inquiétante des besoins en aide alimentaire, Médecins du monde a décidé de donner de la voix pour faire bouger les lignes. Objectif, unir toutes les forces du territoire pour répondre à l’urgence et permettre aux populations défavorisées d’accéder au minimum vital que le confinement a drastiquement restreint. Le tout sous l’égide des pouvoirs publics, les seuls à même de coordonner l’action globale que l’ONG appelle de ses vœux. Explications avec Lolita Lopez, coordinatrice du programme Mayotte chez Médecin du monde.
Gestes barrières, distanciation sociale ou encore respect du confinement : plus que jamais, la sensibilisation est nécessaire pour limiter la propagation du Covid-19. Oui, mais voilà : à Mayotte plus qu’ailleurs, celle-ci demande de tenir compte des spécificités locales, et notamment linguistiques. C’est désormais chose faite grâce à Clap, une boîte de production qui a pris l’initiative de réaliser une série de spots pour bien faire passer le message.
Précarité aidante, nombre de familles à Mayotte ne peuvent subvenir aux besoins élémentaires en produits sanitaires, en des temps où ils relèvent pourtant de l’indispensable. Touché par la situation, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux de La Réunion tente de se mobiliser pour fournir plusieurs centaines de kilos de savon. Et attend l’appui des institutions mahoraises.
Jérémie Gallon, comme des dizaines de membres du corps médical a pris la décision de venir prêter main-forte au CHM. Mais comme des dizaines de ses confrères ou collègues, il a d’abord dû, avant de partir “au front” contre la crise sanitaire, affronter “ce que l’administration peut faire de pire”. Récit d’un voyage en absurdie.
Lundi, la directrice générale de l’agence régionale de santé, Dominique Voynet, a dévoilé que Bandrélé faisait partie des trois zones géographiques dans lesquelles on recensait le plus grand nombre de cas. Une réunion s’est tenue hier matin, à la demande du maire de la commune, avec les autorités compétentes pour faire un point sur cette évolution. Si rien de nouveau n’en est ressorti, une habitante propose des mesures drastiques pour enrayer la propagation.
La gestion de la crise Covid-19 à Mayotte est fortement pointée du doigt par les partenaires sociaux mais également les particuliers. À l’exemple de l’avocat Nadjim Ahamada qui met en cause l’État, le CHM et l’ARS de Mayotte. De son côté, le collectif intersyndical de Mayotte entame également une procédure de plainte contre les mêmes autorités.
Pour son point bi-hebdomadaire, l’ARS a pour la première fois communiqué sur les zones géographiques dans lesquelles s’est propagé le Coronavirus. Si dans certaines, comme Mamoudzou et Petite-Terre, des clusters professionnels étaient déjà pressentis, la situation de Bandrelé fait l’objet d’une vigilance accrue.
À Mayotte depuis 2016, Ahmed et sa femme n’ont pas attendu la propagation du Coronavirus pour distribuer des kits alimentaires aux populations les plus défavorisées. Depuis plus de trois ans, le couple alloue 200 euros par mois pour venir en aide à quatre familles situées dans le quartier de La Vigie, en Petite-Terre. À ses yeux, le véritable secret d’un élan de solidarité efficace est un canal direct entre les donateurs et les receveurs.
Les familles Ali* et Bacar* remuent ciel et terre pour faire rapatrier de l’Union des Comores leur mère et père respectifs, tous deux porteurs de pathologies graves. Mais ni la préfecture de Mayotte ni l’ambassade de France sur place ne semblent vouloir bouger le petit doigt dans l’immédiat. Or, leurs pronostics vitaux sont bel et bien engagés selon leurs enfants.
La Caisse de sécurité sociale de Mayotte joue un rôle tout particulier à Mayotte. Celle-ci assure en effet diverses compétences allant du recouvrement des cotisations aux versements des allocations, en passant par le soutien à certaines associations. Des missions indispensables au territoire qui ne peuvent être mises entre parenthèses durant la crise du Covid-19. Ymane Alihamidi-Chanfi, directrice de l’organisme, détaille les mesures prises.
La directrice de l’ARS a tenu hier une audioconférence pour faire le point sur l’avancée de l’épidémie de Coronavirus à Mayotte. Alors que les cas dépistés s’alourdissent chaque jour, l’épidémie ne semblerait pas se diffuser, selon Dominique Voynet, qui cite même un potentiel patient 0 identifié.
Alors que l’épidémie continue de se propager sur l’île et qu’un premier décès sur une personne fragile est à déplorer, la problématique de la gestion des dépouilles commence à se poser. Entre respect des rites funéraires chez une population encore très attachée à ses coutumes, et précautions indispensables pour limiter la propagation du virus, le bon arbitrage semble difficile à trouver.
Si l’intrusion du covid-19 dans notre quotidien modifie radicalement nos habitudes, elle est aussi l’occasion de révéler de belles chaînes de solidarité. Et sur ce point, certaines entreprises sont à la pointe. C’est le cas de l’hôtel Caribou qui, chaque soir, offre des pizzas aux services mobilisés dans le cadre de la lutte contre le virus.
Les aides alimentaires semblent partir d’une bonne intention. Pourtant, cette initiative pourrait rapidement vider les rayons des magasins et provoquer une pénurie sur l’île, dans quelques semaines, si les acteurs sociaux ne changent pas de stratégie.
Les journées sont chargées pour les autorités. Représentant direct de l’État à Mayotte, le préfet Jean-François Colombet nous répond sur crise du Covid-19. Équipement sanitaire, liaisons aériennes, porte-hélicoptères Mistral, confinés du RSMA et ramadan : le haut fonctionnaire fait le point.
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