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Pour la Cimade, « la politique du chiffre l’emporte sur le reste », y compris sur la situation sanitaire à Mayotte

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Son passage sur le plateau de Kwezi TV aura mis le feu aux poudres. Lundi, la sous-préfète en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, Nathalie Gimonet a évoqué, face aux caméras, l’importance de maintenir les expulsions de clandestins en période de crise sanitaire. Mais pour la Cimade, la situation pose au contraire plusieurs sérieux problèmes.

« C’est édifiant », raille la Cimade sur les réseaux sociaux. Pourtant, mardi, les membres de l’association qui lutte pour le respect des droits des migrants n’avaient pas le cœur à rire. La veille, Nathalie Gimonet, sous-préfète en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, interrogée sur le plateau de Kwezi TV, rappelait « l’objectif prioritaire » pour les autorités « de rétablir un niveau de reconduites que nous connaissions avant la crise sanitaire », marquée par une suspension des expulsions du territoire longue de plusieurs mois. Et avec 2.200 personnes « reconduites de façon contrainte » en janvier, « nous y arrivons », a assuré la haute fonctionnaire. Mais pour la Cimade, cette stratégie risque d’engendrer de lourds risques pour la santé publique, ainsi qu’une sérieuse atteinte à la dignité des personnes expulsées, expulsables, et pas seulement.

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« Les expulsions vont se poursuivre et avec elles, la circulation du virus entre les îles et l’enrichissement juteux des mafias diverses. Le groupe d’appui opérationnel va pouvoir profiter aussi des contrôles du confinement pour interpeller ! Ça va être franchement super, dites-donc ! », ironise la Cimade au lendemain de la diffusion de l’entretien. « En ce qui concerne les décasages dans les quartier de tôles, le calendrier fixé est maintenu malgré le confinement. […] Est-ce que déguerpir dans le mois et huit jours comme le prévoit l’arrêté sera considéré comme un déplacement impérieux ? Quelle case cocher sur l’attestation pour celle ou celui qui cherche refuge avec ses enfants ? »

 

Des expulsions injustifiées,
aussi en temps de Covid

 

Et qui dit expulsion dit, au préalable, passage par le centre de rétention administrative. Mais là encore, les craintes sont nombreuses. « Aujourd’hui au CRA, la moitié des juristes sont arrêtés pour cause de Covid-19. Les personnes qui y sont placées ont donc encore moins de chance qu’en temps normal de pouvoir exercer leur droits. En moyenne, c’est 90 nouvelles personnes qui y sont placées chaque jour. Mais sur ces 90 personnes-là, seules 15 d’entre elles pourront être vues par un juriste », développe Solène Dia, chargée de projet à la Cimade. « Pourtant, il faut savoir qu’à l’heure actuelle, il y a énormément de personnes interpellées alors qu’elles ont légalement le droit de rester sur le territoire, et c’est une situation quasi quotidienne. Il y a eu des mineurs expulsés car considérés comme majeurs, d’autres qui sont libérés in extremis. Tous les jours, nous recevons des appels de familles qui sont confrontées à ces situations. La réalité à Mayotte, c’est que si vous êtes noir et que vous sortez sans avoir vos papiers sur vous, vous prenez le risque d’être envoyé au CRA, et la France a déjà été condamnée pour ça à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme notamment. » Pas plus tard que la semaine dernière, le tribunal administratif annulait d’ailleurs la procédure d’expulsion d’un lycéen comorien de 20 ans, élève en terminale STMG à Pamandzi, interpellé alors qu’il s’apprêtait à passer une épreuve du baccalauréat.

« Cette politique du chiffre l’emporte sur le reste », déplore encore Solène Dia. Poutant, l’année dernière, alors que Mayotte connaissait un premier confinement suivi d’un premier pic épidémique dû au Covid-19, la décision avait été prise de suspendre les expulsions pendant plusieurs mois, pour limiter tout risque de propagation du virus dans l’archipel. « Et maintenant, alors que la situation est encore plus grave, on repart comme en 40 ! », s’indigne l’employée de la Cimade, en citant directement la récente décision du préfet de solliciter des opérateurs nautiques privés pour renforcer la surveillance aux frontières. « Pendant ce temps, le CRA et les locaux de rétention administrative restent ouvert dans des conditions qui ne permettent pas de garantir la sécurité sanitaire des personnes détenues. » Des problèmes déjà soulignés par les juristes du centre ainsi que par certains effectifs de police. À ce sujet, l’un de leurs représentant syndicaux avouait même, la semaine dernière, que « les collègues tournent comme des avions de chasse pour atteindre l’objectif de plus de 30.000 expulsions en 2021 ». Petit hic, lors de son intervention télévisée, la sous-préfète assurait, quant à elle, qu’aucun objectif chiffré n’avait été défini par les autorités… Contactée par la rédaction, la préfecture a expliqué ne pas avoir à commenter les propos relayés par la Cimade.

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