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Une rivière empoisonnée par une grosse quantité d’insecticide à Sada

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Début août, la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) a été alertée par des riverains. Ces derniers ont constaté un grand nombre d’animaux aquatiques morts dans la rivière de M’Tsangagnouni, située dans les hauteurs de Tahiti Plage (commune de Sada). Prévenue par l’association, l’office français de la biodiversité a découvert une quantité importante de Deltaméthrine (appelé plus communément « décis »), un insecticide hautement toxique pour la faune aquatique.

Il y a environ deux semaines, la fédération mahoraise des associations environnementales a été alertée par des riverains sur la présence anormale d’animaux aquatiques morts dans la rivière de M’Tsangagnouni. Celle-ci sillonne les hauteurs de Sada pour venir se déverser dans la mer au niveau de Tahiti Plage. « Sur place, c’était le choc », raconte Naïlane Attibou, le secrétaire général de la fédération. « Nous avons découvert une grande quantité de cadavres de crabes, d’anguilles et d’écrevisses d’eau douce », se désole-t-il. « Par ailleurs, nous avons également observé une flaque stagnante ressemblant à un dépôt d’hydrocarbure. »

Devant ce désastre écologique, Ali Madi, le président de la FMAE, a immédiatement pris attache avec la mairie de Sada, la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement ainsi que l’agence régionale de santé. Si la Deal a envoyé l’office français de la biodiversité sur place pour effectuer des analyses, l’autorité sanitaire ne s’est quant à elle pas déplacée.  « L’ARS n’intervient qu’en cas de pollution bactériologique », informe Rachika, la chargée de communication. « En outre, Monsieur Ali Madi ne nous a pas donné la localisation exacte de cette rivière et ne nous a jamais rappelé par la suite. » Une déclaration qui scandalise le président de la FMAE : « Alors comme ça je fais partie des victimes et c’est à moi d’insister pour que l’État vienne faire son travail ? » Quoiqu’il en soit, les analyses effectuées par l’OFB ont révélé la présence d’une forte dose de deltaméthrine (appelé plus communément « décis »), un insecticide hautement toxique pour la faune aquatique, qui peut également se révéler dangereux pour les animaux à sang chaud et donc les humains. « Les agriculteurs de la zone abreuvent leurs animaux à cette rivière ! », indique Ali Madi.

Un suspect arrêté par la police municipale

« Il n’y a aucun rapport entre le composé chimique retrouvé et la pollution aux hydrocarbures », précise Loïc Thouvignon, le chef de service de l’office français de la biodiversité, dont l’un des rôles est celui de « la police de l’eau ». La rivière de M’tsangagnouni est donc victime d’au moins deux types de pollution. « Il est possible que certains petits garagistes peu scrupuleux déversent leurs déchets dans cette rivière », avance-t-il prudemment. « La flaque d’hydrocarbure a été constatée en bas de la rivière alors que le composé chimique toxique, responsable de la mort de la faune aquatique, a été retrouvé en amont. » Frileux à nous révéler la nature exacte de ce « composé chimique », le chef de service souligne néanmoins qu’il faisait partie de la famille des insecticides.

« La Deal n’est intervenue que sous la menace d’alerter les médias », se plaint d’ailleurs le président de la fédération environnementale. Une déclaration à prendre évidemment avec des pincettes… La police municipale, dépêchée par la mairie de Sada, a quant à elle rapidement arrêté un suspect avec l’aide de la population. « Il s’agit d’un particulier dénommé Abdallah Base », révèle M’dzakou Saïd Assani, le chef de la police municipale de Sada. Surpris par un riverain en train de déverser du décis dans la rivière pour pêcher plus facilement, il s’est enfui. « Nous avons toutefois réussi à le retrouver », poursuit-il. L’homme a été immédiatement remis à la gendarmerie de Sada et une enquête est en cours pour établir les preuves de sa culpabilité. D’après le chef de la police et le président de la FMAE, ce n’était pas la première fois que cet homme était surpris en train de se livrer à cette pratique de pêche illégale. « Mais cette fois-ci, il y est allé vraiment fort ! Il a vraiment empoisonné la rivière ! », s’indigne Ali Madi, scandalisé, à la fois par cette pollution risquant d’engendrer des problèmes de santé chez les humains, mais également par le manque de réactivité, selon lui, des services de l’État.

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