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« Si on ne sensibilise pas, le problème des déchets ne sera jamais réglé »

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Nettoyer la plage et la mangrove de Majicavo Koropa et aller à la rencontre des habitants pour les sensibiliser, c’est ce sur quoi s’est lancée l’association NAYMA. Les salariés ont sensibilisé les habitants, mais ont aussi répondu à un besoin pour la zone. L’association insiste sur l’importance de continuer à sensibiliser aux déchets.

Éliminer les déchets des plages et mangroves de Koungou, c’est le défi que s’est donné l’association NAYMA ce samedi. La plage de Majicavo Koropa a été débarrassée des déchets par les 35 salariés en insertion professionnelle. Un périmètre de 400 m² avait été défini avant l’action : de la ravine, au niveau de l’arrêt de bus de Majicavo Dubaï, jusqu’à la mangrove. Une fois la lourde tâche effectuée, 230 sacs de déchets non recyclables et 200 sacs de déchets recyclables ont été récoltés, ainsi que 12 pneus. Pour cette action, les participants ont été déployés en trois groupes. En simultané, une équipe de 22 personnes nettoyaient les déchets, une autre de dix personnes allait sensibiliser par du porte-à-porte. Trois autres étaient placés à un stand pour répondre aux passants, curieux, qui s’arrêtaient.

Cette action marquait le coup de départ d’un marché public de la ville de Koungou, qui a mis en place plusieurs lots afin d’agir pour la lutte contre les déchets. Le collectif a remporté le numéro quatre, qui comprend le ramassage et la collecte des déchets diffus en zone inaccessibles, avec deux autres associations. « Nous voulions pouvoir faire une action avec les communautés locales », affirme Fatihou Moumini, coordinateur des ateliers de chantier d’insertion. La zone de Majicavo a été choisie étant dans la zone du marché de la commune, mais pas que. « Cet endroit était en besoin de nettoyage. C’est aussi important que les automobilistes qui passent ne voient plus cette mare de déchets », soutient Fatihou Moumini. La mangrove est en contrebas, mais les habitants se débarrassent de leurs déchets depuis les hauteurs du village. Avec les pluies et le temps, ils retombent dans la végétation et finissent dans la mangrove et sur la plage. « On aura beau nettoyer la mangrove dix-mille fois, si on ne sensibilise pas, le problème des déchets ne sera jamais réglé », soutient le coordinateur.

Adapter la sensibilisation aux populations

L’association a cependant remarqué que le ramassage des déchets ne suffisait pas. Il faut aussi sensibiliser. « Ces quartiers sont difficiles et inaccessibles par les collectes, il est donc essentiel de sensibiliser les populations », affirme-t-il. Les quartiers difficiles sont visés par l’association NAYMA, car ils sont difficiles d’accès et la situation sociale y est complexe. La pollution y est donc plus élevée, tout comme l’isolement social.  « Apporter aux jeunes en décrochage, avec des situations difficiles, parfois isolées, sans repères ou encore délinquants, une insertion professionnelle », affirme la fondatrice de l’association. De nouveaux moyens d’avertissement sont adoptés. « Aujourd’hui, la population ne s’identifie plus aux faits que les déchets polluent. Mais on peut leur dire que ça rapporte des maladies, les personnes se sentent de suite plus concernée », confie le coordinateur de l’association. En effet, l’exposition des enfants aux déchets peut faciliter la leptospirose où, à Mayotte, elle est 70 fois supérieure au taux national. « Il n’y a pas que la terre que ça rend malade », concède-t-il.

NAYMA, caméléon de l’associatif

Nettoyage de déchets, insertion socio-professionnelle, sensibilisation, ce sont les trois thématiques sur lesquelles l’association se concentre. « Nous sommes devenus aujourd’hui un acteur incontournable du volet déchets sur Mayotte », déclare Roukia Lahadji, fondatrice de l’association. La structure intensifie les actions de sensibilisation depuis 2021. Encourager les gens à trier leurs déchets, mais aussi à les amener dans les bornes est la nouvelle cible de cette année 2023. Roukia Lahadji constate une amélioration de la pollution à Mayotte depuis deux ans. Cette évolution, viendrait, selon la fondatrice, des actions de sensibilisation et de nettoyage. « Il faut combiner les deux. L’un sans l’autre ne marche pas. Sans éducation à ce sujet, les habitants continueront de polluer et sans le nettoyage, l’écosystème reste en danger », avance-t-elle.

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