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« Si Monsieur vous pardonne, moi je peux être votre pire cauchemar »

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

« Vous le saviez, Madame, reproche Thibaud Soubeyran, le président du tribunal, à l’accusée. Vous êtes une grande fille. Vous aviez emporté du pétrole pour mettre le feu. »

Un jour d’octobre 2013, la prévenue/victime se rend au domicile de son ex-compagnon, avec qui elle a vécu pendant 5 ans et eu 2 enfants (1 garçon et une fille), pour entamer une dispute. Mais elle ne le trouve pas. Plus tard dans la journée, l’ex-compagnon se rend au domicile de l’accusée pour s’expliquer. Véhémente, l’accusée/victime prend un bâton de bois et le jette dans sa direction. Le prévenu/victime se précipite alors sur elle et lui fait une clé de bras. Il demande ensuite de l’aide de quatre personnes qui l’immobilisent.

Il n’en fallait pas plus pour faire exploser la colère de l’accusée/victime. Une fois sortie du domicile de son ex-compagnon, l’accusée/victime se rend à sa boulangerie. « J’étais fâchée et j’éprouvais de la haine à son égard », raconte-t-elle à la barre. « J’ai donc tout cassé à la boulangerie. »

L’accusée, qui s’est remariée depuis, se garde d’ajouter ce qu’elle avait déclaré aux enquêteurs, à savoir qu’elle a arrosé la boulangerie avec du pétrole pour y mettre le feu, sous le regard d’un employé. L’accusée est donc poursuivie pour dégradation ou détérioration grave d’un bien appartenant à autrui, tandis que son ex-conjoint est poursuivi pour violence ayant entrainé une incapacité de travail n’excédant pas 8 jours.

Aujourd’hui, le père vit avec la fille et la mère avec le garçon. « J’ai demandé au père à ce que notre fils aille vivre chez lui et qu’il ne me donne plus de nouvelles des enfants », dit sans honte l’accusée/victime au tribunal. »

 « Vous devez assumer vos enfants ! »

Une déclaration qui provoque l’ire de Joël Garrigue, procureur de la République : « Il y a des choses que Madame a oubliés et des choses qu’elle n’a pas l’intention de comprendre, s’offusque-t-il en haussant la voix. Vous avez des enfants, vous devez les assumer ! Vous avez des comptes à leur rendre, que ça vous plaise ou non. Ce n’est pas à nous de faire l’éducation de vos enfants ! »

Le procureur requiert la relaxe du prévenu et une peine de 4 mois avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve pour l’accusée. Il demande aussi à ce que l’accusée ne vienne plus à la boulangerie. « J’en appelle aussi au juge d’application des peines à s’assurer que Madame s’acquitte bien de ses devoirs de mère », ajoute-t-il. « Nous la surveillerons et en cas de faux-pas, un séjour à Majicavo s’imposera. » Le procureur se tourne alors vers l’accusée et lui lance cette mise en garde glaçante : « Si Monsieur vous pardonne, moi je peux être votre pire cauchemar. »

Le père dit en effet toujours aimer son ex-conjointe. « C’est la mère de mes enfants », dit-il. A l’issue du délibéré, le tribunal prononce la relaxe de l’accusé. Il déclare dans le même temps l’accusée coupable. Elle se voit condamnée à une peine de 8 mois de prison avec sursis et à une amende de 800€. Elle a 10 jours pour faire appel.

 

Olivier Loyens

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