Depuis le lancement le 16 avril de l’opération Wuambushu 2, récemment renommée « Mayotte place nette », aucun échange de haut niveau n’avait eu lieu entre le gouvernement comorien et français. Mais ce lundi, la présidence comorienne a annoncé via sa page Facebook, que le président comorien, dont la réélection est toujours contestée, s’est entretenu avec son homologue français, Emmanuel Macron. L’appel téléphonique (il date du 11 mai) portait sur plusieurs sujets, précise le service de communication de Beit-Salam, la présidence des Comores. Les deux chefs d’État ont d’abord discuté en premier lieu de l’immigration clandestine que subit Mayotte. « Lors de cet entretien, qui a porté sur beaucoup de sujets d’intérêts communs, le président Azali Assoumani a tout d’abord vivement remercié le président Emmanuel Macron de l’aide et du soutien accordés par la France aux Comores, dans la lutte menée contre le choléra sur l’ensemble de l’archipel. S’agissant de la question de Mayotte, le président français a, entre autres points, mis l’accent sur les conséquences de l’immigration venant des pays des Grands lacs et par conséquent, la nécessité d’assurer la sécurité de Mayotte », révèle, dans un premier temps, le communiqué publié ce lundi, vers 14h.
Accord de 2019
Toujours sur la question de la pression migratoire, le chef de l’État comorien, dont les garde-côtes de son pays, traquent jusqu’alors toutes les personnes qui veulent rejoindre Mayotte par kwassa-kwassa, conformément à l’accord cadre de 2019, a rebondi sur cette question épineuse, dévoile le communiqué, très succinct et qui ne précise pas la durée de l’appel. « Le président Azali Assoumani a insisté sur l’importance, pour les deux pays, de continuer à travailler ensemble pour améliorer la circulation des biens et des personnes dans des conditions sécuritaires et, de favoriser les échanges, aussi bien économiques, culturels que sportifs », ajoute la présidence comorienne. Depuis plus d’un an, des migrants continentaux, originaires pour la plupart des pays des Grands lacs ou de la Corne de l’Afrique, transitent par les trois îles indépendantes, avant de rejoindre Mayotte dans l’espoir de trouver une vie meilleure ou de bénéficier des soins. On dit que des passeurs comoriens seraient impliqués dans ce business très lucratif. Pas plus tard qu’au mois de mars dernier, cinquante migrants continentaux ont séjourné, des semaines durant, au nord de la Grande Comore dans le village natal d’un passeur très connu, sans être dérangés par les autorités comoriennes. Ces candidats sont repartis au calme. Possible qu’ils aient réussi à rentrer à Mayotte clandestinement. Remarque plus importante à noter, lors de cet entretien téléphonique du 11 mai : le président de l’Union des Comores, n’a aucun moment critiqué l’opération « Mayotte Place Nette » et n’a pas fait mention d’une quelconque réclamation sur le statut de l’île aux parfums. Pourtant, ce sont souvent les revendications territoriales qui causent les crispations entre Paris et Moroni, plus particulièrement dès que les autorités françaises veulent expulser des comoriens originaires des autres îles.
Invitation en France
Les deux présidents, dont le dernier appel remonte au 10 février, quand le premier félicitait le second pour sa réélection, qui souffre toujours de légitimité, ont échangé sur des sujets ayant un lien avec l’actualité mondiale du moment, à l’instar de la guerre opposant la Russie à l’Ukraine. « Azali Assoumani a réitéré sa position sur l’Ukraine et la pertinence des résolutions de l’Organisation des Nations unies, tout en soulignant que les deux parties en conflit doivent parvenir à une paix durable », rapporte le service de communication de Beit-Salam. A propos de la Palestine aussi, le chef de d’État comorien a réaffirmé sa position relative à l’urgente nécessité d’instaurer un État palestinien. « Il a aussi rappelé la position historique de la France incarnée notamment par le Général de Gaulle, François Mitterrand et Jaques Chirac, et a, dans ce sens, encouragé son homologue français à poursuivre sa politique d’apaisement et à jouer un rôle de médiateur, pour une paix durable dans la région, et notamment à travers la défense de la politique de deux États, palestinien et israélien », poursuit le communiqué. A l’issue de cet appel téléphonique, le président français a convié son homologue en France pour le 80e anniversaire du débarquement en Normandie et les Jeux Olympiques. L’occasion pour les deux hommes d’approfondir leurs échanges sur les sujets bilatéraux. Sur le plan sportif, l’échange téléphonique du 11 mai, a permis aux deux dirigeants de discuter des Jeux des Iles de l’Océan Indien de 2027 attribués aux Comores, de la coopération et de l’intégration régionales.