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Mai 2009 – Alcoolisme, prévenir le Fléau

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

 

Etude alarmante

La jeunesse en danger

 

{xtypo_dropcap}R{/xtypo_dropcap}éalisée en 2003 à l'initiative du Centre information jeunesse (Cij) et travaillée par Ipsos et Angalia, une étude sur les jeunes et l'alcool faisait apparaitre des comportements très alarmants chez les garçons adolescents et jeunes adultes. D'une manière générale, la consommation d'alcool est très souvent liée aux actes de délinquance juvénile, pourtant rien n'est fait pour freiner ce phénomène.

 

C'était en 2003, le Centre information jeunesse fait administrer environ 4.500 questionnaires à des jeunes résidant à Mayotte, pour leurs habitudes de consommation de tabac, d'alcool et de cannabis. Le Cij fait ensuite appel à Angalia et Ipsos pour le traitement des données recueillies. 3.852 enquêtes sont retenues au final, elles concernent des jeunes âgés de 12 à 26 ans. Toutes les données recueillies sont du déclaratif, les résultats sont donc en général en dessous de la réalité.

Présentée par Jean Conneau d'Angalia devant plusieurs responsables de la jeunesse et de la santé, l'enquête fait apparaître des comportements alarmants avec l'alcool chez les garçons (3% seulement des filles déclarent boire), souvent déscolarisés et plus ou moins indépendants ou livrés à eux-mêmes, à savoir ceux qui vivent dans un banga et plus chez leurs parents. Pourtant, rien n'est fait pour endiguer le phénomène.

A l'époque, la Dass annonce que l'alcool ne fait pas partie de ses priorités que sont la lutte contre le paludisme et le chikungunya, et certains se montrent vexés devant les statistiques par origine : parmi les garçons qui se déclarent buveurs, ils sont 25% de ceux nés à Mayotte contre 14% de ceux nés aux Comores, une donnée qui semble mal acceptée.

Parmi les préconisations de l'agence Angalia, la principale est de refaire régulièrement cette enquête et d'établir un observatoire de la consommation d'alcool chez les jeunes, un chiffre seul n'ayant qu'une valeur limitée tant qu'il n'est pas comparé à un autre chiffre. Six ans plus tard, aucune nouvelle enquête n'a été réalisée, Mayotte reste absente des données de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies et il est impossible de mesurer la tendance de la consommation d'alcool par les jeunes de l'île.

 

L'alcool, facteur aggravant de la délinquance

 

L'enquête fait apparaître que chez les garçons de 12 à 14 ans, 8% déclarent boire, 20% des garçons de 15 à 19 ans et 32% de ceux de 20 à 26 ans. "Chez les plus jeunes, vers 13/14 ans, l'alcool est souvent un facteur aggravant dans les actes de délinquance", constate le juge pour enfants Michel Sastre, "dans les actes de vol, de violence et même de viol, on constate souvent qu'ils ne seraient pas passés à l'acte s'ils n'avaient pas bu. L'alcool facilite le passage à l'acte".

Le magistrat constate également que beaucoup de mineurs qui boivent semblent être entraînés par des plus âgés, souvent des majeurs. "Lorsqu'on leur demande avec quoi ils se procurent cet alcool, on obtient jamais de réponse", déplore-t-il. L'enquête permet d'en apporter une : un buveur sur deux déclare que l’alcool qu’il consomme lui a été offert. L'enquête constate en effet que la consommation d'alcool se fait en groupe. Les jeunes qui ont des activités culturelles ou sportives ou qui participent à des voulés sont plus souvent buveurs que ceux qui n’ont aucune activité de loisirs. 97% des jeunes qui se déclarent buveurs, soit la quasi-totalité, participent à des voulés.

Quoi qu'il en soit la vente d'alcool aux mineurs (interdite désormais aux moins de 18 ans depuis le vote récent de la loi Bachelot) n'est absolument pas contrôlée sur l'île, les actions de contrôles étant uniquement faites sur la conduite en état d'ivresse. L'alcool est également un produit accessible et c'est sans surprise la bière qui est la boisson alcoolisée plébiscitée avec 92% des jeunes buveurs qui en consomment au moment de l'enquête. Viennent ensuite le vin avec 52% et les alcools forts avec 46%. Le trembo (vin de palme fermenté) était encore consommé par 23% des buveurs en 2003.

 

Une recherche d'échappatoire

 

"Le plus souvent, l'alcool est mélangé au bangué et aux médicaments", constate Michel Sastre. Il y a encore un ou deux ans, du Rivotril, anxiolytique et hypnotique puissant, circulait dans les établissements scolaires, on peut encore aujourd'hui se procurer certains anti-douleurs très puissants venus d'Inde et interdits à la vente sur le territoire français. "Il y a un phénomène particulier ici : lors des cambriolages, on vole souvent l'alcool", poursuit le magistrat. "Cette jeunesse cherche à s'échapper, à planer, par tous les moyens."

Un constat corroboré par l'enquête : lorsqu'on leur demande de chiffrer leur consommation habituelle, la majorité des jeunes pointe le nombre de verres ou cannettes le plus élevé proposé par le questionnaire, soit 7 et plus.

Le fait de loger dans un banga et non dans sa famille est également un facteur très aggravant : chez les garçons de 12-14 ans 5% de ceux qui n’habitent pas dans un banga déclarent boire. Contre 15% de ceux qui vivent dans un banga. Chez les 15-19 ans on passe de 14% à 26% pour ceux qui vivent dans un banga. "L'alcoolisation est une conséquence de l'oisiveté", note le juge pour enfants, "ils sont exclus de l'école, trainent dehors à n'importe quelle heure, picolent et finissent par faire n'importe quoi."

Pour autant, ces jeunes ne sont pas des alcooliques au sens médical du terme : ceux qui finissent en prison sont sevrés de fait, ils ne font pas de crise de manque lors de leur séjour. Pour les autres, la justice peut assortir des peines de sursis à une obligation de soin, et mettre en place des mesures de suivi comme la liberté surveillée. "Le problème n'est pas insurmontable", estime le juge Sastre. Encore faut-il une réelle volonté politique de s'y attaquer.

 

Hélène Ferkatadji avec les données de l'enquête réalisée par Ipsos et Angalia pour le Crij

 


Résumé de l'enquête

 

Ce sont les garçons qui boivent

3 facteurs à risque :

  • L’âge : les plus âgés boivent plus
  • Le banga : vivre et/ou dormir dans un banga est un facteur à risque particulièrement pour les plus jeunes
  • Etre né à Mayotte : les jeunes nés à Mayotte boivent plus

3 zones à risque bien définies, situées sur la côte Ouest de Mayotte.

La consommation d’alcool est occasionnelle, en groupe et massive : "On se saoule entre copains".

 

Les chiffres qui font peur :

  • 1 garçon sur 4 né à Mayotte et âgé de 12 à 26 ans déclare boire
  • 39% des garçons âgés de 20 à 26 ans nés à Mayotte déclarent boire
  • 20% des garçons âgés de 12 à 14 ans nés à Mayotte et qui vivent et/ou dorment dans un banga déclarent boire
  • 46% des jeunes buveurs consomment des alcools forts
  • 36% des jeunes buveurs déclarent boire 7 verres et plus lorsqu’ils s’alcoolisent
  • Pour 1 buveur sur 2, l’alcool qu’il consomme lui a été offert

 

Les préconisations d'Angalia à la suite de l'enquête

  • Le questionnaire ne permet pas de savoir quelles personnes de l’entourage fournissent les jeunes en alcool. Ceci pourrait faire l’objet d’un complément d’enquête à l’occasion d'un prochain omnibus Ipsos (non réalisé à ce jour).
  • L’enquête ayant été faite en 2002, il faudrait réactualiser les principales données. On pourrait ainsi mettre en place une observation sur les jeunes et l’alcool (non réalisé).
  • Dans le cadre de cet observatoire, il faudrait normaliser le questionnaire et la méthodologie afin d’obtenir des informations comparables à celles disponibles sur d’autres territoires (non réalisé).

{mospagebreak title=Entretien avec le Dr Lefevre, directrice du centre de santé mentale}

"Pour se soigner, il faut accepter le fait qu'on est malade"

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}ayotte Hebdo : A Mayotte on assimile souvent celui qui boit à un alcoolique. Qu'est-ce qui caractérise vraiment l'alcoolisme ?

Marie-Joséphine Lefevre : L'alcoolisme est une maladie, une addiction. Je dirais que l'alcoolique est celui dont la volonté se dissout dans le premier verre. Il y a plusieurs façons de boire de l'alcool, l'alcoolique est dans l'incapacité de gérer sa façon de boire, il n'a pas de limites. Il y a plusieurs alcooliques : celui qui boit tous les jours beaucoup et celui qui boit le week-end mais comme "un trou", qui ne peut s'arrêter que lorsqu'il n'y a plus d'alcool ou lorsqu'il tombe.

La notion d'alcool est taboue ici, alors qu'en Métropole l'alcool est culturel. Ici on ne boit pas par goût, il n'y a pas eu d'apprentissage, boire est une transgression. On constate la disparition récente de l'emprise culturelle et religieuse qui freinait la consommation d'alcool, parallèlement le produit est de plus en plus présent.

 

MH : Une importante étude menée il y a quelques années montre un comportement alarmant des jeunes avec l'alcool, l'avez-vous constaté ?

M.-J. L. : A Mayotte, ceux qui boivent sont ceux qui sont déjà en difficulté par rapport au groupe, d'où le fait que les jeunes boivent. Il y a une rupture à l'adolescence, on boit par provocation de la société et même de la vie. Dans la façon de boire à l'extrême de ces jeunes, le "binge-drinking*", on voit une sorte de défi : "je fais ce que je veux avec ma vie". Au Moyen-âge, on appelait cela un comportement ordalique*. Boire, c'est transgresser, se mettre en difficulté avec Dieu, avec le groupe et avec la loi. Toute alcoolisation est une prise de risque, mais n'est pas une pathologie alcoolique. En fonction de l'histoire de la personne, la rencontre avec l'alcool peut être fatale.

 

MH : Quels sont les soins existant ici pour les alcooliques ?

M.-J. L. : Il y a des prises en charge, individuelles ou en groupes. Plusieurs infirmiers du centre de santé mentale sont récemment partis en formation en Métropole suivre une formation pour gérer ces groupes de parole dans les normes. Nous connaissons quelques difficultés d'ordre géographique – il est compliqué de réunir quelqu'un d'Acoua et quelqu'un de Dembéni dans un même groupe – mais il y a suffisamment de cas pour organiser ces groupes, bien que la majorité des gens n'avouent pas boire car c'est un tabou puissant ici : quand on trouve un alcoolique ivre mort dans une rue, on le cache plutôt que d'appeler l'ambulance.

 

MH : Les alcooliques que vous traitez sont-ils venus vous voir de leur plein gré ou sous le coup d'une obligation judiciaire ?

M.-J. L. : Quelques uns finissent par venir au dispensaire de leur plein gré, ils assument leur pathologie, souvent après pression de la famille ou de l'entourage professionnel. Je dirai qu'ils représentent la moitié des cas traités, l'autre moitié est ceux qui ont obligation judiciaire de se faire soigner.

Le problème est que les soins psychiatriques sont récents à Mayotte, nous ouvrons d'ailleurs les premiers lits en psychiatrie le 1er mai, le projet est d'atteindre une vingtaine de lits d'ici deux à trois ans. Ils seront intégrés au nouveau bâtiment de l'hôpital. Ces premiers lits iront avec la mise en place de l'hospitalisation d'office, qui ne se fait pas encore à Mayotte. Jusqu'ici, ceux qui avaient obligation de soins étaient envoyés à la Réunion.

Ceux qui viennent d'eux-mêmes ont le projet d'arrêter. Nous leur proposons les groupes de parole. Ceux qui sont sous le coup d'une obligation judiciaire sont plus délicats à traiter, quelques uns sont déjà dans une démarche de remise en question de leur comportement, mais ils ne constituent pas la majorité. Pour se soigner, il faut avant tout avoir accepter le fait qu'on est malade. Ensuite, on arrive forcément à une étape où on a besoin d'aide pour supporter la perte de l'alcool qui entraine une dépression et une frustration plus ou moins importante. A côté des groupes de parole, les personnes prennent un traitement en anxiolytiques pour gérer leur angoisse et un soin contre la dépression.

 

MH : Rien ne peut se faire tant que l'on n'a pas accepté sa maladie ?

M.-J. L. : C'est exact. Selon leur histoire, certains n'ont pas cette capacité de jugement de l'effet destructeur de l'alcool sur eux, ils sont dans le déni. Ceci est valable pour tout produit addictogène. D'ailleurs, à Mayotte, l'alcool est bien plus tabou que le bangué (cannabis).

L'alcoolisme est une maladie à vie, c'est-à-dire qu'un alcoolique qui a arrêté de boire ne pourra jamais reprendre de façon modérée, le premier verre lui sera à nouveau fatal. Cette maladie est contrôlable à partir du moment où le sujet a accepté son état, où il sort du déni.

 

MH : La justice constate que les jeunes qui font de la prison sont sevrés de fait, ce qui veut dire qu'ils ne sont pas de vrais alcooliques. Quel est le profil de l'alcoolique ici ?

M.-J. L. : Ce que je peux dire, c'est que nous ne voyons jamais de femmes, les alcooliques que nous traitons sont tous des hommes. Il est vrai que ces jeunes délinquants ne sont pas véritablement alcooliques car ils ne font pas de crise de manque en prison, mais je présume qu'en grandissant, certains de ces adolescents deviennent des adultes alcooliques. Avec un facteur aggravant pour ceux dont le père boit déjà : le père est un repère fort, un père défaillant va entrainer un enfant défaillant.

 

Propos recueillis par Hélène Ferkatadji

 

* Comportement extrême à haut risque, parfois appelé "auto-sacrificiel", motivé par un besoin de jouer avec la mort ou de revitaliser son existence.

 

{mospagebreak title=Rencontre avec un consommateur}

“Ici, on a tendance à ne rien expliquer aux jeunes”

 

{xtypo_dropcap}]A{/xtypo_dropcap}li est un jeune mahorais de 25 ans. On pourrait le qualifier de consommateur d’alcool modéré. Il connaît les dangers de l’alcool, mais regrette que les religieux n’expliquent pas clairement les raisons de l’interdit qui frappe cette substance dans la religion musulmane.

 

Quand on est adolescent, on ne souhaite qu’une chose : braver les interdits et se démarquer des parents. Ali a lui aussi traversé cette phase quand il était plus jeune. Parmi les interdits qui l’attiraient, figurait l’alcool. Sa première boisson alcoolisée, c’est à Mayotte qu’il a eu l’occasion d’y goûter. “J’avais 18 ans et c’était du Gandia. J’ai juste goûté pour voir ce que c’était. J’étais avec ma bande de potes et certains parmi eux buvaient depuis longtemps déjà. J’ai un peu fait la grimace, il faut l’avouer.”

Peu de temps après, il obtient son bac et direction le Nord de la France. Là-bas, les occasions se multiplient en fin de semaine lors des fêtes étudiantes pour boire des boissons alcoolisées. “Le week-end, en boîte ou dans les cafés, on se lâchait. J’étais le seul Mahorais dans mon groupe d’amis”, affirme Ali. Selon lui, il n’avait pas besoin de se mettre à boire pour se faire accepter et améliorer son intégration à ce nouvel environnement. Il lui est arrivé une seule fois de finir totalement ivre et de ressentir les effets de l’alcool le lendemain matin.

Depuis, Ali assure qu’il a toujours su se contrôler. Revenu à Mayotte depuis peu, il continue à boire de l’alcool. “Je bois une bière à midi quand je mange. Quand je suis chez moi, je ne bois pas. Tout le monde est au courant, sauf mes parents, ou s’ils le savent, ils ne m’en ont jamais parlé. Et il serait inconcevable de boire ou d’être saoul en leur présence. C’est une question de respect à leur égard, je ne veux pas leur imposer quelque chose qu’ils n’approuvent pas”, confie-t-il.

 

“Il faut expliquer les dangers de l’alcool"

 

Ali affirme comprendre l’image négative que traînent les consommateurs d’alcool à Mayotte. “Il y a boire et boire. C’est sûr que si tu te saoules et que tu fais ch… les autres, tu auras une mauvaise image. Mais si tu bois avec modération et qu’une fois que tu as fini, tu rentres tranquillement chez toi sans que personne ne remarque quoi que ce soit, alors là peut-être que les buveurs seront mieux accueillis”, avance-t-il. Toutefois, avec le poids de l’islam qui interdit la consommation d’alcool, il n’est pas tout à fait sûr qu’un jour un consommateur d’alcool, quel qu’il soit, soit bien vu par la société mahoraise.

“Il faut expliquer les dangers de l’alcool et apprendre comment le consommer. Je sais qu’on peut avoir des cancers du foie, devenir dépendant et ne plus avoir de vie à cause de l’alcool. Mais ici, les religieux ne nous expliquent pas tout ça. Ils nous disent que c’est interdit, c’est comme ça et pas autrement. S’ils expliquaient quelles sont les raisons qui ont poussé le prophète à interdire cette consommation d’alcool, quels sont les dangers, je pense que cette interdiction serait mieux respectée.” Comme de nombreuses personnes, Ali a constaté que les Mahorais avaient une attitude de binge-drinking : boire beaucoup et vite pour atteindre un état d’ébriété à une vitesse grand V.

 

“Ca énerve mes amis quand je tiens la même canette pendant une heure”

 

“Quand je suis dans un voulé, ça énerve mes amis de me voir tenir ma bière pendant une heure. Ils aimeraient que je les suive.” Dans l’Hexagone, ses amis mahorais buvaient plus facilement qu’à Mayotte. “Beaucoup buvaient là-bas et ne le font pas ici. C’est sûrement à cause de la famille et de la religion. Là-bas, ils étaient comme moi, indépendants et se lâchaient. Même les filles buvaient. Mais contrairement aux garçons, elles connaissent leurs limites et elles buvaient juste pour être zen, pour planer, par pour se mettre une mine. L’alcool, ça désinhibe, ça rend plus facile le contact avec les autres”, estime Ali.

Ce dernier estime que finalement, si on a un rapport mesuré avec l’alcool, on ne devrait pas être montré du doigt. Pour lui, ces personnes ne sont pas plus ou moins fautives que celles qui vont à la mosquée devant tout le monde et qui, une fois à Madagascar, consomment des bières. Ou que les mamans qui se disent pratiquantes et qui, une fois de temps en temps, boivent des spiritueux au cours d’un rumbu. “En fait, c’est une façon de se défouler pour elles, un peu comme quand je vais en boîte.”

 

Faïd Souhaïli

 


 

Quelques fausses idées sur l’alcool

Le pastis est moins alcoolisé avec beaucoup d’eau : en réalité, l’ajout d’une grande quantité d’eau ne change pas la quantité d’alcool qui est contenue dans le verre. Cela ne fait que diluer le goût et l’alcool.

Quand on boit régulièrement, on tient mieux à l’alcool : en fait quand on boit régulièrement, on perçoit moins les effets de l’alcool. On a l’impression que l’on résiste mieux, mais cela ne change rien à la quantité d’alcool que l’on a dans le corps

Boire de l’alcool stimule le cerveau : c’est tout le contraire. Bien qu’on ait l’impression d’être en forme et donc d’avoir le cerveau stimulé, l’alcool ralentit son activité. La vigilance est moins bonne. L’alcool augmente la prise de risque et rend très dangereuse la conduite automobile.

 

Source : Brochures “Pour faire le point sur votre consommation d’alcool” et “Alcool : votre corps se souvient de tout”, éditées par l’INPES (Institut national de prévention et d'éducation à la santé)

 

{mospagebreak title=A la rencontre de consommateurs}

Alcool et désillusions…

 

{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}amoudzou, Pamandzi, Kawéni. En matière d'alcoolisme, les grandes villes de Mayotte semblent à l'avant-garde d'une tendance qui va en s'amplifiant, à mesure que les difficultés sociales augmentent. Même si pour le moment l'alcoolisme chez les jeunes se cantonne surtout aux voulés et aux sorties en boites de nuit, on n'est pas à l'abri d'une situation similaire à celle de la Réunion et d'autres territoires français d'Outremer où l'alcool est devenu la niche de tous ceux qui se sont retrouvés exclus du monde du travail. Nous sommes partis à la rencontre de ceux pour qui l'ivresse est devenue un refuge, pour tenter de comprendre leur situation.

 

On les retrouve tous les soirs. Ce sont toujours les mêmes qui se réunissent aux abords de l'ancien marché de Mamoudzou, juste à coté de leur magasin d'alcool favori. "Ici c'est le carrefour", disent-ils. "Nous travaillons à Kawéni ou dans les environs, et nous sommes obligés de passer ici pour prendre le taxi brousse. Comme on sort fatigués du boulot, on en profite pour venir boire un coup avant de rentrer. Ca permet de déstresser…"

Carrefour, le terme est bien choisi. En effet, dans ce petit carré, on trouve de tout. Les buveurs occasionnels, qui passent par là pour boire une canette le temps de finir leur cigarette; les habitués, qui se retrouvent entre amis pour boire une bière ou deux, même si au final le nombre de canettes ingurgitées se situe plutôt autour de cinq. Et enfin les purs et durs, ceux qui sont là dès l'ouverture. Les plus fidèles clients.

Un carrefour, dans le sens de quartier général. Mais ici c'est surtout un lieu de rencontres, comme l'explique ce marin. "Je suis capitaine d'un bateau, je viens ici pour trouver un peu de compagnie plutôt que de rester seul. En venant ici, j'ai pu faire des rencontres extraordinaires. Des Mahorais, des Comoriens, des Wazungu. A Mayotte, il n'y a que dans un endroit comme celui-là que l'on peut voir toutes ces personnes se rencontrer et discuter." Accompagné de ses deux acolytes, Bernard* n'hésite pas à nous confier sa solitude de marin et sa relation avec l'alcool. "En ce moment, je ne travaille pas, mon bateau a quelques problèmes. Alors je viens ici pour boire. Ca m'aide à oublier un peu."

 

"A Mayotte il n'y a plus de chance, plus d'espoir, surtout quand ta famille te rejette"

 

La solitude, on la retrouve aussi en face, sur le trottoir où se retrouvent les jeunes. "On est célibataires, on n'a pas de femme. On boit pour oublier avec un autre plaisir, celui de l'ivresse", explique El-Anrif*.

C'est avec sa famille que Bourhane* rencontre des problèmes. "Ma famille a honte de moi, ils font comme si je n'existais pas. Ils disent que je donne une mauvaise image d'eux". Pour ce jeune homme de 26 ans, impossible de s'en sortir sans l'appui de son entourage. Dans une société où les relations font et défont des carrières, où l'entraide familiale reste le seul moyen de palier aux carences en matière de protection sociale, un rejet familial aboutit souvent à l'exclusion sociale.

C'est surtout lors de ses recherches d'emploi que le jeune homme prend conscience de cette réalité. "Ici il y a un gros problème : si tu n'es pas connu, si tu ne viens pas d'une grande famille, on te prend pas. A Mayotte il n'y a plus de chance, plus d'espoir, surtout quand ta famille te rejette." Un constat difficile que beaucoup ici ont pu faire au cours de leurs différentes expériences. D'ailleurs la plupart a l'impression d'avoir été oubliée par la société.

"Quand les gens voient un homme dormir là, dans la rue", s'indigne Allaoui, (il nous désigne un homme en train de dormir dans un sac de couchage derrière lui), "ils pensent tout de suite que c'est un alcoolique. Mais non, ça peut aussi être un homme qui est venu chercher du boulot. Lui a gaspillé 50 euros pour se déplacer partout."

Il nous raconte l'histoire de ce jeune originaire du village de Sohoa. "Pour trouver du travail et déposer son CV, il a fait tout le tour des administrations, sans succès. Du coup, à la fin de la journée, il n'avait plus de quoi rentrer. Il a été obligé de rester là. Il s'est retrouvé à mendier et à boire. Y'en a qui dorment dans la rue, plutôt que de repartir dans leur villages et être obligé de repayer pour revenir chercher du travail. On ne se rend pas compte des frais que ça représente pour quelqu'un qui ne travaille pas."

 

"On ne fait pas attention à mes diplômes. On me propose le même salaire qu'aux Anjouanais : 500 euros"

 

Ahmed* est à Mayotte depuis huit mois. Il a finalement décidé de rentrer avec un BTS restauration dans la poche, suivi de sept années d'expérience en France. Mais après quelques recherches, il a été contraint d'accepter la dure réalité du marché de l'emploi local.

"Partout où je vais, on ne fait pas attention à mes diplômes. On me propose le même salaire qu'aux Anjouanais : 500 euros. Eux ils acceptent parce qu'ils n'ont pas le choix, mais en tant que cuisinier qualifié, même le Smig ce n'est pas assez pour ce que je fais. Imagine que là où je travaille, en une nuit, on fait à manger pour 300 personnes et on n'est que 5. On doit travailler le plus vite possible avec les pressions de l'employeur. C'est pour ca que je viens boire à la sortie du travail. On a voté "oui" au département, maintenant j'attends de voir si on va vraiment appliquer les lois en ce qui concerne la réglementation du code du travail."

A ses cotés, Estelle*, la seule fille dans l'assemblée acquiesce en silence avant d'ajouter : "c'est vrai qu'on est vraiment exploités ici, les heures supplémentaires que l'ont fait ne sont même pas payées". Elle aussi connaît les mêmes désillusions.

"Quand on était petit, on nous a dit d'étudier. Maintenant qu'on cherche du boulot, il n'y a plus personne. J'ai envoyé mon CV au conseil général pour un travail et on m'a dit d'attendre deux à trois mois. Résultat : c'est un criminel qui a eu le poste. Un garçon que je connais, il volait des carreaux pour aller les revendre pendant que moi j'étais à l'école. C'est juste parce qu'il a de la famille haut placée. Quand on dénonce ce genres de choses, les politiciens nous regardent de haut, pour eux nous ne sommes que des ivrognes", ajoute Ahmed.

Découragé comme beaucoup de jeunes mahorais, il a décidé de repartir tenter sa chance dans l'Hexagone. En ces temps de crise, c'est une autre réalité toute aussi difficile qui l'attend. Mais selon lui, là-bas au moins les politiciens font plus attention à leurs jeunes.

 

Halda Toihiridini

 * Prénoms d'emprunt

 

{mospagebreak title=Alcool et sécurité routière}

L'Alcool au volant

Dossier - Alcoolisme, prévenir le Fléau

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}a comparaison avec les chiffres de la Métropole est difficile car seuls sont disponibles les chiffres de 2006.

En 2006, l’alcool était présent dans 11,1% des accidents corporels et 28,4% des accidents mortels. Dans les accidents au cours des nuits de week-end, plus de la moitié des accidents mortels sont dus à l’alcool. La proportion d’accidents avec alcool dans les accidents mortels est trois fois plus élevée que celle constatée dans les accidents corporels non mortels.

70,2% des conducteurs au taux d’alcoolémie positif impliqués dans un accident corporel étaient au volant d’une voiture de tourisme contre 64% en général. Sur cinq tués dans un accident avec alcool en 2006, trois étaient des conducteurs en état alcoolique, un était passager du conducteur ivre et un était piéton ou usager d’un véhicule tiers.

En 2006, si aucun usager n’avait conduit avec un taux d’alcoolémie positif, les nombres d’accidents mortels et de tués auraient pu être réduits d’environ 26,2%. Le nombre total de dépistages d’alcoolémie pratiqués a été multiplié par 2,3 entre 1990 et 2006. Le nombre de dépistages positifs, qui est un indicateur plus fiable, a connu entre 2002 et 2006 une hausse du nombre de contrôles positifs de +57%.

Depuis la loi du 15 septembre 1995, le seuil maximum d’alcoolémie est de 0,5 g/l de sang (soit de 0,25 mg/l d’air expiré). Au-delà de 0,8 g/l d’alcool dans le sang, le conducteur se trouve dans une situation de délit qui entraîne de lourdes sanctions, dont le retrait de six points du permis de conduire. La conduite en état d’alcoolisation, avec entre 0,5 et 0,8 g/l d’alcool dans le sang, constitue une infraction sanctionnée par une contravention de 4ème classe qui, outre la peine d’amende forfaitaire, fait encourir le retrait de trois points du permis.

 

{mospagebreak title=4,54 Millions de recettes pour la CDM}

4,54 M€ de recettes pour la CDM

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}es taxes sur l’alcool ont rapporté l’an dernier à la CDM 4,54 millions d’euros. Une somme en forte augmentation par rapport à 2007 (3,57 millions) et 2008 (3,88 millions). En proportion, cela peut sembler peu sur un budget qui s’élève à presque 400 millions d’euros. Mais si on les compare à un budget d’une commune moyenne de l’île, c’est la somme qu’il faut à celle-ci pour fonctionner pendant une année.

 

La stratégie qui a été choisie est de fortement taxer tous les alcools, sauf ceux qui sont utilisés à but thérapeutique et les vinaigres. Les premiers (alcool éthylique et eaux-de vie dénaturées) sont soumis à une taxe de 10% de droits de douane, 3% de taxe à la consommation et de 15,24 € par tonne et le vinaigre n’est soumis qu’à la taxe à la consommation (25%)

Les vins sont soumis à 10% de droits de douane, de 100 à 120% de taxe à la consommation selon le type de vin, à 15,24 € par tonne pour la redevance sur marchandise et à une taxe de 91 € par hectolitre importé.

Pour la bière, cela est identique, sauf pour les droits de douane (20%), la taxe à la consommation (90%) et la taxe sur le volume importé (61 € par hl). Pour les spiritueux, la règle est la même pour tous : 10% de droits de douane, 90% de taxe à la consommation, 15,24 € par tonne de redevance sur la marchandise et 91 € par hl.

Certains affirment que pour réguler la consommation d’alcool, une différenciation devrait être faite selon le pourcentage d’alcool contenu dans une boisson alcoolisée. Par exemple, une bière à 8% ou 12%, devrait être plus taxée qu’une bière à 5%.Ou un rhum, devrait être plus taxé qu’un vin. D’autres se demandent s’il ne vaudrait mieux pas cibler les alcools qui font le plus de dégâts en matière de santé publique à Mayotte : les vins en brique et les bières à plus de 5%, au profit de bières ou vins de haut de gamme.

En France hexagonale, les pré-mix ou sodas alcoolisés ont vite été surtaxés car considérés comme dangereux et trop attractifs pour les jeunes qui les consommaient comme des boissons gazeuses, alors que ce sont des boissons alcoolisées. Coûtant plus chers, ils sont moins accessibles aux jeunes. Le débat mérite d’être lancé, mais les grands importateurs qui récoltent des gains importants, pour eux et pour la CDM, accepteront-ils de changer la donne ? La CDM, en difficulté financière, se risquerait-elle à tuer cette mini-poule aux œufs d’or ? L’idéal serait que tous les acteurs de ce dossier se réunissent pour trouver un juste équilibre entre santé publique et liberté de consommation des individus.

F.S.

 

{mospagebreak title=Entretien avec Azida Kartoibi, directeur du Cotes} 

“Un Mahorais qui boit est un consommateur à problème”

 

{xtypo_dropcap}L{/xtypo_dropcap}e Comité territorial d’éducation à la santé (Cotes) est un organisme qui a pour but de mieux informer la population mahoraise quant aux comportements qui permettent d’améliorer leur santé. L’alcool, quand il est consommé sans modération, peut conduire à de nombreux problèmes de santé. Pour Azida Kartoibi, le manque de communication au sein de la cellule familiale, l’accès trop facile aux boissons alcoolisées, le manque de soutien aux organismes qui informent sur les dangers de l’alcool et la primauté d’une vision économique plutôt que sanitaire sur la question, font qu’à Mayotte la consommation d’alcool pose de gros problèmes.

 

Donner des informations objectives et sensibiliser sur les comportements à risques : tel est l’objectif que se donne le Comité territorial d’éducation à la santé (Cotes). Cela concerne aussi bien le sida, le tabac que les drogues et bien sûr l’alcool. Cette substance possède un double aspect qui est au centre de la problématique de sa consommation. A Mayotte, il est couramment admis que la population est à majorité musulmane. Le chiffre de 90% est avancé, mais pour les orthodoxes, ce chiffre est surestimé, puisque s’il y a beaucoup de croyants, le nombre de pratiquants serait bien moins élevé.

La religion musulmane a fait des boissons alcooliques des aliments “haram”, c’est-à-dire illicites. L’ivresse provoquée, la perte de contrôle de soi-même en est la principale raison et en fait un pêché. Par conséquent, traditionnellement l’alcool était banni de la société mahoraise puisque celle-ci était fondée en grande partie sur les préceptes islamiques. Aujourd’hui, Mayotte fait partie de la République française. Comme partout ailleurs sur le territoire, l’alcool est un produit légal que tout adulte peut se procurer et consommer.

Pour Azida Kartoibi, directeur du Cotes, ces deux aspects contradictoires ne rendent pas facile l’action de son association sur l’île. “On baigne dans une société traditionnelle et cultuelle qui interdit la boisson alcoolisée. La consommation n’est pas autorisée, ni acceptée. Au contraire de la Métropole qui a une grande tradition de vins et d’autres alcools."

 

"En France hexagonale, les enfants voient leurs parents boire à table"

 

"Là-bas, les enfants voient leurs parents boire un verre à table. Ils grandissent avec cette habitude, voient le comportement des adultes. A Mayotte, les parents ne boivent pas à la maison. Du coup, les jeunes vont s’identifier à ceux qui boivent dehors. Et ces gens là, ce sont ceux qui se saoulent. Le jeune croit donc que boire revient à se saouler et il n’arrive pas à boire avec modération. Nous brûlons les étapes, nous consommons beaucoup d’un coup. Un Mahorais qui boit est un consommateur à problème.”

Qui n’a pas entendu des gens se plaindre d’un rassemblement de buveurs ? Difficile d’en être autrement quand on a affaire à des gens bruyants, désinhibés, parfois grossiers et insultants et pouvant même devenir violents. C’est souvent cette image négative que véhiculent les buveurs, quand bien même ils ne saoulent pas tous à tout bout de champ. Mais au-delà des désagréments qu’ils font subir à d’autres personnes, c’est surtout le mal qu’ils se font à eux-mêmes qui inquiète Azida Kartoibi et le Cotes.

“Souvent, quand un jeune boit c’est pour lancer un message et dire qu’il ne se sent pas bien. Quand on les interroge sur les raisons de leur consommation d’alcool, ils nous répondent que c’est pour oublier leurs soucis. On leur demande : “pensez-vous que les soucis partent en buvant ?”. La réponse est non. Boire n’est pas la bonne solution. Pour trouver la bonne solution, il faut faire appel à un adulte”, constate-t-il.

 

Des parents désarmés face à leurs enfants alcooliques

 

Toutefois, le directeur du Cotes admet que si sa communication est principalement ciblée vers les jeunes, celle-ci concerne tout le monde. Tout d’abord parce qu’il n’y a pas que les jeunes qui ont un problème avec l’alcool. Ensuite parce que tous les adultes selon lui ont une responsabilité quant au rapport des jeunes avec l’alcool.

“Lors de nos actions en 2006, 2007 et 2008 avec la collaboration du CG, de la CSSM des mairies de Ouangani, Bouéni et Bandrélé, nous avions insisté pour que les parents soient là. On y a rencontré des parents désarmés face à la violence de leurs enfants. Ils nous disaient : “On ne sait plus comment faire, on a peur de les corriger, de leur dire de ne pas boire, de les taper de peur d’aller à Majicavo.” Il y a une grande incompréhension entre les parents et les institutions : école, gendarmerie, assistante sociale.

Les parents sont les personnes les mieux placées pour dire à leurs enfants ce qu’il faut faire ou pas. Ici, il y a une tendance à ne pas parler à l’enfant. On ne lui explique rien et parfois on lui donne tout. A l’école, c’est l’inverse, on le responsabilise. Avant, on passait chez un oncle, les grands-parents, les tantes avant d’aller à l’école à 7 ans. On acquérait les bases de l’éducation traditionnelle avant de rentrer à l’école. Aujourd’hui c’est l’inverse et c’est difficile pour les parents de reprendre les rênes. C’est pareil en matière de sexualité.”

Le directeur du Cotes reconnaît qu’il est difficile pour lui d’évaluer l’impact des campagnes d’information ou des actions de son association envers le public mahorais. La seule façon pour son équipe de le faire est de voir si à la fin des interventions les personnes demandent des brochures ou le numéro du Cotes.

 

La loi Evin piétinée à Mayotte

 

Azida Kartoibi considère que les élus et la justice ont aussi une grande responsabilité quant aux comportements excessifs. “Le législateur a mis en place la loi Evin en 1991, modifiée plusieurs fois par la suite, pour recadrer la vente, la publicité sur l’alcool et le tabac. Elle est en vigueur à Mayotte, mais si on l’appliquait vraiment on pourrait faire beaucoup de choses. A Mayotte, tout le monde peut vendre des boissons alcoolisées alors que normalement il faut une licence. On ne peut pas vendre d’alcool à un jeune de moins de 16 ans – ça devrait monter à 18 ans avec la loi Bachelot à venir. La justice doit veiller à ce que cela soit respecté.”

Autre moyen selon lui de remettre les vendeurs ou les fournisseurs d’alcool aux mineurs devant leurs responsabilités : la plainte au commissariat de police ou à la gendarmerie. “Les gendarmes disent qu’ils ne peuvent être partout et ce n’est pas leur rôle de surveiller les enfants. En revanche, si un de vos enfants revient ivre à la maison, vous pouvez porter plainte pour que la police ou la gendarmerie fasse une enquête pour savoir quel débitant ou adulte lui a procuré de l’alcool.”

Pour le directeur du Cotes, rendre difficile l’accès à l’alcool est une façon de lutter contre les comportements dangereux liés à l’alcool. “Certaines municipalités ont pris des arrêtés pour limiter la vente à certaines heures. Mais la vision est locale, il aurait fallu une politique globale sur toute l’île”, fait-il remarquer.

 

Une meilleure information pour une consommation responsable

 

Il sait néanmoins que si un consommateur souhaite vraiment se procurer de l’alcool, il y arrivera par un moyen ou un autre. Toutefois, il regrette qu’une vision économique l’ait emporté sur une vision sanitaire.

“En tant qu’institution, nous déplorons le fait qu’une usine de production de bière se soit installée à Mayotte. Cela facilite son accès puisque le prix est réduit. Je n’accable toutefois pas cette entreprise, mais plutôt les autorités. Depuis 2005, nous proposons des projets et personne ne nous subventionne. Dans le même temps, on accepte l’implantation d’une usine de production de bière. Les élus ont préféré les retombées économiques à la santé. Je peux comprendre, mais dans ce cas-là il aurait été utile de verser une somme minimale aux associations qui informent sur les dangers de l’alcool.”

Le directeur du Cotes rappelle que la société mahoraise est friande de ce qui vient de l’extérieur. “Tout ce qui n’est pas de chez nous est valorisé. Avant, c’était ceux qui réussissaient qui s’autorisaient à boire, mais pas devant tout le monde. Aujourd’hui, la situation actuelle fait qu’il y aura des dégâts. C’est un peu comme si on fabriquait des armes et qu’on les vendait à n’importe qui. Ceux qui seront touchés sont les plus pauvres, les plus démunis, ceux qui n’auront pas les moyens d’avoir les informations sur ce produit. Nous ne demandons qu’à avoir les moyens de pouvoir informer les Mahorais objectivement. Un consommateur qui aura reçu l’information connaîtra les comportements à avoir et agira en connaissance de cause.”

 

Faïd Souhaïli

 

 {mospagebreak title=Un produit essentiellement importé}

L’alcool, un produit essentiellement importé

 

{xtypo_dropcap}O{/xtypo_dropcap}n le savait déjà, mais grâce aux statistiques qui nous ont été fournies par les Douanes, nous pouvons affirmer que l’alcool consommé à Mayotte provient essentiellement de l’extérieur de l’île. Sans surprise, c’est la bière qui arrive en première position des boissons alcoolisées importées. Avec un peu plus de 3,15 millions de kg importés en 2008, 3,79 millions en 2007 et 2,65 millions en 2006, la bière se porte plutôt bien à Mayotte et renforce la décision de certains entrepreneurs d’en produire localement.

En effet, de l’année 2006 à 2007, la hausse des importations est de 42% Un repli de 17% s’est opéré entre 2007 et 2008. La bière de malt est l’alcool qui a rapporté le plus à la CDM sur les 3 dernières années (1,57 million d’euros en 2006, 1,97 en 2007 et 2,08 en 2008). Les bières proviennent principalement des Pays-Bas et de Belgique, d’Afrique du Sud et de France. A noter l’émergence des bières malgaches qui représentaient une part infime en 2006 (34.442 kg) et qui a presque triplé depuis (116.957 kg en 2008).

 

En seconde position des boissons importées viennent les vins de raisins frais. La quantité est en chute (1,03 million de kg en 2006, 954.158 en 2007 et 997.097 en 2008), mais pas la valeur qui a augmenté de 13,11% pour atteindre 1,42 million d’euros. Une hypothèse que l’on pourrait émettre est que les vins vendus en brique d’un litre ont été délaissés au profit d’autres vins de meilleure qualité… et plus chers. Cela peut être rapproché avec une baisse des vins d’Espagne (646.786 kg en 2006 et 534.555 kg en 2008) d’où proviennent les deux principales marques importées à Mayotte par les gros distributeurs que sont la Somaco et la Snie. Suivent loin derrière les vins français (365.278 kg en 2008) et argentins (37.070 kg en 2008).

En ce qui concerne les spiritueux, la France, le Royaume-Uni et les Emirats Arabes Unis forment le trio de tête des importations en 2008. A noter néanmoins une diversification de la provenance puisque s’il n’est pas étonnant de retrouver la Réunion, la Martinique et la Guadeloupe (rhum), la Russie fait un bond en avant (270 kg en 2006, 655 en 2008), tout comme la Pologne et Cuba. A noter que la présence de 144 kg d'alcool importés d’Iran est incongrue. Cela doit peut-être comptabiliser des marchandises en transit, comme celles provenant des Emirats Arabes Unis et de leur port principal Dubai.

 

F.S.

 

 {mospagebreak title=Rencontre avec Aqua Service Mayotte}

“C’est l’excès qui est dangereux”

 

C’est dans cette usine qu’est produit un dixième de la bière bue à Mayotte.L'entreprise Aqua Service Mayotte est la seule entreprise qui fabrique localement de la bière et qui la commercialise. Pour ses dirigeants, l’alcool s’il est consommé en quantité raisonnable, n’est pas dangereux. C’est seulement en cas de dépassement des doses recommandées que la situation se gâte. Et quitte à ce que la bière soit consommée, autant la produire sur place.

 

 

 

 

{xtypo_dropcap}P{/xtypo_dropcap}roduire de la bière à Mayotte, sur une terre où la majorité des habitants sont de confession musulmane, peu de gens l’imaginait il y a encore quelques années. Pourtant, depuis 6 mois, Aqua Service Mayotte a franchi le pas en produisant une bière blonde. Pendant longtemps, les autorités religieuses ont fait valoir leur point de vue sur la question en déclarant qu’il était inconcevable d’associer production d’alcool et islam. Mais pour Patrick Chan-Ou-Teung, directeur général d’Aqua Service Mayotte, produire ou non à Mayotte ne change pas grand-chose à la situation actuelle.

“La plupart des boissons alcoolisées en vente à Mayotte sont importées. Nous estimons avoir 10% du marché des bières. Que cela soit produit à Mayotte ou pas, les consommateurs sont là et l’alcool est acheté par tout le monde, quelle que soit la population d’origine”, indique-t-il. L’administrateur d’Aqua Service Mayotte, Marc Arbogast, pour sa part, explique que la fabrication de bière est un métier difficile. Si son entreprise ne s’est pas lancée plus tôt dans la production de bière, c’est parce que toutes les conditions n’étaient pas réunies.

“Pour brasser de la bière, il faut des personnes compétentes et qualifiées, des ingénieurs. On ne fabrique pas de la bière comme on fabrique de la limonade.” Celui-ci indique par ailleurs que pour s’adapter au marché mahorais, Aqua Service Mayotte va lancer dans quelques mois une bière “véritablement” sans alcool.

 

Bientôt une bière sans alcool validée par les Iraniens

 

“Ce sera une bière à 0,0% et non pas à 0,5% comme c’est souvent le cas pour les bières sans alcool. C’est encore plus difficile de fabriquer de la bière sans alcool. On le fera selon un procédé qui a été validé en Iran. On ne peut pas être plus strict que là-bas en matière d’alcool”, affirme Marc Aborgast. Selon lui, si l’alcool a si mauvaise réputation à Mayotte, c’est à cause du comportement de quelques personnes qui en abusent.

“C’est l’excès qui est dangereux, qui donne des comportements qui ne sont pas bons. Des études ont montré que deux verres de bière par jour étaient excellents pour prévenir les risques cardio-vasculaires. En revanche, si on monte à quatre ou cinq, alors là on multiplie les risques.” A titre d’exemple, il rappelle que si nous buvons du lait tous les jours en lieu et place de l’eau, notre santé va en prendre un coup.

Patrick Chan-Ou-Teung souligne qu’Aqua Service Mayotte ne produit pas que de la bière. Les initiales de son nom de famille (COT) forment le nom d’une marque de soda et Aqua Service Mayotte est très présente sur le créneau des fontaines d’eau dans les entreprises et administrations. Le patron d’Aqua Service Mayotte insiste sur le fait que son entreprise fait partie, tout comme sa maison mère, de l’association Entreprise et Prévention à la Réunion. Cette association créée en 1990 dans l’Hexagone regroupe les principales entreprises du secteur des vins, bières et spiritueux. L’objectif est de lutter contre l’abus d’alcool au profit d’une consommation raisonnable fondée sur la maîtrise des risques.

 

Le binge-drinking, danger n°1 des jeunes consommateurs d’alcool

 

“A Mayotte, nous participons aux opérations Sam. Lors de soirées, en collaboration avec la préfecture, nous faisons de la prévention en mettant un bracelet à la personne qui conduit. Celle-ci a le droit de consommer gratuitement des boissons non alcoolisées et si en partant son taux d’alcoolémie est inférieur au taux légal, il repart avec un cadeau”, précise Patrice Roux, directeur adjoint d’Aqua Service Mayotte. Boire avec responsabilité, l’équation est parfois difficile à trouver, surtout dans une société où traditionnellement l’alcool est tout bonnement interdit.

“Ce qu’il faudrait, c’est qu’il y ait une formation à la santé par l’Education nationale. Il faudrait que les enseignants expliquent aux jeunes jusqu’où peut mener une consommation excessive d’alcool”, suggère Marc Aborgast. Si une éducation doit être faite, il n’est pas sûr que cela soit bien vu par les parents d’élèves. Néanmoins, interdire totalement l’alcool n’est pas non plus la solution selon les dirigeants d’Aqua Service Mayotte. La période de la Prohibition aux Etats-Unis l'a bien montré.

“A 18 ans et n’ayant jamais bu, ils vont se mettre à boire trop d’un coup, faire du binge-drinking, comme le font les jeunes dans les pays anglo-saxons. Il est vrai qu’à Mayotte, une éducation par les parents sur ce plan paraît plus compliquée”, indiquent-ils. En effet, dans l’Hexagone, un enfant peut au cours d’un repas être initié par ses parents à l’alcool, sans que cela ne soit vécu comme une transgression. Mais à Mayotte, difficile de voir un père ou une mère de famille partager un verre de vin ou de bière, même coupé à l’eau à table ou au cours d’un voulé.

L’interdit religieux est très fort et “éduquer” ses enfants à boire serait considéré plutôt comme de l’incitation à la débauche. Pour certains, c’est le prix relativement bas de la bière locale qui inciterait de plus en plus de gens à boire. “Ce n’est pas parce qu’un imbécile se conduit mal que les autres doivent payer. Il faudrait aussi rappeler qu’il n’y a aucune industrie agro-alimentaire qui a autant investi à Mayotte”, affirme Marc Aborgast. Quant au côté religieux, les dirigeants d’Aqua Service Mayotte y sont sensibles.

“Nous étions prêts pour commercialiser notre bière avant la fin du Ramadan, mais nous l’avons fait après”, disent-ils en chœur. Ils ne sont donc pas prêts de s’arrêter et demandent à leurs clients de consommer avec modération.

 

Faïd Souhaïli

 


 

Des pictogrammes pour lutter contre le syndrome d’alcoolisme fœtal

Le pictogramme est petit, mais Patrick Chan-Ou-Teung n’en est pas peu fier. Une femme enceinte avec une bouteille à la main, le tout barré, c’est un signe qui figure sur toutes les bouteilles de bière produites par Aqua Service Mayotte.

“On soutient une association qui lutte contre le syndrome d’alcoolisme fœtal à la Réunion, initiée par la sénatrice Anne Payet. Nous nous associons à toutes les opérations pour informer sur les dangers que court une femme enceinte qui boit”, souligne le patron d’Aqua Service Mayotte. Il ajoute que son groupe respecte la loi Evin, notamment en matière de publicité (pas de publicité à heure de grande écoute, obligation de la mention sanitaire : “à consommer avec modération”) et qu’elle a mis dans les établissements de nuit fermant après 2h00 du matin (à la Réunion) des bornes avec alcootest pour indiquer aux consommateurs s’ils ont dépassé le taux légal d’alcoolémie (0,5g/l de sang). “Les bornes indiquent juste si vous êtes positif ou négatif. Il n’y a aucune mesure, histoire de ne pas permettre à des inconscients de faire des concours”, mentionne pour sa part Marc Aborgast.

 

{mospagebreak title=Entretien avec Thierry Féraud, ndirecteur commercial de Distrimax}

Vendre, mais pas à n’importe quelles conditions

 

{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}hierry Féraud est le directeur commercial de Distrimax, importateur grossiste qui commercialise un portefeuille de marques à dominante alimentaire, de boissons alcoolisées et non alcoolisées. Les boissons alcoolisées peuvent entraîner des comportements dangereux et Distrimax, dans une démarche citoyenne volontaire, appelle à des comportements plus responsables en matière de vente d’alcool.

 

Mayotte Hebdo : Qui sont les clients de Distrimax ?

Thierry Féraud : Nous sommes des importateurs grossistes. Nos clients sont donc des grandes et moyennes surfaces d’une part et des cafés, hôtels, restaurants (CHR) d’autre part.

 

MH : Quels types de boissons distribuez-vous ?

TF : Nous distribuons principalement de la bière. Nous nous refusons d’importer de la bière low-cost (à bas prix) vu qu’il existe une production locale de bière titrant à plus de 5% de volume d’alcool. Comme partout dans le monde, la bière est l’alcool le plus vendu. Nous commercialisons également des spiritueux, mais uniquement en réseau CHR.

 

MH : D’où proviennent vos boissons alcoolisées ?

TF : En ce qui concerne les bières, nous les importons principalement des îles voisines : Réunion, Maurice et Madagascar. Outre que le groupe auquel nous appartenons est un fervent partisan de la coopération économique régionale, nous voulons d’abord satisfaire tous les goûts de la clientèle et notamment ceux des diasporas des îles voisines résidant à Mayotte.

 

MH : L’alcool peut, s’il est absorbé en quantité excessive, être dangereux pour la santé et provoquer des comportements anti-sociaux. Que faites-vous pour que les consommateurs aient connaissance de ces dangers ?

TF : Le distributeur doit d’abord se responsabiliser lui-même. Un exemple pour mieux comprendre : cela fait plus de 4 ans que Distrimax est associé avec la préfecture aux soirées Sam, pour prévenir les dangers de l’alcool au volant : "celui qui boit ne conduit pas". Je participe donc à des soirées ou évènements au cours desquels est apposé un brassard au bras de chaque conducteur ayant décidé de rester sobre pour pouvoir en toute sécurité raccompagner plus tard ceux qui auront choisi de consommer. Il remet les clés de son véhicule dès son arrivée et se voit offrir des boissons non alcoolisées pendant toute la soirée. Si au moment du départ, en soufflant dans l’éthylotest, il apparaît qu’il n’est pas positif, on lui rend les clés accompagnées d’un cadeau. Sinon il doit attendre. Nous organisons également des réunions de sensibilisation avec les CHR. On remarque qu’ils se considèrent de plus en plus responsables de leurs clients consommateurs et ils prennent conscience des initiatives qu’ils doivent prendre pour mieux asseoir ce comportement.

Nous avons une charte d’achat et de distribution et même si cela peut faire sourire venant d’un distributeur d’alcool, nous luttons d’une certaine manière contre l’alcoolisme excessif.

 

MH : Dans une société où la religion interdit la consommation d’alcool, n’est-il pas incongru de distribuer de l’alcool ?

TF : Certes nous sommes une île dont la religion dominante est l’Islam, mais nous appartenons aussi à un pays laïc. En tant que distributeurs, nous répondons d’abord à une demande de clients professionnels. Ensuite c’est aussi à chacun de se responsabiliser. Nous sommes respectueux des us et coutumes religieuses d’une île dominée par l’Islam. Par exemple, nous ne communiquons pas sur l’alcool pendant le mois de Ramadan ou au moment des principales fêtes musulmanes. On peut assurément aller plus loin, mais nos actions ne doivent pas rester isolées. Il conviendrait d’élargir ce code de bonne conduite à l’ensemble de notre profession et d’imaginer d’autres moyens d’action plus citoyens.

 

Propos recueillis par Faïd Souhaïli

 

 


 

Qu’est-ce qu’un verre d’alcool ?

Quand vous buvez un demi de bière, un ballon de vin rouge, une coupe de champagne ou une dose de whisky, vous consommez pratiquement la même quantité d’alcool, une unité d’alcool ou plus communément un verre. C’est donc à partir de ces contenants que l’on peut estimer la consommation d’une personne.

Un verre d’alcool correspond à 10 cl de vin à 12°, 2,5 cl de pastis à 45°, 7 cl d’apéritif à 18° ou 25 cl de bière à 5°.

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Mayotte Hebdo n°1087

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