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Il y a plus de 20 ans, en 1994, Jean-Bernard Ifanohiza et Christine Langot s’associent pour créer les contes Calumet. Le Calumet est un nom de Bambou réunionnais. Les deux conteurs se sont en effet rencontrés dans une troupe de théâtre sur l’île de La Réunion. Ils ont ensuite effectué un stage de contes avec Hassane Kouyaté, un conteur venu du Burkina Faso. Emballés par cet art, ils se sont lancés dans cette aventure, en tant qu’intermittents du spectacle. Jean-Bernard Ifanohiza était déjà le conteur au sein de la pièce de théâtre. Dès leurs débuts, ils doivent très vite faire face à une grosse demande. « A partir des années 70-80, on s’est souvenu de l’existence du conte, de ses vertus, de ses valeurs, confesse Christine Langot. Ils sont faits pour que les êtres humains vivent, réfléchissent, échangent. C’est primordial de conter, autant pour les enfants que pour les adultes. »

Les deux membres des contes Calumet vivent un an à La Réunion, et un an en métropole. Lorsqu’ils sont à La Réunion, ils viennent à Mayotte pour se produire le temps de plusieurs jours. C’est la septième fois qu’ils posent leurs bagages sur l’île au lagon. Leurs contes sont inspirés de nombreuses cultures et lieux du monde. Dans l’excès et les rires, de nombreux sujets graves sont abordés.

Ils organisent deux types de représentation. D’abord des spectacles retraçant les récits de vie de Jean-Bernard Ifanohiza, réservés à La Réunion, puisque contés en créole. Les autres représentations sont basées sur des contes traditionnels, datant de plusieurs centaines d’années. C’est Christine Langot qui les choisit. Pour cela, elle en lit chaque jour, parfois des centaines. Son partenaire exige du sens, mais aussi et surtout du rire. Les contes doivent porter un message pour que les conteurs puissent les habiter. En cela, les deux partenaires se complètent à merveille.

Lui est jovial. Conteur extraordinaire et véritable showman, son accent créole et son jeu de scène sont à faire pâlir des comiques de renom. Il chante, joue du djembé, grimace, imite en utilisant toutes sortes de mimiques. Il est passionné, habité par ses contes. Il improvise pour amener les enfants plus loin, mais en gardant toujours le sens du récit. Elle est d’un tempérament plus calme, plus posé. Elle est plus sérieuse, voire austère, comme elle le confesse. Ses contes sont souvent plus tristes, plus graves, parfois désespérants. Selon eux, « le hasard a bien fait les choses ». Ils sont en parfaite osmose, se complètent, s’enrichissent l’un l’autre.

En fonction de l’âge, le spectacle et les contes changent. De la 5ème à la 3ème, les adolescents sont méfiants vis-à-vis du conte. Ce n’est pas un âge où les jeunes aiment ce type de spectacle. A partir de la seconde, les conteurs présentent le même spectacle qu’aux adultes. Les contes, issus de nombreuses cultures, sont très différents les uns des autres. « Si on ne comprend pas le conte, il nous est impossible de l’habiter et de le présenter, explique la conteuse. Ce n’est pas qu’une question de culture. Nous nous inspirons souvent de contes africains, occidentaux, inuits même avec lesquels nous nous sentons très proches. L’amour, la mort, la vie, les dilemmes, les questions, tout est abordé. Si l’on prend les contes malgaches, j’en possède de nombreux, mais nous n’arrivons pas à nous approprier les textes. Ils sont trop moralisateurs, trop profonds et difficilement compréhensibles pour les enfants ou les adultes. La morale est importante, mais il faut qu’elle soit implicite et dosée. »

En métropole, les contes sont mis en lumière depuis 40 ans. Mais, dans l’île aux parfums, la conteuse a remarqué une singularité. « A Mayotte, c’est extraordinaire, car il suffit de taper dans les mains pour que les enfants se mettent instantanément à suivre le rythme. Avec les adultes, il y a aussi une interaction, des danses, des chants. » En effet, du début à la fin du spectacle, les enfants sont hilares, captivés. Le sourire aux lèvres, ils boivent les paroles des conteurs, attendant avec une impatience palpable la suite de l’histoire. Les enfants ne veulent pas que cela s’arrête. Avec Jean-Bernard Ifanohiza, l’interaction est pour ainsi dire permanente. Les enfants sont amenés à venir sur scène. Lors d’une représentation avec les élèves de l’école primaire de Passamainty, une danse finale improvisée a révélé l’enthousiasme des enfants.

« Lorsque nous commençons notre spectacle, nous créons une petite famille en amenant les gens chez nous, relate le conteur. Nous venons juste avec notre générosité, pas pour faire de l’argent. Je n’ai pas peur du public. C’est moi qui dois mener la danse. Je ne suis pas du genre à reculer au lieu d’avancer. Décomplexer le public, mettre en valeur les personnes, c’est important. Je suis issu d’un milieu où nous vivions en groupe, dans des cités. Il fallait savoir s’imposer. » Selon sa partenaire, l’interaction n’est pas indispensable pour le conteur. Pire, lorsqu’elle se retrouve spectatrice, elle déteste que les conteurs la mettent à contribution. Parfois, les spectateurs souhaitent rester assis à écouter. Il leur faut donc bien choisir les intervenants.

Après 20 ans de métier, les conteurs Calumet ne se sentent ni lassés, ni épuisés. Les années et les rencontres ont enrichi leur travail. Ils ont l’impression de faire de mieux en mieux leur métier. « A la différence des acteurs, nous ne nous plongeons pas dans la peau de quelqu’un d’autre, explique Christine Langot. C’est notre personnalité qui est mise en avant et qui détermine la qualité de nos contes. Nous sommes intermittents. Comme toutes les personnes qui travaillent dans le spectacle, ce n’est pas simple. Nous avons ainsi dû faire le choix de ne pas rester à La Réunion. Nous pourrions passer notre vie dans des avions, comme notre ancien mentor Hassane Kouyaté. Mais nous préférons offrir nos spectacles à des enfants ou à des adultes dans le cadre d’événements. Nous avons certes moins voyagé, mais nous avons apporté de la joie à des milliers d’enfants. » . Conter sans compter, telle semble donc être leur devise.

Pierre Bellusci

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