L'ACTUALITÉ DE MAYOTTE 100 % NUMÉRIQUE

Les infos de Mayotte depuis plus de 20 ans !

30/08/2010 – Rapport préliminaire des Naturalistes

À lire également

Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

 

{xtypo_dropcap}S{/xtypo_dropcap}i les atouts de Mayotte pour son inscription dans la liste des sites préservés sont indéniables, les exigences de ce classement, qui passe par la mise en place d'une véritable politique d'assainissement, le développement de la recherche et du suivi du lagon et la priorité donnée à l'éducation à l'environnement, présentent aussi d'importants obstacles. En plus du prestige qu'il confèrerait, ce classement permettrait de mieux préserver le patrimoine naturel mahorais et favoriserait le développement d'une économie touristique respectueuse de ce patrimoine exceptionnel.

Inscrire le lagon de Mayotte au Patrimoine mondial de l'Humanité, comme celui de la Nouvelle-Calédonie ajouté le 7 juillet 2008… Et pourquoi pas ? Cette proposition a été évoquée pour la première fois lors du Grenelle de la mer qui s'est tenu à Mayotte en mai 2009, et a notamment été soutenue par Jérôme Bignon, président de l'Agence des aires marines protégées et du Conservatoire national du littoral et des espaces lacustres. Désormais, grâce au travail effectué par les Naturalistes, le projet devient tout à fait réalisable. "Ce document est un argumentaire sur lequel les élus et les responsables de l'Etat pourront piocher pour savoir si l'inscription est souhaitable", explique Michel Charpentier, le président de l'association.

Ce dossier d'une quarantaine de pages permettra aux élus et à l'Etat d'appréhender la solvabilité du projet de classement au patrimoine de l'Unesco, et de montrer ses avantages et ses contraintes. "Tous les réseaux inscrits sur la liste entrent dans un réseau de soutien international avec un appui technique et financier pour la mise en place de plans de gestion ou la formation du personnel", précise Arthur Musy.

L'Etat pourra aussi débloquer des fonds spéciaux pour mettre en valeur le patrimoine de Mayotte. "Cela permettrait aussi de développer l'île en plaçant le patrimoine naturel au centre, et créer un cercle vertueux car la préservation de l'environnement attirera davantage de touristes", ajoute l'étudiant.

 

Un patrimoine naturel exceptionnel et des caractéristiques rares au niveau mondial

 

Sur les 10 critères de sélection, un seul suffit pour pouvoir être candidat et Mayotte en remplit déjà 3 : les critères esthétique (VII), de représentativité de processus écologiques et biologiques (IX) et d'habitats naturels menacés (X). Avec un des lagons les plus grands du monde doté d'une double barrière, un littoral encore très peu bétonné, la confluence des courants marins de Madagascar, de la côte est-africaine et de la mer Rouge favorisant la biodiversité, des habitats remarquables comme les coraux, la mangrove, les herbiers et les plages de ponte, et la présence d'espèces menacées comme la baleine à bosse, le dugong ou les tortues marines, Mayotte a toutes les chances d'être un jour inscrite sur la liste indicative des sites sélectionnés par la France.

Mayotte fait en effet partie des 34 "points chauds" de biodiversité identifiés par Conservation international et parmi les 238 éco-régions cruciales pour la conservation de la biodiversité définies par le WWF. L'île est également recensée comme une des 218 zones d'endémismes pour les oiseaux au niveau mondial, et 5 espaces sont susceptibles d'être désignés au titre de la convention de Ramsar sur la protection des zones humides.

En outre, la biodiversité qu'abrite Mayotte et son lagon demeure encore en grande partie inconnue, comme en témoignent la découverte régulière de nouvelles espèces animales ou végétales au cours d'inventaires. Selon l'océanologue Bernard Thomassin, on estime entre 6.000 à 8.000 le nombre d'espèces marines réelles alors que seulement 1.200 à 1.300 espèces ont été recensées. Mayotte possède ainsi un patrimoine naturel exceptionnel, avec certaines caractéristiques rares au niveau mondial.

 

Le classement pourrait permettre une réappropriation de leur patrimoine par les Mahorais

 

Le critère V, qui concerne une utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer qui soit représentative d'une culture, pourrait également être sollicité dans le cas d'une inscription de bien mixte (patrimoines à la fois naturel et culturel). Les pratiques traditionnelles mahoraises comme la pêche au djarifa, sur laquelle une étude est actuellement menée par le parc marin pour savoir si elle se révèle compatible avec la préservation de l'environnement, la navigation en pirogue, qui pourrait ainsi faire l'objet d'une dérogation pour être autorisée à l'ensemble du lagon et non plus limitée aux 300 mètres réservés aux engins de plage, ou encore les zyaras, lieux sacrés habités par des esprits, illustrent bien le rapport de la société avec son environnement. Intégrer le critère culturel serait une reconnaissance supplémentaire de la culture traditionnelle mahoraise et faciliterait ainsi l'adhésion de la population à ce projet de classement.

En outre, le classement de Mayotte serait un argument de taille en faveur de la création d'un observatoire de la mangrove, évoqué par la Daf, et d'un observatoire de la faune sauvage, promu par l'ONCFS, qui permettrait de mieux connaître leur extraordinaire biodiversité. Par son caractère prestigieux, le classement pourrait aussi permettre une réappropriation de leur patrimoine par les Mahorais et les sensibiliser davantage à la nécessité de le préserver.

 

Julien Perrot

 


 

La détermination de l'Etat est indispensable

 

Pour une candidature de Mayotte au Patrimoine mondial de l'Humanité

Les étapes d'un long processus

La première étape pour l'inscription au patrimoine mondial est l'inscription sur la liste indicative réalisée par chaque Etat, qui dresse tous les ans un inventaire des sites culturels et naturels les plus importants à l'intérieur de ses frontières. Chaque site inscrit sur cette liste doit ensuite préparer un dossier de proposition d'inscription. Ce dossier doit présenter le caractère unique, et justifier de sa "valeur universelle exceptionnelle" en fonction des critères définis par le Comité du patrimoine mondial.

La proposition d'inscription doit alors être préparée par un comité technique et avec le concours de nombreux partenaires, politiques, scientifiques et associations. Il serait également intéressant pour Mayotte de s'associer avec des ONG internationales comme le WWF ou Birdlife, pour donner une crédibilité internationale à la candidature. Ce dossier doit aussi et surtout faire ressortir la détermination de l'Etat à préserver et valoriser le site, et les outils juridiques, techniques et financiers dédiés à cette tâche. Une fois le dossier rédigé, la candidature peut être déposée au Comité, qui envoie sur place des experts de ses organisations consultatives que sont l'UICN et l'Icomos, pour évaluer les mesures de protection et les caractéristiques du site.

Dans un souci d'établir une liste du patrimoine mondial "représentative, équilibrée et crédible", le Comité du patrimoine a établi une stratégie globale en 1994, visant à un équilibre entre les types de biens représentés et leur répartition géographique, les biens culturels situés en Europe étant bien trop représentés. La priorité est donc aujourd'hui donnée aux sites naturels et mixtes dans des régions du monde encore sous-représentées, ce qui est le cas de Mayotte.

 

L'engagement politique des acteurs locaux en faveur de l'environnement

 

Mais avant ce classement, il reste à régler les problèmes de la gestion de l'eau, de l'assainissement, de la collecte et du traitement des macro-déchets rejetés dans le lagon qui continue de s'envaser, qui menacent tous la durabilité du bien. Même si les activités humaines à Mayotte ne respectent pas encore la "valeur universelle du bien" et ne sont pas écologiquement et culturellement durables, il est néanmoins possible de déposer un dossier de candidature assorti d'un plan d'action définissant les mesures correctives requises dans un laps de temps indiqué.

Dans son "livre blanc" adopté en octobre 2003, le conseil général évoque le développement durable et envisage de nombreuses actions en faveur de la préservation de l'environnement. Ces actions visant à l'amélioration des eaux ou à la protection des espèces vulnérables constituent des bases importantes en vue d'une candidature, car elles traduisent l'engagement politique des acteurs locaux en faveur de l'environnement.

Au niveau national, la biodiversité française est essentiellement ultramarine, c'est pourquoi le conseil interministériel de l'Outremer a lancé en novembre 2009 l'Initiative française pour la conservation et la gestion de la biodiversité ultramarine (Ifrebiom).

 

Un cercle vertueux qui développe le tourisme en préservant l'environnement

 

Le tourisme durable fait partie des contraintes de ce label patrimoine mondial, ce qui exclut un tourisme de masse avec la construction d'hôtels gigantesques sur les plages ou l'utilisation des jets-skis, source de dérangement pour les espèces marines. L'Unesco encourage fortement à associer la population aux activités touristiques durables pour qu'elle puisse profiter des retombées positives du tourisme et que se crée un cercle vertueux : le tourisme se développe grâce au label qui est conservé uniquement si l'environnement est préservé. Une partie des profits générés par le développement de l'activité touristique peut ainsi être allouée à la préservation de l'environnement et ainsi renforcer la qualité touristique.

Les sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial connaissent une augmentation significative de leur fréquentation touristique dès la première année et la notoriété qu'apporte le label attire une clientèle internationale à fort pouvoir d'achat. Par exemple, la fréquentation de la citadelle Vauban à Belfort a augmenté de 20% dès le premier été, et celle de Carcassonne de 30% en deux ans après son classement. L'intérêt suscité par les biens du patrimoine mondial est tel que l'industrie touristique basée sur ces quelques 911 sites est estimée à plus de 1.000 milliards de dollars.

Il faut donc se saisir de ce dossier rapidement pour ne pas que la dégradation de l'environnement devienne irréversible et pour profiter de la dynamique générée par la création du parc marin. D'autant que le processus peut s'avérer très long… La cité épiscopale d'Albi avec la cathédrale Sainte-Cécile, qui vient d'être inscrite au patrimoine mondial cet été, a dû attendre 14 ans avant de passer de la liste indicative de la France à la candidature officielle.

 

Julien Perrot

 

Retrouvez la liste des sites classés sur http:/whc.unesco.org

 


 

La Réunion inscrite au patrimoine mondial de l'humanité

 

L'île de la Réunion a fait son entrée au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco, qui y a inscrit dimanche 1er août son parc national. La décision a été prise à Brasilia par le Comité du patrimoine mondial de l'Organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) réuni à Brasilia pour sa 34ème session. La cité épiscopale d'Albi, deuxième site candidat pour la France, a également été inscrite.

Le parc national de la Réunion, créé en 2007, abrite "des forêts subtropicales, des forêts tropicales humides et des landes constituant une remarquable mosaïque d'écosystèmes et de paysages visuellement séduisants", a déclaré l'Unesco dans un communiqué. Cet espace comprend le cœur du parc national, auquel s'ajoutent le piton d'Anchaing dans le cirque de Salazie, le piton de Sucre et la chapelle dans le cirque de Cilaos, les sites de la Grande Chaloupe et de Mare Longue. La Réunion avait proposé sa candidature depuis trois ans. C'est le 35ème site français à être enregistré au Patrimoine mondial de l'Humanité.

Les ministres Jean-Louis Borloo (Ecologie), Marie-Luce Penchard (Outremer) ainsi que la secrétaire d'Etat Chantal Jouanno (Ecologie) se sont réjouis du classement des "Pitons, cirques et remparts de l'île de la Réunion" sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco. Dans un communiqué commun, les trois membres du gouvernement soulignent que "cette inscription est l'aboutissement d'un travail de longue haleine, piloté par le parc national de la Réunion, auquel se sont associés, avec enthousiasme et conviction, la population réunionnaise ainsi que toutes les composantes de la société civile de l'île".

"Ce classement représente une opportunité supplémentaire de développement" pour les Réunionnais qui "grâce à ce label exceptionnel, s'attacheront à conserver, à préserver et à mettre en valeur les richesses uniques de leur île pour les générations futures", soulignent-ils.

 


 

Petit historique de la création du Patrimoine mondial de l'Humanité

 

L'idée de créer un mouvement international pour protéger le patrimoine est née après la Première Guerre mondiale. L'événement qui a suscité une prise de conscience internationale particulière a été la décision de construire le barrage d'Assouan en Egypte, qui aurait inondé la vallée où se trouvaient les temples d'Abou Simbel, trésors de la civilisation de l'Egypte ancienne.

En 1959, l'Unesco a décidé de lancer une campagne internationale à la suite d'un appel des gouvernements égyptien et soudanais. La recherche archéologique dans les zones qui allaient être inondées a été accélérée et les temples d'Abou Simbel et de Philae ont été démontés, déplacés et réassemblés.

La campagne a coûté environ 80 millions de dollars, la moitié provenant de dons d'une cinquantaine de pays, ce qui a démontré l'importance d'un partage des responsabilités entre pays pour préserver les sites culturels exceptionnels. Ce succès a été suivi d'autres campagnes de sauvegarde, notamment pour sauver Venise et sa lagune (Italie) et les ruines archéologiques de Mohenjo Daro (Pakistan) et pour restaurer l'Ensemble de Borobudur (Indonésie).

L'Unesco, avec l'aide du Conseil international des monuments et des sites (Icomos), a parallèlement amorcé la préparation d'un projet de convention sur la protection du patrimoine culturel. Une conférence à la Maison-Blanche à Washington, en 1965, a demandé la création d'une "Fondation du patrimoine mondial" qui stimulerait la coopération internationale afin de protéger "les lieux, les paysages et les sites historiques les plus extraordinaires pour le présent et l'avenir de toute l’Humanité". En 1968, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a formulé des propositions analogues à ses membres.

Ces propositions furent présentées à la conférence des Nations-Unies sur l'environnement humain à Stockholm en 1972, qui ont conduit à l'adoption de la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel par la conférence générale de l'Unesco le 16 novembre 1972. Le Comité du patrimoine mondial qui se réunit une fois par an et est composé de représentants de 21 Etats parties à la Convention élus pour quatre ans par leur assemblée générale, est responsable de la mise en œuvre de la Convention, décide si un site est inscrit ou retiré de la liste (ce qui est arrivé deux fois), et détermine l'utilisation du Fonds du patrimoine mondial, aujourd'hui financé par les Etats partie à hauteur d'environ 4 millions de dollars annuels.

Alors qu'à l'entrée en vigueur de la Convention en 1975, seule une vingtaine d'Etat dont la France y adhère, on compte, depuis juin 2010, 187 Etats parties qui l'ont ratifié. Aujourd'hui, la liste du patrimoine mondial comporte 911 biens (dont 38 pour la France) constituant le patrimoine culturel et naturel que le Comité considère comme ayant une valeur universelle exceptionnelle. Cette liste comprend 704 biens culturels, 180 naturels et 27 mixtes répartis dans 151 Etats parties.

 

 


 

Les sites classés dans la région

 

Madagascar

– Réserve naturelle intégrale du Tsingy de Bemaraha

– Colline royale d'Ambohimanga

– Forêts humides de l'Atsinanana

 

Seychelles

– Atoll d'Aldabra

– Réserve naturelle de la vallée de Mai

 

Maurice

– Aapravasi Ghat

– Paysage culturel du Morne

 

Mozambique

– Ile de Mozambique

 

Kenya

– Parc national/Forêt naturelle du mont Kenya

– Parcs nationaux du Lac Turkana

– Vieille ville de Lamu

– Forêts sacrées de kayas des Mijikenda

 


 

Les projets d'inscription des Etats dans le canal de Mozambique

 

Pour les Etats situés dans le canal de Mozambique, on dénombre 4 projets pouvant directement concurrencer Mayotte. Il est donc important de faire inscrire Mayotte rapidement sur la liste indicative de la France pour que le Comité puisse évaluer les éventuelles candidatures en tenant compte de Mayotte.

Les projets de classement sont :

– Quirimbas Archipelago (Mozambique). Candidat pour une inscription en tant que bien mixte alliant la vieille ville portuaire et le patrimoine naturel marin. Couvrant divers habitats (mangroves, récifs coralliens, herbiers), le site est également un lieu de migration pour les tortues, baleines et de nombreux oiseaux migrateurs.

– Pontes de Ouro Protected Marin Area (Mozambique). Le site côtier abrite un lagon avec 400 espèces de coraux et accueille des espèces emblématiques, tortues, dugongs et oiseaux migrateurs.

– Jozani-Chwaka Bay Conservation Area, (Tanzanie). Le site associe patrimoine naturel marin et terrestre. La zone marine est composée de forêts de mangroves et de récifs coralliens.

– Ecosystème marin de l'archipel des Comores. Le bien est un bien en série qui regroupe trois entités spécifiques : le parc marin des Coelacanthes en Grande Comore, le parc marin de Mohéli, et les mangroves et le lagon de Bimbini à Anjouan.

 


 

Les atouts de Mayotte pour une éventuelle inscription

par Arthur Musy

 

Critère VII, une beauté exceptionnelle

Ce critère ne peut être évalué sur des bases objectives, mais il y a des signes qui ne trompent pas, et qui laissent les visiteurs qui se rendent à Mayotte sous le charme.

Ce qui frappe à Mayotte c'est l'omniprésence de la végétation verte et dense, qui donne à l'île un aspect sauvage. Les villages se sont établis en fond de baie, derrière la mangrove, ce qui les rend peu visibles depuis le large. Le littoral faiblement urbanisé est bien préservé. Il est découpé par une succession de pointes et des baies, points de rencontre entre "l’île verte" et le bleu du lagon. De nombreuses plages ceinturent Mayotte, souvent bordées de végétaux, comme des badamiers, cocotiers ou baobabs. Le sable de ces plages est le plus souvent composé de sédiments volcaniques qui lui donnent une coloration sombre, mais l'on trouve également certaine plages de sable blanc, situées sur les pointes et les îlots, qui donnent du relief à la ligne d'horizon.

Les camaïeux de bleu qui habillent le lagon offrent des dégradés spectaculaires, avec des variations de couleurs particulièrement remarquables au niveau des passes et de la barrière de corail, accentués à marée basse.

Mais la qualité esthétique de Mayotte ne se limite pas à la surface. Elle est considérée par les plongeurs comme un site de grande qualité, avec ses paysages sous-marins et ses coraux multicolores. La vie qui se développe au niveau des passes et des récifs donne des paysages divers mais toujours remarquables.

 

Critère IX. Exemples représentatifs des processus écologiques et biologiques en cours.

Les eaux de Mayotte abritent une biodiversité d'une richesse exceptionnelle, bien qu'un grand nombre d'espèces reste encore en découvrir. Cette forte biodiversité s'explique par la situation géographique de l'île et les influences qu'elle reçoit des faunes locales, de Madagascar, de la mer Rouge et des côtes est-africaines. De plus, l'isolement océanique favorise un taux d'endémisme marin assez élevé. Pour évaluer la biodiversité d'un écosystème corallien, les principaux groupes référents sont les coraux, les algues, les mollusques, les poissons et les crustacés.

En ce qui concerne les coraux, on en dénombre environ 300 espèces, dont plus de 200 espèces de coraux scléractiniaires. De plus, les récifs mahorais présentent une résilience exceptionnelle comparée aux autres sites étudiés dans la région.

Pour ce qui est de la faune ichtyologique, une étude faite en 2009 donne le nombre de 765 espèces de poissons. En 2004, une précédente étude faisait état de 467 espèces soit une augmentation de 71% du nombre d'espèces connues entre 2004 et 2009. De plus, à Mayotte, il est raisonnablement permis de penser que la richesse spécifique totale est encore largement sous-estimée. Cela va à l'encontre de la théorie selon laquelle la richesse spécifique d'une île est proportionnelle à sa taille et décroît avec son isolement.

On dénombre aussi 11 espèces de phanérogames, ce qui constitue une haute diversité. En effet, Mayotte se place au second rang des territoires ultramarins juste derrière la Nouvelle-Calédonie qui compte 12 espèces.

Le nombre d'espèces de mollusques est lui estimé à plus de 800, avec 500 espèces identifiées.

Pour le groupe des crustacés, il est traditionnellement choisi de s'intéresser aux décapodes, qui comptent parmi les crustacés les mieux étudiés. L'inventaire des crustacés décapodes de Mayotte fait état de 130 espèces déterminées, pour une estimation d'un millier de décapodes présents.

 

Critère X. Des habitats naturels importants pour la conservation in situ de la diversité biologique

1) Une grande variété d'habitats

Sur les côtes de Mayotte :

– Falaises rocheuses volcaniques ou formations marécageuses d'arrière mangrove

– Mangroves ou plages de sable ou de galets

– Zone d'accumulation de sédiments bio-détritiques

Sur le récif frangeant :

– Zone à micro atoll de coraux

– Zone à algueraies ou à herbiers

– Platier abrasé recouvert de cailloutis

– Frange de coraux vivants et bien diversifiés sur le front externe, se poursuivant finalement sur une pente où les coraux descendent jusqu'à environ -30 mètres.

 

2) Les principaux habitats

– Les récifs coralliens : Les récifs couvrent une surface de 150 km². On distingue trois grands types de structures, les récifs frangeants (195 km), les récifs internes dont la double barrière (18 km) et le récif barrière (140 km). Ce sont des lieux de vie extraordinaire, puisque à l'échelle de la planète, les récifs coralliens recouvrent 1% des fonds sous-marins et abritent 25% des espèces marines.

– Les herbiers ou algueraies : La surface totale des herbiers est estimée à 760 ha, avec 7 genres et 11 espèces de phanérogames.

– Les mangroves : La mangrove et l'arrière mangrove couvrent une superficie de 720 ha, et bordent 29% du littoral. Il existe 2 grands types de mangrove à Mayotte, les mangroves d'estuaires et les mangroves littorales composée de 7 espèces de palétuviers. Elles constituent une véritable nurserie pour les juvéniles de poissons qui peuvent se développer à l'abri des prédateurs.

 

3) Les espèces emblématiques et/ou menacées

Le lagon abrite de nombreuses espèces emblématiques et/ou menacées. Les premières qui viennent à l'esprit sont le dugong, la tortues verte et la tortue imbriquée ou encore la baleine à bosse, mais ce ne sont pas les seuls. Au niveau des poissons, on dénombre 25 espèces remarquables selon les critères de l'UICN et/ou de la Cites.

Au cours de l'hiver austral, de nombreuses baleines à bosse viennent trouver refuge dans les eaux calmes du lagon pour mettre bas et élever leurs petits. C'est donc un site particulièrement sensible pour la pérennité de l'espèce.

Mayotte est également un lieu privilégie pour les tortues marines. 2 espèces sur les 5 présentes dans l'océan indien viennent pondre sur les différentes plages et îlots de Mayotte. En 2007, 77 des 172 plages de l'île ont été fréquentées au moins une fois par des tortues. De plus, des sites de pontes particulièrement fréquentés font l'objet d'une attention particulière.

Mayotte est également située sur deux axes migratoires pour les oiseaux, un couloir nord-sud ainsi qu'un couloir est-ouest, entre Madagascar et la côte africaine.

Les mangroves abritent 43 espèces d'oiseaux, dont 15 à valeur patrimoniale forte car endémiques de Mayotte ou des Comores. Parmi ces oiseaux nicheurs à Mayotte, il est important de noter la présence du crabier blanc (classé espèce en danger par l'UICN). Mayotte accueille également des sternes voyageuses sur différents îlots et dans la vasière des Badamiers. De plus, 4 sites sont susceptibles d'être inscrits au titre de la convention de Ramsar sur la protection des zones humides.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1087

Le journal des jeunes

À la Une

Lutte contre l’immigration : « ne pas sous-estimer les bons résultats obtenus en mer »

La ministre déléguée chargée des Outre-mer a clôturé sa quatrième visite à Mayotte par un tour d’horizon des moyens en place pour lutter contre...

39 cas de choléra à Mayotte

Mayotte a désormais connu 39 cas de choléra depuis le 18 mars, d’après Santé publique France (dont 36 confirmés par test PCR, les trois...

Maternité, choléra, unions frauduleuses : les parlementaires face aux réalités de l’île avec Marie Guévenoux

La ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, accompagnée de plusieurs députés, s’est rendue au Centre Hospitalier de Mayotte puis au service des titres de...

Caribus : les nouvelles lignes 3 et 4 inaugurées

Deux nouvelles lignes de navettes gratuites permettent depuis ce jeudi 2 mai de desservir Vahibé et les Hauts de Mamoudzou. Le service assuré de...

Comores : L’ex-ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou emprisonné

Quelques heures avant de se rendre à la gendarmerie, l’ancien patron de la sécurité nationale, souvent associé à la répression qui s’abattait sur les...