Mamoudzou 2030 : un projet tentaculaire estimé à plus de 400 millions d’euros

Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a exposé vendredi 25 mars 2022 son grand projet de ville à l’horizon 2030, qui comporte 123 actions réparties en six thématiques principales et répondant à 30 objectifs opérationnels. Le budget nécessaire à sa réalisation représente un montant de plus de 400 millions d’euros.

« Nous sommes sur une dynamique positive et dans une démarche engagée. » C’est en résumé le message porté par Ambdilwahedou Soumaïla, lors de la présentation ce vendredi 25 mars 2022 de son grand projet de ville intitulé Mamoudzou 2030. Il faut dire que le maire n’a pas froid aux yeux au moment d’exposer sa vision pour l’avenir : 123 actions, 6 thématiques principales, 30 objectifs opérationnels et 400 millions d’euros… Des chiffres vertigineux qui peuvent donner le tournis !

Mais commençons par le commencement. Tout part d’un diagnostic réalisé en janvier 2021 avec l’appui d’un cabinet d’expertise. En à peine six mois, le premier magistrat réussit à fédérer l’ensemble des élus – majorité et opposition confondues – autour de cette ambition commune et partagée, qui « a été adoptée à l’unanimité, ce qui est rare pour être noté, par le conseil municipal ». De quoi dérouler le tapis rouge et engager les transformations nécessaires dans le but de répondre aux besoins de « tous les habitants de Mayotte » sur les dix prochaines années.

Pour réussir son pari, Ambdilwahedou Soumaïla se concentre sur six axes stratégiques : la propreté urbaine, « la grande cause communale », la tranquillité publique, « la sécurité est un droit fondamental », l’excellence sportive mais aussi éducative, « à destination de cette jeunesse débordante d’énergie », l’aménagement, « territorial et équilibré », ou encore l’attractivité, « à travers l’accompagnement des porteurs de projets ». Des enjeux primordiaux pour faire de Mamoudzou, « une ville moderne, propre et sûre ».

Liaisons inter villages, front de mer, logements…

Plus concrètement, de nombreux chantiers vont se mettre en route au cours des trois calendriers envisagés. L’un des plus emblématiques et attendus, le stade de Tsoundzou 1, doit même débuter dès le mois de mai. D’autres plus audacieux tels que la mise en place de liaisons inter villages sur l’ensemble du territoire communal, pour éviter d’emprunter les routes nationales, risque de prendre plus de temps. « Nous allons recevoir les premières propositions le 12 avril prochain », prévient le maire. « Nous exploiterons toutes les pistes existantes, comme celle allant de Kwalé au collège de Passamaïnty. »

Selon Ambdilwahedou Soumaïla, il ne fait aucun doute que Mayotte ne peut se construire tout seul dans son coin. Exemple probant avec le front de mer de Mamoudzou. « Beaucoup de projets n’aboutissent pas pour la simple et bonne raison qu’il faut les mener en commun. Quand nous déposerons ce dossier, nous le ferons tous ensemble (avec les quatre partenaires financiers), ça aura tout de suite plus de gueule », assure-t-il. Même stratégie concernant la rénovation urbaine de Kawéni, dont la deuxième phase de l’ANRU est en cours de réalisation avec la sortie de terre prochaine d’un gymnase, d’un internat et d’une cuisine centrale pour les établissements scolaires. Une zone sur laquelle l’équipe municipale nourrit de grands projets structurants, à l’instar de « la création de logements intermédiaires », annonce Hamidani Magoma, le deuxième adjoint de la ville. Car oui, si « nous devons tenir compte de la misère de la population, ce n’est pas normal de vivre dans des bidonvilles, nous ne pouvons pas nous concentrer uniquement sur du (très) social. Il faut aussi penser aux richards », renchérit l’édile. En d’autres termes, il compte reconquérir le foncier dans les hauteurs.

100 millions d’euros pour Mamoudzou

Pour réaliser ce plan d’actions de grande envergure, la municipalité prévoit un budget d’un peu plus de 400 millions d’euros. Une somme colossale qui reste malgré tout atteignable grâce aux partenaires et financeurs institutionnels (Europe, État, Département, communauté d’agglomération, rectorat), prêts à soutenir la démarche. Pour sa part, la ville de Mamoudzou entend bien apporter 100 millions d’euros au pot commun. Un montant vraisemblablement voté le 2 avril prochain. « Tout est organisé pour que nous augmentions nos recettes sans toucher aux taux d’imposition », confie Philippe Ramon, le directeur général des services de la mairie. Comment ? En faisant passer son assiette fiscale de 20% à 50%, voire 60% d’ici la fin de la mandature. Si l’optimisme est de mise, rendez-vous en 2030 alors.

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