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La première déchetterie de Mayotte à Malamani, « un grand ouf de soulagement »

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Les travaux qui viennent de débuter dans le sud de Mayotte annoncent la création de la première déchetterie sur l’île. Houssamoudine Abdallah, le président du Sidevam, y voit un moyen de valoriser les déchets sur l’île et compte sur le succès des déchetteries mobiles pour continuer dans cette voie.

Flash Infos : Quel bilan tirez-vous de vos premières années de mandat à la tête du Sidevam ?

Houssamoudi Abdallah : Dans les premières semaines qui ont suivi mon arrivée (octobre 2020), on a eu un mouvement de grève. Il y avait une perte de confiance de la part des agents, des élus et des partenaires dans le fonctionnement du Sidevam. La première chose était de la restaurer. Donc on a engagé des études, sur l’optimisation de la collecte, sur l’organisation de l’administration et sur les finances. Concernant la deuxième, nous avons recruté des cadres avec un nouvel organigramme. On a un directeur de la collecte, un autre de la communication, des ambassadeurs qui font de la sensibilisation, un nouveau directeur général des services (il n’y en avait pas depuis des années). Par la suite, on a mis des responsables de secteurs. Depuis quelques mois, on a des compétences au Sidevam pour qu’on puisse réaliser nos missions convenablement. Le service de la performance, par exemple, nous permet de contrôler la délégation de service public. On connaît le tonnage chaque jour, ce qui se passe sur le terrain avec des informations qui remontent via des messages Whatsapp. Le problème reste les pannes de camions. On manque encore de moyens. Pour l’optimisation de la collecte, il faut un aménagement des points de collecte. Le bureau d’études mandaté en a répertorié 2.300 sur Mayotte [hors communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, qui est la seule intercommunalité à ne pas avoir déléguer son ramassage au Sidevam]. On pourra y trouver des bacs métalliques, des citernes enterrées ou des quais rampants. On est en train de finaliser ça avec les mairies et on espère lancer le marché d’ici septembre. Autre point soulevé par le rapport, le nombre de bacs nécessaires. Il en faudrait 20.000. On en a déjà acheté 5.000 et on a déjà vu le résultat avec une augmentation du tonnage. 

F.I. : Le fonctionnement du Sidevam a retenu de l’attention de la justice, ces dernières années. Une perquisition a même eu lieu en avril 2022. Est-ce que cela est derrière lui ?

H.A. : La direction n’a jamais été saisie de ça, ce n’était pas notre gestion. Je dirais même que nous ne sommes pas au courant des suites de l’enquête. Donc pour nous, ça ne nous a jamais concerné.

F.I. : A quels projets voulez-vous vous atteler dorénavant ?

H.A. : On a déjà des projets réalisés. On a 5.000 bacs, pour les 15.000 autres, le marché est clôturé, on espère les avoir d’ici la fin de l’année. Concernant les déchetteries, on avait lancé une programmation de huit déchetteries. On se heurte aux problèmes de foncier. Mais on ne voulait pas attendre, on a donc lancé les déchetteries mobiles il y a sept ou huit mois. On a nos bennes déposées dans les intercommunalités tous les samedis. On permet ainsi aux usagers d’amener leurs encombrants, leurs ferrailles, leurs déchets verts, l’électroménager. C’était timide au départ. Mais le message est passé grâce à l’aide des intercommunalités, nos bennes sont pleines à chaque fois. On a remarqué aussi qu’on nous demandait beaucoup d’efforts. On a donc lancé le service Allo Urahafu avec un numéro (06 39 27 44 44) pour prendre rendez-vous. En organisant le passage des camions, on atteint maintenant les dix tonnes à chaque fois.

F.I. : Justement, la première déchetterie de l’île est en construction à Malamani, sur la commune de Chirongui. Qu’est-ce que cela va permettre ?

H.A. : Tout est acté, les travaux ont commencé la semaine dernière et leur fin est prévue à la fin de l’année. Avec la préparation des équipes, elle devrait ouvrir début 2024. C’est un grand ouf, parce que ça fait un moment qu’on y travaille, on attend ça avec impatience. C’est une première pour Mayotte ! On pourra sensibiliser sur son fonctionnement, que ça puisse rentrer dans les mœurs. Car on demande des efforts à tout le monde, mais tant qu’on n’a pas l’équipement, les gens n’en voient pas l’intérêt. Il s’agira d’une déchetterie ouverte aux Mahorais, mais je vois mal les habitants du nord descendre pour ça. Par contre, on pourra ramener des déchetteries mobiles du sud pour les concentrer dans le nord. Toutefois, comme le sud est attractif le week-end, le site sera ouvert tous les jours. Il sera même gratuit dans un premier temps pour les professionnels pour qu’ils prennent l’habitude d’y déposer leurs gravats. La déchetterie fixe permettra beaucoup plus de flux que les mobiles.

F.I. : Et qu’en est-il des suivantes ?

H.A. : On a déjà le foncier à Bandrélé. On est pour l’instant bloqué par une voisine et un problème de voirie, on est en négociation, mais ça pourrait ensuite commencer rapidement. Longoni sera le troisième village doté d’une déchetterie. Il manque juste l’attribution du foncier par le conseil départemental. Une commission est prévue en mai.  

F.I. : Le syndicat rencontre encore des problèmes avec ses camions trop souvent immobilisés. Est-ce que des nouveaux véhicules sont prévus ?

H.A. : On vient de signer une convention avec l’Europe. Dans l’étude sur la collecte, il ressort que le Sidevam est sous-doté. On a des pannes qui sont dues aux incivilités, parce que souvent on retrouve dans les bacs de l’électroménager ou des pièces métalliques qui abîment nos camions. Chaque semaine, on a deux ou trois camions en panne sur une flotte de 24. Pour assurer convenablement, il faut quasiment le double. On est obligé de faire appel à des camions de location. On espère, si la commande arrive d’ici la fin de l’année (N.D.L.R. qui inclut quatre camions-grues et d’une dizaine de camions-poubelles), changer de visage. Là, on pourra remplir pleinement nos missions. On sait que les semaines où nous n’avons pas de pannes, les maires ne nous appellent pas.

F.I. : Outre les déchetteries, d’autres sites du Sidevam feront-ils l’objet de travaux ?

H.A. : Le pôle logistique sera ici, à Dzoumogné. C’est le garage. Les agents travaillent actuellement à même le sol, sous la pluie et le soleil. On a mis un chapiteau pour les protéger. Le premier objectif est donc d’avoir un garage pour réparer ou entretenir nos camions. On a aussi l’ambition de spécialiser nos sites, puisqu’aujourd’hui, nous travaillons dans les anciens locaux des syndicats avant la fusion. On ne fait que rajouter des modulaires en fonction des besoins. On aimerait avoir un siège officiel au milieu de l’île pour être à équidistance de tous les secteurs, donc le positionner à Combani ou Kahani. On aimerait un centre technique mutualisé avec la mairie de Mamoudzou pour en faire la vitrine sur la valorisation des déchets et faire un pôle gestion de déchets et un centre technique en Petite-Terre. Cela permettra de faire barger les déchets verts. Cela entraînera un changement profond avec une feuille de route. Dans le sud, on aura aussi un point logistique.   

F.I. : Le site d’enfouissement se remplit plus vite que prévu. Quelle sera la suite ?

H.A. : La solution aujourd’hui est d’éviter que ça se remplisse aussi vite. Ce sont les déchetteries fixes ou mobiles, pour qu’on puisse éviter que les encombrants et les déchets verts aillent à la l’ISDND (Installation de stockage de déchets non dangereux) dont la saturation est prévue en 2030. Nous sommes en train de réfléchir à un projet d’envergure, un centre de tri et d’incinération d’ici sept ou huit ans. Le prochain contrat de délégation de service public (DSP) devra intégrer sa création. C’est minimum 100 millions d’euros. On veut réduire l’enfouissement, qui est presque de 100% ici. 

F.I. : Le meilleur moyen de ne pas avoir à traiter les déchets, c’est de ne pas en produire. Y a-t-il un plan au Sidevam pour les réduire justement ? 

H.A. : On essaye de trouver des solutions immédiates. On lance un projet sur les composts collectifs. On a fait également des expérimentations dans deux manzarakas à Sada. On a récolté 500 kilogrammes rien qu’avec les emballages.

F.I. : La réglementation sur les déchets, d’abord en métropole, va se faire de plus en plus stricte. A quels défis vous attendez-vous ?

H.A. : On est plein dedans avec l’Ademe. Dans le cadre du PLPDMA (programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés), on a onze axes à réaliser, dont le respect de la règlementation. On y trouve aussi la réduction du gaspillage. On a aussi un projet local, le projet « Douka », qui nous semble adapter au niveau local. Les épiceries, sous la forme de conventions, pourraient recueillir des bouteilles plastiques. Vous amenez, par exemple, dix kilos d’emballages, et en contrepartie, tu prends des couches dans les rayons.

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