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Redonner espoir dans la France et ses valeurs

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

Non ! La liberté d’expression ne peut pas être tue, ne peut pas être tuée. Ces meurtres ne peuvent que la rendre plus forte. La liberté d’expression, dans un pays comme la France, est un droit essentiel, une des bases de notre République, un des fondements de la démocratie.

La liberté d’expression, qui peut se décliner en liberté d’informer et liberté de la presse est un ingrédient indispensable de notre vivre ensemble. Elle garantit l’information des citoyens, mais aussi le respect et la tolérance.

Vouloir faire taire cette liberté est impossible dans un pays qui a connu la Révolution, les philosophes des Lumières et la Déclaration des droits de l’Homme. Et faut-il encore le rappeler, cet attentat n’a rien à voir avec les religions pratiquées librement par certains dans notre pays.

Avec cet attentat, nous avons perdu Cabu et son Grand Duduche, Wolinski et son Gros dégueulasse, les fondateurs de Charlie Hebdo… qui ont rejoint Cavanna et le professeur Choron. Nous avons perdu d’autres dessinateurs et des policiers sauvagement abattus. Nous avons perdu un peu d’impertinence et d’irrévérence, un peu de liberté…

En revanche, partant de ce massacre qu’il convient bien évidemment de condamner sans retenue, il serait bienvenu de se pencher sur les causes qui y ont conduit, pour éviter que cela se reproduise et mette à mal des pans de notre société et de nos valeurs.

Pendant des siècles, la France, de par sa position géographique, a accueilli sur son territoire des peuples venus de tous horizons. Certains y sont seulement passé, d’autres y sont restés, ont constitué ce peuple vivant, qui évolue donc en permanence.

Pendant ces dernières décennies, après les Polonais au nord, les Italiens et les Espagnols au sud, sont arrivés des Africains, d’Afrique noire ou du Maghreb. Des « cités » ont été construites aux abords des villes pour les loger, représentant un progrès social avec l’eau (froide et chaude) et l’électricité, le chauffage… Ils ont tous pu être intégrés dans la société française par deux éléments essentiels : l’école de la République offrant un espoir de vie meilleure pour leurs enfants, et un emploi pour les adultes après les guerres et pendant les Trente glorieuses. Cela a permis à la France industrielle de conserver longtemps son 5ème rang mondial.

La crise depuis les années 1970, le chômage de masse, généré par la désindustrialisation liée à la mondialisation, ont créé des zones de pauvreté, progressivement abandonnées par les pouvoirs publics.

La marche de SOS racisme, la France black-blanc-beur des années 1980 ou de 1998 n’ont apporté que de rares et trop passagères éclaircies. Le reste dut se lire dans la rubrique des faits divers, suite à des bavures ou des agressions dans ces banlieues, dans des émeutes sporadiques, dans les soubresauts convulsifs de cette partie de la société abandonnée, livrée à elle-même.

Ce terreau fertile pour les extrémismes a ainsi vu se développer le Front national et le fondamentalisme religieux. La violence, la délinquance, le grand banditisme se sont développés dans ces zones de non-droit, amenant un accès aux armes. Les timides mesures ou plans pour les banlieues n’ont jamais réellement abouti avec des moyens suffisants. Les jeunes de ces quartiers ont été stigmatisés, repoussés dans leurs zones, confinés, ne leur offrant souvent que le rap, la violence ou le sport pour modèles.

Les attaques répétées contre des pays musulmans, à la recherche d’hypothétiques armes de destructions massives, mais si visiblement pour (re)mettre la main sur des gisements de pétrole, la situation de la Palestine n’ont pas servi l’image de ces pays, leurs valeurs. Ils sont devenus, aux yeux de certains, l’ennemi : « l’Occident ».

Des prédicateurs intégristes ont donc poussé sur ce terreau fertile et ont embrigadé des bataillons entiers, leur promettant enfin une vie héroïque, de pouvoir marcher la tête haute, d’être respectés. Le passage de délinquants de droit commun dans certaines prisons de France constitue un sas pour l’endoctrinement, pour le djihad. Et ainsi des citoyens français, qui ont pu bénéficier de l’école de la République, mais faute de travail, faute d’espoir, se retrouvent en Irak, en Syrie, au grand dam de leurs parents souvent.

Accueillir des âmes abandonnées, rejetées, à qui l’on refuse un travail et même l’entrée dans les boites de nuit, a été trop facile pour des extrémistes, trop contents de pouvoir faire entrer le ver dans le fruit aussi facilement.

Il n’est surtout pas question là d’excuser cet attentat barbare, mais d’essayer de comprendre ces cheminements, ces parcours, et éviter de les voir se reproduire, car cela remettrait certainement en cause un peu de notre sécurité, de notre liberté.

Condamner cet attentat, et d’autres à venir, sera nécessaire, mais chercher – et trouver – des solutions pour que la France puisse offrir d’autres espoirs, d’autres avenirs à ses enfants que la haine et la violence, est un défi plus difficile à relever que s’arrêter à ces hommages rendus.

Ces rassemblements de solidarité, pour défendre la liberté et la fraternité font plaisir à voir, à vivre. Il ne faut pas s’arrêter, car des millions de nos concitoyens vivent sans travail, sans domicile, sans espoir pour demain. Nous devons partager, accueillir dans nos maisons, prendre de notre temps, pour arranger ces situations. A Mayotte aussi. Pas seulement pour panser des plaies, mais surtout pour soigner le mal, pour redonner à tous espoir dans la France et ses valeurs.

Laurent Canavate

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