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20/02/2009 – Editorial

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

 

{xtypo_dropcap}I{/xtypo_dropcap}l suffirait que les aides données par millions d'euros à l'agriculture aient servi à la production pour que des serres aient poussé sur l'île, nous arrosant quotidiennement de légumes frais, à bon prix, enrichissant les agriculteurs, les salariés, les revendeurs… Mais il n'y a pas eu de contrôle. Il n'y a pas eu de réflexion sérieuse sur la main d'œuvre agricole, malgré les appels à l'aide, les cris de colère des agriculteurs, les propositions des syndicats agricoles, des divers responsables.

Il n'y a toujours pas de marché pour vendre ces produits, pour rapprocher les clients des producteurs, faciliter la commercialisation. Sinon des femmes abandonnées sur des cartons ou de vieilles palettes sur le bord de routes boueuses ou poussiéreuses, suivant la saison. Sans parler de la verrue qui ser(vai)t de marché, ce bidonville défigurant le front de mer de Mamoudzou. Faisant payer à des vendeurs des "stands" indignes, longtemps sans eau, sans électricité, sans nettoyage. Chacun croupissant dans sa situation, sans que rien ne bouge.

Alors les prix chers, oui ! Nous connaissons. Mais il y a des choses à faire pour lutter contre ça. Il y a des décisions politiques à prendre, des activités économiques à développer, des métiers à valoriser, des conditions de travail à améliorer, des salaires décents à accorder. Et pour chacun, des efforts à faire, peut-être, pour acheter les produits locaux. Car il y a des yaourts produits localement, il y a aussi des glaces, des boissons diverses…

Et si les consommateurs les plébiscitaient, il pourrait y avoir de délicieuses confitures, mais les pots de confiture vides sont taxés à 41% à l'entrée sur le territoire, alors que les confitures importées sont à peine taxées. Il pourrait y avoir des jus de fruits frais, chacun aurait du plaisir à les boire, mais aussi son stock de vitamines, de la force pour mieux travailler…

Il pourrait y avoir des œufs pas chers, des projets ont été lancés, mais beaucoup ont abandonné, l'argent public a été gaspillé. A qui la faute ?! On pourrait manger de la viande locale, mais aussi de la volaille. Il faut pour cela un investissement lourd, plus question de faire du magnégné ou de l'extensif sur un territoire exigu. C'est la quantité qui fera baisser les prix de revient. Il faut surtout des gens pour porter ces projets, mais aussi ensuite pour travailler, tous les jours, et c'est souvent là que le bât blesse. On pourrait aussi avoir du lait, des fruits frais, délicieux, à profusion. On a un climat largement favorable. L'aquaculture pourrait se développer et offrir ses productions dans des poissonneries et plus dans des brouettes.

Et ainsi de suite sur de nombreux produits, sur de nombreux services que nous pourrions trouver ici plutôt que de faire appel à l'extérieur sans arrêt, à prix cher, pour des études, des formations, des plans, des agendas, des réflexions… Mayotte recèle de compétences, de plus en plus. Il faut les valoriser, leur permettre de s'épanouir, se mettre au service d'une administration ou d'une entreprise. Il faut inciter certaines compétences à venir s'installer dans l'île, à revenir après les études. Il faut mobiliser des investisseurs.

Il faut pour tout cela réduire à néant la concurrence déloyale dans de nombreux secteurs de l'économie parallèle, dans le BTP et l'agriculture notamment, afin que les entreprises se développent et puissent ainsi améliorer leur productivité, embaucher, proposer de nouveaux services, de nouvelles compétences. Le développement de l'île permettra dans de nombreux secteurs à la concurrence de s'installer, afin que les prix baissent, que la qualité des produits et des services augmente.

La crise qui secoue l'Outremer a de nombreuses causes, mais au moins sur ce plan du développement économique et social, sur les prix, il ne tient qu'à chacun de nous que la situation évolue positivement. Au lieu d'attendre que la crise nous gagne, que le chômage ronge les jeunes, que des manifestations éclatent, plutôt que de pleurer sur son sort sans rien faire, il faut produire et consommer des produits locaux, chaque fois que possible.

 

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1087

Le journal des jeunes

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