Couvre-feu oblige, les commerçants doivent revoir leur organisation. Horaires aménagés pour les salariés, baisse du chiffre d’affaires… La nouvelle mesure vient aggraver la situation des entreprises, déjà éprouvées par une année 2020 hors norme.
Ils ont tant espéré ne pas en arriver là. Mais les commerçants n’ont eu d’autre choix que de se plier au couvre-feu instauré sur l’île. Depuis hier, aucun magasin n’est autorisé à rester ouvert au-delà de 18h. Un nouveau coup de massue pour les entreprises déjà frappées par la pandémie en 2020. «Nous aimerions qu’on nous laisse travailler», réclame Marcel Rinaldy, président du groupe 3M. Le couvre-feu vient aggraver le cas déjà bien délicat de l’entreprise, lié à la montée de la violence. «Les horaires habituels sont de 8h30 à 20h, mais à cause de l’insécurité, nous étions déjà passés sur un palier de 19h pour que les collaborateurs puissent rentrer chez eux en toute sécurité. Avec le nouveau couvre-feu nous fermerons les magasins à 17h45 de manière à ce qu’ils puissent prendre la route à 18h munis de leur attestation», explique le chef d’entreprise. Même son de cloche pour la grande distribution alimentaire qui s’adaptera aux différentes situations des employés. «Nous avons mis en place une dérogation pour les salariés. Ils commenceront plus tôt pour finir plus tôt. Les gens de Petite-Terre vont rentrer un peu avant pour pouvoir attraper la barge et être chez eux vers 18h30-19h», détaille Eddy Dorla, directeur du centre commercial Baobab.
Autre point de vigilance : la fermeture avancée des magasins et donc le besoin de vigilance renforcée sur les sites. Du pain béni pour les entreprises du secteur ! Le directeur de la société de sécurité privée 13e Parallèle, Michel Taillefer, s’en lèche déjà les babines. «Nous travaillons pratiquement avec tous les grands groupes. Ils peuvent nous demander de prendre un poste à 17h au lieu de 19h. Il y aura 2 heures de travail en plus pour l’agent de sécurité mais ce n’est pas un problème. Nous arriverons à gérer.»
Une nette baisse du chiffre d’affaire
Tirer les rideaux plus tôt aura indéniablement un impact sur le chiffre d’affaires de ces entreprises. Le centre commercial Baobab en sait quelque chose… Perdre la clientèle sur le créneau de 18h à 20h ? «C’est entre 15 et 30% de notre chiffre durant ces heures. Le couvre-feu va nous faire mal», redoute Eddy Dorla, le directeur. Le groupe 3M qui a débuté la période de soldes, craint de ne pas pouvoir rattraper son retard. «Nous pensons que les clients vont être pressés de rentrer chez eux et vont privilégier les courses alimentaires. Les commerces en parfumerie, habillement ou bijouterie vont être délaissés. Les ventes seront peut-être reportées le week-end, mais elles ne suffiront pas à rattraper la perte de chiffre d’affaires», indique Marcel Rinaldy.
Gel hydroalcoolique, nettoyages fréquents des chariots, jauges… Les commerçants ont redoublé d’efforts pour assurer la sécurité sanitaire au sein de leurs enseignes. Raison pour laquelle certains ne comprennent pas l’obligation du couvre-feu. «Nous avons mis en place des procédures très strictes. Nous estimons avoir fait suffisamment d’efforts et d’investissements pour que nous nous permettions aujourd’hui de travailler. Donc nous ne comprenons pas trop pourquoi on nous impose cette fermeture. Nous vivons cela un peu comme une injustice», avoue avec regret le président du groupe 3M.
Le dispositif Cordées de la réussite fait son entrée à Mayotte cette année, après plus de 12 ans d’existence sur le territoire nationale. 27 collèges et lycées, 650 élèves de l’île sont sollicités et devront travailler sur le thème de l’écoconstruction et du développement durable. Un projet mis en place par le rectorat et la Chambre de commerce et de l’industrie de Mayotte.
Favoriser l’égalité des chances dans le milieu scolaire, donner les clés pour réussir, telle est l’ambition du dispositif «Cordées de la réussite». Durant toute l’année scolaire, et à travers des ateliers, les élèves volontaires pourront plancher sur un thème défini par le monde économique et celui de l’éducation. L’écologie et le BTP sont apparus comme une évidence pour les différents acteurs du projet. Les collégiens et les lycéens devront travailler de pair sur un projet autour de cette thématique afin de le présenter à la fin de l’année scolaire. «L’objectif est de lutter contre l’autocensure, de soutenir des projets ambitieux pour des élèves qui n’ont pas confiance en eux. Il y a un accompagnement pour qu’ils osent s’engager dans des parcours de réussite et d’excellence auxquels ils n’auraient pas pensé», explique Sylvie Malo, cheffe du service académique d’information et d’orientation. Pour ce faire, les entreprises seront également mises à contribution pour guider les jeunes. «Aujourd’hui, on parle d’écologie et de développement durable, ce sont des sujets innovants pour le territoire et les entreprises seront présentes parce qu’elles en parlent au quotidien. Travailler sur l’écoconstruction est un sujet à prendre en compte aujourd’hui», indique Sinda Ramadani Toto, responsable du service école entreprise à la CCI de Mayotte.
Le challenge des 24H de l’innovation
Dans le cadre de ce dispositif, s’inscrivent les « 24H de l’innovation ». Il s’agit d’un concours international et les élèves mahorais sont appelés à démontrer leurs prouesses en terme d’imagination. Le thème retenu cette année est « Devenir ingénieur ». Durant 24h, sans aucune pause, les participants devront élaborer un projet qu’ils présenteront devant le jury pendant 3 minutes. Le volontariat reste la norme, mais les professeurs sont priés d’inciter les élèves qui ont les capacités à se présenter.
Témoignage de Namoure Zidini, ancien participant aux 24H de l’innovation, aujourd’hui directeur de la société Maestria recrutement et location
«Je suis diplômé de l’ESTIA (école supérieure des technologies industrielles avancées) et j’ai participé aux premières 24h de l’innovation lors de mes études supérieures en troisième année. J’en garde un très bon souvenir. On était avec des étudiants espagnols et anglais. Les entreprises proposaient des thématiques très diverses et précises. Ce que je retiens c’est que 24h ce n’est pas rien. On a passé 24h en groupe à réfléchir sur des sujets qui peuvent parfois donner des idées aux entreprises, amener un œil neuf. C’est absolument passionnant et palpitant. Je suis convaincu que les élèves de Mayotte auront des idées géniales. J’encourage tous ceux qui le souhaitent à y participer, car il s’agit d’une expérience hors-norme qu’ils ne vivront peut-être qu’une fois dans leur vie.»
Éternel optimiste, le directeur général délégué de la compagnie aérienne d’Ewa Air, Ayub Ingar, ne perd ni le sourire ni ses ambitions malgré l’arrêt des vols internationaux pour les deux prochaines semaines. Après une année 2020 moribonde, il se montre toutefois moins confiant quant à la clôture de l’exercice fiscal 2021, raison pour laquelle une large majorité des employés se retrouve en chômage technique. Mais il l’assure : «nous nous battrons et nous rebondirons».
Flash Infos : En raison de l’évolution sanitaire, le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, a décidé de suspendre dimanche dernier toutes les liaisons aériennes internationales pour une durée de 15 jours. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle désillusion alors que votre compagnie aérienne Ewa Air commençait à peine à sortir la tête de l’eau ?
Ayub Ingar : Le préfet a ses raisons. Je ne commenterai pas sa décison ! Malgré tout, je suis déçu car la compagnie a été cloué au sol une première fois entre le 19 mars et fin octobre. Mis à part quelques rapatriements (voir notre édition du 17 juin 2020), c’était le calme plat durant cette période. Puis finalement, Nosy Bé et Moroni ont décidé de rouvrir leurs frontières il y a de cela 3 mois. J’ai alors commencé à voir le bout du tunnel avant que l’aviation malgache annonce sa volonté, le 28 décembre dernier, de ne plus accueillir de passagers au départ de Mayotte. Alors qu’Ethiopan Airlines peut toujours s’y poser… Comme j’avais réalisé des vols supplémentaires durant les vacances scolaires, je ne pouvais pas, moralement, laisser en rade les voyageurs encore là-bas. L’avion est donc parti à vide 1 à 2 fois sur place pour les ramener. Avant que l’arrêté concernant la fermeture des vols internationaux ne tombe dimanche dernier et nous empêche de continuer. Depuis cette date, j’attends la suite… Je reste à la disposition des autorités pour reprendre les rapatriements, je ne peux pas le faire de mon propre chef.
FI : Vous l’avez très bien rappelé, les derniers mois ont été compliqués pour Ewa Air. Quelles seront les conséquences sur votre exercice fiscal qui doit se terminer le 31 mars prochain ?
A. I. : Effectivement, cela nous amène beaucoup de difficultés et d’incertitudes sur le plan financier. Bien évidemment, la compagnie est dans le rouge, même si je n’ai pas encore tous les indicateurs en ma possession pour pouvoir annoncer des chiffres exactes. Disons que j’essaie de limiter les frais généraux pour réduire les dépenses au jour le jour. À titre d’exemple, la trentaine de salariés était en activité partielle, à hauteur de 50%, durant la période citée précédemment. Et depuis lundi, tout le personnel est passé à 100%, sauf les mécaniciens qui restent à temps partiel pour entretenir l’avion.
FI : Si vous bénéficiez des indemnisations de l’État pour payer vos employés, vous ne pouvez pas recevoir d’aides dans le cadre de la continuité territoriale car vous n’opérez que sur des lignes internationales.
A. I. : Tout à fait, à la différence d’Air Austral, de French Bee ou d’Air France, je ne suis pas éligible à ce coup de pouce. Or, ces aides accordées par l’État aux compagnies françaises qui assurent la continuité territoriale font office de subventions. Par conséquent, j’ai sollicité l’an dernier un prêt garanti par l’État à hauteur d’1.5 million d’euros pour payer les fournisseurs et rémunérer les salariés. J’espère que d’ici 2 ou 3 semaines, les vols reprendront pour nous amener un peu d’oxygène sur notre état financier…
FI : À vous entendre, vous semblez broyer du noir. Un sentiment qui ne vous caractérise pas en temps normal. En toute objectivité, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous actuellement ?
A. I. : J’ai déjà connu des difficultés par le passé. De manière générale, les compagnies aériennes souffrent plus que n’importe quelle activité en raison de multiples paramètres, telle qu’une guerre ou une pandémie comme c’est le cas actuellement. J’y crois, je suis de nature optimiste ! Je n’envisage pas de déposer le bilan et de mettre la clé sous la porte, cette idée ne m’effleure absolument pas l’esprit. Le personnel d’Ewa Air et moi-même nous battrons et nous rebondirons.
Cela dit, la compagnie est encore jeune, elle a pris son envol en 2013 mais n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Avant que cette crise ne nous tombe dessus, j’avais déjà commencé à réfléchir à l’ouverture de 2 ou 3 nouvelles lignes. Mais comme vous vous en doutez, je ne peux pas encore dévoiler mes plans (rires). Je n’en ai toujours pas discuté avec mon conseil d’administration, car je suis en train de peaufiner le dossier.
FI : Depuis le début de la crise, les autres compagnies aériennes, telles qu’Air Austral, propose des remboursements ou des avoirs à ses passagers pour qu’ils ne perdent pas leurs billets. Quelle est la stratégie d’Ewa Air de ce point de vue-là ?
A. I. : Nous serons souples avec les passagers qui sont en possession d’un billet non utilisé. Nous proposons tout naturellement des avoirs d’une durée d’un an ou des remboursements. Il suffit que les clients nous fassent la demande sur notre site internet car certains d’entre eux sont passés par des agences, donc nous n’avons pas toute la liste des voyageurs entre nos mains. Par contre, le traitement des dossiers risque de prendre un peu de temps puisque comme je vous l’ai dit, le personnel est au chômage technique. Il va leur falloir de prendre leur mal en patience.
À titre personnel, je ne souhaite qu’une chose : la reprise des vols au plus vite car nous prenons le maximum de précautions concernant le respect des consignes sanitaires. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons débarqué 4 passagers au départ de Moroni car il y avait un doute sur leurs attestations.
Une mère comparaissait ce mercredi devant le tribunal correctionnel pour avoir laissé son enfant sans surveillance, se soustrayant par là à ses obligations légales de parent. Le père, absent à l’audience, avait refusé de venir le garder. Malgré l’apparente irresponsabilité des deux prévenus, le tribunal a jugé que tous les éléments de l’infraction n’étaient pas constitués.
À une coco près, l’histoire pouvait finir en drame. Ce mercredi, le tribunal correctionnel de Mamoudzou entendait à la barre la mère d’un enfant d’un peu moins de deux ans. La raison de cette convocation ? La jeune femme aurait abandonné son bébé sous un cocotier, et se serait donc soustraite à ses obligations légales de parent en compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant. Des faits, s’ils sont caractérisés, passibles de deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende.
La crise familiale éclate un jour de juillet 2019. À ce moment-là, le bambin, qui n’a pas encore soufflé sa première bougie, débarque en braillant à la gendarmerie de Sada, dans les bras d’un oncle visiblement remonté comme un coucou. Le bonhomme entend bien dénoncer l’abandon de son neveu, qu’il a retrouvé vers 9h chez lui, sous un cocotier.
“Visiblement, ses parents ne veulent plus de lui”
Sans nouvelle de la mère, l’oncle a bien tenté de joindre le patriarche. Lequel a “encore des choses à faire”, apparemment de la paperasse administrative au service des impôts de Mamoudzou, et ne compte pas rentrer de si tôt. Le pire ? Ce n’est pas la première fois que les parents lui font le coup. La dernière fois, l’enfant était resté quatre jours sans nouvelle de ses géniteurs ! D’où sa décision de se pointer à la gendarmerie, pour placer le petit, vu que “visiblement ses parents ne veulent plus de lui”. À noter que ce sauveur de Gavroche n’a en revanche pas pris le temps de nourrir le bébé avant de prendre cette courageuse décision…
Bref, tout ce beau monde finit par être entendu par les gendarmes, qui tâchent d’y voir un peu plus clair. En réalité, le couple ne vit pas ensemble, car le père, qui a déjà six enfants avec d’autres compagnes, est polygame. Il ne s’occupe donc pas vraiment du bébé qu’il a avec sa co-prévenue. Même si “au début, quand je venais visiter, je faisais les courses”, lit la juge dans sa déclaration, l’intéressé étant encore aux abonnés absents ce mercredi. Ce jour de juillet 2019, la mère lui passe quand même un coup de fil : elle ne compte pas garder l’enfant, et s’il ne vient pas le chercher, elle va le déposer chez sa sœur, menace-t-elle.
Un “casse-tête”
Qu’à cela ne tienne ! Le père ignore cet avertissement, comme d’ailleurs le coup de téléphone de l’oncle quelques minutes plus tard. “Considérez-vous avoir rempli votre rôle de père ?”, lui demande le gendarme. “Non, j’ai raté une étape, j’ai pas assuré”, concède-t-il. Et de conclure, d’une manière plus générale : “Je suis prêt à faire les courses mais pas à le garder, c’est un casse-tête !” Comprenez, sa femme n’accepterait pas l’enfant d’une autre…
Entendue à la barre, la mère de l’enfant livre une version sensiblement différente. Elle nie par exemple les “courses” que le prévenu a prétendu lui apporter. Et quand bien même il ramenait quelques victuailles, c’était d’abord pour “coucher avec [elle]” avant de lui donner. Dans sa déclaration au moment des faits, la jeune femme aurait expliqué avoir voulu qu’il s’occupe pour une fois de son enfant. Mais comme sa belle-sœur refusait de prendre son neveu, “avec les nerfs”, elle a posé le bambin à terre.
Pas le temps d’appeler
Voilà pour le tableau familial. Depuis ce jour, la victime a heureusement trouvé un foyer un peu plus accueillant, sous l’action de l’aide sociale à l’enfance (ASE). “Aujourd’hui, il a un an et quelques mois, il appelle sa mère d’accueil “maman”. Vu son jeune âge, il n’a pas conscience de la situation”, déroule l’administrateur ad hoc devant les juges. Et sa mère biologique, dans tout cela ? Pas de son, pas d’image. “Je n’avais pas le temps, et je n’avais pas les coordonnées”, chuchote la prévenue, la tête baissée sous son voile blanc. Avant d’ajouter d’une petite voix : “Je veux que mon enfant revienne dans mes bras.”
Un discours qui ne convainc pas Me Soilihi, avocat de l’administrateur ad hoc. “Il faut s’interroger sur le préjudice de l’enfant”, insiste-t-il en rappelant un précédent, en 2015, où le tribunal avait condamné les deux parents et demandé 5.000 euros au titre du préjudice subi. Même son de cloche du côté du ministère public : “aujourd’hui le père est absent à l’audience, dire que c’est une poursuite de l’infraction serait un peu fort, mais cela traduit un état d’esprit”, avance le procureur. Quant à la mère, qui n’a pas trouvé le temps d’appeler depuis 2019, “même si l’administrateur de son côté ne fait pas beaucoup d’effort, elle n’a pas l’air d’en faire beaucoup non plus”. Il requiert donc six mois de prison avec sursis pour les deux parents afin de “marquer les esprits”, mais consent toutefois à leur “donner une chance” en ne leur retirant pas totalement leur autorité parentale. Les juges en décideront autrement : les deux prévenus ont obtenu la relaxe.
Une nouvelle destruction de cases en tôle dans ce village de la commune de Dembéni doit avoir lieu ce mercredi 20 janvier. Si cette opération s’inscrit dans une démarche gouvernementale de lutte contre l’habitat indigne à Mayotte, elle risque surtout de déplacer le problème, faute de places d’hébergement ou de logement social dans le département. Reportage.
C’est dimanche. Bientôt l’heure du déjeuner à en croire le soleil qui tape le bitume de la rue Mwandzani, à Hajangoua. En contrebas, quelques rires d’enfants et les chocs de leurs petits pas sur les plaques de tôle s’élèvent de la colline où se dresse une cinquantaine de cases. La troupe hilare semble avoir trouvé un nouveau terrain de jeu entre les débris et les canapés éventrés. “Oh ! Ça rappelle des souvenirs, on venait jouer ici quand on avait seize ans, je me souviens, on grimpait à cet arbre”, s’exclame Ali* en désignant les bouts de ferraille plantés ici et là sur le tronc, derniers vestiges d’une époque révolue. Cinq ans plus tard, le jeune homme, qui vit ici avec sa mère, son beau-père et ses cinq frères et sœurs, redécouvre avec stupeur cette parcelle, alors que plusieurs bangas ont déjà été démolis par leurs propriétaires.
Mais la plus grande partie tient encore debout, au moins jusqu’au 20 janvier – soit ce jour -, où la préfecture doit venir finir le travail. Les visites de “gens de la DEAL, de l’ARS, de la police de l’urbanisme, de la mairie”, nous dit-on, et surtout un arrêté préfectoral pris le 7 décembre dernier ont mis tout le monde au parfum, il y un peu moins de deux mois. Sur la base de la loi Élan, “il est ordonné aux personnes occupants les locaux, sis au lieu-dit “Marvato”, rue Mwandzani, village d’Hajangua, commune de Dembéni, d’évacuer les lieux dans un délai maximum d’un mois et huit jours”.
Lutte contre l’habitat indigne
D’après l’enquête de l’agence régionale de santé jointe à la décision, la forte déclivité des terrains, l’absence de réseau d’alimentation en eau potable, hormis pour deux logements, le manque de ventilation, l’absence de système de collecte des déchets ou encore les risques d’incendie à cause des fils électriques créent sur ce morceau de terrain juché sur le village d’Hajangoua des “conditions d’habitations irrespectueuses de la dignité humaine, mais aussi dangereuses pour la santé publique”. Au vu de cette analyse, l’article 11-1 de la loi Élan, qui porte les dispositions particulières relatives aux quartiers d’habitat informel et à la lutte contre l’habitat indigne à Mayotte et en Guyane, permet donc au préfet d’ordonner l’évacuation des lieux. Conformément à la loi, la préfecture a toutefois obligation de proposer des solutions “de relogement ou d’hébergement d’urgence adaptée à chaque occupant”.
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Une grande partie “sans solution”
Et c’est là que ça coince, comme souvent d’ailleurs lors de ces opérations de destruction de cases en tôle que la préfecture a décidé de mener au pas de course. Car les offres de logements ne courent pas les rues, qui plus est à Mayotte. En fonction de l’enquête sociale conduite en amont par l’association Acfav, les personnes délogées peuvent se voir proposer soit un relogement en fonction de leur situation administrative et de leur niveau de ressources, soit un hébergement d’urgence, si elles ne répondent pas aux critères de relogement ordinaires – si elles n’ont pas de ressources ou sont en situation irrégulière, par exemple. “Le problème, dans ces opérations de lutte contre l’habitat insalubre, c’est que l’on se retrouve avec une majorité de personnes dans la deuxième catégorie”, explique une source sous couvert d’anonymat. “Ces personnes seront redirigées vers de l’hébergement d’urgence en fonction des places disponibles”. Soit guère plus d’une centaine de places, dont la moitié est déjà occupée… “Une grande partie risque de se retrouver sans solution, ou va devoir faire appel à des solutions personnelles”, poursuit cette même source.
Des délais trop court en hébergement d’urgence
Justement à Hajangoua, rares sont ceux qui avaient trouvé où poser leurs bagages, deux jours avant la date officielle. “La vérité, je ne sais pas, je n’ai aucune idée de ce qu’on va faire”, soupire Ali en triturant un Airpod entre ses longs doigts fin. “Oui, on nous a proposé un logement, mais c’était pour 21 jours, alors ma mère n’a pas trouvé cela raisonnable. Qu’est-ce qu’elle va devenir après ?”, interroge ce fan de rap qui a pris l’habitude de fuir l’ambiance pesante de la case pour se réfugier chez un cousin à lui, à Dzoumogné. Même son de cloche pour Mohamed*, croisé en haut de la butte, visiblement de retour du coiffeur. “Ce n’est pas qu’on ne veut pas accepter le logement, mais Trévani ? Mtsamboro ? C’est trop loin, on sait qu’on va galérer après. Et on est en pleine année scolaire, t’imagines ? Et t’as les champs à côté, t’es né ici, t’as grandi là !”, déblatère-t-il tout en époussetant les cheveux qui collent sur son torse.
1.600 logements sociaux en 2021
Contactée ce mardi, la préfecture livre un discours plus nuancé. “Toutes les personnes ont fait l’objet de propositions de relogement, mais il est vrai que seules quelques-unes ont accepté. Là, nous sommes encore en discussion avec six familles qui ont fait des demandes exorbitantes”, expose le sous-préfet et secrétaire général adjoint Jérôme Millet. Mais comme le laissaient entendre les témoignages recueillis ce dimanche auprès des habitants, seuls des hébergements d’urgence ont pu être proposés. “Cela peut être plus long que 21 jours, jusqu’à trois mois avec pour objectif de permettre à ceux qui ont un minimum de ressources d’accéder au logement social”, déroule-t-il. Une politique encore difficile à mener, mais qui devrait gagner en puissance en 2021, “car nous allons doubler le nombre de logements, pour atteindre 1.600 logements sociaux”.
Le malheur des uns, le bonheur des autres ?
Reste que pour l’heure, il faut encore se débrouiller avec les moyens du bord. “À mon sens, ces propositions d’hébergement ne respectent pas le cadre juridique posé par la loi Élan”, dénonce Maître Marjane Ghaem, avocate spécialisée dans le droit des étrangers qui suit ces opérations d’un mauvais œil depuis la promulgation de la loi. “À Kahani c’était la même chose, personne ne s’est vu proposer de relogement, seulement des places en hébergement d’urgence, souvent inadaptées.” Le risque ? Déplacer le problème un peu plus loin. Justement, derrière le centre équestre d’Hajangoua, un peu moins d’une dizaine de cases en tôle ont recommencé à fleurir, à deux pas de la mangrove. Et les nouveaux arrivants paient ce déménagement forcé au prix fort. “On s’est cotisé pour acheter ensemble ces terrains… On m’a proposé une solution pour 21 jours, je ne peux pas faire le tour de Mayotte avec mes cinq enfants sur les bras, juste pour 21 jours !”, souffle Salima*. D’après nos informations, la “magouille”, estimée à près de 40 euros le mètre carré, aura au moins fait les affaires du propriétaire…
Après son intervention télévisée de lundi soir, le préfet Jean-François Colombet revient en détail pour Flash Infos sur le couvre-feu qui commence ce jeudi pour une durée de 15 jours ainsi que sur le renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine. Dans le même temps, Dominique Voynet, la directrice générale de l’agence régionale de santé, dévoile le calendrier de la campagne de vaccination et l’envoi de futurs tests PCR qui vont permettre de détecter le variant sud-africain. Les 2 prochaines semaines s’annoncent cruciales pour éviter un nouveau confinement.
J-1 avant le couvre-feu de ce jeudi 21 janvier. Retour à la case départ ou presque. Dès 18h, et ce jusqu’à 4h du matin, «plus personne ne doit être dans la rue», prévient Jean-François Colombet, le préfet de Mayotte. Seule exception à la règle : ceux qui se rendent sur leur lieu de travail ou ceux qui en sortent et qui sont sur le trajet du retour. Mais aussi ceux qui se vont à l’hôpital pour des soins médicaux et ceux qui récupèrent leurs enfants «en tout début de soirée» à la crèche ou chez la nounou. «Ils ne seront pas verbalisés s’ils ont une attestation de déplacement», assure le délégué du gouvernement. Et à ce petit jeu-là, le représentant de l’État ne compte pas faire dans la dentelle. «La police nationale et la gendarmerie ont reçu des instructions écrites. Les forces de l’ordre seront massivement présentes.» Les amendes risquent donc de pleuvoir en cas de non-respect des consignes préfectorales.
Cette mesure restrictive, à laquelle l’île aux parfums pensait innocemment pouvoir échapper, n’est que la conséquence d’une flambée récente d’habitants positifs. Comme en témoignent les 524 nouveaux cas au cours de la dernière semaine dite glissante ainsi que la reprise des hospitalisations, dont des patients jeunes non porteurs de comorbidités. Et surtout l’apparition du variant sud-africain, «plus contagieux [de l’ordre de 50 à 75%, ndlr.] mais pas plus grave» à en croire Dominique Voynet, la directrice générale de l’agence régionale de santé. En plus des 4 cas avérés diagnostiqués sur 4 communes différentes du territoires, dont l’un d’eux se trouverait depuis à La Réunion, d’autres résultats plus ciblés doivent revenir de Paris dans les prochains jours pour «connaître l’étendue de sa propagation». Selon Jean-François Colombet, «d’autres cas se sont déclarés depuis mon intervention télévisée [de lundi soir]». Face à ce nouveau risque, le centre hospitalier de Mayotte réactive sa zone bleue.
3 à 4 heures en mer
Dans ces conditions, quels sont les moyens à disposition pour limiter la prolifération du virus ? En plus de la suspension des vols internationaux décidée dimanche dernier, le préfet souhaite renforcer la protection des frontières maritimes et ainsi contrecarrer les plans des passeurs qui «adaptent leur stratégie en permanence». «Nos radars permettent de refouler 80 à 85% des kwassas qui tentent d’approcher des côtes mahoraises.» Alors pour tenter de prendre la main dans le sac les quelques pourcentages restants, le locataire de la case Rocher compte s’appuyer sur le renfort de quelques opérateurs nautiques privés (voir encadré), et les envoyer en mer pour une durée de 3 à 4 heures au large de Mayotte entre le lever et le coucher du soleil, pour le compte de l’État. «Ils seront en lien direct avec la base navale pour donner le nombre d’embarcations. Ils n’intercepteront jamais ! Il s’agira d’un rideau de détection bien en amont des plages», dévoile Jean-François Colombet, qui compte aussi sur le soutien des services de l’État. Aussi bien des affaires maritimes, pas habituées à participer aux missions de lutte contre l’immigration clandestine, que de la gendarmerie maritime pour réaliser de l’interposition. Au total, son plan d’action prévoit un nouvel effectif marin de l’ordre de 50 à 60 personnes, contre les 9 équipages en temps normal.
Un vaccin contre le variant d’ici 15 jours ?
Sur la terre ferme, l’heure est à la remobilisation. «Nous devons retrouver l’état d’esprit d’avril dernier car je crains que ce soit plus sérieux», prône solennellement le préfet. À savoir l’application des règles initiales, comme le port systématique du masque et le lavage des mains ou encore l’interdiction des rassemblements de plus de 6 personnes. «Il va falloir mettre le paquet au cours des 2-3 prochaines semaines pour réduire l’afflux à l’hôpital», ajoute Dominique Voynet. D’autant plus que ce laps de temps coïncide avec la réception des amorces de tests PCR qui permettraient de détecter «la protéine modifiée» des variants sud-africain, britannique et brésilien. Et si la campagne de vaccination doit commencer en début de semaine prochaine – les 25 et 26 janvier prochains – pour les soignants âgés de plus de 50 ans du CHM au contact des malades et les professionnels de santé libéraux qui font du domicile, le vaccin qui intègre les souches en question ne doit, lui, pas frôler le sol mahorais avant au moins 15 jours, voire un mois.
D’où la nécessité d’établir un couvre-feu pour visiblement gagner du temps et s’accorder une respiration, sachant que la situation sanitaire actuelle en métropole ne permet pas de garantir l’envoi de moyens supplémentaires dans le 101ème département. «J’ai bon espoir que tout le monde le respecte avec rectitude», s’imagine Jean-François Colombet, qui annonce la constitution de groupes de médiation sanitaire pour vérifier l’isolement des cas contaminés. Un nouveau confinement «serait pratiquement un constat d’échec». La balle est dans le camp de chacun.
Que pensent les opérateurs nautiques privés de l’appel du préfet ?
Le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet, veut faire appel aux opérateurs nautiques privés pour procéder à de la détection de kwassas en mer. Une «prestation de service rémunérée», qui «ne poserait pas de difficulté à mettre en œuvre dans la situation exceptionnelle». Sauf que parmi les prestataires interrogés, la surprise est de mise. «Il ne nous en a pas encore parlé», confie l’un d’eux. Avant de se montrer plus virulent au sujet de cette proposition : «Chacun son travail, on n’est pas flics, ce n’est pas à nous de faire ce boulot.» Idem pour l’un de ses confrères qui définit cette démarche régalienne comme «étrange», même s’il se dit prêt à en discuter pour approfondir la proposition. «Pourquoi pas si cela peut faire avancer le territoire, mais cela dépend dans quel cadre.» Un autre voit cette annonce «sortie du chapeau» comme «un peu vague» et n’imagine pas mettre «son équipe en danger». Si la plupart des sondés attendent d’en savoir davantage pour se prononcer plus largement sur le sujet, l’un des prestataires aurait d’ores et déjà manifesté son intérêt, d’après la préfecture. «Ce sont les circonstances qui nous conduisent à mettre ce mode opératoire en œuvre. Si cela pose des difficultés, nous en ferons l’évaluation et nous en tirerons les conséquences», précise le préfet sur ce dispositif qui, s’il devenait effectif, serait une grande première dans le 101ème département.
Depuis le 11 janvier, c’est un procès hors du commun qui se tenait à la cour d’assises de Mamoudzou. Les accusés ne sont autre que la bande de jeunes qui avaient terrorisé l’île en 2017 à travers une série de vols, de rackets et de séquestrations. Ce mardi 19 janvier sonnait la fin du procès, et leurs avocats ont joué leur dernière carte.
7 jours d’audience. 12 accusés. 1 procès hors-norme. Voici en somme ce qu’il faut retenir du procès dit Magnélé. Dans son tee-shirt bleu, la tête recroquevillée, et entouré de plusieurs gendarmes, le principal accusé semble redouter le sort que lui réservent les juges de la cour d’assises. Il le sait, sa situation peut s’aggraver en l’espace de quelques heures, lui qui a déjà passé plus de trois ans au centre pénitentiaire de Majicavo.
L’avocat général accuse le groupe de jeunes délinquants d’avoir formé une bande organisée qui a sévi sur l’île en 2017. Un terme de « bande organisée » qui fait toute la différence puisqu’il s’agit d’une circonstance aggravante qui alourdit la peine encourue. Les nombreux avocats des accusés s’attellent donc à prouver le contraire, lors de leurs longues plaidoiries. «Pour parler de bande organisée, il faut qu’il y ait de la préméditation, il faut qu’il y ait un groupe structuré ayant préexisté à l’infraction. Il faut qu’il y ait un chef et un plan», rappelle Me Jean-Baptiste Konde Mbom, avocat d’Abdoulanziz Ahamad Said Ali, dit Magnélé. Mais force est de constater que le parquet et les enquêteurs n’ont pas pu rassembler tous les éléments permettant de soutenir cette thèse. «Où sont les plans ? Où est la préméditation ? Où est la hiérarchie ?», s’étonne toujours l’avocat.
Magnélé, le «gentil» de la bande
Lors de la séquestration des gardiens de la société ETPC dans la nuit du 15 janvier 2017 (l’une des accusations de l’affaire), le fameux Magnéle aurait fait preuve de bon coeur selon son avocat qui se base sur les dires de la victime. En effet, il aurait permis au gardien de respirer en libérant sa bouche. «Il décide d’être l’ange du groupe», clame Me Jean-Baptiste Konde Mbom. Ce dernier a tendance à minimiser les faits en qualifiant le groupe de «bande de gentils qui n’avaient pas la volonté de faire mal».
L’homme en robe noir essaye d’attendrir l’audience en jouant sur les sentiments. Au moment des faits, «il s’agissait d’un mineur fragile qui avait de la colère», dit-il. Ledit Magnélé aurait sombré dans la délinquance lorsqu’il a vu le banga qu’il partageait avec sa famille se faire démolir sous ses yeux. «On ne peut pas lui faire porter ces responsabilités. Sa réputation dans l’opinion publique est fausse. On dit que c’est un être dangereux, un barbare. On en fait un mythe alors que c’est un gamin», conclut Me Jean-Baptiste Konde Mbom.
Un procès hors-norme
Les faits reprochés aux 12 accusés avaient marqué les esprits des habitants de l’île. Et les actes de délinquance perpétrés sur le territoire quotidiennement ne font qu’augmenter le sentiment d’impunité. Raison pour laquelle les avocats des présumés coupables redoutent, depuis le début de l’affaire, des peines lourdes dans l’objectif d’envoyer un message fort aux voyous qui sont encore en liberté. «On essaye de faire de ce procès un symbole. On en fait un procès criminel alors que c’est un procès d’ordre correctionnel tout simplement», souligne Me Delamour Maba Dali.
L’exceptionnalité du jugement se manifeste également à travers la multitude de policiers et de gendarmes déployés pour accompagner et surveiller les prévenus dans leurs moindres faits et gestes.
Si les avocats des prévenus demandent un verdict juste, certains estiment même que leurs clients méritent l’acquittement. Pour autant, le parquet général requiert 10 ans de réclusion criminel pour Magnélé, et 6, 15 et 20 ans pour ses présumés complices. Des peines lourdes, justifiées par les faits qui leur sont reprochés ci-dessus. La cour a finalement été plus clémente puisque Magnélé écope de 6 ans d’emprisonnement. Huit de ses complices sont condamnés quant à eux entre 6 à 10 ans, tandis que trois autres sont acquittés.
Contre toute attente, la filière BTP de Mayotte a su relever la tête en 2020 et limiter la casse malgré deux mois de confinement. Mais la circulation du variant sud-africain fait craindre de nouvelles restrictions, alors que le plan de relance fait gonfler les carnets de commande.
C’est officiel. Au moins quatre cas du variant 501.V2. du Covid ont été détectés sur le territoire. Une nouvelle qui fait craindre aux acteurs économiques, réunis autour du préfet ce dimanche, l’application de mesures plus restrictives à Mayotte. Et c’est notamment le cas pour le BTP, qui a déjà dû mettre les bouchées doubles pour sortir la tête hors de l’eau après une année 2020 chahutée par la crise sanitaire. Tour d’horizons des attentes et des inquiétudes de la filière pour 2021 avec Julian Champiat, le président de la fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics (FMBTP).
Flash Infos : Alors que des cas du variant sud-africain ont été confirmés à Mayotte, les autorités ont d’ores et déjà décidé de suspendre les liaisons maritimes et aériennes internationales pour 15 jours à partir de dimanche. Cette première décision inquiète-t-elle les acteurs du BTP ?
Julian Champiat : Nous avons en effet eu une longue réunion avec les acteurs sociaux et le préfet dimanche. Sur ce sujet de la suspension des vols internationaux, nous n’avons pas forcément de conséquences immédiates. En revanche, là où nous sommes nettement plus inquiets à court terme, c’est que nous ne sommes pas à l’abri d’un couvre-feu et d’un confinement dans les mois à venir.
FI : Justement, craignez-vous de voir l’arrêt complet des chantiers, comme cela avait pu être le cas en mars dernier ? Quelles garanties vous a apportées le préfet sur ces possibles nouvelles restrictions ?
J. C. : Aucune garantie ! Pour l’instant, il a surtout été question du renforcement du contrôle des gestes barrières. Toutefois, je n’ai pas eu le sentiment que le BTP était particulièrement ciblé. Il faut d’ailleurs noter que dans la filière, nous n’avons pas attendu la deuxième vague ou une telle mutation pour maintenir nos efforts sur les gestes barrières. Et, à ma connaissance, il y a eu peu de cas sur les chantiers, et aucun cluster. Donc il s’agit davantage dans un premier temps de la sphère privée, où des contrôles plus importants pourraient être opérés afin de bloquer l’épidémie et surtout ce variant qui semble inquiéter fortement les autorités sanitaires et publiques. Quant au risque d’arrêt des chantiers, je ne pense pas que nous aurons un confinement sur le même modèle que celui que nous avons connu entre le 17 mars et le 14 avril dernier. Il y a une nécessité à maintenir l’économie, et le BTP.
FI : Quel bilan faites-vous des aides qui ont été apportées aux entreprises ?
J. C. : La quasi-totalité de nos adhérents, petits comme gros, ont eu recours au prêt garanti par l’État (PGE). Bien sûr, nous avons accueilli avec soulagement l’annonce du remboursement repoussé à 2022, car cela nous permettra d’assurer nos flux de trésorerie… lesquels nous permettent d’investir en matériel et en moyens de formation pour nos salariés, et donc de répondre à la demande importante des chantiers en cours et à venir. D’où l’enjeu, qui est de taille !
FI : Outre les aides, vous avez plus d’une fois fait remonter dans nos colonnes la question des retards de paiement des collectivités, qui pesaient sur la trésorerie des entreprises. La situation s’est-elle améliorée en ce début d’année ?
J. C. : En effet, nous avons noté à la fin de l’année une accélération des régularisations et des paiements notamment des pouvoirs publics. Certes, les délais sont toujours supérieurs aux 30 jours légaux, mais il y a du mieux. Un sujet demeure cependant : le syndicat des eaux. La situation est critique, tant sur la ressource en eau que sur la gestion des eaux usées, et il y a d’importants travaux sur les réseaux à mener, de campagnes de forage à réaliser… Pour cela, il est urgent de voir une amélioration des prestations du SMEAM. Or, en échangeant avec nos adhérents, le constat est unanime : nous sommes tous très inquiets. Nous parlons là de 25 millions d’euros de retard, rien que pour les adhérents de la FMBTP. Ce ne sont plus des retards, ce sont des impayés ! Nous ne doutons bien sûr pas de la bonne volonté de la nouvelle équipe, mais vu l’ampleur des travaux, il ne faut plus perdre de temps. Et nos derniers échanges avec la préfecture nous laissent dubitatifs sur la capacité de production du syndicat sur les six prochains mois…
FI : L’autre sujet, c’est le fameux plan de relance. Sur les 100 milliards d’euros annoncés, 10 milliards sont dédiés au BTP au niveau national. Savez-vous comment pourra en bénéficier la filière à Mayotte ?
J. C. : Pour tout vous dire, sur ce plan de relance, c’est encore un peu le flou. La Fédération des Entreprises des Outre-mer (Fedom) avait attiré notre attention fin novembre sur les crédits déjà mis à disposition, à charge pour les départements de les mobiliser. Nous avons contacté les différents intervenants, à la préfecture, à la DEAL, à la Dieccte, pour avoir un maximum d’informations, mais lors de la dernière réunion, le 11 décembre, tout n’était pas encore ficelé sur les montants ou encore le planning de mise à disposition. Aux dernières nouvelles toutefois, 86 millions d’euros de ce plan de relance seront dédiés à Mayotte, avec 15 millions d’euros pour l’assainissement et les routes. Mais nous en saurons plus au prochain comité de pilotage, qui doit se tenir à la fin du mois de janvier.
FI : L’autre enjeu de ces différents plans réside dans la capacité des acteurs mahorais à répondre à une demande croissante. Entre le petit nombre d’acteurs sur le territoire, et les besoins que nous connaissons en ingénierie et en formation, la filière est-elle aujourd’hui en mesure de tenir un tel rythme de production ?
J. C. : Bien sûr, si nous avons avons l’argent et les projets, mais que nous manquons de collaborateurs formés, nous aurons du mal à tenir nos objectifs. Nous sommes donc très attentifs à ces sujets, notamment sur la formation. D’après nos estimations, il faudrait créer 700 emplois de compagnons, d’encadrement et d’intermédiaires sur trois ans pour répondre à la commande. Il y a donc une coordination à mener entre les différents acteurs, le rectorat, les organismes de formation, pour opérer un meilleur ciblage de la formation. Sur le fléchage des subventions, c’est toutefois le conseil départemental qui est aux manettes : nous notons une amélioration, mais cela doit se poursuivre.
Malgré cela, au niveau de la FMBTP, nous considérons être en mesure de répondre à l’augmentation de l’activité, justement car nous commençons à avoir une meilleure vision tant en termes d’investissements que de formation, de recrutement ou encore de structuration de nos PME. Donc nous ne souhaitons pas d’intervenants extérieurs, nous considérons que nous sommes capables de répondre aux marchés. Et c’est le message que nous avons souhaité faire passer à la SIM, son actionnaire majoritaire la CDC Habitat, et aux différents pouvoirs publics.
FI : Au vu de cette crise sanitaire qui perdure, quelles sont les principales attentes et inquiétudes de la filière pour l’année 2021 ?
J. C. : Je tiens d’abord à relever que, contre toute attente, l’année 2020 a été plutôt bonne. Avec deux mois d’activité quasi nulle, nous pouvions nous attendre à une catastrophe, tout du moins un ralentissement important. Or cela n’a pas été le cas, en partie grâce aux aides de l’État et au fait que nous avons pu rapidement redresser la barre en termes de productivité, en mettant les moyens humains et matériels. Résultat, sur les chantiers SIM notamment, nous sommes presque à 80%, nous avons pu répondre au planning. Pour 2021, nous avons envie de continuer sur cette lancée, notamment avec le plan de convergence et le plan de relance. Le défi sera d’arriver à consommer ces crédits et pour cela, il ne faut pas perdre de temps. Dans le secteur du bâtiment, nous suivons avec attention les projets de la SIM, du rectorat et du CHM. Sur les infrastructures, nous attendons évidemment avec impatience le chantier de la piste longue, tant pour le tourisme, qui générerait de l’activité en plus pour notre secteur, que pour la facilitation des liaisons aériennes et donc du transport de fret duquel nous dépendons. Enfin, il y a le projet de transport public dont nous espérons grandement qu’il soit réalisé pour 2021.
L’autre aspect que j’aimerais évoquer concerne le dialogue social. Je souhaite que nous puissions trouver des accords rapidement avec les partenaires sociaux sur les conventions collectives et les retraites. Sans rentrer dans les détails techniques, nous avons débuté des commissions consultatives de travail depuis un an avec les partenaires sociaux, sur les niveaux de retraites et de rémunérations. Ces échanges, ralentis par l’effet du Covid, doivent reprendre rapidement en 2021, pour éviter de se retrouver dans des blocages sociaux et économiques. Avec en ligne de mire, le bien-être des salariés !
Lundi soir, le préfet de Mayotte, Jean-François Colombet a annoncé une nouvelle série de mesures pour endiguer la propagation du variant sud-africain au Covid-19. En tête de liste : le couvre-feu dès 18h à partir de ce jeudi pour une durée de 15 jours et le renforcement des contrôles à la frontière.
Le couperet est tombé. Interviewé sur le plateau de Mayotte la 1ère, le préfet de Mayotte Jean-François Colombet a annoncé l’instauration d’un couvre-feu « de 18h à 4h du matin », effectif dès ce jeudi et pour une durée de 15 jours. « Cela signifie que tous les commerces, tous les bars et tous les restaurants devront fermer à 18h », a insisté le délégué du gouvernement, assurant que cette mesure visait « justement à éviter un nouveau confinement ».
Cette annonce est intervenue alors que plusieurs cas du nouveau variant 501.v02, aussi appelé virus sud-africain où il a été séquencé en premier lieu, ont été détectés sur le territoire. Lundi matin, la directrice de l’ARS confirmait l’information, après analyse des prélèvements envoyés à l’institut Pasteur le 7 janvier dernier. Parmi eux, deux personnes « ont pu contracter le virus à un moment de leur voyage », signalait Dominique Voynet. Alors que la troisième personne est arrivée sur le territoire « de manière irrégulière », a confirmé le préfet dans son intervention télévisée. Ce lundi soir, c’était toujours le flou artistique autour du quatrième cas.
Protéger les frontières
Autre mesure forte : en plus des intercepteurs déjà déployés en mer, Jean-François Colombet a assuré que « des services de l’État qui traditionnellement ne participent pas à la lutte contre l’immigration clandestine seront engagés pour soit s’interposer soit détecter ». Cerise sur le gâteau, la préfecture compte même sortir l’artillerie lourde et recourir aux services d’opérateurs nautiques privés pour « qu’ils prêtent leur concours » afin de décourager un maximum de candidats à la traversée. Idem pour la surveillance aérienne.
Une décision inédite, même à Mayotte, qui va en tout cas dans le sens des demandes répétées du député (LR) Mansour Kamardine. L’élu avait dénoncé à plusieurs reprises le risque que faisaient peser les arrivées massives de kwassas-kwassas dans le 101ème département, alors que l’Union des Comores, et surtout l’île voisine de Mohéli, semble être en proie à une flambée épidémique. Concernant les étrangers en situation irrégulière interpellés sur le territoire, et envoyés au centre de rétention administrative, le préfet a confirmé la poursuite des éloignements, en lien avec l’archipel.
Pas encore de bis repetita au RSMA
La veille, dimanche 17 janvier, le préfet avait déjà pris des mesures pour fermer les liaisons maritimes et aériennes internationales. Des tests PCR sont désormais obligatoires pour voyager depuis Mayotte vers La Réunion et la métropole, et inversement. « Nous avons obtenu que les deux soient concernés, c’est très important pour protéger Mayotte et les Mahorais. » Quant à la septaine recommandée, difficile en pratique de la mettre en place sur l’île aux parfums… Le locataire de la Case Rocher ne s’est pas interdit de recourir à « l’isolement forcé, un peu comme ce que nous avions fait l’année dernière au RSMA, mais nous n’en sommes pas là aujourd’hui ».
Une décision qui pourrait s’expliquer pour la simple et bonne raison que le rapatriement des Mahorais depuis les pays voisins n’est pas encore à l’ordre du jour. « Pour l’instant, je n’en suis pas là. La situation peut devenir très très sérieuse. Ce virus est beaucoup plus contagieux que [celui] que nous avons connu, de 50 à 75%. Cela veut dire que nous avons ce variant en masse, il y aura plus de personnes contaminées. Et si nous [en] avons plus, nous aurons plus de malades, plus d’hospitalisations et probablement plus de morts. » Ambiance pour les prochains jours.
Le projet avait été annoncé il y a plusieurs années, il voit enfin le jour en ce début 2021. Le système de billetterie de la barge passe au numérique. Désormais, les passagers devront se munir d’un ticket avec un QR code qui leur permettra de badger avant de passer. La population en est plutôt satisfaite, même si beaucoup rencontrent des difficultés.
Les fameux tickets jaunes de la barge, qui ont accompagné les Mahorais durant plusieurs décennies, tirent lentement leur révérence. Depuis le 15 janvier, ils laissent place aux nouveaux tickets 2.0 tant attendus par la population depuis des années. Le système de billetterie de la barge a complètement été remanié. Grâce à un QR code imprimé sur le ticket unitaire, les piétions doivent badger eux-mêmes sur les boitiers installés à l‘entrée des zones d’attente. Ce n’est seulement qu’après avoir validé leur ticket, qu’ils pourront passer les portiques automatiques implantés au même endroit. De nouveaux gestes à adopter qui ne sont pas évidents pour les usagers. “C’est difficile pour eux. Ils ne comprennent pas forcément cette nouvelle façon de faire, même lorsque nous leur expliquons. Beaucoup de personnes râlent”, sourit Mardhuya Ridjali, agent de sécurité à la STM. “Ils râlent surtout parce qu’ils ne peuvent plus courir pour rattraper la barge comme avant. Les portiques se bloquent quelques minutes avant son départ”, précise Soufiane également agent de sécurité.
Les usagers rencontrent quelques difficultés : ils prennent plus de temps et créent par conséquent des files devant les portiques. Certains doivent alors prendre leur mal en patience… Malgré cela, le Département et le STM vantent les mérites de cette démarche. “Cela va permettre de maîtriser le comptage conformément aux règles de la sécurité maritime. Il y aura également une meilleure transparence sur la gestion de la fréquence des barges, un affichage des horaires en temps réel, sans oublier une meilleure sécurité pour le voyageur qui détiendra son ticket”, annonce Faouzat Mli, directrice de Numérique, des Systèmes d’Information et des moyens généraux au conseil départemental de Mayotte.
Un système amené à évoluer
Cette mise en oeuvre du nouveau système de billetterie se fait à titre expérimental. Il est pour l’instant limité aux piétons en partant de Mamoudzou. “Il sera étendu à moyen terme aux véhicules. Une fois que le fonctionnement sera opérationnel en Grande-Terre et sur la base des retours d’expérience, le cas de la Petite-Terre sera étudié”, affirme Faouzat Mli. Une application devrait également voir le jour au mois de février de cette année. “Elle permettra d’acheter des tickets, de consulter les horaires de la barge en temps réel et d’envoyer des crédits-barges à d’autres utilisateurs”, ajoute l’agent du Département. Et à partir du mois de mars, les utilisateurs qui le souhaitent pourront se munir d’une carte rechargeable, et prendre un abonnement. Pour l’heure, les anciens tickets coexistent encore afin que tout le monde puisse écouler son stock.
MICRO-TROTTOIR : Ce qu’en pensent les usagers
Georgette
« Ce nouveau système est difficile à comprendre et à appliquer. J’ai essayé plusieurs fois et finalement, c’est l’agent de sécurité qui m’a aidée. Mon avis reste mitigé car je suis contente de l’évolution mais j’ai quelques réticences concernant la sécurité. On est obligé de faire la queue pour que chacun puisse passer et cela ne me rassure pas car les délinquants peuvent arriver à n’importe quel moment et nous agresser pendant qu’on attend. »
Souffou
« C’est une nouveauté, il est donc normal que les gens rencontrent des difficultés au début. J’ai moi-même eu besoin d’aide pour cette première fois, mais maintenant je sais comment cela fonctionne et dorénavant je saurai me débrouiller seul. Je reste cependant perplexe sur le fait que les portes se bloquent quelques minutes avant le départ de la barge. Lorsqu’une personne sera en retard et devra ab-solument prendre la barge, elle ne sera pas contente. »
Velou
« Cette méthode est plus rassurante pour ceux qui attendent la barge car tout est fermé et je me sens en sécurité assise sur ces bancs. De plus, cela permet de connaître le nombre exact de personnes qu’il y a dans la barge. C’est important en cas d’incident. Certains ne sont pas contents que les portent soient bloquées quelques minutes avant le départ de la barge mais je pense au contraire que c’est une bonne chose. Ainsi peut-être, les barges partiront à l’heure. J’espère que tout cela va durer dans le temps et qu’il n’y aura pas de problème technique. »
Pamella
« Aujourd’hui, j’utilise les nouveaux tickets pour la première fois et j’en suis plutôt satisfaite même si j’ai eu du mal à comprendre le mode d’emploi. Je pense qu’en cette période de pandémie, il était nécessaire de changer de système. Désormais, chaque utilisateur garde son ticket au lieu de le donner à l’agent de sécurité. C’est un bon geste pour éviter la propagation du virus. »
Ce lundi, plusieurs professionnels de santé de l’Éducation nationale ont été formés à la prise en charge des tests antigéniques dans le but de se déplacer dans les établissements scolaires pour réaliser des dépistages de masse. Pour ces infirmières volontaires, ce dispositif est une manière de rappeler aux élèves et aux enseignants que la crise sanitaire est toujours d’actualité à Mayotte.
Dans la salle informatique du lycée de Tsararano se déroule un cours pour le moins inhabituel, en ce lundi 18 janvier. Pas moins de 12 infirmières de l’académie de Mayotte suivent une formation dispensée par l’agence régionale de santé sur le test antigénique. Au moment où le recteur passe la tête pour «souligner leur mobilisation», l’heure est aux exercices pratiques. Ni une ni deux, Gilles Halbout mouille la chemise et porte sa narine candidate. Coton-tige dans la main, c’est à Maddy que revient la lourde tâche de se confronter à l’épreuve. Impressionnée ? Pas vraiment. «Nous le prenons en charge comme n’importe quelle personne», souffle la jeune femme alors qu’un rictus se dessine sur le bord des lèvres de son cobaye. Un classique dans ce genre de situation.
Le but pour ces professionnels de santé de l’Éducation nationale : intégrer l’équipe mobile (accueil, test, saisie sur ordinateur) pour prendre part à des dépistages massifs décidés par l’institution gérée par Dominique Voynet dans les établissements scolaires, aussi bien dans le 1er que dans le 2nd degré, auprès d’un public ciblé selon les critères et les besoins. Mais aussi de réaliser du cas par cas pour isoler rapidement les élèves positifs et éviter une propagation du virus dans les classes. «C’est une instruction interministérielle qui date de fin novembre», précise Fabienne Mazeau, conseillère technique dans le domaine médical auprès du recteur.
«Marquer les esprits»
En poste au lycée professionnel de Kawéni, Nathalie s’impatiente à l’idée de rejoindre ce cercle fermé de testeurs. Elle qui se dit «toujours partante» pour apporter sa pierre à l’édifice et rendre service à la communauté éducative. Idem pour Élise qui se réjouit «de savoir où en est la situation chez les collégiens et lycéens». Pour Agnès, ces futures campagnes «peuvent aussi marquer les esprits car il existe toujours un risque». D’autant plus que, selon elle, le port du masque et le respect des gestes barrières s’avèrent de moins en moins respectés chez les jeunes comme chez les enseignants. «La prévention est notre première mission. Notre rôle ne consiste pas seulement à soigner les bobos», renchérit-elle pour mettre en garde face à un éventuel rebond, alors que le 101ème département enregistre 455 nouveaux cas sur la dernière semaine.
«Avoir un maximum d’autonomie»
Sauf que ce nouveau dispositif risque de considérablement compromettre, ou plutôt de chambouler, leur quotidien si les tests se multiplient aux quatre coins de l’île… «Tout retombe sur la vie scolaire lorsque nous ne sommes pas là, mais nous allons nous organiser», admet d’un ton plutôt rassurant Nathalie, derrière ses lunettes rondes. «Si nous ne sommes pas appelées trop souvent, cela voudra dire que nous gérons la crise.»
Malgré cet optimisme, Gilles Halbout ne voit pas d’un bon oeil de compter des établissements sans professionnels de santé. «Sur le terrain, ce sera en fonction des prescriptions locales [les discussions sont en cours pour un dépistage au CUFR]. Il faudra voir avec les principaux et les proviseurs, avec les disponibilités de chacune et le contexte», prévient-il, même s’il juge nécessaire que le rectorat puisse contribuer au même titre que les autres administrations dans la lutte contre le Covid-19 et de son variant sud-africain, désormais confirmé sur le territoire. «L’idée est que nous ayons un maximum d’autonomie !»
Et pour celles et ceux qui s’inquiètent de la réaction de leurs collègues ou de leurs camarades, le recteur garantit la confidentialité du résultat. Même pour lui ?, ose-t-on lui demander quinze minutes plus tard. Et le patient du jour de répondre : «Bon, je vous le dis, mais c’est un exemple à ne pas suivre.» Négatif ! Ouf, on a évité le cluster.
Alors que le Covid-19 avait un peu mis le holà sur les chantiers, la Société immobilière de Mayotte assure pouvoir tenir son carnet de route pour 2021. Et entend même dépasser son objectif de 5.000 logements d’ici 2030. Tour d’horizon des projets attendus dans les mois à venir.
Faites un pas dans le “Grand Mamoudzou”, levez la tête, tendez l’oreille. À coup sûr, vous ne manquerez pas de remarquer le ballet de grues ou l’orchestre de marteau-piqueurs qui font vibrer toute la commune chef-lieu. Et même au-delà ! Partout à Mayotte, les chantiers illustrent le développement exponentiel de ce petit caillou de l’océan Indien. Brièvement interrompu par le confinement du mois de mars, le concerto a repris de plus belle, avec des mises en chantier et des livraisons toute cette fin d’année. Et pour 2021, la Société immobilière de Mayotte, qui porte l’importante mission de construire des logements dans un département soumis à une forte pression démographique, entend bien poursuivre sur cette lancée.
Coup de boost
“Nous avons eu une année compliquée, comme tout le monde, avec une période notamment où tout s’était interrompu”, acquiesce Ahmed Ali Mondroha, le directeur général de la SIM. “Mais on a mis un coup d’accélérateur à la reprise, ce qui nous a permis d’atteindre et même de dépasser nos objectifs de mise en chantier pour 2020 !”, se réjouit l’ancien banquier.
On s’en souvient, l’année dernière à la même période, le préfet Jean-François Colombet annonçait à l’occasion de la journée professionnelle de la construction et du logement, un ambitieux projet de 30.000 logements en dix ans, dont 5.000 à la charge de la société historique de Mayotte. Soit un minimum de 500 logements par an tout de même ! Un beau projet, quand on sait que la SIM tournait plutôt aux alentours de 100 mises en chantier annuelles, il y a trois ans.
400 livraisons pour 2021
“Nous avons déjà largement atteint notre rythme de croisière avec 600 mises en chantier cette année soit un investissement total de 105 millions d’euros, et dès 2021, nous pouvons décemment tabler sur un chiffre de 750, voire 800, pour environ 150 millions d’euros d’investissements. Pour beaucoup, les financements sont bouclés. Donc l’objectif de 5.000 logements en 2030, nous l’atteindrons”, certifie un Ahmed Ali Mondroha confiant derrière ses lunettes rectangulaires. Seul bémol : les livraisons, dont certaines ont en effet pris du retard à cause de la crise sanitaire. Sur les 200 logements prévus, 140 ont effectivement été livrés en 2020. Le reste devrait recevoir les dernières finitions dans les mois qui viennent. “Si bien que cette année, nous visons les 400 livraisons.”
Mais de quoi parle-t-on exactement ? Parmi les projets emblématiques, l’on retiendra l’exemple de Marzoukou à Labattoir : 238 logements sociaux, dont la première tranche de 117 logements ne va pas tarder à accueillir ses heureux locataires. Pour cette grosse opération, la SIM a accepté une proposition de VEFA (vente en état futur d’achèvement) d’un promoteur privé, Ocidim, filiale de Vinci construction Dom-Tom. La livraison de la première tranche est prévue en juillet-août, tandis que la deuxième tranche arrivera sur le marché un an et demi plus tard.
“Mailler tout le territoire”
Côté Grande-Terre, la SIM a confié à Colas le gros-oeuvre pour “Les Terrasses”, 95 logements qui doivent commencer à sortir de terre sur ce foncier de la SIM situé à Cavani, à quelques pas des 100 villas. Non loin de là, rue du Stade, trois opérations sont programmées dont deux doivent débuter en 2021, pour un total de 300 logements. “Là c’est tout un quartier qui va voir le jour, avec du logement social, du logement libre, de l’intermédiaire et au rez-de-chaussée des commerces”, décrit le directeur du premier bailleur de l’île. Même chose avec La Renaissance dans le quartier des 16 Villas, où 64 logements – libres, ceux-là – surplomberont quelque 2.000 mètres carrés de surface commerciale. Les gros appels d’offres à guetter pour 2021 concernent donc certaines de ces opérations, comme celle de Vili Vili Manga rue du Stade, avec 60 logements et 13 commerces. Ou encore le Sphinx à Trévani, 54 logements. Car, une fois n’est pas coutume, tout ne se concentre pas à Mamoudzou. “À Tsimkoura, à Iloni, à Coconi, à Kahani, à Combani, à Tsingoni, à Chirongui… bref, un peu partout, nous allons mailler le territoire”, explique Ahmed Ali Mondroha.
Relogement et capacités de production
À chaque fois, ces opérations permettent de répondre aux enjeux de pression démographique. “Pour Les Terrasses par exemple, nous détruisons six cases pour construire 95 logements”, signale-t-il. Une politique qui va d’ailleurs de pair avec le calendrier rythmé de destructions d’habitat illégal mené par la préfecture depuis quelques mois et qui a permis à la SIM de récupérer l’un de ses terrains occupé à Passamaïnty. “Dans ces bangas, il y a des personnes éligibles au logement social classique”, note le directeur. Reste qu’il sera sans doute difficile de reloger tout ce petit monde, même avec un tel coup d’accélérateur sur les mises en chantier ! En juin dernier, André Yché, le président de la filière habitat de la Caisse des dépôts et consignation (CDC), actionnaire majoritaire de la SIM, s’inquiétait d’ailleurs que les ambitieux programmes immobiliers, reboostés par le plan de relance, ne finissent par se heurter aux capacités de production de Mayotte… Gare à la surchauffe !
Les chantiers 2021 de la SIM :
1 de 9
Cap Sud - Tsimkoura : Date de mise en chantier : 06/2019
Date de livraison : 09/2021
Nombre de logements : 36 logements sociaux
Investissements : 6,8 M€
Hawa - Mamoudzou : Date de mise en chantier : 01/2019
Date de livraison : 12/2020
Nombre de logements : 30 logements sociaux
Investissements : 5,6 M€
Juwa - Mamoudzou : Date de mise en chantier : 09/2018
Date de livraison : 06/2021
Nombre de logements : 76 logements sociaux et 15 commerces
Investissements : 16,8 M€
Marzoukou 1 et 2 - Dzaoudzi Labattoir : Date de mise en chantier : 12/2018
Date de livraison : Tranche 1 (117 logements )/ 08/2020 et Tranche 2 (121 logements) en 2023
Nombre de logements : 238 logements sociaux
Investissements : 48 M€
Mwezi - Mamoudzou : Date de mise en chantier : 04/2017
Date de livraison : 12/2020
Nombre de logements : 40 logements sociaux et 4 commerces
Investissements : 8,8 M€
Nyora - Mamoudzou : Date de mise en chantier : 06/2018
Date de livraison : 12/2020
Nombre de logements : 39 logements sociaux et 7 commerces
Investissements : 6 M€
Plaine des Makis - Combani : Date de mise en chantier : 08/2019
Date de livraison : 07/2021
Nombre de logements : 26 logements sociaux
Investissements : 4,5 M€
Square Bonovo - Mtsapéré : Date de mise en chantier : 12/2018
Date de livraison : 12/2020
Nombre de logements : 15 logements sociaux
Investissements : 2,4 M€
Tanamalaza - Passamaïnty : Date de mise en chantier : 12/2019
Date de livraison : 11/2021
Nombre de logements : 64 logements sociaux
Investissements : 11,6 M€
Orphelin de son directeur de cabinet depuis le départ de Didier Cauret, le recteur de Mayotte, Gilles Halbout, vient de nommer début janvier Martin Meyrier à ce poste. Fort de son parcours politique, le trentenaire compte apporter toute son énergie dans sa nouvelle mission.
Discret, tenace, travailleur. Tels seraient les qualificatifs pour résumer le nouveau bras droit du responsable académique de Mayotte, Martin Meyrier. Derrière son bureau, le trentenaire prend sans relâche la pleine mesure de son nouveau poste, obtenu le 4 janvier dernier, en remplacement de Didier Cauret. Une opportunité saisie à la suite de la mutation récente de sa femme sur l’île aux parfums. « J’étais déjà venu en vacances pour rendre visite à des amis », sourit allégrement celui qui ne débarque donc pas en terre inconnue.
Malgré son jeune âge, le diplômé d’un master en droit des affaires obtenu à Rennes possède déjà une solide expérience professionnelle : assistant parlementaire au Sénat, directeur de cabinet de l’ancienne députée européenne Isabelle Thomas ou encore vice-président de la région Bretagne en charge de l’économie et de l’innovation de 2015 à 2020. « Je n’entends pas faire de la politique, je suis au service du recteur », précise-t-il d’emblée pour ne pas s’aventurer sur ce terrain glissant. « J’arrive avec beaucoup de modestie et l’envie de comprendre les rouages du territoire. » Pour y arriver, il compte bien décliner un adage propre à ses racines – « on ne naît pas breton, on le devient » – pour s’acclimater dans son nouvel environnement et faire ses preuves auprès de ses futurs interlocuteurs.
L’école et son vivier
Et à ses yeux, « le rectorat est une belle maison aux multiples ressources qui ont envie de faire bouger les lignes ». D’ailleurs, il compte bien apporter sa « gnac » et ne pas s’arrêter aux premières difficultés. Au contraire, il souhaite, à l’instar de Gilles Halbout, s’employer contre « l’état d’esprit de renoncement de certains ». Une priorité pas si simple à mettre en place sur un territoire où 50% de la population a moins de 18 ans. « Nous sommes l’incubateur qui va permettre le développement de demain », souligne Martin Meyrier, avant d’adresser un message d’espoir à l’égard de la jeunesse. « Nous recensons tout le vivier de celles et ceux qui vont écrire l’histoire de Mayotte. »
Pour mener à bien sa « noble » mission, le Breton d’origine peut compter sur une « équipe opérationnelle et rajeunie », avec en haut de la liste, Anli Bedja fraîchement intronisé chef de cabinet il y a de cela deux mois. « Nous formons un binôme sympa », juge-t-il d’un air convaincu, au détour d’un regard complice vers son acolyte. « Il a une merveilleuse connaissance de Mayotte. » De bons débuts, sur le papier, qui ne peuvent que faciliter son « rôle de conseil et d’accompagnement auprès du recteur dans la réussite du projet pédagogique ». Un travail de l’ombre, selon ses mots, qui ne doit en aucun cas l’enfermer dans sa tour d’ivoire autour d’une pile de dossiers.
Dès mercredi prochain commence le casting pour une nouvelle série télévisuelle made in Mayotte. À sa tête, la gérante de la société audiovisuelle, Jacqueline Guez, qui a écrit pas moins de 13 épisodes dans lesquelles elle revient sur le sort de 4 Mahoraises de retour sur leur terre natale. La diffusion est prévue au mois de septembre sur les ondes de France Télévision.
« Ce jeu de poker menteur commence à me gonfler. » Au moment d’évoquer la genèse de la nouvelle série télévisuelle écrite par ses soins, Jacqueline Guez, la gérante de la société audiovisuelle Clap Productions, en a gros sur la patate. Son ras-le-bol ? Cette double vie menée dans et en dehors de la sphère familiale. Sensible à la cause féminine, elle compte bien mettre en lumière le sort de 4 « nenettes mahoraises », âgées de 25 à 30 ans, revenues sur leur terre natale après un séjour estudantin et/ou professionnel en métropole.
Un retour synonyme de « choc » culturel pour cette génération transformée par le monde occidental. « Nous revenons sur notre île pour apporter notre expérience. Sauf que nous rencontrons les mêmes difficultés que celles éprouvées par nos mères et nos grands-mères. C’est étrange car ce sont nos parents qui nous ont envoyées étudier », s’interroge-t-elle. Avant d’étayer ses propos : « Le regard de la communauté pèse sur eux donc il faut forcément rentrer dans le rang. Par exemple, si une femme n’est pas mariée, elle n’est rien socialement… »
Une diffusion dans tous les DOM
Convaincue par le scénario, France Télévision lui commande 13 épisodes, d’une durée de 13 minutes chacun. Cerise sur le gâteau, la chaîne de télévision ambitionne de les diffuser dans toutes les départements ultramarins. D’où la volonté de tourner aux quatre coins de l’île dès février pour « montrer le charme de Mayotte ». Actuellement en repérage, Jacqueline Guez multiplie les appels auprès des collectivités et des restaurateurs car une bonne partie des scènes se jouent en extérieur. « Si cela en intéresse certains, qu’ils nous fassent signe », lance-t-elle, comme une bouteille à la mer.
Reste aussi à dénicher les talents. « Pour le bien, il faudrait que ce soient des filles qui ont vécu ces histoires », espère Jacqueline Guez, impatiente de débuter les castings à partir de mercredi prochain. Parmi les héroïnes, la réalisatrice souhaite réunir les 4 visages de la femme mahoraise : la pieuse, l’aisée, l’anarchiste et la colérique. « Nous allons traiter toutes les problématiques propres au territoire qui sont passées sous silence, comme la polygamie ou la violence faite aux femmes. »
Taper dans la fourmilière
Des sujets encore tabous et clivants dans le 101ème département, en complet décalage avec la personnalité de ces femmes diplômées. Et qui risquent peut-être de bouleverser certains codes. Peu importe pour la gérante, qui sent que le moment est venu de délier les langues. « Même si le téléspectateur ne se sent pas d’entendre ce discours, nous, nous sommes prêts à le clamer haut et fort. Je fais ce métier pour ce genre de projet », martèle-t-elle, ayant bien conscience de proposer une série de niche. « Certes, nous avons vocation à divertir, mais aussi et surtout à provoquer le débat. [Les personnages] tapent dans la fourmilière », prévient-elle, sans en dire trop. Il faut garder quelques surprises pour le mois de septembre.
D’après le représentant syndical, Bacar Attoumani, les individus arrêtés ce mardi à la descente de la barge à Mamoudzou tentaient d’intimider un policier hors service qu’ils avaient reconnu comme le responsable de la reconduite à la frontière de leur frère. Une situation qui rappelle pour lui la loi sur la Sécurité globale, examinée par le Sénat ce mois-ci, et la nécessaire protection des policiers. Surtout à Mayotte.
Instant buzz à la barge. Ce mardi, une interpellation musclée a eu lieu sous les yeux ahuris des passagers de la STM, en fin d’après-midi. Ni une ni deux, les voilà qui dégainent leur téléphone portable pour ne pas louper une miette de l’altercation. Alors que la sonnerie retentit et que le ponton se met en branle, à l’embarcadère de Mamoudzou, un groupe d’hommes s’amasse à la sortie du bateau. Sauf qu’un petit comité d’accueil les attend. “C’était mon groupe, nous avons été appelés pour intervenir et la barge a fait demi-tour”, raconte Bacar Attoumani, le secrétaire départemental de Alliance Police nationale à Mayotte.
Sur la vidéo, on distingue alors Jean-Marie Cavier, le directeur territorial de la police nationale “qui était par hasard sur la même barge”, déroule le fonctionnaire. Le DTPN tente de s’interposer entre le plus baraqué des trois et les deux autres individus, visiblement remontés. Mais alors qu’ils se toisent en chien de faïence, un des agents de police fonce sur le plus virulent et le met à terre. Le deuxième lascar subit le même sort. En quelques minutes, tout ce beau monde embarque bon gré mal gré dans la voiture de police, arrivée sur ces entrefaites.
Reconduite à la frontière et vendetta
Flashback. “En attendant la barge, notre collègue du groupe d’appui opérationnel (GAO) (l’homme le plus costaud sur la vidéo NDLR) a été reconnu par trois individus qui ont eu leur frère reconduit. Ils ont alors voulu se venger, ils ont commencé par l’insulter, avant que deux d’entre eux ne montent avec lui dans la barge et tentent de l’intimider”, retrace Bacar Attoumani. D’après lui, l’agent de police, alors en dehors de ses heures de service, ne riposte pas. Mais le ton s’échauffe, et la barge entame son demi-tour. “L’idée c’était de les récupérer en dehors de la barge et surtout d’éviter toute propagation”, explique encore le syndicaliste. Une opération réussie donc, même si l’arrestation musclée provoque quelques cris dans l’assistance, accoudée aux balustrades.
Une LIC sous tension
Reste que pour le représentant d’Alliance à Mayotte, syndicat qui a largement défendu la proposition de loi sur la Sécurité globale, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale le 24 novembre 2020, cette “coïncidence” illustre les risques qui pèsent sur les policiers du 101ème département. “Nos collègues du GAO qui travaillent sur la lutte contre l’immigration clandestine sont davantage exposés, et il n’existe pas de protection particulière pour eux, malgré l’étroitesse de l’île”, martèle Bacar Attoumani. Un défi d’autant plus crucial que la fameuse LIC met plutôt les gaz ces derniers mois… “Nous sentons plus de résistance, tout cela devient compliqué, et il faut commencer à parler, qui plus est à Mayotte, de protéger le policier. Car après son service, il ne va pas continuer à traîner avec son arme ! Et à ce moment-là, comment les protège-t-on ?”, interroge-t-il.
Dans le cadre de la crise sanitaire, le ministre a répondu aux questions des sénateurs à l’occasion d’une audition par la Délégation sénatoriale aux Outre-mer. Mais au sujet de Mayotte, le représentant du gouvernement est resté dans le constat, sans parvenir à apporter de réponses convaincantes aux interrogations du parlementaire Thani Mohamed Soilihi.
20/20. Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu était auditionné ce jeudi matin par la délégation aux Outre-mer du Sénat. Sa mission : défendre la gestion gouvernementale de la crise sanitaire dans les territoires éloignés de la République, qui ne vivent pas au même rythme que l’Hexagone la propagation du Covid-19. Et si le locataire de la rue Oudinot a “sorti le peigne” (sic) pour répondre une à une à toutes les questions des parlementaires, l’on pourra regretter le ton bien scolaire et le manque d’annonces concrètes d’un ministre qui avait plutôt le nez dans ses fiches face au sénateur Thani Mohamed Soilihi.
L’élu mahorais avait interpellé le membre du gouvernement sur “trois questions précises” : la crise du Covid et le variant 501, selon la nouvelle dénomination du virus dont la mutation a été détectée en premier en Afrique du sud, et qui est soupçonnée de se répandre comme une traînée de poudre à Mohéli ; la gestion de l’eau, pour ne pas revivre le calvaire des coupures, tout juste levées ; et enfin la piste longue, dont le dossier lacunaire a été épinglé la semaine dernière par un avis au vitriol de l’Autorité environnementale. Mais fidèle à la précieuse logique du “en même temps”, le marcheur du deuxième round n’a guère su trancher sur ces trois dossiers, pourtant largement débattus sur l’île aux parfums.
Pas question de rompre les liens Mayotte – métropole
Question numéro une : le Covid. “Si le virus variant 501 devait circuler aux Comores, cela devrait nous conduire à prendre des mesures de précaution encore plus importantes”, a-t-il confirmé au sénateur, qui s’inquiétait en outre des propos tenus par le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy sur la nécessité de restreindre les relations entre la métropole et ses deux départements de l’océan Indien. “Rompre les liens non, prendre des mesures pour nous protéger collectivement oui”, a nuancé le ministre.
Fraude et immigration clandestine
En guise de mesures, Sébastien Lecornu s’est toutefois contenté de reprendre des annonces connues, comme la suspension des liaisons avec les pays africains – décret annoncé par le préfet de Mayotte le 10 janvier et qui a d’ailleurs pris de court la compagnie Kenya Airways et certains passagers de retour de vacances, toujours bloqués hier à Nairobi -, ou le recours aux tests pour les voyageurs. “Nous allons aussi les systématiser parfois à l’arrivée depuis les Comores. Ce n’est pas faire offense que de dire qu’il peut y avoir de la fraude”, a-t-il justifié. Seule nouveauté : la possibilité évoquée de recourir à la septaine pour tester à nouveau les voyageurs. Rien, en revanche, sur l’afflux de clandestins, pourtant la “plus grande crainte”, du sénateur Thani Mohamed Soilihi qui demandait, entre autres, si le bâtiment militaire envoyé pendant la première vague pourrait être utilisé pour “lutter plus efficacement contre les risques de pénétration irrégulière”.
Sébastien Lecornu a par ailleurs confirmé que les résultats des prélèvements effectués sur place en Union des Comores par une équipe de l’OMS et l’agence régionale de santé de Mayotte étaient attendus ce jour, ou “en fin de semaine”.
Pacte sur l’eau sans se mouiller
Manque de temps ou d’éléments ? Le ministre des Outre-mer a en tout cas davantage bâclé ses deux dernières réponses. Sébastien Lecornu a d’abord rappelé que l’eau était “une compétence des collectivités territoriales”, tout en assurant “rendre hommage” à la nouvelle équipe arrivée en juillet à la tête du SMEAM, le syndicat des eaux de Mayotte. “J’ai donné des instructions pour travailler un pacte sur l’eau entre l’État et le syndicat pour redresser les finances et accélérer les travaux”.
Et l’ancien président du département de l’Eure de réciter “les projets structurants, évidemment l’usine de dessalement, la troisième retenue collinaire, la station d’épuration… et j’ai cru comprendre un ambitieux plan de reboisement”. Côté piste longue, même jeu de balancier : “Enjamber la question environnementale bien sûr que non, personne n’a envie d’aller en prison. Mais cela ne change pas notre regard sur le bien fondé de cet investissement, et cela me permet de réaffirmer l’engagement du président de la République, et notre volonté d’y arriver”. Mention bien pour Lecornu !
Le Comité Territorial de Rugby de Mayotte a lancé la saison 2020/2021 au début du mois de novembre dernier. L’expérimentation du jeu à dix a été reconduite cette saison. On retrouve globalement la trame annuelle du CTRM avec cette multitude d’actions et d’évènements qui en font l’un des meilleurs comités sportifs mahorais.
C’est parti pour la deuxième partie de saison de rugby ! Cette année est marquée par un changement de direction à la tête du Comité Territorial de Rugby de Mayotte (CTRM). Éric Landmann remplace Sébastien Rière qui était le président depuis près de vingt ans. Sept clubs participent au championnat de rugby à 7 et au championnat de rugby à 10 : Bouéni, RC Petite Terre, RC Mamoudzou, Despérados M’tsapéré, Chiconi, M’tsamboro et Combani.
Concernant le tournoi Seven, les sept clubs se rencontrent sur sept tournois de championnat avant qu’un classement ne soit effectué. À l’issue de celui-ci, une journée de finale sera organisée le 28 février 2021 où les 1er et 2e se rencontreront pour la victoire finale, ainsi que les 3e et 4e mais aussi les 5e, 6e et 7e pour les matchs de classement. Après quatre journées de championnat, Bouéni est en tête, suivi par le RCM et le RCPT. Combani et M’tsamboro complètent le classement. À partir du mois de mars, le championnat à dix sera lancé. Le championnat est composé de deux poules. Nous retrouverons le RCM, M’tsamboro et le RCPT dans la première, et Chiconi, Despérados, Combani et Bouéni dans la seconde. À l’issue de cette phase, une journée de finale sera organisée le 30 mai 2021 où les premiers de chaque poule se rencontreront pour la victoire finale.
Les différentes sélections attendues à La Réunion
Les seconds de chaque poule ainsi que les troisièmes s’affronteront pour les matchs de classement.
Une rencontre de rugby à 15 sera organisée entre les différents clubs le 13 juin 2021 pour terminer l’année en beauté par une journée festive avec tous les licenciés de Mayotte. Outre les rencontres Écoles de rugby, le scolarugby et les compétitions locales jeunes et séniors, plusieurs rendez-vous internationaux sont prévus pour les rugbymen mahorais. Les sélections des M16 et M19 garçons ainsi que les sélections des M15 et M18 filles sont attendues à La Réunion en mai 2021 en fonction de l’évolution du Covid pour participer à des tournois scolaires et fédéraux.
De leur côté, les séniors à 7 iront également jouer à La Réunion en juin 2021, toujours selon l’évolution du Covid, en vue de préparer les jeux des Îles en 2023. Une saison 2020/2021 riche en activités pour le Comité Territorial de Rugby de Mayotte qui a terminé la saison 2019/2020 à 555 joueur. Cette année, le Comité espère bien franchir la barre symbolique des 600 licenciés.
Ce jeudi 14 janvier, le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani, a adressé ses vœux à la population, et plus particulièrement aux officiels du territoire. Une allocution de 40 minutes durant laquelle il est revenu sur l’ensemble des actions de son mandat et au cours de laquelle il a sous-entendu l’arrêt de sa carrière politique.
« C’est un rendez-vous historique et je ne suis pas candidat à ma succession. Je veux vous associer à ce moment historique. » Le 25 novembre dernier, le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani, lâche cette indiscrétion en assemblée plénière lors du vote d’une enveloppe de 80 millions d’euros pour l’allongement de la piste de l’aéroport. Une tendance qui tend à se confirmer au regard de son discours à l’occasion de ses vœux pour la nouvelle année. Plus particulièrement au moment de conclure. « Qu’il me soit permis quelques mots plus personnels. […]Chacun sait à quel point, avec mes collègues élus et avec les services, nous n’avons pas ménagé notre peine pour faire avancer notre territoire », défend-il, avant d’assurer son engagement et sa totale détermination pour faire de chaque jour du mandat qui s’achève une journée utile au service des Mahorais.
Toujours, selon ses mots, avec un état d’esprit qui le caractérise. Ainsi, il dit avoir agi concrètement avec modestie. « On me l’a parfois… reproché », ironise-t-il. Mais aussi d’avoir contribué à l’apaisement des relations institutionnelles et assaini la situation financière du conseil départemental en veillant au climat social, aux droits et aux devoirs des agents. « Surtout, j’ai souhaité porter une vision d’ensemble des enjeux pour Mayotte, liant les questions du quotidien et les problématiques d’avenir. Croyez-moi, ce n’est pas un long fleuve tranquille tant les attentes sont fortes », admet-il, comme si le poids de l’âge – il aura 72 ans en mars prochain – et les 6 dernières années l’avaient convaincu de ne pas se représenter lors des prochaines élections cantonales, qui doivent vraisemblablement se tenir au mois de juin.
Ne jamais dire « jamais »
Alors l’ancien sénateur tire-t-il réellement sa révérence ? Cela en a tout l’air, même si dans ce milieu, il ne faut jamais dire « jamais »… Preuve en est avec la partie plus solennelle de son allocution, où il joue le défenseur de son bilan. Une manière peut-être d’avancer ses pions pour positionner l’un de ses protégés sur un piédestal ? Ou, qui sait, de se prendre à rêver son portrait accroché aux côtés de celui de Younoussa Bamana, dans l’hémicycle.
Plus concrètement, comment résumer son action ? « Aujourd’hui, au terme de cette mandature, notre administration s’est stabilisée, notre majorité s’est renforcée, et nos investissements ont été confortés », plaide Soibahadine Ibrahim Ramadani. À titre d’exemple, il cite le schéma d’aménagement régional et l’opération d’intérêt national, les évolutions sur les questions de l’aérien et du port, ou encore la programmation des fonds européens pour la période 2021-2027. Sans oublier le nerf de la guerre : l’aspect financier. « Nous avons résorbé le déficit financier de 53 millions d’euros en un temps record », rappelle-t-il, avec une certaine fierté. Ainsi que les 106 millions d’euros adressés de 2015 à 2020 aux communes et intercommunalités.
Mais aussi d’évoquer plusieurs projets structurants à venir ou en réflexion. Comme la réalisation du deuxième hôpital de Mayotte à Combani. « Nous avons proposé des choix de foncier à l’ARS », indique-t-il en s’adressant au directeur général adjoint, Mouhoutar Salim. Ainsi que la construction de la salle polyvalente et du centre de formation des sportifs de haut niveau, l’implantation d’un campus d’enseignement supérieur, l’ouverture d’un centre de langues pour tous, ou encore la création d’un réseau de transport ferroviaire reliant les grands axes du territoire. Autant d’idées ou de promesses qui lui permettraient de définitivement marquer de son empreinte son passage à la tête de la collectivité. Inchallah.
Ce mercredi, le conseil économique, social et environnemental de Mayotte a adopté à l’unanimité un rapport de 120 pages réalisé en auto-saisine sur le désenclavement intérieur et extérieur du territoire. L’institution a relevé de nombreux constats et a préconisé 11 orientations stratégiques dans l’espoir que les élus s’approprient ces réflexions issues de la société civile. Morceaux choisis.
Un rapport à la fois concis et exhaustif. Tel est l’éloge reçu par Nadine Hafidou, la présidente de la commission aménagement, transport et cadre de vie du conseil économique, social et environnemental de Mayotte, au terme de sa présentation sur le désenclavement du territoire. Un travail d’orfèvre, de plus de deux ans, adopté ce mercredi à l’unanimité en assemblée plénière. Réseaux de transports routier et maritime, distribution d’eau potable, dépendance aux énergies fossiles, déploiement du numérique, infrastructures portuaires et aéroportuaires inadaptées… Voilà un peu le tableau des problématiques relevées dans le 101ème département.
Si cette réflexion consiste, bien évidemment, à pointer du doigt les manquements des autorités concernées sur le sujet, l’idée revient aussi à formuler des propositions susceptibles d’améliorer cet état de fait. Au total : pas moins de 11 orientations stratégiques. À l’instar de la délocalisation des services étatiques et départementaux aux quatre coins de l’île. Or, à l’heure actuelle, ce n’est pas « suffisant pour permettre à l’usager d’éviter de se déplacer jusqu’à Mamoudzou », où se concentre la grande majorité des activités administratives et économiques. Pis encore, les Maisons France Services ne répondent pas aux objectifs souhaités. « Elles n’ont pas le même niveau d’accès d’informations que dans la commune chef-lieu », regrette Nadine Hafidou. La raison de ce décalage ? Une couverture très haut débit en dent de scie.
Le manque de foncier : une arlésienne
C’est un secret de polichinelle : la réalisation de projets structurants en dehors de la plus grande ville de Mayotte prend un temps considérable avant de sortir de terre. À l’image du pôle d’excellence rural de Coconi. Toutefois, il apparaît nécessaire, voire même indispensable, de passer la seconde pour « installer plus aisément les investisseurs » dans les nouvelles ou futures zones d’activités économiques. Reste à définir pour cela une politique de préservation, de reconquête et d’aménagement de fonciers prioritaires. Autant dire que la route est encore longue… Et on ne parle même pas des nids de poule !
Autre préoccupation et non des moindres : le renforcement des capacités de production et de stockage de l’eau en vue de répondre aux besoins sans cesse croissants de la population. « C’est une orientation logique », plaide Nadine Hafidou, au lendemain de l’annonce de l’arrêt des coupures hebdomadaires. Idem pour l’électricité. Du fait de son insularité, Mayotte constitue une zone non interconnectée rendant de facto son réseau de distribution fragile. À ce sujet-là, une lueur d’espoir réside avec le projet européen Maesha lancé en novembre dernier, dont l’île aux parfums est le territoire pilote pour promouvoir un avenir énergétique décarboné. Éléments de réponse d’ici 48 mois !
L’immigration dans toutes les têtes
Mais le désenclavement de Mayotte passe aussi par l’extérieur. D’où la volonté de renforcer la politique de coopération avec les pays de la zone de l’océan Indien afin d’assurer son insertion. En ligne de mire : les échanges commerciaux et économiques. « Il faut faire des propositions plus opérationnelles », insiste la présidente de la commission aménagement, transport et cadre de vie. C’est tout l’enjeu ici du fonds européen de développement régional en lien avec l’Union des Comores et Madagascar, qui, pour rappel, était doté d’une enveloppe de 12 millions d’euros pour la période 2014-2020.
Dans la même lignée, le Cesem se penche sur la question migratoire. Pour l’institution, entrer sur le territoire de façon régulière avec un visa doit devenir la règle, et la clandestinité, l’exception. Édouard Balladur appréciera. « Cela est revenu sur le tapis dans toutes les thématiques évoquées lors des auditions et entretiens que nous avons menés », souligne Nadine Hafidou. Une proposition qui risque bien de faire réagir la population, tant l’arrivée quotidienne de kwassas-kwassas et les reconduites à la frontière alimentent continuellement les débats.
Et en guise de débat, justement, en voilà un qui continue de faire parler les bavards : l’allongement de la piste de l’aéroport et la création d’une compagnie aérienne locale. Sur ce deuxième point, Maître Fatima Ousseni renvoie l’État face à ses responsabilités et lui rappelle son implication dans la fondation d’Air France. En parallèle de cette recommandation ô combien « essentielle », le Département et la Chambre de commerce et d’industrie planchent sur cette possibilité et devrait prochainement arrêter son choix.
Si toutes ces orientations suscitent bon nombre d’échanges au sein de l’assemblée, quid de leur devenir ? Le président du Cesem, Abdou Dahalani, regrette d’ailleurs que de moins en moins de saisines arrivent du conseil départemental, puisque ce dernier a pris le parti de travailler en mode commission permanente depuis plusieurs mois. Pas de quoi lui faire baisser les bras. « Ces réflexions seront transmises aux candidats des élections cantonales pour qu’ils prennent note des desiderata de la société civile. À charge pour eux de se les approprier ! » Voilà qui est dit.
Mercredi s’est tenue l’assemblée générale constitutive du conseil d’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement de Mayotte. Celui-ci a pour objectif d’accompagner gratuitement les particuliers et les collectivités dans leur manière de construire. Explications avec Nomani Ousseni, fraîchement élu à la tête de cette toute nouvelle association.
Flash Infos : Pourquoi avoir décidé de lancer ce conseil d’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement en 2021 ?
Nomani Ousseni : En 2018, j’ai été chargé par mes collègues conseillers départementaux d’élaborer le schéma d’aménagement régional du territoire. Dans notre stratégie, nous avions choisi d’impliquer les habitants à travers des réunions. Or à Mayotte, nous savons que près de 90% de leurs constructions ne sont pas formalisées, n’ont pas de permis de construire. Il faut donc aller à la rencontre de la population pour lui expliquer la marche à suivre, tout en préservant et en organisant un cadre de vie qui sera bénéfique à chacun.
FI : Concrètement, quel est son but ?
N. O. : Le CAUE est une structure associative, régie par le décret de la loi 1977 sur l’architecture, qui est destiné à intervenir auprès des particuliers et des collectivités qui sont porteurs de projets de construction pour leur donner des conseils et des informations gratuitement. Nous ne réalisons pas, nous ne sommes pas maîtrise d’œuvre, mais nous les accompagnons et nous les orientons sur la manière de construire par rapport aux réglementations à respecter sur le territoire ainsi que sur l’élaboration du plan local d’urbanisme de l’habitat.
Quand nous construisons, la première chose à laquelle nous pensons est l’édifice que nous voulons ériger. Mais il ne faut pas oublier l’environnement et le paysage autour. L’idée consiste vraiment à faire mieux pour bien vivre. Il faut repenser notre façon de procéder pour, par exemple, avoir une meilleure isolation dans nos habitations et ainsi réduire l’impact des climatisations qui sont très polluantes. Nous devons accentuer nos actions sur ces volets cités ci-dessus.
FI : Quels seront les moyens techniques, humains et financiers de l’association ?
N. O. : Le CAUE est automatiquement financé par les taxes d’aménagement que paient les particuliers et les collectivités quand ils font leur demande de permis de construire. Sachant que nous pouvons faire des demandes de subvention ou faire appel à différentes formes de financement. Le Département a voté il y a deux mois une enveloppe annuelle de 150.000 euros pour le premier budget de fonctionnement de notre structure.
En termes d’intervention, le conseil d’administration mène la politique à suivre. Nous allons nous entourer de professionnels issus du milieu, comme des architectes, des urbanistes ou des paysagistes, de manière permanente ou occasionnelle, pour pouvoir traduire l’action du bureau. Si le siège est à Mamoudzou, l’idée est que le CAUE se déplace partout sur l’île pour proposer des permanences tournantes dans les différentes communes.