En marge de la commémoration de l’abolition de l’esclavage le 27 avril prochain, tous les élèves de quatrième du collège K2 se sensibilisent à cette thématique avec l’appui des archives départementales de Mayotte. L’occasion de traiter la partie historique mais aussi de réaliser un travail de mémoire local, avec l’enregistrement d’un podcast par les collégiens.
« Est-ce que vous avez déjà entendu parler de l’esclavagisme dans votre entourage ? » Timidement, quelques mains se lèvent dans le CDI du collège K2. À quelques jours de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, la question suscite le débat dans l’établissement scolaire puisque tous les élèves de quatrième sont sollicités sur la question. L’idée : relater l’histoire bien sûr, mais aussi et surtout réaliser un travail de mémoire, propre au 101ème département.
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Quoi de mieux alors que de se plonger dans des documents originaux, du XVIème siècle pour certains, comme des tableaux d’artistes ou des témoignages oraux, pour retracer tout le chemin parcouru ? « Pour qu’il y ait une meilleure résonance, les archives départementales sont un précieux allié. Elles permettent aux élèves de se mettre dans la peau de l’historien », se réjouit Loetizia Fayolle, inspectrice pédagogique régionale en histoire-géographie, qui voit dans ce projet une manière de « s’approprier » le sujet, inscrit dans les programmes scolaires depuis la loi Taubira du 21 mai 2001, et de « dégager les principaux acteurs ».
« Il faut réveiller tout ça »
Mais ce n’est pas tout. Cette heure de sensibilisation permet aussi d’éveiller les esprits sur trois thématiques précises : la traite négrière, l’abolition de l’esclavage et la société esclavagiste à Mayotte. « Ils [en] connaissent quelques bribes, il faut juste réveiller tout ça », sourit Issa De Nguizijou des archives départementales. « Il suffit de lancer un mot pour créer l’engouement. » Le but de la manœuvre ? Donner des éclairages pour appréhender ce phénomène auquel le territoire n’a pas échappé et le recontextualiser dans le temps et dans l’espace pour en comprendre les enjeux d’hier et d’aujourd’hui.
Et les collégiens se prêtent au jeu. Tout comme les enseignants. « Demain [ce vendredi 23 avril], chacun des groupes va exposer ce qu’il a appris et retenu », se languit d’avance Sophie Moreau, professeur d’histoire-géographie. Avant de procéder à un enregistrement audio avec leurs impressions, disponible par la suite en podcast. « Cet exercice leur plaît beaucoup car il vient en complément de ce que nous avons étudié en début d’année », ajoute-t-elle, impatiente de découvrir le résultat final.
En attendant, celle qui enseigne depuis 2013 à K2 se satisfait des premiers retours. Notamment dans sa classe de petits lecteurs et scripteurs. « J’ai été agréablement surprise car quand nous avons fait le travail de restitution, ils étaient fascinés, surtout lorsqu’ils ont dû expliquer des termes intraduisibles en shimaoré ! » Mieux encore, selon elle, cela leur permet de déconstruire la culture mahoraise et d’assimiler l’impact des Arabes et de la religion. « Ils n’en avaient pas forcément conscience », décrit-elle. Pas de doute, le devoir de mémoire va s’imprégner dans toutes les têtes.
Face à la situation et au silence des structures du gouvernement, les six salles de sports de Mayotte ont lancé une pétition en ligne sur change.org à destination du délégué du gouvernement, Jean-François Colombet, pour tenter de faire entendre notre voix.
Fermées administrativement depuis le début du second confinement, les infrastructures n’ont pas pu rouvrir. « Nous sommes à ce jour sans nouvelle de la préfecture, lorsque nous arrivons à avoir quelqu’un, nous sommes automatiquement renvoyés dans nos cordes sans réponse », tempètent-ils.
« Par cette pétition, nous ne voulons pas oublier la situation sanitaire, loin de là. D’ailleurs, notre métier est avant tout de prendre soin du corps et donc de la santé de nos adhérents, nous y attachons une importance capitale. En ce sens, nous nous sommes tout de suite adaptés à la situation pour ne pas participer à la propagation du virus : appareils distants les uns des autres, parcours à sens unique, jauge maximale d’accueil du public, nettoyage des machines avant et après chaque utilisation. Tout est réuni pour assurer cette sécurité sanitaire, tout en permettant l’exercice d’une activité physique. »
Et alors que les taux d’incidence et de positivité ne cessent de baisser depuis le 15 mars, les responsables des salles de sports s’interrogent… « Pourquoi sommes-nous ignorés dans nos requêtes. Nos adhérents ont parfois un besoin vital de pratiquer une activité physique ! Nous participons à l’activité de l’île, au même titre qu’un commerce ou qu’un restaurant. Alors nous nous en remettons à vous chers amateurs, adhérents ou simples citoyens supporters : aidez-nous, partagez cette pétition et signez-là si vous aussi vous souhaitez pouvoir nous retrouver rapidement dans nos salles ! »
La résidence SIM de Kwalé n’offre aucun dispositif de sécurité.
Suite aux violences survenues à Koungou fin février dernier, les habitants du lotissement Sim de Kwalé sont sur leurs gardes. En effet, le programme de décasage initié par la préfecture prévoit de raser les habitations situées juste en face de la résidence dans le but d’y construire un lycée. Les habitants craignent donc le même genre de débordements que ceux de Koungou et exigent une sécurisation des lieux.
« Notre résidence n’est pas du tout sécurisée. Le portail automatique, en panne depuis deux ans, reste constamment grand ouvert et la SIM n’est jamais venue le réparer », se plaignent d’une seule et même voix les habitants du lotissement de Kwalé. Comme la plupart des résidences SIM, cette dernière ne possède pas particulièrement de dispositif de sécurité mis à part l’unique élément cité, qui plus est vaguement dissuasif. Résultat des courses : on y pénètre comme dans un moulin ! « Des jeunes avec des bandes de chiens entrent régulièrement dans la résidence, les vols de scooters sont nombreux et nous ne pouvons rien laisser sur les varangues ! », pointent-ils du doigt.
Un noyau dur de résidents a décidé de se mobiliser pour alerter les autorités sur les manquements de la SIM en terme de sécurité.
Ces problèmes de sécurité sont communs à quasi l’ensemble des lotissements SIM de l’île. Olivier, nouvel arrivant à Kwalé, habitait encore récemment celui de Tsoundzou 2 où la situation devenait intenable… « Tous les habitants des bangas passent par [là] pour se rendre chez eux. Au moins une fois par semaine, les vitres d’une voiture sont cassées. Si nous avons le malheur de laisser un téléphone dans sa voiture, il est volé en deux minutes. Les cambriolages « à la perche » sont monnaie courante, il faut donc tout éloigner des fenêtres », raconte-il, d’un ton agacé. Sans compter les enfants manipulés par des bandes d’adultes pour passer à travers les barreaux des maisons afin « d’aller chercher l’argent ». En bref, les lotissements SIM en général sont la cible de nombreux vols. « Les délinquants connaissent le montant des loyers, ils se disent donc que ce sont des « habitations de riches » et nous prennent régulièrement pour cible », déroule toujours Olivier.
La SIM dans le collimateur
Malgré les nombreux signalements de ces désagréments à la SIM, celle-ci n’a jamais pris la peine de sécuriser ses lotissements. Pas plus à Kwalé qu’ailleurs. « Quand nous les appelons à propos du portail, ils disent toujours qu’ils vont s’en occuper, mais nous ne voyons jamais rien venir ! », s’agace Thierry, un autre habitant du lotissement. Et c’est la même chose pour l’entretien des logements en général. « Ils ont mis un an avant de venir nous installer la clim et la cuisine n’est toujours pas aménagée. Des devis sont faits, mais rien n’avance ! », explique Zora, qui a même cessé de payer son loyer depuis cinq mois tant que les travaux promis ne seront pas commencés. « Je tiendrai mes obligations quand la SIM tiendra les siennes », affirme-t-elle, déterminée. « Oui, oui ! », telle est la réponse phare de la SIM. Mais rien ne suit jamais derrière selon les résidents en colère.
Ce manque d’entretien n’est cependant qu’un détail au regard des problèmes de sécurité. Lors des évènements de Koungou fin février dernier, c’est bien la résidence SIM que les délinquants ont ravagée. Elle était en effet beaucoup plus facile d’accès que la résidence du Hameau du récif à laquelle les voyous avaient pourtant décidé de s’attaquer en premier lieu. Et comme un décasage est prévu sous peu au-dessus du collège de Kwalé, les habitants du lotissement craignent le pire. « En 2016, le préfet Frédéric Veau avait décasé un bidonville de Tsoundzou 1. Lorsque les bulldozers sont arrivés, les délinquants les ont cramés. Il y a eu de nombreux débordements, jusqu’à Kwalé, provoquant la fuite des habitants, apeurés », se souvient Patrick, le plus ancien locataire du lotissement. Ses voisins et lui craignent donc vivre la même histoire avec le futur décasage, prévu cette fois-ci juste en face de leurs logements.
Zora a fait signer une pétition a l’ensemble des habitants pour exiger de la SIM qu’elle répare au moins le portique. « Les forces de police font des rondes et nous rappellent quotidiennement que tant que le portail restera grand ouvert, nous ne serons pas à l’abri d’incidents graves et répétés », peut-on notamment y lire. Une copie de cette pétition a également été adressée au commissariat de police et à la mairie de Mamoudzou afin qu’ils soient informés des manquements de la SIM.
Depuis fin novembre 2020, le service de réanimation est informatisé via le logiciel Grimoires. Un nouvel outil qui centralise toutes les données des patients, qui simplifie la prise en charge et qui apporte un confort supplémentaire aux personnels soignants. Non seulement, cela permet de diviser par dix l’erreur humaine mais aussi d’être un facteur d’attractivité.
« Nous passons d’une caravelle d’Air France des années 80 à un 787 flambant neuf. » De l’aveu de son chef de service, Renaud Blondé, la réanimation rentre dans « le XXIème siècle » en se dotant du logiciel Grimoires. Un outil informatique financé à hauteur de 200.000 euros par l’agence régionale de santé océan Indien et installé le 24 novembre dernier, qui met définitivement fin à l’ère du papier, sur lequel étaient rédigées à la main, quotidiennement, les 400 données les plus importantes de chaque patient. Un moyen aussi de « diviser par dix » l’erreur humaine, qui peut forcément se payer cash. « Nous ne savons pas si cela nous a permis de sauver des vies durant la seconde vague, mais en tout cas, cela a été plus facile à gérer pour les personnels soignants au vu de la charge de travail très élevée », confie-t-il devant son écran, les yeux rivés sur les datas de la quinzaine d’hospitalisés en ce moment.
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Car oui, ce qui change avec cette technologie, déployée dans seulement un quart des services de réanimation métropolitains et ultramarins, c’est la capacité d’avoir « une vision globale de tous les malades ». En d’autres termes, de pouvoir suivre en temps réel « tous les paramètres de chaque scope (moniteur de surveillance) ». Et ainsi de connaître l’état de santé des patients qui sont intubés, qui sont sous respirateur, qui ont une machine de dialyse ou d’hémofiltration, qui reçoivent des antibiotiques ou qui ont une assistance circulatoire… « Auparavant, nous étions obligés de faire des aller-retour dans chaque chambre pour avoir cette information. Maintenant, nous pouvons y avoir accès depuis n’importe quel bureau de la réanimation », se réjouit Renaud Blondé, convaincu que cette nouvelle méthode de travail apporte davantage de sérénité. Toutefois, cela ne proscrit en aucun cas la communication entre les médecins et les infirmiers, bien au contraire. « Nous allons toujours transmettre les consignes oralement. L’informatique nous laisse simplement une trace écrite. »
Des procédures dégradées en cas de panne
« Tout est sécurisé entre la prescription et l’administration », assure Christophe Heuberger, le directeur général de la société Terenui, éditrice du logiciel. Mais est-ce réellement fiable en cas de panne de courant, un phénomène auquel est régulièrement assujetti le 101ème département ? « Nous avons des procédures dégradées », prévient-il. « Imaginez que tout s’éteigne : nous avons des ordinateurs branchés sur des onduleurs, qui ne sont pas reliés au serveur et qui mettent à jour toutes les minutes les 8.000 données. » Il suffit alors d’imprimer une version papier. Dans le but d’éviter d’injecter deux fois un médicament « sensible » en cas de confusion !
Enfin, l’informatisation est également un facteur d’attractivité pour le personnel. Si la réanimation possède une équipe jeune et complète depuis plus de cinq ans, elle n’aurait alors aucun mal à recruter de nouveaux soignants en cas d’ouverture de postes supplémentaires. « Nous pourrions évoquer le confort de ce nouvel outil pour fidéliser quelques infirmières alors que beaucoup ont rendu leur tablier après la première vague. » Pas de doute, le service mahorais joue bel et bien dans la cour des grands, alors même que le logiciel n’est actuellement déployé qu’à 30%. « Nous allons connecter deux nouveaux appareils », s’enthousiasme Renaud Blondé, conscient de cette opportunité pour le territoire.
Une “machine bien huilée”, selon le procureur. Accusées d’avoir facilité le passage de clandestins directement depuis l’aéroport de Pamandzi, 11 personnes comparaissaient ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou. Parmi eux, deux anciens agents de la police aux frontières…
C’est une affaire qui avait fait grand bruit, jusqu’aux oreilles de la direction de la police aux frontières (PAF) à Paris. Un réseau de passeurs, constitué d’au moins huit personnes à l’époque et surtout deux agents de la PAF, agissant directement aux aubettes de l’aéroport de Pamandzi, avait été révélé en février 2019. L’enquête dévoilait alors les ficelles de ce réseau “parfaitement organisé”, selon les dires du parquet : les deux policiers facilitaient le passage de “clients” moyennant des sommes de plusieurs milliers d’euros, en leur fournissant des papiers d’identité appartenant à une tierce personne, et en fermant les yeux au moment des contrôles. Le but étant de les faire embarquer dans des avions à destination de La Réunion ou la métropole.
Ce mercredi, ce sont finalement 11 prévenus qui étaient jugés par le tribunal correctionnel de Mamoudzou pour des faits de corruption, d’aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en france, et d’aide à l’utilisation frauduleuse d’un document d’identité, de voyage ou de séjour par son titulaire. L’infraction courait sur une période de trois ans, de janvier 2016 à février 2019. Ce mercredi, sept d’entre eux étaient présents à la barre. Les passeurs risquaient jusqu’à dix ans d’emprisonnement.
Faisceau d’indices à la PAF
Quelques temps avant leur interpellation, plusieurs signaux d’alerte avaient déjà commencé à susciter les soupçons des services de la PAF à Paris : à la descente de l’avion, un nombre anormal de passagers se présentaient avec une carte d’identité au nom d’un tiers… laissant imaginer qu’un contrôle peu scrupuleux pouvait être à l’œuvre au départ des passagers, à l’aéroport de Pamandzi. En 2018, premier coup de filet : un voyageur est pris la main dans le sac, son visage ne colle pas avec la photo du document d’identité présenté. Pire, l’un des policiers reconnaît un collègue, qui travaille à l’aéroport. L’enquête permet alors de démontrer que l’agent en question a donné son passeport à une troisième personne qui s’est chargée de le remettre au voyageur clandestin. Les deux prévenus sont condamnés à trois mois de prison avec sursis.
Une organisation à trois échelons
“C’est à ce moment-là que la procédure va prendre une autre tournure”, déroule le président au moment de rappeler les faits. En septembre de la même année, l’agent écroué se présente à la brigade de recherche “en expliquant qu’il souhaite dénoncer l’ensemble du réseau auquel il a lui-même participé”. Les enquêteurs découvrent alors les rouages d’une entreprise rondement menée. Au premier niveau, des “rabatteurs” se chargent de recruter les étrangers en situation irrégulière mais aussi de trouver des “loueurs” de pièces d’identité pour leur faciliter le passage aux frontières. Puis viennent les coordinateurs, chargés de récupérer les informations obtenues par les rabatteurs et de les transmettre aux décisionnaires. À savoir, les deux agents de la PAF, qui, depuis le haut de la pile, donnent le go. Ou non.
Lexique garni et chefs de file
Le premier, c’est Monsieur B. : “le grand boss” tel qu’il est présenté tout au long de l’audition du dénonciateur. À la barre, ce mercredi, celui qui dépasse d’une tête tous les autres prévenus, cherche toutefois à minimiser son rôle. “C’est eux qui allaient chercher les clients et nous appelaient, nous on ne leur disait pas d’y aller. Même parfois, c’était trop dangereux, on disait “non”, car il y avait trop de risques”, répond à la barre l’homme à l’imposante carrure. “Vous aviez le pouvoir d’annuler”, lui rétorque le juge. Le deuxième agent, Monsieur S., nie lui aussi son rôle de décisionnaire. 37 photos de documents d’identité seront toutefois retrouvées dans son téléphone…“Pour moi c’était quelque chose qui arrivait de manière ponctuelle. Je n’avais pas connaissance de l’organisation, de tout ce monde-là. J’étais pris en étau”, affirme-t-il aujourd’hui.
Pourtant, l’affaire présente toutes les caractéristiques du réseau de passeurs. Pour preuve, ce langage codé utilisé entre les deux têtes présumées de l’organisation. “Voulé”, “poulpe”, “poulet”, ou encore “les brochettes sont au feu”… Un lexique gourmand alimente les nombreux échanges téléphoniques entre les deux agents. Et leurs explications hasardeuses ne satisfont pas vraiment le tribunal. “Moi si je vous envoie “ratatouille”, vous comprenez le message sans que je vous l’explique ?”, cingle le procureur.
Une affaire bon marché ?
L’autre zone d’ombre ? Les sommes d’argent empochées par ces passeurs. “Entre 2.500 et 3.000 euros par client”, selon l’un des prévenus entendus ce mercredi. Laquelle somme serait alors divisée, Monsieur S. touchant 2.000 euros, Monsieur B. et le rabatteur les 1.500 restants. Pourtant, alors que le “boss” reconnaît une trentaine de passages ainsi orchestrés, il n’aurait gagné que 5.000 euros en trois ans. Une somme ridicule, au regard des risques encourus, qui plus est avec son uniforme ! “Il a fait le choix de minimiser”, souligne d’ailleurs le procureur, au moment de faire ses réquisitions. Au vu des éléments du dossier, le parquet requiert, pour les 11 prévenus, des peines allant de trois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction de territoire français, à, respectivement quatre et trois ans d’emprisonnement avec sursis, pour les deux chefs présumés, plus cinq ans d’inéligibilité et d’interdiction d’exercer une activité en lien avec l’infraction.
Les juges seront plus sévères encore : en plus des réquisitions du procureur, Monsieur B. écope de 30 mois de prison ferme, soit encore 17 à effectuer compte tenu de sa détention provisoire, et 5.000 euros d’amende. Monsieur S., qui a déjà passé 12 mois en détention, repart quant à lui avec une condamnation de 36 mois de prison, dont 16 avec sursis et 7.000 euros d’amende. Tous les prévenus sont condamnés a minima à des peines de prison avec sursis. Les carottes sont cuites !
Depuis le début de l’année 2021, la marque Dounaa propose des couches pour enfants conçues, développées et commercialisées à Mayotte. L’objectif de cette jeune entreprise : répondre aux problématiques environnementales dues à la démographie croissante de l’île.
“Mayotte bat tous les records de naissance, près de 10.000 enfants sont nés sur notre territoire en 2020. Cela représente près de 1.446 couches par enfant chaque année. Rapporté au nombre de naissances, nous aurions potentiellement 1.446.000 couches déversées dans la nature chaque année. Nous en retrouvons malheureusement trop souvent sur les plages ou dans la mangrove. Notre souhait est de présenter aux parents qui adhèrent à notre projet une alternative budgétaire et environnementale aux couches jetables.” Les quatre créateurs de Dounaa travaillent depuis la fin d’année dernière sur ce projet de couches réutilisables 100% mahoraises. Deux couturiers assurent la confection des couches réalisées avec des tissus biologiques certifiés Oeko Tex achetés sur le territoire de Mayotte. À terme, celles-ci devraient être fabriquées à partir de tissus recyclés afin de répondre aux exigences environnementales de la marque.
“Il n’y a pas de ligne d’arrivée”
Soucieux de répondre aux exigences des consommateurs et de leur offrir un produit à la fois efficace, confortable, sain et esthétique, les créateurs des couches Dounaa ont réalisé différentes phases de tests. “Nous avons eu un panel d’une dizaine de testeurs qui ont pu nous faire des retours précis sur des améliorations à apporter. Aujourd’hui, nous proposons cinq gammes de tailles adaptables à toutes les morphologies grâce à un système de boutons pressions et de velcros.” Pour garantir l’absorption, les couches sont composées de plusieurs épaisseurs permettant d’assurer leur imperméabilité. De plus, Dounaa souhaite grâce à ses designs innovants “changer de la monotonie des couches blanches et apporter de l’élégance à bébé”.
Des perspectives d’avenir et de développement
La jeune entreprise voit déjà grand et projette de recruter un ou deux couturiers afin d’assurer les futures commandes et ainsi garantir une production locale. Ils espèrent séduire un large public à Mayotte mais aussi dans les territoires voisins. “Nous sommes dans un département et une région géographique où la natalité est très forte. Certains fabricants internationaux investissent notamment en Afrique de l’Est considérant que la simplicité de la couche jetable en fait le produit d’avenir dans la région. Nous posons le postulat inverse et souhaitons avoir l’opportunité de convaincre sans cesse plus de parents que Dounaa est un produit d’avenir.”
Mayotte entretient des relations avec certaines régions de Djibouti depuis maintenant deux ans. Cette alliance s’est concrétisée à travers la signature d’une convention accord-cadre de coopération entre le conseil départemental et les régions de Tadjourah et Ali Sabieh ce 21 avril. Elle marque le début d’une coopération pour développer ces territoires.
C’est la concrétisation de deux ans d’amitié et le début d’une collaboration socio-économique entre Mayotte et Djibouti. Notre île vient de signer deux conventions, l’une avec la région d’Ali Sabieh et l’autre avec celle de Tadjourah toutes deux localisées à Djibouti. Elles permettront aux territoires de mener des actions dans l’objectif de se codévelopper. « Nos actions seront axées sur les échanges de bonnes pratiques dans les domaines sportifs et culturels, l’éducation et la formation professionnelle, les transports maritimes et la gestion des ports, le tourisme, l’eau potable, le reboisement, la santé et l’action sociale, l’amélioration des échanges commerciaux et économiques, l’appui et accompagnement institutionnel », détaille le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani.
Cette liste non exhaustive marque le début des travaux entre les trois régions et chacune d’elles devra mettre la main à la poche. « Au niveau du Département, il y a un budget qui est dégagé tous les ans pour l’action de coopération décentralisée. Ensuite, nous nous sommes battus pour avoir l’autorité de gestion du Feder pour la coopération », indique Mohamed Sidi, sixième vice-président chargé de l’Europe et de la coopération décentralisée.
Plus de visibilité dans la région de l’Afrique de l’Est
Il va de soit que chaque région a ses propres intérêts dans cet accord-cadre. Mayotte espère faire de Djibouti un allié de taille pour nouer des liens avec les autres pays de l’Afrique de l’Est. « Si nous voulons réellement avoir notre place dans cette région, cela commencera par la collaboration avec Djibouti qui siège dans les grandes organisations africaines. Cette amitié nous facilitera l’intégration dans ces espaces », espère Mohamed Sidi. Et cela pourrait favoriser le rayonnement de l’île dans le canal de Mozambique. C’est du moins ce que souhaite le président du Département. Mieux connaître la région pour mieux s’en inspirer, c’est en somme, ce qui ressort de ces conventions avec Tadjourah et Ali Sabieh.
Chaque territoire devra apporter une plus-value à l’autre. Et si Djibouti excelle dans certains domaines comme le sport, l’art ou encore l’artisanat, Mayotte a également quelques avantages qu’elle pourrait partager avec les deux régions concernées. « Nous sommes en pleine décentralisation ici, eux commencent à peine, nous pouvons donc leur apporter cette expertise. Ils ont aussi des problèmes de déboisement, nous avons vécu ce phénomène avec les padzas et nous pouvons les guider », précise Mohamed Sidi. Si le Département a décidé d’officialiser ses relations avec Djibouti, ce n’est sûrement pas par hasard. La proximité culturelle, religieuse et surtout linguistique a pesé sur la balance. Cette coopération qui est préparée depuis 2019 est planifiée sur deux ans pour l’instant, mais elle pourrait être reconduite tacitement si chaque partie honore ses obligations.
Une semaine après l’assassinat de Momix, sa famille a décidé de sortir du silence pour la première fois. La mère et la sœur de l’adolescent nous ont exclusivement ouvert leurs portes pour partager leur peine, leur colère mais surtout leur peur.
Allongée sur son lit, entourée de ses enfants et de quelques voisines, Badirou semble ailleurs. Le regard dans le vide, elle écoute les femmes qui l’entourent et qui essayent de la réconforter. Mais ces dernières savent que leurs mots ne suffiront pas à apaiser le cœur de cette mère qui vient de perdre son fils. « Je suis musulmane et je m’en remets à Dieu, mais ça n’atténue pas ma tristesse. Je pense qu’elle ne partira jamais parce qu’il n’y a rien de plus dur que de perdre enfant », dit-elle d’une voix tremblante. Peu de gens con-naissent la vérité, Badirou n’est pas la mère biologique d’Ambdoullah, dit Momix, mais plutôt sa tante. Originaire d’Anjouan, elle a pris le jeune garçon sous son aile alors qu’il n’avait que deux ans à la suite du décès de sa mère. Pour ne pas séparer Ambdoullah de ses frères et sœurs, elle décide d’emmener toute la fratrie avec elle à Mayotte. Cinq enfants viennent alors s’ajouter à ses neuf enfants biologiques.
Mais la mère de famille dit ne jamais avoir fait de différence entre eux. « Je les ai élevés comme mes propres enfants, j’ai toujours été leur maman », raconte-t-elle. Alors lorsque ce jeudi 15 avril, elle reçoit un coup de fil lui annonçant la mort d’Amboullah, tout s’écroule autour d’elle. La douleur est d’autant plus difficile puisqu’elle ne se trouvait pas sur le territoire à ce moment-là. « J’étais à Anjouan, cela faisait des mois que j’étais coincée là-bas. Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai remué ciel et terre pour pouvoir rentrer et grâce à l’aide du maire de Mamoudzou et du préfet, j’ai pu dire adieu à mon fils », indique-t-elle pleine de reconnaissance.
Sous le choc pendant plusieurs jours, Badirou préfère aujourd’hui se remémorer les bons souvenirs comme pour faire taire les rumeurs qui affirment que son fils faisait partie d’une bande de délinquants. Elle se souvient au contraire d’un garçon exemplaire. « Il est allé à l’école coranique, il allait à la mosquée, à la maison c’était un enfant adorable. Je ne sais pas comment il se comportait dehors, mais personne n’est jamais venu se plaindre de mon fils auprès de moi », affirme-t-elle. Et sa grande soeur Sadjida d’ajouter : « L’une de ses professeurs nous a dit que c’était un bon élève, il était gentil, il souriait tout le temps. C’était un enfant joyeux. » Des propos qui interrogent encore plus sur les raisons de ce drame.
« Je me disais que c’était juste une embrouille entre gamins »
Si certains disent que Momix était au mauvais endroit au mauvais moment, selon le témoignage de sa famille, tout porte à croire que l’agression mortelle a été pensée par un groupe de jeunes qui visaient la victime ainsi que son frère jumeau. Tout commence lors-que le grand frère de Momix se dispute avec l’un de leur voisin. Le fils de Badirou aurait mis une tape à l’autre garçon. « Tu vas regretter ce que tu as fait. Si je croise l’un de tes petits frères, je le tue », lui aurait-il répondu, selon les dires de la la mère de famille. Mais personne ne prend cette menace au sérieux. « Je me disais que c’était juste une embrouille entre gamins. Jamais, je n’aurais pensé qu’il l’aurait réellement tué », poursuit Sadjida, la sœur.
Pourtant, avant son assassinat, Momix était sujet à des agressions venant du même groupe de jeunes qui lui auraient ôté la vie. « Notre voisin l’a frappé une première fois ici à M’tsapere. Ses amis de Doujani et lui l’ont agressé une deuxième fois dans le lycée. Ils lui ont cassé le bras et il a été opéré. Ils ont attendu qu’il soit rétabli pour en finir avec lui », détaille la mère, cette fois-ci en colère. Selon sa sœur, Momix ne se sentait plus en sécurité. Il avait même changé ses habitudes par peur. « Avant, quand ils allaient au lycée, ils passaient par M’tsapere. Après les disputes, mes frères ont décidé de passer par Cavani Sud. Comment les agresseurs ont-ils su qu’ils avaient changé d’itinéraire ? Je suis sûre qu’ils l’ont suivi », persiste Sadjida. Âgée de 18 ans, cette dernière ne souhaite qu’une seule chose : que la justice prenne des sanctions exemplaires. « Ils ont tué mon frère, alors ils méritent la peine maximale. Ils ne doivent pas être jugés comme des enfants, parce que les enfants ne font pas ce qu’ils ont fait », supplie-t-elle à qui veut bien l’écouter.
Quand la peine laisse place à le peur
Aujourd’hui, la famille de Momix vit constamment dans la peur. Ce même groupe d’individus, accusé par la famille endeuillée, aurait proféré des menaces de mort sur les réseaux sociaux destinées au jumeau de Momix. « Ils ont dit qu’ils ne vont pas s’arrêter et qu’ils sont déterminés à trouver l’autre frère pour en finir avec lui », tremble Badirou. Elle ne comprend pas un tel acharnement et a peur pour la vie de ses enfants ainsi que la sienne. Certains ne vont plus à l’école, d’autres sont constamment surveillés. « J’ai un fils qui étudie au lycée de Kahani et j’ai peur de le laisser partir seul. Mon fils ainé l’accompagne jusqu’à l’arrêt de bus, et à la fin de la journée, il va l’attendre au même en-droit pour le récupérer », raconte la mère. Elle refuse d’envoyer à l’école le petit dernier scolarisé au collège de Doujani.
Quant au jumeau de Momix, il ne sort tout simplement plus de la maison. La famille, qui habite dans une case en tôle dans les hauteurs de M’tsapere, ne trouve plus le sommeil. « Ces délinquants savent où j’habite et j’ai peur qu’ils viennent mettre le feu chez moi. Tous les soirs, nous partons tous dormir chez ma fille aînée. Mais nous ne pouvons pas éternellement vivre comme ça », souligne Badirou. Elle souhaite déménager, partir là où personne ne les connaît. Toute la famille se dit même prête à quitter Mayotte, mais n’en a pas les moyens… Elle lance donc un appel aux autorités compétentes pour les sauver.
Pour des raisons de sécurité, la famille n’a pas souhaité être photographiée.
Vendredi dernier, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soulaïmana, a pris un arrêté stipulant que les élèves de primaire et les collégiens de la ville chef-lieu devaient être accompagnés par un parent ou un tuteur légal à son établissement scolaire ou son transport. Si le recteur salue l’idée de sensibiliser la présence d’adultes, il rappelle que l’Éducation nationale ne peut refuser un enfant qui se présente seul.
L’annonce a eu l’effet d’une bombe… Vendredi dernier, la municipalité de Mamoudzou décide de prendre un arrêté inédit en réponse aux récents événements de violence aux abords et sur le trajet des établissements scolaires. Celui-ci stipule que « tout mineur scolarisé à l’école primaire devra être obligatoirement accompagné par un parent, un tuteur légal ou un accompagnant majeur afin d’y être accueilli ». Et vice-versa sur le chemin du retour. Une mesure forte qui s’applique à partir de ce jeudi 22 avril. « C’est une démarche définitive, elle n’a pas lieu d’avoir une date de fin », persiste et signe Ambdilwahedou Soumaïla, le premier magistrat, au vu de la « situation tendue ».
En accord avec le rectorat, le Département et la police nationale, ce dispositif concerne également les collégiens de la ville chef-lieu. Avec en plus, une petite particularité pour ceux qui empruntent les transports scolaires. « Nous demandons aux parents d’apporter leur pierre à l’édifice et de les accompagner sur le trajet domicile-arrêt de bus. Il nous paraît compliqué de les laisser se balader seuls. » Et en cas de manquement à la règle, « ils seront refoulés par un médiateur lors de la montée dans le bus ».
« Nous ne pouvons pas refuser un élève »
Si le recteur, Gilles Halbout, dit se réjouir « d’avoir un élu volontariste, qui pose la question du rôle des parents », il relate quelques fondamentaux de l’Éducation nationale. Notamment par rapport aux sanctions proférées par Ambdilwahedou Soumaïla. « Nous ne pouvons pas refuser un élève qui se présente seul devant son école », insiste le responsable de l’académie de Mayotte. « Ce serait presque dangereux de les renvoyer chez eux. »
Peu importe, l’édile de la commune semble déterminé par rapport à sa ligne de conduite. « L’enfant ne sera pas admis ! [Et] nous saisirons les tribunaux pour manquement à l’autorité parentale », maugrée-t-il, avant de citer l’article 371-1 du code civil pour sa défense. Suffisant pour en faire un geste « naturel » ? Cela risque surtout de rajouter de l’huile sur le feu… « Nous demandons juste que tout le monde s’implique, nous ne voulons pas les contraindre. »
Police municipale, vidéoprotection et éclairage public
Tout un discours qui s’oriente naturellement vers un chemin plus politisé. « Nous, à la ville, nous avons 66 caméras. Nous allons en financer 120 supplémentaires. Nous avons 36 policiers municipaux, nous allons en recruter huit de plus cette année pour arriver à 70 d’ici la fin de mandature. » Des investissements qui complètent l’ouverture annexe de polices municipales à Passamaïnty et à Kawéni à la rentrée prochaine « pour être au plus proche de la population ». Sans oublier les financements pour l’éclairage public, à savoir dix millions d’euros cette année, auxquelles s’ajoutent 13 autres millions « pour les autres coins ».
De quoi convaincre à demi-mot le recteur, qui rappelle que « les maires ont déjà bien d’autres responsabilités à occuper, comme la construction des écoles mais aussi la gestion du périscolaire et de la restauration ». En d’autres termes, cet arrêté symbolise surtout que les uns et les autres doivent rester à leur place… Mais ce n’est ni plus ni moins le lot d’un département récent, en plein développement, dans lequel chacun doit encore apprendre à délimiter ses compétences.
Dans le cadre d’un projet de coopération régionale, les classes de CAP agricole du lycée de Coconi travaillent cette année sur un projet pilote de permaculture. Au programme, “Banana Circles” mais aussi fabrication et mise place d’”oyas”.
Un “Banana Circle”… Saperlipopette, mais que signifie donc cette expression à dormir debout ? “Le concept fait partie de la permaculture. Nous créons un fossé, en forme de cercle dans lequel seront déposés des déchets verts. Autour de celui-ci, nous plantons différentes espèces vivrières, puis à l’extérieur, des bananiers. Rempli de matières organiques, le fossé au milieu enrichit la terre et garde aussi l’humidité. L’objectif est de regrouper un maximum de plantes dans un espace réduit, en utilisant le moins de ressources possibles”, détaille tel un expert Abdallah Saïd-Massoundi, enseignant en classes de CAP agricole au lycée de Coconi, où ont été créés plusieurs de ces “Banana Circles” . Cette expérimentation s’inscrit dans le projet de coopération entre différents établissements des Comores et de Madagascar qui échangent quotidiennement sur les techniques permacoles adaptées au climat de l’océan Indien.
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Un oya qu’est-ce que c’est ?
Toujours dans le cadre de leur projet de permaculture, les étudiants de l’établissement scolaire se sont aussi inspirés d’une technique venue tout droit de Madagascar : un contenant en terre cuite, au doux nom d’oya. Pour cela, il faut l’enterrer aux pieds des plantations et le remplir d’eau afin qu’il diffuse son contenu dans la terre durant plusieurs jours. “Notre projet consiste à créer des techniques écologiques dans le but de gaspiller moins d’eau. Les oyas permettent d’arroser les plantes tous les deux ou trois jours et évitent que l’eau ne ruisselle. Grâce à ce système, les racines captent seulement ce dont elles ont besoin. Nous espérons aussi qu’avec la captation en profondeur de l’eau par les plantes, les mauvaises herbes présentes en surface se développent plus difficilement”, récite d’une main de maître l’un des élèves en première année de CAP agricole. Au cours de leur formation, les élèves ont pu s’initier à la poterie et réaliser des oyas de différentes tailles et formes. L’objectif ? Expérimenter des techniques et des contenances différentes afin de déterminer lesquelles sont les plus adaptées aux besoins agricoles.
“L’expérimentation croisée” clé de la permaculture
À travers cette coopération, quelles sont les attentes de ce travail en commun ? Réponse avec Cécile Morelli, chargée de mission au sein du lycée de Coconi. “Avec nos partenaires, nous proposons de nouvelles expériences que nous essayons de mettre en œuvre avec nos élèves et l’ensemble de nos équipes sur nos exploitations et dans nos établissements. Ensuite, nous croisons nos résultats de façon à apprendre les uns des autres.”
Aujourd’hui, le lycée de Coconi espère pouvoir réaliser un voyage d’échange à Madagascar afin que les élèves de CAP agricole puissent découvrir de nouvelles techniques sur le terrain avec leurs homologues malgaches.
Les élèves du lycée Younoussa Bamana ont décidé de rendre un nouvel hommage à leur camarade Momix ce lundi 19 avril. Environ 600 jeunes ont entamé une marche partant de leur établissement scolaire jusqu’au rond-point Zena Mdere. Les lycéens, entendus par le maire de Mamoudzou et leur proviseur, demandent plus de sécurité.
L’émotion ne retombe pas au lycée Younoussa Bamana. L’agression mortelle de Momix, âgé de seulement 17 ans, à Cavani, a été un choc pour tous les élèves. Ses camarades les plus proches ont souhaité lui rendre un nouvel hommage en organisant une marche dans les rues de Mamoudzou. Dès 6h du matin ce lundi, les élèves se sont rassemblés devant l’établissement scolaire. Environ 600 jeunes, selon la police municipale de Mamoudzou, se sont dirigés par la suite vers le rectorat puis la mairie de la commune chef-lieu.
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Les lycéens observent alors une minute de silence. Visages fermés, quelques larmes coulent sur les joues de ceux qui connaissaient Momix. Il est plus que jamais présent dans les esprits de ses camarades. « Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai beaucoup pleuré, j’étais triste », raconte un ami de la victime. « J’étais tout le temps avec lui, je n’arrive pas à y croire… », marmonne-t-il, visiblement encore sous le choc. Le cortège lit ensuite des versets du Coran en guise d’offrande pour le défunt, puis poursuit son parcours jusqu’au rond-point Zena Mdere.
Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla se joint à la manifestation et adresse quelques mots. Mais il est rapidement conspué. Les élèves en colère scandent « Maire, démissionnez ». « Je pense que la foule était agacée parce qu’on s’attendait à ce qu’il propose des solutions, mais il n’a fait que répéter ce qu’il avait déjà dit dans les médias », explique Haddad, l’un des organisateurs du mouvement. Mais le premier magistrat n’en démord pas et essaye d’apaiser les tensions. Certains l’écoutent attentivement, alors que d’autres n’en voient pas l’intérêt. L’édile prononce alors une phrase qui ne passe pas inaperçue auprès des jeunes. « Votre sécurité est la responsabilité de la mairie, du Département, de l’État, mais aussi de vos parents ! » La réponse des élèves ne s’est pas faite attendre puisque tous se mettent à le huer en signe de désaccord. La pression monte d’un cran, Ambdilwahedou Soumaïla est chahuté, avant d’être rapidement “exfiltré”.
« Les paroles, on les a trop entendues, on veut des actes »
Le cortège, qui devait se rendre par la suite à la préfecture, est immédiatement redirigé vers le lycée Younoussa Bamana par les forces de l’ordre pour éviter d’éventuels débordements. Fiers d’avoir marqué le coup, les élèves attendent désormais des réponses de la part des autorités. « Les paroles, on les a trop entendues, on veut des actes, on veut se sentir en sécurité quand on va à l’école ou qu’on en sort » indique une jeune manifestante. Depuis vendredi dernier, certains élèves ont décidé de ne plus se rendre en cours tant que le lycée n’aura pas trouvé des mesures plus fermes pour assurer leur sécurité.
Un choix soutenu par certains parents qui ont voulu manifester avec leurs enfants. « Nous sommes fatigués que nos enfants vivent ce genre de violence. Quand on les envoie au lycée, on a peur, on se demande s’ils rentreront sains et saufs », raconte Raïssa, une mère. Cette dernière aimerait voir la police et la gendarmerie devant l’établissement scolaire dès la première heure de cours jusqu’à la dernière. Une hypothèse difficilement plausible, mais Laurent Prevost, le responsa ble du lycée Younoussa Bamana, est ouvert à toute proposition. Il a d’ailleurs reçu un petit groupe d’élèves pour les rassurer. « Le proviseur nous a beaucoup parlé de l’implication du lycée dans ces affaires. Il maintient le fait que les élèves sont en sécurité devant l’établissement, ce qui est relativement vrai », relate Haddad.
Pendant la manifestation, tout le monde a pu ressentir non seulement la douleur des jeunes mais surtout leur colère. À leur jeune âge, beaucoup ne croient plus en l’efficacité des autorités. « Nous sommes satisfaits de l’ampleur que le mouvement a pris, mais pas du résultat. On sera réellement satisfaits quand on n’aura plus la boule au ventre pour aller à l’école, quand on pourra vivre en paix sur cette île », poursuit ce lycéen qui porte la voix de ses camarades. Son autre regret ? Le silence du délégué du gouvernement. « Le préfet n’a pas pris la parole depuis le début de ces événements, on s’est sentis offensés .» Ironie du sort, la manifestation qui s’était déroulée sans accroche a été entachée vers la fin par des individus qui ont essayé de s’introduire dans le lycée Younoussa Bamana en essayant d’enfoncer l’un des portails. Présente, la police a rapidement réagi. Mais la panique a poussé une grande partie des lycéens à quitter les lieux plus tôt que prévu. Comme par réflexe.
C’est une “chance”. Contrairement à l’année dernière, où le Ramadan se déroulait en plein confinement, les mosquées de l’île sont cette fois autorisées à rouvrir pour accueillir, sous certaines conditions, les pratiquants durant le mois saint. Car c’est un Ramadan inédit que les croyants de l’île s’apprêtent à vivre. Fin des rassemblements, prières, vaccins, le cadi de Sada rappelle pourquoi les messages de l’islam font particulièrement écho au contexte sanitaire actuel.
Mercredi, 7h30. Dans un établissement scolaire du sud de l’île, les cours ont commencé depuis déjà une demi-heure. Au détour d’un exercice , Romain*, professeur d’histoire-géographie, propose à ses élèves de se désinfecter les mains. Un petit rituel désormais bien rodé. Comme à chaque fois, les adolescents font la moue devant le flacon odorant à la texture visqueuse et collante, avant de tendre leurs mains sous la pompe de gel hydroalcoolique, les paumes tournées vers le ciel. Pourtant ce jour-là, celui qui marque le début du mois saint à Mayotte, deux jeunes filles caquettent, rechignent. “Mais Monsieur, c’est Ramadan, on n’a pas le droit !” Un brin dubitatif, l’enseignant hausse un sourcil. “C’est à cause de l’alcool. Vous savez, c’est pareil avec les parfums…” Pas tout à fait, en réalité.
Dans les faits, les fragrances contenant en grande quantité une substance capable de provoquer l’ivresse sont effectivement proscrites au yeux du Coran. Une exception subsiste : le recours aux solutions alcooliques est permis en cas de nécessité. Et dans le cadre d’une pandémie mondiale, la désinfection en est une. “Le fondement de l’islam, c’est de préserver la vie, la sienne et celle des autres”, rappelle sans détour le cadi de Sada, Abdallah Mohamed, celui-là même qui l’année dernière, avait prêté son visage et sa voix à une campagne de sensibilisation aux respects des gestes barrières lors du premier Ramadan en temps de Covid.
Tolérance zéro pour la prière et le foutari
“L’année dernière, les mosquées étaient fermées pendant le Ramadan car Mayotte était encore confinée à ce moment-là”, se souvient-il. “Cette année, nous avons la chance de pouvoir pratiquer notre religion dans nos lieux de culte. Alors il est capital qu’elle ne devienne pas un facteur de transmission du virus” En ce sens, les pratiquants doivent revoir leurs habitudes au sein des sanctuaires : chacun doit apporter son propre tapis de prière, porter le masque et respecter une distance de deux mètres. En sus, chaque mosquée est soumise à accueillir un nombre limité de personnes. “Si nous avons connaissance d’une mosquée qui ne respecte pas ces mesures, nous la ferons fermer immédiatement !”, promet le dignitaire religieux. “Et ce même si cela concerne ma propre mosquée, c’est non négociable !” De quoi éviter les écueils de l’année passée, où malgré l’interdiction d’accueillir les croyants, certains lieux saints ouvraient discrètement leurs portes quand venait l’heure de la prière.
Preuve que l’exemplarité est cette fois la règle à suivre, les cadis de l’île ont récemment fait fermer la mosquée de M’tsangamouji, voyant que les préconisations sanitaires n’y étaient pas respectées. “Nous demandons à tous d’être attentif à cela et de nous signaler tout problème pour que nous puissions agir et permettre à tous les musulmans de prier sereinement jusqu’à la fin du Ramadan”, prévient Abdallah Mohamed. “Regardez à La Mecque, si quelqu’un ne respecte pas les gestes barrières, il est sanctionné tout de suite !”. Autre alternative, la prière à domicile, qui, aux yeux de Dieu, a la même valeur que celle effectuée dans les lieux de culte.
Mais dans l’intimité des foyers, lorsque résonne la voix du muezzin une fois le soleil couché, sonne aussi la rupture du jeûne. Un moment solennel qui, traditionnellement, se célèbre en famille, entre amis, entre voisins. Qui célèbre la convivialité et le partage. Loin de l’interdiction, encore en vigueur, de se rassembler au-delà de six personnes. “Avec la deuxième vague qu’à connue Mayotte, nous avons tous compris que les conséquences pouvaient être lourdes pour certains”, insiste le cadi. “Alors nous ne pouvons plus célébrer le foutari à 50, 100 ou 150 personnes comme nous avions l’habitude de le faire.” Là encore, aucune concession n’est permise : “Nous invitons tous les musulmans à rompre le jeûne uniquement avec les personnes qui vivent sous le même toit, pas plus. Il ne faut inviter personne, pas même sa propre mère si elle vit ailleurs !” Et la règle reste de mise pour la fête de l’Aïd, l’un des jours les plus importants de l’année à Mayotte. L’un des jours, aussi, où les gens se rassemblent le plus. “Un bon musulman doit prendre soin de soi et des autres, c’est la volonté de Dieu.” Et dans ce contexte si particulier, le soin de soi et des autres passe inévitablement par le respect des gestes barrières. “Un point c’est tout !”, martèle le cadi. La messe est dite.
* Le prénom a été modifié.
Jeûne et vaccin
Symboliquement, “le jeûne est aussi une façon de vivre et de comprendre la souffrance de ceux qui n’ont pas de quoi se nourrir tous les jours”, rappelle le cadi de Sada. Mais derrière ce mouvement de compassion et de solidarité, la privation de nourriture vise aussi à purifier le corps en lui permettant de mieux se régénérer. Sans le processus de digestion, les organes qui profitent d’une forme de repos, peuvent éliminer plus efficacement les toxines accumulées tout au long de l’année. Se pose alors la question de l’interférence du vaccin sur le processus, que certains peinent à trancher. Mais là encore, le juge musulman écarte d’un revers de la main tout soupçon d’incompatibilité : “Pendant la journée, nous n’avons pas le droit de donner au corps ce qui peut lui apporter plus de force, donc on peut se faire vacciner sans aucun problème, ça ne rompt pas le jeûne !”
Les rencontres sportives demeurent malgré les interdits
Afin d’accompagner la purification du corps, et d’éliminer les éventuels excès occasionnés lors du foutari, des tournois sportifs sont organisés quotidiennement à la nuit tombée pendant tout le mois saint. Des rencontres autour d’un ballon chères à la tradition, interdites au vu du contexte sanitaire. Pourtant, dans certains quartiers du chef-lieu notamment, les équipes, ou les pratiquants de mourengué – les combats de boxe traditionnelle – n’hésitent pas à se rassembler en catimini, coûte que coûte. Et sur la question, le cadi de Sada a là aussi un avis bien tranché : “Si l’on tient à faire du sport, on peut le faire chez soi ou aller courir dans son quartier. Il existe bien des façons d’éviter les rassemblements, alors nous devons le faire. Notre religion et notre culture ne doivent pas servir d’excuse pour propager le virus.”
Marqué par le décès de deux lycéens en à peine une semaine, le rectorat de Mayotte passe pour le bouc émissaire idéal. Face aux demandes sécuritaires de plus en plus insistantes, le responsable de l’académie, Gilles Halbout, défend sa position et appelle à l’union sacrée pour que l’ensemble du personnel éducatif, des jeunes et des parents d’élèves retrouvent un semblant de sérénité. Entretien.
Flash Infos : Depuis les décès de Miki et d’Ambdoullah, le rectorat est la cible de critiques concernant la sécurité de ses élèves. Comment les accueillez-vous en sachant que ces drames n’ont pas eu lieu dans les établissements scolaires ?
Gilles Halbout : Tout le monde dans cette île a une relation particulière avec l’Éducation nationale. Mais on ne peut pas nous rejeter tous les torts. Nous faisons notre possible pour apporter de nouvelles formations mais aussi pour rénover les bâtiments, alors que ce n’est pas notre rôle. Au bout d’un moment, nous ne pouvons pas tout faire… Nous pointer systématiquement du doigt quand quelque chose ne tourne pas rond ne va pas régler le vrai problème, qui est général au département et qui concerne bien souvent la sécurité publique.
C’est important que les habitants comprennent que nous ne sommes pas toujours les responsables. Lorsque des jeunes rejettent la faute sur un chef d’établissement ou sur un agent de l’équipe mobile de sécurité, c’est dur à entendre ! Si nous voulons que des enseignants s’engagent sur le territoire, il faut protéger les uns et les autres plutôt que d’accabler la communauté éducative, qui est parfois elle-même blessée dans l’exercice de ses fonctions. Il faut raison garder, prendre du recul et de la hauteur. Aller chercher des coupables, c’est injuste, malsain et contre-productif.
FI : Ce week-end, le gouvernement a réagi, par le biais de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, qui a partagé son indignation (voir encadré). Quelles réflexions sont actuellement menées à Paris pour apporter une solution pérenne à ces règlements de compte entre bandes rivales ?
G. H. : Nous devons jouer sur tous les tableaux ! Il faut travailler sur l’éducation, le bâti, l’accompagnement, le numérique… Avec le ministre, nous échangeons là-dessus pour apporter des réponses de fond, et non pas seulement des réponses sécuritaires. L’une d’elles passe par le recrutement de 265 nouveaux personnels à la rentrée prochaine. À nous de plus les cibler par rapport aux besoins du territoire.
FI : Vendredi dernier, vous avez rencontré les parents d’élèves en début d’après-midi. Quelles décisions ont découlé de cette entrevue ?
G. H. : Nous organisons une grande journée pédagogique ce mercredi avec des débats, des prises de conscience, des échanges dans l’ensemble des établissements scolaires. Certains proposeront des ateliers, d’autres inviteront les parents et les élus. Il y a de bonnes réactions, mais encore faut-il tout mettre en musique dans la pratique. Tout le monde commence à penser qu’il nous faut un retour global. Nous sommes passés d’une société communautaire à une société « individuelle », dans laquelle la population pense que c’est à l’État de s’occuper de l’éducation des enfants.
Il faut que les mairies prennent leurs responsabilités par rapport au système de garde et de périscolaire. Ce n’est pas normal que certains élèves ne soient pas encore pris en charge entre midi et deux… Il faut que les standards montent d’un cran partout ! De notre côté, nous avons également balayé devant notre porte. Nous savons que nous avons de grosses marges de progression, mais s’il y a une institution qui tient le coup sur l’île, c’est bien le rectorat. C’est une machine énorme qui fonctionne relativement bien. Après, nous comprenons l’attente qui pèse sur nos épaules, mais il faut savoir relativiser et ne pas toujours être dans des réactions de défiance. La plupart des collègues veulent s’impliquer dans le développement de Mayotte.
FI : Que répondre à des élèves et à des parents qui ont peur pour leur sécurité ?
G. H. : Déjà, il faut entendre les messages des élèves, comme ce fut le cas lors des Assises de la sécurité, et tous nous mobiliser. Par exemple, quand il y a un peu de tension, il faut que les parents soient là, regardent, participent, rassurent… Qu’un petit continuum garde un œil sur les enfants. Pour cela, il faut une mobilisation générale. Ce message semble en tout cas être passé ce lundi sur Mamoudzou puisque nous en avons vus plus que d’habitude.
FI : Très bien. Mais quand des parents s’investissent, ils sont sous la menace de contrôles inopinés. Pas plus tard que la semaine dernière, certains d’entre eux, qui accompagnaient les élèves jusqu’aux bus au lycée de Bamana, se sont fait embarquer…
G. H. : Il faut, bien évidemment, que les alentours des écoles soient un lieu sécurisé pour les parents, sinon nous n’allons pas nous en sortir. Si des interpellations s’opèrent… (il se coupe). Nous ne devons pas voir cela !
FI : Dans ces conditions, ne faut-il pas faire pression sur la préfecture pour renforcer la présence des forces de l’ordre aux abords des établissements scolaires ?
G. H. : Nous demandons constamment des renforts aux forces de l’ordre. Mais malgré leur présence, cela reste tendu puisqu’ils sont victimes d’attaques et de caillassages, comme à Kahani. La gendarmerie et la police doivent avoir un rôle dissuasif, or aujourd’hui ce n’est pas le cas. Je ne connais aucun pays où l’on se dit qu’il faut placer un gendarme derrière chaque individu. Sinon, nous serions dans un État policier. Je le dis et le répète, il faut une prise de conscience générale : ne rien lâcher et ne pas baisser la tête.
FI : Depuis quelques jours, le spectre d’un nouveau blocage comme celui vécu en 2018 prend de plus en plus d’ampleur. Cela serait une nouvelle épine dans le pied pour l’Éducation nationale, après les conséquences des deux confinements au cours de la dernière année…
G. H. : Tous les blocages, notamment ceux dans le Nord, nous désespèrent ! Ce sont les élèves qui en pâtissent en premier. Si je savais comment les débloquer, je signerais tout de suite. Certains adultes ne montrent pas le bon exemple aux enfants… Il ne faut pas répondre à la violence par la violence, mais prôner le vivre ensemble. Cela ne renvoie en aucun cas un bon message. Au contraire, cela prive directement l’accès à l’éducation pour une partie de la jeunesse. Nous pouvons nous parler normalement, nous n’avons pas besoin de rajouter des barrages.
Jean-Michel Blanquer réagit à l’assassinat de nos deux lycéens
Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a adressé un communiqué le 16 avril pour évoquer la semaine meurtrière vécue par le rectorat du 101ème département. « C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris la semaine dernière la mort du jeune Miki, lâchement assassiné devant la cité Nord de Mtsangadoua, son lycée. Ma peine est profonde à l’annonce, quelques jours plus tard, du meurtre d’Ambdoullah, élève du lycée Bamana à Mamoudzou. Ce jeune homme a, lui aussi, perdu la vie après une violente agression dont il a été victime sur la voie publique. Ces deux drames touchent des familles, des proches et les communautés éducative de ces deux établissements. Je tiens à leur adresser aujourd’hui tout mon soutien », a-t-il introduit. Avant de rappeler les valeurs républicaines et et d’apporter son soutien aux personnels du rectorat. « En une semaine, ce sont donc deux jeunes, deux lycéens, deux élèves de l’académie de Mayotte qui ont été tués par d’autres jeunes. Ces actes sont condamnables, il n’est pas tolérable que ces meurtres sur fond de rivalités de territoires perdurent. L’Éducation nationale continuera inlassablement à se mobiliser pour permettre aux jeunes de Mayotte d’apprendre, de se former et de se contruire en tant que citoyens respectueux les uns des autres. En ce moment douloureux, si nous pensons d’abord à celles et ceux qui aimaient Miki et Ambdoullah, je veux aussi rendre hommage et remercier, pour leur engagement, l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale qui, chaque jour, malgré les difficultés, mettent toutes leurs compétences et leur cœur au service de la jeunesse de Mayotte. »
Ce dimanche, l’association Randoclean a rassemblé une centaine de personnes pour une septième activité écocitoyenne, du côté de Chirongui. Au programme : découverte de l’écosystème de la mangrove et ramassage des déchets. Immersion aux côtés de ces bénévoles qui souhaitent préserver la biodiversité de l’île aux parfums.
Dimanche. 8h. C’est parti pour la distribution de sacs et de gants. Les randocleaners sont prêts pour la collecte. Trente minute plus tard, les bénévoles s’élancent dans une chasse aux détritus. Les déchets sont toujours plus nombreux sur le territoire de Mayotte, mais les stars du jour resteront les masques chirurgicaux qui jonchent le sol. Le long de la route qui mène à la mangrove de Chirongui, un camion benne escorte les bénévoles et récupère les sacs de déchets ramassés. “Les déchets recyclables dans les sacs transparents, les déchets ménagers dans les sacs noirs.” Plusieurs associations mahoraises sont venues prêter main forte. Tous les amoureux de la nature et de l’île aux parfums se retrouvent autour d’un objectif commun, la préservation de la biodiversité.
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Prise de conscience collective
De 8h30 à 12h30, les bénévoles travaillent d’arrache pied pour éradiquer les déchets répandus à travers la mangrove. Les pieds dans la vase et le sourire aux lèvres, les randocleaners sillonnent les palétuviers qui n’auront dorénavant plus de secret pour eux grâce à l’intervention pédagogique de Pierrick Besnardeau. En effet, le 101ème département en abrite pas moins de sept espèces différentes. Les membres des associations écologiques de Mayotte rappellent que la mangrove est un écosystème fragile et unique au monde. Ils espèrent que des actions comme celles-ci permettront une prise de conscience collective afin de garantir la préservation de ce patrimoine endémique.
Clap de fin à 13h. La benne remplie de sacs achemine les détritus vers la déchèterie.
Aujourd’hui, le tri des déchets est devenu un problème de société sur l’île aux parfums. Le ramassage des poubelles ne semble pas être la priorité des élus locaux et beaucoup d’habitants n’ont toujours pas d’accès à des conteneurs afin d’y déposer leurs détritus. Souvent jetés dans la nature, les immondices viennent polluer les sols et les eaux du lagon. Conséquences : les initiatives écologiques se multiplient sur le territoire mahorais afin de tenter d’endiguer ce phénomène.
“L’ouverture de l’office du tourisme de Petite-Terre est un geste politique, mais aussi une ouverture économique.” Samedi dernier, Saïd Omar Oili, le président de la communauté de communes de Petite-Terre, a posé la première pierre du futur office du tourisme de l’île.
Le conseil départemental, qui cofinance le projet à hauteur de 80%, avec une enveloppe de plus de 350.000 euros, y a été représenté par sa 1ère vice-présidente Fatima Souffou, par ailleurs conseillère départementale de Dzaoudzi. Et de rappeler dans son allocution que depuis 2015, les trois collectivités de Petite-Terre ont été soutenues par le Département à hauteur de plus de 12 millions d’euros.
Conçu en matériaux recyclables et recyclés, le bâtiment pourra accueillir les futurs voyageurs venus découvrir les richesses de la “Pépite de Mayotte”. Les équipes de chantier démarreront dès lundi et prévoient de livrer le nouvel édifice au mois d’octobre 2021.
Le maire Mohamed Bacar a souhaité communiquer sur les mesures prises par son équipe pour ramener l’ordre dans cette commune, en proie à des rivalités chroniques entre deux de ses villages. Mais le tour de force fait plutôt l’effet de réchauffé, faute de moyens concrets.
Décidément, difficile de hisser le drapeau blanc entre Miréréni et Combani. Alors que violences et barrages émaillent depuis des mois les relations entre ces deux villages de la commune de Tsingoni, le maire Mohamed Bacar a souhaité communiquer ce vendredi 16 avril sur les actions que son équipe entend instaurer pour “remettre de l’ordre” et ramener “la paix et la sécurité”. “On se rappelle les événements douloureux survenus dans notre commune et sur le territoire de Mayotte”, a commencé l’élu et nouveau chef des Républicains de Mayotte. “Ces délinquants n’hésitent pas à agresser, voler, et même tuer, même si heureusement pour l’instant nous n’avons pas eu de mort… Mais en mars, nous avons eu des voitures brûlées, des véhicules cassés, nous avons connu des violences assez graves”, a-t-il poursuivi.
Suffisamment graves pour que la commune prenne les choses en main ? C’est en tout cas ce que le maire, accompagné de son chef de la police municipale, Oiladi Djae, et l’avocat de la collectivité, Maître Saidal, a voulu démontrer. Gages de cette volonté de fer : deux documents, envoyés respectivement au procureur de la République et au préfet du département, en date de décembre 2020 et demandant que “ces jeunes soient enfermés définitivement et ce rapidement”. Des listes de noms des auteurs présumés ainsi que des bandes identifiées ont été jointes à ces deux courriers.
En plus de ces signalements, la mairie s’engage à poursuivre tous les délinquants de la commune, mais aussi les personnes qui soutiennent financièrement ou matériellement les délinquants, celles qui hébergent des étrangers en situation irrégulière, et les familles impliquées. “On sait que cette violence n’est pas seulement le fait de délinquants étrangers, ce sont aussi nos enfants, nos frères, la famille doit prendre ses responsabilités. Il n’y aura pas d’état d’âme”, a assené Mohamed Bacar.
Des interdictions déjà interdites par la loi
En pratique, les propositions annoncées ce vendredi ne sont pas franchement nouvelles. Voire sont déjà toutes prévues par les textes. Comme celles de restreindre aux mineurs la détention et la garde des chiens, d’interdire la vente ou la consommation d’alcool sur la voie publique, le port de tout objet pouvant constituer une arme par destination, la diffusion de musique par haut-parleur, le stockage et la vente en détail de produits pétroliers chez le particulier, la vente informelle de marchandises, la mécanique sauvage, la divagation de bétail sur la route…
Reste à savoir quels moyens l’équipe municipale entend concrètement allouer pour atteindre ces beaux objectifs. Car les 15 agents de la police municipale, répartis en trois équipes – deux pour l’intervention rapide et une pour l’environnement et la propreté urbaine – risquent d’avoir du pain sur la planche si elles doivent verbaliser toutes ces infractions et incivilités, dans cette vaste commune de 14.000 habitants.
Des moyens encore limités
Interrogé sur les moyens alloués à ces nombreux chantiers, le maire Mohamed Bacar botte en touche. “C’est une dizaine d’arrêtés que nous avons pris (…). Sur la mise en application, la répression doit se faire avec la gendarmerie, nous avons des réunions mensuelles avec la gendarmerie de Sada. Nous avons notamment mis en place le couvre-feu pour les jeunes à partir de 21h”, a-t-il temporisé, avant que sa conseillère déléguée à la cohésion sociale et politique de la ville, Moina Mohamed, ne vienne à sa rescousse. “Nous avons fait une demande de subvention pour la vidéosurveillance et nous avons demandé un deuxième poste au CLSPD (conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance, ndlr)”, a-t-elle annoncé.
À l’instar de sa voisine de Chirongui, la municipalité du centre entend enfin lutter contre les marchands de sommeil et les constructions d’habitats illégaux et indignes qui seront “recensés et feront prochainement l’objet de procédures de destruction”. Des procédures facilitées depuis la loi Elan qui permet au préfet d’ordonner sans décision de justice la démolition des cases en tôle. Mais qui pourront également passer par l’exécution d’ordonnances du juge, explique Maître Mohamed Saidal. “J’ai déjà obtenu une centaine d’ordonnances pour des collectivités. Le problème c’est que les élus hésitent à les exécuter, pour des raisons politiciennes. Aujourd’hui, c’est fini”, a prévenu l’avocat. Vraiment ?
La colère était palpable au lycée Bamana ce vendredi matin. Certains élèves ont décidé de ne pas aller en cours pour exprimer leur ras-le-bol face à l’insécurité qui les encercle de toute part. Ils pointent du doigt un supposé laxisme de la part du lycée. Une situation qui amplifie les disputes entre bandes rivales.
« Stop à la violence », « Demain ça sera qui ? », « Nous sommes fatigués », pouvait-on lire sur les bouts de cartons et de papiers que certains élèves du lycée Younoussa Bamana exhibaient devant leur établissement ce vendredi. Ils sont encore sous le choc de l’agression qui a ôté la vie à leur camarade Ambdoullah, plus connu sous le nom de Momix. Selon ses proches, l’adolescent de 17 ans avait déjà été menacé au sein de l’établissement. « Des jeunes scolarisés dans notre lycée l’ont frappé une première fois. Il s’est défendu. Ils lui ont cassé le bras, il a été opéré, et il n’était même pas encore guéri… Ceux qui ont fait ça, n’ont jamais été punis », raconte l’un des amis de la victime.
Suite à cet incident, Ambdoullah ne se sentait plus en sécurité. Il aurait informé un agent de l’établissement, mais la réponse qu’il a reçue n’était pas celle qu’il attendait. « Celui qui s’est fait tuer est parti voir l’APS (&ssistant chargé de prévention et de sécurité) pour l’alerter et il lui a répondu qu’il n’avait pas le temps et qu’il devait contourner tout le lycée pour aller en cours, parce que passer devant ces agresseurs est une provocation», s’indigne l’une de ses camarades, les nerfs à vifs.
Le drame aurait-il pu être évité ? Pas sûr puisque l’agression a eu lieu en dehors du lycée. De son côté, le proviseur nie tout laxisme de la part du corps éducatif. « Toutes les informations qui nous arrivent et qui nous annoncent ce genre de difficultés comme les bagarres entre bandes rivales, nous les prenons en compte et nous les traitons… Il n’y a pas de problème d’insécurité dans le lycée », soutient Laurent Prevost, le chef d’établissement. Il n’ignore cependant pas les rivalités qui existent entre les jeunes issus de différents quartiers. « Cette distinction Doujani et M’tsapere existe, nous en sommes conscients, mais jusqu’à ce jour nous n’en ressentons aucune conséquence. »
Un système de sécurité inefficace ?
Les élèves du lycée Younoussa Bamana manifestent en hommage à leur camarade, mais aussi pour réclamer plus de sécurité à l’intérieur et aux abords de l’établissement scolaire. Les équipes mobiles de sécurité (EMS), et les services civiques font la ronde, mais les adolescents ne voient pas leur intérêt. « Ces agents de sécurité ne font rien du tout. Ils ne nous protègent pas, et ne sont pas au courant de ce qu’il se passe réellement dans le lycée », dénonce une élève.
Des propos qui irritent les EMS postés devant le lycée, alors que les lycéens manifestent. L’un d’eux s’approche directement pour défendre leur cause. « Ces jeunes ne comprennent pas que nous ne sommes pas assez nombreux. Nous sommes seulement deux pour tout le lycée ! Nous circulons partout pour surveiller les jeunes, mais à deux c’est compliqué », précise l’un d’eux. Ce dernier pointe plutôt du doigt les services civiques qui sont également chargés de faire régner la sécurité. « Ils sont plus nombreux que nous, et pourtant ils ne font rien. Nous, nous n’avons jamais abandonné les élèves », se défend l’agent de l’EMS. Des mots qui ne rassurent pas les élèves. Ces derniers réclament la présence des forces de l’ordre devant leur lycée de manière systématique. « Nous avons constamment peur. Peur d’être au lycée, peur d’en sortir. J’ai peur d’être le prochain… » déclare l’ami d’Ambdoullah.
Une peur justifiée puisque selon les déclarations des jeunes manifestants, des élèves scolarisés au lycée Younoussa Bamana font entrer des individus externes à l’établissement. Et il est possible que certains élèves détiennent des armes blanches. « Il ne s’agit que d’une petite poignée de jeunes sur les 2.500 élèves. Les sacs sont fouillés, mais pas tout le temps », admet le proviseur du lycée. Une petite poignée certes, mais qui peut faire beaucoup de dégâts…
Une semaine après Mtsangadoua, c’est au tour du lycée Bamana à Mamoudzou d’être endeuillé après l’agression mortelle à Cavani d’un de ses élèves ce jeudi 15 avril. Âgé de 17 ans, Ambdoullah S., dit Momix, est le deuxième mineur à décéder brutalement en seulement sept jours. Récit d’une journée dramatique.
Jeudi. 10h18. Le centre d’appel des urgences reçoit un coup de fil pour annoncer l’agression à l’arme blanche d’un jeune garçon de 17 ans en face de la pharmacie du Baobab à Cavani. Rapidement sur les lieux, les secours le prennent en charge en arrêt respiratoire avec des lésions cervicale et dorsale. Malgré les multiples tentatives de réanimation, le personnel soignant déclare son décès, une heure plus tard, à 11h20, lors de son arrivée au centre hospitalier. C’est finalement vers 13h que le principal auteur présumé est interpellé par la brigade anti-criminalité (BAC). Une deuxième interpellation a lieu un peu plus tard dans la journée sans que l’on sache, d’après les informations que nous avons pu récolter, si elle est directement liée à l’affaire ou non.
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Scolarisé en seconde au lycée Bamana à Mamoudzou, Ambdoullah S., aussi connu sous le surnom de Momix, se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment, à l’occasion de son heure de trou. « C’était un élève très discret et timide », relate, la gorge nouée, son enseignante de français, Céline Buret. « Il se faisait totalement oublier en cours. Mais il était toujours très poli et n’était pas du tout turbulent. » Complètement déboussolée par cette annonce, la fonctionnaire de l’Éducation nationale doit, en théorie, retrouver la classe du défunt ce vendredi. « Comment vais-je accueillir la trentaine de ses camarades ? », se demande-t-elle, toujours la voix tremblante. « Moi-même, je me sens malheureuse, je n’ai rien pu avaler de la journée. En toute honnêteté, je veux juste être là pour eux et en parler. » Si une cellule psychologique doit être mise en place pour libérer la parole, la professeure vit péniblement la situation. « Nous avions une sortie cinéma prévue lundi par rapport à l’abolition de l’escalage, je ne me vois pas les emmener avec un petit en moins… »
Rumeurs d’intrusion et confinement au lycée
Une empathie ressentie et partagée par une majeure partie des lycéens et du personnel éducatif. Pimentée par un zeste de colère. « Des jeunes sont venus avec des armes blanches et ont essayé de rentrer », retrace Rachika*, inscrite en terminale. Les rumeurs d’intrusion dans ce genre se multiplient toute la matinée, au point de provoquer un léger mouvement de foule et une salve de cris vers 14h. Heure à laquelle un message sonore retentit : « Le chef d’établissement vous demande d’appliquer les dispositifs de confinement affichés dans les salles. » Une mesure pour permettre d’éviter les attroupements mais aussi et surtout pour faire sortir les élèves au fur et à mesure.
Devant, une petite foule de parents stressés se presse aux grilles. « Je ne comprends pas que des jeunes puissent en arriver là, à ce niveau de violence… Il faut faire quelque chose, et en premier lieu, il faut les écouter. Il faut une maison où on récupère les jeunes délinquants, et où, enfin, on écoute leurs problèmes », tambourine une mère venue chercher sa fille, élève dans la même classe que la victime. Trente minutes avant le départ du dernier bus, vers 16h, le proviseur réunit l’ensemble des enseignants présents pour évoquer le drame de la matinée. « Même si ce n’était pas dans l’enceinte ou aux abords du lycée, il était très ému », confie Guillaume, qui souligne l’ambiance « flippante ».
Le lycée ouvre malgré la grogne
Dans ces conditions, comment envisager un retour à la normale dès aujourd’hui ? « À priori, on ne ferme pas », prévient Gilles Halbout, le recteur. Toutefois, un droit de retrait est en réflexion du côté de l’équipe éducative. Et pour certains élèves, à l’instar de Rachika, il est hors de question de revenir sur les bancs de l’école d’ici la fin de la semaine. « Avec quelques copines, on a décidé de ne pas retourner en cours avant lundi. Hier, c’était untel, peut-être que demain ce sera moi… Il faut que la direction prenne des mesures pour apporter plus de sécurité, notamment à la descente des bus. J’espère qu’il y aura un déclic à la lecture de ces quelques lignes », s’époumone-t-elle, quelques heures après que sa maman soit venue la récupérer pour rentrer chez elle, saine et sauve, à Hauts-Vallons.
Si Mayotte a rattrapé son mois de retard pour la vaccination, par rapport au reste du pays, le ramadan risque peut-être de freiner les ardeurs de certains volontaires, quand bien même le Grand Cadi a rappelé que cela n’interrompait pas le jeûne. Mais l’ARS compte bien arriver le plus loin possible. Dans son viseur : la fameuse immunité collective.
À bien des égards, c’est un mois de ramadan singulier qui a débuté cette semaine, avec des frontières fermées et des repas du soir limités au cercle proche, crise sanitaire oblige. Les autorités l’ont rappelé, dans un communiqué conjoint préfecture, agence régionale de santé (ARS) et Grandi Cadi du 12 avril : “pour vivre sereinement” ce mois sacré, la population de Mayotte est invitée à ne pas baisser la garde sur les gestes barrières, quand bien même le département est aujourd’hui “le moins touché par le Covid-19, avec moins de 50 cas pour 100.000 habitants au cours d’une semaine”.
Ce jeudi, la directrice de l’ARS Dominique Voynet a souhaité en remettre une couche. “Les chiffres du jour ne sont pas inquiétants non plus, mais nous avons quand même une petite hausse du taux d’incidence depuis deux trois jours”, a-t-elle signalé à l’occasion d’un point presse, en indiquant vouloir augmenter le nombre de tests pour vérifier qu’il ne s’agit pas là des prémices d’un rebond. Pour l’instant, le taux de positivité, qui reste en dessous de la barre des 5%, ne donne pas lieu de s’alarmer, mais un nouveau décès est à déplorer, portant à 168 le nombre total de victimes du Covid-19 à Mayotte. Tandis que la France vient de dépasser le triste record des 100.000 morts… Bref, la prudence est toujours de mise, surtout pour ce mois de festivités.
L’immunité collective en ligne de mire
L’une des armes pour retrouver une vie normale ? La vaccination, fer de lance de l’ARS et du gouvernement contre le virus. Avec une particularité pour Mayotte : “depuis lundi, tout le monde peut aller se faire vacciner, et l’objectif c’est de vacciner le maximum de personnes pour atteindre une immunité collective”, a insisté Dominique Voynet. Malgré le succès relatif de l’opération du samedi 3 avril, où toutes les personnes âgées de plus de 18 ans pouvaient prétendre à l’injection, l’ARS a donc décidé de passer à cette nouvelle stratégie, en ouvrant les cinq centres de vaccination à tous, désormais du mardi au samedi.
De quoi dépasser peut-être les premières réticences ressenties au lancement de la campagne. Aujourd’hui, Mayotte a “rattrapé son retard”, avec 20.112 personnes vaccinées. L’ancienne ministre a d’ailleurs salué la position du Grand cadi et des cadis de Mayotte, qui ont confirmé que l’injection n’interrompait pas le jeûne. “Donc nous n’avons pas eu de freinage des afflux dans les centres”, a-t-elle fait valoir. Dernier tour de passe-passe : l’idée de proposer la vaccination directement après un test. “Si nous leur proposons la vaccination dans la foulée, les gens sont plus susceptibles d’accepter. Hier, nous avons ainsi eu 49 volontaires, donc nous pensons mettre cela en place.” À noter que les personnes ayant déjà reçu la première injection, mais ayant tardé pour la seconde, peuvent toujours se rendre dans un centre pour recevoir leur dernière dose. Leur immunité n’en sera que retardée. Elle est évaluée à 60%, deux ou trois semaines après la première piqûre, et doit monter entre 95 et 97% après la deuxième.
Tout l’intérêt pour Mayotte, où désormais 100% des cas positifs envoyés pour séquençages sont causés par le variant sud-africain, plus contagieux que la souche initiale du virus, sera d’atteindre cette fameuse immunité collective. L’ARS a candidaté pour un programme de recherche, consistant en une étude de séroprévalence pour toute la population de l’île, qui pourrait commencer avant les grandes vacances. Quelques milliers de prélèvements seront réalisés pour évaluer la protection des habitants. Coût de la manip : entre un et 1,2 million d’euros. Reste la question pour le même prix : combien de temps cette immunité, naturelle ou vaccinale, va-t-elle durer…
Grève de la CFDT : le dialogue social est au point mort
La directrice de l’agence régionale de santé a profité du point presse organisé ce jeudi pour revenir sur les événements qui ont conduit la CFDT, syndicat majoritaire, à entamer une grève illimitée depuis maintenant une semaine. “Nous avons eu les vacances de l’été austral, suivies de deux mois et demi d’une épidémie de Covid intense qui font que la période n’a pas été propice ni au renforcement du dialogue social ni à la mise en place des chantiers que nous attendons tous avec impatience”, a concédé Dominique Voynet. En effet, une première grève en fin d’année 2020 avait permis d’établir un protocole de sortie de crise avec un certain nombre de chantiers, tant pour améliorer la santé des Mahorais que pour une meilleure organisation des affaires internes de l’ARS. Pour autant, la responsable déplore les réactions du syndicat. Deux réunions du comité ont été avortées, avant que les représentants décident d’envoyer un préavis de grève le 2 avril. “Tout le monde savait que je partais le 4 en métropole, notamment pour évoquer le dossier de la retraite des agents plus âgés de la lutte anti-vectorielle. Mardi 6, je leur réponds en leur proposant de prendre rendez-vous avec mon DGA, ils ne le font pas, et la grève arrive jeudi 8”, rembobine-t-elle. À ce moment-là, la directrice de l’ARS reçoit un document avec comme première revendication la création de trois nouveaux postes de directeurs. Mais “l’efficience de l’agence ne tient pas au nombre de commandants, et de directeurs, mais à la qualité du travail de ceux qui sont sur le terrain”. Et ce sont ces postes de terrain que Dominique Voynet entend privilégier, beaucoup plus que “trois postes de directeurs qui plus est destinés aux leaders de la grève”. Bref, pour l’instant, le dialogue patine un peu. À quelques mois d’ailleurs des élections départementales… Tout ça, pour un organigramme ?
“Le sport peut changer une vie”. À Mayotte, de nombreux jeunes décrocheurs ou sans activité professionnelle peinent à trouver un emploi. Grâce au projet Street Workout, l’activité physique et sportive pourrait bien être la clé de leur intégration au monde professionnel.
“Intéresser”, “fédérer” et “dynamiser les jeunes inactifs”. C’est l’objectif du projet Street Workout à Mayotte, porté par le comité régional olympique et sportif. Une discipline originaire de Suède qui se définit par des exercices physiques en plein air et qui ne nécessitent que le poids de son propre corps pour se muscler.
“Le SWO est un projet né il y a trois ans, qui correspond à un besoin du territoire de Mayotte et celui pour les jeunes sans activité de reprendre pied”, confie le directeur et coordonnateur inter-régional Outre-mer du CROS, Philippe Lemoine. “Nous avons travaillé en lien avec l’agence nationale du sport, la direction régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, le conseil départemental et l’Europe afin d’obtenir des financements et pouvoir commencer les cours de SWO.”
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Depuis décembre 2020, les cours de SWO accueillent chaque semaine une quinzaine de jeunes dans quatre quartiers de Grande-Terre. Afin de promouvoir cette activité auprès des 16-25 ans, les membres du CROS s’appuient sur les mairies et les médiateurs de quartiers où se déroulent les ateliers. “Le nombre de participants est très variable, tout l’enjeu est de les inciter à venir régulièrement”.
Une formation pré-qualifiante cet été
Le CROS propose aux jeunes inactifs de ces quartiers dits “prioritaires” de suivre des cours de SWO mais aussi, jusqu’au 2 juillet 2021, d’intégrer une formation pré-qualifiante aux métiers du sport pour 24 d’entre eux. Les plus passionnés et les plus assidus pourront enfin intégrer la formation qualifiante CQP-ALS (certificat de qualification professionnelle – animateur de loisir et sportif) du 5 juillet au 5 novembre 2021. Cette formation accueillera 16 jeunes qui pourront prétendre, une fois leur certification obtenue, à un emploi dans les mairies de Tsingoni, Dembéni, Koungou et Mamoudzou afin d’encadrer à leur tour les cours de SWO et former de nouveaux jeunes.
À ce jour, le SWO compte deux coachs sportifs et un coordinateur salariés qui encadrent 13 jeunes sérieux et intéressés par une professionnalisation dans le milieu du sport. L’objectif du CROS aujourd’hui est de pérenniser cette action dans les villes partenaires, puis par la suite d’accompagner de nouvelles communes qui souhaiteraient se lancer et développer à leur tour cette activité. “Nous voulons expérimenter cette action pendant deux ans pour pouvoir donner aux communes la possibilité de se l’approprier. Par ailleurs, la formation est ouverte à tous les jeunes qui le souhaitent, mais pour pouvoir accéder à la formation qualifiante CQP-ALS, ils doivent impérativement avoir des papiers en règle sur le territoire de Mayotte.”