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Covid-19 : Un confinement localisé à Mayotte « pour éviter que toute l’île ne flambe »

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Mercredi soir, les habitants de Mayotte ont appris la décision du préfet, Jean-François Colombet, de confiner les communes de Bouéni, de Pamandzi et de Dzaoudzi-Labattoir à partir de ce jeudi pour une durée de 15 jours. Néanmoins, le délégué du gouvernement s’interdit pour le moment un confinement généralisé pour éviter d’ajouter une crise humanitaire à la crise sanitaire. Entretien.

Flash Infos : La situation sanitaire s’est considérablement dégradée au cours des deux dernières semaines. Le président de la République, Emmanuel Macron, a préféré repousser son allocution télévisée prévue initialement mercredi soir pour se laisser le temps de la réflexion sur les suites à donner. Pourquoi cela n’a pas été le cas pour Mayotte ?

Jean-François Colombet : L’Agence régionale de santé et Santé Publique France nous ont transmis des chiffres alarmants sur au moins trois communes, qui ont un taux d’incidence très élevé. Il y a eu une très forte dégradation sur Petite-Terre et Bouéni, qui dépasse tout ce que nous aurions pu imaginer en métropole. Il a fallu réagir rapidement et brutalement pour éviter que toute l’île ne flambe.

Pour bien comprendre, lors du premier épisode de la crise, le taux d’incidence avait moins de portée en raison d’un nombre de tests restreint. Aujourd’hui, nous en réalisons autant qu’à La Réunion. Cet indicateur, crédible dorénavant, a motivé ma décision, en concertation avec Paris, d’installer un confinement total pour deux semaines. C’est un nouveau modèle, nous analyserons les résultats dans sept, dix ou quinze jours pour voir si nous pouvons lever cette restriction. Par ailleurs, si d’autres communes sont amenées à être dans la même situation, nous suivrons le même procédé !

 

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FI : À l’échelle nationale, le porte-parole du gouvernement a expliqué mercredi que le couvre-feu n’avait pas les effets escomptés, considérez-vous que c’est également le cas à Mayotte dans la mesure où le nombre de porteurs de virus et la présence des variants sud-africain et britannique s’envolent ?

J-F. C. : Non car nous ne sommes pas sur le même agenda que la métropole. Il est encore trop tôt pour le dire. Une semaine ce n’est pas suffisant, il faut plus de temps pour tirer des conclusions. À l’heure actuelle, seules la fréquentation du centre hospitalier de Mayotte et les indicateurs – les taux de positivité et d’incidence – importent.

Le nombre de personnes porteurs du variant sud-africain est effectivement en très forte progression, notamment dans les trois communes concernées. Et un premier cas du variant britannique a été révélé hier [ce mercredi], même s’il y en a déjà sûrement davantage sur le territoire. Le confinement est le prix de la réactivité.

FI : Plus concrètement, quelles sont les modalités de ce nouveau confinement en termes de déplacements ?

J-F. C. : Nous réinstaurons le dispositif qui avait été mis en place l’an dernier. Le confinement en un mot est une contrainte à la mobilité, au culte et à certaines activités économiques. Par conséquent, seuls trois groupes de personnes peuvent se déplacer à compter de ce jeudi, 18h. Le premier recense tous les professionnels de santé, les personnels de la préfecture, de la douane et de l’aéroport et les effectifs des forces de l’ordre qui peuvent, sans attestation, aller et venir dans l’exercice de leur fonction. Le second concerne les salariés qui, avec attestation, se rendent et reviennent du travail, en zone non-confinée ou non, dans le cas où ils ne peuvent pas télétravailler. Le troisième rassemble les habitants qui vont au distributeur d’énergie, à la pharmacie, à la banque, à la poste, à la supérette, à la station-service, chez le médecin. Dans ce cadre-là, tous les commerces « non essentiels » doivent baisser le rideau. Les restaurants pourront continuer à produire de la nourriture à emporter ou à livrer mais ils ne pourront plus ouvrir leurs salles. Par ailleurs, il a été décidé avec le Grand Cadi de fermer toutes les mosquées de ces trois communes.

 

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FI : Quelle est la stratégie élaborée par l’État concernant Mayotte ?

J-F. C. : Je me suis entretenu très longuement avec Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, hier après-midi [mercredi]. Il est très attentif à notre situation, que ce soit sur le plan sanitaire ou sécuritaire. Il m’a dit, sans trahir de secret, que le sujet de Mayotte avait été largement commenté en conseil de défense. Mais aussi que le président de la République, Emmanuel Macron, portait un regard avisé à notre égard. Je n’ai aucune idée de ce que le gouvernement va décider, mais il fera probablement connaître notre sort ce week-end.

FI : Y-a-t-il un risque que l’ensemble du territoire soit confiné dans les prochains jours ?

J-F. C. : Je ne veux pas ajouter une crise humanitaire à la crise sanitaire ! Nous nous souvenons tous que lors du premier confinement, la première victime de cette mesure a été l’économie informelle qui n’est pas assistée par le dispositif de soutien du gouvernement et ceux pour les entreprises déclarées. Elle a plongé des dizaines de milliers de familles dans des conditions très dures qui ont entraîné la distribution de bons alimentaires d’un montant de sept millions d’euros mais aussi des actes d’appropriation de richesses.

S’il faut en arriver-là, nous n’hésiterons pas, mais nous ferons tout pour l’éviter ! Nous allons déjà voir les effets de ce confinement total et localisé. Un confinement généralisé plongerait l’île dans le chaos alors que certaines communes sont moins critiques que d’autres. Le défi est que le territoire se trouve dans de bonnes conditions sanitaires à la mi-mars pour la période de ramadan.

 

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FI : L’une des autres craintes est la fermeture des liaisons aériennes, comme cela a pu être le cas l’an dernier. Or, il se murmure que le gouvernement ne comprend pas que la restriction des déplacements aux motifs impérieux ne réduise pas davantage le flux de voyageurs.

J-F. C. : La question aérienne est un sujet fondamental. Nous devons tout faire pour garder nos liaisons, c’est la raison pour laquelle il faut être rigoureux sur l’examen des motifs impérieux et s’assurer que les voyageurs qui prennent l’avion ont bien fait un test. Énormément de passagers sont refoulés par les compagnies. Conséquence, nous avons déjà une ligne directe entre Mayotte et la métropole. Il faut maintenir cette rectitude sinon nous nous dirigeons vers la suspension des vols. Et si demain, nous perdons notre lien avec La Réunion, nous perdons de facto toute correspondance avec Paris, car nous fonctionnons en triangulation. Ce serait catastrophique car il faudrait remettre en place un pont aérien. Dans le cas contraire, l’ensemble des matériels vitaux n’arriverait plus dans les bons délais…

Pas de confinement généralisé, mais Tsingoni et Sada sous haute surveillance de l’ARS

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Les chiffres du Covid-19 à Mayotte ne sont pas bons. Et après les communes de Bouéni, Pamandzi, et Dzaoudzi-Labattoir, d’autres localités pourraient à leur tour être mises sous cloche si la situation continuait à se dégrader. L’agence régionale de santé fait le point.

Mayotte est sur le fil du rasoir. Et les derniers chiffres de l’agence régionale de santé (ARS) sur la propagation du Covid-19 à Mayotte ne font plus guère de doute sur la présence du variant sud-africain dans le département. Jeudi soir, ce sont pas moins de 798 cas supplémentaires qui ont été recensés, et surtout un taux d’incidence – le nombre de cas pour 100.000 habitants – de 285. Quant au taux de positivité des tests, de 14%, il figure “parmi les plus élevés de France”… “Avec 40% des prélèvements positifs au variant d’Afrique du Sud, (sur les 124 envoyés pour séquençage, NDLR), nous pouvons dire qu’il est présent de façon importante”, souligne Dominique Voynet, la directrice de l’ARS. Sans compter la découverte d’un premier cas positif au variant britannique, en la personne d’un voyageur anglais en transit à Dubaï.

Ambiance tendue donc, qui explique le reconfinement des trois communes de Bouéni, Pamandzi et Dzaoudzi-Labattoir dès ce jeudi 18h. Moins d’un jour après cette annonce coup de poing, l’ancienne ministre n’exclut pas de devoir en faire de même ailleurs sur l’île. Dans son viseur : Tsingoni et Sada où les taux d’incidence sont “aussi en train de monter”. “Nous préparons une grosse campagne de tests dans les communes concernées”, annonce-t-elle.

 

“Le confinement général serait le plus efficace”

 

La raison de cet emballement ? Potentiellement des rassemblements peu respectueux des protocoles sanitaires. L’agence régionale de santé évoque à ce titre deux cérémonies d’obsèques marquées par “une violation massive des gestes barrières malgré les efforts faits par certains”. Sans s’aventurer à donner plus de détails, tant le sujet est sensible. Pourquoi, alors, ne pas cloîtrer tout le monde chez soi une bonne fois pour toutes ? “Le confinement général serait le plus efficace, mais nous avons vu les dégâts que cela pouvait générer sur la société mahoraise.” D’où ce compromis, entre “efficacité” et “responsabilité sociale”.

Au CHM, en tout cas, on relève déjà les manches des blouses. Trois actions y sont menées pour répondre à une saturation éventuelle. Mobilisée dès dimanche, la réserve sanitaire déjà sur le pont pendant la première vague, arrivera à Mayotte dimanche matin. Une trentaine de personnels, notamment des infirmiers en réanimation et aux urgences viendront grossir les rangs de l’hôpital. Le service de santé des armées va aussi venir prêter main forte, et quatre militaires arrivés ce jeudi matin se chargent d’une mission de préfiguration “dans la perspective d’envoyer une trentaine de professionnels de santé capables d’armer cinq lits de réanimation supplémentaires”.

 

61 décès depuis le début de la crise, 5 ce mois-ci

 

Enfin, l’option des Evasan, pour des patients non-covid et “si nécessaire covid” reste sur la table. De quoi monter en puissance en réanimation, même si pour l’heure, les enseignements tirés de la première vague, comme les traitements par anticoagulants, ont déjà permis de limiter les branchements sous respirateur des patients atteints de forme grave et hospitalisés en service de médecine. Espérons que cela suffise ! Depuis le premier cas recensé en mars 2020, 61 personnes sont mortes du coronavirus à Mayotte. Dont 5 depuis le début du mois…

 

Les vaccins efficaces ?

 

Un point positif vient toutefois éclairer ce tableau morose : l’annonce ce jeudi par les laboratoires pharmaceutiques Pfizer et BioNTech de l’efficacité de leurs vaccins sur ces mutations. Des tests in vitro « n’ont pas montré la nécessité d’un nouveau vaccin pour faire face aux variants émergents« , ont assuré les compagnies, en s’appuyant toutefois sur une étude de chercheurs de l’université du Texas et d’un chercheur de Pfizer, qui n’a pas encore été relue par d’autres experts. À noter que la firme américaine Moderna, elle aussi engagée dans la course aux vaccins, avait également garanti l’efficacité de son produit contre les variants, quelques jours plus tôt. Voilà pour le verre à moitié plein.

 

1.170 bras à piquer

 

Pourtant, de notre côté du globe, les candidats à la vaccination ne se pressent pas vraiment aux portes de la MJC. Or l’heure tourne. Car il faut avoir consommé les 975 doses d’ici vendredi soir, soit cinq jours après la décongélation des flacons reçus lundi matin. “Nous aurons consommé les doses avant demain soir” assure la directrice de l’autorité sanitaire. Confiante, même si elle n’entend pas communiquer des chiffres tous azimuts.

À la base, nous voulions organiser un système avec des bus en lien avec les maires (commune par commune NDLR) pour accompagner les plus de 75 ans jusqu’au centre de M’Gombani. Il est vrai que cela a moyennement marché, d’où l’ouverture dès cette semaine du dispositif à la ville de Mamoudzou.” Même bilan un peu magnegne pour la nocturne de ce mercredi dédiée aux professionnels de santé libéraux. Mais alors que le deuxième stock de 975 doses, déjà livré, patiente à Longoni, le compte devrait être atteint avec le centre hospitalier et désormais les patients en dialyse. Et plus si affinités, car “nous avons réussi à faire six doses sur la quasi-totalité des flacons, prévus théoriquement pour cinq doses”. Soit 1.170 bras à piquer en tout. Merci Pfizer !

Vaccination : La tournée des villages de Mamoudzou pour faire vacciner les personnes âgées

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La ville de Mamoudzou et son centre communal d’action sociale (CCAS) ont mis à la disposition des personnes âgées, un bus pour faciliter leur déplacement jusqu’au centre de vaccination qui se trouve à la MJC de M’Gombani. L’objectif est de faire vacciner un maximum de personnes, mais sur le terrain, peu de gens répondent à l’appel.

Allô, je suis le chauffeur du CCAS de Mamoudzou. On m’a demandé de vous récupérer pour aller vous faire vacciner.” Assani Madi ne compte plus le nombre de fois où il pro-nonce cette phrase en une journée. Depuis maintenant deux jours, il se charge de trans-porter les personnes âgées de plus de 75 ans, originaire de la commune de Mamoudzou, afin qu’elles aillent se faire vacciner. Assani commence sa tournée dès 7h30. Installé dans sa fourgonnette de 9 places, il sait que la journée sera longue, mais garde le sourire. Muni de sa liste et de son portable, il passe les premiers coups de fil. L’objectif est de ne pas perdre de temps et pour cela, il doit s’organiser. “Pour chaque voyage, j’essaye de prendre les personnes qui sont sur le même trajet”, explique t-il. Mais son organisation est rapidement mise à mal puisqu’il rencontre beaucoup de difficultés à joindre les personnes inscrites sur sa liste. Le téléphone sonne dans le vide plusieurs fois ! Et lorsque quelqu’un décroche le combiné, la personne demandée n’est pas là…

 

 

Mais Assani ne désespère pas et persiste. Il n’a pas d’autre choix. Il ne peut pas abandonner car les instructions sont claires : toutes les personnes figurant sur la liste doivent pouvoir se faire vacciner. Lorsqu’il arrive à avoir quelqu’un au bout du fil, il est rapide-ment confronté à une autre difficulté “De temps en temps j’ai du mal à trouver les adresses. Je dois tourner plusieurs fois, questionner le voisinage avant de trouver l’endroit”, affirme-t-il. Cette fois-ci, il se perd dans les hauteurs de Passamaïnty. N’arrivant pas à joindre une dame prénommée Roukia, il demande à chaque passant si elle habite aux alentours. Au bout de 10 minutes… “Je ne l’ai pas trouvée, alors je continue ma tournée et je reviendrai plus tard la chercher.” La persévérance et la patience sont les maitres mots malgré les nombreuses tentatives qui n’aboutissent pas. “Transporter des personnes âgées requiert beaucoup de patience parce qu’on a souvent du mal à les contacter. Et quand c’est le cas, je dois attendre qu’elles finissent de se préparer. Elles prennent tout le leur temps”, sourit-il.

Après Passamaïnty, direction Vahibé où Ali Moussa, âgé de 76 ans, l’attend sur le bord de la route. Ce dernier est ravi d’avoir été appelé. “Je n’aurai pas pu aller à Mamoudzou par mes propres moyens alors que je veux me faire vacciner. Je sais que certains ont peur, mais ce n’est pas mon cas car j’ai confiance aux médecins et j’ai confiance en Allah”, ra-conte le vieil homme.

 

Les petits couacs

 

12 personnes figurent sur la liste du chauffeur. En principe, elles devraient toutes être âgées d’au moins 75 ans car seule cette catégorie est pour l’instant appelée au centre de vaccination. Mais la réalité est tout autre puisque des personnes qui n’ont pas l’âge re-quis se sont glissées sur la liste. Oili Ahamadi, originaire de Passamanïty en a fait les frais. Cet homme de 70 ans a fait le déplacement depuis son domicile jusqu’à la MJC de M’Gombani, mais une fois sur place, il tombe des nus. “Vous n’avez pas l’âge monsieur. On ne peut pas vous vacciner”, lui dit-on. Oili Ahamadi repart bredouille, lui qui se faisait une joie de se faire vacciner. “Ils m’ont dit que je vais devoir attendre mon tour parce que je n’ai pas 75 ans. J’attendrai et quand il le faudra, je viendrai me faire vacciner car j’ai des problèmes de santé donc je pense que ce vaccin peut me protéger”, dit-il. Ce septuagénaire n’est pas le seul dans ce cas. Une autre dame, également âgé de 70 ans, a été appelée par le CCAS de Mamoudzou et se retrouve dans la même situation. Malgré ce petit désagrément, aucun des deux ne s’indigne, bien au contraire. “Cela m’aura au moins permis de me balader”, relativise Oili Ahamadi.

 

Un centre de vaccination vide

 

Ceux qui ont l’opportunité de se faire vacciner, à l’exemple d’Ali Moussa, doivent passer par trois étapes. Une fois arrivé au centre de vaccination, un médecine le reçoit et relève toutes les informations nécessaires liées à sa santé. Ali Moussa s’installe ensuite dans un coin aménagé pour recevoir l’injection. Une étape cruciale qui ne dure que quelques secondes. D’un pas confiant, il se dirige ensuite vers le dernier stand où des femmes l’attendent pour lui fournir son certificat de vaccination. Un document important qui lui permettra de retourner au centre dans 6 semaines pour recevoir la deuxième dose.

Par mesure de précaution, toutes les personnes vaccinées sont ensuite surveillées pen-dant 15 minutes au sein de la MJC. Ali Moussa a pu passer toutes ces étapes sans se presser puisqu’il était seul lors de son arrivée. Au grand désespoir du personnel de l’ARS et des soignants… Pourtant, le centre est désormais ouvert à toutes les personnes de plus de 75 ans de toute l’île. Alors ont-elles peur du vaccin ? N’ont-elles pas eu l’information ? Est-ce par manque de moyen de transport ? Tout est possible, mais le coordinateur du centre de vaccination l’affirme : “Aucune dose de vaccin ne sera jetée.

Bouéni, Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi confinées jusqu’à nouvel ordre

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L’annonce est tombée comme un cheveu sur la soupe. À partir de ce jeudi 28 janvier, 18h, les communes de Bouéni, Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi sont confinées pour une période indéterminée en raison de leur taux élevé d’incidence. Les établissements scolaires sont fermés tandis que les commerces essentiels restent eux ouverts. Les déplacements entre Grande-Terre et Petite-Terre sont quant à eux limités à certaines professions.

856… 743… 577… Le taux d’incidence de Pamandzi, de Bouéni et de Dzaoudzi-Labattoir fait froid dans le dos. Il s’agit du nombre de cas pour 100.000 habitants. «Face à ce contexte qui s’est dégradé brutalement au cours des dernières 24 heures, en parfait accord avec l’agence régionale de santé, Jean-François Colombet, préfet de Mayotte, délégué du gouvernement, a décidé de confiner [ces] communes pour une période indéterminée», annonce la préfecture dans un communiqué envoyé peu avant 19h ce mercredi. Ce confinement «total», approuvé par les trois maires respectifs, prend effet dès ce jeudi 28 janvier, à partir de 18h.

Conséquences pour les habitants : tous les commerces sont fermés à l’exception des établissements qui vendent des denrées alimentaires et des phamarcies. Les sorties sont interdites sauf pour les individus qui se rendent dans ces commerces pour y faire des achats dits «essentiels» ou qui vont à un rendez-vous médical ne pouvant être reporté. «Les déplacements sur l’espace public devront être justifiés par les attestations qui seront présentes sur [notre] site à partir de demain matin.»

 

On n’est pas sorti de la barge

 

Autre information à prendre en considération, les barges ne comptent accueillir que des passagers qui doivent prendre l’avion, munis d’un billet, les fonctionnaires de police, les militaires de la gendarmerie et du détachement de légion étrangère, les personnels hospitaliers, les particiens libéraux de santé comme les médecins et les infirmiers, les personnes qui viennent se faire tester à l’aéroport pour un vol ultérieur, les agents de la douane et du syndicat des eaux ainsi que tout le personnel justifiant d’une intervention urgente.

Cette décision radicale intervient alors que Mayotte enregistre une soixantaine de cas porteurs du variant sud-africain et que l’île aux parfums vient de détecter la présence du variant britannique sur son territoire. Dans son ensemble, la situation sanitaire se dégrade très fortement dans le 101ème fortement puisque le taux d’incidence augmente dans l’ensemble des classes d’âges, y compris chez les moins de 14 ans et les personnes ne présentant pas de comorbidité. «Cette dégradation se traduit par une hausse de plus de 30% du nombre d’appels au 15.»

 

Fin du présentiel dans les écoles

 

Plus contagieux à 50% que la souche initiale, les variants touchent donc plus fortement les jeunes, jusqu’alors plutôt épargnés par le virus. D’où la fermeture de tous les établissements scolaires, premier et second degré, de ces trois localités. Il n’est d’ailleurs pas à exclure que d’autres connaissent la même sentence, à l’instar du lycée Younoussa Bamana à Mamoudzou où trois clusters seraient formellement identifiés.

Que retenir alors de cette déclaration ? Et surtout quelle suite pouvons-nous attendre ? Selon nos informations, les habitants de Bouéni, Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi devront rester chez eux jusqu’à nouvel ordre tant que la situation ne sera pas favorable à un desserement des contraintes. Quant aux autres communes, un tel sort ne serait pas encore envisagé dans le seul but d’éviter un effondrement de l’économie locale. Toutefois, voyant la vitesse de propagation de l’épidémie depuis le début de l’année 2021, aucune alternative n’est à exclure sachant que le couvre-feu n’aurait pas l’effet escompté selon les mots du gouvernement… Réponse dans les prochains jours.

“Oui à la piste longue à Mayotte, mais pas au détriment de l’environnement”

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Le temps presse et le débat est loin d’être clos. L’allongement de la piste de l’aéro-port ne fait pas l’unanimité tant sur le fond que sur la forme. Les associations envi-ronnementales sont souvent pointées du doigt, accusées d’être un frein au dévelop-pement de Mayotte. La Fédération mahoraise des associations environnementales explique clairement sa position. Son président, Ali Madi, est favorable à la piste longue, mais l’environnement ne devrait pas en faire les frais. Une autre alternative est possible.

Flash Infos : Quelles sont vos réticences, vos peurs, concernant le projet de la piste longue qui date de 2011 ?

Ali Madi : Le problème est qu’ils veulent mettre de la terre pour remblayer alors que la terre brut envase la mer. C’est nocif pour le lagon et les espèces qui vivent dedans. À cela s’ajoute la question de l’aménagement. Déjà en 2011, nous nous demandions ce que nous ferions des personnes qui habitent à Pamandzi et vers la colline de Four à Chaux. Entre temps, des habitations se sont rajoutées, la gendarmerie de Pamandzi a été agran-die, et maintenant nous sommes en train de construire une caserne de pompiers. La sta-tion-service, qui a été rénovée, est un établissement sensible classé, un avion ne peut passer au-dessus. L’aménagement ne correspond pas au projet de l’aéroport. Pour ce faire, il faudrait tout enlever et quel élu courageux tiendrait ce discours ? Aucun car beaucoup d’argent a été investi. Si je devais avoir peur d’une chose, ça serait des poli-tiques non consensuelles, des politiques qui disent que nous allons faire la piste longue alors qu’ils font tout pour que cela ne se fasse pas. Parce qu’en autorisant toutes ces constructions et rénovations, ils montrent clairement leurs intentions de ne pas rallonger la piste.

FI : Que risquons-nous si nous rallongeons la piste longue sans prendre compte de tous ces paramètres ?

A. M. : Il faudra s’inquiéter pour la santé des gens qui seront autour et qui absorberont tous les jours du kérosène. Il y a aussi la pollution sonore ! À cause du bruit, les maisons se fisseront. Et je vous laisse imaginer les dégâts si un avion tombe sur la station-service.

FI : Quelle alternative proposez-vous ?

A. M. : Il faudrait plutôt mettre des pierres et du béton comme cela a été fait à La Réunion pour la route du littoral. Cela permettra de créer une piste convergente sur pilotis. Nous faisonscette proposition depuis 2011, mais les autorités n’en veulent pas car cela coûte beaucoup plus cher. Nous devons faire cet aéroport, Mayotte en a besoin, mais nous de-mandons des mesures compensatoires. La FMAE demande la protection des espèces marines qui sont dans cette zone. Nous pouvons les déplacer, cela implique un coût non négligeable, mais c’est absolument nécessaire. Et cela doit être écrit noir sur blanc. Je lance un appel pour que nous nous mettions au travail. Nous avons jusqu’en 2023 pour trouver la meilleure solution, et pour cela, il faut un comité locale qui suivrait les travaux. Ce qui n’est pas le cas, puisqu’actuellement c’est la seule direction générale de l’aviation civile, basée à La Réunion, qui est en charge. Et elle ne fait rien. Les Mahorais doivent porter leur projet.

 

 

FI : Avez-vous des exemples de projets de développement qui ont été créés et ache-minés à Mayotte et qui finalement dégradent l’environnement ?

A. M. : En 1995, nous avons déjà allongé la piste avec de la boue. L’ensemble de la mer de Pamandzi était rouge. À cause de cela, la falaise de Petit Moya est en train de s’écrouler parce que nous avons dévié les courants. La même chose s’est produite au port de Longoni. Nous avons mis de la boue partout en utilisant la technique de dragage qui consiste à mettre un filet entre la mer et la terre. Sauf que le filet s’est ouvert et la boue s’est déversée sur le lagon. Il suffit d’un rien pour que ce type d’incident se produit. Nous avons construit le nouveau marché de Tsararano sur une zone humide et mainte-nant il n’est pas fonctionnel. Idem pour le collège d’Iloni alors que nous avions mis en garde les autorités et que nous avions fait une autre proposition qui n’a jamais été prise en compte. Aujourd’hui, l’ensemble des salles sont fissurées. Nous sommes en train de mettre des préfabriqués sur le parking en guise de salles de classe et certains élèves sont envoyés dans d’autres établissements.

FI : Vous semblez faire beaucoup de propositions sans jamais être réellement écouté. Êtes-vous sûr que cette fois-ci votre avis sera pris en compte ?

A. M. : Oui, parce que jusqu’à maintenant, tout se jouait à Mayotte. Mais depuis la prise de parole du président de la République, Emmanuel Macron, nous avons le soutien de l’autorité environnementale. Son avis doit être pris en compte. Les décisions seront prises à Mayotte, mais également à Paris et à Bruxelles. C’est ce qui embête les détracteurs des associations environnementales d’ici.

FI : Qu’avez-vous à dire à ceux qui accusent les associations environnementales d’être un frein pour le développement de Mayotte, notamment à travers la piste longue ?

A. M. : Les Mahorais disent que des projets environnementaux se font à La Réunion, mais ils ne se demandent jamais de quelle manière. Là-bas, les associations environne-mentales ont leur mot à dire. Nous mettons toutes nos propositions par écrit. Elles sont faites pour être lus, donc que ces gens-là se mettent à lire. Qu’ils consultent l’avis de l’autorité environnementale, et aussi le projet de 2011. Les mêmes questions étaient déjà posées et elles n’ont jamais reçu de réponses. C’est bien beau d’aller crier à la radio et à la télé, mais en attendant, nous n’avons rien de concret de l’autre côté. C’est du fainéan-tisme et de la bêtise de ne pas le faire. Tous ces élus et autres autorités ne le font pas parce qu’ils ont peur d’assumer leurs propos. La piste longue est un projet structurant pour Mayotte. Nous le soutenons fortement mais pas au détriment de l’environnement. Nous nous battrons pour que ce projet soit fait comme ailleurs c’est-à-dire en respectant l’environnement.

Il se glissait dans leur lit la nuit : quatre ans de prison dont six mois avec sursis pour le prévenu

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Après avoir passé trois ans en détention provisoire dans l’attente de son procès, un homme comparaissait ce mercredi devant le tribunal correctionnel pour avoir agressé sexuellement deux mineures en 2017. Malgré sa défense bancale, le prévenu n’a plus que quelques mois à passer derrière les barreaux.

Son mode opératoire était presque rodé. Dès qu’il avait un peu bu, l’homme entrait par effraction dans un domicile. Et tandis que tout le monde dormait à poings fermés, il se glissait discrètement dans la chambre d’une fillette pour s’allonger à ses côtés. Et faire ses affaires… Par deux fois au moins, le 14 novembre et le 14 décembre 2017, le prévenu a ainsi été pris la main dans la culotte. Manque de pot pour la deuxième victime, il était parvenu à s’échapper la première fois. C’est donc pour ces doubles infractions de violations de domicile et d’agressions sexuelles imposées sur mineures de moins de quinze ans que cet habitant de Combani était convoqué ce mercredi au tribunal correctionnel.

Il a d’abord enlevé mon salouva, et quand je me réveillais, il faisait comme s’il dormait”, retrace trois ans après les faits sa première cible, alors âgée de quatorze ans. Le même manège se répète, jusqu’à ce que l’adolescente, de dos et tétanisée, sente ses mains sur ses fesses. Elle parvient à s’extraire pour prévenir son petit frère, qui réveille sa mère. Alertés à leur tour, les voisins tentent de l’attraper, mais le saoulard parvient à dénouer ses liens avant que les gendarmes n’arrivent. Quand enfin ils rappliquent, la mère a déjà eu le temps de tout ranger. Et même de passer un coup de serpillère ! Il faut dire aussi que l’intrus, complètement alcoolisé, s’était fait dessus dans son salon… “Depuis, j’ai peur de sortir dehors. Même chez moi, toute seule, je n’y arrive pas”, murmure la mineure entendue ce mercredi à la barre.

 

“J’ai eu un instinct”

 

Non content de ce premier exploit, le fugitif remet le couvert un mois tout pile après son intrusion chez cette famille de Tsingoni. Dans la nuit du 13 au 14 décembre, une autre petite fille est tirée des bras de Morphée par ce cauchemar de chair et d’os. Elle a neuf ans. Cette fois-ci, c’est la maman elle-même qui découvre la scène. “J’étais malade, et je me suis réveillée d’un coup. J’ai eu un instinct”, rembobine-t-elle. Le gaillard est allongé sur son enfant, il a déjà retiré ses vêtements et son propre short. La fillette est en pleurs. “Quand il était sur toi, il a bougé ?”, lui demande aujourd’hui la juge. Hochement de tête. Si le certificat médical établi peu après l’agression n’aura relevé aucune lésion corporelle permettant de caractériser un viol, du sperme sera néanmoins retrouvé un peu partout sur les draps, la culotte et la jupe de la victime.

 

Un QI dans la moyenne basse

 

mayotte-agression-sexuelle-alcoolique-2Le problème, c’est que le prévenu a toujours nié les faits. “Cette nuit-là (celle de décembre NDLR), j’étais juste venu voler une télé”, répète-t-il à l’audience, comme il l’a déjà martelé pendant sa garde à vue et devant le juge d’instruction. “Quand vous voulez voler une télévision, vous vous masturbez aussi sur une petite fille ?”, s’étonne la juge. “J’ai pas commis ça. Je me souviens pas. Je voudrais pas faire ça, j’ai des sœurs« , rétorque-t-il coup sur coup, d’un air un peu benêt. Face à ses réponses godiches, même le traducteur du tribunal en perd son latin ! Et force un peu le ton, au point d’être poliment rappelé à l’ordre par la magistrate. Visiblement, ce nigaud n’est pas de la trempe d’un Einstein : d’après le psychologue qui l’a suivi en prison, son quotient intellectuel (QI) se situe “dans la moyenne basse”. Ajoutez à cela un fort alcoolisme, qui le pousse à des comportements dangereux, et voilà un joli personnage. “Moi, quand j’ai bu, faut pas venir me chercher des histoires”, marmonne-t-il en effet. Heureusement, en prison où il a été placé en détention provisoire depuis trois ans, il a réglé le problème. “Je prie Dieu, si je sors, de pas recommencer”. “Je ne compte pas trop sur Dieu mais sur vous”, lui réplique-t-on.

 

Coupable mais presque libre

 

Face à cette négation des faits, le risque de récidive est bien réel. Sans parler du préjudice moral pour ses deux victimes, rappelle Maître Soilihi, avocat de la partie civile. “Il est dommage qu’il ne se rappelle pas, car ces jeunes filles auraient bien aimé entendre une reconnaissance des faits, pour se reconstruire”, souligne-t-il. Pour le procureur de la République, les faits sont bien caractérisés, que ce soit par les témoignages des uns et des autres, que par les éléments récoltés sur place par la police scientifique. Sa culpabilité ne fait pas de doute. Reste que le mis en cause a déjà passé trois ans sous les verrous… D’où la condamnation finalement retenue par le tribunal, à quatre ans de prison dont six mois assortis d’un sursis probatoire de deux ans. En clair, l’homme retourne à Majicavo… mais pour quelques mois seulement. Un sursis révocable s’il ne respecte pas ses obligations de soins, de travail ou de formation et ses interdictions d’approcher les victimes. Gare à la levée de coude !

Le mode survie activé par les hôteliers et restaurateurs mahorais

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Cellule de crise, remboursement des consommables, flambée du prix du fret, relance, exonération, cotisations, dette sociale, activité partielle, fonds de solidarité… L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Mayotte a convié ce mercredi plusieurs services de l’État pour tenter de rassurer hôteliers et restaurateurs. Morceaux choisis.

Dans la salle du restaurant L’Orient Express, une réception un peu particulière se déroule ce mercredi 27 janvier. Face à plusieurs hôteliers et restaurateurs de Mayotte se dresse un florilège de services de l’État (CSSM, Dieccte, SGAR, DRFIP). Le but de la rencontre : anticiper les mesures et répondre aux interrogations de ces professionnels frappés de plein fouet par le Covid-19. « Le travail de fond a payé au cœur de la crise et dans la relance », introduit en signe d’encouragement Alexandre Kesteloot, adjoint au secrétaire général des affaires régionales. « On est dans l’adaptation permanente, même si on fonctionne sur des stratégies à long terme ». Dans l’assemblée, les têtes font grise mine. Pas de doute, le moral est au plus bas. « On subit et on est en mode survie. On ne s’adapte pas ! », lui répond sèchement l’une des convives, bien décidée à ne pas mâcher ses mots.

Comme pour tous les établissements recevant du public, restaurants et hôtels doivent se plier à un protocole sanitaire strict. Des mesures indispensables à respecter pour ne pas risquer une fermeture administrative. « Les tarifs des consommables – les masques et le gel hydroalcoolique – ne sont pas stables », assène Marcel Rinaldy, président du groupe 3M, chargé de jouer le rôle de Monsieur Loyal lors de cet échange. Qui préconise de mettre en place une bonne fois pour toute une centrale d’achat gérée par la préfecture. Une idée évoquée lors du confinement… Rapidement renvoyée aux calendes grecques. Car si les prix sont réglementés et contrôlés par un décret en vigueur, les montants réels ont de quoi donner le tournis ! « Une boîte de 50 masques, c’est 4.50 euros en métropole, 12 euros à La Réunion, et entre 17 et 35 euros à Mayotte », s’époumone le gérant du Jardin Maoré, complètement estomaqué par ces disparités.

 

« Le mal est fait »

 

Un gouffre financier pour ces entrepreneurs aux perspectives déjà peu reluisantes. «Concernant les équipements qui protègent sanitairement, le Département va mettre en place une plateforme dès mi-février pour que vous puissiez envoyer vos factures et être remboursés», annonce tel un messie, Enfanne Haffidhou, le directeur général adjoint au sein de la collectivité. Une bouffée d’oxygène en cette période de vaches maigres. Car le couvre-feu instauré jeudi dernier assène un nouveau coup de massue sur leur tête. «Nous, on veut être associés aux discussions et aux décisions. Pourquoi devrait-on payer pour les manzarakas de 300 personnes ?», s’interroge dans une colère noire celle qui a ouvert le bal quelques minutes plus tôt. «Il faut faire respecter les règles ! Confinez les clusters plutôt que de fermer les entreprises.» Silence de cathédrale. «Le mal est fait», marmonne-t-elle, dépitée.

Pour ne rien arranger, la récente réglementation sur les vols pour tenter de contrôler l’envolée de l’épidémie a des conséquences désastreuses sur l’approvisionnement. «On est dans un contexte concurrentiel. Le fret est dépendant du trafic des passagers», leur rappelle Alexandre Kesteloot. Et au vu de la situation : priorité aux matériels sanitaires. «Si on a un magret, c’est déjà bien», ironise l’une des participantes à la réunion. À défaut d’une belle pièce de viande, ils peuvent toujours se rabattre sur des menus plus healthy… à condition de payer 12.90 euros le kilo d’endives.

Délinquance : Ils se faisaient appeler la bande de Gotam, 9 interpellations après les violences de Petite-Terre

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Une cellule d’enquête surveille depuis décembre les agissements d’une bande du quartier de Cetam, en Petite-Terre. Depuis lundi, et après un week-end entaché de barbarie, la gendarmerie, avec l’appui de la police nationale, a enfin pu mettre à terre une partie des fauteurs de trouble.

C’est une véritable Hydre de Lerne que les enquêteurs de la gendarmerie de Pamandzi ont démantelée. Après les violents affrontements de ce week-end en Petite-Terre, qui ont provoqué la mort de trois personnes, huit individus ont été interpellés, placés en garde à vue et présentés au tribunal ce mercredi. Un neuvième avait été interpellé avant ces événements dramatiques. Une information judiciaire a été ouverte pour des chefs de vols aggravés, destructions, violences aggravées, associations de malfaiteurs et vols aggravés en bande organisée. Le parquet a requis leur placement en détention provisoire et ils devaient passer ce mercredi soir devant le juge des libertés et de la détention.

En haut de la pile ? Abdallah D. I., dit “Crochet”. Cet homme de 19 ans est considéré comme le chef de “la bande de Gotam”, du nom de ce groupe né dans le quartier de Cetam. Le “h” est tombé, mais difficile de passer à côté de cette référence à la ville fictive, temple de tous les vices, qui a fait sa réputation dans les comic books américains de DC Comics… La comparaison s’arrête là. Car les faits qui sont reprochés à ce “meneur” et sa dizaine de sbires n’en font pas vraiment un justicier à la Bruce Wayne.

Modes opératoires particulièrement ficelés, coordination d’une cinquantaine de jeunes, processus de recrutement avec certains mineurs enrôlés de force, le tout pour perpétuer vols, cambriolages, et crimes en tout genre… Les enquêteurs ont visiblement affaire à des criminels aguerris. Quant à la question, particulièrement polémique sur l’île, de savoir si les mis en cause sont d’origine étrangère ou non, il semblerait que “la majorité sont nés à Mayotte, pour certains de parents français, et sont français”. À ce stade, “les éléments ne permettent pas de dire s’ils sont Comoriens ou non”, insiste le procureur de la République, Yann Le Bris.

 

Premier individu retrouvé début janvier

 

Peu importe. Cette organisation aura, quoi qu’il en soit, donné du fil à retordre aux enquêteurs. Les interpellations de cette semaine n’étant d’ailleurs pas les premières : à l’occasion du cambriolage d’un Douka Bé début janvier, les enquêteurs étaient parvenus à retrouver la zone de rassemblement des suspects. Là, un bel attirail d’une dizaine d’armes blanches, des machettes, des chumbos mais aussi des trouvailles moins “classiques”, comme une béquille avec des clous ou une épée de type rapière, avaient été collectés. Et juste au-dessus, planqué dans l’arbre, le numéro 2 de la bande…

L’île de Petite-Terre, d’habitude préservée, a été marquée depuis octobre 2020 par une hausse significative de délits et d’actes criminels”, retrace le procureur de la République, en introduction d’une conférence de presse solennelle pour répondre aux interrogations qui n’ont pas manqué de fleurir depuis le week-end. Face à ce constat, et dès le mois de décembre 2020, une cellule spéciale d’une vingtaine d’enquêteurs a donc été mise en place pour apporter une “réponse efficace et durable” à cette situation inhabituelle – avec l’envoi de la “task force” annoncée par le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, ce sont dix enquêteurs de plus qui viennent grossir les rangs de cette équipe de fins limiers.

 

150 à 200 faits recensés par la cellule d’enquête

 

En quelques semaines, la cellule a alors recensé près de 150 à 200 faits, avec parfois jusqu’à une dizaine d’infractions relevées chaque jour. Le nombre d’auteurs a suivi la même pente ascendante, jusqu’à atteindre près d’une cinquantaine d’individus. Ce sont donc ces jeunes, âgés parfois de moins de dix ans, qui ont mené la vie dure à la Petite-Terre ces dernières semaines.

 

Victime collatérale et déferlement de violences

 

Jusqu’à ce week-end, où la violence a atteint son paroxysme. Et un bilan sanglant, de trois meurtres, dont deux adolescents. Ce que l’on sait pour l’instant : l’homme de 36 ans, d’origine comorienne, dont le corps sans vie a été retrouvé vendredi à la Vigie serait “une victime collatérale” d’un conflit entre bandes rivales. “L’enquête s’oriente vers un crime commis gratuitement par un certain nombre de membres du groupe de Gotam”, complète le procureur.

Visiblement, la bande se rendait vers la Vigie, et a croisé sur son chemin l’agriculteur, qui a alors fait les frais de cette “émulation guerrière”, précise le capitaine Depit, chargé de la police judiciaire. L’enquête n’a, pour l’instant, pas permis de déterminer si les meurtres de deux jeunes, samedi et dimanche, étaient liés à la bande de Gotam ou à cette première affaire. Même chose pour l’agression d’un homme la semaine dernière, en amont de ces violences, qui a échappé à la mort mais qui est toujours hospitalisé. Un individu a toutefois déjà été interpellé et placé en détention pour cette dernière attaque.

 

Le calme enfin revenu ?

 

Une chose est sûre : ce déferlement de violences a mis des bâtons dans les roues de la gendarmerie, nous dit-on. “L’opération d’interpellation était prévue initialement lundi et la mort de cet homme de 36 ans nous a obligés à nous réarticuler car cela a conduit les bandes à se disperser entre la Grande-Terre et la Petite-Terre”, analyse le commandant de gendarmerie Olivier Capelle. Qui insiste par ailleurs sur les moyens déployés par la gendarmerie, d’abord de 63 puis 95 militaires mobilisés pour procéder à ces interpellations et aussi s’interposer entre les communautés de la Vigie et de Cetam. “Sachant le passif de ces deux quartiers, nous avons sollicité quarante militaires de la gendarmerie mobile qui sont arrivés hier pour ce dispositif d’interposition, qui sont là de jour comme de nuit, pour éviter toute représaille.” Avec pour l’instant, un bon point. “Depuis dimanche, on dirait que nous avons un peu figé la situation. C’est très calme en Petite-Terre”, se gararise le commandant. Trop calme ?

Violences en Petite-Terre : trois meurtres, deux enterrements et un avis de recherche

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Du côté des autorités, la prudence est de mise depuis les violents affrontements du week-end en Petite-Terre qui ont fait trois morts. Le lien entre ces décès n’a toutefois pas été établi, et aucune interpellation n’a été annoncée. Pour les familles et les habitants sous le choc, c’était l’heure du deuil ce mardi… dans la crainte de voir cette “chasse à l’homme” se poursuivre.

J’y crois pas ! J’ai même pas les larmes pour pleurer. Il y a mon pote qui est mort !”, souffle Saïd* en serrant les poings sur le guidon de son vélo tout terrain, la tête baissée en signe d’abattement. Quelques mètres plus loin, Steven Zafi, jeune Petit-terrien de 14 ans, repose sous un linceul, dans le cimetière musulman de la route des Badamiers. La petite foule d’une trentaine de personnes venue lui dire au revoir ce mardi après-midi s’est déjà dispersée, dans une atmosphère pesante. Saïd lui, ne parvient pas à se résoudre à bouger. “J’y crois pas ! Le petit, le génial, qui pensait qu’à s’amuser, qui cherchait jamais les embrouilles ! Il était toujours là à vouloir donner un coup de main pour réparer mon vélo…”, répète le jeune habitant de Labattoir, comme figé devant cette grille de cimetière. “Des charognards, des fils de p***”, lâche l’un de ses potes pour tout commentaire, avant de se remettre en selle et de pédaler à fond sur le bitume. Loin, très loin de ce souvenir brûlant.

Sur Petite-Terre, difficile d’échapper à la colère palpable qui a envahi les rues et les esprits depuis les événements de ce week-end. En moins de trois jours, trois personnes, dont deux adolescents de 14 et 15 ans, ont perdu la vie dans des affrontements qui ont opposé des bandes du quartier Cetam et de la Vigie, à quelques encablures du cimetière de Labattoir. Vendredi, d’abord, le corps sans vie d’une homme de 36 ans est découvert en haut de la Vigie. Des bandes déboulent alors dans les rues, brûlent des cases en tôle et des voitures. Leur intention ne fait pas de doute : tuer les responsables. Samedi, un premier adolescent de 15 ans meurt sous les coups des assaillants. Dimanche, ce sera au tour de Steven.

 

Course-poursuite sanguinaire

 

C’est abominable ce qui lui est arrivé. Le matin, il pleuvait beaucoup, vous vous rappelez ? Le toit fuyait, et Steven est juste parti chercher un escabeau…”, décrit un membre de la famille. En chemin, le collégien tombe nez à nez avec un groupe d’individus, visiblement menaçants. “Quand il les a vus, il a fait demi-tour. Il a dû les reconnaître”, croit savoir cet oncle. La suite, les réseaux sociaux se sont chargés de la raconter. Poursuivi, le garçon se réfugie dans une case en tôle, avant d’y être acculé par ses agresseurs. C’est là qu’il sera retrouvé, la gorge tranchée. Sans autre forme de procès.

 

“Oeil pour oeil, dent pour dent”

 

Partout à Mayotte, les rumeurs vont bon train pour tenter d’expliquer ce qui a bien pu plonger la Petite-Terre dans un week-end aussi sanguinaire. Anli* en sait quelque chose : tous les jours, sur la route des Badamiers qu’il prend pour rejoindre le travail ou rentrer chez lui, il récolte les dires des uns et des autres… et reconstitue peu à peu le fil. Pour ce tourneur-fraiseur de formation, l’hypothèse de la vengeance ne fait pas de doute, même si elle n’a pour l’heure pas été confirmée par la section recherches de la gendarmerie de Pamandzi chargée de l’enquête ou par le procureur de la République Yann Le Bris.

C’est oeil pour oeil, dent pour dent. Pire, ici, c’est la loi de la jungle, car c’est juste le plus fort qui gagne”, assure ce mécanicien en profitant d’un coin d’ombre sur la route aujourd’hui déserte, à quelques mètres de la plage. Et les forces de l’ordre dans tout ça ? “L’État nous a abandonnés. À chaque fois que ça pète, ils mettent des gendarmes au rond-point, qui rentrent à la nuit tombée. Pas étonnant que certains décident de faire justice eux-mêmes”, poursuit le père de famille, qui hésite aujourd’hui à envoyer sa famille en métropole. “J’étais à Marseille pendant longtemps. Là-bas, même si c’est à la kalachnikov qu’ils règlent leur compte, ça semble moins sanglant.” C’est dire !

 

Cetam versus la Vigie

 

En guise de kalachnikov ce week-end, ce sont plutôt les machettes qui ont armé les poings des bandes revanchardes. Et si tout s’est accéléré le vendredi avec la découverte du corps de l’homme de 36 ans, l’histoire ne date pas d’hier. En réalité, cela fait déjà plusieurs semaines que des individus du quartier Cetam et de la Vigie mènent la vie dure aux habitants de Petite-Terre. Cette fois-ci, ce sont les gars de Cetam qui ont voulu venger l’un des leurs. Mais ils s’en sont pris à la mauvaise cible… “Il y a des communautés ici, et de ce qu’on dit, les Iconiens, ils ont plutôt la machette facile”, glisse Anli pour faire référence à ce groupe, originaire d’Anjouan, auquel appartiendrait la victime. Une version d’ailleurs confirmée quelques mètres plus loin par Saïd et les deux trois hommes qui traînent encore devant le cimetière. “La chasse à l’homme, elle a commencé mardi”, retrace Saïd.

Selon lui d’ailleurs, les “Iconiens” ont bien retrouvé l’un des responsables : non pas Steven, “qui n’a jamais cherché les embrouilles”, ressasse-t-il en boucle, mais celui qu’elles ont sommairement exécuté samedi, et qui devait lui aussi être enterré ce mardi à M’Tsapéré. “Lui, il faisait partie de Madacouan, c’est leur nom. Ils sont allés cambrioler à Pamandzi, et sur leur retour, ils ont détruit les maisons de la Vigie. Et c’est à cause de leurs guerres que mon pote est mort”, enrage-t-il, les yeux scotchés sur son smartphone pour vérifier les dernières nouvelles. Car la guerre n’est pas finie. Un avis de recherche circule sur Facebook, avec la photo d’un certain Abdallah D. D. “C’est le chef de Madacouan. Les Iconiens, eux, ils disent que tant qu’ils n’auront pas trouvé 16 têtes, ils ne s’arrêteront pas”, grimace-t-il en se balançant d’avant en arrière. Son vélo grince un peu. Comme un mauvais présage.

* les prénoms ont été modifiés

Violences en Petite-Terre, Maître Elad Chakrina : “L’omerta ne fait pas avancer l’enquête”

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L’avocat de Dzaoudzi-Labattoir a annoncé porter plainte contre X pour trouble à l’ordre public. Avec cette nouvelle procédure, il espère encourager les habitants à venir dénoncer les auteurs des violences. Entretien.

Flash Infos : Pourquoi la commune de Dzaoudzi-Labattoir a-t-elle décidé de porter plainte ?

Elad Chakrina : Dans cette affaire, il s’agit d’apporter une réponse très forte face aux drames survenus ce week-end. Nous parlons là de trois assassinats, et je pèse mes mots : il y a une différence avec un meurtre, condamné par trois ans de réclusion maximum. L’assassinat est au-dessus, ici nous parlons d’homicide en bande organisée avec armes, sans oublier bien sûr l’élément intentionnel. Ça, c’est la perpétuité, la prison à vie. Du jamais vu dans l’histoire de Mayotte ! Mais c’est un tel bouleversement, un tel drame ces trois personnes assassinées… Nous ne pouvons accepter cette loi du Talion. Nous assistons là à un cycle de vengeance, avec un premier assassinat d’un homme de 36 ans, puis la riposte par les personnes qui se disent proches de la première victime. Résultat : nous avons un déferlement en bande organisée, cagoule sur la tête, machette au poing, cinquante personnes qui s’avancent dans la rue avec un air menaçant et qui veulent en découdre. D’où la plainte pour atteinte à la paix publique déposée par Dzaoudzi-Labattoir, basée sur deux éléments : la participation à des attroupements délictueux et le trouble à l’ordre public. Et avec les deux circonstances aggravantes, les visages dissimulés et l’intention de donner la mort, les auteurs risquent cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende. Cette démarche de la commune est indépendante de celle des victimes. L’idée, c’est que ces attroupements ne peuvent rester impunis et qu’il faut une réponse pénale forte. Car ces déferlements, cela veut dire que le territoire n’est pas assez protégé. J’en parle en connaissance de cause : j’étais hier à la réunion publique de la mairie, j’ai entendu les témoignages. Une mère qui explique qu’une bande s’est attroupée devant sa maison car elle voulait exterminer son fils en pensant que c’était un responsable du premier mort… Cela ne laisse personne indifférent.

FI : Mayotte a mal vécu l’absence de réactions au niveau national dans les médias comme dans la sphère politique. Surtout au vu de l’émoi qu’a suscité la vidéo du jeune Yuriy, tabassé par une bande à Beaugrenelle, et qui a justement circulé à foison ce week-end sur les réseaux sociaux… Finalement, c’est par un tweet que Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, a annoncé l’envoi de deux pelotons de gendarmes mobiles et une task force de dix enquêteurs. Y a-t-il deux poids, deux mesures dans la réponse judiciaire ?

E. C. : Moi, je note une réactivité des autorités, en tout cas cette semaine. Certes, il y a pu y avoir une incompréhension face au manque de réactions au niveau national, nous n’avons pas entendu de mots de la part des autorités concernées. Mais par la suite, nous avons eu des actes, avec plus de gendarmes et plus d’enquêteurs. Ces renforts sont nécessaires pour le maintien de l’ordre. Après, vous parlez là de deux affaires dans deux espaces géographiques différents. L’une à Paris dans le 15ème arrondissement, où vous avez des caméras qui peuvent surveiller et permettre d’identifier les auteurs de cette violence physique, où vous avez aussi plus de moyens car il s’agit d’une zone police, une zone urbaine avec davantage de forces de l’ordre. Ajoutez à cela l’émoi très fort que vous mentionnez et qui a interpellé la sphère politique nationale, vous avez une pression qui permet de faire avancer l’enquête. À Mayotte non seulement, nous n’avons pas le même équipement, il n’y a pas de caméra pour identifier les auteurs de ces attroupements et de ces crimes. En plus, et c’est un point crucial : ici, nous vivons sous la loi du silence et la peur des représailles. Cette omerta est très préjudiciable pour la famille des victimes déjà, et pour l’ensemble de population de Mayotte. Car certains crimes restent alors impunis et cela envoie qui plus est un signal négatif pour les délinquants.

FI : Vous parlez de la peur des représailles. Justement, trop souvent, les Mahorais ont l’impression que lorsqu’ils dénoncent leurs agresseurs, ils les retrouvent dans la rue quelques jours plus tard… Les gardes à vue sont-elles trop courtes, les placements en détention trop rares ? Est-ce justement la faute de cette omerta, qui empêche les enquêteurs de réunir les preuves ?

E. C. : Une garde à vue dure 24h et peut être prolongée de 24h supplémentaires quand il y a des éléments nouveaux et qu’il faut approfondir l’audition. Les seuls cas où cela peut excéder ces délais concernent des affaires de terrorisme et je ne crois pas que cela ait déjà été le cas à Mayotte. Après la garde à vue, le prévenu est déféré devant le procureur qui transmet le dossier au juge d’instruction, qui va notifier l’individu de la mise en examen. Puis le juge des libertés et de la détention va prononcer ou non la détention provisoire en attendant le procès, en analysant les risques de pression sur les victimes, de fuite, ou de troubles à l’ordre public. Pour fonctionner, cette machine judiciaire a en effet besoin de preuves. Chaque élément est capital, que ce soit un témoignage, une vidéo qui peut démontrer que l’infraction a bien été commise. Tout cela facilite le travail des magistrats et la réparation devant la justice. Alors oui, on peut avoir l’impression que c’est peine perdue, ou que l’appareil judiciaire va trop lentement, que les résultats ne sont pas au rendez-vous… Quand l’administration est en sous-effectif, il devient difficile d’aller plus vite que la musique ! Je pense qu’à Mayotte notamment, il est important de miser sur les moyens humains. Cela veut dire plus de magistrats et plus de forces de l’ordre. Mais il faut aussi davantage de formation, pour former des policiers, des gendarmes et aussi des magistrats mahorais. Enfin, certains estiment aussi qu’il peut y avoir du laxisme dans la condamnation pénale. J’ai envie de vous dire : la justice a ses raisons que l’émotion ne connaît pas. Mais il faut garder en tête que la loi pénale est une loi souveraine qui s’applique sur l’ensemble du territoire national. Il ne peut pas y avoir de dérogation, mais ce que peuvent demander les Mahorais, c’est l’application stricte de la loi quand la peine est prévue pour une infraction. De quoi donner un signal fort, en somme. Dans l’affaire qui nous concerne aujourd’hui, le code pénal prévoit que les fauteurs de trouble encourent la perpétuité…

Pour répondre à la suite de votre question, en effet, ce qui fait défaut, ce qui ne fait pas avancer l’enquête, c’est cette omerta. Elle s’explique par la frilosité sur la question judiciaire, la peur de la vendetta, et aussi parfois car il peut y avoir l’implication d’un des leurs dans des actes délictuels. C’est pourquoi je crois dans le travail de médiation, que je porte aussi à travers le Conseil de quartier pour la sécurité de Mayotte (Cosem), pour non seulement prévenir les violences mais aussi identifier les poches de délinquance et faire remonter des informations à la gendarmerie pour interpeller les fauteurs de troubles. La médiation peut encourager ceux qui le souhaitent à dénoncer, mais pas forcément directement à la gendarmerie, plutôt à des personnes de proximité. D’où mon appel aujourd’hui à venir témoigner à la mairie. Ce travail de renseignement est capital pour dénoncer les délinquants. Et il a le mérite de soulager les familles qui vivaient dans la peur.

Sages-femmes en grève : code rouge pour sauver en urgence la profession à Mayotte

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Les sages-femmes hospitalières, territoriales et libérales de Mayotte ont répondu à l’appel de l’organisation nationale syndicale des sages-femmes ce mardi 26 janvier. Présentes devant le centre hospitalier aux aurores, elles ont d’abord sensibilisé les patientes et les autres professionnels de santé avant de prendre la direction de l’ARS où elles ont été reçues en fin de matinée.

« Où t’es, sage-femme où t’es ? » Si l’air remixé de Stromae donne lieu à quelques pas de danse aux abords du centre hospitalier de Mayotte, les paroles de la chanson démontrent bien le malaise profond au sein de la profession. En effet, l’ambiance chaleureuse de la grève de ce mardi 26 janvier, à l’instar de cette haie d’honneur pour un scootériste, ne cache en aucun cas l’exaspération criante. Il faut dire que l’organisation nationale syndicale des sages-femmes n’y va pas avec le dos de la cuillère : invisibilité, statut hybride, défaut de personnel, indécence des salaires…

Retour devant l’entrée du CHM avec près d’une centaine de sages-femmes, vêtues de leur blouse blanche. « Code rouge » peut-on entendre sur le bout des lèvres mais aussi lire sur les pancartes au moment où un taxi klaxonne en signe de soutien. Une expression médicale qui se dit lors d’une césarienne en extrême urgence pour sauver la mère et/ou l’enfant et qui reflète leur environnement.

Dans le 101ème département, où se trouve la plus grande maternité de France et ses quelque 10.000 naissances par an, bénéficier de telles compétences (gynécologie, obstétrique, pédiatrie, échographie, orthogénie, contraception, suivi médical, examens de la mère et de l’enfant, deuil périnatal, etc.) se justifie au quotidien. Mais encore faut-il avoir les moyens de faire son boulot dans de bonnes conditions… D’où la rencontre très tôt avec la directrice de l’hôpital, Catherine Barbezieux, et le directeur des affaires médicales, Guy Allouard, pour évoquer l’application des revendications nationales à l’échelle locale.

Sur la table des discussions revient avec insistance la ligne de recrutement. « Au sein même du CHM, nous manquons de 40 sages-femmes », dénonce Anaïs Mydlarz, l’une des manifestantes du jour. Un sous-effectif non négligeable qui a des répercussions sur la prise en charge de manière générale mais aussi et surtout sur les transferts vers la ville chef-lieu depuis les centres de soins et d’accouchement. D’autant plus que certaines de ces infrastructures ne jouissent pas d’ambulances la nuit pour effectuer ces trajets. Réponse de la direction avec la mise en place d’un groupe de travail pour évoquer ces différentes problématiques. « Cela reste très vague, nous sommes toujours dans le flou », confie la professionnelle de santé, qui ne semble pas totalement convaincue.

 

Oubliées dans les chiffres Covid

 

Quelques minutes plus tard, direction l’agence régionale de santé pour échanger avec Patrick Boutie, le responsable par intérim de l’offre de soins et de l’autonomie. « Nous avons parlé de nos différents corps de métier – hospitalier, libéral et territorial – qui sont mobilisés aujourd’hui », précise Mathilde Lozano, la représentante régionale de l’ONSSF. Toutes regrettent de ne pas être reconnues à leur juste valeur. Elles rappellent l’oubli du ministère au moment des dotations des équipements de protections individuelles, en début de crise lors de la première vague. À titre d’exemple, les sages-femmes libérales de l’île aux parfums consultaient au cabinet ou au domicile des patientes enceintes malades avec les moyens du bord. Il aura fallu attendre l’envoi d’une lettre ouverte du conseil national de l’ordre des sages-femmes au ministre de la Santé, Olivier Véran, pour que la situation s’inverse. « Nous sommes autant touchées par la crise que les services de réanimation et de médecine. Sauf que les nombres d’hospitalisations en gynécologie et en maternité ne sont pas recensés dans les chiffres publiés [par l’autorité sanitaire]. »

Un malaise de plus au compteur. Preuve en est, si elles sont considérées comme des personnels médicaux aux yeux de la loi, la gestion quotidienne et les conclusions du Ségur de la santé les déconsidèrent en faisant l’amalgame avec les paramédicaux. Toujours dans la même thématique : elles demandent la création du statut de maître de stage pour être dédommagées lors de leur temps de formation auprès des étudiants sage-femme et médecin.

 

Silence radio pour les sages-femmes de la PMI

 

Autre point de divergence et non des moindres avec le service d’urgences gynéco-obstétricales, qui n’est à l’heure actuelle toujours pas reconnu comme « des urgences à proprement parler ». Conséquence ? Les patientes ne sont, en théorie, autorisées à être prises en charge que lors d’un accouchement. Difficile à imaginer sur un territoire comme Mayotte. « Beaucoup d’entre nous ont perdu l’envie de travailler », soupire Mathilde Lozano. Pis encore, nombre d’entre elles se réorientent, harassées par la considération reçue et le traitement réservé… Malgré tout, un espoir existe selon elle. « On nous a entendues, c’est plutôt une bonne nouvelle. L’ARS compte se pencher sur la question comme cela a pu être le cas avec les kinés par le passé. »

Présidente du conseil départemental de l’ordre des sages-femmes de Mayotte, Cloé Mandard juge important que « l’ensemble des sages-femmes de l’île se sente soutenu par leur instance ordinale dans leurs revendications de conditions d’exercice et dans leur demande de reconnaissance de la profession, si méritée ». Malheureusement, toutes n’ont pas été logées à la même enseigne ce mardi, puisque les sages-femmes de la protection maternelle et infantile (PMI) déplorent de ne pas avoir reçu de retour de la part de Issa Issa Abdou, vice-président du Département en charge de l’action sociale, de la solidarité et de la santé. Code rouge !

Passer en REP+ sur tout le territoire, le vœu cher des syndicats de l’Éducation nationale à Mayotte

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Revalorisation des salaires, contractualisation, éducation prioritaire pour tous. Ce mardi 26 janvier, une centaine d’enseignants ont répondu à l’appel de différentes organisations syndicales et se sont réunis devant le rectorat pour prendre part à la grève nationale. L’occasion pour l’intersyndicale de rappeler les revendications défendues à Mayotte avant d’échanger avec le recteur, Gilles Halbout.

Journée de rentrée pour les syndicats mahorais de l’Éducation nationale qui, ce mardi 26 janvier, ont organisé un rassemblement devant le rectorat. Pas de manifestation et de marche comme à l’accoutumée mais une rencontre à 10h avec Gilles Halbout, le responsable de l’académie de Mayotte. L’objectif : échanger sur un plan d’urgence en faveur de l’éducation. Avec en premier lieu la question des moyens déployés dans le 101ème département. « Il faut combattre les suppressions de poste dans le premier degré et dans le second« , assène Rivo Rakontondravelo, le secrétaire départemental du SNUipp, avec le style qui le caractérise. Une introduction qui ne concerne pas forcément l’île aux parfums puisque le territoire doit bénéficier de 255 postes supplémentaires à la rentrée 2021-2022.

Par contre, d’autres sujets propres à Mayotte sont bel et bien sur le feu. À l’instar de ceux sur les enfants en situation de handicap et leurs accompagnants, sur la reconnaissance de l’ancienneté des anciens instituteurs intégrés en 2005 dans la fonction publique, sur la hausse de l’indexation des salaires au niveau de La Réunion, ou sur la retraite. « Nous avons besoin d’évaluation de carrière plus rapide et d’emplois plus statutaires« , renchérit Bruno Dezile pour la CGT Éduc’action, visiblement remonté comme un coucou suisse contre le gouvernement, « qui nous attaque de tout bord« .

« Tous les personnels doivent être rémunérés correctement et travailler dans des conditions dignes« , poursuit-il, avant de s’interroger sur le programme de constructions scolaires. Interrogé à ce sujet par Flash Infos au début du mois, le recteur rappelait que le point de vigilance de la rentrée était le chantier immobilier. « Tous les lycées et collèges doivent sortir de terre au plus tard pour la rentrée 2025 » tandis que « sur les 800 nouvelles classes nécessaires, 500 sont dans les tuyaux pour la période 2023-2024« , annonçait-il dans nos colonnes.

 

« Nous cochons toutes les cases pour passer en REP+ »

 

Mais le nerf de la guerre aux yeux des organisations syndicales est le passage en REP+ de l’ensemble de l’académie. « Compte tenu de la situation et des catégories sociales défavorisées, nous cochons toutes les cases« , rabâche Henri Nouri, le secrétaire général du SNES à Mayotte. « Si nous réalisons juste de l’expérimentation, nous faisons surtout de la déréglementation… » Or à ses yeux, cette labellisation permettrait de considérablement diminuer les effectifs des élèves dans les classes et ainsi d’améliorer les conditions d’enseignement. « Tant que nous ne l’aurons pas obtenue, nous serons en difficulté. »

Dernier point évoqué : la situation des contractuels. « Il faut [leur] donner des perspectives avec un plan de titularisation« , rappelle Henri Nouri, qui en a fait son cheval de bataille. Assis à l’ombre, Ali, secrétaire au collège de Dembéni, dénonce lui aussi la précarité permanente dans laquelle vivent les enseignants à Mayotte. « Il y a trop de turnovers« , déplore-t-il. Un sentiment partagé par Bruno Dezile, qui monte dans les tours dès qu’il s’agit d’évoquer cette manière de procéder. « Nous avons besoin de professionnels et non pas de gens que nous jetons. » Avant de terminer son allocution par un « Blanquer, si t’aimes pas l’Éducation nationale, rentre chez toi !« . Les puristes apprécieront.

Alfa Moussa vous propose Mayotte d’en haut grâce à ses drones

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Alfa Moussa vient de créer sa société de photographie et vidéographie par drone. Passionné par les images aériennes, ce jeune originaire de Chiconi entend en faire son métier. Pour cela, il doit tout mettre en oeuvre pour séduire le marché mahorais qui n’est pas habitué à une telle pratique.

alfa-moussa-drone-mayotteJ’ai beau réfléchir, je ne me souviens même pas de quelle manière j’en suis arrivé aux drones.” Ces mots sont ceux d’un passionné. Étudiant, Alfa Moussa se lance dans les images capturées par les drones en 2014. “J’ai commencé en métropole où j’achetais des drones à 600-700 euros. Il s’agit d’un budget conséquent mais c’est ce que je voulais faire. Je séchais même les cours pour passer plus de temps avec les drones”, sourit-il. Malgré son DUT en comptabilité en poche, la passion du drone ne le lâche pas. Dans l’hexagone, villes, offices de tourismes ou encore entreprises le sollicitent pour faire des images. Des compétences reconnues même au-delà des frontières françaises puisqu’il travaille également en Espagne.

Mais son succès au niveau national ne lui fait pas oublier son île natale. “Lorsque je venais en vacances à Mayotte, j’organisais des fly test de drones. C’est-à dire-que j’invitais les jeunes à venir découvrir ce que c’est.” Il y a tout juste un mois, Alfa décide de rentrer définitivement à Mayotte afin de se rapprocher de ses parents. Il saute alors sur l’occasion pour développer son activité. Il passe toutes les formations obligatoires et demande les certifications nécessaires afin de pouvoir professionnaliser officiellement sa passion.

 

Conquérir le marché public : mission impossible ?

 

Alfa établit alors une liste des instituions, associations, organismes avec qui il pourrait travailler. Mais sur place, le jeune de Chiconi réalise que le marché mahorais, pauvre dans le domaine, n’est pas aussi réceptif qu’il ne le pensait. Il se rend compte assez rapidement que “le drone n’est pas très connu à Mayotte”. Il répond alors à des contrats de professionnels pour des mariages ou de la modélisation, mais cela ne lui suffit pas.

Le jeune homme de 24 ans vise le marché public qui est assez réticent à l’idée de faire appel à un professionnel pour des images aériennes. “Pourtant, en métropole cela se fait couramment et assez facilement. Ici, les entreprises, les offices de tourisme et les villes ne sont pas très coopératives, mais je ne lâche rien car je sais que je peux leur être utile et que ça va payer”, déclare-t-il. Alfa souhaite notamment collaborer avec les entreprises spécialisées dans le BTP. Les images faites avec les drones peuvent leur permettre de suivre les chantiers et d’avoir une vision globale. Une pratique courante dans l’hexagone, mais quasi inexistante à Mayotte…

 

Surveillance aérienne en perspective ?

 

Il veut également séduire la préfecture à travers son projet d’inspection aérienne. “L’idée est de faire de la surveillance par drone, des zones sensibles où il y a régulièrement des affrontements. Les drones permettent de faciliter l’identification des individus puisque l’on peut zoomer jusqu’à 30 fois avec certains modèles”, explique-t-il. En attendant de voir ses projets se concrétiser, il travaille déjà avec lOulanga na Nyamba qui lutte contre le braconnage. Le projet n’est encore qu’à ses balbutiements mais l’association souhaite renforcer la surveillance des tortues en faisant appel aux images aériennes qui donnent une vue d’ensemble.

Les offices de tourisme pourraient également être de bons clients pour le jeune homme, mais elles peinent à mettre la main à la poche. “Elles ont encore du mal à proposer des contrats aux professionnels, car elles cherchent surtout des images gratuites. Mais nous cherchons de quoi vivre.” Malgré tout cela, Alfa reste tout aussi motivé qu’à ses débuts. Il sait qu’il peut tirer son épingle du jeu grâce au développement de l’île.

 


 

Comment contacter Alfa Moussa ?

Vous pouvez joindre Alfa Moussa pour tous types de prestations sur ses réseaux sociaux et par e-mail.
Facebook : Java Production
Instagram : @javaproduction_chiconi
E-mail : Javaproduction-Chiconi@outlook.fr

Vaccination : Le Dr Martial Henry reçoit la première dose du vaccin Pfizer/BioNTech à Mayotte

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L’agence régionale de santé, appuyée par la Croix-Rouge française, a enfin ouvert les portes du premier centre de vaccination contre le Covid-19 à la MJC de M’Gombani ce lundi. Dès cette semaine, plusieurs centaines de personnes, d’abord les professionnels de santé de plus de 50 ans et présentant des comorbidités, puis les personnes âgées de plus de 75 ans ou fragiles, doivent recevoir une première injection. Une deuxième livraison de 975 doses est prévue la semaine prochaine.

vaccination-martial-henry-vaccin-pfizerbiontech-mayotte-2Martial, c’est bien le prénom ?”, demande timidement la bénévole de la Croix-Rouge, alors que les flashs crépitent tout autour d’elle dans la petite salle d’accueil provisoire installée à la MJC de M’Gombani. “Oui, c’est le prénom, Henry étant le nom”, répond le Dr Martial Henry, en articulant autant que possible sous son masque et en tendant l’oreille pour être sûr de bien entendre les numéros de sa carte Vitale, que lui dicte la deuxième secrétaire. La scène est hautement symbolique : dans quelques minutes, le premier médecin originaire de Mayotte et figure politique emblématique de l’île aux parfums va recevoir la première dose de vaccin contre le Covid-19 du 101ème département. Hors de question pour les caméras de louper le coche ! Le moment venu, tout le monde retient son souffle. L’infirmier insère doucement l’aiguille dans le bras découvert du docteur. “Vous allez être le seul patient à recevoir plusieurs piqûres, pour la photo !”, ironise Dominique Voynet, la directrice de l’ARS, qui assiste, amusée, à la scène.

 

Légers retards à l’allumage

 

vaccination-martial-henry-vaccin-pfizerbiontech-mayotte-1Mais derrière les traits d’esprit, le soulagement est de mise. Enfin, Mayotte a reçu sa dotation et va pouvoir entamer la campagne de vaccination, un mois après la métropole. Jusqu’à la dernière minute, l’agence régionale de santé aura dû faire des pieds et des mains pour garantir le bon déroulement de l’opération. D’abord attendue le 12 janvier, et repoussée au 22 janvier, la livraison du super congélateur et des premières 975 doses du vaccin Pfizer/BioNTech a connu plus d’un couac. Tout devait pourtant être ficelé ce samedi, pour un lancement de la campagne dimanche matin. Manque de pot, l’avion militaire censé acheminer le tout a dû faire demi-tour et retourner se poser à Evreux à la suite d’un problème technique. Attendue lundi 6h à l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi, la carlingue aura finalement posé ses roues sur le tarmac à 8h, repoussant encore un peu plus ce lancement tant attendu. “Par rapport à la date initiale, nous n’avons que 24h de retard, ce n’est pas si mal”, nuance Dominique Voynet.

 

Course contre la montre

 

vaccination-martial-henry-vaccin-pfizerbiontech-mayotte-3À sa décharge, la logistique qui encadre cette vaccination n’est pas des moindres. Entre les capacités de production industrielle limitée des deux vaccins, Pfizer et Moderna (ceux qui ont pour l’instant obtenu l’aval des agences de médicament), la forte demande au niveau mondial, et les conditions de conservation difficiles du premier produit, à -80 degrés dans un super congélateur spécifique, l’entreprise vaccinale constitue un vrai casse-tête. Sans parler du compte à rebours ! Les flacons, une fois sortis de cette armoire à glace, doivent être utilisés dans les cinq jours. Pire, dès le produit dilué et préparé pour l’injection, le tic-tac descend à quelques heures à peine. De quoi donner des sueurs froides aux autorités sanitaires en charge du bon déroulement de l’affaire. “À nous de prouver que nous pouvons consommer les premières 975 doses”, acquiesce la directrice de l’ARS. Une prochaine livraison de 975 doses est prévue le 28 ou le 29 janvier, puis sur un rythme hebdomadaire, avec le double du stock en fonction des résultats des prochains jours.

 

“Montrer l’exemple”

 

D’où l’importance de cette première semaine… Et du passage du Dr Martial Henry sous l’aiguille. “Pour ma santé, la vaccination est une prévention et c’est aussi un moyen de montrer l’exemple à tous les professionnels de Mayotte, si nous voulons voir cette épidémie disparaître”, explique-t-il aux caméras, assis après son injection pour un temps d’observation de quinze minutes. En tout, ce sont un peu plus d’une centaine de professionnels de santé libéraux et de pompiers, âgés de plus de 50 ans et/ou présentant des comorbidités, qui étaient attendus ce lundi. Puis, avec l’appui des communes, les plus de 75 ans et les personnes fragiles seront invitées à se faire vacciner à leur tour à partir de ce mardi. Les mairies et leurs CCAS doivent s’occuper d’établir les listes en amont et de transporter tout ce vieux monde en bus jusqu’au centre de vaccination de M’Gombani. Et c’est la commune de Pamandzi qui doit donner le la. Un deuxième centre de vaccination est ouvert en parallèle au CHM, pour le personnel de l’hôpital.

 

Faible affluence ce lundi

 

vaccination-martial-henry-vaccin-pfizerbiontech-mayotte-5Ce lundi matin, pourtant, la foule ne se presse pas vraiment au portillon. Après l’ex vice-président du conseil général, quelques pompiers, un pharmacien et sa femme de soixante ans défilent à tour de rôle le long du parcours de soin. “Ils ont prévenu les gens un peu tard, moi-même j’ai reçu l’info par l’Ordre des médecins”, témoigne le Dr Alain Prual, médecin et directeur de la Protection maternelle et infantile (PMI) au conseil départemental. Une faible affluence qui s’explique aussi par le changement de calendrier, les cabinets de médecins ou infirmiers libéraux étant ouverts ce lundi, contrairement à dimanche. Ceux qui ont pu faire le déplacement ont en tout cas bien compris le message. “Pas question de me faire chourer ma place, il reste 972 doses ! Je suis déjà vieux !”, plaisante le Dr Alain Prual. Prêt à dégaîner sa carte Vitale.

Gestion de crise : Pour le centre hospitalier de Mayotte, les 15 prochains jours seront décisifs

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Avec plus de 700 cas recensés au cours de la dernière semaine, Mayotte connaît véritablement sa deuxième vague, notamment avec l’apparition du variant sud-africain. Si le plan rebond permet aujourd’hui d’éviter une saturation rapide des services, les 15 prochains jours seront décisifs. Surtout que l’épidémie de bronchiolite pourrait se greffer à celle du Covid-19. Le scénario catastrophe pour Christophe Caralp et Ludovic Iché, le chef de pôle URSEC et le chef de service des urgences. Entretien.

Flash Infos : Alors que la campagne de vaccination a officiellement commencé ce lundi, Mayotte recense 711 nouveaux cas du 16 au 22 janvier, soit près de 10% du nombre total depuis le début de l’épidémie en mars dernier. Du côté des urgences, comment analysez-vous la situation ?

Christophe Caralp : Depuis dix jours, nous notons effectivement une nette accélération du nombre de cas positifs avec également une entrée quotidienne en réanimation. La situation actuelle est que le service de réanimation est plein, dont la moitié des lits sont occupés par des patients atteints du Covid qui présentent des détresses respiratoires assez sévères. Il s’agit principalement d’hommes âgés de 50-60 ans avec des facteurs de risque, comme l’hypertension et le diabète. Jeudi soir, nous avons ouvert la première aile de débordement pour la réanimation en SSPI (salle de surveillance post-interventionnelle), qui nous permet d’accueillir sept autres patients. Aujourd’hui, nous en comptons trois, dont deux sont potentiellement sortants. Et en parallèle, nous avons mis en place une filière respiratoire aux urgences pour isoler les cas positifs, avec du personnel dédié, et renforcé le Samu, notamment le centre de régulation, car le nombre de dossiers liés au Covid représente 10% de nos appels.

Cette accélération logarithmique est probablement comparable aux moments les plus difficiles de la première poussée vécue l’année dernière. Nous étions avertis car des données de Santé Publique France alertaient déjà fin décembre sur cette possibilité. Après un mois de congés, entre les retours de métropole et les brassages sur l’île, nous nous y attendions. Même si nous avons été surpris par la sévérité. Heureusement, nous étions prêts sur le plan logistique.

FI : À la différence de l’an dernier où l’on ne cessait de répéter le retard de sept semaines avec la métropole, les autorités ont déjà prévenu qu’il serait compliqué de recevoir autant de moyens. Comment appréhendez-vous cela ?

Christophe Caralp : Mayotte reste une zone surveillée au même titre que la Guyane, en raison de l’apparition du variant sud-africain. Mais si ce dernier s’installe durablement et se diffuse, nous risquons d’être confrontés à une deuxième poussée car il a l’air plus contagieux chez les jeunes et réinfecte plus facilement ceux qui ont déjà eu la souche initiale.

Notre effectif actuel est présent chez nous a minima jusqu’à mi-avril. Cela nous laisse un peu de temps pour continuer à nous organiser. Malgré tout, le gouvernement a bien conscience de nos limites. L’ARS et la direction nous ont demandé de faire remonter nos besoins pour éventuellement accueillir un renforcement paramédical d’ici trois ou quatre semaines grâce à la réserve de Santé Publique France, voire même des militaires car nous avons la possibilité d’armer des lits de réanimation supplémentaires.

Ludovic Iché : Nous sommes aussi à la recherche de ressources humaines internes pour augmenter nos capacités à répondre au téléphone, c’est-à-dire plus d’assistants de régulation médicale. Après la première vague, nous avions rédigé des plans de réorganisation de reprise d’activité du Covid pour les services des urgences et du Samu. Sur le papier, nous avions donc déjà une idée de comment nous allions procéder en cas de rebond. Mais cela va encore monter en puissance, même si toute la France risque d’être dans le besoin. Au niveau politique, Paris enverra les moyens dans les départements qui en ont le plus besoin. De part sa configuration, Mayotte est à mon sens en haut de la pile et devrait rapidement voir débarquer des renforts vu la saturation actuelle. Même si nous avons la possibilité d’envoyer tous nos patients non-Covid en réanimation à La Réunion pour bénéficier de plus de lits.

FI : À quel moment considérerez-vous que la situation deviendra réellement critique ?

Ludovic Iché : En tant que chef de service, je pars du principe que nous allons être confrontés à une vague sévère, ce qui nous permet d’anticiper le pire. Je ne vais pas minimiser. Être pessimiste nous permet d’avoir un coup d’avance. Ce basculement sera imminent en fonction du nombre d’hospitalisations et de consultations. Ce seront les signaux d’alerte sur lesquels nous nous baserons. Si nous continuons en ce sens, nous serons très rapidement saturés. C’est la raison pour laquelle nous essayons d’augmenter nos capacités depuis plus d’une semaine. C’est un travail d’équipe avec l’ensemble des services de l’hôpital dans le but de libérer des lits et de la place pour accueillir les nouveaux patients. Si nous n’y arrivons pas, la prise en charge serait alors fortement dégradée.

FI : L’une des solutions n’est-elle pas de remettre en place le plan blanc pour faire en sorte que certains services « non indispensables » ne soient plus actifs ?

Christophe Caralp : Nous avons une capacité de nos services qui est déjà amputée. Mais il nous reste encore des réserves. L’idée, comme vous l’avez compris, est de continuer à les accroitre pour ne jamais être acculés et devoir arriver à ce genre de choix, comme l’activation du plan blanc. Nous poursuivons les évacuations sanitaires dans la mesure du possible.

Même si le Covid est une épidémie relativement sévère, notre but est de retarder l’échéance au maximum. Au vu de l’accélération sur la dernière semaine, il est très difficile de se projeter. Mais selon moi, nous partons pour 15 jours décisifs. Nous espérons que l’instauration du couvre-feu permettra d’infléchir la courbe.

FI : Comment anticipez-vous l’arrivée des épidémies de dengue et de bronchiolite qui peuvent mettre à mal la filière respiratoire de l’hôpital ?

Christophe Caralp : Traditionnellement, à cette période, nous sommes confrontés à l’épidémie de bronchiolite. Donc nous avions renforcé les effectifs en pédiatrie et aux urgences. Mais comme l’infection est probablement stoppée par l’application des mesures barrières, comme le lavage des mains et le port du masque, nous avons pu rediriger ce personnel vers les filières respiratoires dédiées au Covid.

Ludovic Iché : Je ne suis pas très inquiet par rapport à la dengue, même s’il va falloir la surveiller de très près. Par contre, je suis moins optimiste pour la bronchiolite. Car si celle-ci passe relativement inaperçu aux yeux des médias, tous les médecins généralistes et les dispensaires sont en temps normal saturés d’enfants de moins d’un an qui font des détresses respiratoires. Si cette épidémie fusionne avec celle du Covid-19, la gestion des deux sera d’une complexité sans précédent. Ce serait le scénario catastrophe des prochains jours.

Foncier : Face aux collectivités et à l’État, ce propriétaire bataille pour garder son brochetti à Mayotte

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Ben Ayed Mohamed se trouve dans une impasse. Alors qu’il avait entamé des travaux pour installer son restaurant de brochettes, il a dû tout arrêter à cause d’une confusion liée au foncier entre le Département, la ville de Mamoudzou et l’État. Il s’explique.

C’est une histoire comme tant d’autres à Mayotte. Le foncier est souvent source de conflit et de frustration. Ajoutez à cela l’implication du Département, des communes et de l’État, et vous voilà sûr d’obtenir un cocktail explosif ! Ben Ayed Mohamed, restaurateur, propriétaire de la crêperie Saveur Crêpe, peut en témoigner. En 2018, il reprend le restaurant de brochettes que sa mère tenait à Kaweni depuis 2015, sur une parcelle appartenant à la ville de Mamoudzou. “Ma mère avait fait une demande d’AOT (autorisation temporaire d’occupation) de sol qui avait été acceptée. Mais elle a oublié de la renouveler. En 2018, alors que j’étais en train de tout rénover, l’ancien maire a fait arrêter les travaux”, soupire Ben Ayed Mohamed. Ce dernier formule alors sa reconduction mais se la voit refuser. Il propose donc à la ville et au conseil départemental de lui fournir un nouveau terrain inoccupé pour continuer son activité. Ça sonne dans le vide…

Mais pas question de lâcher son bout de gras ! L’entrepreneur acharné se met en quête de parcelles qui conviendraient à son activité. “J’ai repéré un emplacement à côté de la station Total à l’entrée de Majicavo. C’était un tronçon de terrain abandonné. En juin 2020, j’ai fait la demande d’AOT auprès du Département et de la mairie. Les deux institutions ont donné leur accord en décembre 2020.” Bingo ! “À l’issue des autorisations, j’ai alors entamé les travaux”, déroule-t-il. Mais sa joie n’est que de courte durée. Trois semaines plus tard, voilà que la DEAL pointe le bout de ses naseaux… et stoppe le chantier. Visiblement, l’institution en charge de l’aménagement n’aurait pas été informée du projet alors que la parcelle en question appartient à l’État et non aux collectivités qui ont donné le feu-vert. Et la mairie de se rétracter fissa à la suite de cette intervention. “Elle a envoyé la police municipale pour que je contresigne l’autorisation qu’ils m’avaient faite”, s’étrangle l’entrepreneur. Pour Ben Ayed Mohamed, c’est le retour à la case départ : le pauvre homme doit réaliser une nouvelle demande d’autorisation temporaire d’occupation de sol. Encore de la paperasse !

 

“Au lieu de nous guider, on nous met des freins”

 

Le restaurateur à bout de nerf est d’autant plus préoccupé qu’il a à sa charge cinq salariés. “Pour l’instant, ils bénéficient du chômage partiel mais je ne sais pas jusqu’à quand cela va durer”, craint-il. Si Ben Ayed Mohamed ose parler de son cas aujourd’hui, c’est qu’il espère “faire bouger les lignes”. Il déplore l’accompagnement et le traitement réservés aux auto-entrepreneurs. “Les jeunes entrepreneurs sont l’avenir de Mayotte. Et au lieu de nous guider et de nous conseiller quand quelque chose ne va pas, on nous met des freins.” Malgré sa colère, Ben Ayed Mohamed assure ne vouloir causer du tort à personne, ni enfreindre aucune règle. Il fera une nouvelle fois ce qui est demandé dans l’espoir d’ouvrir son restaurant de brochettes rapidement. Courage !

Les Sportifs de la Décennie 2010-2019 à Mayotte : Une élection qui sort du lot

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La crise sanitaire et l’arrêt des compétitions sportives en 2020 a contraint la Somapresse à trouver une alternative à son élection annuelle récompensant le sport et les sportifs mahorais. Et quelle alternative ! Puisque le 20 février prochain seront décernés les trophées Mayotte Hebdo du sportif de la décennie 2010-2019 ! Les nommés seront dévoilés ce jeudi en direct du JT de Mayotte La 1ère et sur le site internet www.mayottehebdo.com.

Chaque année depuis 2009, la Société Mahoraise de Presse (Somapresse) organise une cérémonie en l’honneur des sportifs mahorais ayant marqué l’année civile précédente. Mais 2020 a vu une pandémie s’abattre sur les cinq continents et ravager toutes les facettes de la vie : santé, économique, sociale, culturelle… et sportive. La maladie du coronavirus 2019 (Corona Virus Disease 19) ou Covid-19 a stoppé les compétitions professionnelles comme amateurs, des plus grands pays aux plus petits territoires du monde. La France, dont son 101ème département, Mayotte, n’y a pas échappé.

En mars et avril derniers, les saisons de basket-ball, de handball, de volley-ball, de rugby, et d’autres disciplines moins populaires ont été définitivement arrêtées, sans qu’elles puissent arriver à leur terme. Pour la saison 2019/2020, aucun club de sport collectif n’a été sacré champion de Mayotte.
Pour la saison 2019/2020, aucun trophée n’a été décerné, ou presque. Sur l’île au lagon, seule la saison de football a pu être relancée avec la coupe régionale de France et les coupes de Mayotte. Comment organiser l’élection du Sportif de l’année 2020 dans ces conditions ? Comment récompenser les sportifs mahorais sur une année civile dépourvue de – quasiment – toutes compétitions ? La question s’est longuement posée au sein de la Somapresse. « De toute évidence, nous ne pouvions maintenir l’élection dans son modèle habituel. Avec neuf mois sur douze sans sport et aussi peu de compétitions qui ont pu se terminer, cela n’aurait pas eu de sens« , soutient Nassem Zidini, chargé de l’événementiel au sein de l’entreprise.

 

« Continuer à promouvoir l’excellence sportive mahoraise » malgré la crise sanitaire

 

« Mais en même temps, nous étions tous unanimes sur le fait qu’il fallait trouver une alternative, sur le fait qu’il fallait, d’une manière ou d’une autre, continuer à promouvoir l’excellence sportive mahoraise« , poursuit-il. L’élection du Sportif de l’année ayant été créée en 2009 et la dernière édition ayant récompensé les meilleurs sportifs de l’année 2019, l’organisation a trouvé la solution idéale : récompenser les meilleurs sportifs de la décennie 2010-2019.

« La Somapresse possède des archives sport remontant aux années 1980 ! Et sur la dernière décennie, nous avons encore plus de détails sur les performances sportives des uns et des autres grâce au travail mené par nos journalistes dans le cadre de l’élection du Sportif de l’année. Nous disposions de tous les éléments pour proposer l’organisation d’un tel événement« , assure Nassem Zidini. « Cela a demandé un travail de recherches plus approfondi pour ne pas se tromper dans les nominations, mais à défaut de pouvoir organiser l’élection du Sportif de l’année 2020, organiser l’élection du Sportif de la décennie 2010-2019 coulait de source pour nous. » Ce jeudi 28 janvier, les noms des 40 nommés seront dévoilés en direct du JT de Mayotte La 1ère. Dans la foulée du JT, la Somapresse publiera leur portrait et lancera le vote en ligne pour les internautes sur son site internet www.mayottehebdo.com.

 

L’identité des nommés dévoilée jeudi soir sur Mayotte La 1ère

 

Ils seront cinq par catégorie, pour huit catégories concourantes : Le Sportif de la décennie, la Sportive de la décennie, l’Entraîneur de la décennie, le Dirigeant de la décennie, l’Équipe masculine de la décennie, l’Équipe féminine de la décennie, le Mahopolitain (sportif mahorais évoluant hors de l’île) de la décennie et enfin, la Mahopolitaine (sportive mahoraise évoluant hors de l’île) de la décennie.
Le prix spécial du jury étant indépendant des compétitions se déroulant sur l’année civile, il sera décerné encore cette année à une personnalité ayant marqué le sport mahorais. De grands noms ont honoré de leur présence lors des cérémonies précédentes et reçu ce prix, parmi lesquels Blaise Henry, Jean Claude Novou, Issouf Saïd, Saïd Houssène Abdourraquib ou encore le regretté Jack Passe.

La prochaine cérémonie, elle, se déroulera le samedi 20 février 2021 en direct des locaux de Mayotte La 1ère. Au vu de la crise sanitaire et des craintes d’une seconde vague de contaminations sur l’île, cette cérémonie ne ressemblera en rien à ce que la Somapresse avait pu proposer jusqu’à présent.
« Le public qui suit l’élection est habitué à ce que nous produisions une émission télévisée de 2h avec Mayotte La 1ère, dans une grande salle avec 300 ou 400 personnes présentes sur place pour assister à la cérémonie. Et avec diverses animations entre les remises de trophées, des artistes, des comédiens, des démonstrations de sports de combat… Cette année, pour respecter les consignes sanitaires fixées par l’ARS, il n’y aura pas de public. Tout se passera en comité extrêmement restreint, avec simplement les lauréats et les remettants sur place« , explique Nassem Zidini.

 

Une cérémonie inédite sans public

 

Dès l’annonce des nommés pour l’élection du Sportif de la décennie jeudi soir, les internautes auront deux semaines pour participer au vote et élire leurs sportifs préférés sur le site de la Somapresse. La clôture des votes du public est programmée au dimanche 14 février 2021, soit une semaine avant la cérémonie de remise des trophées aux lauréats, aux Hauts Vallons. Entre-temps, comme chaque année, un jury composé des partenaires institutionnels de l’événement (Département, État, CROS Mayotte), de la rédaction et de la direction de la Somapresse, de journalistes sportifs et de personnalités sportives mahoraises attribuera son suffrage. Celui-ci comptera pour deux tiers dans l’élection finale des sportifs de la décennie, contre un tiers du vote du public. À partir de jeudi soir, les Mahorais découvriront donc quels sportifs, quels entraineurs, quels dirigeants, quelles équipes ont marqué les dix dernières années du sport mahorais. À partir de jeudi soir, les Mahorais, en votant, pourront contribuer à faire de leurs favoris, les Sportifs de la décennie 2010-2019.

Intercommunalité : Les conseillers municipaux de Mamoudzou votent la dissolution de la Cadema

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Le maire de la commune de Mamoudzou continue son combat pour faire dissoudre la Cadema. Le vendredi 22 janvier, à l’hôtel de ville, se tenait un conseil municipal d’une importance capitale. Ambdilwahedou Soumaïla a réussi à faire voter le rapport visant à demander la dissolution de l’intercommunalité liant Mamoudzou et Dembéni. Mais le chemin est encore long et sera semé d’embûches pour le maire.

Dissoudre la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla en a fait son combat. Rien n’est encore gagné pour lui, mis à part l’avis favorable de son conseil municipal qui a voté pour la dissolution de l’intercommunalité avec 39 voix pour et 10 contre. Afin de parvenir plus subtilement à ses fins, le maire propose, en échange de la dissolution, une fusion des deux communes de la Cadema avec celles de la communauté des communes de Petite-Terre (CCPT). Une proposition qui a également obtenu un vote favorable (39 voix pour, 9 contre, 1 abstention) lors du conseil municipal du vendredi 22 janvier.

Sur le papier, le projet d’Ambdilwahedou Soumaïla semble prometteur. Son ambition ? Faire des quatre communes concernées un grand pôle urbain en les unissant toutes. “Dembéni est notre ville universitaire, et le CUFR est amené à évoluer. L’aéroport sera un vrai aéroport international. Mamoudzou est la capitale économique et administrative de Mayotte. Nous avons donc des choses à faire en commun. À quatre, on sera beaucoup plus efficaces”, essaye de convaincre le maire face à ses conseillers municipaux. Si la grande majorité d’entre eux reste silencieux, quelques-uns de l’opposition n’hésitent pas à émettre clairement leurs doutes et leurs désaccords. À l’image de Jacques Martial Henry. “Je suis favorable à l’élargissement des communes, mais je ne suis pas sûr que la méthode que vous avez choisie va nous apporter un résultat”, fustige-t-il. Avant de suggérer que la question soit soumise aux administrés pour qu’ils choisissent leur destin directement. Nassuf-Eddine Daroueche et Elyassir Manroufou, qui font également partie de l’opposition, sont beaucoup plus catégoriques. Elyassir Manroufou redoute que ce projet ne se retourne contre les habitants du chef-lieu. “Même si la dissolution pouvait se faire, cela nous engagerait sur un statu quo jusqu’en 2026. Nous allons ensemble condamner la population de Mamoudzou parce que les personnes qui composent le conseil communautaire de la Cadema n’arrêteront pas de travailler et vont nous exclure”, prévient-il. Un risque que le maire de la ville balaie d’un revers de la main : “Il y aura une autre forme d’institution qui mènera les projets.”

 

“Un projet voué à l’échec”

 

Le maire de Mamoudzou ne veut pas admettre qu’il existe un groupe d’opposition au sein de son conseil municipal, pourtant il est bien présent, et n’a pas l’intention de lui faciliter la tâche. Le groupe minoritaire s’est fait porte-parole du président de la communauté des communes de Petite-Terre lors du conseil municipal. Les éternels opposants sont partis à sa rencontre et les nouvelles ne sont pas bonnes pour l’édile. “Le président de la CCPT nous a confié la mission de vous dire qu’il ne souhaite pas de vous en Petite-Terre”, lance Nassuf-Eddine Daroueche. Une pique royalement ignorée par le premier magistrat du chef-lieu de l’île. Le conseiller municipal réitère. “Vous savez pertinemment que cette procédure est vouée à l’échec. À Pamandzi, le seuil n’a pas été atteint pour la fusion. Dzaoudzi-Labattoir ne veut pas de vous. La Cadema ne votera pas en faveur de votre projet, à Dembéni non plus. Alors pourquoi vous obstinez-vous à aller jusqu’au bout ?” Silence. Ambdilwahedou Soumaïla se doute peut-être qu’il n’obtiendra pas gain de cause aussi facilement. Pour mettre fin à la Cadema, Dembéni doit donner son accord. “Dissoudre une communauté d’agglomération nécessite un décret qui pose deux conditions. Dans notre cas, il faut l’approbation de cette dissolution par les deux communes. À 50% + 1 pour Mamoudzou et pour Dembeni à 2/3 + 1”, explique Jacques Martial Henry. Un scénario qui a peu de chances de se réaliser à Dembéni. Sauf coup de théâtre.

Pour Mansour Kamardine, « les moyens affectés sont en deçà des besoins réels »

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Face aux risques de nouvelle flambée épidémique à Mayotte, le député LR Mansour Kamardine martèle depuis plusieurs semaines l’absence de moyens déployés par le gouvernement sur le territoire. Malgré les mesures fortes prises récemment par le préfet, le parlementaire regrette le retard à l’allumage au sujet de la campagne de vaccination et exige le renforcement de la politique migratoire pour éviter de provoquer une nouvelle crise sociale majeure.

Flash Infos : Depuis le début de l’année, vous ne cessez d’alerter sur une possible reprise épidémique à Mayotte. Vos craintes se sont confirmées avec l’arrivée sur le territoire du variant sud-africain, qui a poussé le préfet à prendre des mesures drastiques, comme la mise en place du couvre-feu ce jeudi 21 janvier. Comment avez-vous accueilli ses déclarations ?

Mansour Kamardine : Je dirais qu’il y a une certaine forme d’espérance dans les décisions prises par le préfet. Je souhaite qu’il y ait maintenant un renforcement des contrôles pour lutter contre l’organisation de fêtes et de mariages qui participent à la circulation de l’épidémie et qui mettent en danger la santé collective. En métropole, des moyens importants ont été déployés pour endiguer les rassemblements, notamment à l’occasion du passage à la nouvelle année. Je ne crois pas que ce soit la fin du monde si nous demandons aux habitants de ne pas se regrouper… Nous pouvons attendre un petit peu et prendre notre mal en patience, non ?!

FI : L’une des autres mesures fortes annoncées par le délégué du gouvernement est l’appel à mobilisation des opérateurs nautiques privés pour participer à la détection en mer des kwassas. Que vous inspire cette demande ?

M. K. : Je salue le renforcement de la protection de nos frontières. Mais l’initiative de faire appel à des opérateurs nautiques privés, qui je l’espère se mobiliseront, permet de corroborer ce que nous dénonçons depuis des mois, voire même depuis des années. Les moyens affectés sont en deçà des besoins réels ! La France doit assumer la souveraineté de Mayotte, ce n’est quand même pas la mer à boire. Il apparaît essentiel que le gouvernement opère dans les plus brefs délais un calibrage vers le haut pour endiguer le phénomène migratoire des kwassas. Car il est avéré que nous trouvons de tout à bord de ces embarcations de fortune : aussi bien des personnes porteuses du virus que des cheptels et de la contrebande.

FI : Justement, n’est-ce pas un aveu d’échec de la politique migratoire pratiquée à Mayotte ? La solution ne serait-elle pas plutôt diplomatique, comme le préconise le document-cadre de partenariat franco-comorien de juillet 2019 ?

M. K. : À la question, faut-il développer une coopération sanitaire ? La réponse est oui, bien évidemment. L’agence française de développement (AFD) vient de mobiliser 1 million d’euros pour aider l’Union des Comores à faire face à l’épidémie. Il faut le faire sans condition ! En apportant notre appui aux autorités comoriennes, nous réalisons une double opération : nous l’épaulons pour soigner sa population et nous nous protégeons. Mais en contrepartie, nous pouvons être plus fermes avec ses dirigeants politiques et faire en sorte qu’elle respecte sa part du marché.

FI : Quant à la campagne de vaccination, elle s’est accélérée sur l’ensemble du territoire national et dans les Outre-mer, et Mayotte passe encore une fois pour la cinquième roue du carrosse… Ici, elle ne doit pas débuter avant le début de semaine prochaine.

M. K. : Avec mes collègues parlementaires, nous avons appelé de nos vœux à un véritable plan actif de vaccination. Malheureusement, l’agence régionale de santé se trouve seule pour faire un appel du pied à Paris dans le but qu’on lui envoie les doses nécessaires. La population mahoraise souhaite ardemment être vaccinée ! Peut-être même plus qu’ailleurs puisque nos capacités hospitalières et logistiques sont limitées, à l’image des 16 lits en réanimation. D’autant plus que nous sommes à portée du variant sud-africain.

Ce nouvel épisode démontre bien à quel point le 101ème département est totalement délaissé par le gouvernement. Ce que nous vivons actuellement, nous l’avons déjà vécu en 1981 lors de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, qui souhaitait purement et simplement le largage de Mayotte à l’Union des Comores. Mais c’était sans compter sur la détermination des Mahorais. Notre histoire est comparable à la fable «Le Chêne et le Roseau» de Jean de La Fontaine. Nous ne rompons pas et nous continuerons à exprimer notre souffrance.

FI : Selon vous, les Mahorais sont-ils prêts à respecter le couvre-feu, voire même à accepter un nouveau confinement si la situation sanitaire ne s’améliore pas d’ici 15 jours ?

M. K. : Les Mahorais comprennent la nécessité du couvre-feu et l’éventualité du confinement. À condition que tous les moyens soient mis à notre disposition, comme l’envoi des bâtiments de la marine nationale pour surveiller nos côtes. Si demain, des kwassas continuent de beacher, cela va provoquer une crise sociale majeure. L’opinion ne l’acceptera pas. Et nous risquons d’aller au devant de grosses difficultés, comme des affrontements avec les forces de l’ordre…

Crise sanitaire : À la mosquée de Passamaïnty, dernière prière avant le couvre-feu

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Les fidèles accueillent avec peu d’enthousiasme les nouvelles restrictions pour lutter contre la propagation du variant de Covid-19 à Mayotte. Surtout au vu des moyens déployés pour respecter les protocoles sanitaires dans les mosquées.

15h45. Le soleil darde enfin ses rayons sur les toitures encore ruisselantes après deux jours de pluies torrentielles. Au même moment, les premières notes du muezzin s’élèvent d’un minaret gris tendu vers le ciel clairsemé. Devant la mosquée de Passamaïnty, une dizaine de paires de savates traînent déjà à côté des flaques d’eau. Un groupe de quatre hommes, chaussures aux pieds, kofias sur le crâne chauve et masques sur le nez, profite tranquillement de la fin d’après-midi… et de leurs dernières heures de répit avant le couvre-feu. La petite équipe vient tout juste de finir la prière collective. La prochaine ? Ils la feront seuls sur leur tapis personnel, à la maison.

C’est fermé la mosquée, après, de 6h à 4h du matin”, soupire l’un des bonshommes, avec un haussement d’épaules résigné. À deux mètres de lui, en bas des escaliers, son comparse a un peu moins sa langue dans sa poche. “Regarde ! Là, tu as les heures de prière. Avec ce couvre-feu, on en loupe deux !”, s’agace ce fidèle en brandissant le planning sur une application de son smartphone. Effectivement, la prière du “Maghreb” est prévue pour 18h33, suivie de la “Icha” un peu plus d’une heure après. “La prière c’est quelque chose qui se fait en groupe”, bougonne encore le musulman, aussitôt approuvé par les hochements de tête énergiques de ses coreligionnaires.

 

“La barge à 21h ?”

 

Alors que l’arrêté préfectoral instaurant un couvre-feu à Mayotte, de 18h à 4h du matin et pour une durée de 15 jours, est en vigueur depuis jeudi soir, la bande partage un même sentiment d’injustice teinté d’incompréhension. “Si on arrête la barge à 21h, pourquoi ne laisse-t-on pas les fidèles se rendre à la mosquée ?”, demande par trois fois Abdallah Mohamadi, le plus virulent des quatre. Qui n’hésite pas à fustiger le premier concerné : “dites à votre préfet que Mayotte s’est construite avec les Mahorais. Lui part dans deux ans, et il calque ce qui se fait en métropole sur notre île. Il ne prend même pas en compte le décalage horaire !”, dégobille cet ancien enseignant et directeur d’école à la retraite. En agitant sa carte d’identité pour bien montrer qu’il ne se démontera pas. “Dites-lui bien que c’est Abdallah Mohamadi qui dit ça. Je n’ai peur de personne, seulement de Dieu !

 

Moquette et distanciation sociale

 

mayotte-couvre-feu-mosquee-1Le plus énervant, pour cet homme de foi ? C’est que la petite mosquée verte a tout mis en place pour respecter les protocoles sanitaires, et ce, dès le premier confinement, assure-t-il. D’un geste de la main, le soixantenaire invite à le suivre en haut des marches, pour montrer les croix scotchées sur la moquette, tel un jeu de morpion grandeur nature. À cette heure de l’après-midi, le seul homme encore agenouillé face à la Mecque a d’ailleurs toute la salle pour lui, 20/20 pour la distanciation sociale. “Depuis le Covid, l’affluence dans les mosquées a été divisée par cinq ou six”, acquiesce Anouoiri Chanfi, chef de service étude et partenariat au conseil cadial. À côté de ça, les cours de récréation bondées ou les queues de supermarché qui ne manqueront pas de s’étirer devant le Sodifram avant l’heure fatidique n’auront qu’à bien se tenir ! Et Abdallah d’asperger de gel hydroalcoolique les mains de qui veut. “On a même des masques pour ceux qui les auraient oubliés.” Le tout fourni par la mosquée grâce au concours des habitants du village, explique-t-il.

 

Le conseil cadial veille au grain

 

Jusqu’à ce jour, ce sont les fidèles qui ont contribué à financer le gel ou les masques”, confirme Anouoiri Chanfi. Certaines ont même investi dans des nouveaux tapis pour faciliter le nettoyage, voire ont eu recours à des vacataires pour apporter un maximum de garanties sanitaires. “La plupart, la grande majorité, ont toujours respecté les consignes, et pour le peu qui refusaient, le dialogue a permis de régler le problème”, déroule le responsable. Gage de cette bonne tenue : le conseil cadial, qui a d’ailleurs communiqué ce mercredi par la voix du Grand Cadi pour rappeler à tous les risques en cas de non-respect des consignes. Quiconque refuse de se plier au couvre-feu ou aux protocoles risque de devoir fermer ses portes jusqu’à nouvel ordre. “Nous sommes aussi engagés dans une démarche de lobbying auprès des élus pour fournir le matériel nécessaire, car il ne s’agit pas là de religieux, mais bien de santé publique”, argumente encore Anouoiri Chanfi. Et pour convaincre les plus réfractaires, le membre du conseil connaît déjà la parade : “l’Islam a pour fondement de sauver des vies”, rappelle-t-il.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes