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Le cabinet mahorais de conseil au service de l’entrepreneuriat féminin depuis 20 ans

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Le 15 juin dernier, le cabinet mahorais de conseil soufflait ses vingt bougies. L’occasion pour sa fondatrice et gérante, Sanya Youssouf, de rappeler son combat pour le développement de l’entrepreneuriat féminin à Mayotte.

Lorsque le cabinet a été créé en 2001, l’objectif était d’offrir aux entrepreneurs la possibilité de restructurer leurs entreprises et de les accompagner dans leur gestion administrative, sociale et comptable.” Fondatrice et gérante de la société, Sanya Youssouf regarde dans le rétroviseur avec une certaine nostalgie. Une idée de départ qui a bien évolué au cours de ces deux décennies… “En 2009, la cabinet a obtenu la labellisation nationale dans le cadre du dispositif Nacre (Nouvel accompagnement à la création ou la reprise d’entreprise) afin de soutenir les porteurs de projets dans leur démarche de création. Enfin, depuis 2016, nous accompagnons les porteurs de projet demandeurs d’emplois dans le cadre du fonds social européen”, retrace-t-elle, sans buter sur les années passées.

 

800 entreprises et 500 porteurs de projet

 

Depuis la création du cabinet mahorais de conseil, celui-ci a accompagné entre 700 et 800 entreprises mais aussi et surtout plus de 500 porteurs de projet. Parmi ces derniers, 40% d’entre eux étaient des femmes. “En créant leurs entreprises, elles ont créé leur propre emploi ainsi que bien d’autres, ce qui n’est pas négligeable à Mayotte. Il est important de rappeler que ces femmes contribuent énormément au développement de l’île”, affirme fièrement Sanya Youssouf, comme si elle s’en faisait la porte-parole.

Son cabinet de conseil mène au quotidien des actions de sensibilisation auprès des femmes pour promouvoir l’entrepreneuriat. “Nous organisons des réunions d’informations, nous travaillons avec des instituts d’accompagnement, nous essayons d’aider les femmes dans les difficultés qu’elles peuvent rencontrer en se lançant dans un projet entrepreneurial. » Les dispositifs étatiques et européens permettent notamment aux personnes souhaitant démarrer leur activité de bénéficier d’aides et de formations.

 

Des compétences de haut niveau au service du territoire

 

Aujourd’hui, Sanya Youssouf se réjouit de voir des jeunes diplômés entreprendre à Mayotte. “Je rencontre des jeunes femmes avec des formations de haut niveau qui souhaitent créer des activités structurantes pour le territoire. Nous avons besoin de ce potentiel, besoin de diversifier les secteurs d’activités.” Avant de revenir sur une anecdote qui l’a profondément marquée. “Un jour, quelqu’un a dit que la relance de l’économie à Mayotte se ferait avec les femmes et j’en suis persuadée ! Nous devons montrer notre combativité et ne pas avoir peur de nous lancer.

Pas rassasiée pour un sou, Sanya Youssouf analyse avec sobriété tout le chemin parcouru depuis 2001. Sa plus grande fierté, elle, reste indélébile : “C’est lorsque certains des projets que j’ai vu naître sont lauréats lors de concours.” Un message d’espoir et de détermination pour toutes les femmes désireuses de construire un avenir meilleur pour leur île.

Participation, victoire, second tour… les premiers enseignements du scrutin à Mayotte

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Le premier tour des élections a déjà livré ses premières leçons et surtout dévoilé les visages de deux conseillers départementaux à Dzaoudzi, avec le binôme gagnant de Maymounati Moussa Ahamadi et Ali Omar. Pour les 12 autres cantons, il faudra attendre dimanche prochain pour connaître l’issue du scrutin, même si plusieurs figures commencent à émerger.

C’est l’heure de renouveler les 26 conseillers du Département ! Ce dimanche, les Mahoraises et les Mahorais étaient appelés aux urnes pour choisir les binômes qui devront les représenter pour les six prochaines années. Pour cette élection au scrutin binominal mixte majoritaire à deux tours, pas moins de 74 binômes se présentaient dans les 13 cantons. Et à Mayotte, qui a fêté cette année les dix ans de la départementalisation, cette élection revêt une importance particulière.

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Participation stable à 17h

 

Premier élément de preuve : l’intérêt porté par la population, qui s’est traduit par une participation plutôt stable. À 12h, 22,34% des électeurs étaient venus glisser leur enveloppe dans la fente, et à 17h, une heure avant la fermeture des bureaux de vote, ce taux était monté à 50,20%, légèrement en dessous du niveau des élections de 2015 (50,76%). À noter que cette tendance locale est complètement à rebours du scrutin national, marqué par une abstention record : plus de 66% des électeurs ont boudé les urnes, en hausse de 16 points par rapport à 2015 !

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Un binôme victorieux

 

L’autre information à retenir à l’issue de ce premier round : la victoire sur le canton Dzaoudzi Labattoir de Maymounati Moussa Ahamadi, la directrice de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS), qui faisait équipe avec Ali Omar. Élu sous l’étiquette Nema, le binôme, soutenu par le maire de Dzaoudzi Saïd Omar Oili, a obtenu 53,8% des suffrages, évinçant ainsi de la course la conseillère sortante Fatima Souffou alliée à l’ancien édile Mohamadi Bacari Mcolo (46,2%). Ce résultat définitif dès le premier tour était attendu, dans la mesure où seuls ces deux binômes se présentaient dans ce canton de Petite-Terre.

 

Mansour Kamardine en tête à Sada

 

Scènes de liesse d’un côté du lagon, semi-victoires de l’autre : en cette soirée électorale, les yeux se sont aussi tournés vers Sada, fief du député Les Républicains (LR) Mansour Kamardine qui n’a pas caché ses ambitions en annonçant sa volonté d’occuper le siège de président du conseil départemental. Il n’y est pas encore, mais les premiers résultats le placent déjà en bonne posture pour le second tour avec 27,90% des voix. Quelques points derrière, le binôme composé de Mohamed Abdou et Mariam Saïd Kalame se maintient avec 26,83% des votes. L’ancienne maire Anchya Bamana arrive en troisième position avec 17,62% des voix. Parmi les autres figures attendues lors de ces élections, l’ancien président du conseil départemental Daniel Zaïdani (MDM) qui arrive en tête dans le canton de Pamandzi avec 49,48% des voix, devant Mohamed Ali Hamid, président de la chambre de commerce et d’industrie (35,87%). Et à Dembéni, le conseiller sortant Issa Issa Abdou obtient lui aussi le meilleur score avec 45,63% des suffrages.

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Enfin du côté de la commune chef-lieu, le match est serré. À Mamoudzou 1, le suspens est total, où quatre binômes recueillent chacun plus de 15% des voix. Farianti M’Dallah et El Anrif Hassani (divers centre) caracollent en tête avec 32,21% des suffrages. Les Républicains mènent quant à eux la danse dans le canton 2 grâce au duo Zaidou Tavanday et Zakia Mambo, avec 39,28% des voix devant Laini Abdallah-Boina et Elyassir Manroufou (34,35%). Enfin, à Mamoudzou 3, pas moins de dix listes se présentaient et les premiers résultats plaçaient en pôle position Nadjayedine Sidi et Hélène Pollozec, candidats investis par le parti Le Rassemblement présidé par l’ancien maire de Mamoudzou Mohamed Majani. Issu de l’acuelle mandature, Ali Debré Combo (LR) arrive deuxième, confirmant une tendance générale sur ces élections plutôt favorable au parti de droite. Même s’il faudra attendre le second tour et le jeu des alliances pour faire émerger une majorité.

Des personnes radiées des listes électorales à Mayotte sans aucune explication

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Le tribunal judiciaire de Mamoudzou était également pris d’assaut en ce jour de scrutin. Une centaine de personnes radiées des listes électorales se sont rendues sur place pour trouver une explication logique à ce problème et surtout trouver une solution afin d’accomplir leur devoir civique.

La situation est désormais prévisible à Mayotte. À chaque période électorale son lot d’irrégularités ! Les départementales de cette année ne font pas exception. De nombreuses personnes ont été radiées des listes, à leur grande surprise. Habitant de Ouangani, Bacar Maoulida en est le parfait exemple. « Je suis parti voter ce matin et j’ai découvert que je ne figure plus sur les listes électorales. Je ne comprends pas parce que lors des municipales, j’ai pu voter sans problème et aujourd’hui, je découvre par hasard que je ne peux plus le faire », s’indigne le sexagénaire. Il juge la situation inadmissible et a décidé de faire le déplacement depuis son village de Barakani dans le canton de Ouangani jusqu’à Mamoudzou pour trouver une solution. Mais arrivé sur place, il doit attendre plusieurs heures avant de régler son problème.

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Au total, 120, requêtes ont été receptionnées par le tribunal judiciaire pour des raisons similaires, selon les agents de l’instance. Certains sont arrivés à la première heure, à l’instar d’Ewan Bazil, un habitant de Bandrélé. « Je suis là depuis 7h du matin… », souffle l’homme de 19 ans. Ce dernier avait pensé avoir anticipé, mais il se retrouve dans une situation qu’il n’avait clairement pas prévue. « Je m’étais inscrit sur la liste électorale. Il y a une semaine, on m’a fait savoir que je ne figure pas sur la liste. J’ai donc déposé mon dossier au tribunal depuis quelques jours et aujourd’hui, les agents d’ici me disent qu’ils ne le trouvent pas », s’indigne-t-il. Le jeune adulte se voit donc obligé de monter un nouveau dossier à la dernière minute. Une imbroglio qui oblige ses proches à prendre la route depuis son lieu de résidence pour lui apporter les documents nécessaires.

D’autres ont tout bonnement été changés de canton ! « Moi je vote à Passamaïnty habituellement et aujourd’hui on m’a dit que je devais aller voter à M’tsapéré », raconte une dame à sa voisine de siège. Passamaïnty faisant partie du canton de Mamoudzou 1 et M’tsapéré de Mamoudzou 2, la situation en interroge plus d’un. Mais cette dame n’est pas un cas isolé, au tribunal ce dimanche 20 juin… Les électeurs des trois circonscriptions de Mamoudzou sont les principaux concernés par ce changement inattendu de canton.

 

Des primo-votants majoritaires

 

La plupart des personnes présentes au tribunal ce jour-là sont des primo-votants. Âgés de 18 et 19 ans, ils mettent un point d’honneur à accomplir leur devoir civique. « Je fais tout pour pouvoir voter aujourd’hui parce que c’est la première fois pour moi et j’estime que c’est un devoir. En tant que citoyen, je suis obligé de le faire », s’impatiente Ewan Bazil de Bandrélé. Mais d’autres semblent moins sensibles par le sens de la citoyenneté et font le déplacement jusqu’à Kawéni avec une idée bien précise derrière la tête. « Je suis là pour rectifier ma situation », affirme dans un premier temps une jeune fille âgée de 18 ans. Avant de dévoiler les raisons exactes qui la poussent à absolument déposer son bulletin dans l’urne. « Je dois trouver une solution afin de voter pour la personne que l’on nous a demandés de soutenir… » Déroutant !

Dans une course électorale où tous les coups sont permis officieusement, les stratagèmes sont légions pour obtenir le maximum de voix. Derrière la détermination de ces jeunes se cache plutôt celle des candidats qui espèrent tous avoir une place au conseil départemental.

Le jeu de la drague électorale à Mayotte

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À Mayotte comme dans les autres départements, les campagnes politiques sont des périodes riches en événements. Mais loin des meetings classiques que l’on peut voir en métropole, les candidats de Mayotte frôlent « la drague électorale ». Zoom sur ces éléments de campagne.

« On va faire un vrai voulé aujourd’hui », lance Nadjib*, un carton de 8.5 à la main. Il est 11h, une dizaine de jeunes garçons sont installés à leur spot, dans les rues de M’gombani. Au-delà d’un carton de bières, on leur a posé de la viande et des cuisses de poulet. Le seul repas de la journée pour plusieurs d’entre eux. « Ceux qui veulent se faire élire nous posent ça le matin, c’est comme ça ici, et avec ça ils arrivent à avoir plein de jeunes derrière eux », soupire Rayan*, en ouvrant la première canette. Mais ce matin, parmi ces jeunes, seuls trois sont majeurs, et l’un d’entre eux a déjà prévu de ne pas voter. « À chaque fois qu’il y a les élections on les voit, mais dès que c’est fini, il n’y a plus personne », explique Nadjib, c’est d’ailleurs pour ça que lui ne votera pas. Le schéma se répète élection après élection et pourtant, rien ne change pour eux. « Ils disent tous qu’ils vont nous aider quand ils seront élus et pourtant, on galère toujours. » Comme ces jeunes, des dizaines et des dizaines de groupes se font approcher par des candidats qui espèrent obtenir le maximum de voix sur l’île. Un combat qui semble perdu d’avance chez certains, mais peut être le début d’une volonté d’engagement pour d’autres. Un engagement qui reste superficiel, ne se basant pas sur des idées, mais sur celui qui aura le plus donné. À manger, une voiture, de la peinture pour la maison, la drague électorale s’habille différemment pour s’adapter aux besoins des votants.

« Meeting ou concert ? »

Quelques heures après le lancement du fameux voulé, le groupe de jeunes voit l’installation d’un podium devant la MJC de M’gombani. Des chaises par dizaines y sont aussi installées. Barrières, décorations en masse, les jeunes rient à gorge déployée. « Meeting ou concert aujourd’hui ? », demande Amir*, comme si toute cette campagne n’était qu’un jeu à leurs yeux. « Dimanche dernier, ils avaient même ramené Walter, comme si ceux qui écoutent Vibes sont ceux qui votent », se désespère Nadjib. Toutefois, le groupe comprend cette façon de faire. « Ma mère, si un candidat lui donne quelque chose, elle votera pour lui. La politique ça l’intéresse pas mais elle se dira qu’il mérite, comme il lui a donné », soutient Ahmed*, qui, du haut de ses 18 ans, s’apprête à voter pour la toute première fois. S’il a choisi son candidat, il ne dira pas qui est l’heureux élu. « Ce n’est pas ceux qui nous donnent des bières en tout cas. » Il commence par sourire puis se désole de la situation. « Là ils font des meetings, on dirait des soirées, on ne sait même pas ce qu’ils vont faire pour nous après. Ils sont juste contents parce qu’il y a du monde. » Le jeune homme déplore cette situation qu’il voit depuis des années. « À 13 ans j’étais déjà bourré avec les bières des élus, pourtant aujourd’hui je ne vote pas pour eux », conclut-il, visiblement excédé par le phénomène.

 

L’amour par porte-à-porte

 

La drague électorale ne s’arrête pas là. Mayotte étant une petite île où « tout le monde se connaît », les candidats prennent le temps de faire du porte-à-porte pour se présenter aux familles. Mais loin de présenter leur programme lors de ces tournées, ils viennent se présenter en tant que personne. « Il y en a un qui est venu chez ma mère hier et elle était presque honorée de le recevoir et je suis sûr qu’elle va voter pour lui », craint Rayan, conscient que ce n’est pas comme ça que les conditions de vie vont s’améliorer pour les habitants du territoire. Ce porte-à-porte est d’autant plus important pour les candidats cette année, puisqu’ils ont dû faire face à des restrictions en termes de meeting, au vu de la situation sanitaire. Toutefois, le fond des programmes ne semble pas avoir été plus creusé que les années précédentes, comme si l’ensemble des Mahorais votent plus pour un candidat… que pour ses idées.

* Les prénoms ont été modifiés.

Sénateur Thani Mohamed Soilihi : “Ni le département et encore moins la région n’ont été aboutis”

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Le toilettage institutionnel est l’un de ses fers de lance. Car, depuis sa départementalisation, la collectivité unique de Mayotte doit également exercer des compétences régionales, mais sans recevoir les dotations prévues à cet effet. Une ambivalence qui, selon le sénateur Thani Mohamed Soilihi (LREM), expliquerait le retard de l’île dans plusieurs volets.

Mayotte Hebdo : En 2019, vous présentiez vos travaux sur l’évolution institutionnelle de Mayotte devant le conseil départemental. Pourquoi une réforme en la matière est-elle nécessaire selon vous ?

Thani Mohamed Soilihi : Sur le papier, Mayotte est un département-région, ou en d’autres termes, une collectivité unique, et c’est la première du genre ! C’est une création faite sous la présidence de Sarkozy, qui envisageait une réforme des collectivités afin de faire disparaître l’échelon départemental, mais il n’a pas pu le faire avant la fin de son mandat.

Mayotte est le seul département français dans le secteur du canal du Mozambique, alors il fallait naturellement lui adjoindre une région. Mais le choix a été fait de ne pas faire comme à La Réunion, où il y a une région d’un côté et un département de l’autre, mais plutôt de faire une seule et même collectivité au sein de laquelle seraient exercées les compétences des deux collectivités, donc à la fois départementales et régionales. Et c’est toujours le cas aujourd’hui, du moins sur le papier. C’est d’ailleurs à cette question que les Mahorais avaient répondu “Oui” à plus de 95% : “Voulez-vous que la collectivité de Mayotte devienne un département d’Outre-mer qui exerce à la fois les compétences dévolues aux DOM et celles dévolue aux régions d’Outre-mer ?”. Mais dans les faits, ni le département et encore moins la région n’ont été aboutis.

Les compétences régionales n’ont été exercées qu’au fur et à mesure : tout ce qui concerne l’ARS, Pôle Emploi, les constructions scolaires du secondaire, tous ces champs de compétence en principe exercés par la région ne reçoivent pas à Mayotte les dotations automatiques qui vont avec. Les dotations sont calculées au prorata de la population, qu’il s’agisse de la commune, de l’intercommunalité, du département ou de la région. Pour Mayotte, il n’y a pas de dotations régionales dévolues à un budget chaque année. La seule chose qui est prévue c’est que les compétences effectives, comme celles citées plus tôt, font l’objet d’un accompagnement par l’État. Pour les constructions scolaires par exemple, ce sont des fonds débloqués spécifiquement par Paris. Mais cette situation ne peut pas être satisfaisante : tous les ménages privés ont besoin de savoir de quelle somme ils disposent chaque mois, alors quand vous êtes une région, que vous êtes censés chapeauter le département, et que vous ne savez pas de quel budget vous disposez à l’année, ça pose un sérieux problème. Du coup, on se retrouve chaque année à mendier en quelque sorte pour que chaque projet aboutisse. Ce qui est dramatique, c’est que cette mendicité est valable aussi pour les autres collectivités. Aujourd’hui, les maires qui ont des projets, qui veulent par exemple refaire la peinture dans leur commune, sont obligés d’aller demander des bouts de financement par-ci par-là.

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MH : Pourquoi, alors, votre projet de loi de toilettage institutionnel n’a-t-il jamais abouti ?

T. M. S. : Il n’a jamais été discuté ni à l’Assemblée, ni au Sénat. C’est un projet qui a fait l’objet de travaux dirigés par le président Soibahadine Ibrahim Ramadani avant d’être confié aux parlementaires. Moi j’étais celui qui m’en suis saisi et qui, à l’appui de ces travaux, a préparé et déposé deux propositions de loi au Sénat. Mais ils n’ont jamais fait l’objet de discussions parce que l’idée était qu’il y ait des échanges entre les collectivités, le département, les parlementaires et l’État pour déterminer ce qui était faisable ou non, ou ce qui devait attendre. Mais il n’y a pas eu d’unanimité auprès des parlementaires pour faire avancer ces propositions de loi. Or, sur ce genre de question, il faut être unanimement d’accord, on ne peut pas se permettre de ne pas avoir d’accord sur quelque chose d’aussi important et d’aussi structurant pour le département. D’ailleurs, en 2014, à la demande du président Zaïdani, il y avait eu un projet similaire, où il avait demandé aux parlementaires de changer le mode de scrutin et d’augmenter le nombre d’élus de la collectivité et je m’étais emparé du sujet de la même manière, j’avais préparé une proposition de loi et la commission des lois du Sénat avait commencé à l’examiner mais pendant l’examen, d’autres élus mahorais, dont Soibahadine qui était devenu président du conseil départemental entre temps, avaient écrit au président de la commission pour dire qu’il fallait stopper ce projet parce que Mayotte n’était pas encore prête.

MH : Aujourd’hui encore, nombre de figures politiques locales s’opposent à ce toilettage…

T. M. S. : Je ne l’explique pas. Je crois qu’avec une telle réforme, on aurait pu voir plus clair dans les projections politiques de Mayotte puisque le changement du mode de scrutin départemental aurait fait qu’au lieu de se pointer devant les électeurs avec 13 binômes, on se présenterait avec des listes, comme pour les élections municipales, avec un programme et une gouvernance annoncée. Alors que là, une fois le président élu, il faut élire les conseillers départementaux puis se réunir, dans un troisième temps, pour former une majorité et s’accorder dans un quatrième temps pour définir un programme politique à mener. Ce qui me semble complètement absurde puisque cela ne donne pas un cap clair dès le départ et ne permet pas non plus d’avoir des compétences et des dotations claires. Tout ça est de nature à handicaper le département, voire même à faire dépendre plus qu’il n’en faut les élus locaux de l’État. À Mayotte, les élus du département dépendent excessivement de l’État et du préfet à cause de ça !

Pour les constructions scolaires par exemple, une dotation est prévue dans le cadre du plan de convergence à hauteur de 500 millions d’euros sur trois ans. Mais pour d’autres projets ou secteurs, c’est exclusivement à la demande, donc il faut lancer un appel à projet pour obtenir des dotations de la préfecture. Donc ça n’a rien d’étonnant de voir que les choses mettent parfois du temps à avancer… Cela féodalise les élus vis-à-vis du préfet. Pour moi, une bonne partie du retard de l’île est dû à ça.

MH : En ce sens, un tel projet de loi n’est-il pas susceptible d’éloigner davantage Mayotte de Paris en termes de gouvernance, comme certains le craignent ?

T.M. S. : Mayotte est liée à la France par la Constitution et par la volonté des Mahorais. Et rien de ce qui n’était proposé dans le toilettage institutionnel ne remettait cela en cause. Il ne s’agit pas de toucher au statut de Mayotte, puisqu’on ne peut pas le faire sans passer par la voie d’un référendum.

On n’était pas obligé de tout garder dans le projet de toilettage, mais si déjà on changeait le mode de scrutin et qu’on augmentait le nombre d’élus, ils seraient suffisamment nombreux pour s’occuper des compétences départementales et régionales… C’était d’ailleurs le projet du président Zaïdani, qui projetait de passer de 26 à 39 conseillers départementaux. Cela peut paraître beaucoup aux yeux de certains, mais ça ne l’est pas lorsqu’on regarde dans les autres collectivités. En Guyane, collectivité unique où le nombre d’habitants est similaire à celui de Mayotte, il y a 51 élus… Je ne vois pas où est le risque ou le danger pour notre territoire. Ce que je déplore, c’est qu’on ne fait pas les choix minimaux qui permettraient à cette île d’avoir un cap clair et d’avoir une projection cohérente et précise.

J’espère que les prochains élus départementaux vont très rapidement faire ce travail d’évolution institutionnelle et que pour la prochaine élection, on n’aura plus un processus en trois ou quatre temps. Cela permettra aux prochains candidats de se préparer à former des listes et un programme. Aujourd’hui, les binômes proposent des programmes que je trouve très bien mais qui ne sont pensés qu’à l’échelle de leur canton. Cela revient à imaginer la même piscine départementale pour chacun de ces cantons… Ce sont souvent les mêmes programmes démultipliés sur les 13 circonscriptions, ce n’est pas cohérent, alors que chaque liste, chaque groupe devrait réfléchir pour l’île entière, mais avec le système actuel on se l’interdit. À titre d’exemple, les candidats de Sada n’échangent pas avec les candidats de M’tsamboro, même s’ils sont du même parti…

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Une charte d’engagement destinée aux candidats des départementales pour agir dès demain

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À la veille des élections départementales, l’association Nayma a souhaité rappeler ce jeudi 17 juin aux candidats l’importance de la question environnementale sur l’île aux parfums, mais aussi leur permettre de s’engager pour cette cause via une charte.

Dans le 101ème département, l’enjeu environnemental est loin de faire partie des priorités. Alors pour tenter de changer les mentalités des prochains élus de la collectivité, plusieurs acteurs associatifs (Nayma, Oulanga Na Nyamba, Yes We Can Nette, Les Naturalistes, Mayotte Nature Environnement, Régie de territoire de Tsingoni ou encore Tifaki Hazi) ont décidé de se réunir autour de la table et de tirer, ensemble, la sonnette d’alarme. Comment ? En paraphant ce jeudi 17 juin la première charte d’engagement en faveur de l’environnement des candidats aux élections du conseil départemental. “Il est urgent d’agir. Le Département a vocation à donner un coup de pouce à l’environnement”, insiste Emmanuelle Martin, la vice-présidente de l’association Nayma. Avant de faire un appel de pied en cette période électorale. “Nous invitons [ceux] qui le souhaitent à nous contacter pour [la] signer et ainsi placer l’environnement comme objectif du territoire pour les six ans à venir.

 

Protéger ce qu’il reste à protéger

 

Pour les signataires de cette charte, il est important de rappeler aux prétendants qui souhaitent siéger dans l’hémicycle que la protection de l’environnement doit se traduire dans les politiques publiques. “Il y a plein de questions prioritaires à Mayotte. Mais il est clair que si nous continuons dans la dynamique qui est en cours en ce qui concerne l’environnement, la situation pourrait devenir critique à l’horizon de dix ans” , déplore Michel Charpentier, le président des Naturalistes de Mayotte. “Des solutions existent ! Nous nous devons de protéger ce qu’il reste à protéger tant qu’il est encore temps. Plus nous attendrons, plus cela va nous coûter cher de sauver ce qui peut l’être

 

Rétablir le cycle de l’eau

 

Pour cet habitué du territoire, les hommes et femmes politiques ne devraient plus prendre à la légère les questions environnementales car la mauvaise gestion des ressources entraîne de multiples répercussions que ce soit sur le plan écologique, sanitaire ou encore économique. “Pour planter un hectare de padza, cela coûte 250.000 euros. Il serait plus pertinent d’investir cet argent dans la formation et la sensibilisation des agriculteurs à la préservation des sols et à l’agriculture raisonnée. Nous rétablirions alors le cycle de l’eau qui infiltrerait à nouveau les sols et serait disponible dans les nappes phréatiques”, relate-t-il en bon professeur.

 

Concilier développement et préservation de l’environnement

 

Les présidents des associations environnementales réunis le 17 juin rappellent que lorsque l’on se tourne vers un développement durable, l’aménagement n’est pas incompatible avec la préservation de l’environnement. “Les politiques ne doivent pas nous voir comme un frein à leur projets. Nous pouvons être là pour les conseiller ou les accompagner dans les concertations sur des projets. Notre objectif n’est pas de mettre la nature sous cloche, mais de voir se développer des aménagements qui concilient nature, humain et activité économique. Il y a des territoires qui y arrivent très bien, je ne vois pas pourquoi Mayotte n’y arriverait pas”, affirme Emmanuelle Martin, la vice-présidente de l’association Nayma. Reste à savoir si cette charte fera réellement bouger les lignes ou si elle ne sera qu’un nouveau coup d’épée dans l’eau…

➡️ VOIR LA CHARTE D’ENGAGEMENT EN FAVEUR DEL’ENVIRONNEMENT

Zena Airlines : les chiffres et les raisons d’y croire

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Depuis plus de six mois, les frères Novou dévoilent petit à petit leur stratégie dans l’optique de lancer officiellement leur compagnie aérienne locale au premier semestre 2022. La présentation de ce jeudi 17 juin, en collaboration avec Airbus Consulting, vient apporter de nouveaux éclaircissements sur la fiabilité et la nécessité du projet.

Sur le tarmac, prêt à décoller ! S’il fallait faire une métaphore pour résumer le projet de la compagnie aérienne Zena Airlines, ce serait bien celle-là. Et ce n’est pas l’étude sur les opportunités de développement de la desserte aérienne à Mayotte, présentée en complément de celle du conseil départemental de novembre dernier par Airbus Consulting ce jeudi 17 juin, qui fera penser le contraire. L’idée ? « Identifier et illustrer statistiquement les marchés repoussés à plusieurs années. »

Des chiffres, ce n’est pas ce qu’il manque lorsqu’il s’agit de démontrer par A + B le besoin essentiel pour le 101ème département de jouir d’une entreprise de transport aérien locale. Et ce, pour plusieurs raisons. Premier enseignement : le nombre de déplacements par résident mahorais est inférieur au produit intérieur brut par habitant. « La desserte est contrainte et de moins bonne qualité », joue carte sur table Clélia Giry pour le compte du mastodonte toulousain. En 2019, les autres DROM-COM avaient une propension à voyager en moyenne deux fois plus élevée (1.55) qu’à Mayotte (0.75). À titre d’exemple, Mayotte se situe au même niveau que la République de Guinée…

À elle-seule, la métropole concentre 35% du trafic au départ de Mayotte. Sauf qu’un passager sur deux effectue une correspondance pour s’y rendre. Un « indicateur fort », synonyme d’une « demande insatisfaite » et de « marchés sous-desservis », précise Gabriel Hanot. Il n’est pas question ici de sortir « l’excuse » de la longueur de la piste, qui n’est pas « pertinente », puisque les compagnies aériennes actuelles effectuent toutes une escale technique pour rejoindre l’Hexagone, ce qui s’apparente à un vol direct.

 

Une desserte instable

 

Non, la véritable explication consiste simplement à dire que l’île aux parfums est moins bien reliée que de nombreux territoires ultramarins et destinations voisines, tant en termes de sièges offerts (60.000 par an) qu’en nombre d’opérateurs directs (un seul avec Air Austral contre « cinq dans les Caraïbes »). « Le nombre de sièges s’améliore, mais il est en dent de scie car la desserte n’est pas stable », continue le consultant senior. À ce jour, les frères Novou aspirent à doubler ce nombre et ainsi faciliter l’augmentation des déplacements vers la l’Hexagone. « Les compagnies qui n’ont pas de lien avec Mayotte obéissent à leur propre stratégie de réseau. » Ces fluctuations se démontrent avec les choix de XL Airways et Corsair, revenue sur le territoire en décembre dernier pour cette dernière après deux ans d’arrêt.

Conséquence : en l’absence de concurrence stable, les tarifs explosent. Le prix au kilomètre s’élève à 0.072 euros pour les passagers du 101ème département, contre 0.051 euros pour ceux des autres DROM-COM. En proie à une situation de monopole, Nouméa vit le même cas de figure que Dzaoudzi. Mais l’exemple récent de la Polynésie française vient prouver que l’arrivée d’une nouvelle compagnie aérienne sur le marché peut rebattre les cartes ! « À partir de 2018, le prix des billets d’avion a chuté de 41%, passant de 1.097 euros à 645 euros », rappelle Clélia Giry. Depuis, le nombre de touristes a grimpé de 20% sur cette destination. « Ce même scénario est attendu ici. »

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, on peut également s’attendre « à une forte stimulation du fret aérien, qui contribue à l’équilibre financier ». Une manière de « diversifier ses sources de revenu à hauteur de 10% du chiffre d’affaires total ». À l’heure actuelle, Mayotte comptabilise 120 tonnes transportées pour 10.000 habitants, contre 310 dans les autres territoires ultramarins. Un écart considérable sachant toutes les peines encourues de ce côté-là en temps normal et plus particulièrement durant la crise sanitaire. Or, il existe « une forte demande du marché cargo dans la région Grand Sud de La Réunion qui souhaite exporter un grand nombre de fruits et légumes », confie Régis Novou. D’où la volonté d’ouvrir une ligne avec l’aéroport de Pierrefonds, qui possède un fort potentiel de croissance.

Indépendamment de toutes ces annonces, l’impact de Zena Airlines peut s’avérer tout aussi positif pour les porte-monnaies du département. « Un billet à 740 euros, acheté auprès d’une compagnie aérienne locale, aura 312 euros de retombées pour l’économie mahoraise », indique la consultante d’Airbus Consulting. Même son de cloche concernant l’emploi. L’étude table sur près de 800 embauches : 100 directes, 160 indirectes, 119 induites et 397 catalytiques dans le secteur du tourisme. « Le développement du transport aérien va participer au développement de toute l’île », conclut Julien Novou, qui espère voir l’offre hôtelière suivre. Avec un envol prévu au premier semestre 2022, ça décoiffe déjà dans toutes les têtes !

 

Zena Airlines, une entreprise éco-responsable

 

Le transport aérien au service de l’environnement. L’image peut prêter à sourire et pourtant c’est bel et bien le désir des frères Novou. « Si une entreprise de premier plan ne prend pas en main cette problématique, qui le fera ? Les institutions ne suffisent pas », insiste Régis, qui apporte une attention toute particulière à cette cause. Ainsi, la compagnie souhaite fédérer la population aux enjeux environnementaux en lien avec le tissu associatif et créer un service de système de management à l’environnement directement rattaché à la direction générale. Mais surtout, elle compte mettre en place des suivis éco-responsables des partenaires, mener des politiques d’actions en local et à l’international – « dans la forêt du Gabon ou en Amazonie par exemple » – et intégrer la norme ISO 14001 sous trois ans, qui « oblige l’entreprise à toujours s’améliorer ». Si en plus de permettre aux Mahorais de voyager plus sereinement, Zena Airlines s’engage de manière pérenne sur le chemin de l’environnement, elle risque de convraince les derniers sceptiques au projet.

 

Quels avions pour la compagnie aérienne ?

 

« Nous sommes encore au stade des demi-finales », sourit Régis Novou. Quatre avions sont encore en lice. Le A330 et le B787 présentent « les mêmes avantages et inconvénients ». Ainsi, il faudrait retirer quelques sièges pour voler en direct vers Mayotte et réaliser une escale vers la métropole. Le B737 et le A321 ont un rayon d’action beaucoup plus restreint et exigent des escales à l’aller et au retour. Toutefois, « les coûts d’utilisation sont plus faibles puisqu’ils demandent moins de carburant et de personnel naviguant ». À l’heure actuelle, aucune décision n’est arrêtée. « Un appareil d’avant crise Covid nous revient désormais au prix de trois », souligne Julien Novou. Une option reste définitivement sur la touche : Zena Airlines ne volera pas avec des avions neufs, en raison d’un carnet de commande saturé jusqu’en 2027. La compagnie aérienne procédera à du leasing.

Sensibiliser sur la gestion durable des mangroves, la priorité de l’UICN

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Samedi dernier, acteurs associatifs et institutionnels étaient réunis dans les locaux de la communauté de communes du Sud à Bandrélé pour une matinée au cœur des mangroves mahoraises et leurs enjeux.

Chaussez vos bottes en caoutchouc, c’est parti pour découvrir la mangrove ! Après une visite ce samedi 12 juin à Bandrélé, place à une session d’échanges et de sensibilisation organisée dans les locaux de la communauté de communes du Sud dans le but d’évoquer la gestion durable des 735 hectares de biome. À Mayotte, cet écosystème gigantesque abrite pas moins de 7 espèces de palétuviers, 58 de poissons, 43 d’oiseaux, 15 de crabes et 2 de chauve-souris. Un petit monde qui vit entre terre et mer et qui évolue au gré des marées.

Sauf que cet habitat unique subit de nombreuses pressions sur les rives qu’il occupe ! Pression démographique, agriculture, aléas météorologiques… Autant d’attaques extérieures qui mettent à mal l’équilibre fragile de ce milieu. Par le biais d’actions de sensibilisation, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et les acteurs environnementaux de Mayotte espèrent pouvoir sauvegarder cette forêt en péril.

 

Protéger, préserver, restaurer

 

Essentielle à l’équilibre du lagon, la mangrove a de nombreuses fonctions. Primo, elle comporte un intérêt majeur vis-à-vis de la biodiversité, en particulier en matière de ressource halieutique. Deuxio, elle sert de pouponnière aux poissons mais aussi de lieu de vie aux tortues juvéniles. Terzio, elle protège la côte des intempéries et des marées. Par ailleurs, elle constitue un puit de carbone, stocké majoritairement dans l’humus des sols. Et par dessus tout, elle offre aussi une ressource économique pour les communautés locales. C’est pourquoi aujourd’hui, des institutions comme l’UICN mettent en avant sa protection, sa préservation et sa restauration.

Premier pas de la restauration de mangrove avec le diagnostic. L’objectif ? Étudier en profondeur cet écosystème de marais maritime afin de le comprendre. Tout d’abord, il faut établir l’origine de la perturbation ou de la dégradation, se demander si celle-ci est irréversible, définir les objectifs de la restauration mais aussi le degré d’implication des acteurs locaux ou encore les conditions du milieu. « Lorsque nous avons établi un constat et qu’une restauration de la mangrove est possible, nous sommes face à deux solution : la colonisation naturelle ou la plantation de palétuviers”, dévoile Grégoire Savourey, chargé de mission biodiversité de l’océan Indien à l’UICN de Mayotte.

 

La colonisation naturelle privilégiée

 

Avant de rentrer plus en détails sur ces deux approches. “La priorité est toujours donnée à la colonisation naturelle. Nous apportons des aménagements aux sites afin de restaurer l’hydrologie et l’hydrodynamique de ceux-ci pour permettre à la mangrove de prospérer à nouveau. Nous préconisons cette méthode car nous ne ferons jamais mieux que la nature. En revanche, quand celle-ci échoue nous devons nous tourner vers la plantation de palétuviers pour restaurer la forêt. Pour cela, il faut choisir, collecter et stocker les propagules*. Il faut ensuite les mettre en pépinière puis les planter”, précise-t-il. Seul souci : l’intervention humaine se révèle être une option à la fois coûteuse et contraignante. Pour la simple et bonne raison que les pépinières doivent être mises en place directement à l’intérieur de la mangrove…

Peu importe la démarche employée, l’association Nayma, le groupe d’actions locales de l’Ouest et du Grand Sud ou encore l’UICN prônent coûte que coûte une gestion durable des mangroves mahoraises afin de préserver le patrimoine naturel de l’île aux parfums.

*Élément pluricellulaire permettant à une plante de se reproduire.

Les personnels de l’ARS et du CHM en grève… encore une fois

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On ne compte plus le nombre de grèves menées par les personnels de l’agence régionale de santé et ceux du centre hospitalier de Mayotte. Ce jeudi matin, la CFDT était une nouvelle fois à la tête d’une manifestation qui incluait certains agents du CHM et de l’ARS. Leurs revendications restent quasiment inchangées au fil des mouvements, mais la communication semble rompue avec les directions.

Ils étaient une petite vingtaine à avoir répondu à l’appel de la CFDT. Les personnels du CHM et de l’ARS seraient-ils lassés par ces manifestations à répétition ? Une chose est sûre, ceux qui étaient présents étaient déterminés à se faire entendre. Après avoir campé sur la place de la République puis tourné autour du rond-point Zéna M’déré à Mamoudzou, les grévistes ont marché jusqu’à l’ARS de Mayotte, banderoles au poing. « Nous n’avons pas de revendications salariales. Elles sont plutôt liées aux conditions de travail, aux infrastructures nécessaires pour mieux accueillir la population, ou encore aux formations médicales et paramédicales », insiste le secrétaire général de la CFDT Mayotte, Ousseni Balahachi, selon lequel cette grève est faite au nom de tous les habitants de l’île.

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Des revendications qui ne diffèrent d’ailleurs pas beaucoup de celles réclamées lors des précédents mouvements. Et se résument en tout et pour tout en cinq demandes formulées à l’ARS. Parmi elles, un organigramme “digne d’une ARS de plein exercice”, la finalisation de l’intégration des agents de l’ARS, et la formation des personnels de santé. Du côté du CHM, les requêtes sont plus nombreuses. Douze pour être exact. La CFDT souhaite la planification des travaux d’extension du CHM et du deuxième hôpital, le maintien du service de la médecine à Pamandzi, ou encore la réalisation des travaux d’urgence, pour ne citer qu’eux.

Le pire, selon Ousseni Balahachi ? La souffrance dans laquelle cravachent les personnels du CHM et de l’ARS à cause de la surcharge de travail. « En radiologie, il devrait y avoir un effectif de 18 personnes alors qu’ils ne sont que 9 et bientôt ils passeront à 7. Il n’y a plus d’ophtalmologue au service d’ophtalmologie, et ils sont en train de démanteler le service de psychiatrie. Pensez-vous vraiment qu’on peut se permettre de ne pas avoir de service de psychiatrie à Mayotte ? », martèle le secrétaire général de la CFDT. S’ils ne sont pas entendus par les directions tour à tour pointées du doigt, ce dernier l’assure, les conséquences se feront rapidement ressentir auprès des malades. « Dans toute cette histoire, il va avoir des victimes », redoute-t-il.

 

Dialogue rompu ?

 

Prêts à en découdre, les grévistes se sont donc dirigés jusqu’à l’agence régionale de santé, et l’accueil qui leur a été réservé n’a pas été des plus cordial. À leur arrivée, une horde de policiers étaient postés devant l’entrée pour les empêcher de pénétrer dans l’enceinte. « Maintenant, ce sont les policiers qui assurent l’intérim de la direction de l’ARS ! », persifle Ousseni Balahachi, quelque peu agacé. Les manifestants avaient espéré être accueillis par Dominique Voynet pour entamer des négociations, mais cette dernière a préféré s’abstenir. Agacée, elle aussi ? Malgré nos tentatives répétées, la directrice de l’ARS Mayotte n’a jamais donné suite à nos sollicitations. Le groupe de grévistes ne s’est pas rendu à l’hôpital, mais selon le CHM, la direction aurait tenté des négociations. « Le directeur est en déplacement en dehors du territoire. Les syndicats ont refusé de parler avec celui qui le remplace. Ils ne veulent négocier qu’avec le directeur alors il fera une réponse à son retour la semaine prochaine », assure le service de communication de l’établissement.

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L’absence de dialogue avec les deux directions pousse la CFDT à renouveler le mouvement de grève. Un préavis sera déposé pour une manifestation le jeudi 24 juin. « Cela ne nous fait pas plaisir de manifester constamment, mais leur politique est basée sur des promesses qui ne voient jamais le jour », soutient Ousseni Balahachi. Il ne perd pas espoir, ses collègues et lui feront tout pour obtenir gain de cause. Mais pour cela, ils admettent avoir besoin d’une mobilisation plus massive et générale. La CFDT appelle toute la population et tous les professionnels de santé libéraux à rejoindre le mouvement. Peut-être arriveront-ils à se faire entendre…

Fin de mandature : Soibahadine Ibrahim Ramadani fait ses adieux aux agents

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Le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, a prononcé son dernier discours aux côtés de Larissa Salim Bé, la nouvelle Miss Excellence 2021, fierté locale et nationale. L’occasion pour l’homme politique de finir son mandat… en beauté !

Un p’tit discours et puis s’en va ! Le président du conseil départemental a tenu à clôturer ses six années de mandature par une dernière cérémonie dans les jardins de l’établissement. “Un moment convivial”, a-t-il précisé à la tribune, prêt à distiller ses ultimes traits d’esprit, sous les rires amusés de l’audience. À sa droite tout au long de la manœuvre, une Larissa Salime Bé non moins adoubée par la foule, laquelle a rythmé les clins d’œil du président de salves d’applaudissements comblés. En matière de remerciements, la Miss Excellence France, devenue étendard local, n’était d’ailleurs pas en reste. “Avec votre sourire légendaire qu’on ne voit pas (rires), vos dents éclatantes de blancheur, votre visage d’ange, vous êtes l’embellie qu’attendait le ciel mahorais, qui, ce samedi-là, était terne, assombri par le crime à Combani, les agressions et caillassages à Miréréni”, a flatté Soibahadine Ibrahim Ramadani, en tournant ses yeux malicieux vers la reine de beauté, que l’on imaginait un peu rougissante sous son masque.

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Bien sûr, l’assistance n’était pas réunie ce jour-là pour assister (uniquement) à cette scène de balcon. À trois jours des élections départementales qui pourraient bien rebattre les cartes dans l’hémicycle Younoussa Bamana, le président pour encore quelques instants souhaitait surtout adresser ses remerciements aux agents. “Je tenais à organiser ce moment convivial pour vous remercier et saluer tout le travail accompli au service de notre beau pays, de notre belle île de Mayotte et de ses habitants”, a-t-il introduit. Avec une traduction concrète : depuis 2017, 597 employés du Département ont reçu une distinction, associée d’une prime, pour une enveloppe globale de 422.000 euros.

 

5.611 régularisations foncières en six ans

 

Et Soibahadine Ibrahim Ramadani de rappeler les “efforts consentis pour mettre en œuvre notre ambitieux plan de mandature”. Le chef de la majorité a en effet profité de cette dernière occasion pour défendre son bilan. Le nombre de délibérations adoptées, d’abord, passé de 254 en 2015, à 461 en 2019 (et 382 en 2020, année marquée par le Covid-19). L’autre fierté de la mandature ? Les régularisations foncières, 5.611 en six ans, “un exploit quand l’on connaît la complexité et la lourdeur de la procédure”.

Ces années à la tête de la collectivité ont aussi permis de réorganiser les services. En resserrant son organigramme, en limitant le nombre de directions, en améliorant les procédures de recrutement, le conseil départemental a su “maîtriser (sa) masse salariale” sans pour autant rogner sur le social. Tickets de restauration passés à 9 euros au 1er janvier 2021, prise en charge de la mutuelle santé des agents depuis 2018 à hauteur de 150 euros par mois, plan de formation triennal pour favoriser la montée en compétence et la professionnalisation… Une politique qui s’est traduite, d’après le président, par une réduction des effectifs, de 3.215 agents en 2015 à 2.273 en 2020, assortie d’une augmentation des cadres de catégorie A, passés à 510 aujourd’hui, contre 373 en 2015. Enfin, le recrutement de huit ingénieurs pour les services techniques est venu renforcer les 20 projets de la mandature, comme la cité administrative ou les équipements sportifs.

 

Réduction du train de vie et vie politique

 

Un bilan dans le vert, en somme ! De quoi satisfaire la Chambre régionale des comptes (cette fois), laquelle on le sait, n’a pas manqué d’épingler par le passé la gestion parfois débonnaire des comptes publics et des ressources humaines dans le jeune département… Encore en 2018, les Sages déploraient des charges du personnel très dynamiques, saupoudrées d’un “absentéisme injustifié”. “Les frais de mission, qui ont atteint deux millions d’euros en 2014, ne correspondent pas aux textes en vigueur. L’attribution des véhicules et des logements de fonction n’est pas contrôlée”, soulignaient les magistrats. Loin d’occulter le sujet, le président sortant – qui a, faut-il le rappeler, succédé à Daniel Zaïdani en 2015 – a soulevé “les efforts sur la réduction du train de vie du conseil départemental, en nombre de véhicules, téléphonie, photocopies, voyages”. Battement de cils à destination des Sages (cette fois)… ou dernière taquinerie au candidat du canton de Pamandzi ? Avec Soibahadine, qui sait ?

Miss Excellence France 2021, Larissa Salim Bé a ramené la couronne à la maison

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Son retour à Mayotte était très attendu. Larissa Salim Bé, fraîchement élue Miss Excellence France 2021, est rentrée sur son île natale ce mercredi 16 juin. L’accueil qui lui a été réservé a été à la hauteur de son exploit lors du concours de beauté national. Les plus curieux ont fait le déplacement pour espérer l’approcher quelques secondes.

Tout Mayotte en rêvait, Larissa Salim Bé l’a fait ! Elle est entrée dans l’histoire des concours de beauté en étant la première mahoraise à remporter une couronne au niveau national. Elle le savait, elle devait partager son titre avec tous les Mahorais. « La couronne est pour nous, elle est pour Mayotte ! » a-t-elle lancé, devant la foule venue l’acclamer ce mercredi 16 juin sur la place de la République à Mamoudzou. La reine de beauté a reçu un accueil des plus chaleureux depuis l’aéroport jusqu’à son village natal de Poroani.

Vêtue de sa robe rouge, tirée à quatre épingles et la couronne visée sur sa tête, Larissa Salim Bé a pris le temps d’échanger quelques mots et de faire quelques selfies avec ceux qui ont pu l’approcher. Si la fatigue s’est par moment fait sentir sur son visage, celle-ci est rapidement effacée par son sourire. Miss Excellence France 2021 fait désormais la fierté de tous les Mahorais, et plus particulièrement de son comité de Mayotte qui l’a portée jusqu’au plus haut sommet du concours. « Ça n’a pas été facile parce que la France a de très belles femmes, mais nous l’avons fait ensemble ! » assure Némati Toumbou Dani, présidente du comité Miss Excellence Mayotte.

Le maire de Mamoudzou a également fait le déplacement jusqu’à la place de la République pour féliciter en personne la nouvelle Miss Excellence France. Lui aussi portait fièrement son écharpe. « J’ai voulu venir féliciter notre Miss Excellence. Sa victoire est un honneur pour Mayotte. En la félicitant, je félicite l’ensemble des jeunes femmes mahoraises. Je les encourage à investir ce champs de la beauté », a indiqué le maire avant de poser fièrement à côté de la reine de beauté.

« Elle sortait du lot »

La jeune femme, qui a fêté ses 23 ans la veille de son élection, a été choisie parmi 22 autres candidates. Son parcours en a surpris plus d’un, mais certainement pas son entourage qui la suit depuis l’année dernière. « Larissa est rayonnante, toujours souriante. Elle a une joie de vivre qui a fait la différence pendant l’intégration. Elle sortait du lot, elle a été remarquée par les partenaires qui suivent les candidates pendant les dix jours de préparation », s’est enthousiasmé Moidjouma Abasse, la directrice du comité Miss Excellence Mayotte. De son côté, la jeune femme a encore les yeux qui brillent. Elle était confiante, mais elle n’avait jamais imaginé aller aussi loin. « Je ne m’attendais pas à gagner, mais je m’étais préparée pour accéder au moins au podium. J’ai eu plus que ça donc forcément je suis la plus heureuse », a-t-elle confié.

Larissa Salim Bé a tenu à rentrer chez elle en guise de remerciement pour tous les Mahorais qui l’ont soutenue. Ce retour aux sources lui permettra également de faire le plein d’énergie avant de repartir pour l’Hexagone. « Maintenant, elle sera prise en charge par le comité national de Miss Excellence, ce n’est plus de notre ressort. Ça va être compliqué parce qu’on laisse un peu notre bébé, mais on ne l’abandonne pas, on va la suivre », a assuré Moidjouma Abbasse. Employée dans son village de Poroani, la jeune lauréate devra faire des concessions. Une chose est sure : elle souhaite garder son poste car elle le sait, le rêve ne sera pas éternel… Elle devra donc trouver un compromis pour pouvoir assurer son nouveau rôle de Miss Excellence France et garder son emploi !

Chimique : la justice se penche sur un réseau de 20 dealers démantelé en 2016

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Un dossier tentaculaire était jugé ce mercredi au tribunal correctionnel. Au total, 20 prévenus sont accusés d’avoir vendu de la chimique entre 2015 et 2016, à l’époque où cette drogue faisait ses premières victimes à Mayotte. L’affaire a été mise en délibéré.

C’était un sacré coup de filet. En 2016, après un an d’écoutes téléphoniques, d’enquête, de recoupement d’informations, la gendarmerie avait mis la main sur un réseau tentaculaire de trafic de stupéfiants, en l’occurrence, deux drogues aujourd’hui bien connues à Mayotte pour leurs effets délétères : la chimique et la mangrove. Au total, 20 individus avaient été interpellés pour avoir vendu ces produits à au moins 1.200 clients identifiés. Plus de cinq ans après les faits, le tribunal correctionnel se penchait ce mercredi sur le cas de ces prévenus, dont quatre étaient présents à l’audience.

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Surprise : contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas le chef de trafic de stupéfiants en tant que tel qui a été retenu, un crime ou délit – selon le rôle dans le trafic et son envergure – dont la peine maximale peut être la réclusion criminelle à perpétuité, mais plutôt celui de “provocation à l’usage ou au trafic de stupéfiants ou de substances présentées comme telles”. Les auteurs de ce genre d’infractions encourent des peines bien plus légères, allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.

 

Une drogue dangereuse, recensée il y a peu

 

La raison de ce subterfuge ? L’absence de la chimique, à l’époque des faits, dans la liste des stupéfiants recensés. Aujourd’hui en France, quelque 200 substances psychoactives y figurent. Or, en 2015, il s’agissait d’un “produit un peu nouveau”, souligne le procureur de la République. “Malheureusement, le législateur a un train de retard, car les chimistes sont malins, ils savent qu’il y a une liste donc ils font des ajustements dans leur laboratoire pour modifier très légèrement leur produit, de sorte qu’il n’apparaît plus”, développe-t-il.

Ce qui n’empêche pas la substance d’être particulièrement toxique. Et les années passant, Mayotte en a d’ailleurs fait l’amer constat. Pour rappel, la chimique se présente sous la forme de tabac imprégné d’alcool à 70 degrés, ou dans du rhum dans lequel on a préalablement mélangé une poudre blanche. La mangrove, quant à elle, est obtenue grâce à une algue présente à Mayotte qui permettait à l’époque de pêcher en empoisonnant le poisson. Une fois fumés, ces produits entraînent des effets proches de la MDMA ou des amphétamines, assortis d’une très forte addiction. Ils conduisent parfois à des états amorphes ou “zombies”, voire même à des comportements violents et agressifs. À l’époque des faits, le centre d’addictologie du CHM relevait d’ailleurs un nombre exponentiel de cas d’usage de chimique. Et aujourd’hui encore, le parquet doit régulièrement traiter des dossiers dans lesquels les mis en cause sont des consommateurs de cette drogue de synthèse.

Mais revenons-en aux faits. Tout commence en juillet 2015, quand la gendarmerie réalise dans le cadre d’une enquête de flagrance une saisie de 99 doses d’un produit testé à l’origine sur des kits de cannabis. Envoyés pour analyse, les échantillons s’avèrent contenir deux molécules, dont l’une a déjà été impliquée dans le décès d’un consommateur auparavant. Grâce à la mise sur écoute de plusieurs lignes téléphoniques, les enquêteurs vont commencer à dévoiler la toile de cet important réseau.

 

Un business en or

 

Rapidement l’une des “boss” du trafic, surnommée “Tina”, semble sortir du lot, même si d’autres maillons de la chaîne seront à leur tour identifiés comme des chefs lors des auditions. Avec son mari, elle est suspectée d’acheminer les produits nécessaires depuis l’Angleterre et de confectionner la chimique chez elle. C’est à son domicile qu’elle reçoit aussi les revendeurs, au moins 13 permanents, qu’elle surnomme ses “boutiques”. Ses sbires étaient chargés de se procurer les paquets de tabac, de préférence 100% naturel et de la marque “Domingo”, au Jumbo Score. Elle leur vendait alors au minimum 10 paquets au prix de 50 euros, qu’ils se chargeaient d’écouler dans les rues de Mayotte, à Passamaïnty, Dzoumogné, Koungou, Mtsapéré… Un business juteux, qui aurait permis au couple de chimistes amateurs de se forger une jolie petite fortune de 500.000 euros !

Du côté des 19 revendeurs, le degré d’implication comme le chiffre d’affaires semblent être plus variables. Certains déclarent aux enquêteurs avoir réalisé jusqu’à 3.000 euros par jour, pour subvenir aux besoins de leur famille… D’autres font valoir un usage avant tout personnel, et des ventes censées permettre d’assouvir leur manque. “J’étais devenu un zombie”, souffle l’un des prévenus entendus ce mercredi à la barre. La plupart des mis en cause ont en effet touché au moins une fois à cette drogue, que l’un d’eux a de lui-même associé à “un poison”. “Continuer à vendre la mort, si la chimique est un “poison” pour subvenir aux besoins de ses enfants, vous comprenez que c’est difficile à entendre”, lance le président.

 

Jusqu’à deux ans de prison requis

 

Seul l’un des prévenus dénote un peu. De retour à Mayotte après un long séjour en métropole, le bonhomme semble avoir été le dindon de la farce. Et c’est un différend avec son père, consommateur notoire de chimique, qui l’aurait plongé dans cette affaire contre son gré. “À cause de lui, je n’ai jamais fumé, je n’ai jamais vendu à qui que ce soit. Il m’a donné 2.000 euros pour passer commande en métropole, mais je ne l’ai pas fait”, se défend-il face aux juges.

Une justification et surtout un manque de preuves pour caractériser l’infraction, qui conduiront le procureur à requérir pour lui la relaxe. Perçue comme la “baronne” du réseau, malgré la défense de son avocat Maître Bazzanella qui tentera de faire valoir son profil de toxicomane avant tout, “une femme fragile, dépressive”, Tina, ne bénéficiera pas de cette clémence. Le parquet requiert contre elle la peine la plus lourde, deux ans de prison avec un an de sursis probatoire assorti d’une obligation de soins, de formation, de travail, et une amende de 10.000 euros. Pour les autres, ce sera entre un an et 15 mois de prison et des amendes entre 2.000 et 15.000 euros. L’affaire a été mise en délibéré, et le tribunal devrait rendre sa décision courant juillet.

Inauguration de la nouvelle borne EDM au marché couvert de Mamoudzou

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Mercredi 16 juin avait lieu l’inauguration de la toute nouvelle borne de paiement express d’EDM en plein cœur du marché couvert de la ville de Mamoudzou. La cinquième de ce genre sur la dizaine de bornes qui seront déployées dans les prochains mois aux quatre coins de l’île aux parfums.

Fini les galères ! Pour régler leurs factures d’électricité en temps et en heure, les habitants de Mamoudzou pourront dès à présent se rendre à la nouvelle borne, située en plein cœur du marché couvert. Plus besoin de se déplacer jusqu’à Kaweni et de subir les embouteillages et l’attente au guichet. Avec les bornes de paiement de la société d’électricité mahoraise, les nombreux clients verront le règlement de leurs redevances facilité.

“Favoriser l’autonomie et une meilleure inclusion sociale”

Sur place le matin-même pour prendre part à cette inauguration, le maire Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a profité de l’occasion pour rappeler les avantages de cette innovation pour ses administrés. “EDM s’est engagée de manière forte pour le confort des Mahorais. L’entreprise a apporté des outils nécessaires à la vie des habitants au plus près de leur habitation et de leur lieu de travail. Je suis heureux d’inaugurer cette borne qui permettra de favoriser l’autonomie et une meilleure inclusion sociale”, a-t-il déclaré avec enthousiasme.

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Un avis partagé par le directeur général d’EDM, Claude Hartmann, qui s’est félicité de la mise en place de cette cinquième borne. Un dispositif qui permettra de fluidifier le paiement mais pas seulement. “EDM est au service des Mahorais. Les bornes permettront de désengorger les guichets du site de Kawéni. Nous pourrons alors mieux conseiller et recevoir les clients qui le souhaitent”, a-t-il affirmé dans la foulée.

 

Les acteurs du projet au rendez-vous

 

La Chambre de commerce et d’industrie et le conseil départemental ont également œuvré à la naissance de ce projet. “Ce dispositif traduit parfaitement le slogan d’EDM qui est Notre énergie à votre service. Le déploiement de ces bornes permettra aux Mahorais en tout point du territoire de ne pas être obligés de se déplacer”, s’est félicité Issa Abdillah, le représentant du président de la collectivité. Avant de se réjouir de l’amélioration des services rendus aux citoyens : “Il a également un aspect social important. Il donnera la possibilité de sensibiliser et d’accompagner les citoyens pour que le changement ne soit pas subi mais maîtrisé.”

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Lever de rideau sur la borne

 

1,2,3 et ça y est la borne est inaugurée. Après les discours, place à la mise en fonction de ladite machine. Le chef de projet de la borne de paiement, Nassim Said, réalise une démonstration devant le premier magistrat, très attentif à la présentation. Une bonne nouvelle également pour les petits commerçants du marché couvert de Mamoudzou qui espèrent surfer sur la vague et attirer de nouveaux clients. Des bornes de paiement aux multiples facettes qui ne tarderont pas à fleurir sur tout le territoire dans les mois à venir.

Meilleure nutrition et activités sportives, la nouvelle vie de 15 mamans de Bandrélé

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Les 12 étudiants du BTS économie sociale familiale du lycée de Bandrélé ont réalisé un projet intitulé « Bien manger, bien bouger » à destination de 15 mamans de la commune. Ce mercredi 16 juin a été l’occasion de revenir sur l’action de sensibilisation ainsi que sur le bilan des ateliers culinaires et des activités sportives. Ambiance festive assurée par les participantes qui en redemandent.

Portable pointé en direction du tableau, Thaandhati ne cache pas sa joie depuis le troisième rang. Des « youyou, youyou, youyou » résonnent dans la salle. Sa manière à elle de remercier les 12 élèves du BTS économie sociale familiale du lycée polyvalent de Bandrélé postés en rang d’oignon devant elle. Derrière son large sourire communicatif, la mère de famille exulte en compagnie des 14 autres mamans de la commune. « Merci d’avoir pensé à nous », lâche-t-elle, la gorge un peu nouée et les yeux presque humides, lorsque Naïza lui demande de se joindre à ses côtés.

Cette rencontre intergénérationnelle remonte à 2019 lorsque l’équipe pédagogique décide de répondre à l’appel à projets intitulé « Bien manger, bien bouger » de l’agence régionale de santé (ARS) et de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) pour mener des actions nutritionnelles s’inscrivant dans le quatrième programme national nutrition santé. Après un petit retard à l’allumage en raison de la crise sanitaire, le dispositif débute réellement durant cette année scolaire.

Avec l’aide du centre communal d’action sociale, les étudiants identifient leur cible : des bénéficiaires en situation de précarité pour partager de la sensibilisation nutritionnelle sous forme ludique (pyramide alimentaire et assiette équilibrée), des ateliers culinaires et des activités sportives. « Nous nous sommes adaptés à leurs pathologies, nous avions des fiches spécifiques pour chacune d’elles », dévoilent, d’une seule et même voix, Naïda et Bachiroudine, respectivement âgés de 24 et 22 ans.

« Elles commencent à voir le changement »

Et le film retraçant les différentes actions du projet démontre bien l’ambiance de la cérémonie de ce mercredi 16 juin. Les rires fusent dans toute la salle à la diffusion des images, et plus particulièrement lors du passage des séances de fitness. « Au début, elles avaient du mal, elles n’arrivaient pas à toucher leurs chevilles », avoue Naïda. Un lointain souvenir, notamment grâce aux exercices de souplesse réalisés par « Monsieur Maou » de l’association Sport et Loisirs, qui reçoit un tonnerre d’applaudissements. « Elles peuvent tout reproduire à la maison, elles n’ont pas d’excuse », se permet le coach, quelques secondes avant de se faire alpaguer par trois mamans, désireuses d’immortaliser ces retrouvailles. Quelques semaines après la fin du projet, la rigueur est toujours de mise selon Naïza puisque certaines mères de famille se retrouvent encore aujourd’hui pour déambuler ensemble dans les rues de Bandrélé. « Elles commencent à voir le changement au niveau de leur corps. »

Même accueil pour « Madame Estelle », la diététicienne. Au menu des cours dispensés dans la cuisine familiale de l’établissement scolaire : un gratin de papaye verte, des rochers au coco, des sablés à la cannelle, du pilao au poulet, du kakamkou avec du riz jaune aux légumes ou encore du jus maison sans sucre ajouté… « Elles transmettent nos conseils dans leur entourage », se satisfait Bachiroudine, alias le chef cuisto de la bande d’étudiants. L’objectif de la démarche : diminuer les nutriments et privilégier la cuisson à l’eau pour jouir d’une bonne alimentation, trop souvent riche en glucides à Mayotte !

 

Un suivi avec les autres promotions

 

Contrat rempli pour les 2ème année de BTS économie sociale familiale. « En plus, ce projet, qui rentre dans le cadre de notre formation, nous a permis de mettre en pratique nos compétences théoriques », poursuit le jeune homme. Et pour s’assurer que ces bons plans perdurent dans le temps, toutes les mamans reçoivent un livret nutritionnel ainsi qu’une paire de chaussures de sport. De quoi ravir Hairati, qui s’imagine maintenant « apprendre à lire et à parler français ».

Mais surtout, Thaandhati espère « un suivi avec les autres promotions » pour que d’autres femmes comme elle puissent bénéficier de telles actions. « Pas de problème, mais il faut qu’il y ait une interaction », lui répond le proviseur, Joseph Buisan. Pas totalement convaincue, la mère de famille se précipite vers le recteur, Gilles Halbout, à la fin de la cérémonie pour échanger quelques mots en shimaoré. Avant de lui tomber dans les bras et de lui offrir une accolade et même une embrassade, illustrée par une trace de rouge aux lèvres sur le masque blanc du responsable de l’académie. Toute en vivacité !

Feuille de route : dans les coulisses des négociations entre le rectorat et le SNUIPP-FSU

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Après la présentation de la feuille de route locale à la suite du Grenelle de l’éducation qui s’est tenu en fin d’année dernière, le SNUipp-FSU a maintenu son appel à la grève ce mardi 15 juin. Flash Infos a pu, exceptionnellement, prendre part à la réunion d’échanges entre le recteur, Gilles Halbout, et les quatre représentants de l’organisation syndicale. Immersion.

Mardi, 9h30. Devant le cabinet du recteur, l’ambiance est bon enfant entre les quatre représentants du SNUipp-FSU. « Ma fille, Mirana Tle, a cru que j’étais à l’origine des barrages de ce matin », raconte hilare Rivomalala Rakotondravelo, le secrétaire départemental de l’organisation syndicale des enseignants du premier degré. Assis sur leur siège en face de lui, Moinecha Said, Anssiffoudine Port Said et Zaidou Ousseni, ses trois compères, pouffent de rire en guise de réponse. Une anecdote pas si anodine, qui rappelle l’engagement du leader dans les blocages de 2018. Car pour lui, la bataille est quotidienne lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts des Mahorais, et plus particulièrement ceux des instituteurs. Une franche camaraderie qui risque bien de se dissiper d’une minute à l’autre, une fois la visioconférence du responsable de l’académie terminée.

10h. Toute la bande pénètre dans le bureau de Gilles Halbout, entouré de Régine Vigier, directrice académique adjointe des services de l’Éducation nationale, et de Sébastien Bernard, directeur des ressources humaines. L’objet de la réunion ? Évoquer la feuille de route pour le 101ème département à la suite du Grenelle de l’éducation qui s’est tenu en fin d’année dernière. « On a pris en compte vos remarques, notamment sur les AED (assistants d’éducation) qui n’étaient pas dans le document initial. On a simplement rajouté deux-trois paragraphes positifs supplémentaires », attaque d’emblée le recteur. Derrière son masque, le chef de file de l’instance syndicale, plus connu sous le nom de Rivo, acquiesce timidement. « Il y a des éléments de nos revendications. »

 

Les tickets restos de la discorde

 

Mais une première « polémique » tombe rapidement sur le coin de la table : les tickets restaurants, qui ne sont pas inscrits dans le dossier validé par l’administration centrale. « Personne ne [les] a évoqués lors du comité technique paritaire », s’étonne le responsable de l’académie. Réponse du représentant syndical : « On en a parlé dès votre arrivée [en juillet 2019, ndlr]. » Un imbroglio vite mis au placard par Gilles Halbout, bien décidé à ne pas perdre de temps sur ce non-sujet. « On peut [les] mettre en place immédiatement, on est d’accord et on va le faire ! » Reste encore à réfléchir à son instauration. De ce côté-là, le rectorat a sa petite idée. « Il faut nous affranchir de l’histoire de revenu, mais plutôt nous concentrer sur les écoles qui ont des difficultés de recrutement », propose Sébastien Bernard, dans l’optique d’un consensus.

Mais revenons à nos moutons. La rencontre du jour consiste surtout à évoquer le calendrier de mise en application des mesures prises, qui pour certaines d’entre elles « auront besoin d’un ajustement réglementaire ou législatif », comme le stipule le recteur. À l’instar de l’indemnité de sujétion géographique (ISG) pour les nouveaux titulaires. Quid alors de la hausse de l’indexation des salaires ou encore du versement d’une indemnité spécifique qui tient compte des difficultés de travail dans le département ? « Des éclaircissements pourraient être apportés d’ici la fin de l’année », envisage, avec un certain optimisme, Gilles Halbout.

 

L’évolution des REP+ gelée en 2021

 

En revanche, le classement de l’ensemble du département en REP+ provoque davantage de remous. « Seules les écoles maternelles ou élémentaires de Kahani, de Tsararano, de Dembéni et de Ouangani basculent dans le projet », s’insurge Rivo, qui a fait de ce combat son cheval de bataille. « Elles n’étaient pas référencées, il s’agit d’une régularisation », répond du tac au tac Régine Vigier. Mayotte comptabilise 188 établissements du premier degré dans ce dispositif, qui concerne les quartiers ou les secteurs isolés connaissant les plus grandes concentrations de difficultés sociales avec des incidences fortes sur la réussite scolaire.

De quoi provoquer la colère vive de Zaidou Ousseni : « Donc on n’en est pas encore là ? » Sauf que cette décision ne revient pas au rectorat directement. « Le ministère a gelé l’évolution des REP+ sur tout le territoire national. Mais on se prépare pour la réforme de 2022, sinon on va reproduire les mêmes erreurs que par le passé », tempère Gilles Halbout, pour calmer les ardeurs de son interlocuteur. En attendant, l’académie fait le forcing pour que cinq secteurs de l’île – Koungou, Passamaïnty, Dzoumogné, Acoua et Kahani – puissent intégrer l’expérimentation sur l’accompagnement académique spécifique en 2021.

 

Les contractuels, le nerf de la guerre

 

Autre point qui tient particulièrement à cœur au secrétaire départemental du SNUipp-FSU ? La titularisation des contractuels par voie de concours. « Moi aussi », lui assure le recteur. Sauf qu’une vingtaine d’instituteurs, dotés d’un simple baccalauréat, possèdent un contrat précaire depuis bon nombre d’années. « Ils sont pénalisés par rapport aux jeunes qui ont un bagage bien plus important », regrette Anssiffoudine Port Said. Si Gilles Halbout rappelle l’augmentation du contingent pour les concours internes, il promet de regarder de plus près cette ineptie.

Sans oublier l’égalité de traitement pour tous les néo-contractuels. « On combat le décalage entre ceux qui arrivent sur le territoire et ceux qui y vivent », s’époumone Rivo. Avec la mise en place du concours interne de recrutement de professeurs des écoles depuis 2017, le primaire recense davantage d’enseignants locaux, qui ne sont, de fait, pas éligibles à la prime d’installation, équivalente à cinq mois de salaire. Hasard ou non, le 1er degré ne recense que 20% de contractuels, contre 51% dans le second degré. « On fait face à une urgence dans les collèges et les lycées », rétorque le recteur. « Vous, vous avez une position, d’autres organisations syndicales en ont une autre. Nous, on a tranché ! Mais il faut effectivement une convergence… » À savoir quand cette « discrimination », selon les mots du SNUipp-FSU, prendra fin.

11h. Le débat tantôt cordial tantôt houleux entre les deux parties prend fin. « Il y a des éléments qui vont dans le bon sens. Mais on devait en avoir le cœur net pour ne pas nous faire endormir », lâche Rivo à la sortie, avant d’aller débriefer avec les quelques enseignants postés devant le rectorat. Quoi qu’il en soit, toute la troupe promet de suivre avec attention l’évolution cinétique et temporelle de cette feuille de route. Et espère des avancées concrètes par rapport à leurs remarques d’ici la fin de l’année scolaire, lors du prochain comité technique paritaire.

Entre les barrages et le retrait des transporteurs, une première semaine agitée pour les épreuves du baccalauréat à Mayotte

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Le mouvement de mobilisation entamé ce lundi à la suite de l’agression mortelle d’un individu samedi à Combani arrive en pleine période d’examen. Mais des solutions émergent au cas par cas, pour permettre aux élèves et aux professeurs de rejoindre leurs établissements.

Blocus, jour 2. Ce mardi matin, les automobilistes sont à nouveau tombés nez à nez avec des barrages, cette fois-ci érigés dans le centre à Combani et Ongojou, mais aussi dans le sud au carrefour Nguzi ou encore à Bouyouni, au nord. “La population du sud s’est réunie par solidarité avec celle de Combani”, explique Safina Soula Abdallah, la représentante du collectif pour la défense des intérêts de Mayotte (CODIM), qui soutient le mouvement. Même son de cloche à Longoni, où les transporteurs scolaires ont eux aussi maintenu leur droit de retrait, malgré une réunion tenue la veille avec le rectorat, la préfecture et le conseil départemental. “Rien n’a abouti et il n’y a pas eu de nouvelle proposition pour améliorer les conditions de travail ou apporter les garanties juridiques et sociales que nous attendons. Les 256 transporteurs ne circulent pas”, confirme Anli Djoumoi (Siaka), délégué Force ouvrière.

Bref, c’est donc dans ce climat tendu que se déroulent les épreuves du baccalauréat depuis lundi. Les oraux de Français ont commencé, tandis que les écrits de Philosophie et les épreuves anticipées de Français se tiennent jeudi. Un contexte difficile pour les élèves et leurs professeurs, déjà éprouvés par une année chamboulée à cause de la crise sanitaire. “Je n’ai même pas pu me rendre au lycée de Chirongui, et aujourd’hui non plus visiblement…”, raconte un enseignant du lycée professionnel, dont les élèves sont censés passer leurs épreuves de Français et d’Histoire-Géographie ce jour et vendredi. Sans parler des élèves en stage depuis lundi. “L’absence de transport en commun et les barrages successifs rendent ces événements incertains… Dans l’attente d’une décision du rectorat, nous faisons ce que nous pouvons. Nous accueillerons les élèves qui pourront venir au lycée comme c’est le cas à Sada aujourd’hui”, poursuit le professeur.

 

Taxis et minibus pour les élèves

 

Mot d’ordre du côté de l’académie : la débrouille et le cas par cas, du moins pour l’instant. “Nous sommes en lien avec les directeurs d’établissement et la consigne donnée, c’est que quelle que soit la formule, nous appuyons les initiatives, nous finançons”, expose le recteur Gilles Halbout. C’est ainsi que des établissements, comme le lycée de Sada, ont obtenu de mobiliser des véhicules pour accompagner les élèves les plus démunis. La ville de Chiconi a mis en place dès ce mardi des minibus au départ de Sohoa, de Chiconi, de Sicotram et de Coconi pour aider les lycéens à passer leurs épreuves du bac. “Nous encourageons les familles qui en ont les moyens de déposer leurs enfants car il s’agit d’une solution alternative qui ne peut se substituer au transport scolaire”, précise la ville sur sa page Facebook. D’après le recteur, une “petite moitié de lycée”, ont eu recours à ces solutions de rafistolage. “Cela pourra se généraliser, en fonction de la demande.

 

Vers l’apaisement ?

 

Pour autant, entre la nouvelle formule du baccalauréat et les ajustements liés au Covid-19, les impacts restent pour l’instant mesurés. En effet, plus de 70% de la note est obtenue cette année via le contrôle continu. Et même sans la pandémie, les épreuves censées être réalisées en présentiel auraient dû avoir lieu en mars. “Il y a eu quelques absences pour les admissibles au concours de proviseur des écoles qui passent leurs oraux en ce moment, et aussi pour les épreuves de Français, où il manquait des professeurs ou des élèves… C’est un peu embêtant mais nous pouvons reprogrammer d’autres dates d’oraux”, assure Gilles Halbout, qui “espère une reprise progressive des transports” et “salue la grande implication des chauffeurs”.

Un plan régional pour familiariser la santé et l’environnement à Mayotte

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L’agence régionale de santé de Mayotte a annoncé ce mardi 15 juin la signature du plan régional santé environnement de Mayotte 2020-2024 (PRSE). Celui-ci se définit avant tout comme une déclinaison locale du plan national santé environnement (PNSE). Son objectif sera d’améliorer l’environnement de l’île au service de la santé des Mahorais.

Au programme de ce grand plan régional santé environnement ? Trois axes prioritaires ont été définis par l’agence régionale de santé, la préfecture et le Département de Mayotte. En outre, quarante actions liant environnement et santé devraient voir le jour. “Notre santé est conditionnée par l’environnement dans lequel nous évoluons jour après jour et avec lequel nous interagissons. Ainsi, l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et les aliments que nous consommons sont un tout que nous devons préserver », affirme l’ARS dans son communiqué.

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Dix-huit mois de travaux, d’échanges et de concertation ont été nécessaires pour aboutir à l’écriture de ce premier PRSE, avec le concours des acteurs de santé du territoire, des associations d’usagers et des pouvoirs publics. Les groupes de travail ont réuni plus de 90 personnes, représentant 45 structures différentes, et ont permis d’élaborer des propositions d’actions opérationnelles et d’identifier des structures pilotes et partenaires pour les mener à bien.

 

L’éducation en premier lieu

 

Premier cheval de bataille du PRSE : “le développement d’une culture commune en santé-environnement.” Dans cet axe les actions seront menées par différents acteurs de l’île comme l’ARS bien entendu, mais aussi la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS), Mayotte Nature Environnement (MNE) ou encore le centre universitaire de formation et de recherche (CUFR). Au menu : sensibilisation des collectivités sur leur rôle en matière de santé environnementale, éducation des jeunes publics à cette thématique, mise en œuvre de programmes dans les milieux de travail ou encore animation et structuration d’un réseau d’acteurs.

 

L’installation en second lieu

 

Le second volet du PRSE traitera quant à lui de “l’amélioration de l’accès et de la qualité sanitaire de l’eau de consommation humaine et alimentaire”. Pour cela, la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) sera en charge de la création et du développement de plateformes d’hygiène multi-services et de leur intégration dans l’espace public. Tandis que le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte (SMEAM) mènera une étude d’alimentation en gestion de crise et de résilience des installations d’eau potable à Mayotte. De plus, la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) et l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM) expérimenteront l’utilisation de l’eau de pluie et favoriseront les solutions alternatives d’économies d’eau pour des usages non destinés à la consommation humaine.

L’action en troisième lieu

 

Troisième et dernier axe avec “la diminution des risques dans les milieux de vie”. Pour ce dernier pan du PRSE, vingt actions sont prévues. Parmi elles, la mise en œuvre d’un plan d’action sur les principales pathologies émergentes liées aux accidents de la vie courante, l’élargissement des conditions d’accès aux aides favorisant l’amélioration des conditions de vie et de l’habitat mais aussi l’optimisation de la gestion de collecte des déchets sur le territoire.

Le PRSE n’a pas perdu de temps pour agir à Mayotte. En effet, certaines actions sont déjà en cours sur le territoire tandis que d’autres ne tarderont à venir. L’objectif premier de ce plan demeure son adaptation aux problématiques du territoire, “Le PRSE a pour vocation de mettre en réseau les acteurs et d’impulser des actions adaptées aux territoires et aux publics concernés. Il est donc par nature évolutif et adaptable.” Tous les partenaires ont jusqu’en 2024 pour apporter des réponses concluantes.

Statistiques : Après Parcoursup, le parcours du combattant

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* Image d'illustration

Ils sont de plus en plus nombreux à décider de s’envoler vers la métropole pour poursuivre leurs études supérieures, une fois le baccalauréat obtenu sur l’île. Pourtant, près de la moitié décrochent avant l’obtention du diplôme convoité. Retard de l’apprentissage local, difficultés d’intégration, rupture culturelle, les raisons de cet échec scolaire sont nombreuses. Mais paradoxalement, les perspectives d’évolution aussi.

En 2017, l’âge moyen des Mahorais était de 23 ans. Au même moment, il s’élevait à 35 ans à La Réunion, 28 en Guyane et même 41 en métropole. Avec près de 10.000 naissances enregistrées sur son sol chaque année, pas étonnant que le dernier né des départements français soit aussi celui à la population la plus jeune. Mais Mayotte cumule bien d’autres records lorsqu’il s’agit de sa jeunesse.

En 2014, trois Mahorais sur quatre de 15 ans ou plus n’avaient pas de diplôme, et seuls sept habitants de l’île sur dix âgés de 20 à 24 ans étaient allés jusqu’au collège. Pour autant, la scolarisation à Mayotte s’est fortement intensifiée à partir des années 1980, avec le développement d’infrastructures scolaires. Et désormais, l’arrêt de la scolarité dès le primaire, très fréquente auparavant, devient un phénomène de moins en moins répandu. En 2018, sur les 122.000 personnes de 15 ans ou plus sorties du système scolaires, 27% détenaient un diplôme qualifiant (au moins un CAP ou un BEP). Si le constat est toujours alarmant, il montre néanmoins la douce progression de la scolarisation. En 2017, ils étaient 65% des jeunes de 16 à 29 ans à avoir quitté le système scolaire sans aucun diplôme, contre 80% huit ans plus tôt.

Mais le défi reste de taille : en 2019, l’académie ne dépassait pas les 42% de réussite au bac toutes filières confondues. Le chiffre le plus bas de France. En outre, 35% des personnes scolarisées ne maîtriseraient pas les bases de la langue française, et un bachelier sur cinq de moins de 25 ans présente encore des lacunes à l’écrit, souvent bien plus lourdes que celles de leurs aînés de plus de 45 ans. La faute, possiblement, à la scolarisation de masse, puisqu’auparavant, « le système était plus élitiste, tout le monde n’allait pas à l’école », rappelle encore l’Insee.

 

Le dilemme des études supérieures

 

Entre 2007 et 2017, l’île aux parfums est le DOM affichant le plus de départs de ses natifs vers d’autres territoires français. Selon l’Insee, 55% des Mahorais âgés de 21 à 29 ans quitteraient le territoire pour poursuivre leurs études, contre 44% dans les Antilles et 25% à La Réunion. En cause, à Mayotte, le faible nombre de cursus proposés et l’absence totale de certaines filières, bien que l’offre tend à s’étayer, notamment grâce aux efforts du centre universitaire de formation et de recherche universitaire.

Ceux qui font le choix de partir étudier ailleurs – majoritairement en métropole et, en de plus faible proportion, à La Réunion –, se heurtent encore à bien des difficultés. En effet, le taux d’échec scolaire des étudiants mahorais en dehors de l’île en première année est l’un des plus importants sur le plan national : plus de la moitié d’entre eux décrocherait avant l’obtention de leur diplôme, contre moins d’un quart pour l’ensemble du pays. Le phénomène est tel qu’en 2019, une jeune étudiante de l’université de Lyon décide de consacrer sa thèse à ce sujet. « Bien qu’ils aient reçu les mêmes enseignements que leurs camarades métropolitains, le contexte de vie et d’études complexe dans lequel ils déroulent leurs scolarités antérieures impacte grandement leurs résultats scolaires dans le supérieur et les défavorise en termes de compétitivité », résume Nassabia Ali Saanda, autrice de « La mobilité et l’échec des étudiants mahorais en métropole ». « La différence socioculturelle très marquée qui les assimile aux étudiants étrangers en mobilité limite leur intégration sociale et académique. »

Pour la thésarde, « le public mahorais manque de compétitivité par la représentativité bachelière d’une part et les orientations dans les filières de l’enseignement supérieur de l’autre ». Après études des orientations post-bac, la majorité des jeunes mahorais s’oriente vers un BTS, dont les trois quarts des élèves en bac technologique et 90% en bac professionnel. « Nombreux sont les étudiants qui se voient refuser leurs vœux dans les formations sélectives et se replient par conséquent sur la Licence. L’étude de Gury (2007) montre que les étudiants refusés en BTS et DUT qui s’inscrivent à l’université ont 1,8 fois plus de chance de quitter l’enseignement supérieur sans valider de diplôme. » Or, selon l’étude déroulée dans la thèse, deux tiers des étudiants en 2011 étaient inscrits en première année de licence, contre un tiers au niveau national. « Or, c’est la filière la plus exposée à l’échec. »

 

Des difficultés extrascolaires

 

Autre facteur déterminant : l’attribution des bourses qui, dans le cas de nombre d’étudiants mahorais en métropole, remplacent totalement les aides familiales. « Elles conditionneraient le choix même de poursuivre des études en métropole », envisage la thèse. « La perte de la bourse après deux échecs en première année expliquerait que la majorité des abandons surviennent à ce stade, ce qui est le cas de nombreux étudiants pour qui la première année dans l’enseignement supérieur est une année de test. »

Au-delà de l’aspect financier, un fort sentiment de retard scolaire et culturel peut se faire ressentir chez les étudiants mahorais confrontés au niveau de leurs camarades métropolitains, alors même qu’ils ont suivi les mêmes programmes. « La faiblesse (ou l’absence) de scolarisation des parents et les difficultés dans la maîtrise de la langue française renforcent davantage la distance culturelle comparée à la culture dominante des milieux aisés qui répond plus aux attentes des institutions. Dès lors, la distance culturelle serait à l’origine du sentiment d’auto-exclusion pour ceux qui ne se sentent pas à la hauteur des exigences des institutions et dans l’incapacité de rivaliser avec les camarades plus aguerris et favorisés par le contexte social et culturel », considère encore le document. « Les entretiens nous montrent que les étudiants mahorais manquent d’ouverture sociale même dans le cadre de la socialisation scolaire. » Car en quittant Mayotte, ces jeunes découvrent aussi une culture à mille lieues de la tradition de leur île, et la perte de repères impacte directement leur réussite scolaire. Et dès la descente de l’avion, le simple fait de se repérer au milieu d’un dédale de béton et d’immeubles relève pour certains du parcours du combattant. D’autant plus lorsque l’on sait les siens à 8.000 kilomètres de là.

Pour autant, cet échec scolaire régresse petit à petit. Auparavant, les jeunes Mahorais étaient encouragés à se concentrer davantage sur la réussite familiale. Mais, particulièrement depuis ces dix dernières années, les femmes ont leur premier enfant moins tôt et sont de plus en plus diplômées avant de fonder une famille. Alors, si le modèle social de l’île tend à évoluer, cela se fera inévitablement ressentir sur le parcours scolaires des enfants du territoire. Et déjà, nombreux sont ceux à revenir au pays diplôme en poche, pour fonder leur business sur place et faire prospérer l’île avec les compétences qu’ils ont développé en la quittant.

 

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Deux lycéens mahorais admis à Sciences Po, un espoir pour la jeunesse

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La fin de l’année scolaire approche et une grande partie des élèves de terminale savent désormais vers quelles études supérieures ils vont s’orienter. Cette année, deux jeunes mahorais font partie des heureux et rares lycéens admis à Sciences Po. Farouk Kourati du lycée des Lumières et Oumaya Abdallah du lycée Younoussa Bamana se préparent à entrer dans un monde qu’ils n’imaginaient même pas il y a encore quelques mois.

deux-lyceens-mahorais-admis-sciences-po-espoir-jeunesseFarouk Kourati se souvient exactement du jour et de l’heure à laquelle il a reçu la bonne nouvelle. Sciences Po, il en rêvait. Il a tenté sa chance sans jamais songer à faire partie des heureux élus. Alors, lorsqu’il reçoit la notification de Parcoursup le 2 juin à 6h du matin, il a du mal à réaliser. « J’étais content, mais dans un premier temps, je ne me rendais pas compte de l’ampleur que cela représentait. Je l’ai annoncé à mes parents qui étaient très contents aussi. Quand je suis arrivé au lycée, j’ai reçu les félicitations des proviseurs et des professeurs. C’est en voyant leurs réactions que j’ai compris qu’il s’agissait d’une nouvelle importante pour moi-même, mais aussi pour mon établissement et Mayotte », raconte le jeune homme, encore nostalgique.

Sciences Po était son premier vœu sur Parcoursup, mais Farouk Kourati s’était déjà préparé à ne pas être admis. « J’avais en tête que l’échec faisait partie du jeu et j’envisageais aussi d’aller en prépa. Pour moi, Sciences Po n’était pas une fin en soi, mais plutôt un moyen d’atteindre mes objectifs », précise le lycéen, qui va poursuivre ses études à Reims. Par la suite, le jeune homme a pour ambition de passer les concours de la haute fonction publique. D’ailleurs, il s’y prépare depuis son année de première en ayant choisi des spécialités orientées vers les sciences politiques et la géopolitique. Farouk Kourati est conscient de tout le travail qui l’attend, mais il se dit motivé et il est même prêt à sacrifier ses loisirs durant ses études pour y arriver.

deux-lyceens-mahorais-admis-sciences-po-espoir-jeunesseL’élève du lycée des Lumières n’est pas le seul Mahorais à avoir été accepté à Sciences Po pour la prochaine rentrée scolaire. Scolarisée au lycée Younoussa Bamana, Oumaya Abdallah fait également la fierté de ses professeurs et de sa famille. Ce sont eux qui l’ont poussée à passer les concours pour la prestigieuse école. « J’avais énormément de doutes parce que je savais que pour être admis à Sciences Po, il fallait d’excellentes notes, et moi je suis autour de 16-17 de moyenne », avoue-t-elle. Malgré ses doutes, la jeune fille réussit la phase d’admissibilité et s’envole pour l’île de La Réunion afin de passer son oral. « J’étais la seule Mahoraise et j’avais peur de ne pas être prise. Je me disais que ma candidature serait moins intéressante », raconte-t-elle. Ce ne fut pas le cas puisqu’elle passe toutes les étapes avec succès. Aujourd’hui, Oumaya Abdallah n’a plus de doutes et voit encore plus grand. « J’envisage d’intégrer l’Ena par la suite ou faire un master en affaires internationales ou relations internationales pour travailler dans le milieu de la diplomatie », espère celle qui va prendre la direction de Bordeaux dans un premier temps.

 

Des rêves et de grandes ambitions pour Mayotte

 

Les deux élèves sont conscients de tout l’engouement autour d’eux. Ils représentent l’espoir d’une jeunesse qui contribuera au développement du département et prennent déjà leur mission à cœur. « Je suis engagée dans la vie associative depuis le collège. Je suis membre d’une association sportive et éducative à Doujani et je fais aussi partie du jeune club des Naturalistes de Mayotte. J’ai participé au concours des jeunes ambassadeurs de Mayotte, dont je fais désormais partie », précise Oumaya Abdallah, qui compte continuer à faire briller son île natale au-delà de ses frontières. « Je vais parler de Mayotte à travers les associations dans lesquelles je devrai m’engager. Tout ce que je vais acquérir en métropole et à l’étranger me permettra de contribuer au développement de Mayotte », assure la lycéenne pour encore quelques semaines.

Idem pour Farouk Kourati, très engagé dans la vie associative. Ce critère est d’ailleurs une obligation pour être accepté à Sciences Po. Le jeune homme profite de l’occasion pour faire passer un message à la jeunesse du territoire. « Ici, il y a une vision qui nous mène à nous autocensurer parce qu’on nous dit qu’on n’a pas le niveau exigé pour les écoles prestigieuses et on se dit que finalement on ne peut pas. Les adultes nous disent parfois de ne pas nous aventurer dans ces choix parce qu’on va échouer. Ils en font une réalité alors qu’à Mayotte il y a pleins de jeunes talentueux », relate l’adolescent, qui a une vision très lucide sur les clichés attribués à la jeunesse mahoraise. « Rien ne me prédestinait à postuler pour Sciences Po, et pourtant je l’ai fait et j’ai été accepté. Je suis convaincu que les futures générations pourront davantage accéder à ce type d’écoles et aller plus loin que ça. Il faut tenter sa chance et ne jamais douter ! », lance le futur étudiant. Finalement, nos jeunes mahorais ont aussi des têtes bien faites et savent nous faire rêver.

Centre de l’île : des barrages levés mais une colère qui gronde encore à Mayotte

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Montées dès 4h du matin par les populations de plusieurs villages, des barricades ont bloqué de nombreux automobilistes sur le chemin du travail toute la journée de lundi. En parallèle de cette mobilisation, une réunion avait lieu avec les élus de la communauté de communes du centre-ouest (3CO), mais les collectifs de citoyens n’ont pas obtenu les garanties espérées.

Journée noire sur les routes de Mayotte. Ce lundi, le centre de l’île a été partiellement bloqué par au moins six barrages à Combani, Coconi, Sada, Miréréni, Tsingoni et Tahiti plage. Dès 4h du matin, les images des files de voiture à l’arrêt devant des monticules de pneus, troncs d’arbre et autres branchages ont fait le tour des réseaux sociaux. À l’initiative de cette opération de grande ampleur, la mobilisation de la population des différents villages du centre, Combani, Chiconi, Sada ou encore Ouangani, soutenue par les collectifs de citoyens. Tous sont excédés par l’insécurité qui gangrène le territoire et qui a, une fois de plus, provoqué la mort d’un homme samedi, à Combani.

Apparemment leurs revendications c’est plus de sécurité. Les barrages sont coordonnés par le collectif de citoyens et une dame avait l’air de dire que c’était illimité…”, témoigne un automobiliste qui s’est retrouvé bloqué au carrefour Bamana à Sada, en milieu de journée. D’après nos différents interlocuteurs, seuls les médecins, infirmiers libéraux, et pompiers étaient autorisés à passer. Sur les coups de 16h-17h, néanmoins, les obstacles avaient été dégagés du bitume, d’après la gendarmerie. “Nous voulions des garanties juridiques et la présence du préfet, du procureur et des quatre parlementaires”, explique plus en détails Safina Soula, la présidente du Collectif de défense des intérêts de Mayotte (CODIM), qui a assisté à une réunion à Tsingoni avec les cinq maires de la communautés de communes du centre-ouest (3CO) ainsi que son président.

“Du mépris total”

Nous n’avons pas eu ce que nous avions demandé, donc nous avons quitté la salle. Résultat, ils envoient les gendarmes sur les barrages, c’est du mépris total !”, s’insurge la militante. D’après les participants à la réunion, le préfet était en effet absent du territoire et le procureur de la République, occupé par les investigations autour de l’homicide survenu samedi, n’était pas non plus en mesure d’y assister. Pour l’instant, aucune nouvelle rencontre n’est prévue au calendrier. Et les barrages ? “On ne sait pas encore, je ne peux pas vous dire”, botte en touche Safina Soula.

Mais avec ce dialogue au point mort, les bambous pourraient bien y perdre encore quelques plumes ! “Le collectif voulait des garanties du procureur sur la réponse de la justice et les condamnations des jeunes”, affirme Ibrahim Said Maanrifa, le président de la 3CO. À ces revendications s’ajoutent aussi la destruction de quartiers informels à Kahani, Combani, Tsingoni, une meilleure réponse face à l’hébergement illégal et la lutte contre l’immigration clandestine. “Nous avons toujours demandé à ce que les maires soient consultés pour les demandes de titres de séjour car ils savent ce qu’il se passe dans leur commune”, abonde l’élu de l’interco, qui déplore le manque de concertation entre tous les maillons de la chaîne. Et de rappeler que “la sécurité des biens et des personnes sont des compétences régaliennes”.

 

Transporteurs au point mort

 

Bref, la semaine s’annonce encore chargée. D’autant que de leurs côtés, les chauffeurs de bus réunis dès 7h ce lundi à Longoni entendent bien continuer à exercer leur droit de retrait. Dans ce climat tendu, difficile d’imaginer les élèves appréhender sereinement les examens de fin d’année…“Ils prennent l’excuse des examens pour lever les barrages, mais on sait tous que les transports scolaires sont arrêtés !”, dénonce la présidente du CODIM. À quand le téléphérique ?

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes