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Une bande dessinée pour mieux comprendre la projection judiciaire de la jeunesse

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« Les enfants du Lagon – protection et justice », c’est le titre de la bande dessinée initiée par la protection judiciaire de la jeunesse, publiée aux éditions du Signe. Le scénario raconte l’histoire de trois mineurs qui grandissent dans un milieu propice à la délinquance. Les tentations sont trop fortes pour ces enfants qui commettent des crimes et délits et qui sont pris en charge par la PJJ. On y découvre des unités souvent méconnues du grand public et qui pourtant permettent à certains jeunes de s’en sortir. Hugues Makengo, le directeur territorial de la protection judiciaire de la jeunesse, nous raconte les coulisses de la création de la bande dessinée et de la réalité du terrain.

Flash Infos : Comment est né le projet de la bande dessinée pour présenter la protection judiciaire de la jeunesse ?

Hugues Makengo : Ce projet est né d’une préoccupation à faire connaître les métiers éducatifs, plus précisément ceux de la protection judiciaire de la jeunesse à Mayotte parce que nous avons constaté que nos métiers étaient méconnus… Donc il fallait trouver un outil qui serait accessible à tous, notamment aux jeunes. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer les éditions du Signe lors d’un passage à Mayotte et de cette rencontre va naître une collaboration. Nous avons mis en place une équipe d’éducateurs, pilotée par une directrice de service et ce sont eux qui ont contribué au scénario. Ils ont aussi encadré les jeunes, sous la main de la justice, qui ont participé à cet ouvrage.

FI : De quelles manière ces jeunes ont-ils participé à la création de la bande dessinée ?

H. M. : Ils ont réalisé quelques planches avec le dessinateur lors des ateliers bande dessinée. Le but était de montrer les parcours des mineurs pris en charge par la PJJ. Nous avons le principe d’individualisation, il faut traiter chaque jeune individuellement selon sa problématique. L’histoire parle de trois mineurs qui sont amis, mais qui ont des parcours très différents, ce qui permet de les individualiser. Selon leurs profils, ils vont dans des structures très différentes. Certains jeunes ont pu modifier les dialogues pour les rendre plus tropicalisés et plus compréhensibles pour les jeunes mahorais. Ils ont aussi participé à la couverture, même si évidemment nous avons apporté quelques corrections.

FI : Pourquoi avez-vous choisi le titre « Les enfants du Lagon – protection et justice » ?

H. M. : Nous l(‘avons choisi pour mettre en avant l’enfance et pour bien expliquer que notre action est protectrice. Mais il y a aussi la sanction de la justice qui vient toujours à un moment donné. Et les éducateurs sont là pour accompagner les jeunes à aller vers cette sanction et à réparer leurs fautes.

FI : Pourtant à Mayotte, beaucoup ont l’impression que les mineurs délinquants restent impunis…

H. M. : Il est important pour nous de faire comprendre que contrairement à ce qu’il se dit, la justice des mineurs n’est pas laxiste. Elle est peut-être un peu trop longue dans ses décisions, ce qui fait que le jeune peut récidiver et avoir un sentiment d’impunité. Mais souvent, une fois que la sanction est tombée, elle est toujours mesurable et correspond à la faute. Avant la décision, il y a des mesures de protection qui peuvent être prises du type le placement judiciaire comme dans la BD. C’est-à-dire que ce sont des jeunes qui ne sont pas condamnés mais que nous enlevons de chez eux pour les protéger. Le nouveau code de justice pénal est entré en vigueur en septembre, donc il y aura une accélération des procédures qui fera que les jeunes seront plus vite condamnés.

FI : Pourquoi la justice des mineurs prend plus de temps ?

H. M. : Nous prenons en compte d’abord l’enfant et nous voulons mieux connaître sa personnalité. Les juges des enfants prennent ce temps là pour bien comprendre ce profil et sanctionner en fonction de cela. Selon la catégorisation du délit ou du crime, s’il faut de l’emprisonnement il y en aura, la peine est adaptée il n’y a pas de peine d’excuse. Quand nous nous attardons au profil du mineur c’est pour donner une autre alternative qui lui permettra de sortir de la spirale de la délinquance. Cela prend du temps parfois parce que c’est un individu qui a tout un langage culturel, éducatif… Il a des carences affectives souvent et pour le réparer les équipes disciplinaire (psychologues, assistantes sociales) vont faire tout un travail pour permettre à chacun des mineurs de sortir de la délinquance. Nous y arrivons globalement à 75% sur le territoire national.

FI : Dans la bande dessinée, il est annoncé que la PJJ suivait en 2019 143.356 jeunes au niveau national, qu’en est-il à Mayotte ?

H. M. : Il faut savoir que dans les territoires ultramarins, Mayotte est celui où les chiffres sont en train d’augmenter. En 2013-2014, nous avions entre 300 et 400 mineurs à l’année, en 2020 nous étions à 950. Depuis 2014, il y a une augmentation vertigineuse qui ne s’arrête pas. Nous pensons que vu la démographie et tous les problèmes de société, ce n’est pas près de s’arrêter. Il faut savoir qu’au bout d’un an, 70% des jeunes sortent de nos registres, ce qui veut dire que tous les ans, nous rencontrons de nouveaux jeunes de tous les milieux sociaux, des primo-délinquants. Les 30% restent en général de 13 à 18 ans.

Je rappelle que les jeunes qui sont suivis par la PJJ sont passés devant le juge, ce qui veut dire que certains délinquants restent inconnus car personne ne porte plainte et ils continuent à faire ce qu’ils font et ils ne sont pas suivis. Il y a une sous-évaluation de la délinquance.

FI : Selon vous, quelle portée aura cette bande dessinée sur l’opinion publique et les jeunes mahorais ?

H. M. : Sur l’opinion publique, je ne peux qu’espérer que les gens auront une meilleure connaissance, qu’ils comprendront quel est notre rôle. Nous sommes là pour éduquer les mineurs et les accompagner. Et quand nous prenons soin d’eux, nous les préparons à être des citoyens ordinaires. J’espère que les lecteurs comprendront cela. Concernant les jeunes mahorais, aujourd’hui nos métiers ne sont plus attractifs parce qu’ils sont méconnus. Avec cette BD, nous voulons mettre en lumière les métiers éducatifs en priorité : il est possible de travailler à Mayotte et d’accompagner ces jeunes. Mais aussi ceux avec qui nous travaillons comme les magistrats, la police et les agents pénitentiaires ! En 2022, nous allons faire le tour des établissements scolaires et organiser des opérations tous les ans auprès des étudiants de sciences sociales pour montrer qu’il y a des débouchés à la PJJ.

FI : Quels sont les futurs projets de la PJJ à Mayotte ?

H. M. : Nous avons pour projet de créer une unité en Petite-Terre et d’en délocaliser une autre dans le Sud parce que tout est concentré sur Mamoudzou pour l’instant. Nous voulons aussi ouvrir un service d’investigation pour mieux répondre aux besoins des magistrats lors des enquêtes sur les mineurs. C’est nécessaire pour mieux connaître l’histoire du jeune et dans ce cas-là, il faut aller interroger l’entourage, la famille…
Et en janvier, des jeunes avec des éducateurs vont présenter la BD au festival d’Angoulême ! Moi-même, je vais la dévoiler à la clôture d’un festival international qui s’appelle Bulles en fureur.

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