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Avec les bouchons, « on ne vit plus »

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La compagnie mahoraise détenue à 51% par Air Austral et qui compte aussi la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte parmi ses actionnaires, espère voir bientôt le bout du tunnel. Pour maintenir la flotte pendant le confinement, Ayub Ingar, son directeur général délégué, a tenté d’organiser quelques vols. Ce mardi, c’est ainsi un avion-cargo qu’il devait réceptionner à l’aéroport de Pamandzi. Il revient pour le Flash Infos sur cette opération, et sur l’activité d’Ewa Air depuis le début du confinement.

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Tous les bus scolaires sont à nouveau de service, mais les élèves se font rares. La société qui est en charge, Carla Mayotte Transport Baltus, fait respecter les mesures barrières avec les moyens du bord. Cependant, la gérante s’inquiète particulièrement pour la prochaine rentrée qui arrive à grands pas alors que rien n’est prêt.

À Mayotte, nombreux sont ceux qui passent des heures sur la route, le matin pour se rendre au travail et en fin de journée pour rentrer chez eux. Un rythme de vie qui n’est plus supportable pour ceux qui le subissent. Fatigue, déprime, stress… Les embouteillages dans le 101ème département ont des conséquences non négligeables sur la santé physique et mentale de la population mahoraise.

Houssounaini habite à Kani-Kéli et travaille à Mamoudzou. Elle commence à 7h30 et se réveille donc tous les jours à 3h30 du matin. « Je prépare le petit-déjeuner des enfants et je pars de chez moi à 4h30 », précise-t-elle. Si cette mère de famille prend le volant alors que le soleil n’est même pas encore levé, c’est pour éviter les embouteillages, mais malgré cela, elle affirme passer tout de même deux heures et demie sur la route le matin, alors qu’en temps normal, le parcours se fait en une heure. Et comme si cela ne suffisait pas, en fin de journée, elle subit le même sort, mettant plus de deux heures pour arriver chez elle. Pourtant, Houssounaini finit relativement tôt, à 15h30. « Avant je faisais 8h-16h, et mon employeur a accepté de décaler les horaires pour qu’on puisse partir plus tôt et éviter les embouteillages. Au début, c’était efficace, mais depuis deux ans c’est devenu infernal », ajoute-t-elle. Selon cette habitante, la situation est devenue critique à partir de 2020, et elle n’est pas la seule à la vivre quotidiennement.

Fatoumati réside à Bandrélé et travaille à Kawéni. Son réveil sonne à 3h20 du matin et elle part de chez elle quarante minutes plus tard. À cette heure-là, elle est sûre de ne pas tomber sur les bouchons. À 4h30, elle est déjà sur son lieu de travail. « Je commence à 6h30 alors je dors dans ma voiture. Puis je me réveille vingt minutes avant de commencer le travail, je me prépare dans mon véhicule avant de sortir », raconte-t-elle. Depuis la mise en place des bus dans le cadre du projet Caribus, Fatoumati le prend régulièrement depuis Hajangoua. « Le matin c’est une bonne chose car cela me permet de dormir un peu plus et avec le bus on arrive plus vite. Mais l’après-midi c’est autre chose ! Je finis à 15h et quand je le prends, j’arrive chez moi à 18h. » Elle a donc décidé de faire du covoiturage avec ses collègues sur le chemin du retour, et elle récupère sa voiture à Hajangoua.

Des vies chamboulées

Ce rythme de vie n’est pas sans conséquences. Les automobilistes sont constamment épuisés et cela a un impact sur la vie familiale. Allaoui Mouniri peut en témoigner, lui qui habite à Bouéni et travaille également à Kawéni. Cela fait quatorze ans qu’il exerce dans la commune chef-lieu et il a vu la situation se dégrader d’année en année. Il passe aussi des heures sur la route, matin et soir, alors il utilise le peu de temps qu’il lui reste pour dormir. « Je ne sors pas, on n’a plus de vie sociale, on ne vit plus tout simplement. Parfois, je suis même impatient avec les enfants parce qu’ils font du bruit et que j’ai besoin de me reposer », admet-il. 

Fatoumati et Houssounaini sont également obligées de sacrifier des moments en famille. La première affirme qu’elle ne voit quasiment jamais son mari, et la deuxième culpabilise de ne pas passer assez de temps avec ses enfants. « Je ne les vois que le soir et je n’ai même pas le temps de profiter d’eux parce que je dois faire à manger, vérifier que les devoirs sont faits et on dort à 20h. Le week-end je ressens toute la fatigue de la semaine j’ai donc besoin de dormir pour être en forme le lundi. Tout cela me pèse psychologiquement », souligne-t-elle.

La qualité du travail est également ébranlée. Le manque de sommeil se fait ressentir dès la matinée pour Houssounaini. « C’est très fatigant. Après plus de deux heures de trajet le matin, lorsque j’arrive au bureau je sens vraiment la fatigue. Cela influe sur mon travail parce que vers 10h je suis fatiguée et j’ai envie de dormir. Je dois constamment être active pour ne pas m’endormir », explique-t-elle. Et à Allaoui Mouniri d’ajouter : « Parfois je n’ai pas envie de me lever pour aller travailler. Parfois je craque, j’ai envie de tout laisser tomber mais je n’ai pas le choix, j’ai une famille à nourrir. » Mais lorsque la volonté n’est pas là, cela se fait sentir sur le travail effectué.

Des solutions possibles

Toutes ces personnes ont tenté de trouver des solutions à leur niveau pour ne plus subir les embouteillages. Allaoui Mouniri et Houssounaini ont opté pour le covoiturage. Tous deux affirment alterner les jours de conduite avec leurs collègues afin que les autres puissent dormir dans les voitures. Quant à Fatoumati, elle prend le bus mis en place par la Cadéma et elle regrette que tout le monde ne fasse pas de même. « Les Mahorais aiment trop le confort de leurs voitures, mais les bus sont aussi confortables et il y a la clim. Si tout le monde jouait le jeu et les prenait, il y aurait moins de bouchons », affirme-t-elle.

Cette dernière a également demandé à son employeur d’être en télétravail deux jours par semaine. Une chose est sûre, la population semble avoir atteint ses limites et ils sont de plus en plus nombreux à crier leur désarroi face à ce problème qui s’amplifie. L’habitant de Bouéni lance un appel aux autorités de Mayotte : « Il y a quatre ans, on ne se réveillait pas à 3h du matin. Si les décideurs de cette île n’agissent pas immédiatement qu’est-ce que nous allons devenir ? Si ça continue comme ça, dans deux ans on sera obligés de partir à 1h du matin et on deviendra tous des zombies ! »

Retrouvez l’intégralité du dossier consacré au coût des embouteillages dans le numéro 1034 de Mayotte Hebdo, gratuit et en ligne ici : www.mayottehebdo.com/mayotte_hebdo

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