À l’occasion des Journées européennes de l’archéologie, une restitution de recherche archéologique a été organisée ce samedi 14 juin au centre culturel de Chirongui. Porté par la mairie, avec la participation de la Direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte, cet événement a permis de partager les premiers résultats d’une enquête menée sur l’ancien village de Mjini Chirongui, mêlant mémoire orale, patrimoine historique et fouilles de terrain.
C’est l’objet de la restitution d’une recherche archéologique présentée lors des Journées européennes de l’archéologie, ce samedi 14 juin au pôle culturel de Chirongui. « C’est une initiative de la mairie de Chirongui, qui a engagé une politique culturelle en lançant un inventaire pour mieux connaître son patrimoine. Il en est ressorti plusieurs sites d’intérêt : Mjini Chirongui, l’ancienne mosquée d’Antana Bé et l’ancienne usine sucrière de Miréréni », explique Nadia Boinaidi, chargée du patrimoine à la mairie de Chirongui et co-conférencière du jour.
Depuis 2015, la commune a mené des enquêtes auprès de la population, en particulier auprès des personnes âgées, dont les témoignages ont été enregistrés et filmés. Par la suite, la Direction des affaires culturelles (DAC) de la préfecture de Mayotte a accompagné la commune dans ses recherches.
Des recherches à partir de la tradition orale
« Quand on fait de la recherche archéologique à Mayotte, on prend en compte la tradition orale comme une source à part entière, équivalente aux sources écrites. Elle nous permet de formuler des hypothèses et de les confirmer ou les enrichir », précise Michael Tournade, ingénieur des services culturels et du patrimoine à la Dac.
Selon les récits recueillis, un certain Moussa Tchangalana serait l’un des fondateurs du village. Il serait originaire de Madagascar. Il se serait d’abord installé à Acoua, où il aurait rencontré sa femme. Puis, il aurait migré vers Bambo-Ouest, dans la commune de Bouéni, avant de se disputer avec l’un de ses amis et de rejoindre les côtes de Chirongui. Résidant initialement près de la mangrove, il aurait finalement choisi de se réfugier dans les hauteurs pour fuir les razzias malgaches. Là, il aurait eu cinq enfants, qui seraient les ancêtres des habitants actuels du village.
Une autre version raconte que Moussa Tchangalana serait venu directement demander protection à l’ancien chef du village, pour fuir les razzias malgaches de l’époque.
Une chronologie encore incertaine
L’un des objectifs de la recherche est de vérifier cette chronologie du site et de confirmer l’histoire énoncée par la tradition orale. « On observe des éléments qui remontent entre le XVe et le XVIIIe siècle, mais on a encore des doutes sur la période précise des razzias malgaches. On essaie de mieux situer les grandes phases de développement du site », précise Nadia Boinaidi.
Les fouilles, entamées en septembre 2024, ont été temporairement interrompues par le passage du cyclone Chido. « Notre objectif était de faire une prospection complète du site, de prélever des échantillons de vestiges pour les dater et ainsi mieux circonscrire l’occupation dans l’espace et dans le temps », explique Michael Tournade,
Sur le terrain, les deux investigateurs ont trouvé d’innombrables pièces de poterie, qui indiqueraient un ancien lieu de peuplement dont la date reste à confirmer. Enfin, il existerait aussi une mosquée qu’il resterait encore à investiguer. Derrière, un lieu de sépulture qui fait face à la réticence des habitants selon la croyance, les âmes des ancêtres y résideraient toujours.
Ces recherches en cours permettront peut-être, à terme, de faire toute la lumière sur les origines de Mjini Chirongui. Mais selon Michael Tournade, « La réponse à ces questions sont les interrogations de toutes une vie. »
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.