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Le circuit « encrassé » de traitement des déchets doit reprendre ce lundi

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Le Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam 976) a alerté maintes et maintes fois sur les conséquences qu’ont les barrages sur le ramassage des ordures ménagères. Mercredi dernier, le syndicat et son prestataire, la Star Uruhafu, avaient même pris la décision de suspendre la collecte. Avec l’assouplissement des blocages annoncé ce vendredi, le syndicat a travaillé ce week-end pour permettre à ses camions de reprendre la route dès ce lundi, en espérant que la levée soit bel et bien toujours effective.

Avec la mise en place des barrages il y a quatre semaines, évacuer les déchets des villages mahorais était devenu un réel parcours du combattant, malgré une charte des Forces vives intimant aux barragistes de laisser passer les camions poubelle. Certains prestataires des collectes, après des jours et des jours de trajets semés d’embûches pour essayer de garder le territoire propre, on jeté l’éponge la semaine dernière. On nous confirme ce vendredi matin, que, depuis mercredi, la Star Urahafu avait décidé de suspendre la collecte des ordures, avec le soutien de son commanditaire, le Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam 976), tant que l’île était bloquée. « On est paralysé par ce mouvement, il y a des barrages de partout. On ne nous laisse pas passer, nos collaborateurs ne peuvent pas venir travailler », appuyait Sébastien Suchy, directeur de la Star Uruhafu.

Des engins saccagés, des réparateurs bloqués

« Même si nos camions poubelles passent, ce n’est pas le cas tout le temps. Selon les barrages, il faut négocier, et parfois les véhicules sont trop gros pour traverser les barrières mises en place. Et nos autres collaborateurs, qui eux, ne sont pas à bord de ces camions, ne peuvent pas venir assurer leurs missions. C’est tout l’écosystème du traitement des déchets qui est impacté », justifiait le directeur du syndicat, Chanoor Cassam, qui a tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises depuis le début du mouvement. Les agents qui devaient venir œuvrer sur l’installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND), mieux connu comme le centre d’enfouissement de Dzoumogné, ou sur les quatre quais de transfert de l’île se déplacent à bord de leurs véhicules personnels, ce qui a entraîné leur refoulage systématique aux barrages. Pour rappel, une fois collectés, les déchets sont acheminés vers les différents quais pour être centralisés avant d’être tous rassemblés au centre de Dzoumogné, où ils sont enfouis.

« Si tout le personnel n’est pas là ou en appui, c’est tout le système de gestion des déchets qui se rouille et s’encrasse », insistait le directeur du syndicat. C’est pour cela que le Sidevam a mis en place « des gros moyens » à travers un dispositif de navettes entre chaque barrage pour ses collaborateurs. Mais ça n’a pas suffit à assurer la présence habituelle sur les différents sites de traitement des déchets. Cette désertion a laissé ces différents lieux en proie à des actes de vandalisme et plusieurs engins se sont retrouvés saccagés. « Les centres ont malheureusement été livrés à des délinquants qui sont venus dépouiller les engins, siphonner le carburant ou encore récupérer les batteries », déplore Chanoor Cassam. Les réparations demandaient l’intervention de techniciens, eux-mêmes bloqués jusqu’à ce vendredi par les protestataires en place sur les routes depuis un mois.

Des camions de retour ce lundi

Le syndicat et ses prestataires sont d’ores et déjà prêts à reprendre leur mission, mais la priorité est mise sur le désencombrement des quais de transfert, surchargés depuis plusieurs jours et en incapacité d’accueillir de nouveaux déchets avant d’avoir été évacués vers Dzoumogné et son ISDND. L’assouplissement des barrages annoncé ce vendredi par les Forces vives, s’il est respecté par l’ensemble des barragistes, n’est donc pas synonyme d’un retour sans délais à une fréquence de collectes normale dans l’ensemble des territoires. « Pour Petite-Terre, ce sera encore plus compliqué, car le centre est surchargé. On n’a jamais réussi, pas une fois, à barger un camion de déchets depuis le blocage de la barge. Donc la Petite-Terre ne fait qu’accumuler des déchets et n’a pas pu être soulagée », avertissait Chanoor Cassam, ce vendredi.

Le lendemain, après avoir pris connaissance de l’assouplissement des barrages annoncé ce vendredi par les Forces vives, ce dernier nous indique que le Sidevam s’attèle dès dimanche au commencement de l’évacuation des différents quais de transfert afin que les camions poubelle puisse reprendre la route dès lundi. « On va décharger les quais et reprendre la collecte en même temps. On va mobiliser de plus en plus de moyens. Mais il faudra attendre au moins deux semaines pour retrouver un circuit de gestion des déchets normal », déclare le directeur du Sidevam ce samedi matin. Dimanche, au vue du contexte d’incertitude sur l’effectivité de la levée des blocages, il nous indique qu’une reprise de la collecte ce lundi reste prévue, mais qu’il faudra s’attendre à des complications.

En attendant, le directeur du syndicat a émis plusieurs recommandations en direction de la population. Pour les détritus présentant un risque d’attirer les nuisibles, bien les sceller dans un sac poubelle et les déposer au point de collecte de son village. Mais il est important d’essayer d’en réduire la quantité en privilégiant des repas qui ne laissent pas de résidus et en évitant le gaspillage alimentaire. Pour les déchets emballage, qui, s’ils sont propres, n’attirent pas les insectes ou les rats, il est préférable de les stocker chez soi, le temps que les points de collecte déjà remplis soient vidés et que le ramassage puisse reprendre un rythme de croisière. Chanoor Cassam estime que cette période peut être l’occasion pour tout le monde de prendre l’habitude de bien trier ses déchets, les emballages se retrouvant encore trop souvent au centre d’enfouissement de Dzoumogné au lieu d’être recyclés.

Une école de Sada fermée en raison des déchets

Les parents d’élèves de l’école Sada Bandrani ont eu la désagréable surprise de trouver portes closes, vendredi 9 février et en début de semaine dernière. Les déchets qui s’accumulent à proximité ont poussé l’équipe pédagogique à fermer l’établissement, au grand dam de la mairie qui assure contenir le problème. Car, comme toutes les communes mahoraises, Sada n’est pas épargnée par des montagnes de déchets qui s’accumulent dans ses rues, le ramassage étant perturbé par les barrages dans les quatre coins de l’île. Le maire de Sada, Houssamoudine Abdallah, qui rappelle que la municipalité a souhaité continuer à ouvrir ses écoles en dépit du mouvement social, concède que les riverains se plaignent des odeurs. Toutefois, celui qui est par ailleurs président du Sidevam assure que sa municipalité est au courant du problème et envoie un agent asperger régulièrement les déchets de produits pour éviter qu’ils n’attirent les rats.

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