{xtypo_dropcap}P{/xtypo_dropcap}eut-être bien, car à y regarder de près les négociations vont bon train puisque du maillot orange (celui de prisonniers vivant dans un non-lieu où les droits ont très peu de sens) on passe au maillot bleu (celui du supplice de Tantale : presque tricolore, mais pas assez). Hourra ! Qu’on allume le feu de joie : on a conquis une couleur du drapeau tricolore.
Et bien non ! Nous Mahorais, Français depuis 1841 n’entendons aucunement négocier notre identité. Et si on a applaudit notre Président lorsqu’il a martelé que "Mayotte, c’est la France", ce n’est pas par pur analphabétisme, ni par amour de la rhétorique. Non ! C’est parce que cette forme de tautologie résume avec acuité notre projet de Andriantsouli à la génération actuelle : la France et rien que la France. Notre droit à la singularité, notre droit au choix.
Personne n’a le droit de nous démembrer, de s’approprier notre langue pour parler à notre place, et la République se doit de protéger avec véhémence ses propres enfants : nul orphelin dans notre territoire, soit on est Français, soit on ne l’est pas – donc la négociation d’identité doit être jetée violemment, dans la plus béante des fosses sceptiques.
Ainsi, en tant que premier mahorais judoka ceinture noire, ayant fait six ans de sport-études et actuellement sélectionné pour le championnat régional; en tant que Mahorais et Français; en tant que jeune de Mayotte – j’invite le représentant du Gouvernement à exprimer son indignation face à cette situation insultante pour notre République.
J'exhorte les Mahorais à ne pas participer à ces Jeux des îles car il en va de notre dignité. Soyons les fiers rois (1) et non maouré (2). Apportons notre grain de sel au concept d’identité française : il ne se négocie pas mais pour reprendre Renan, c’est un plébiscite de tous les jours.
(1) Raha-chiri: jeu de mot développé dans la tribune libre « les rois et le trône de l’identité»
(2) Maouré : "bave visqueuse"
M. Yazidou