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Brigade anti-bac à Mayotte : le chef de bande écope de 6 ans ferme en appel

En prison depuis un an, Ibrahim Azad, leader du gang qui avait terrorisé Passamaïnty en 2019, espérait réduire sa peine en faisant un recours de sa condamnation en première instance devant la chambre d’appel. Mauvaise pioche ! 

Il a l’oeil torve mais la dégaine aussi soignée qu’un rappeur des eighties. Bien droit dans son combo chaussettes blanches immaculées-claquettes et ses vêtements moûlants qui laissent deviner une imposante carrure, Ibrahim Azad se pointe à la barre avec défi. “J’étais assis et il s’est jeté sur moi. Il voulait me faire rentrer dans la voiture, mais je ne voulais pas parce que je sais ce qu’il se passe avec la BAC quand ils vous attrapent : ils vous emmènent dans la mangrove ou à Mahabou…”, assène le prévenu devant le président de la chambre d’appel.

Incarcéré depuis bientôt un an à Majicavo, celui qui est aussi connu comme le chef de la BAB, la Brigade anti-BAC, tentait en effet ce jeudi de réduire la peine prononcée à son encontre en octobre 2019 par le tribunal correctionnel. À l’époque, le leader de ce gang, qui avait semé la terreur à Passamaïnty, avait écopé de trentre-trois mois de prison pour des faits de violences aggravées sur personne dépositaire de l’autorité publique. Son compère, Ambdi Tadjiri, dit Le Boss, s’en tirait quant à lui avec deux ans de prison. Des peines déjà lourdes qui dépassaient les réquisitions du parquet en première instance.

Une interpellation vire à la scène de guerre

Il faut dire que les récits de cette journée d’émeutes font froid dans le dos. “C’était la guerre, voilà. Nous sommes des gardiens de la paix, dans un pays en paix, et nous nous sommes retrouvés dans une situation de guerre”, raconte avec toujours une vive émotion l’un des trois fonctionnaires de police pris à partie ce jour d’avril 2019. Tout commence par une interpellation. Une patrouille de la BAC, qui sillonne le secteur où sévit depuis plusieurs semaines la bande sanguinaire, identifie un suspect d’un récent caillassage. Alors que le policier tente de l’interpeller, Azad surgit pour s’interposer, permettant finalement au premier individu de s’enfuir, menottes au poignet. Coup de tête, morsures, main écrasée… la scène s’échauffe rapidement cependant que les deux autres agents identifient alors le nouveau venu, visé par un mandat d’arrêt. Mais les cris ameutent des jeunes aux alentours, venus prêter main forte au “Costaud”, bâtons, barres de fer ou pierres au poing.

“Tuez-les !”

“Là nous nous sommes retrouvés face à une bande très hostile, alors que nous tentions d’immobiliser Azad en chien enragé”, poursuit le policier. Puis les cailloux pleuvent, “pas en cloche comme à Paris pour impressionner les copains. Non ici, ils lancent pour tuer.” Un premier tir de LBD ne suffit pas et la situation dégénère. Tant et si bien que l’un des agents finit par sortir son arme létale, un 9mm brandi pour tirer en l’air. Nouveaux tirs de projectile, dont un “qui passe là, juste à côté de mon oreille”, mime le fonctionnaire. Qui sort lui aussi son arme de service, tout en réalisant la gravité de la situation, face à des jeunes de 14 à 20 ans. Il tire quelques balles, dont l’une va se perdre dans les bangas environnants. Mais Azad harangue ses troupes d’un “Tuez-les, ils ne sont que trois !”.

À l’issue des affrontements, les policiers ont reçu plusieurs blessures. L’un d’eux repart même avec soixante jours d’interruption totale de travail ! Mais le cauchemar ne s’arrête pas là. Même si en appel les juges statuent sur les pièces déjà versées en première instance, le fonctionnaire a profité de son temps de parole pour évoquer les menaces qu’il aurait reçu à la fin de l’audience correctionnelle qui mettait le holà aux activités d’Azad. Ainsi qu’un rapport de police selon lequel le chef de la BAB avait contacté des homologues de Kawéni pour leur proposer une alliance et de “s’armer pour s’en prendre aux fonctionnaires de la BAC”. Glaçant !

Un garçon dangereux

Et le prévenu n’arrange pas vraiment son cas. Face aux juges de la chambre d’appel, il ne montre aucune trace de repentir mais cherche plutôt à rejeter la faute. “Pourquoi c’est toujours moi, alors que j’ai rien demandé ?”, ânonne-t-il en guise de défense. “J’ai toujours été harcelé par la BAC, ils étaient toujours derrière moi, et ces violences c’était ma façon de dénoncer ces violences-là”, poursuit l’homme originaire d’Anjouan, qui a déjà fait l’objet d’une reconduite par le passé. Tantôt il tente de minimiser l’ampleur de la BAB et de son rôle de chef, “j’ai juste créé le nom”, tantôt il s’emporte contre “le tribunal médiatique” qui l’a déjà jugé selon lui. Un discours “mielleux”, pas du tout au goût de l’avocate de deux des fonctionnaires. “Il se pose en victime mais en réalité il s’agit d’un garçon dangereux, qui considère qu’il a droit de cité partout, qui crée un ennemi à un service de la police nationale, qui veut se créer un service de police à lui”, plaide Maître Mattoir.

L’avocate générale ne sera guère plus tendre. “Vous avez un individu qui se présente comme un ange et qui reconnaît à demi-mot être le chef d’une des bandes les plus violentes de Mayotte. Nous savons la pensée de ces groupes, c’est ‘‘nique la police’’, ‘‘nique la bac’’, et c’est ce qu’il essaie d’appliquer aussi aujourd’hui à la justice”, lâche sans détour Denise Lacroix qui réclame alors cinq ans de prison et une interdiction du territoire. Pour la deuxième fois, les juges trancheront plus sévèrement que le ministère public, en condamnant Azad à une peine de six ans d’emprisonnement et une interdiction définitive du territoire français. Quelques minutes plus tard, le caïd de Passamaïnty embarquait donc à nouveau dans le fourgon qui devait le ramener à Majicavo. Non sans un regard haineux à l’attention des policiers…qui risque bien de ne pas être le dernier : mis en examen pour tentative de meurtre, le prévenu pourrait bien avoir affaire à nouveau à la justice pour des faits criminels cette fois.

 

 

Le rectorat de Mayotte et la CCI s’engagent dans l’insertion professionnelle des jeunes

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La semaine école-entreprise se poursuit avec la signature d’une convention entre le rectorat et la chambre de commerce et de l’industrie de Mayotte ce jeudi 8 octobre. Par cette initiative, les deux instituions s’engagent à optimiser et à faciliter l’insertion professionnelle des élèves du second degré par le biais de différentes actions. 

“À travers ce partenariat, nous souhaitons mettre ensemble tous les moyens pour développer les relations entre les jeunes du second degré et pourvoir les formations.” Le ton est donné par le président de la chambre de commerce et de l’industrie (CCI) de Mayotte, Mohamed Ali Hamid. Selon lui, la formation professionnelle est l’avenir de la jeunesse mahoraise. Elle augmentera leurs chances d’obtenir un travail à la fin de leurs études, mais encore faudrait-il réussir à démocratiser le sujet… Si les filières générales sont les plus convoitées par les élèves, il n’y a pas de place pour tout le monde ! Actuellement, sur les 50.000 élèves du second degré, seulement 17.000 suivent une formation professionnelle. L’objectif de cette convention entre le rectorat et la CCI est donc d’impliquer d’avantage les 33.000 restants. “Nous allons accroître l’insertion professionnelle des jeunes par la découverte des métiers, l’immersion en entreprise, les stages et formations en alternance”, indique le président de la CCI. À travers ces actions, les deux signataires de la convention espèrent développer le goût d’entreprendre chez le public visé. Particulièrement chez les jeunes filles qui sont confrontées à certaines limites. “Nous devons mener un travail autour de l’égalité homme-femme. Les jeunes fille doivent voir qu’aujourd’hui tout est possible pour elles. Pour cela, il est important de montrer des exemples de femmes cheffes d’entreprise”, rappelle le recteur Gilles Halbout.

Inciter les entreprises à s’aligner

Les entreprises à Mayotte sont encore très réticentes à l’idée de signer des contrats à des alternants. Cela ne date pas d’aujourd’hui, mais la crise sanitaire a amplifié leurs doutes. Les charges seront-elles élevées ? Les élèves auront-ils les compétences nécessaires ? Le rectorat et la CCI essayent de rendre possible ces insertions professionnelles en facilitant le travail des entreprises. “Nous avons un dispositif qui permet d’accueillir les jeunes pendant 6 mois en formation avec un statut d’étudiant et ce jusqu’à la signature des contrats”, souligne Philippe Lefebre, délégué académique à la formation professionnelle initiale et continue au rectorat. Concernant les charges salariales, là aussi tout est fait pour inciter les entreprises à embaucher les jeunes alternants. “Durant la première année, le coût pour l’entreprise est quasiment nul puisqu’elle touche les aides de l’État. Pour la deuxième année, il y a un peu de charges salariales, mais c’est une stratégie de recrutement de leurs futurs collaborateurs”, rajoute Philippe Lefebre. Il y a encore beaucoup de retard à rattraper. La formation professionnelle est souvent considérée à Mayotte comme une voie secondaire, quand la filière générale n’est pas possible. Ces immersions en entreprises peuvent changer la donne à condition que tous les acteurs s’investissent réellement.

 

Réduire le budget agricole européen dans les Outre-mer, un scénario « non négociable »

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La possible réduction du budget du programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité (POSEI) pour la période 2021-2027 a créé un mouvement de panique chez certains députés du Parlement européen. Un scénario qui serait dramatique pour les agriculteurs et les éleveurs ultramarins. Pour Mayotte, cela aurait pour conséquence un manque à gagner de plus de 800.000 euros.

Mercredi 7 octobre, parvis du Parlement européen à Bruxelles. Plusieurs dizaines de députés européens de sensibilités politiques diverses se rassemblent devant une banderole « NO POSEI CUTS » pour clamer leur opposition aux coupes budgétaires envisagées en septembre par le commissaire en charge de l’agriculture, Janusz Wojciechowski. Une éventualité « non négociable » et surtout « innaceptable » pour le Réunionnais Stéphane Bijoux. Car le programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité est la déclinaison dans les régions ultrapériphériques françaises, espagnoles et portugaises du premier pilier de la politique agricole commune. « Le moment n’est pas à la politique politicienne », s’époumone-t-il.

Cette baisse de l’ordre de 3.9% viendrait alors mettre à mal les finances ultramarines dans ce secteur… « Si nous laissons découler ce scénario catastrophe, les Outre-mer perdraient plus de 180 millions d’euros de 2021 à 2027. » Et Mayotte ne serait évidemment pas épargnée et verrait se volatiser 120.000 euros sur les 3 millions reçus chaque année. Soit un total de plus de 800.000 euros sur la période évoquée. « C’est inadmissible, cela aurait un impact immédiat sur les filières animales et celles des fruits et légumes, sans oublier les productions emblématiques, telles que l’ylang-ylang et la vanille », énumère-t-il pour appuyer ses propos. Une coup de poignard qui endommagerait tout simplement « la dynamique d’autonomie alimentaire » ainsi que « le modèle familial mahorais ». « Il faut préserver les efforts réalisés par nos producteurs » qui se plient en quatre « pour tenir les objectifs agroécologiques ».

Soutien du gouvernement français

Cette menace budgétaire, Stéphane Bijoux veut lui tordre le cou. Pour cela, l’élu rappelle les droits et les devoirs de l’institution à l’encontre de ces terres lointaines. En ligne de mire : l’article 349 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, qui contribue à l’application du cadre dérogatoire au service d’un projet global de développement des RUP. « Il existe dans l’ADN de l’UE des territoires éloignés et fragiles qui doivent être accompagnés. Les Outre-mer sont une chance pour l’Europe ! », défend-il. « Le POSEI est l’opportunité de consolider [cette] relation de confiance », qui est « le socle d’un échange gagnant-gagnant ».

Et pour mener à bien son combat, l’eurodéputé peut compter sur l’appui du gouvernement français. « Les ministres de l’Agriculture, des Affaires européennes et des Outre-mer ont écrit [en début de semaine] à la commission pour dire que c’était hors de question. » Auquel s’ajoute la prise de position claire en juillet dernier du président de la République, Emmanuel Macron, qui a obtenu la hausse du budget français de la politique agricole commune et l’augmentation des enveloppes de la politique régionale pour les régions ultrapériphériques. « C’est un engagement politique puissant en soutien aux agriculteurs et éleveurs ultramarins. C’est un élément extrêmement important, surtout que nous sommes dans la dernière ligne droite des négociations », prévient Stéphane Bijoux. Pas de doute, le Réunionnais ne risque pas de baisser sa garde avant le vote en session plénière de la réforme de la PAC qui doit intervenir dans deux semaines. Idem pour son homologue Younous Omarjee, président de la commission du développement régional au Parlement européen, lui aussi monté au créneau pour défendre les intérêts des Outre-mer. « C’est ce qui anime notre bataille. »

 

 

Mayotte : Quand le monde de la formation rencontre le monde de l’entreprise

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À l’occasion de la semaine école-entreprise, le Medef Mayotte a organisé une ren-contre entre le monde du travail et celui de la formation au lycée Mamoudzou Nord. L’objectif : mettre en lumière les deux secteurs pour qu’ils apprennent à travailler ensemble.

Mettre en relation les entreprises avec les jeunes en formation est l’objectif que s’est fixé le Medef Mayotte. Pour cela, Carla Baltus, sa présidente, a crée un poste unique de coor-dinatrice régionale de la formation professionnelle, occupé par Samira Ait. Cette dernière est convaincue que l’insertion socio-professionnelle commence à l’école. Mais pour que cela fonctionne il est impératif de mettre en relation les deux mondes. “Le partenariat en-treprise et école est un partenariat gagnant des deux côtés. L’insertion socio-profession-nelle est une valeur sûre sur le territoire. Les entreprises ont besoin d’assurer une perfor-mance, avoir des résultats économiques. Mais sans le facteur humain, sans l’insertion so-ciale et la formation, quel avenir pouvons-nous attendre ? Donc ce lien entre les deux est évident”, explique Samira Ait. La rencontre entreprises et élèves a également permis aux jeunes de se faire connaître et en même temps de découvrir les opportunités disponibles à Mayotte, notamment en alternance. Le BTS commerce international est le parfait exemple. 16 étudiants l’ont intégré cette année, mais la mise en place de cette formation n’a pas été évidente. “Cela n’a pas été facile de travailler avec les entreprises. Nous avons pris beau-coup de temps pour les convaincre. Avec le contexte Covid-19, il y avait des incertitudes qui leur faisaient beaucoup hésiter. Mais nous leur avons expliqué que la première année leur coûte zéro euro et cela a aidé”, nous informe M. Boubila, le professeur référent du BTS commerce international. Le Medef Mayotte affirme de son côté qu’il y a une forte de-mande de la part des entreprises. Son rôle est de la repérer. “Nous sommes en train de faire des sondages en amont pour que dès lors qu’il y a un besoin, nous puissions y ré-pondre”, annonce Samira Ait.

Nous nous sommes intéressés aux parcours de 4 jeunes. Ils sont différents mais ont tous conscience que l’alternance est le meilleur moyen de s’insérer facilement et rapidement dans le monde du travail.

Zaher Malidé, 20 ans, sans formation

Son discours a impressionné le public présent à l’événement. Zaher est un jeune homme qui n’a pour le moment pas de formation. Il espère que son intervention poignante et pas-sionnée interpellera les entreprises. “L’avenir de ceux qui n’ont pas de formation est en train d’être bousillé. Alors j’espère que tous les acteurs économiques qui sont ici nous don-neront la chance d’essayer”, déclare-t-il dès le début de sa prise de parole. Zaher sait que les chefs d’entreprises ou leurs représentants qui étaient au lycée Mamoudzou Nord peu-vent être ses futurs employeurs. Il choisit donc judicieusement chaque mot qu’il prononce. “Nous devons honorer l’image de la jeunesse mahoraise. C’est à nous de faire des efforts, en respectant les entreprises et en étant ponctuel.” Un message qu’il adresse directement aux jeunes qui ont la chance d’avoir une formation. Zaher conclut son discours avec un rappel que beaucoup de personnes ont tendance à oublier. “Certains disent que les études en France sont gratuites, mais c’est faux. Il y a des gens qui payent les formations pour nous.” De quoi motiver les entreprises à embaucher un jeune homme. Zaher ne risque pas de rester sans formation bien longtemps puisqu’il va prochainement passer un entretien pour intégrer l’unique BTS commerce international de Mayotte.

Oumaya Ousseni, 19 ans, en BTS commerce international

Oumaya fait partie des 16 chanceux qui ont pu intégrer le BTS commerce international. Cette formation est une première sur l’île. La jeune fille a obtenu une alternance dans le groupe 3 M et fera ses débuts en tant qu’assistante du directeur dès le début des va-cances de Toussaint. “J’ai déjà travaillé, mais il s’agissait de jobs d’été. Cette alternance est un challenge pour moi parce que c’est une première. Nous sommes considérés et on doit se comporter comme de vrais salariés.” Contrairement à la grande majorité de ses ca-marades, Oumaya a démarché les entreprises par ses propres moyens. Elle est si fière de sa formation qu’elle en fait la promo. “J’incite les futurs bacheliers à choisir le BTS com-merce international parce que nous apprenons beaucoup de choses.”

Hamouza Samouri, 20 ans, stagiaire au RSMA

Discipline oblige, Hamouza est venu à l’événement avec sa tenue militaire. Il est en forma-tion au RSMA depuis maintenant 6 mois, et il est particulièrement fier d’une chose. “J’ai obtenu mon permis il y a un mois”, sourit-il. Hamouza est quelque peu stressé lors de son discours mais le jeune homme ne perd pas de vue son objectif qui est de taper dans l’oeil des entreprises. “En sortant du RSMA, je souhaite intégrer une formation de commerce en alternance. Cela me permettra d’apprendre la théorie et en même temps exercer un tra-vail.” Le passage du jeune homme au RSMA lui donne une longueur d’avance puisque se-lon ses dires “nous sommes disciplinés, nous avons de l’expérience et nous arrivons à vaincre nos peurs.”

Nayam Amar Adou, 18 ans, en BTS commerce international

Nayam Amar a un parcours exemplaire. Mention très bien à son bac STMG, il est rapide-ment retenu pour le BTS commerce international. Sa success story se poursuit lorsqu’il obtient son alternance dans le groupe Total. “J’aurai des missions dans l’import et c’est une bonne chose puisque je souhaite travailler plus tard en tant que commercial import”, indique-t-il. Nayam Amar a tout de même rencontré quelques difficultés pour obtenir cette alternance. Ce sont les responsables de sa formation qui ont contacté Total. “Je pense que les entreprises ne font pas assez confiance aux jeune parce que nous manquons d’expérience et de compétences”, explique-t-il. Il espère que son alternance lui ouvrira plus facilement les portes du monde du travail puisqu’il souhaite par la suite suivre une li-cence professionnelle.

Covid-19 : le centre hospitalier de Mayotte finalise son plan « rebond »

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Alors que Mayotte peut, semble-t-il, enfin regarder la crise sanitaire dans le rétroviseur, le centre hospitalier se prépare en coulisse en cas de deuxième vague. D’autant plus que les vacances scolaires approchent à grands pas et que les va-et-vient avec la métropole vont se multiplier. Entretien avec Christophe Caralp, chef de pôle URSEC (urgences, réanimation, Samu/Smur, Evasan, caisson hyperbare).

Flash infos : Après plus de 4 mois intense, le centre hospitalier de Mayotte semble avoir retrouvé son rythme de croisière d’avant crise. Comment analyseriez-vous l’activité aux urgences de ces dernières semaines ? Et comment anticipez-vous une éventuelle deuxième vague ?

Christophe Caralp : L’activité aux urgences est relativement calme. Nous ne sommes pas en période épidémique, ni de bronchiolite ni de gastroentérite. Nous recensons quelques cas de Covid-19 ou de suspicion. C’est la raison pour laquelle, nous maintenons un dispositif dans le service, avec ce que nous appelons la zone bleue. Nous avons entre 2 et 5 passages sur 24 heures. Aujourd’hui, nous comptabilisons 4 personnes en réanimation, dont la dernière est arrivée cette nuit [mercredi 7 octobre], pour 16 lits. Cela représente quand même un quart de nos capacités ! Mais cela reste relativement tranquille en termes d’impact et d’appels au 15 par rapport à des gens qui signaleraient des symptômes compatibles avec le Covid. La plupart d’entre eux se présentent instantanément dans les centres médicaux de référence ou au camion à côté du caisson.

Par contre, nous suivons de près l’évolution du virus et échangeons énormément avec La Réunion et la métropole, en coordination avec l’Agence régionale de santé et la direction du CHM. Pour répondre à la demande de la direction générale de la santé, nous finalisons un plan dit « rebond » si la crise devait repartir sur le territoire. Nous nous organisons en tenant compte de la première vague dans le but d’éviter les écueils. Nous augmenterions le taux de décrochés au Samu et nous réinstallerions la filière respiratoire à l’entrée. Si le nombre de cas explosait, nous délocaliserions les urgences pédiatriques à l’étage.

FI : Dans quelles circonstances déclencheriez-vous ce dispositif ?

C. C. : Cela dépendrait du taux d’incidence, c’est-à-dire le nombre de cas pour 100.000 habitants [sur la semaine du 26 septembre au 2 octobre, celui-ci était de 39.7]. Globalement, nous constatons que les chiffres repartent à la hausse, notamment le taux de positivité [qui était de 11.5% sur la même période]. Nous suivons également de très près les conséquences que cela peut avoir sur le nombre d’hospitalisations. En sachant, que le CHU de référence à La Réunion est actuellement touché par la crise, même si cela semble se calmer ces derniers jours… À Mayotte, l’idée est la même qu’en métropole : tout faire pour ne pas repasser en plan blanc ! Qui nous obligerait à arrêter des activités et à multiplier les déprogrammations, comme cela a pu être le cas entre mars et juin. Ce qui est très pénalisant pour tout ce qui est diabétologie, cancers, etc.

FI : En cas de rebond, en combien de temps seriez-vous capable de vous remettre en ordre de marche ?

C. C. : En quelques jours ! Aux urgences, toutes les structures physiques sont en place : la zone d’attente de Covid, la salle d’augmentation pour les décrochés du Samu… Nous avons appris de notre expérience avec les militaires à armer très rapidement des chambres supplémentaires de réanimation avec nos équipes et notre matériel. Par contre, nous devons bien préparer nos ressources humaines parce que nous vivons sur une île. Donc il faut prévoir le personnel nécessaire. C’est la raison pour laquelle nous remontons nos besoins respectifs dans tous les services à la direction pour anticiper avec la réserve sanitaire.

FI : La fin de semaine signe l’arrivée des vacances scolaires. Dans quelle mesure redoutez-vous l’aller-retour en métropole de personnels de la fonction publique ?

C. C. : Nous apporterons une attention toute particulière au centre d’appel. Si nous nous rendons compte qu’il y a un regain d’appels pour le Covid-19, il faudra rapidement avertir les autorités car il y a souvent une latence, un décalage… D’abord, nous recevons des appels pour des symptômes, puis des formes intermédiaires et enfin des formes graves. Nous allons bien évidemment suivre cette période.

FI : La crise sanitaire vous a permis de bénéficier d’un hélicoptère et d’un avion sanitaire. Ces moyens de locomotion sont-ils amenés à être prolongés ou à être pérennisés ? Quid des évacuations sanitaires vers La Réunion, alors que l’île voisine connaît sa « première » vague ?

C. C. : Les évacuations sanitaires pour les personnes non Covid sont maintenues. Nous n’avons pas de difficulté à l’heure actuelle pour les évacuer. Effectivement, nous aimerions que l’hélicoptère et l’avion restent à notre disposition. Nous sommes en train d’y travailler avec l’ARS et le CHM. Nous avons bon espoir que les deux dossiers aboutissent ! Nous rédigeons un cahier des charges dans ce sens pour que ces deux moyens de locomotion soient financés. On nous demande d’être en capacité d’evasaner en plus grand nombre sur La Réunion et pourquoi pas sur la métropole.

Mais si la crise sanitaire devait repartir avec l’arrivée de l’hiver dans l’hémisphère nord, probablement synonyme de pic épidémique, il faut que nous soyons capables de pouvoir dispatcher les gens, sans s’appuyer uniquement sur La Réunion.

FI : Il est prévu que le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, vienne en visite à Mayotte dans les prochaines semaines. Avez-vous des informations ou des desiderata à lui transmettre ?

C. C. : Pas vraiment, puisque nous travaillons en étroite collaboration avec l’ARS et la direction générale de la santé. Nous avons été relativement écoutés par rapport à nos besoins, à l’instar de l’avion et de l’hélicoptère. Entre mars et juin, nous avons été identifiés comme un territoire potentiellement fragile. Aujourd’hui, je n’ai rien de particulier à lui remonter… Je souhaite simplement que l’attention dont nous avons fait l’objet ces derniers mois persiste !

FI : Une autre crise se profile à Mayotte : celle de l’eau. Quels risques pourrait-elle engendrer dans la gestion du Covid-19 ? Mais aussi par rapport à d’autres épidémies qui en découleraient ?

C. C. : Pour le Covid, cela insinue une nouvelle difficulté pour se laver les mains, qui augmenterait la transmission manuportée. Même s’il ne faut pas oublier celle par gouttelettes et probablement aussi celle aérosolisée pendant quelques minutes.

Quand il y a eu la dernière crise de l’eau en 2016, nous avions noté une épidémie de diarrhées. Si cela se reproduisait, cela amènerait du travail supplémentaire aux services du CHM et des médecins libéraux. Actuellement, les coupures d’eau entre 16h et 8h n’ont pas trop d’incidences sur notre activité. En cas de majoration de la durée des coupures, il pourrait y avoir une recrudescence du nombre de cas de gastro. Il faudra réfléchir avec la direction de l’ARS à une stratégie. Mais pour l’instant ce n’est pas le cas. C’est calme, c’est très calme !

Entretien de mi-parcours avec Thani Mohamed Soilihi, qui cède la vice-présidence du sénat

Le parlementaire mahorais LREM a cédé sa place au sénateur guyanais George Patient à la vice-présidence du bureau après des élections sénatoriales qui ont maintenu le statu quo pour la République en marche. L’occasion pour Thani Mohamed Soilihi de revenir sur les ambitions du groupe et ses engagements pour le territoire.

Petit soupir de soulagement pour La République en marche. Après la débâcle des municipales, le parti présidentiel garde la tête hors de l’eau et conserve 23 sièges à l’issue des élections sénatoriales du 27 septembre dernier. “Pour ces élections partielles, nous nous maintenons, voire nous nous confortons un peu, c’est en décalage par rapport aux élections municipales”, commente le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi, sous l’étiquette LREM depuis 2017. “C’est là tout le charme de la politique ! Mais il faudra en tirer les bonnes conclusions.”

Tous les trois ans, les quelque 87.000 grands électeurs – représentants des communes, des départements et régions – sont appelés à renouveler la moitié du Sénat à l’échelle des départements. Cette fois-ci, ce sont 172 sièges sur 348 qui ont été remis en ballotage, soit les élus d’une soixantaine de départements. La droite a conforté sa majorité, tandis que les verts ont réalisé une percée et que La République en marche a su se maintenir. Mais ce relatif statu quo confirme toutefois les difficultés du parti d’Emmanuel Macron à s’implanter au niveau local. Et ne risque pas à faire oublier la déroute des municipales de juin…

Le groupe se refait une beauté

Quelques jours après le scrutin, le groupe à la chambre haute décidait d’ailleurs de changer de nom. Désormais, les sénateurs de La République en marche présidés par le sénateur de Côte-d’Or François Patriat sont réunis sous la bannière Rassemblement des Démocrates, Progressistes et Indépendants (RDPI). Un coup de poliche décidé “à l’unanimité”, pour “marquer l’élargissement et le rassemblement de la majorité présidentielle au Sénat”, expliquait-on par voie de communiqué le 1er octobre. Interrogé à ce sujet, Thani Mohamed Soilihi justifie cette nouvelle dénomination pour montrer “la liberté qui a toujours existé dans notre groupe, pour représenter les collectivités”. “Contre la légende urbaine, qui dit “marche ou crève”, nous souhaitions montrer notre ouverture. Tous ceux qui se retrouvent dans nos valeurs, dans ce progressisme, peuvent évidemment venir”, poursuit le sénateur, qui occupe le poste de président délégué du groupe aux côtés de Patricia Schillinger.

À l’occasion de ce renouvellement, le parlementaire mahorais a aussi cédé sa place de vice-président au Bureau du Sénat, où il siégeait depuis 2017. Une fonction qu’il a exercé avec “passion et sérieux”. “J’ai été très honoré d’occuper ce poste pendant ces trois années et j’espère avoir bien représenté Mayotte”, assure-t-il, tout en rappelant que “cette fonction vise à faire fonctionner cette formidable chambre. Ce n’est pas un raccourci pour faire passer des amendements, ou viser l’Elysée ou Matignon”.

Un combat phare sur le droit du sol

Après cette passation, le sénateur n’entend d’ailleurs pas lever le pied, lui qui avait en outre été classé parmi les 40 parlementaires les plus assidus en 2019. Un investissement que le parlementaire a souhaité mettre à profit pour “représenter mon territoire et faire voter des lois avec des applications directes à Mayotte. Cela a été ma façon de contribuer à l’épanouissement et le développement de l’île”, retrace-t-il. Sa plus grande fierté sur ces trois dernières années : la limitation du droit du sol à Mayotte, un amendement voté par les sénateurs contre l’avis du gouvernement à l’occasion de l’examen du projet de loi asile-immigration en juin 2018. Cette disposition adapte les conditions d’acquisition de la nationalité française par le droit du sol sur l’île aux parfums, en exigeant pour les enfants nés à Mayotte que l’un de ses parents ait, au jour de la naissance, été présent de manière régulière sur le territoire national depuis plus de trois mois.

Au tour du foncier !

Aujourd’hui, l’élu mahorais s’attaque une fois de plus à l’épineuse problématique du foncier dans le 101ème département, avec une proposition de loi sur la “prescription acquisitive”. Décidée par l’ordonnance du 28 juillet 2005, cette disposition du code civil visait à assainir la situation sur les titres de propriété. À Mayotte, les défauts de titrement engendrent des problématiques foncières complexes qui freinent les travaux de construction ou d’aménagement, et bloquent de fait le développement économique du territoire. Le projet de retenue collinaire d’Ouroveni en est un bien triste exemple… Or, avec la “prescription acquisitive”, le législateur entendait enfin mettre un coup de pied dans la fourmilière, en permettant à quiconque de prouver sa possession par une occupation continue de 30 ans sur les lieux.

Or, en travaillant avec les notaires de l’île et le CUF, la Commission d’Urgence Foncière, créée par la loi de programmation relative à l’égalité réelle Outre-mer de février 2017 sous l’impulsion de Thani Mohamed Soilihi qui avait notamment amené une commission sénatoriale à Mayotte en octobre 2016 -, le sénateur s’est rendu compte d’une imperfection dans l’application de cette ordonnance à Mayotte. L’acquisition de la propriété des biens immobiliers par prescription acquisitive au terme d’un délai de trente ans y est en effet possible à Mayotte, à l’exception des immeubles en cours d’immatriculation et les droits en cours d’inscription au 1er janvier 2008, date d’entrée en vigueur de ladite ordonnance. Conséquence, les possesseurs mahorais dans cette situation devraient attendre encore 18 années pour remplir le délai de la prescription acquisitive. Le parlementaire a donc déposé une proposition de loi pour prendre en compte, jusqu’au 31 décembre 2037, la période antérieure au 1er janvier 2008 pour établir le délai de prescription acquisitive de 30 ans. Une nouvelle pierre pour assainir le foncier sur le territoire. “Ce n’est pas la disposition miracle, mais c’est une disposition parmi tant d’autres qui devrait permettre de lever les verrous pour débloquer les difficultés foncières à Mayotte”, souligne-t-il. Reste à tous les faire sauter !

Élection contestée au SMEAM : avis défavorable du rapporteur contre Bavi

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Deux mois après une élection contestée, la plainte de l’ancien président du Syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte était jugée ce mardi au tribunal administratif.

C’est une guéguerre dont on ne voit plus le bout ! Après avoir été une première fois débouté par le juge des référés en août, le recours de l’ancien président du Syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte (SMEAM), Moussa Mouhamadi Bavi, est arrivé devant le Tribunal administratif ce mardi, réuni en audience collégiale. Et s’il faudra attendre encore deux semaines pour connaître le jugement de cette affaire, mise en délibéré, les conclusions du rapporteur public Simon Riou ne vont en tout cas pas dans le sens du demandeur.

Pour rappel, l’élection du nouveau comité du syndicat le 30 juillet dernier s’était déroulée dans une jolie cacophonie. Le doyen, qui présidait l’audience, était allé jusqu’à demander la levée de la séance face à l’absence de titulaires de certaines communes, représentés par leurs suppléants. Ce qui constituait pour les contestataires un manque de légalité de la procédure. Après une prise de bec véhémente entre le doyen et le maire de Pamandzi, Moussa Mouhamadi Bavi avait alors décidé de quitter les lieux avec ses quinze colistiers. Qu’à cela ne tienne ! Ce départ théâtral n’aura pas empêché les 18 délégués restants – sur les 34, soit 2 par commune qui composent le comité – d’élire à la majorité des voix Fahardine Ahamada, le maire de Bandraboua, nouveau président du SMEAM.

Mais le président sortant ne l’entendait pas de cette oreille et a donc saisi le tribunal administratif pour demander l’annulation de cette élection. “Il s’agit là d’un contentieux de passation de pouvoir”, a résumé le rapporteur en évoquant les fonctions du demandeur. Avant de débouter son argumentaire. D’abord, au sujet du délégué de Pamandzi qui n’était pas conseiller municipal et n’avait pas donc pas le droit de participer à cette délibération. “Cela s’est su avant la séance, et ce délégué n’a donc pas participé au vote”, a récusé Simon Riou.

La convocation pour l’élection envoyée par Bavi

Autre sujet de la plainte : les délégations de Dzaoudzi et de la Cadema avaient été informées seulement la veille de la tenue de la séance, a fait valoir le demandeur. “Mais la jurisprudence juge qu’il y a irrégularité dans la procédure, seulement si le retard de la convocation a empêché les personnes d’êtres présentes”, a noté le rapporteur. Ce qui n’était pas le cas cette fois-là. Pour couronner le tout, le demandeur est “par ailleurs bien malvenu d’invoquer ce contexte, dans la mesure où c’est lui-même qui a convoqué rapidement le comité en vue de l’élection du SMEAM, avant même que toutes les communes aient eu le temps de désigner leurs délégués…”, a aussi pris soin de rappeler le rapporteur. Quant au quorum nécessaire pour le vote, il était complet malgré le départ des 16 délégués derrière Bavi.

Reste maintenant aux magistrats de suivre ou non les propositions du rapporteur public, membre du conseil d’État dont le rôle est d’éclairer, en toute indépendance, le jugement lors des audiences publiques. Rendez-vous dans deux semaines, pour le délibéré… Et le fin mot de l’histoire ? “Nous déciderons de cela en groupe, une fois que nous aurons la réponse”, a simplement commenté l’ancien président du SMEAM.

Mayotte : Un documentaire sur les enfants de la Lune « pour faire bouger les lignes »

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Hier soir, Mayotte la 1ère diffusait un documentaire de 52 minutes sur « Les enfants de la Lune dans l’archipel des Comores ». Une immersion bouleversante dans le quotidien de ces jeunes, atteints d’une maladie génétique, mais aussi de l’association pour les déficients sensoriels de Mayotte (ADSM) qui les accompagne. Sa co-réalisatrice, Marion Thellier, espère que sa diffusion pourra faire évoluer les mentalités dans le bon sens.

Un documentaire à couper le souffle. Voire même qui vous interroge pendant de longues heures après son visionnage. « Nous espérons que les téléspectateurs seront aussi touchés que nous », confie sa co-réalisatrice, Marion Thellier, quelques heures avant la diffusion de « Les enfants de la Lune dans l’archipel des Comores » sur Mayotte la 1ère. Aucun doute là-dessus ! Le sujet est trop important et surtout trop peu évoqué pour laisser indifférent. L’idée de ce projet remonte à mars 2019 lors d’une rencontre avec le directeur de la Fédération Solidarité Communauté océan Indien (FSCOI) à La Réunion. « Il m’a expliqué la situation et la détresse à Anjouan mais aussi l’urgence de soigner et d’organiser l’évacuation sanitaire de deux adolescents à l’Île Maurice », rembobine l’ancienne journaliste, auparavant en poste à Kwézi. Contacté, Naftal-Dylan Soibri, gérant d’une société de production, accepte le challenge avec enthousiasme. « J’ai commencé à écrire de mon côté, c’était un véritable choc », se souvient la scénariste, au moment de se lancer dans la rédaction du script sur cette maladie génétique nommée Xeroderma Pigmentosum, qui se résume à un manque considérable de pigmentations et qui entraîne des microlésions sur la peau souvent cancéreuses. En d’autres termes, le soleil est leur pire ennemi !

« Une grosse claque dans la figure »

Le tournage débute alors en janvier, pour une durée de deux mois. Deux mois à sillonner l’île aux parfums et l’Union des Comores pour « mettre en lumière le courage et la joie de vivre de ces enfants ». À Anjouan, le duo rencontre le docteur Zahra Salim, l’unique dermatologue à s’occuper de ce public. « Elle a un plateau technique bien moindre par rapport à Mayotte, La Réunion ou Maurice. Elle ne peut agir que dans l’urgence, faute de soins préventifs », déplore Marion Thellier. Sur place, l’équipe partage le destin de ces familles laissées pour compte. « Nous avons été bouleversés ! Nous nous sommes pris une grosse claque dans la figure. Les enfants sont amenés à sortir rien que pour aller aux toilettes ou se doucher. La protection contre les rayons ultraviolets est minime. » Un constat sensiblement similaire à 70 kilomètres de là, dans le 101ème département. Les deux réalisateurs passent deux semaines aux côtés de l’association pour les déficients sensoriels de Mayotte (ADSM), auprès de qui ils emmagasinent bon nombre de renseignements sur les enfants de la Lune. « Notre but consiste à coordonner leur vie quotidienne avec la scolarité et les activités extrascolaires ainsi que leur prise en charge éducative et thérapeutique », souligne Marjolaine Ozoux, psychologue. La seule structure habilitée sur le territoire accueille les 0-5 ans dans son service d’accompagnement familial et d’éducation précoce (SAFEP) et les 6-21 dans son antenne lune. Ce qui représente une vingtaine d’enfants. « On a réalisé plusieurs séquences avec eux, comme les sorties pour leur éviter la réclusion, une visite médicale ou encore la rentrée scolaire d’un petit garçon », ajoute Marion Thellier.

Des filtres anti-UV pour enlever les scaphandres

L’école justement est le cheval de bataille de l’ADSM. Pour cela, l’association fait installer des filtres spéciaux anti-UV dans les classes « pour qu’ils puissent suivre les cours sans porter leur scaphandre », précise Marjolaine Ozoux. Suffisant pour leur assurer un suivi éducatif classique ? Pas vraiment ! « Très peu d’établissements existent pour eux malheureusement. Ce sont des enfants invisibles, qui sont souvent mis en marge et vivent en parallèle de la société mahoraise. » Tout l’inverse de la sphère privée, au sein de laquelle la maladie renforce les liens familiaux. Mais pour la co-réalisatrice, une autre problématique s’ajoute à ce parcours du combattant : les soins médicaux. Si les services pédiatriques et oncologiques du centre hospitalier de Mayotte jouent leur rôle, tous les enfants n’y auraient pas accès. « Ils ne peuvent pas prétendre à certaines prises en charge car des parents ne sont pas régularisés. » Un énième obstacle. À travers ce documentaire de 52 minutes, Marion Thellier espère donc « faire bouger les lignes politiques ». D’autant plus que le chiffre exact d’enfants de la Lune sur Mayotte reste encore obscur. Une chose est sure, « il y en a beaucoup plus qu’ailleurs » selon Marjolaine Ozoux. Voilà qui est dit !

Le vrai du faux sur l’affaire du soutien-gorge au lycée Younoussa Bamana

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On l’appelle désormais l’affaire du soutien-gorge au lycée Bamana. Le 29 sep-tembre, une lycéenne mineure crée le buzz sur les réseaux sociaux en affirmant qu’un membre de l’équipe pédagogique a touché sa poitrine avec un talkie-walkie. Depuis, l’affaire ne cesse de prendre de l’ampleur et le rectorat de Mayotte mène son enquête.

“Vos surveillants ou je ne sais pas quoi pédophiles à Bamana, il faut les virer. À quelle heure tu touches mes tétons avec ton talkie-walkie ?” Les mots sont forts mais lorsque Marie* publie ces propos sur son compte Twitter, elle ne pense pas qu’ils auraient un tel impact sur sa vie. Les faits remontent au mardi 29 septembre. Selon ses amis proches, la jeune fille porte un haut orange sans soutien-gorge. Le secrétaire du proviseur l’appelle alors et lui fait remarquer que sa tenue laissait deviner sa poitrine, et qu’elle doit porter un soutien-gorge. Toujours selon les amis de la principale concernée qui n’a pas souhaité s’exprimer directement, ce dernier accompagne ses paroles avec un geste qui sera fati-dique. “Il aurait touché ses seins avec le bout de son talkie-walkie”, affirment les lycéens. Ce geste révolte Marie qui dans un premier temps dénonce sur son compte Twitter. La nouvelle se répand rapidement et arrive aux oreilles du proviseur du lycée Younoussa Ba-mana qui la convoque. Suite à cette rencontre, Marie supprime ses tweets. “Le proviseur lui a peut-être demandé de supprimer sa publication parce qu’elle était insultante. Elle lais-sait entendre qu’il y a des pédophiles à Bamana”, affirme Gilles Halboult, le recteur.

De leur côté, les proches de la lycéenne dénoncent “une pression de la part de l’adminis-tration du lycée” sans citer de noms. “Elle se retrouve à pleurer seule chez elle. Elle a peur et c’est pour cela qu’elle ne veut plus réagir. Elle veut même changer de lycée”, expliquent ses amis. Ces derniers ne comprennent pas pourquoi le secrétaire en question a fait cette remarque puisque selon eux, la tenue de leur camarade n’était pas déplacée. “Elle se se-rait rendue au lycée avec une tenue présentée comme osée”, rétorque Gilles Halboult. L’affaire va désormais au-delà du non-port du soutien-gorge puisque les amis proches de la lycéenne parlent d’attouchement sexuel. Des accusations que réfute le rectorat. “Les propos et la méthode utilisée pour pointer la tenue étaient peut-être maladroits et ont pu choquer la jeune fille, mais dans les faits qu’on nous a transmis, il n’y a pas eu d’agression ni de volonté d’attouchement sexuel.” Marie n’a pour le moment pas porté plainte, mais une enquête interne est ouverte pour démêler le vrai du faux.

Un soutien tâché par des commentaires blessants

Depuis ces événements, les élèves du lycée Younoussa Bamana ont lancé une pétition pour soutenir leur camarade. Ils ont décidé de s’habiller en noir et blanc ce mardi 6 oc-tobre, et les filles avaient annoncé qu’elles ne porteraient pas de soutien-gorge. Le mou-vement a plutôt été bien suivi par les filles qui profitent de cette polémique pour s’affirmer. “Nous ne sommes pas obligées de mettre de sous-vêtement si on n’a pas envie. Ce n’est pas une obligation. On peut s’habiller comme on veut”, clame Farna, une lycéenne. “Même si elle n’avait pas mis de soutien-gorge, la personne en question n’avait pas le droit de la toucher”, ajoute son amie, Karima. Le recteur également montre son soutien. “On vit dans une société où tout le monde se préoccupe de ce que les filles doivent porter et ne pas porter. On doit arrêter de se focaliser sur ça parce que de l’autre côté ça en-traine des réactions extrêmes avec certaines qui se voilent beaucoup et d’autres qui se dévoilent beaucoup. On doit laisser les filles tranquilles.” Les propos sur les réseaux so-ciaux sont moins cléments envers la jeune fille. Les internautes prennent la défense de l’homme qui aurait pointé son talkie-walkie sur la poitrine de Marie et dénoncent les tenues vestimentaires parfois “légères” que peuvent porter les adolescentes au lycée. “On ne comprend pas que certaines personnes soutiennent cela. Les gens sur les réseaux so-ciaux ne sont pas informés et se mettent du côté de la personne accusée”, regrettent les amis de Marie. Gilles Halboult, lui, souhaite que les jeunes tirent une leçon de cette his-toire et apprennent à utiliser les réseaux sociaux avec prudence. Il évoque une sensibilisa-tion plus soutenue venant de l’Éducation nationale.

*Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat de la mineure

Salaires en retard des policiers mahorais : Alliance Police Nationale monte au créneau

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Si la situation devrait normalement être régularisée rapidement pour la dizaine de policiers concernés, le syndicat déplore un manque d’effectifs et de formation au sein du service en charge des salaires, qui serait la raison du couac.

Presque dix jours sans paye ? Le problème n’a pas tardé à remonter aux oreilles de Bacar Attoumani, le délégué départemental d’Alliance Police Nationale. Parmi la trentaine de fonctionnaires arrivés depuis la mi-août au commissariat, 12 n’ont pas reçu leur salaire de septembre, alors qu’ils auraient dû être payés autour du 25. Averti, le bureau national s’est immédiatement fendu d’un communiqué rageur, dénonçant une “situation inacceptable”, tandis que le délégué départemental prenait attache avec la préfecture et le DTPN pour trouver rapidement une solution.

Dès lundi dans la journée, une réponse était ainsi apportée aux policiers. En l’occurrence, c’est le centre des impôts qui avancera les salaires dans l’attente que leur situation soit régularisée. En théorie, les agents devraient donc avoir reçu le virement hier ou ce jour. Mais le problème de fond n’est pas réglé, juge Bacar Attoumani. “Nous demandons à ce que le SATPN (le service administratif et technique de la police nationale) soit renforcé”, explique-t-il. En effet, deux cadres de catégorie A ont été muté en dehors de Mayotte il y a quatre mois, sans être remplacés à ce jour. Il ne reste donc plus que deux agents pour traiter tous les dossiers. Et manque de pot, ce mois-ci l’un était absent… “Il manque une tête pensante pour coordonner tout ça ! Surtout qu’on est passé de 300 à 700 agents, la charge de travail n’est pas la même”, rappelle le représentant syndical. Sans ces recrutements, le même problème pourrait survenir à nouveau, car un autre renfort de 25 agents est attendu courant novembre.

L’autre problème, c’est la formation des agents. “Normalement, tout est automatisé aujourd’hui grâce au logiciel Dialogue 2. Mais ici, les agents utilisent encore un logiciel local, et ils doivent faire deux saisies”, fait valoir Bacar Attoumani. Une complication de plus qui explique aussi des retards fréquents dans le versement des primes comme le différentiel logement ou les 40%. “Il faut recruter d’abord et former pour mieux servir”, conclue-t-il.

Phénomène sismo-volcanique à Mayotte : Préparation sur-mesure d’une campagne explosive

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Le Bureau de recherches géologiques et minières est sur le point de réaliser une campagne de mesures dans le but de récolter des donnes nécessaires pour localiser plus précisément le phénomène sismo-volcanique. Mais avant de procéder à des tirs de charges explosives enfouies, l’établissement public de référence dans les applications des sciences de la Terre pour gérer l’imagerie, les ressources et les risques du sol et du sous-sol doit installer tout le matériel en un temps record. Entretien avec Jean-Michel Baltassat, ingénieur géophysicien au BRGM et responsable des opérations en terre pour cette campagne.

Flash Infos : Vous venez d’enfouir l’un des 72 géophones dans le cadre d’une campagne de mesures intitulée REFMAORE sur une ligne traversant Mayotte d’Ouest en Est. En quoi consiste-t-elle ?

Jean-Michel Baltassat : Ces géophones sont des capteurs que nous mettons en place tous les 350 mètres le long d’un profil de 30 kilomètres à terre qui s’étend depuis M’Tsamboro jusqu’à la plage de Moya, pour réaliser un échantillonnage spatial régulier. Ils vont nous servir à enregistrer les zones sismiques que nous allons générer par 10 tirs de charges explosives – mises à feu au fond de forages de 25 mètres de profondeur de manière à ce que le maximum d’énergie parte dans le terrain et qu’il n’y ait pas de danger à la surface – réalisés sur la même ligne du vendredi 9 au jeudi 15 octobre. Cette ligne de mesure est également prolongée en mer sur 70 kilomètres par 10 capteurs, micro-OBS, posés au fond de l’eau par les équipes de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) depuis le Marion Dufresne.

FI : Quelles sont les particularités de ces géophones ? Quelles données supplémentaires vont-ils pouvoir nous apporter en plus de ce que nous savons déjà à l’heure actuelle ?

J-M. B. : Ce ne sont pas les géophones en particulier, mais l’ensemble de la configuration de la manipulation qui va engendrer des ondes. Nous allons faire ce que nous appelons de la sismique active par opposition à la sismique passive, qui se contente d’enregistrer les ondes générées naturellement, notamment par les séismes. Avec ce dispositif qui est bien calibré au niveau géométrique, nous allons pouvoir déterminer avec précision les vitesses sismiques en profondeur. La distribution de ces dernières, aussi bien en terre qu’en mer, va nous permettre à mieux connaître la structure de Mayotte et à mieux positionner, par la suite, les séismes qu’ils ne le sont aujourd’hui. La bonne localisation des séismes va aider à mieux comprendre les phénomènes auxquels le territoire est soumis mais également à mieux les surveiller. Mais le traitement et la valorisation de ces données vont prendre du temps… Nous n’aurons pas les résultats avant 2021 !

FI : Une fois que vous aurez réalisé ces tirs et que vous aurez récupéré ces données, qui sont censées apporter une plus-value non négligeable dans la compréhension du phénomène sismo-volcanique que subit Mayotte depuis 2018, ce type d’opération sera-t-il amené à se reproduire à l’avenir ?

J-M. B. : Nos collègues de l’Ifremer, de l’Ipgp (Institut de physique du globe de Paris) et nous-mêmes avons des propositions de compléments d’investigations, qui ne seraient plus sur un seul profil mais plus répartis spatialement, latéralement, pour avoir une vision globale en 3 dimensions de l’espace des phénomènes sur Mayotte. Présenté au financement l’année dernière, ce projet n’a pas été retenu en première analyse. Mais il est amené à être de nouveau présenté dans les prochaines années dans le but de soumettre une enquête moins profonde mais beaucoup plus détaillée pour mieux connaître la zone sismo-volcanique.

 

Maîtriser la consommation d’énergie : un enjeu crucial pour Mayotte… et nos factures !

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Le comité Maitrise de la demande en énergie, qui regroupe EDM, le conseil départemental, l’Ademe et la Deal, lance une nouvelle campagne de communication. Objectif : inciter particuliers et entreprises à opter pour des constructions et des équipements plus performants. Avec en ligne de mire, la baisse des émissions de gaz à effet de serre et de la facture énergétique.

Vous les avez peut-être aperçues dans le coin du rétro…ou bien êtes passé sans un regard. Depuis quelques jours, de grandes affiches “Oui aux offres Hodari” ont été placardées ici et là sur les routes de Mayotte : une femme y fait cramer son aile de poulet au mur, visiblement harassée par une châleur étouffante, une autre y sirote son café sous le regard envieux de ses amies. Le message vous échappe ? C’est que la marque “Hodari”, une série d’offres lancée en partenariat avec plusieurs entreprises locales par le comité Maîtrise de la demande en énergie (MDE), peine encore à se faire connaître. Son objectif, pourtant, est crucial pour Mayotte : réduire la facture énergétique du département, où 95% de l’électricité consommée provient encore de centrales alimentées au gazoil – contre seulement 5% d’énergies renouvelables.

Alors le comité, créé en 2019 et qui regroupe EDM, le conseil départemental, l’Ademe et la Deal, entend bien changer la donne. Mais “le meilleur moyen de diminuer les émissions de carbone ainsi que sa facture énergétique est encore de ne pas consommer”, rappelle Claude Hartmann, le nouveau directeur général d’EDM. La société d’électricité organisait donc une conférence de presse ce lundi, en présence des autres acteurs du comité, pour lancer officiellement cette nouvelle campagne de communication. Celle-ci s’adresse à tous les clients de Mayotte, entreprises comme particuliers, qui souhaitent diminuer leur consommation d’énergie. Le but : favoriser l’accès à des produits éco-efficaces et matériaux non énergivores à travers des primes incitatives. Isolation du bâtiment, climatisation plus performante, ou encore chauffe-eau solaires… La promesse Hodari vante jusqu’à 30% d’économies sur la facture d’électricité ! Un coup de pouce non négligeable quand on sait que la consommation annuelle par foyer s’élève à 5.000KWh. Soit une facture de près de 650 euros par an, tout de même.

Déjà 5GWh d’électricité économisés

Le plus gros poste de consommation ? La climatisation, bien sûr ! À titre d’exemple, vous pouvez donc, grâce aux offres Hodari, remplacer votre vieux climatiseur énergivore pour un appareil de classe A+++ et bénéficier d’une prime de 500 à 900 euros, en fonction de sa puissance. Le comité MDE propose aussi des actions “non standard”, un volet consacré aux projets d’envergure, et qui vise à améliorer l’efficacité énergétique d’un bâti, d’une industrie ou d’une collectivité en passant par un bouquet de travaux. La municipalité de Koungou, via la mise en place de luminaires d’éclairage public solaire autonomes, le distributeur alimentaire Distrimax pour sa chambre froide, le promoteur immobilier CBO pour un ensemble de trois bâtiments au centre de Kawéni ou encore un particulier qui a construit sa maison avec de fortes ambitions sur sa performance énergétique en ont ainsi bénéficié. Pour toutes ses actions, en 2019, le comité estime à 5 GWh d’électricité économisés, soit l’équivalent de 1.000 foyers mahorais, pour un investissement de 2,8 millions d’euros. Et à l’horizon 2023, le MDE entend bien atteindre les 25 GWh d’économies annuelles.

Créer de nouveaux marchés

Certes, passer au tout écolo représente toutefois un investissement de taille. “Mais il y a une notion de coût global à plus long terme à faire comprendre, d’où l’importance de mener un travail de sensibilisation”, déroule Yann Le Bigot, ingénieur à l’Ademe. Outre des campagnes sur les offres MDE, le comité finance aussi des actions de terrain menées par l’Espace Info Énergie, qui intervient en milieu scolaire, organise des tournées dans les villages ou les entreprises, et fait le relais entre particuliers et constructeurs afin de faire comprendre les avantages des équipements performants.

L’autre risque pour le comité : voir les commerçants augmenter leur prix, ce qui annihilerait de facto l’effet des primes. L’ensemble des acteurs présents assure avoir conscience de cette possibilité. “Mais nous constatons aussi l’arrivée de nouveaux acteurs sur ces marchés, qui se développent justement grâce à ce type d’offres, ce qui permet de créer la concurrence et de maintenir les prix”, analyse Yann Le Bigot. En effet, via son réseau de partenaire, l’offre Hodari entend aussi encourager les filières locales. Comme par exemple, la brique de terre compressée, un matériau utilisé par le passé et qui trouve une nouvelle jeunesse depuis que la filière a été relancée cette année, en lien avec la Chambre des métiers et de l’artisanat. “Aujourd’hui, nous avons huit partenaires. C’est une très bonne chose, car il s’agit là d’un matériau noble, avec un pouvoir d’isolant non énergivore”, salue Christian Freu, responsable pôle transition énergétique et innovation chez EDM.

Augmenter la part des énergies renouvelables

De belles avancées, donc. Mais il ne faudrait pas que ce soit l’arbre qui cache la forêt. Avec la croissance démographique record que connaît le département, et une croissance de la consommation d’énergie moyenne de 5% par an, le passage à une production d’électricité issue d’énergies renouvelables est une priorité pour Mayotte. “Nous pouvons techniquement monter à 30% de photovoltaïque dans le mix énergétique, et le réseau est prêt à le supporter”, souligne Claude Hartmann. D’autant plus que les systèmes pour stocker cette énergie – et ainsi la mettre à profit pour les pics de consommation qui surviennent généralement à la nuit tombée – existent. Les nouveaux appels d’offre dans le cadre de la prochaine Programmation pluriannuelle de l’Énergie (PPE) devront aller dans ce sens.

26ème édition du festival de l’image sous-marine à Mayotte en hommage à Jack Pass

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La 26ème édition du festival de l’image sous-marine a un peu de retard cette année, mais elle aura bien lieu du 7 au 10 octobre. Elle aura une ambiance quelque peu particulière puisque pour la première fois depuis sa création, son fondateur Jack Pass n’y participera pas.

Le père fondateur du festival de l’image sous-marine nous a quittés au mois d’août dernier, mais l’évènement n’est pas prêt de disparaître. L’agence de communication Angalia qui a aidé le défunt à l’organiser ces 4 dernières années, a entièrement pris les rênes cette année suite à sa disparition. Jack Pass a tout de même aidé à l’élaboration de cette nouvelle édition de son vivant, en début d’année. L’apparition du virus a également joué les troubles fêtes et a chamboulé le cours des évènements. Le festival qui a habituellement lieu au mois de mai, se déroulera finalement en octobre. Toutefois, il ne perd pas son sens premier. Les concours sont maintenus, et il existe trois catégories : celui du film, de la photo et du dessin. Les lauréats du concours du film et de la photo ne sont pas encore connus. Le jury n’a pas pu délibérer à cause de la crise sanitaire. Seuls ceux du concours de dessins ont été désignés. Il s’agit de 20 enfants qui gagnent une séance de plongée. Le festival débutera mercredi 7 octobre par un hommage à Jack Pass avec la diffusion du film La flèche et l’épée d’Éric Keyser, qui parle entre autre de celui qui est aussi à l’origine de la mythique course de pneus.

Au total 19 films seront projetés, 78 photos seront exposées ainsi que 103 dessins d’écoliers. « C’est une programmation ambitieuse parce que trouver des films de 52 minutes, ce n’est pas simple. Mais on a un festival qui est complet et on est fiers quand on sait le temps qui nous a été imparti et la complexité du départ de Jack et la covid », souligne Laurent Mounier, gérant de l’agence Angalia. Les organisateurs ont tout de même dû revoir leurs ambitions à la baisse puisque le nombre de visiteurs à été réduit de moitié. En temps normal, les séances peuvent accueillir jusqu’à 250 personnes. À cause des restrictions sanitaires, leurs nombres seront limités à 130.

L’évolution du festival sans Jack Pass

« Notre philosophie est de maintenir tout ce qui a été fait par Jack Pass et on le développe. » Le gérant de l’agence Angalia est clair, il est hors de question de modifier l’essence même du festival. Mais les nouveaux organisateurs voient grand. Ils ont trois objectifs bien définis. « On veut poursuivre le travail de sensibilisation auprès des scolaires en donnant accès aux films gracieusement aux écoles qui le demandent pendant la période du festival », explique Laurent Maunier. À l’exemple de La Réunion qui a mis en place ce système depuis deux ans. Cela permet d’augmenter considérablement le nombre de vues. Mais leur ambition va bien au-delà, puisque le festival de l’image sous-marine de Mayotte veut s’exporter sur le territoire national. « L’idée est de participer au festival de La Réunion et celui d’Hyères. On va travailler ensemble pour mutualiser des images, des expériences, et faire diffuser les conférences sur l’ensemble des festivals », précise Laurent Maunier.

Enfin, les organisateurs veulent favoriser les productions mahoraises. Pour cette édition, seulement 5 films ont été produits localement. Le vouloir est une chose mais le concrétiser en est une autre. Pour le moment, l’agence Angalia ne sait pas de quelle manière elle procèdera pour que les habitants aient envie de filmer ou de prendre en photo le lagon du 101ème département.

Youmna Mouhamad, chercheuse mahoraise : “Parler de mon histoire et inspirer les jeunes à poursuivre leurs ambitions”

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La chercheuse à l’Université de South Wales, au Pays de Galle, originaire de Pamandzi, vient de remporter le prix “Womenspire Award 2020”. Cette passionnée de sciences, étudiante acharnée et désormais entrepreneure, revient sur son parcours, et ses combats pour promouvoir l’égalité et la diversité. Entretien.

Flash Infos : Quel est votre parcours ? Comment vous avez été amenée à devenir chercheuse en électronique imprimée à l’Université de Swansea au Pays de Galle ?

Youmna Mouhamad : Je suis Mahoraise et je devais avoir huit ans quand mes parents ont déménagé en métropole. C’est là où j’ai fait toute mon éducation jusqu’au bac que j’ai passé en filière scientifique. Les sciences m’ont toujours plu, je prenais beaucoup de plaisir à me fixer des défis, à résoudre des exercices très difficiles. Mais ensuite, quand j’étais en classe préparatoire, j’ai échoué, en partie à cause de mon anglais. Cela m’a poussée à partir à l’étranger, et c’est ainsi que je suis arrivée en Angleterre pour ma dernière année de licence en physique chimie. J’ai tout de suite été séduite par ce pays. J’avais toujours souffert du manque de diversité en France et quand je suis arrivée à l’aéroport, j’ai vu un homme d’origine indienne à côté des panneaux d’affichage. Et là je me suis “Ici, on existe”. Sans parler de la façon d’enseigner qui amène à vraiment réfléchir sur la signification de ce que l’on apprend. J’ai donc poursuivi avec un master en physique, puis un doctorat en physique des polymères, et j’ai évolué dans le domaine de l’électronique imprimée pendant six ans. C’est un domaine très intéressant et innovant, où l’on utilise de l’encre qui conduit l’électricité, on imprime des capteurs de pression par exemple, où l’on fait même des panneaux solaires. Mais à côté de mon travail de recherche, j’ai toujours gardé des idées de projet en tête, issues de mon expérience personnelle en France, et de ce constat du manque de diversité.

FI : Vous avez donc lancé un réseau BAME (black and minority ethnic) au sein de l’université. Pourquoi ? Comment vous est venue l’idée de lancer ce réseau et quels sont ses objectif ?

Y. M. : Dans ma classe en France, j’avais été frappée par le manque de diversité ethnique, qui plus est dans les parcours scientifiques. Même au niveau des professeurs, les sciences ne m’avaient jamais été enseignées par quelqu’un à qui je ressemblais. Cela a vraiment provoqué quelque chose en moi. En France, en tant que jeune fille noire, musulmane, issue des banlieues de Marseille, je sentais que je ne pouvais pas accomplir mes ambitions. Arrivée en Angleterre, j’ai certes constaté que beaucoup de marketing était fait autour de la diversité mais que les réalités étaient différentes. Dans mon master, nous étions 22 étudiants, dont seulement deux femmes. Et j’étais la seule femme de couleur. Résultat, malgré mes efforts pour créer des relations, j’ai rencontré des murs, qui ont affecté mon bien-être mental et mes performances. Je me suis rendue compte que le problème ne venait pas de moi, mais de l’environnement et du manque de diversité dans les universités. À ce moment-là, j’étais déjà investie dans plusieurs organismes qui défendaient l’égalité des genres, mais je sentais que mes expériences en tant que femme noire n’y avaient pas assez leur place. J’ai voulu créer un espace, un réseau pour les gens de couleurs. On invitait des experts sur la diversité, sur le racisme institutionnel, pour vraiment expliquer les raisons, éduquer les gens, comprendre les comportements excluants, et surtout imaginer comment l’on pourrait changer la donne et pousser les institutions à se remettre en question. Je voulais que l’on arrête d’approcher la question de la diversité pour des raisons marketing et que l’on construise vraiment un environnement où tout le monde pourrait donner le meilleur de soi et ainsi évoluer dans sa carrière. Nous avons même pu mobiliser des fonds pour lancer des formations de leadership à destination des étudiants, et financer des chercheurs dont le but était d’étudier, au sein de l’université, ces questions de diversité en interrogeant autant les minorités éthniques que la majorité. Grâce à tout cela, j’ai été nominée pour le Womenspire, un prix national au Pays de Galle qui récompense les femmes pour leur accomplissement personnel ou le changement apporté à une communauté.

FI : Désormais vous lancez Myana Naturals, un produit créatif et innovant pour faciliter l’entretien des cheveux afro. Comment vous est venue l’envie de vous lancer dans un tel projet ?

Y. M. : Justement, avec le prix Womenspire, j’étais aussi nominée pour mon projet entrepreneurial. Une idée que j’avais en tête depuis un moment, née de mon expérience personnelle. Étant mahoraise, ma mère s’occupait de mes soins capillaires pendant ma jeunesse et arrivée ici, j’ai dû m’en occuper moi-même. Cela prend un temps fou ! Car la chevelure afro demande beaucoup d’entretien, le cheveu est sec, il s’emmêle très facilement et il a donc besoin d’être nourri par des huiles et des crèmes hydratantes. Donc j’ai voulu lancer ce produit, qui n’a pas d’équivalent sur le marché, et qui facilite la maintenance du cheveu. L’idée a grandi et cette année j’ai enfin déposé un brevet. J’ai aussi gagné un autre prix prestigieux cette année, le “Royal Academy of Engineering”, qui m’a permis d’obtenir une bourse entrepreneuriale pour m’y consacrer entièrement. J’ai donc lâché un temps les circuits imprimés pour devenir directrice de Mayna Naturals !

FI : Aviez-vous cette fibre entrepreneuriale avant ce projet ?

Y. M. : Du tout ! Au contraire, pendant longtemps, je n’avais pas le bon état d’esprit. Du fait de mes origines sociales plutôt populaires, ma relation avec l’argent était néfaste, et je gardais un certain mépris pour les gens qui réussissaient, qui étaient riches. Donc j’avais toujours regardé le business comme quelque chose qui rendait mauvais, avare. Il m’a fallu beaucoup de développement personnel pour dépasser ce frein. J’ai compris que ce boulot-là, que l’entrepreneuriat, pouvait me permettre au contraire de créer le changement que je voulais voir pour l’égalité des races, des genres. Depuis, je vois le business comme un moyen de créer le changement et d’élever les causes qui me tiennent à coeur.

FI : Être une femme, qui plus est originaire de Mayotte, a-t-il représenté un frein dans votre parcours ? Quel message aimeriez-vous envoyer à votre île natale, et aux jeunes filles, qui comme vous, aspirent peut-être à des carrières scientifiques ou autre ?

Y. M. : Quand on grandit à Mayotte, on nous apprend à parler français, on nous dit que nous sommes français. Pour moi, en arrivant en France, ça a été la grosse claque. J’ai très vite compris que l’on me disait “Non, tu n’es pas française”. Cette question de l’inclusivité, je l’ai ressentie même enfant. Cela m’a touchée négativement, car cela a fait naître une forme derage, mais que j’ai souhaité guider dans mon éducation, pour la transformer en quelque chose de positif. Ensuite, en tant que femme mahoraise, j’ai ressenti les schémas dans lesquels on voulait que je rentre. Mais moi, je voulais étudier, et il a fallu que je me batte pour que je puisse poursuivre mes ambitions. Aujourd’hui, là ou je suis, je voudrais vraiment pouvoir inspirer plus de jeunes filles à en faire de même. Car nous avons cruellement besoin de cette diversité dans tous les domaines, business, sciences. Il y a encore un vrai manque de représentation d’une partie de la population. En douze ans passés en Angleterre, je n’ai rencontré qu’une seule mahoraise ! C’est aussi pour cette raison que j’ai nommé mon entreprise Myana Naturals, pour que les gens partout dans le monde sachent qu’il y a une petite île dans l’océan Indien qui s’appelle Mayotte. Mon grand rêve à long terme, c’est de parler à la jeunesse, de revenir à Mayotte pour faire des formations, des conférences pour les jeunes. Je veux parler de mon histoire et inspirer d’autres jeunes filles à poursuivre leurs ambitions. Surtout en sciences car je connais très peu de femmes de minorité ethnique dans ce domaine. C’est un vrai manque.

Tsingoni : un budget toujours dans le rouge, tacle la CRC

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Les magistrats financiers ont rendu leur avis sur le budget de la commune, en redressement depuis 2016. Et la situation ne s’arrange pas vraiment…

Redresser les finances ? À Tsingoni, c’est un peu l’Arlésienne. La commune a de nouveau été épinglée par la chambre régionale des comptes au sujet de son budget primitif, après un premier rapport rendu public le 28 juillet dernier. Code des collectivités territoriales oblige, et au vu du plan de redressement dont la ville fait l’objet depuis 2016, le préfet était tenu de transmettre à la chambre le budget prévisionnel pour 2020. Un mois plus tard, les sages ont rendu leur avis, et leur constat est sans appel : “Les mesures de redressement prises par la collectivité pour résorber partiellement son déficit au titre de l’exercice 2020 sont insuffisantes.” Conséquence : la CRC enjoint le préfet à modifier ce budget primitif pour résorber une partie du déficit au cours de l’exercice actuel.

Déjà, dans son dernier rapport sur les exercices 2015 et suivants, la chambre pointait une “situation financière et budgétaire déjà fragile, (qui) s’est détériorée alors même que la collectivité fait l’objet d’un plan de redressement depuis 2016”. Le déficit avoisinait alors les trois millions d’euros portés par “des charges de fonctionnement en forte hausse entre 2015 et 2018”, supérieures désormais aux produits de gestion. Parmi ces dépenses, les charges de personnel enregistraient une croissance rapide, en passant de 4,7 millions d’euros à 7,3 millions d’euros. Le fruit d’un joli cocktail mêlant sur-rémunération, recrutements importants, manque de transparence dans les procédures, absentéisme…

Déjà 5 agents titularisés en 2020

Or, dans son nouvel avis, la CRC note que “les mesures de redressement proposées par la chambre dans son dernier avis comme dans son rapport d’observations définitives n’ont pas été suivies, notamment en matière de dépenses de personnel”. Seule proposition des élus pour maîtriser le déficit : une hausse de la fiscalité qui a permis en 2019 de colmater un peu le creux, de 2,4 millions d’euros à 1,8 millions d’euros. Or, l’avis souligne également qu’il “est impossible de proposer des mesures susceptibles de réduire le déficit sur l’exercice en cours, celui-ci étant pratique achevé”. Il est donc impératif de contenir les dépenses de personnel en dessous de 7,5 millions d’euros. Le hic ? C’est que la municipalité a “stagiairisé” – étape par laquelle passe un contractuel ayant réussi un concours de la fonction publique avant d’être titularisé – 31 agents en 2019, dont déjà 5 ont été titularisés en 2020. “Il appartient à la commune de supprimer sans délai les emplois sur lesquels elle comptait recruter les agents au terme de leur stage”, avertissent les experts des chiffres.

Vente de terrains et hausse de la fiscalité

Le message passera-t-il cette fois ? Rien n’est moins sûr. “Il n’y a pas de volonté de la majorité actuelle de maîtriser les charges salariales, alors même que des leviers sont actionnables avec les départs à la retraite”, déplore Ibrahima Ambdoulhanyou, candidat malheureux (MDM) aux dernières élections municipales et élu de l’opposition à Tsingoni. “Au contraire, leur vision des choses, c’est de donner de l’emploi dans la commune.” Alors pour parvenir à l’équilibre, la commune “est en train de vendre notre patrimoine foncier”. Une situation que le Mouvement pour le développement de Mayotte dénonçait déjà en août dernier. Un projet de vente de plusieurs hectares de terrain vague pour 48 euros le m2, voté le 27 juillet dernier, à une entreprise dont l’immatriculation ne remontait qu’à juin 2020, avait attiré l’attention de l’opposition qui s’était alors fendue d’un communiqué à la presse. “Ce prix nous paraît dérisoire au regard de la valeur actuelle du foncier dans la commune de Tsingoni qui peut aller jusqu’à 300 euros le m2”, pouvait-on y lire.

L’autre solution, c’est malheureusement le contribuable mahorais qui devra la payer. “Nous avons pu équilibrer le budget avec la fiscalité, et j’ai constaté que celle-ci a presque doublé”, rapporte ainsi Ibrahima Ambdoulhanyou, présent au moment du vote. Un constat partagé par les magistrats financiers, qui concluent leurs observations sur la “pression fiscale” que la collectivité “n’aura d’autre choix que de maintenir au moins jusqu’en 2022”, faute d’une maîtrise des charges de fonctionnement. La facture risque d’être salée…

22,6 millions d’euros pour refaire une beauté à Mamoudzou

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Le vendredi 2 octobre, le maire de Mamoudzou et le directeur de l’AFD à Mayotte ont signé une convention de financement de 15 millions d’euros. Ce montant donnera un coup de pouce aux projets d’Ambdilwahedou Soumaïla qui voit grand pour sa ville.

Il y avait comme un air de déjà vu vendredi dernier à la mairie de Mamoudzou. Même lieu, même agence, même objectif. Seul le maire et son équipe étaient différents. Ambdilwahedou Soumaïla a signé avec l’Agence française de développement un prêt de 15 millions d’euros, auxquels il faudra rajouter 7,6 millions d’euros. Le chef-lieu bat donc son propre record puisqu’au mois d’août 2019, le premier magistrat de l’époque, Mohamed Majani, avait signé une convention de financement avec l’AFD, pour la modique somme de 17 millions d’euros. Il s’agissait alors d’une somme inédite à Mayotte. Cette année, le nouveau édile veut marquer son territoire et demande un nouveau prêt, Le taux de ce nouvel emprunt est de zéro, mais l’AFD tire ses bénéfices ailleurs. “C’est un prêt [qui] se traduit par la bonification du ministère de l’Outre-mer. Elle est plus ou moins élevée en fonction du secteur d’intervention et elle nous permet d’abaisser le taux”, explique Yves Rajat, directeur de l’AFD à Mayotte. Et cette fois-ci la bonification sera maximale puisqu’il s’agit d’un prêt vert. Les projets financés prendront en compte l’environnement et le changement climatique. Ils respecteront également la charte Maynergie plus.

L’art de faire du neuf avec du vieux

Le programme d’Ambdilwahedou Soumaïla ne se différencie pas beaucoup de celui de son prédécesseur, du moins pour cette convention avec l’AFD. Le nouvel homme fort de la commune veut investir ce montant dans l’éclairage public, dans la construction de nouvelles classes d’école, des espaces verts ou encore dans la rénovation du gymnase de Cavani, auquel le rectorat se serait engagé à aider, selon le maire de Mamoudzou. À l’époque de Mohamed Majani, il était déjà question d’éclairage public et de rénovation du gymnase de M’Gombani. Toutefois, Ambdilwahedou Soumaïla veut s’inscrire dans une nouvelle ère et pour cela, il sait pertinemment qu’il doit conquérir ses administrés. “Nous allons construire 24 nouvelles salles de classe. Quant à l’éclairage, il concernera tout Mamoudzou. C’est vrai qu’il y a encore des zones non-éclairées dans la commune. L’objectif est de rénover l’existant tout en mettant le maximum d’éclairage possible sur les zones qui ne sont pas du tout éclairées, ne serait-ce que pour la sécurité publique”, détaille-t-il. Pour ne pas perdre de temps, un pré-financement de 7,6 millions d’euros sera signé dans quelques jours entre le maire et l’AFD. Cette somme devrait être rapidement débloquée pour financer les projets prioritaires, à l’exemple du gymnase de Cavani, des écoles Cavani 1 et 2 ou encore un groupe scolaire aux Hauts Vallons dans le cadre de la ZAC (zone d’aménagement concertée) du Soleil levant.

Un prêt, une marque de confiance

La commune commencera à rembourser ce prêt de 22,6 millions d’euros à partir du 31 mars 2024, sur les vingt prochaines années. À cela s’ajoutent les 17 millions de l’an dernier, dont le remboursement est également échelonné sur 20 ans. Le chef-lieu est-il capable de supporter cette dette ? La chambre des comptes a évalué les comptes de la commune, et a visiblement statué en faveur de ce nouveau projet. “Ce prêt est la preuve que la ville de Mamoudzou est bien gérée, c’est une marque de confiance. La commune prend ses engagements pour tenir ses comptes”, déclare Ambdilwahedou Soumaïla. Il lui faudra tout de même trouver des moyens plus efficaces de faire des recettes avant d’être dans le rouge.

Le secrétaire général du lycée de Coconi cambriolé puis attaché pendant de longues heures

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Dans la nuit de mercredi à jeudi, le secrétaire général du lycée de Coconi a subi un cambriolage avant d’être emmené par ses agresseurs et ligoté à un arbre. Il a été retrouvé le lendemain vers 16h, dans un fort état de déshydratation. Ses collègues comptent lui témoigner leur soutien tout au long de la semaine.

Une histoire digne d’un film… Mercredi, 23h. Le secrétaire général du lycée de Coconi se trouve dans son logement SIM de la même commune. Tout à coup, plusieurs individus se présentent chez lui. Le propriétaire des lieux leur ouvre la porte. Le début du cauchemar ! D’abord victime d’un cambriolage, les agresseurs embarquent l’homme dans son propre véhicule avant de le ligoter à un arbre, à Caroni, entre Chirongui et Bouéni. « Pour l’instant, nous avons très peu d’éléments communiquables », annonce dans le week-end le procureur de la République, Camille Miansoni. « Nous en saurons plus en début de semaine, une enquête est en cours. » Peu d’informations donc à se mettre sous la dent. Pour Papa Ahmed Combo, le directeur adjoint de l’établissement scolaire, les assaillants auraient été au nombre de 5. « Ils lui auraient demandé des sous et seraient partis avec sa voiture, direction le Sud. Ils l’auraient forcé à retirer une somme d’argent dans un gabier, fait le plein avec sa carte, et après, ils l’auraient abandonné », témoigne son collègue, la gorge serrée. Ce n’est que le lendemain, vers 16h, qu’un habitant l’aperçoit et prévient la gendarmerie. Un laps de temps interminable pour celui qui est en poste à Mayotte depuis un an. Complètement déshydraté, il est pris en charge par le centre de soins de Mramadoudou avant d’être transféré plus tard dans la journée sur Mamoudzou. « Il se trouvait que ce [jeudi], il avait pris une journée de congés. Son absence n’a donc pas été remarquée très tôt », dévoile Bertand Wybrecht, le directeur de la DAAF (direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt). Visiblement pour accueillir sa femme, de retour sur l’île aux parfums le soir-même.

Touché physiquement et psychologiquement

« Physiquement, il a des marques légères. Psychologiquement par contre, il est très touché », détaille un employé du centre hospitalier de Mayotte. Une analyse partagée par sa hiérarchie qui le définit comme « extrêmement choqué et fatigué ». À ce jour, il est encore trop tôt pour annoncer une date de son retour… « Il faut qu’il se reconstruise et que les forces de l’ordre appréhendent les coupables », ajoute Christophe Bretagne, le directeur du lycée agricole, qui précise que cette terrible mésaventure s’est passée « dans la sphère privée, comme cela aurait pu arriver à n’importe qui d’entre nous ». Une information partagée avec le personnel, lors d’un échange vendredi matin. « Il ne faut pas confondre les deux environnements [professionnel et personnel], même si c’est insupportable ! »

Malgré les circonstances, pas de question de passer cette agression sous silence. Mais « nous ne tenions pas à pénaliser les élèves en fermant le lycée, ne serait-ce qu’une seule journée », confie Christophe Bretagne. Alors pour marquer le coup, « l’ensemble des collègues porteront un brassard noir toute la semaine pour apporter leur soutien et signifier leur mécontentement ». Une manière de protester et de demander des mesures fortes, comme l’explique Papa Ahmed Combo. « Nous souhaiterions que le préfet fasse un geste car d’autres agents de la communauté, dont certains sont des personnes fragiles, habitent dans le lotissement. » En ligne de mire : le renforcement de la sécurité dans le lotissement. Un appel de détresse également adressé au maire de la commune « pour qu’il demande plus de rondes de la gendarmerie dans le quartier ».

Des précédents au sein de l’établissement

Si c’est le ministère de l’Agriculture qui gère le lycée de Coconi, le recteur de l’académie, Gilles Halbout, apporte toute sa solidarité. Lui qui est sujet à de nombreux affrontements à l’intérieur et à l’extérieur de ses enceintes, le poussant à doubler les clôtures, à installer de la vidéoprotection et à renforcer la présence humaine (services civiques et équipes mobiles de sécurité) aux abords des bâtiments. Cet événement rappelle que le corps enseignant ainsi que les établissements scolaires sont la cible privilégiée des « délinquants » ces dernières années. « Un agent de l’exploitation agricole s’était fait agresser par des jets de pierre à la suite de l’intrusion d’une bande », se souvient Bertand Wybrecht. Bis repetita il y a 2 ans lors d’un cambriolage durant lequel « les gardiens avaient été violentés ». Toujours est-il que cette affaire sordide laisse une nouvelle fois le lycée agricole sans secrétaire général, comme ce fut le cas pendant un temps avant l’arrivée de l’actuel. « Il a voulu venir à Mayotte pour participer à [notre] développement », glisse avec une pointe d’émotion Papa Hamed Combo. En espérant que tout cela ne le pousse pas à revenir sur son choix et à quitter définitivement le territoire…

GBH à Mayotte : le protocole de fin de conflit vole déjà en éclat

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Vendredi dernier, les représentants syndicaux et la direction du groupe Bernard Hayot s’attablaient autour du préfet à la Case Rocher pour signer un protocole de fin de conflit après 71 jours de grève. Si toutes les parties semblaient se réjouir d’une telle issue, le retour à la réalité a semble-t-il remis de l’eau dans le gaz. Les salariés ont de nouveaux exercé un débrayage ce jeudi pour soutenir deux de leurs collègues licenciés cette semaine.

La lune de miel entre les salariés et la direction du groupe Bernard Hayot n’aura duré que quelques heures seulement… Allongées à côté d’une file indienne de cadis, à l’ombre d’un soleil déjà au zénith, caissières et boulangères font la grise mine. À peine remises d’une grève longue de 71 jours, ponctuée par une sortie de conflit vendredi dernier, elles remettent le couvert ce jeudi pour « manifester notre mécontentement car la direction n’a pas respecté le protocole ». Visages exténués, malgré les sourires d’apparence, elle prennent conscience que le combat est loin d’être terminé… Au contraire, celui-ci risque bien de repartir de plus bel. L’étincelle de ce revirement de situation ? Un retour à la normale conjugué de « discrimination » et de « licenciements ».

Mardi, six des huit agents des services techniques découvrent avec stupéfaction le changement de la serrure de la porte d’entrée de leur local. Avant de partir en congés, leur supérieur leur ordonne de ramasser les ordures sur le parking et dans les entrepôts jusqu’à son retour en début de semaine prochaine. Face au refus du personnel d’exécuter ces tâches, un premier debrayage s’installe dans la foulée. Mais l’annonce du licenciement de deux salariés – l’un des techniciens et un employé du Score de Petite-Terre – met le feu au poudre dès le lendemain, provoquant de facto un nouveau mouvement social ce jeudi. « Nous nous étions mis d’accord pour reprendre le travail sans représailles aucunes. Mais Monsieur Berlioz n’en fait qu’à sa tête », fustige Boura Attoumani, délégué membre du comité social et économique (CSE). Selon lui, les deux personnes évincées auraient été prises « au hasard juste pour nous faire peur ». Conséquence, « nous avons réuni tous les collègues grévistes pour dire « stop » et soutenir nos collègues », souligne-t-il, dépité. « Nous avons appelé la personne de la Dieccte qui suit notre dossier pour tenter de trouver une solution. »

Deux licenciements et des mises à pied

Du côté de la direction, la version est sensiblement différente ! Pour les cas les plus graves, notamment ceux qui ont été à l’origine d’incendies, ceux qui ont tenu des propos injurieux à l’égard des non-grévistes, et ceux qui ont commis des entraves, il fallait s’attendre à des répercussions. « Nous avons dit qu’il y aurait des licenciements s’il y avait eu des exactions. C’était prévu comme cela, cela a été dit comme cela en présence du préfet », confie-t-on. Pour l’heure, il est encore trop tôt pour connaître le nombre exact de salariés qui risquent d’être mis à la porte. « Sur les sujets disciplinaires, nous avons dit que nous porterions une attention particulière pour que les décisions soient mesurées. Que les salariés ne soient pas satisfaits, nous le comprenons, mais nous n’avons jamais dit autre chose. » Et pour tenter de désamorcer la bombe qui se profile, la hiérarchie précise avoir privilégié les mises à pied. « Nous avons pris l’engagement qu’il n’y aurait pas de nouvelles procédures judiciaires, mais il pourra y avoir des procédures disciplinaires ! »

Deux discours diamétralement opposés qui viennent une nouvelle fois mettre de l’eau dans le gaz alors que les relations semblaient repartir sur de bons rails. « De toute façon, notre chef s’en fout. Il nous a montré à plusieurs reprises qu’il faisait ce qu’il voulait », peste Abdoul, manager dans le groupe. Toutefois, la direction tend à jouer la carte de la transparance. « Quand l’un de nos collaborateurs a été tapé ou blessé par un collègue gréviste, nous ne pouvons pas faire comme si rien ne s’était passé… » Avec une idée en tête : « L’objectif n’est pas de nous séparer de tout le monde mais de rassembler et de retrouver un climat de travail serein. Certains y arrivent, pour d’autres c’est plus difficile. » Visiblement, un point de non-retour a de nouveau été atteint entre les deux parties. Au risque de faire machine arrière et d’envoyer aux oubliettes le protocole signé la semaine dernière ? « Nous sommes prêts à nous remettre en grève. Certes, c’est un sacrifice financier, nous en sommes tous conscients. Mais l’enjeu est beaucoup trop important pour laisser passer cela », met en garde Abdoul. D’ailleurs, une nouvelle grève illimitée pourrait commencer dès aujourd’hui. Pour combien de temps cette fois-ci ?

Avion dérouté : derrière l’incident, l’enjeu de la sécurité aéroportuaire à Mayotte

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Alors que le grève des pompiers de l’aéroport de Mayotte vient tout juste de débuter, un avion d’Air Austral en provenance de Paris a dû dévier en urgence vers La Réunion car les conditions de sécurité n’étaient pas réunies pour l’atterrissage. Une situation qui risque bien de mettre le feu au poudre entre les grévistes et leurs responsables…

À peine 24 heures après le début de la grève illimitée des pompiers, premier couac. Alors qu’il survolait l’aéroport de Dzaoudzi, un avion de la compagnie Air Austral, en provenance de Roissy Charles de Gaulle a dû virer de bord en catastrophe ce jeudi matin, direction La Réunion. En cause : la sécurité qui n’était pas assurée sur la piste, pour permettre l’atterrissage du Dreamliner, avec à son bord plus de 200 passagers. “Nous avons dû dérouter le vol arrivant de Paris en raison de la grève des pompiers et de la détérioration des camions de pompiers ne permettant pas à l’aéroport le niveau de sécurité requis”, souligne Stéphanie Bégert, la directrice de communication d’Air Austral. À la mi-journée, des solutions avaient été trouvées pour les passagers, qui ont finalement pu embarquer dans un nouveau vol pour Mayotte à midi. Ouf !

Mais la nouvelle n’a toutefois pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux, les uns vociférant contre les grévistes, les autres houspillant institutions, aéroport et compagnie aérienne. “Il faut couper la cravate de ceux qui sont responsables pour que les pompiers puissent travailler dans des bonnes conditions”, notait ici un commentateur sur Facebook. “Prions pour que ces passagers arrivent sains et saufs, après on règlera nos comptes”, ajoutait là un autre internaute.

Actes de sabotage

En guise de réglement de compte, la préfecture de Mayotte s’est rapidement fendue d’un communiqué incendiaire, condamnant “les actes de sabotage qui ont compromis la sécurité des vols à Mayotte”. “Selon un mode opératoire qui sera déterminé dans la journée, des individus ont pénétré cette nuit par effraction dans l’enceinte de l’aéroport et ont saboté les véhicules de secours”, ce qui a “empêché les sapeurs pompiers en service de faire sortir les engins indispensables à la sécurité des atterrissages”, peut-on lire. Les équipements ont alors dû être réparés en urgence pour permettre le décollage de quatre évacuations sanitaires. Le préfet “forme le souhait que leurs auteurs soient très durement sanctionnés”. Côté Edeis aussi, on pointe un “sabotage” et la responsabilité des sapeurs-pompiers grévistes, qui “auraient fait une intervention”. “Une enquête en interne avec la gendarmerie de l’aéroport est en cours”, tempère néanmoins Olivier Capiaux, le directeur d’Edeis, l’entreprise gestionnaire.

Niveau 5 de sécurité aéroportuaire

Des accusations qui font monter la moutarde au nez d’Abdallah Bamana, le responsable syndical des sapeurs-pompiers de l’aéroport. “Un sabotage ? Nous ne sommes pas au courant, nous demandons à la préfecture de nous dire quel est ce sabotage”, grogne le soldat du feu. Qui n’hésite pas à renvoyer la balle dans le camp de l’État et d’Edeis. “Monsieur le Préfet, vous mettez tous les jours les passagers de l’aéroport de Mayotte en danger, vous et l’entreprise EDEIS avec l’accord de la GTA (gendarmerie des transports aériens) et la DGAC (direction générale de l’aviation civile)”, vise sans détour la section syndicale des sapeurs-pompiers de l’aéroport de Mayotte sur sa page Facebook. “Nos hommes sont en mouvement social depuis hier, et ils n’ont pas accès à l’aéroport en dehors des horaires de garde”, rappelle Abdallah Bamana.

Service minimum oblige, ils sont toutefois deux pompiers à continuer à exercer leur mission de sécurité avec un seul des trois camions opérationnels du SSLIA, malgré la grève illimitée lancée mercredi. Or ce service minimum remplit les critères du niveau 5 de sécurité aéroportuaire. Un chiffre bien inférieur au niveau requis pour permettre aux gros porteurs d’Air Austral d’atterrir sur le tarmac. “Nous les avons avertis depuis hier soir que seul le niveau 5 serait garanti, ils ont fait le choix de venir malgré tout”, dénonce le syndicaliste.

La sécurité, fer de lance des pompiers

Quoi qu’il en soit, cet incident fait écho selon lui aux revendications des sapeurs-pompiers. Outre la reconduite de la convention entre gestionnaire de l’aéroport de Mayotte EDEIS et le service départemental d’incendie et de secours (SDIS) qui se termine fin décembre, sorte d’épée de Damoclès qui menace leurs postes, c’est bien le manque de moyens pour assurer la sécurité que pointent du doigt les grévistes. S’ils ont bien obtenu un nouveau camion en août, ils attendent encore des moyens nautiques indispensables pour le sauvetage maritime. En attendant qu’ils soient entendus, d’autres incidents du même type pourraient bien survenir. “Tant que le mouvement social se poursuivra, il n’y aura que du niveau 5 à l’aéroport”, met en garde Abdallah Bamana. Prêt pour le bras de fer…

La contraception à Mayotte, un droit pour toutes les femmes… en théorie

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Le camion du réseau périnatal de Mayotte a élu domicile dans le village de Koungou ce jeudi 1er octobre. L’objectif était de sensibiliser les femmes sur la contraception et la santé sexuelle en gé-néral. L’antenne mobile du réseau est ouverte à tous, mais le public qui s’y rend est toujours le même.

Elles sont venues en groupe ou seules, mais elles sont venues. Les femmes du village de Koungou n’ont pas hésité à se rapprocher du camion blanc du réseau périnatal de Mayotte (Répéma) posté devant la bibliothèque. La sage-femme et l’accompagnatrice vont recevoir des patientes tout au long de la journée. Des femmes qui ont des doutes, qui ont besoin de conseil ou d’une consulta-tion médicale gratuite. L’antenne mobile a pour objectif d’orienter et de sensibiliser sur la santé sexuelle, notamment les moyens de contraception. Celles qui se présentent sont dans la grande majorité éloignées du système de santé. “Nous constatons qu’il y a beaucoup de personnes qui pourraient bénéficier d’un suivi gynécologique, mais elles ne le font pas ou peu”, déclare Anne-So-phie Bonnin, sage-femme présente ce jour là. Il s’agit en réalité de femmes en situation irrégulière sur le territoire, qui n’osent pas sortir. Par conséquent, elles sont mal informées ou pas informées du tout sur les moyens de contraception.

Les antennes mobiles du Répéma luttent contre ces fausses informations et orientent celles qui le nécessitent vers les professionnels de santé. “Nous ne sommes pas là pour remplacer les structures de soin qui existent déjà dans les villages. Nous sommes vraiment là pour raccrocher les gens à des parcours de soin”, rappelle Anne-Sophie Bonnin. Cette dernière n’hésite cependant pas à recevoir en consultation les femmes à l’arrière du camion aménagé comme dans un cabinet médical. Et elle prend son temps avec chaque patiente. “Je passe trois quarts d’heure généralement avec chaque femme. Je peux regarder les seins et leur apprendre à les palper. Je regarde ce qu’elles ont si elles ont mal au ventre, c’est une vraie consultation.” La sage-femme va même au-delà de ses fonctions. Elle conseille les femmes qui viennent pour un mal de genou, des problèmes de poids, ou encore de vue. Ses collègues et elles vont même jusqu’à prendre les rendez-vous chez les professionnels de santé, pour ces femmes.

Les jeunes filles se font discrètes

Durant les déplacements de l’antenne mobile du Répéma, les professionnels ont constaté que les jeunes filles manquent à l’appel. Les femmes qui se présentent sont celles qui ont une vie sexuelle reconnue par la société, autrement dit des femmes mariées. La contraception chez les filles non mariées est encore tabou à Mayotte puisqu’elles ne sont pas censées avoir de relations sexuelles avant d’avoir un mari. “Il faut voir la réalité en face. Nous voyons bien avec les chiffres des IVG que les jeunes ont des rapports sexuels. Il va donc falloir discuter dans les familles, les parents doivent prendre ces choses très au sérieux”, recommande Anne-Sophie Bonnin. Il existe cependant d’autres moyens pour sensibiliser les jeunes filles. “À l’occasion des interventions en groupe, nous pouvons faire passer le message auprès des jeunes filles, contrairement aux consultations individuelles. Nous communiquons aussi beaucoup sur les réseaux sociaux”, indique Zaina Malidi, la directrice du réseau périnatal de Mayotte.

Les hommes font également partie des grands absents quand on parle de contraception. Lors de ces journées de prévention, très peu d’entre eux se sentent concernés. Et ceux qui viennent n’ont qu’une seule idée en tête. “Ils ont là pour nous demander des préservatifs”, sourit Zaina Malidi. Et Anne-Sophie Bonnin d’ajouter : “Il faut que les parents éduquent également leurs garçons à la sexualité.” Dans une société où le sexe est encore très tabou, le combat est loin d’être gagné.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes