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Exposition Made in Mayotte 2020 : Véronique, encadreuse reconvertie

Du 7 au 19 décembre 2020, 13 producteurs et artisans proposent le fruit de leur travail lors d’une exposition au comité du tourisme de Mayotte. À cette occasion, Flash Infos vous propose cette semaine des portraits de ces acteurs qui font vivre l’artisanat local. Aujourd’hui, Véronique, ancienne encadreuse qui a décidé de revenir à sa passion première : la couture.

“Ah, ça, la couture, on peut dire que ça me connaît ! Pour vous dire, je pense que la machine faisait un peu partie des jouets, à la maison”, lance Véronique Rambouillet les yeux écarquillés derrière ses lunettes rondes. Entre deux coups d’aiguille sur ses petites marionnettes, la gérante de Cadre en folie s’interrompt un instant, pour remonter le fil. “J’estime peut-être à huit ans le jour où j’ai commencé à coudre”, raconte-t-elle, en faisant osciller ses boucles d’oreille en forme de machines miniatures.

C’est donc “assez naturellement”, que sa petite entreprise a bifurqué il y a quelques années, vers la confection de peluches, jouets pour enfants et autres bibelots en wax. Une histoire cousue de fil blanc ? Pas vraiment. Présente sur le territoire depuis déjà vingt ans, Cadre en folie avait en effet commencé sur un tout autre crédo : l’encadrement. Un secteur de niche à Mayotte malgré les expositions de peintres comme Marcel ou Gilles Renaud auxquelles la professionnelle a pu participer au gré de son activité.

Le glas de l’activité

Mais en 2010-2012, la crise passe par là. Peu à peu la demande se fait rare, et les quelques peintres de l’île ne suffisent pas à remplir les caisses. “Lorsque le seul vitrier de l’île a cessé d’encadrer sur place, cela a sonné le glas de l’activité. Heureusement pour moi, j’avais cette deuxième corde à mon arc !”, rembobine la couturière. En plus de ses fabrications, Véronique propose aujourd’hui des cours pour adultes dans son petit atelier à la résidence Créole à Mamoudzou. Pour une centaine d’euros, chacun peut y apprendre à coudre ses propres doudous, patchwork ou tote-bags en tissu.

Le wax en folie

Et pour les moins patients, Cadre en folie écoule ses confections artisanales tous les mois au marché de Coconi, ou dans la boutique SMO Cosmétique qu’elle partage avec son mari. Et aussi pendant ces deux semaines au comité du tourisme, à l’occasion de l’exposition Made in Mayotte. Une opportunité à laquelle l’artisane a accepté de participer avec plaisir, à l’appel de Marlène Fraytag, la coordinatrice de l’événement. “Marlène nous a embarqués, et c’est une bonne manière d’écouler les stocks !” Surtout à l’approche des fêtes. Impossible de louper son stand coloré, tant le wax décliné en éponges zéro-déchets, marionnettes, ou bracelets attire le regard. “Je travaille beaucoup ce tissu, j’adore les couleurs, donc je le décline sur toutes mes gammes de produit”, glisse Véronique, en montrant ses pièces. Une reconversion réussie !

Maore Solidaire, un projet commun pour réussir le développement de Mayotte

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Le nouveau parti d’Anchya Bamana, nommé “Maore Solidaire”,  a fait son entrée sur la scène politique le dimanche le 6 décembre. Il rassemble déjà une soixantaine d’adhérents issus de tous bords politiques. Leur objectif est de mettre les chamailleries politiciennes au second plan afin de s’intéresser aux problèmes et enjeux de Mayotte.

Coïncidence ou riposte d’une femme déchue ? La création du nouveau parti politique d’Anchya Bamana est déjà au centre de toutes les spéculations. L’annonce, faite seulement quelques jours après l’exclusion de l’ancienne maire de Sada des Républicains, porte à croire qu’il s’agit là d’une vengeance. Des accusations réfutées par la principale concernée. “Cette réflexion ne date pas d’aujourd’hui. Mes collègues et moi étions déjà en réflexion depuis trois mois parce que j’ai constaté pendant des années que cela ne fonctionnait plus au sein des partis. Ils ne sont pas solidaires. J’ai appris mon exclusion dans les médias, indique la désormais présidente du nouveau parti Maore Solidaire.

La principale raison qui l’a poussée à penser la politique autrement est l’actuel fonctionnement des partis politiques qui s’allient uniquement lors des campagnes électorales. “Nous se chamaillons de part nos étiquettes politiques et nous oublions l’action qu’on doit mener au sein du peuple. C’est quelque chose qui doit fondamentalement changer. C’est la raison pour laquelle nous entamons cette nouvelle aventure, même si je suis consciente que ça ne va pas être facile.” Et pour y arriver, Anchya Bamana souhaite que Maore Solidaire soit présent sur toute l’île. Pour cela, elle devra s’entourer de personnes qui ne sont pas du même bord politique qu’elle afin de mener à bien un projet commun pour le développement de Mayotte. “Nous partons d’un document référant qui est le rapport de la chambre régionale des comptes de janvier 2016. Il fait un diagnostique de Mayotte 5 ans après la départementalisation. Ce document nous aidera à apporter des réponses aux problématiques du territoire et des Mahorais”, selon Anchya Bamana.

“Ce n’est pas le parti des déçus ou des gens qui ont été rejetés ailleurs”

L’ancienne membre des LR ne cache pas sa tendance politique qui est plutôt à droite. Mais elle est consciente qu’elle devra s’ouvrir aux autres pensées pour atteindre ses objectifs. Parmi les membres de Maore Solidaire, des personnalités de gauche ont fait le choix d’embrasser les idées d’Anchya Bamana. “J’ai été membre du parti socialiste, mais je pense que la collaboration avec elle peut fonctionner car [elle] incarne des valeurs que je partage. Elle croit beaucoup à l’intérêt général. Elle n’est pas là pour piétiner les autres afin d’arriver à ses fins”, estime Mlaili Condro, secrétaire général de Maore Solidaire.

Même son de cloche pour Aida Houlame, ancienne candidate aux élections départementales en 2014. Elle pointe du doigt le comportement de certains chefs de file politiques qui, selon elle, ne laissent pas de seconde chance aux élus. “Depuis deux ou trois mandats, je me suis rendue compte qu’il y a un dégagisme perpétuel qui se fait dans tout Mayotte par des leaders de partis. Ils n’ont pas saisi les enjeux et les défis que nous devons relever pour réussir le développement de Mayotte. Nous avons besoin de renouveler les compétences pour faire avancer l’île”, explique-t-elle. Pour rappel, Aida Houlame a également travaillé avec Anchya Bamana lors de sa mandature, et elle croit réellement aux capacités de ce nouveau parti.

Difficile de faire autrement lorsque l’on a été déçue par la politique dite ancienne. Pourtant, le secrétaire général de Maore Solidaire n’accepte pas cette étiquette qui leur colle déjà à la peau. “Ce n’est pas le parti des déçus ou des gens qui ont été rejetés ailleurs. Nous sommes nombreux à ne pas avoir d’adhésion”, clame-t-il. Cette image pourrait être oubliée s’ils réussissent là où tout le monde à échouer ou presque.

 

Exposition Made in Mayotte 2020 : Juliette B., céramiste en herbe

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Du 7 au 19 décembre 2020, 13 producteurs et artisans proposent le fruit de leur travail lors d’une exposition au comité du tourisme de Mayotte. À cette occasion, Flash Infos vous propose cette semaine des portraits de ces acteurs qui font vivre l’artisanat local. Aujourd’hui, Juliette B., jeune céramiste tout juste reconvertie.

Avec son tablier tâché d’une reconnaissable couleur rouge orangée, Juliette B. a tout d’une pro. Pourtant, la jeune céramiste est la petite dernière du collectif. Anciennement employée au ministère de l’Agriculture, cette habitante de Mayotte a décidé de lancer son activité en janvier dernier. Une reconversion professionnelle indispensable, pour enfin vivre cette passion, découverte il y a déjà huit ans. “J’aimais beaucoup mon métier, mais il avait fini par prendre le pas sur le reste. Or, la poterie demande du temps”, sourit l’artisane, visiblement épanouie derrière sa tournette de table.

La première porcelaine made in Mayotte

Et du temps, Juliette en aura eu ! Peut-être même un peu trop, en cette période de crise sanitaire… “Quand j’étais prête pour mon premier marché, nous étions à la mi-mars”, s’amuse-t-elle aujourd’hui. La tuile ! Mais l’entrepreneure ne s’est pas dégonflée pour autant. “Ces deux mois m’ont permis de créer, et à la sortie du confinement, j’ai commencé à donner des cours”, retrace-t-elle. Puis elle file passer son CAP en septembre, tout en avançant ses recherches personnelles. Son rêve ? Façonner la première porcelaine mahoraise. “À Mayotte, on trouve notamment du kaolin, utilisé ici pour ses vertus médicinales. Mais en réalité, c’est l’une des argiles les plus pures, c’est la base de la porcelaine”, s’illumine-t-elle comme un nacrier face à une perle rare.

Tester les terres locales

Outre cette pépite, ce sont aussi le basalt ou les terres rouges riches en fer de Mayotte qui attisent la curiosité de cette artiste de la poterie. Même si pour l’instant, la jeune femme en est réduite à importer sa matière première, faute d’une offre de fabrication sur place. Ou bien à tenter deux trois expériences à la seule force de son bras et d’un marteau… “Ici, on a l’argile local traditionnel qui est utilisé à Sohoa : c’est de la terre mélangée à du sable noir dégraissant”, décrit-elle. “J’ai fait quelques essais sur ce mélange, mais l’argile présente des défauts.”

Un travail d’orfèvre

Difficile, dès lors, de décliner ses gammes de bols personnalisés, façon Bretonne, ou ses noix de coco modelées en verre à cocktail. “L’objectif reste d’obtenir une qualité constante.” Tout un art en effet ! Et aussi un bon sens du thermostat. Car chaque terre réagit différemment à la cuisson, étape indispensable pour solidifier définitivement les objets sculptés. Après un premier travail de façonnage pour obtenir la forme souhaitée, puis d’émaillage pour la décoration, le tout passe dans un four spécial. Et là, l’aiguille s’affole ! Il faut ainsi entre 980 et 1.040 degrés pour la première cuisson. Puis à nouveau entre 980 et 1.280 degrés pour une deuxième fournée. Et gare à la bourde. “Une fois, pendant mes recherches en octobre, une personne a un peu trop cuit des pièces… Ça a fini en magma !”, se souvient Juliette.

Pas d’inquiétude, toutefois. Car dans son petit garage de M’Tsapéré, l’artisane veille au grain sur ses jolies poteries. Un travail d’orfèvre qui se constate par la finesse du trait, sur ses créations exposées en ce moment dans le hall du comité du tourisme. Pour quelques dizaines d’euros, vous pouvez vous offrir un bol à votre nom, ou encore une tasse d’inspiration locale. Sur le petit étal, salouvas, tortues ou baobabs sont ainsi à l’honneur. À quand l’inspiration volcan ?

 

Le Polé dérouté en raison d’une pluie de cailloux à Mamoudzou

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Ce lundi 7 décembre, la première barge en provenance de Petite-Terre a dû être déroutée lors de son arrivée à l’embarcadère de Mamoudzou. Une bande de jeunes a caillassé le navire et ses passagers, provoquant la blessure d’une mineure. Cet incident a provoqué plusieurs bouchons durant une bonne partie de la matinée. Le service de transport maritime a demandé des renforts policiers sur les deux quais pour le reste de la semaine. Requête acceptée par la préfecture pour une durée indéterminée.

« Ces violences sont inadmissibles. Les passagers n’ont pas à se trouver otages de ces guerres de tranchées. » Des mots durs prononcés par le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, en réponse au caillassage subi par le navire Polé, ce lundi 7 décembre, lors de son amarrage à Mamoudzou. Prêts à débarquer sur Grande-Terre vers 5h50, les usagers voient alors une pluie de cailloux s’abattre sur le navire depuis l’extérieur de la gare, à proximité du restaurant le 5/5. Prioritaire, une voiture médicalisée n’a même pas le temps de s’engager sur la terre ferme. En à peine quelques secondes, le commandant de bord décide de remonter la rampe et de dérouter la barge en direction du quai Ballou. « Une fillette a été blessée par les projectiles et a été prise en charge à Dzaoudzi », annonce un cadre du service des transports maritimes, qui tient à féliciter la réaction instinctive de son pilote.

Un match de football comme étincelle

Ce nouvel incident ferait suite à une rencontre officielle de football, jouée la veille en début d’après-midi, entre les U18 de l’USC Labattoir et ceux du club Wana Simba de Mamoudzou. Une demi-finale de Coupe de Mayotte qui a vu les Labattoiriens l’emporter 3 à 0, mais qui a tourné au règlement de compte. « Déjà tout le long du match, la trentaine de jeunes dehors menaçait nos joueurs. Ils ont joué la peur au ventre, ils étaient terrorisés. Les remplaçants n’avaient même pas la force d’entrer en jeu », témoigne le coach du Wana Simba. 

À l’issue de la confrontation, à peine les sportifs prennent-ils place dans leur bus situé sur le parking du stade que les délinquants mettent leurs menaces à exécution, en entourant le véhicule et en le bombardant de pierres. « Nous avons senti que ça allait tourner au vinaigre et avons tenté de parler avec certains d’entre eux, mais nous n’avons rien pu faire. Nous n’étions que trois membres du club et eux, trop nombreux pour être apaisés par nos paroles », se remémore un dirigeant de l’USC Labattoir.

Saturation du trafic

Match retour le lendemain, avec ce qui ressemble à des représailles, même si « judiciairement parlant, nous n’avons aucune preuve », relate la gendarmerie. Prévenue, la police nationale se rend immédiatement sur les lieux et provoque la dispersion des jeunes, venus en découdre avec les Petits-Terriens. Du côté des militaires, le colonel envoie une unité de six gendarmes positionnée à proximité du siège de la collectivité, dans l’attente de son départ pour l’opération de destruction d’habitats illégaux à Dembéni. Quant à la présence de plusieurs équipes mobiles dans le Karihani, qui devait accoster peu après son départ initialement prévu à 6h, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une « coïncidence ». 

Si la tension redescend rapidement d’un cran grâce à l’intervention des forces de l’ordre, le réseau maritime se retrouve complètement désorganisé pendant plusieurs heures. « Les deux bateaux sont arrivés au même moment à Mamoudzou, peu après 6h30 », explique-t-on chez STM. « Nous avons pris une heure de retard alors que nous nous trouvions en pleine heure de pointe. » Synonyme de saturation du trafic, notamment pour les véhicules pris en tenaille dans des bouchons sans fin. « Nous avons eu une queue beaucoup plus longue qu’à l’accoutumée. » Le retour à la normale n’intervient finalement qu’aux alentours de 9h. 

Dans l’après-midi, le STM demande sans tarder des renforts policiers au préfet pendant les créneaux matinaux sur les deux quais durant toute cette semaine, dans le but d’éviter de mauvaises surprises et d’assurer la sûreté des passagers à leur sortie. « Les agents de sécurité à terre sont tenus de se barricader et de verrouiller les portails pour limiter les intrusions, ils ne sont pas la force publique », argumente le service spécifique du Département. Requête acceptée par la préfecture, pour une durée indéterminée. Reste à savoir si ces patrouilles suffiront à apaiser les tensions entre ces bandes rivales… « Des jeunes qui préméditent leurs actions et qui se donnent rendez-vous pour régler leur compte à la sortie de la barge, c’est une première ! » 

Exposition Made in Mayotte 2020 : 13 artisans à l’honneur avant les fêtes

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Du 7 au 19 décembre 2020, le Comité départemental du tourisme accueille 13 producteurs et artisans locaux pour mettre en valeur leurs produits. Un projet collectif qui vient en complément du marché de Coconi… et permet de se serrer les coudes, après une année chamboulée par la crise sanitaire.

Des bougies parfumées, du bois d’ylang-ylang en stylos bille ou à plume, des poteries en argile… Ce lundi débute la septième édition de l’exposition Made in Mayotte. Pendant quinze jours, 13 structures, entreprises ou associations, présentent leurs produits artisanaux aux visiteurs dans le hall du Comité départemental du tourisme de Mayotte. L’occasion de partir à la chasse aux cadeaux de Noël… mais aussi et surtout de valoriser cette activité locale, souvent méconnue du grand public.

“La plupart d’entre nous travaille un peu caché, dans son atelier, au fond de son jardin”, témoigne Marlène Fraytag, la coordinatrice de l’événement. La gérante de Touch’du Bois s’est elle-même arrangé un petit coin dans sa maison, à Tsingoni, pour fabriquer ses objets en bois. Et cela fait trois ans que l’artisane a décidé de se retrousser les manches pour mettre en place cette rencontre, en partenariat avec le Comité du tourisme.

Un projet collectif

Environ deux fois par an, la quinzaine d’artisans se retrouve donc pour ce rendez-vous devenu incontournable, à des moments clés comme les fêtes de Noël ou les vacances. “À la base, nous nous voyions une fois par mois au marché de Coconi, puis plus rien”, déroule l’organisatrice. “Le fait de s’organiser collectivement et de faire cette exposition, cela nous permet aussi de mieux nous faire connaître”, explique-t-elle. Une façon aussi de se serrer les coudes entre petites mains, car “il y a les moments où ça cartonne, et les autres, où c’est plus compliqué, nous le vivons tous”, décrit Marlène Fraytag. La crise sanitaire aura fait partie de ceux-là…

À la recherche de l’artisanat local

Alors cette boutique éphémère, en plein centre de Mamoudzou, c’est aussi un moment stratégique. Et un petit complément du marché de Coconi, pour ceux qui auraient loupé le coche ce samedi. Le plus ? La variété des produits proposés, issus du travail des agriculteurs comme des artisans. Ici, de la vanille de Mayotte, là du sel de Bandrélé, au fond, des peluches en tissu wax ou des bougies aux parfums de l’île. Il y en a pour tous les goûts ! De quoi séduire une niche d’acheteurs avisés. “Les éditions précédentes avaient connu un réel succès, nous sentons qu’il y a une demande pour de l’artisanat local”, poursuit la spécialiste. Sur les deux semaines, deux journées phares sont prévues, le samedi 12 décembre avec l’intervention de l’exploitation agricole Avice, qui présentera son riz padzi ou ses zestes combava ; et le samedi 19 décembre pour la clôture de l’exposition. Au programme : le traiteur LC proposera alors ses foies gras faits maisons. Miam !

À la rencontre de vos artisans

Du 7 au 19 décembre 2020 au CDTM de 8h à 17h du lundi au vendredi, de 9h à 15h30 le samedi, retrouvez tous les produits des artisans :

  1. Es Distribution, magasin de souvenirs de Mayotte 
  2. Cadre en folie, artisane couturière
  3. SMO Cosmétique, fabricant de savons artisanaux
  4. Lodo Factory, association artisanale de fabrication de bijoux en graines, coco, capsules de canette
  5. Plan B Couture, artisane couturière
  6. Terre de Rose, réalisation de bougies, savons
  7. Saveurs et Senteurs de Mayotte, association de producteurs transformateurs agro-alimentaires, avec la vanille des producteurs de Mayotte, les épices du Jardin d’Imany, et le café et le cacao de l’association Le Banga Cacao.
  8. Bambous Coco, artisan du bois, marqueterie sur M’bouyou
  9. Céramique Mayotte, artisane céramiste
  10. Le Terroir de Mayotte, fabricant de produits agro-alimentaires de Mayotte
  11. Atelier Aiyam, fabrication artisanale de bijoux uniques en pâte fimo
  12. YlangCréations, artisane couturière pour accessoires enfant, nourrissons
  13. Touch’du Bois, artisane, réalisation d’objets en bois de Mayotte, stylos

Les différents services aux familles rénovés pour faciliter la vie des Mahorais

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La signature du deuxième schéma départemental des services aux familles de Mayotte a eu lieu ce lundi 7 décembre au lycée des Lumières. La CSSM, le conseil départemental, le rectorat, l’État, l’association des maires et l’UDAF se sont engagés à améliorer la vie des familles mahoraises à travers six axes, parmi lesquels, la petite enfance, l’accès aux droits, ou encore la parentalité.

Structurer ou améliorer les différents services destinés aux familles, tel est l’objectif du deuxième schéma départemental des services aux familles (SDSF) de Mayotte. Un chantier titanesque résumé en six axes prioritaires : la petite enfance, la jeunesse, la parentalité, l’animation de la vie sociale, l’accès aux droits, ainsi que des formations professionnelles dans tous ces domaines cités. Le but de ces actions ? Réduire les inégalités territoriales et sociales. À Mayotte cela consiste particulièrement à “doter le territoire des services publiques qui permettent un développement sociale, équitable et coordonné”, précise Ymane Alihamidi-Chanfi, directrice générale de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte. Et cela commence par la petite enfance où il reste encore beaucoup à faire. Le manque criant de crèches sur l’île reste un réel problème pour l’organisation de la vie de famille. Il n’existe actuellement que 273 places. Un chiffre bien en deçà de la demande. Ce deuxième SDSF a pour ambition d’arriver à 450 d’ici deux ans.

Un effort conséquent sera également consacré à la jeunesse. “Il faut créer de nouveaux points d’informations pour les jeunes, il faut créer des lieux d’accueil, il faut structurer Mayotte pour que les jeunes aient des repères”, indique le préfet de Mayotte. Et pour cela, les communes doivent s’investir davantage, via la l’aménagement d’offices municipaux de la jeunesse, des sports et de la culture. Prendre en charge les jeunes est une chose, mais accompagner les parents qui rencontrent des difficultés avec leurs adolescents en est une autre. Eux aussi ont besoin d’être suivis. “Il ne faut pas les laisser seuls. Soutenons les parents, notamment avec des maisons de familles”, précise Jean-François Colombet. Ce dernier souhaite que tous les axes évoqués dans ce schéma soient établis et effectifs à la fin de l’année 2022.

Un schéma confronté aux différentes carences de Mayotte

Ce deuxième schéma départemental des services aux familles de Mayotte met aussi un accent sur la formation dans les différents domaines liés de près ou de loin à la famille, car le manque de professionnels qualifiés est un frein à l’aboutissement des projets. En première ligne : le secteur de la petite enfance, particulièrement touché. “Le problème que rencontrent les crèches est le recrutement du personnel qualifié parce que la loi est très stricte. Nous ne pouvons pas accepter l’ouverture d’une crèche si les règles ne sont pas respectées”, rappelle Alain Prual, le directeur de la PMI au sein de la collectivité. Autre problématique : les salaires proposés ne sont pas assez attractifs pour les quelques professionnels qui pourraient exercer sur le territoire. Ils préfèrent donc travailler ailleurs ou se reconvertir. La formation d’assistantes maternelles agrées à Mayotte est donc un enjeu crucial pour ce SDSF. Pour le moment, elles sont au nombre de 19 dans le 101ème département. L’objectif est d’en former 500 par an à Mayotte, à compter de l’année prochaine. Idem pour les éducateurs ou animateurs diplômés, dont le rôle à l’égard des jeunes s’avère primordial aux yeux de la direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale de Mayotte. 

Le manque de locaux pour accueillir les jeunes et les parents est aussi pointé du doigt par le président du collectif des parents d’élèves de la commune de Koungou. “Il y a beaucoup d’enfants à prendre en charge, mais nous n’avons pas d’endroit où les mettre”, dénonce-t-il. Les signataires de la nouvelle convention schéma départemental des services aux familles de Mayotte s’appuient également sur les communes pour trouver ces espaces qui manquent tant. Dans l’espoir que ces lieux d’accueil diminuent la violence juvénile sur l’île.

Lutte contre le VIH à Mayotte : “Le Sida, ça ne pouvait pas tomber sur moi”

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Aujourd’hui âgée d’une cinquantaine d’années, Asma*, mère de trois enfants, a découvert sa séropositivité alors qu’elle n’avait pas 25 ans. Elle est devenue, de fait, l’un des premiers patients atteints du VIH à Mayotte. Pour elle, la maladie était réservée aux personnes aux mœurs que nombreux désigneraient comme légères. Mais sa première prise de risque a été celle de trop. Elle raconte. 

De son histoire, Asma* n’en livrera que les grandes lignes. Cette mère de famille a été dépistée séropositive 25 ans plus tôt et pourtant, aujourd’hui encore, elle tait sa maladie à la plupart de ses proches. “Pour moi, le VIH, ça n’arrivait qu’aux gens qui faisaient des bêtises”, souffle-t-elle. “J’étais vierge avant de rencontrer mon mari et je ne me suis jamais droguée. Ça ne pouvait pas tomber sur moi, je n’avais même pas eu le temps de goûter tout ce que la vie avait à me donner…”

À l’aube de sa vingtaine et au lendemain de son mariage et de son premier accouchement, un médecin conseille vivement à Asma de se faire dépister du VIH. En cause : son mari, malade, et évacué à La Réunion pour y suivre une batterie de tests sérologiques, vient de découvrir sa séropositivité. Pourtant, l’examen de la jeune mère, lui, s’avère être négatif. “On m’a conseillé de me refaire dépister quelques mois plus tard”, se souvient-elle. Finalement, la réponse tombe comme un couperet : elle n’a pas 25 ans, et Asma découvre qu’elle est porteuse du VIH. 

S’habituer à vivre avec le VIH

“J’étais tellement choquée d’apprendre la nouvelle que les mois qui ont suivi, j’ai refait plusieurs tests en changeant mon prénom pour vérifier les résultats. Je n’arrivais pas à l’accepter.” Pourtant, sa prise en charge médicale s’organise immédiatement. “J’ai été suivie par un médecin du CHM de Mamoudzou dès le début, j’ai été bien accompagnée”, reconnaît la désormais quinquagénaire.

Les premiers mois sont, pour elle, les plus difficiles à passer. Plusieurs traitements successifs lui sont prescrits, afin de déterminer celui qui se révèle être le plus efficace sur son organisme. “J’ai dû prendre beaucoup de comprimés par jour, parfois jusqu’à six ou huit avant de me coucher.” Asma perd le sommeil, l’appétit. Mais si elle ne s’alimente pas correctement, son médecin peut lui demander d’interrompre son traitement. Alors pas question d’abandonner. Et ses efforts payent. “Aujourd’hui, on a trouvé ce qui fonctionne sur moi, je n’ai plus de symptômes et j’ai même l’impression de vivre normalement”, sourit-elle. 

Petit à petit, la vie d’Asma reprend son cours. Elle et son conjoint décident même d’avoir un deuxième enfant, puis un troisième. “Mes grossesses ont été très suivies, mes enfants ont été dépistés et nous savons qu’ils vont bien, ils n’ont pas le VIH.” Aujourd’hui, une prise en charge dès la grossesse permet de réduire considérablement le risque de transmission de la mère à l’enfant : en France, moins de 1% des enfants nés de parents séropositifs sont porteurs du virus. À condition que celui-ci soit dépisté à temps chez celui et celle qui lui donneront la vie. “Mais depuis, je n’ai pas eu d’autres enfants, parce que la peur est toujours là”, reprend Asma, dont la charge virale n’est, à ce jour, pas devenue indétectable. “J’ai espoir qu’un jour ça soit le cas, ça peut toujours arriver. Mais moi, je ne me sens plus malade.”

À quelques exceptions près. Les premières années qui ont suivies son dépistage, la jeune femme garde le silence. Parce que nombreux, encore, sont les clichés qui entourent le VIH et les personnes qui vivent avec. Au bout de dix ans, elle “craque”, lorsque son père, gravement malade, menace de mourir. “J’ai porté ce fardeau pendant trop longtemps, je n’arrivais plus à le porter.” Elle le met dans la confidence, puis en parle à sa sœur. Et les premières réactions ne se font pas attendre. “On m’a dit que je mentais, on m’a demandé de montrer des tests, des ordonnances à mon nom pour prouver que c’était vrai. Personne ne comprenait que ça puisse tomber sur moi.” Finalement, la nouvelle fait son chemin dans l’entourage d’Asma. Bien que nombre de ses amis et membres de sa famille ignorent encore qu’elle est l’un des premiers cas de séropositivité à travers l’île.

* Le prénom a été modifié

Retrouvez gratuitement l’intégralité de notre dossier sur le Sida dans le dernier numéro de Mayotte Hebdo, disponible sur notre site. 

Des dépistages rapides, gratuits et anonymes 

Des dépistages de toutes les infections sexuellement transmissibles gratuits et anonymes – donc ouverts à tous les publics – sont proposés au CHM. Nariké M’sada propose également des dépistages rapides, également gratuits et anonymes, du VIH uniquement, dans ses locaux à Cavani. Ils peuvent être réalisés sans rendez-vous les lundis et mercredis (de 14h à 17h) et les samedis de 9h à 12h. Il est également possible de prendre rendez-vous en dehors de ces créneaux au 0269 62 69 73. Enfin, il est toujours possible de se faire dépister au laboratoire privé, avec une ordonnance. 

Un bus de dépistages bientôt sur les routes 

« Un programme de santé publique au service de la population de Mayotte ». D’ici avril 2021, Nariké M’Sada et ses partenaires, dont les laboratoires et le CHM, devraient mettre en service le « Bus prévention santé ». Ce centre de dépistage mobile tout équipé sillonnera toute l’île et permettra ainsi de faire reculer les inégalités liées aux déplacements et à l’éloignement des structures compétentes, le plus souvent situées à Mamoudzou. Le personnel médical à bord mènera ainsi des opérations de prévention et sensibilisation auprès d’un public le plus large possible. « Les dépistages proposés seront gratuits, anonymes et ouverts à tous, il n’y aura aucun profil prioritaire », commente Moncef Mouhoudhoire, directeur de Nariké M’Sada. Par souci de discrétion et de lutte contre la stigmatisation, le bus ne sera pas floqué aux couleurs de la lutte contre le Sida. Il sera possible d’y réaliser d’autres dépistages, comme celui du diabète ou du cancer infantile. 

La création de la compagnie Zéna, un long voyage turbulent

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Régis et Julien Novou, deux frères dotés d’une solide expérience dans l’aéronautique, ont pour ambition de créer la compagnie aérienne Zéna d’ici l’été prochaion. Un projet viable qui n’a pas été un voyage tranquille, en raison de turbulences au sein du Département, à l’initiative de l’idée. Récit de deux années agitées.

Tout commence avec le départ de Corsair de Mayotte en 2018. Désireux de maintenir une concurrence aérienne face au monopole réunionnais sur le territoire, le Département fait appel à Julien Novou, dans le milieu aéronautique depuis une douzaine d’années, pour envisager l’implantation d’un autre opérateur sur l’île. Son frère Régis, en poste en Guadeloupe chez Air Antilles, se charge de cette mission de l’autre côté de l’Atlantique. Mais les approches se révèlent infructueuses. Ni Air Caraïbes ni French Bee ne répondent favorablement à la requête. La première « n’avait pas vocation à venir dans l’océan Indien » tandis que la seconde « ne pouvait pas faire demi-tour en bout de piste ». Face à ces refus, la collectivité décide de changer son fusil d’épaule et réfléchit à à la possibilité de créer sa propre compagnie en février 2019.

Un business plan primaire, limité aux coûts et aux recettes, sort illico presto. Verdict : il faut injecter 10 millions d’euros dans le capital de départ pour que cette option soit envisageable. « Mon frère m’a dit qu’il pouvait en réunir 20 », rembobine l’ancien responsable désigné des opérations sol, qui pousse de facto l’analyse en choisissant un type d’avion et réalise une étude de performance sur 3 ans, semaine par semaine. « Nous nous sommes rendu compte que nous pouvions être beaucoup plus agressif que la concurrence et gagner de l’argent. » Une synthèse détaillée tout simplement adoubée par le bureau d’études d’Airbus, « bluffé par nos chiffres ». Rien que cela. Le feu vert du Département en poche, la fratrie se rapproche du cabinet de Marc Rochet, Aérogestion, pour être épaulée dans l’optique d’obtenir le fameux certificat de transporteur aérien. « Il est impossible de bricoler dans l’aérien, tout doit être droit et carré. On parle ici du domaine d’activité le plus réglementé après le nucléaire. » Sauf que ces conseils tarifés requièrent le vote d’une subvention publique en assemblée plénière. Qui ne sera jamais attribuée pour la simple et bonne raison que la collectivité n’a pas la compétence pour pouvoir l’attribuer à une structure qui n’est pas encore fondée…

Pas envisageable de se limiter à des vols régionaux

Retour à la case départ ou presque pour Julien et Régis Novou, qui n’abandonnent pas pour autant leur projet. À l’abri des regards, le cadet avance ses pions et se lance à la recherche de partenaires privés locaux pour lever des fonds. « Sans cela, nous aurions été étiquetés d’Ewa bis », souligne-t-il. Mais une nouvelle désillusion se produit avec leur « mise à l’écart » concernant le rapport sur l’évolution de la desserte aérienne, commandée par le conseil départemental et rendue en novembre dernier… « Nous avons tous les deux quitté nos postes respectifs entre temps pour nous consacrer à cette étude, qui était leur initiative », rappelle l’aîné. Un mal pour un bien finalement, car l’avis qui préconise de s’arrêter sur des vols dans l’océan Indien ne leur paraît pas viable économiquement. « Cela ne correspond pas exactement à ce qu’attendent les clients mahorais et à l’idée que nous avons en tête. Dans la région, tous les aéroports ferment 15 minutes après la tombée de la nuit. Or, pour être rentable, il faut étaler les charges fixes sur un nombre d’heures de vols. » L’occasion rêvée de sortir du bois pour « faire bouger les lignes et informer la population qu’un [autre] projet sûr, en se basant sur des remplissages pessimistes, est en réflexion depuis 2 ans ». Les voilà propulsés sur le devant de la scène.

Et chaque jour leur permet de se rapprocher un peu plus d’un dénouement positif. Mais la route reste encore longue. La priorité à l’heure actuelle : dégoter 1.4 million d’euros pour mener à bien la campagne de certification. « Nous comptions créer une structure juridique classique, mais l’engouement des Mahorais nous amène à nous orienter vers quelque chose de participatif. » D’ici l’obtention du précieux sésame, délivré par l’aviation civile, pas question de chômer, même s’il leur est encore impossible d’apparaître sur les radars. Une course contre la montre s’opère en sous-marin pour négocier la location, à moindre prix en raison de la crise sanitaire, d’une flotte de deux avions, « des machines neuves et performantes, ne serait-ce que pour baisser les coûts de maintenance », et installer des cabines à l’image de l’identité mahoraise. D’où le nom de Zéna, un clin d’oeil à la chatouilleuse et à l’histoire du 101ème département. « Quoi de plus beau que le combat sans la violence ? », se réjouit Régis Novou. Mais plus concrètement, à quoi s’attendre une fois ce rêve devenu réalité ? Si la finalisation de la première levée de fonds se passe comme sur des roulettes, la mise en vente des billets pourrait intervenir vers la fin avril pour des voyages prévus à l’été 2021. Concernant la politique tarifaire, pas d’annonce officielle à se mettre sous la dent. Seule certitude : « Le prix d’appel oscillera à la baisse entre 10 et 30% en fonction des destinations, dont certaines n’ont jamais été opérées. »

Des emplois, de l’export et de l’import

En tant que futurs transporteurs aériens, Régis et Julien Novou veulent jouer leur rôle d’ambassadeur de l’île à fond, sans attendre ad vitam eternam l’allongement de la piste ou l’avancement du projet gazier. Leur but ? Rendre les lettres de noblesse au territoire. Avec ou sans l’appui des décideurs politiques… « Nous avons un noyau dur d’entrepreneurs locaux qui nous poussent. Notre business plan a été approuvée une quinzaine de fois par des structures comptables et par 2 cabinets de consulting. Si le CD veut nous accompagner, c’est tant mieux. En tout cas, il nous apparaît opportun que l’administration publique puisse soutenir des projets structurants privés comme le nôtre », concèdent-ils d’une seule et même voix, avant de vanter les mérites de leur modèle économique : « Nous allons générer 80 emplois, nous allons exporter des produits agricoles d’excellence, nous allons faire venir du fret et ainsi solutionner le problème d’import des médicaments. » Et en guise de bonne foi, les deux frères jouent la carte de la transparence. « Nous avons signé pour 5 ans d’endettement minimum. Nous ne permettrons pas d’échouer sans avoir essayé ! » Aucune zone de turbulence à l’horizon…

Miguel, 14 ans, premier vainqueur de la course de pneus virtuelle à Mayotte

La première édition du Tournoi Orange du Jeu mobile Officiel Course de pneus, organisée conjointement par l’agence Angalia et Orange, s’est achevée dans la soirée du jeudi 3 décembre, au bar-restaurant le 5/5. Il n’était plus que huit à concourir pour tenter de décrocher la place de meilleur joueur mahorais. Huit sur les 3.200 inscrits au démarrage du tournoi en octobre dernier. La finale, retransmise en direct sur le Facebook « Course de pneus – Officiel », s’est déroulée dans une belle ambiance et aux termes de matchs très serrés a permis de dévoiler le classement (1er : Miguel ; 2ème : Asmed976 ; 3ème : Maximus ; 4ème : Nikos976 ; 5ème : Mrsoums ; 6ème : Blubant ; 7ème : Dimitri ; 8ème : Moumou).

Le vainqueur, Miguel, originaire de M’Gombani, a brillé par son calme et sa détermination. Du haut de ses 14 ans, il remporte le premier tournoi eSport de Mayotte lui permettant de répartir avec un vélo électrique flambant neuf offert par Akxion Cycle. De nombreux autres lots ont été distribués aux finalistes durant la soirée, dont un billet d’avion aller-retour Mayotte-Paris offert par Air Austral pour le concurrent arrivé en deuxième position, un téléphone et une tablette offerts par Orange pour le 3ème et le 4ème ainsi que des parfums offerts par Madora et du chocolat offert par Nestlé Extrafino.

Inauguration de la PMI de Combani : reste huit à construire… et des médecins à trouver

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Une nouvelle structure dédiée à la protection maternelle et infantile est sortie de terre à Combani. Un signal positif pour la prise en charge des enfants et pour la politique familiale du 101ème département. Toujours confrontée à de lourds défis.

Les souliers vernis et les broderies des salouvas défilent sur les lignes blanches immaculées du nouveau parking. Il n’est pas encore 9h et une petite foule d’élus et d’agents de la protection maternelle et infantile (PMI) se presse contre les murs oranges vifs du bâtiment flambant neuf, en quête d’un peu d’ombre. En cette matinée du vendredi 4 décembre, il ne manque plus que les têtes d’affiche pour lancer tambours battants l’inauguration de la nouvelle PMI de Combani. “Le préfet ne va pas tarder, je pense”, glisse un homme en costume en allant jeter un œil stressé par-dessus le portail. 

En attendant Colombet, les potins vont bon train. “Je suis déçue, avec toute cette place ils auraient pu mettre plus de bureaux, un deuxième niveau ! Au prix du mètre carré…”, rouspète une femme derrière son masque et ses lunettes de soleil. “Ils n’avaient peut-être pas le budget ?”, hasarde un autre. “Ce n’est pas une question de budget, ils n’ont pas pensé la chose ! On n’arrive même pas à tout consommer, c’est pour ça qu’ils construisent plein de PMI”, cancanent-ils à tour de rôle.

Il faut dire que le conseil départemental n’a en effet pas lésiné sur les moyens. “La PMI, gratuite et ouverte à tous, n’a cessé de se développer jusqu’à nos jours et nous avons accompli un effort sans commune mesure en ce sens, ces six dernières années”, retrace son président, Soibahadine Ibrahim Ramadani, dans un clin d’oeil sans fard à sa mandature. Avant de rappeler le tableau maussade qu’un premier diagnostic des 22 centres avait permis de dresser en 2015 : 17 PMI et un centre médico-social (CMS) nécessitaient une reconstruction ou une réhabilitation. “Nous avons donc consenti les efforts nécessaires en ce sens”, abonde l’élu. 

Mieux détecter le handicap

La plaque dorée dévoilée face aux caméras ce vendredi à Combani en est une preuve. Coût de l’opération : 1,4 million d’euros, dont 784.000 euros au titre du programme opérationnel FEDER. Il aura fallu deux ans de travaux pour faire sortir de terre la structure, qui offre entre autres à sa vingtaine de personnels des locaux plus spacieux, un accès pour les personnes à mobilité réduite, une salle d’orthophonie et une salle destinée à mieux détecter les handicaps chez les enfants de 0 à 6 ans. Soit l’une des missions phare de ce dispositif à la compétence du Département, destiné à accompagner les femmes enceintes et les familles, de l’accouchement aux premières années de la vie. “Cette inauguration illustre la volonté que nous affichons depuis le début du mandat, de prendre à bras le corps cette compétence clé du médico-social”, commente Issa Issa Abdou, vice-président chargé de l’action sociale, de la solidarité et de la santé.

25 millions d’euros pour dix opérations

Et la collectivité ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Après la PMI d’Acoua inaugurée le 26 septembre en présence du secrétaire d’État Adrien Taquet, huit autres opérations de constructions ou de rénovations doivent être ficelées, pour une enveloppe globale de 25 millions d’euros. Deux sont en cours d’achèvement des travaux pour une livraison avant la fin de l’année, à Bandrélé et Kani-Kéli, trois autres chantiers à Vahibé, Passamaïnty et Koungou et à Chiconi (là pour un CMS) sont attendus pour l’année prochaine. D’autres, comme la PMI de Tsingoni, sont programmées sur la période 2021-2027.

Dix PMI, un peu plus d’un million d’euros chaque… Cela laisse en effet de quoi faire un peu plus qu’une couche de peinture ! Voilà qui ne serait d’ailleurs pas de refus pour certains agents du nouvel établissement qui boudent déjà l’esthétique de leurs nouveaux bureaux. “Nous aurions bien aimé être consultés pour la couleur, ce noir, c’est un peu sombre, surtout pour des enfants”, tente ainsi la responsable de la visite face au préfet, au président du conseil départemental et au maire de la ville, Mohamed Bacar. Bien essayé !

Des chantiers semés d’embûches

Même sans s’attarder sur les goûts des uns et des autres, tout ne se passe pas toujours comme prévu sur les chantiers. “Pour qu’un projet voie le jour, il y a parfois des embûches”, reconnaît Issa Issa Abdou. Interrogé au sujet des retards sur la PMI de Passamaïnty, le vice-président botte en touche. “Nous sommes en train de surmonter ces embûches, et nous travaillons avec le CHM pour que la population soit bien prise en charge”, assure le responsable politique. “Nous avons bon espoir que la première pierre à Vahibé soit bientôt posée. Et la PMI de Passamaïnty fera partie de la seconde vague d’inaugurations.”

PMI submergées et manque de médecins

Et il vaudrait mieux ! Car dans ce village de la commune chef-lieu, les locaux actuels, apparemment vétustes et inadaptés, se retrouvent submergés par l’afflux des habitants de Passamaïnty, Mtsapéré, Tsoundzou ou Vahibé. La semaine dernière, un problème d’évacuation d’eau dans les locaux de Passamaïnty aurait même poussé les personnels à exercer leur droit de retrait… “Il y a urgence à construire la PMI de Vahibé, tout le monde descend à Passamaïnty en ce moment. Et depuis les destructions de bangas, c’est encore pire”, témoigne une cadre sage-femme du Département. 

En clair, les chantiers sont encore nombreux pour la protection maternelle et infantile du 101ème département… Et si l’inauguration de Combani envoie un signal positif, des préoccupations demeurent. Comme le nombre de médecins, toujours insuffisant dans ces structures départementales. “La moitié de nos 10 postes demeurent à ce jour vacants depuis plusieurs années, en dépit de nos efforts d’information et de sensibilisation lors de congrès par exemple”, signale ainsi le président du conseil départemental. Le nouveau défi de la prochaine mandature ?

Concours Speech ton projet à Mayotte : les femmes ont conquis le jury

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La 2ème édition du concours Speech ton projet, organisé par la couveuse d’entreprises de Mayotte Oudjerebou, a eu lieu le vendredi 4 décembre. 12 auto-entrepreneurs ont présenté leurs projets face à un jury composé de professionnels. Certains candidats se sont clairement démarqués des autres et les femmes ont su s’imposer.

Apprendre à s’exprimer devant un public et à valoriser son projet d’entreprise, tel est l’objectif du concours Speech ton projet. Les participants sont couvés par Oudjerebou et découvrent le monde de l’entreprise. Pourtant, ils ont dû parler pendant 5 minutes devant un jury de professionnels, mais également la directrice de la Cress ou encore la directrice régionale aux droits des femmes. Les candidats ont été formés à la prise de parole durant toute une journée et ont passé deux examens blancs avant le jour du concours. “Il y avait une fiche d’évaluation et ils ont été notés sur 100. Les résultats ont été très serrés, notamment pour les 4 premiers, et personne ne savait qui allait se démarquer”, a raconté Laure Hineky, chargée de communication à la couveuse d’entreprises Oudjerebou. C’est finalement Youssouf Adinani qui a remporté le premier prix. La fabrication de son pain artisanal au feu de bois a convaincu les membres du jury.

Une autre candidate a également marqué les esprits par la mise en scène de son speech. Anssifati Halidi s’est engagée dans la médiation culturelle et la valorisation du patrimoine mahorais. Un gros sac traditionnel à la main, vêtue d’un salouva typiquement mahorais, Anssifati a chanté une maoulida shengué (chant traditionnel). “C’était une manière de les interpeller sur l’importance de transmettre notre culture à la nouvelle génération et à l’international”, explique-t-elle. Elle a installé plusieurs objets représentant Mayotte sous toutes ses formes : broderie, jeux, hache, collier de fleurs d’un marié, rien n’a été laissé au hasard. La candidate a alors commencé son speech en racontant l’histoire de sa grand-mère, figure de son village natal. “Elle était descendante d’un roi malgache, elle était foundi (maître d’école coranique) et elle savait tout faire. À travers ces objets, j’ai voulu valoriser son savoir-faire”, a argumenté Anssifati. Cette mise en scène lui a permis de monter sur la troisième place du podium.

Coup de coeur féminin

Parmi les 12 candidats, seulement 4 étaient des femmes. Elles ont cependant su tirer leur épingle du jeu puisque 3 d’entre elles ont été primées. Un prix spécial femme a été attribué à Moussi Mastaha. Du haut de ses 23 ans, cette grande timide prépare l’ouverture de son magasin de prêt-à-porter. Elle a su séduire le jury alors qu’elle ne voulait pas participer au concours au départ. “J’étais terrorisée à l’idée de parler devant des gens. Nous avons certes été formés, mais je n’avais pas confiance en moi. Ce sont les équipes de la couveuse d’entreprises qui m’ont poussée à le faire”, a indiqué Moussi Mastaha. “Nous sommes très fières d’elle. Elle est très réservée. Elle était également très stressée tout le long, mais lors de sa prise de parole, elle s’est métamorphosée, nous ne l’avons pas reconnue”, a souri Laure Hineky. Lorsque le nom de la gagnante du prix spécial femme est prononcé, Moussi Mastaha a du mal à percuter qu’il s’agit bien d’elle. Elle est donc appelée une deuxième fois mais n’y croit toujours pas. “Je ne m’attendais pas du tout à gagner ce prix. C’est la chargée de com’ qui m’a fait signe pour que j’avance.” Désormais, la jeune femme ne regrette pas d’avoir participé, et cette récompense lui a donné confiance en elle. “Je suis encore plus motivée pour aller de l’avant et ouvrir ma boutique”, a-t-elle clamé.

Tous les participants ont été récompensés, les 3 premiers ainsi que le coup de coeur féminin ont reçu des chèques avec différentesmontants, des formations en anglais ou encore un espace publicitaire sur le média Kwezi. Mais pour certains, la plus grande récompense a été les rencontres humaines. “Grâce au concours, j’ai pu rencontrer des professionnels que je ne connaissais pas et j’ai pu développer un lien avec les couvés. C’est le plus important pour moi”, a estimé Anssifati Halidi, qui a résumé l’état d’esprit de tous les candidats.

10 millions d’euros pour le premier datacenter de Mayotte… et les emplois de demain !

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ITH Datacenter, l’hôtel de serveurs de proximité, porté par Feyçoil Mouhoussoune, doit permettre aux porteurs de projet d’héberger leurs données en toute sécurité. Et au 101ème département de s’inscrire dans la révolution numérique.

Un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour Mayotte. Après des années d’un labeur acharné, Feyçoil Mouhoussoune vient de franchir une étape déterminante pour son projet de datacenter 100% local. L’entrepreneur, à la tête de la société ETIC Services, a signé fin novembre les contrats de financement avec ses partenaires, que sont la Banque des Territoires, l’Agence Française de Développement (AFD) et le Crédit Agricole Mutuel de La Réunion (CAMR). En tout, près de 10 millions d’euros ont été mis sur la table pour les trois prochaines années.

 

L’objectif : faire sortir de terre ITH Datacenter, un bâtiment dédié à l’hébergement de données, directement sur le territoire, pour une mise en service début 2022. Un équipement “structurant”, dans un département où le Covid-19 a rappelé l’étendue de la fracture numérique… “Ce projet rentre dans une dynamique, cela montre que Mayotte pose un pied dans l’ère du digital. Nous parlons là des emplois de demain. Et je le dis en pesant mes mots !”, se réjouit Yves Rajat, le directeur de l’AFD.

Les données parcourent des milliers de kilomètres

Pour comprendre cet enthousiasme, il faut savoir que Mayotte dépend aujourd’hui de ses trois câbles sous-marins pour acheminer et stocker la précieuse data, souvent à des kilomètres de l’île au lagon. Résultat, la latence – à ne pas confondre avec le débit – augmente. “Cela peut être problématique pour les objets connectés, par exemple, quand vous pilotez quelque chose en temps réel, vous avez besoin de réactivité”, décortique Feyçoil Mouhoussoune.


Seules quelques entreprises peuvent se permettre de posséder leur propre serveur, en local. Et pour elles, la facture finit par être salée ! “Entre le loyer, le câblage, le matériel mais aussi la maintenance et la sécurité… Il faut parfois mettre 15.000 euros rien que pour créer la salle et l’équiper !”, chiffre Feyçoil Mouhoussoune. Sans compter les besoins en climatisation ou la coupure de courant qui tombe toujours à pic. Le pire ? Perdre l’accès à ses données. “Pour tout vous dire, nous en avons nous-même fait l’amère expérience cette semaine… Pendant 24h, nous n’avions plus qu’à recopier les conventions”, raconte un Yves Rajat, mi-figue mi-raisin.

La perte de données, bête noire des entreprises

Par chance, l’institution financière n’a pas perdu la trace de ses tableurs ou de ses prêts à six chiffres. Mais tout le monde n’a pas le même niveau de sécurité. “Imaginez qu’on vous vole votre serveur ! Très peu d’entreprises se relèvent de la perte de leurs données”, explique le fondateur d’ETIC. Et c’est tout l’intérêt du datacenter de proximité. Pour quelques centaines d’euros, les porteurs de projet peuvent louer des “armoires” voire même des “salles privatives”, pour les plus gourmands.

Une offre écologique et sécurisée

Avec un niveau de certification TIER 3 – la classification en comprend quatre – la structure garantit la sécurité et la maintenance des données. Mais avoir accès à un serveur de proximité, c’est aussi un enjeu de souveraineté numérique. Un débat très dans l’ère du temps, alors que l’Europe a signé en 2017 son règlement sur la protection des données (RGPD). Le plus ? La facture énergétique. Le datacenter, qui sera situé à quelques pas du CHM, en haut de la côte Sogea, a été conçu pour conserver au mieux le froid nécessaire pour faire tourner toutes ces machines. “En moyenne, cela permet de consommer 40% d’énergie en moins qu’avec un serveur individuel”, précise le pro de l’informatique.

Les usages et les entrepreneurs de demain

Reste qu’il faut maintenant construire le bazar… et attirer le client. Là-dessus, les interlocuteurs affichent plutôt leur optimisme. Entre le développement de la vidéosurveillance, les enjeux sanitaires, ou encore l’analyse sismique, les usages pour Mayotte ne manquent pas. Et les porteurs de projet non plus, assure Feyçoil Mouhoussoune même si les entreprises du secteur numérique se comptent encore par petites poignées sur l’île aux parfums. “Dans un premier temps, les gros utilisateurs seront de type CHM, ARS, EDM, ou encore les administrations ou les collectivités locales”, explique Yves Rajat. Récemment, les Assises du numérique organisées avec le rectorat, ou encore le concours d’innovation porté par l’ADIM ont toutefois envoyé un signal positif pour le développement du secteur à Mayotte, souligne aussi le directeur de l’AFD. “Mais la plus belle preuve, c’est le fait d’avoir des enfants du département comme Feyçoil, créateurs de richesses et de solutions locales.” L’homme derrière la machine.

 

 

Distribution d’électricité à Passamaïnty : le principal du collège répond aux accusations

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Le principal du collège Ouvoimoja a été suspendu de ses fonctions il y a trois semaines. Un raccordement de son compteur au voisinage avait été repéré pendant la destruction de bangas le 12 novembre dernier.

L’information a fait l’effet d’un bon coup de jus hier. D’après nos confrères de KwéziTV, le principal du collège Ouvoimoja de Passamaïnty distribuait illégalement de l’électricité dans le quartier, moyennant le raccordement de son compteur à des bangas du voisinage. Le tout sur le dos du contribuable, puisque l’accusé occupe un logement de fonction. Ce sont des agents d’EDM qui ont découvert le pot aux roses il y a quelques semaines, au moment de la destruction de 25 cases en tôle sur ce terrain de la Société immobilière de Mayotte (SIM).

Tiens, mais que voilà…

Et de remonter le fil d’Ariane… jusqu’au perron du principal. “Dès que nous avons eu vent de l’affaire, j’ai demandé au directeur d’EDM de faire un procès verbal, pour prononcer sa suspension conservatoire”, confirme le recteur Gilles Halbout. Depuis trois semaines, l’homme a donc laissé la place à son adjointe. Pour l’instant, l’enquête est en cours, d’autres “points de comportement”, ayant par ailleurs justifié cette décision, explique le responsable de l’académie.

Solidarité et bon voisinage

Contacté par Flash Infos, le principal du collège livre toutefois une autre version. “J’ai accepté qu’un voisin branche chez moi une rallonge électrique, mais c’était une solution provisoire le temps qu’il se procure des panneaux solaires”, déroule-t-il dans le combiné. Un acte de “solidarité”, fait-il valoir, pour permettre aux enfants de cette famille sans papier de faire leurs devoirs sous “trois pauvres ampoules”. “En tout, ce n’est arrivé que quatre fois ponctuelles”, insiste-t-il. Manque de pot, la quatrième fois, ce sont les agents d’EDM qui sont venus toquer à sa porte…“Je reconnais que c’était une bêtise, je fais amende honorable, je n’aurais pas dû accepter cet arrangement.”

Reste qu’il n’était pas question, selon lui, d’alimenter tout un quartier ! Des propos par ailleurs confirmés par le principal bénéficiaire. “J’avais un problème de lumière, donc je lui ai demandé un coup de main. Mais je n’ai pas raccordé les autres voisins”, assure ce père de famille. Acte de solidarité, bon voisinage, ou petit business… Seule l’enquête permettra d’éclaircir cette affaire.

 

Les élèves du collège de Doujani perturbent la grève de leurs enseignants

Le personnel du collège de Doujani s’est mis en grève comme prévu ce jeudi 3 décembre. Si leur manifestation était pacifique, elle a très vite été perturbée par les élèves de l’établissement. Ces derniers ont improvisé une manifestation et ont bloqué la rue du collège toute la matinée.

La grève du personnel du collège Nelson Mandela de Doujani a été quelque peu perturbée par les élèves. Alors que les enseignants se sont postés en face de l’établissement pour manifester dans le calme, les enfants se sont très vite agglutinés autour d’eux. Ne voulant pas créer la confusion ou une quelconque émeute, les professeurs ont décidé de se retirer et de reprendre le chemin de l’enceinte. Le champ libre, les enfants ont alors improvisé une manifestation dans la rue du collège avec des pancartes de fortune. « Rendez-nous nos 20 euros », pouvait-on lire sur les bouts de cartons. Les collégiens ont expliqué avoir payé cette somme au début de l’année scolaire en échange d’un tee-shirt à l’effigie du collège. Sauf que la distribution se fait toujours attendre… Un ras-le-bol auquel s’ajoutent des collations jugées « infectes ».

Face à ce mécontentement, les agents du service civique ont été envoyés pour calmer les élèves surexcités, en vain. Ces derniers se sont retrouvés face à plusieurs dizaines de policiers nationaux et municipaux qui sont restés en retrait, du côté du rond-point de Doujani, pour éviter tout débordement. Mais la foule a attiré les malfaiteurs. Des jeunes qui, ne seraient pas scolarisés au sein du collège Nelson Mandela, ont lancé une bombe lacrymogène dans la foule. Provoquant le malaise d’un élève et d’une enseignante. Dépêchés sur place, les pompiers n’ont pu accéder aux malades, à cause de multiples caillassages.

Des parents d’élèves en colère

Présents au moment des faits, les parents d’élèves ont déploré la gestion de prise en charge de leurs enfants qui étaient sous la responsabilité de l’établissement scolaire, mais aussi le manque de communication de la part de la hiérarchie. « Cette situation aurait pu être évitée si le principal nous avait prévenus qu’il y avait un préavis de grève. Il n’avait qu’à nous dire de ne pas envoyer nos enfants à l’école. […] Nous avons les retrouvés à l’extérieur en train de crier. Nous avons évité le pire ! », s’est indignée Raoudhoiti Youssouf, présidente de l’association des parents d’élèves du collège de Doujani. Conséquence : ce sont les parents qui ont pris l’initiative de renvoyer les enfants chez eux. De son côté, la direction a tenu un tout autre discours. « Les CPE et les surveillants étaient présents pour les accueillir. Mais certains ont refusé d’entrer… On ne pouvait pas les obliger », a rétorqué Philippe Chatelard, le successeur de Jean-Michel Baudoin, qui a affirmé avoir averti de la tenue de la grève par le biais d’une affiche collée au sein du collège.

Une grève suspendue jusqu’à nouvel ordre

Même si les enseignants n’ont pas pu manifester comme ils le souhaitaient, ils ont maintenu leur réunion avec la direction du collège. Ils en sont ressortis satisfaits, mais prudents. Le principal a accédé à leurs revendications, mais devait tout notifier par écrit en guise d’engagement, au plus tard hier soir. « En attendant ses promesses écrites, nous avons suspendu le mouvement de grève. Nous allons analyser ce qu’il nous aura envoyé et nous déciderons de la poursuite ou non de la grève », a fait savoir Yacouba Galledou, secrétaire général du syndicat SGEN-CFDT Mayotte. Les syndicats ont promis de reprendre leur mouvement dès lundi si le principal ne tenait pas ses promesses. Pour l’heure, les élèves peuvent reprendre le chemin de l’école.

 

À l’IME de Pamandzi, le théâtre comme enseignement pédagogique

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Pour la journée mondiale du handicap, focus sur l’institut médico-éducatif Arc-en-Ciel de Mlézi Maoré à Pamandzi, qui accueillait ce jeudi 3 décembre le recteur Gilles Halbout. Dans cette structure, Bertrand Abraham assure depuis 4 ans l’enseignement d’une dizaine d’enfants atteints de troubles du comportement, notamment à travers des ateliers théâtre dans le but de les libérer et de les valoriser.

Les yeux fermés, Ilhame pioche un dessin dans une enveloppe. « Un bus », souffle-t-il timidement en direction de Bertrand Abraham, avant de positionner le morceau de papier sur la bonne page de son cahier. Atteint d’un handicap mental lourd et arrivé début septembre à l’institut médico-éducatif de Mlézi Maoré, le garçon de 9 ans connaît l’alphabet et les chiffres, mais il ne sait ni lire ni dénombrer. « Ses instituteurs aux Comores se sont satisfaits de son niveau », regrette l’enseignant, en poste au sein de la structure située en Petite-Terre depuis 4 ans. À côté de l’élève modèle, Tanwir. Hyperactif, l’adolescent gesticule dans tous les sens. « Il maîtrise bien l’activité, donc il est plutôt calme », sourit l’ancien sociologue de formation. Avant de le recadrer quelques secondes plus tard : « Colle-moi ça et applique-toi ! » Assise en face d’eux, Malika fait preuve d’un calme plat. Déficiente visuelle, elle éprouve pourtant toutes les peines du monde à différencier les formes et les couleurs.

Dans cette salle de classe qui fonctionne par demi-journée, le socle commun s’adapte à la situation de handicap de chacun (trisomie, traits autistiques, lésions physiologiques…). « Des jeunes de 14 ans suivent un programme de moyenne section », donne pour exemple Bertrand Abraham. Face à de tels troubles cognitifs, le quinquagénaire accueille des groupes de 4 enfants maximum pendant 2 ou 3 séquences de 45 minutes pour permettre un suivi individualisé. « La plupart d’entre eux ne sont ni lecteurs ni scripteurs », précise-t-il. « Je me satisfais de petites victoires, d’autant plus que certains ont des maladies régressives. » D’où sa frustration à l’approche des vacances, synonymes d’absence de stimulation et fatales dans le développement des acquis scolaires.

L’objectif : améliorer l’expression verbale

Alors afin de réussir sa mission pédagogique, celui qui a pour projet de cultiver du café sur son terrain à Mohéli se remue les méninges pour faire preuve d’imagination dans le but de capter l’attention de ses élèves. Ainsi, il apporte une grande importance au travail corporel et à la psychomotricité, mais aussi au théâtre, « très ritualisé ». Un levier ludique qui fonctionne à merveille pour atteindre l’objectif ultime, qui est d’améliorer l’expression verbale de ce public invisible. « Être dans la peau d’un personnage les libère. À force de répéter les mêmes saynètes, ils arrivent à produire des sons que nous arrivons à comprendre », se réjouit Bertrand Abraham, nostalgique de la tournée artistique réalisée il y a deux ans dans plusieurs écoles des quatre coins de l’île. « Être applaudi les valorise alors que c’est bien trop souvent l’inverse dans leur quotidien. »

Avec la crise sanitaire du Covid-19, remonter sur les planches semble compromis à l’heure actuelle. Pour le plus grand regret de ces comédiens en herbe. « On dit que les gamins apprennent par le jeu, c’est encore plus vrai pour eux. » Un moyen aussi de sensibiliser leurs parents, qui les condamnent à rester cachés, par peur d’être jugés par le voisinage… Sachant le sujet tabou du handicap dans le 101ème département ! Alors pour démocratiser leur situation et les rendre autonomes aux yeux de tous, Bertrand Abraham privilégie les mises en pratique durant les heures de cours. « La confiance est une dimension essentielle pour eux. S’ils ne sortent pas enfants, ils ne sortiront pas non plus une fois adulte », insiste-t-il. Avant de conclure : « Ils n’ont pas toujours une vie géniale à la maison, alors ici, c’est un espace de respiration. »

 

Aller au plus près des jeunes en décrochage, l’ambition du directeur général d’Apprentis d’Auteuil à Mayotte

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Le directeur général d’Apprentis d’Auteuil, Nicolas Truelle, a une nouvelle fois posé ses valises à Mayotte depuis le dimanche 29 novembre. Pendant 4 jours, il a visité les différents dispositifs de formation et de prise en charge des jeunes de la fondation qui accueille entre 1.000 et 1.100 jeunes chaque année. Son dernier jour sur l’île est marqué par l’ouverture de 4 maisons de formation dans différentes communes. Une étape qui s’inscrit dans le nouveau dispositif d’Apprentis d’Auteuil Mayotte, intitulé Oumeya.

Flash Infos : Quel regard portez-vous sur l’évolution d’Apprentis d’Auteuil de Mayotte depuis sa création jusqu’à aujourd’hui ?

Nicolas Truelle : L’association a développé une activité de prévention spécialisée. Autrement dit, nous allons vers des jeunes dans leurs quartiers pour les aider à reprendre le chemin de l’école ou de la formation. Il existe plusieurs dispositifs désormais, à l’exemple M’Saidié basé à Mamoudzou ou le lycée professionnel privé. Les dispositifs de mobilisation et les passerelles vers la formation professionnelle se sont également enrichis avec Hima Shababi à Mamoudzou et Niya Moja à Tsoundzou 1 et 2 et Passamaïnty. Je suis émerveillé parce que les équipes ont une capacité de créativité pour faire fructifier tous ces nouveaux dispositifs et s’adapter à la situation des jeunes. Cela permet d’aller au plus près d’eux.

FI : Avez-vous d’autres projets qui vont en ce sens ?

N. T. : Nous ouvrons aujourd’hui [jeudi 3 décembre] 4 maisons de formation qui s’inscrivent dans un programme qui s’appelle Oumeya. Il est largement financé par les fonds sociaux européens qui sont gérés par l’État, à hauteur de 5,8 millions d’euros. Il a pour vocation d’aller au plus près des jeunes pour les aider à faire ce chemin vers la formation et l’emploi. Ces 4 maisons se situent à Dembéni, Chirongui, Ouangani et Dzoumogné. Il était important de s’implanter ailleurs qu’à Mamoudzou pour nous rapprocher des jeunes, physiquement, mais aussi dans notre méthode de travail avec eux. Nous voulons comprendre quels sont leurs problèmes et être capable de construire un projet professionnel avec eux.

FI : En quoi ce nouveau dispositif Oumeya se différencie des autres déjà existants ?

N. T. : La grande différence est la localisation. Nous avons constaté qu’en localisant tout à Mamoudzou les jeunes ont beaucoup de difficultés à se déplacer puisqu’ils n’ont pas le permis et le taxi coûte cher. Ensuite, ce programme va se développer en deux phases. Une première de mobilisation pour lever un certain nombre de freins, comme la sécurité sociale et l’ouverture d’un compte en banque, et une seconde d’accompagnement de la formation. Nous allons mettre en place de nouvelles formations pour ces jeunes, mais nous ne pourrons pas tout faire, alors certains d’entre eux seront accompagnés vers d’autres structures en dehors de l’association. Nous allons encore plus loin que les dispositifs déjà existants puisque nous allons continuer à les accompagner pendant ce temps de formation pour éviter le décrochage, car le risque de retomber est important. Il faut qu’ils aient quelqu’un à qui parler.

FI : De quelle manière va s’articuler le travail des professionnels dans le cadre de ce nouveau dispositif ? 

N. T. : Pour commencer, il y a une quarantaine de personnes qui sont prêtes à travailler dès aujourd’hui. Elles sont dans la phase de repérage des jeunes. Certains ont d’ailleurs déjà été repérés. Ensuite, 20 professionnels vont s’ajouter pour accompagner les principaux intéressés dans leurs formations. Nous allons commencer avec 60 jeunes, mais l’objectif est d’atteindre les 800 en deux ans.

FI : Quels difficultés rencontrent vos équipes à Mayotte dans le cadre de leurs missions ?

N. T. : Ils sont confrontés à des difficultés que nous rencontrons un peu partout sur le territoire national finalement. Ils doivent travailler avec des jeunes décrocheurs qui se rendent invisibles. Certains ont peur, d’autres sont dans des galères de vie qui font qu’ils n’ont plus aucune fierté, et risquent d’être attirés par des réseaux. Les professionnels doivent donc franchir ce faussée qui se creuse et la grande difficulté est d’arriver à créer la confiance. Ce n’est pas évident car les freins de ces jeunes leur font croire qu’ils ne peuvent pas. À cela s’ajoute la recherche d’emploi ou de formation qui n’est pas évidente car à Mayotte, il y a beaucoup de jeunes, mais l’offre d’activité est insuffisante. La deuxième grande difficulté est que chaque structure travaille un peu dans son coin. Nous n’osons pas nous ouvrir et dialoguer avec les autres, même si je constate une évolution. L’association à Mayotte travaille maintenant avec le rectorat, la préfecture et d’autres associations.

FI : Que faudrait-il améliorer au sein d’Apprentis d’Auteuil à Mayotte pour un meilleur accompagnement des jeunes repérés ?

N. T. : Lorsque nous accompagnons un jeune, nous faisons un travail multifactoriel. Nous faisons intervenir beaucoup de compétences différentes et par conséquent beaucoup de personnes. Le plus important est que ces personnes arrivent à travailler ensemble. Nous devons continuer dans cette direction pour que la qualité de la relation avec les jeunes soit la plus grande. Nous pouvons aussi aller vers des projets où ces jeunes participent à la conception du projet. Nous pourrons imaginer par exemple que certains créent leurs associations. Nous ne sommes pas là pour faire le bien des personnes sans eux, tout doit être conçu ensemble.

 

 

Les personnels du collège de Doujani nostalgiques de la communication de leur ancien principal

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À partir de ce jeudi 3 décembre, les personnels du collège Nelson Mandela à Doujani se mettent en grève reconductible. L’intersyndicale – SNES-FSU, SGEN-CFDT et SNEP-FSU – dénonce une dégradation alarmante des relations avec le nouveau principal en poste depuis la rentrée scolaire. Pour les représentants syndicaux, ce comportement pourrait saper tous les efforts entrepris ces dernières années pour redorer le blason de l’établissement scolaire. De son côté, le recteur Gilles Halbout leur demande de laisser un temps d’adaptation au successeur de Jean-Michel Baudoin. 

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Depuis le départ de l’ancien principal du collège Nelson Mandela, Jean-Michel Baudoin, en fin d’année scolaire, les personnels de l’établissement scolaire vivent une passation plus que difficile avec son successeur, Philippe Chatelard. D’où le préavis de grève lancé jeudi dernier par l’intersyndicale (SNES-FSU, SGEN-CFDT et SNEP-FSU), qui doit débuter ce 3 décembre. « Nous lui avons donné un temps d’observation, mais il veut tout changer sans concertation et bousculer nos habitudes. Il n’en fait qu’à sa tête », peste Yacouba Galledou, représentant du personnel pour la SGEN-CFDT, le syndicat majoritaire au conseil d’administration avec 5 des 7 sièges. Pas question dans ces conditions de rester les bras croisés, malgré une ultime tentative de dialogue mardi en fin d’après-midi pour recoller les morceaux, en présence de deux tiers de l’équipe pédagogique. « Nous l’avons écouté, mais tout le monde en est sorti déçu ! Il a esquivé les problèmes de fonds. » Verdict : cette assemblée générale les conforte dans leur idée. « Ce ne sont pas les représentations syndicales mais l’ensemble des personnels qui ont voté à l’unanimité le maintien de ce mouvement », précise Philippe Destenay, le représentant syndical pour le SNES-FSU, qui espère marquer le coup et faire bouger les lignes avec cette mobilisation.

Car visiblement, l’ambiance se délite à tous les étages au sein de ce mastodonte qui abrite près de 2.000 élèves. Dans ce contexte glacial, le charismatique Jean-Michel Baudoin, en poste pendant 5 ans, doit vraisemblablement manquer à plus d’un. « Ce qui nous dérange le plus, c’est sa communication, notamment avec les contractuels. Soit elle est totalement inexistante, soit elle est assez brutale », regrette amérement le syndicaliste. « Des collègues reçoivent des e-mails avec des demandes hors de propos, comme de remonter leur état de service. Nous n’apprécions pas trop cette manière de procéder… » Indignation partagée par Yacouba Galledou qui compare cela à du « flicage ». Autre exemple de ce fossé hiérarchique avec la rencontre parents-profs de la semaine dernière. « Certains enseignants rentrent toutes les notes sur Pronote tandis que d’autres n’écrivent que la moyenne. Sans écouter les explications des uns et des autres, il a écrit à leurs inspecteurs en précisant que c’était inadmissible. »

Une communication plus écrite qu’orale

Du coin de l’oeil, le recteur Gilles Halbout suit ce crépage de chignon avec une certaine lassitude. Selon lui, les personnalités, diamétralement opposées, des deux derniers chefs d’établissement de Doujani, requièrent un temps d’adaptation. « Il passe plus par l’écrit », admet le responsable académique du 101ème département. « Mais nous sommes pas dans un climat insurrectionnel. Monsieur Chatelard va tenir compte des faits qui lui sont reprochés, il va faire un effort au niveau de sa communication. » D’ailleurs, du mieux semble se dessiner ces derniers jours. Puisque l’ancien principal adjoint du collège de Kawéni 1 vient de valider les projets éducatifs, après de nombreux mois de silence. À l’instar de la semaine culturelle qui se déroule en avril, de l’initiation au numérique, du plan sportif ou encore des ateliers théâtres. Hasard du calendrier ou prise de conscience ? Les deux parties se renvoient la balle ! Même constat concernant le respect du protocole sanitaire. « Ce matin [mercredi 2 décembre], des équipes d’entretien ont été dépêchées pour nettoyer les salles. Et des lingettes ont été mises à notre disposition dans nos casiers et dans les 4 salles de technologie équipées d’ordinateurs », relate le porte-parole du SGEN-CFDT, qui voit en ces gestes une réaction à la tenue de la grève. « Au moins, cette réunion aura servi à quelque chose… »

Aucun doute sur le dénouement de ce conflit, qui ne semble pas parti pour s’éterniser. En effet, les représentants syndicaux ne souhaitent pas mettre de l’huile sur le feu, au contraire. « Nous donnons rendez-vous aux personnels dans la salle tortue, qui est aérée et espacée, pour tenir un meeting. Nous ne bloquerons pas le collège, nous agirons pacifiquement », assure Yacouba Galledou. Dont l’unique objectif est de faire en sorte que l’établissement scolaire reste attractif. Une attractivité rendue possible grâce à la pugnacité de Jean-Michel Baudoin. « Depuis un an, les gens font des pieds et des mains pour y enseigner. » Comme en témoignent les 11 titulaires affectés en août dernier. « Nous craignons un retour en arrière, au détriment des élèves. »

 

 

Pour Ackeem Ahmed, « le tourisme à Mayotte doit se vivre, se sentir, se toucher »

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Pour mettre à l’honneur ses richesses et les faire découvrir au plus grand nombre, l’Office du tourisme du Centre Ouest organisait un éco-tour le dimanche 22 novembre. Agriculture, tradition, littoral… Toute la semaine, Thomas Lévy vous plonge dans les trésors cachés de cette partie du territoire. Carnet de route d’un habitant séduit, qui termine son expédition par un entretien avec Ackeem Ahmed, le directeur de la structure touristique. 

Flash Infos : Vous avez cette volonté de construire un tourisme local et de rendre la population actrice de son développement. Quelles sont les raisons de cette stratégie ?

Ackeem Ahmed : Les gens voudront toujours aller voir ailleurs, c’est dans la nature de chacun de rechercher l’inconnu. Mais le plus important consiste à nous tourner vers ceux qui vivent dans le 101ème département et qui ont tendance à oublier les facettes de leur territoire, à cause principalement de leur train-train quotidien. C’est la raison pour laquelle ils doivent rester une cible privilégiée. Ces différents centres d’attraction doivent peu à peu étoffer leurs habitudes. Avant toute chose, ce sont les premiers ambassadeurs du territoire. Il y a tant à faire ici… Il suffit de le vivre simplement pour diffuser par la suite toutes ces merveilles.

FI : Durant cet éco-tour, vous avez également convié un certain nombre d’élus des communes membres de l’intercommunalité du Centre Ouest. Pourquoi avoir fait ce choix ?

A. A. : À l’instar de nombreux habitants, les élus ne connaissent peut-être pas aussi bien qu’ils le disent la beauté, les perspectives et les changements du monde agricole mahorais ou le splendide platier que recèle la plage de Mutsumbatsu. Le tourisme doit se vivre, se sentir, se toucher ! C’est ce que nous essayons d’apporter. En vivant ces moments sur le terrain aujourd’hui, ils s’engageront demain dans des action concrètes. Ce qui n’auraient pas été forcèment le cas s’ils étaient restés assis derrière leur bureau. Un simple exemple : nous ne pourrons pas structurer le tourisme à Mayotte sans un minimum de sécurité et de propreté sur les plages.

FI : Tout au long de la journée, nous avons croisé divers prestataires en lien avec l’agriculture, la restauration, la culture, le littoral. Quel est le message porté par l’Office du tourisme à travers toutes ces rencontres ?

A. A. : Beaucoup disent qu’il n’y a pas d’offre touristique à Mayotte : c’est faux ! Il y en a des dizaines, mais aucune offre cohérente n’a jusqu’à maintenant été construite. Cela pour une simple et bonne raison : les acteurs, par manque de coordination, marchaient isolés. D’où cette volonté de proposer un panel diversifié et attractif sur le territoire.

FI : Quelle place accordez-vous à la formation dans votre nouvelle stratégie touristique ?

A. A. : Une grande importance (rires) ! Non seulement les acteurs doivent se connecter entre eux, mais il en va aussi de la technicité, notamment concernant les enjeux autour de la filière de la vanille. Il faut nous conformer aux attentes du marché : cela passe par la qualité du service aux normes sanitaires et environnementales, en passant par le développement durable. C’est dans ce cadre que nous accompagnons les acteurs. Il n’y a que comme cela que nous pourrons un jour avoir la fierté de bénéficier d’un label de qualité.

FI : Depuis plus de 10 ans, la politique touristique de l’île aux parfums a été de participer à des salons en métropole. Qu’en pensez-vous ?

A. A. : Dans tous les cas, nous serons toujours obligés de nous tourner vers l’extérieur, ne serait-ce qu’en termes de pouvoir d’achat. Même si cela prendra un peu plus de temps. Pour remettre le train en marche, le tourisme à Mayotte doit se faire ensemble ! C’est avec l’ensemble de la population, des élus et des acteurs des mondes nautiques, de l’hôtellerie et de la restauration que nous forgerons le tourisme et que nous serons à même de proposer des offres touristiques complètes demain.

Mon bilan de cet éco-tour

« Je finis cette journée en faisant le point sur ce que je connais des communes du Centre Ouest. Et je réalise que ces pépites d’or égrainées tout au long de cette aventure sont loin d’être les seules. Sous cette angle, Ackeem Ahmed dit vrai : comme ceux qui prétendent que la culture culinaire locale se résume en cartons de mabawas, qui dit qu’il n’y a pas d’offres à Mayotte ?! En y pensant, je me remémore des parties de paintball avec les collègues, des escapades de Chicona à Soha, pour trouver le sentier vanille et déboucher à Tsingoni où m’attendaient encore d’autre plages magnifiques jusqu’à la cascade de Soulou. Des balades forestières autour de Combani, les criques de Jimawéni ou la mosquée de Sada et son îlot de sable blanc. Des journées de détente à planifier pour réaliser qu’au-delà de nos soucis quotidiens, le paradis se trouve peut-être à nos pieds. Restant terre à terre, il y a beaucoup à faire, mais qui a dit un jour qu’un long voyage commence par un premier pas ? Ce premier pas, nous qui sommes ici, est notre quotidien… Bien plus vaste que la carte routinière ! »

 

Lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte : un naufrage coûte cinq ans à un passeur

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Alors que 26 personnes étaient interceptées en Petite-Terre ce mercredi, au même moment ou presque, un passeur comparaissait au tribunal judiciaire pour homicide involontaire. En 2019, le kwassa qu’il pilotait, intercepté par la PAF, avait chaviré, causant la mort de deux personnes.

Sur la photo, on pourrait croire qu’elle dort. Allongée, les yeux clos, presque paisible. “Cette petite fille, elle n’avait pas de gilet de sauvetage. Et elle est morte”, débite la juge avant de faire passer la pièce qu’elle vient de montrer à la salle aux deux assesseurs. Une deuxième feuille de papier circule entre les mains qui sortent de leurs robes noires. Il s’agit d’un homme plus âgé, les yeux fermés lui aussi. “Au moins une ou deux personnes de plus sont sans doute décédées dans cette opération”, lâche la présidente.

Appelé à comparaître devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou ce mercredi, un passeur a dû revivre pendant de longues minutes un drame de l’immigration clandestine qui a coûté la vie d’au moins deux personnes au large de Mayotte, un soir de mai 2019. Et dans la salle climatisée de Kawéni, l’audience a eu aussi, le temps d’un instant, les os glacés par le récit de cette soirée d’angoisse. Un événement pourtant courant dans le bras de mer qui sépare l’île au lagon de ses voisines comoriennes… Depuis 1995, plus de 10.000 personnes y ont perdu la vie. Un vrai cimetière.

1.200 kilos projetés par-dessus bord

Ce soir-là, vers 19h, la police aux frontières (PAF) repère un kwassa-kwassa à l’est de Petite-Terre. L’intercepteur fonce sur ces eaux noires. Rapidement, il tombe nez à nez avec l’embarcation de fortune. À son bord, une quinzaine d’étrangers en situation irrégulière se serre entre les bidons d’essence et autres paquets variés… Le tout pèse dans les 1.200 kilos, soit deux fois la capacité de la petite barque. Qui chavirera en quelques minutes à peine, projetant par-dessus bord tout son chargement.

À leur arrivée sur les lieux, les fonctionnaires de la PAF ont toutefois eu le temps d’identifier un pilote. Il s’agit vraisemblablement du prévenu. Mais celui qui se tient aujourd’hui face aux juges affirme le contraire. “Moi je n’ai pas piloté, j’étais un passager comme les autres, et j’avais payé 100 euros pour venir à Mayotte”, déroule ce jeune homme de 19 ans. Dans la confusion du moment, il s’est toutefois emparé de la barre, explique-t-il, car le pilote a pris la poudre d’escampette. D’après les témoignages de plusieurs passagers, deux personnes se seraient en réalité relayées près du moteur, à l’arrière du rafiot. L’un d’entre eux, présent ce mercredi et constitué partie civile, reconnaît bien l’homme qui se tient face à lui.

Un drame de plus de la LIC

Reste que les magistrats ont la lourde tâche d’évaluer la responsabilité du prévenu dans cet accident fatal. Outre l’aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière, le chef d’homicide involontaire et le refus d’obtempérer sont en effet retenus contre lui. Car à la vue des policiers, le Comorien, qui avait déjà fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), aurait manifestement tenté le tout pour le tout, à coup de zigzags apeurés, pour rejoindre la terre ferme. Si près du but !

Mais une question reste en suspens. Si c’était l’approche de la vedette française qui avait provoqué le drame ? La peinture bleue du Makini a bien laissé une trace sur la coque de la barque. Et cela rappelle d’ailleurs un précédent : en 2007, une collision entre un intercepteur et un kwassa avait provoqué la mort de deux personnes. À l’époque, même Brice Hortefeux, alors ministre de l’immigration, s’en était ému et avait diligenté une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour faire “toute la lumière sur les circonstances du drame”. On notera que dix ans plus tard, c’est plutôt le taux d’interception qui intéresse Paris !

Cinq ans de prison

Autre détail : au moment des faits, le permis de navigation du Makini est expiré depuis février 2018 et les deux moteurs de 300 chevaux ne correspondent pas à ceux de 250 chevaux inscrits sur le document périmé. En quelques secondes, la vedette peut filer à toute berzingue ! “L’arrivée du Makini a pu provoquer une vague supplémentaire” alors que le bateau clandestin contient déjà de l’eau, explique la présidente en lisant le dossier. Un officier du poste de commandement en mer, entendu pendant l’enquête, signale aussi “qu’il y a pu y avoir une collision” sans que l’on puisse déterminer avec exactitude le responsable. “Depuis que je suis à Mayotte, je n’ai jamais connu de kwassas qui ont coulé sans collision”, ajoute ce témoin.

Suffisant pour relaxer le bougre ? Pas vraiment. “Ces faits sont dramatiques et sont un choc pour tout le monde, les victimes, les autres passagers, mais aussi les officiers de la PAF qui ont assisté au naufrage en sachant qu’ils ne pourraient pas sauver tout le monde”, lance la substitute du procureur au moment des réquisitions. “C’est aussi un choc pour le prévenu car il s’agit évidemment d’un accident.” Malgré cela, le parquet, au vu des pièces du dossier, juge les faits “caractérisés”. Les policiers ont fait leur travail en tentant d’intercepter le kwassa, et c’est bien le prévenu qui s’est rendu responsable de l’accident en refusant d’obtempérer, retrace en substance la parquetière avant de demander quatre ans de prison, et la révocation du sursis du prévenu. Les juges ne seront guère plus cléments : le jeune homme écope de cinq ans et d’une interdiction définitive du territoire français. Et qu’on ne l’y reprenne plus !

 

 

 

Pôle Emploi/CRESS de Mayotte : un partenariat pour formaliser l’entrepreneuriat social

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Ce mardi 1er décembre, Pôle Emploi et la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire ont signé une convention de partenariat pour formaliser le développement de l’entrepreneuriat social sur l’île aux parfums auprès des demandeurs d’emploi. Il s’agira de leur donner les moyens nécessaires pour créer leur propre emploi et ainsi lutter contre la précarité. Rencontre avec Jean-Christophe Baklouti, directeur régional de Pôle Emploi, et Kadafi Attoumani, président de la CRESS, pour évoquer leurs objectifs communs. 

Flash Infos : Si Mayotte se caractérise par le plus fort taux de chômage de France, qui s’élève à 35% de la population active, l’économie sociale et solidaire dans le 101ème département devient une référence à l’échelle nationale. Votre partenariat semble donc couler de source sur le papier. 

Kadafi Attoumani : La Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire s’attache à représenter tous les opérateurs et professionnels qui interviennent dans le champs de l’ESS. Dans ce cadre, nous avons mis en place ce laboratoire d’accompagnement appelé Fanya Lab à destination des porteurs de projet. Il nous semblait tout naturel de pouvoir travailler avec Pôle Emploi pour que les demandeurs d’emploi ayant des souhaits, des envies et des idées de création d’entreprises puissent tester leur projet et in fine, créer leur activité.

Jean-Christophe Baklouti : Au-delà de la signature de la convention, le but est de favoriser l’insertion professionnelle et la création d’entreprises, d’orienter les demandeurs d’emploi et d’être au plus près d’eux, mais aussi de formaliser ce partenariat auprès de nos équipes. De part la configuration du territoire, Mayotte favorise l’entrepreunariat : environ deux tiers des entreprises créées continuent à fonctionner trois ans plus tard. Il est aujourd’hui plus facile de créer sa propre structure que d’être embauché par un employeur. Il existe donc des opportunités.

FI : Comment expliquez-vous que ce partenariat n’intervienne qu’ajourd’hui alors que Mayotte a reçu le 2 octobre 2019 le label « Territoire French Impact » en présence de Christophe Itier, haut-commissaire à l’ESS ?

J-C. B. : L’établissement Pôle Emploi à Mayotte continue à se structurer puisqu’il est devenu une direction régionale le 30 mars 2019. À l’exception des services opérationnels qui existaient déjà, nous déployons au fur et à mesure toute l’offre métropolitaine. Pour cela, nous avons augmenté notre effectif de plus de 50% au cours des 18 derniers mois. Même si certains partenariats étaient déjà « officialisés », il faut continuer à aller dans ce sens. Nous sommes sur une bonne lancée : nous recensons des résultats plus qu’encourageants en termes de formation, de retour à l’emploi et de développement de compétences !

K. A. : Il ne s’agit ni plus ni moins que de formaliser tout le travail entrepris ! Sur les 168 personnes que nous accompagnons depuis le début de l’année, nombre d’entre eux sont des demandeurs d’emploi. C’est important d’utiliser les outils des uns et des autres et de s’appuyer sur les points relais de Pôle Emploi pour épauler un maximum d’habitants dans le but de les amener vers notre structure. L’objectif est de généraliser ce que nous faisions déjà ensemble de manière informelle.

FI : Dans le cadre de cette convention, il est prévu que vous fassiez un point d’étape dans six mois pour tirer les enseignements de ce partenariat. Quels objectifs vous êtes-vous fixés d’ici là ? Et comment êtes-vous amenés à évoluer par la suite ? 

J-C. B. : Le mot d’ordre est de ne laisser personne sur le bord de la route ! Après, il est toujours délicat de se fixer des objectifs chiffrés, car il faut aussi trouver les bons candidats. Nous allons peut-être accompagner 150 personnes sur les six premiers mois, puis seulement 100 l’année suivante… Mais cela ne voudra pas dire que les équipes n’ont pas bossé et qu’elles ne sont pas démenées.

K. A. : Nous démarrons, nous n’allons pas nous mettre la rate au court bouillon ! Nous verrons dans six mois ou dans un an, si nous fixons des chiffres derrière cette expérimentation afin d’aller encore plus loin.

J-C. B. : Nous sommes plutôt optimistes. Les conseillers de Pôle Emploi ont un portefeuille de demandeurs d’emploi et mettent leur cœur à l’ouvrage pour leur trouver un job ou une formation. Toutes les pistes sont bonnes à prendre. Ces partenariats, comme celui signé aujourd’hui, ont le mérite d’exister. Dorénavant, nous pouvons l’afficher publiquement. Tout cela aide à développer le territoire et à franchir les portes. Naturellement, l’idée est de trouver la voie la plus adaptée au profil de chacun pour qu’il soit le plus employable possible.

K. A. : Le dispositif Fanya Lab est financé par le fonds social européen. Tous les moyens sont mobilisés pour accompagner les salariés et les demandeurs d’emploi : l’Europe, les services de l’État et le Département nous soutiennent derrière notre dispositif !

 

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes