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Les mammifères marins peuvent compter sur Ceta’maore

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Créée fin 2021, Ceta’Maore est une association à but non lucratif qui vise à protéger et valoriser les mammifères marins de Mayotte, ainsi que leur habitat. Ce mercredi 21 septembre, à l’ACHM-école de voile à Dzaoudzi, aura lieu la soirée du lancement officiel de l’association à partir de 19h. Ce sera l’occasion pour les personnes présentent de découvrir et de soutenir la protection des baleines, dauphins et dugongs de Mayotte.

En tant que présidente, Cyrielle Randrianarivony se réjouit de lancer officiellement Ceta’Maore, ce mercredi 21 septembre. L’association lui tient particulièrement à cœur, elle qui souhaite la développer au fil des années. « À Mayotte, nous avons l’un des plus beaux lagons du monde. L’île a vraiment une richesse et il faut qu’elle soit reconnue », déclare-t-elle. La structure compte déjà une dizaine de bénévoles. « Nous savons que beaucoup de personnes sont intéressées par notre démarche et nous savons que cette soirée sera l’occasion de rencontrer de futurs bénévoles », poursuit la responsable de la structure. Au programme, un temps ludique et festif où les personnes seront familiarisées à cet environnement marin qui fait la beauté de l’île.

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« On veut accompagner les acteurs locaux »

Engagée, Ceta’maore s’appuie sur quatre objectifs principaux : mieux connaître les mammifères marins et leur habitat ; sensibiliser tous les publics notamment en intervenant dans les écoles mais aussi hors de l’école – « nous comptons entreprendre cette dernière action en 2022-2023 » – ; accompagner les acteurs locaux tels que les collectivités, les prestataires, l’office de tourisme ; coopérer avec les différents acteurs de l’océan Indien, mais aussi dans le monde. Sur une île située à quelques kilomètres du Kenya et du Mozambique, la présidente est totalement consciente que collaborer avec l’extérieur sur la protection du lagon de l’île aux parfums est une démarche qui ne peut être que bénéfique. Un rapprochement régional qu’elle envisage fortement.

À la recherche de financements

N’ayant actuellement aucun local, l’association est à la recherche de soutiens financiers. Elle a cependant trouvé un appui récent chez l’office français de la biodiversité. En effet, quelques bénévoles de Ceta’maore sont formés à La Réunion par Globice Réunion dans le but de « connaître pour mieux protéger », déclare Cyrielle Randrianarivony. Dans son engagement de protection des mammifères marins, la structure n’oublie pas ce qui se fait déjà localement. « Les pêcheurs ont un savoir traditionnel et nous sommes persuadés qu’ils ont certaines compétences dont nous avons besoin », estime la présidente. La soirée du 21 septembre permettra ainsi d’échanger ces premières connaissances sur ces animaux rares que Mayotte a la chance de pouvoir regarder.

Mercredi 21 septembre, à 19h, soirée de lancement de l’association Ceta’maore à l’ACHM-école de voile de Dzaoudzi. Page Facebook Ceta’maore. Mail : cetamaore@gmail.com. Possibilité d’adhérer ou de faire un don via la page web.

Comores : vague de licenciements et de suspensions après une grève au port de Moroni

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Selon le syndicat du personnel de la société comorienne des ports, environ 19 employés sont actuellement suspendus pour avoir pris part au mouvement de grève déclenché le 29 août dernier par les agents de sécurité du port. Ces derniers contestaient le recrutement d’une société externe de gardiennage qui viendrait les épauler d’après la version de la direction.

Et la sanction est tombée. Une dizaine d’agents de sécurité du port a été radiée. 19 autres écopent d’une suspension [la durée varie d’une personne à l’autre]. Certains prennent deux semaines, pendant que d’autres ne peuvent pas remettre les pieds avant un mois a-t-on appris samedi. Ainsi en a décidé le patron de la Société comorienne des ports (Scp), Mohamed Said Salim Dahalani, moins d’une semaine après la manifestation du 29 août qui avait paralysé pendant deux heures le port de Moroni. Ces mesures, ont été communiquées le 5 septembre.

Selon Farkri Hachim, chef du département des affaires juridiques et de la coopération au sein du Scp, un autre groupe d’employés a reçu des avertissements. Tous les concernés sont passés devant un conseil de discipline a-t-il précisé. Leur tort ? Ils ont pris part au mouvement de contestation déclenché il y a trois semaines par les agents de sécurité de la maison. Ces derniers avaient observé une grève pour dénoncer l’arrivée d’une nouvelle société de sécurité.

Officiellement, cette entreprise déployée depuis le 1er septembre a été recrutée pour former et renforcer les équipes se trouvant déjà sur place. Toutefois, craignant des licenciements systématiques, le personnel de sécurité soutenu par les autres collègues s’était révolté. Il a fallu l’intervention des gendarmes ce jour-là pour que les activités du port reprennent vers midi. Bilan des courses : un blessé et près de 17 personnes arrêtées, dont une femme. Ils ont été libérés le lendemain après 24 heures de garde à vue.

Aucun préavis déposé en amont ?

Une démarche qui n’a pas du tout était du goût du directeur de la société comorienne des ports, un fidèle du pouvoir actuel accusé déjà à tort selon ses défenseurs de suspendre des employés sans motifs.  « Nous leur avions expliqué qu’aucun agent de sécurité ne serait licencié et que la société en question serait là pour renforcer l’effectif et les manager. Au lieu de cela, ils sont entrés en grève. Vous imaginez les préjudices engendrés après des heures d’arrêt des activités au port, surtout dans un contexte de crise comme celui-ci. Certains insultaient même le directeur, nous avons les vidéos relayées sur les réseaux sociaux. C’était inacceptable, il fallait donc sanctionner pour que de tels actes ne se reproduisent plus. C’est ce qui s’est passé », s’est justifié, Fakri Hachim qui refuse de les qualifier de grévistes. Pour lui, les agents ayant manifesté ne peuvent s’accaparer de ce qualificatif car aucun préavis n’avait été déposé en amont. Problème : cet attachement au respect des textes semble aller dans un seul sens.

Fils du président

Selon la secrétaire générale adjointe du syndicat du personnel, Allaouia, les droits des employés déférés en conseil de discipline ont été bafoués révèle. « L’agent reconnu fautif doit pendant le jugement être assisté par un représentant. Or, aucun délégué du personnel n’a été invité. Ce sont des proches du directeur qui ont siégé pendant la réunion du conseil », a-t-elle déploré, elle aussi suspendue. Cette dernière assure pourtant n’avoir pas pris part à la manifestation. Elle reconnaît seulement s’être mobilisée pour la libération des agents qui se trouvaient à la gendarmerie.

Au sujet des propriétaires de la société de sécurité dont certains l’attribuent au fils du président Azali Assoumani, le chef du département des affaires juridiques jure qu’il n’a pas vu le nom de l’enfant du chef de l’État dans un quelconque document. Lorsqu’on lui a demandé les montants du contrat, Fakri a botté en touche évoquant le secret professionnel. « Il n’y a rien d’alarmant comparé aux factures de prestations présentées par les autres entreprises de sécurité de la place », s’est-il empressé de répondre. Sur les autres revendications mises en avant le jour de la contestation, à l’instar du rétablissement de la mutuelle de santé, ou encore du versement de la cotisation à la caisse des retraites, Fakri a assuré que globalement tout a été réglé. Même s’il avoue qu’il y a des choses à améliorer. Des informations qui restent à confirmer.

Émeute à Kawéni : 12 majeurs condamnés

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Le 17 août dernier, un épisode de violences urbaines très important a eu lieu dans le quartier de Kaweni à Mamoudzou. À cette occasion, les jeunes émeutiers ont créé des barrages sur la chaussée sur une distance d’environ un kilomètre pour interdire toute circulation. Ceux-ci étaient constitués de poubelles enflammées sur lesquelles brûlaient des pneus récupérés, des palettes de bois, des encombrants et des arbres.

Les 200 jeunes de Kawéni ont alors repoussé avec des jets de pierre les forces de l’ordre qui tentaient de réduire les barrages afin de permettre un accès sécurisé aux sapeurs-pompiers. Les émeutiers avaient utilisé principalement des morceaux d’agglo et des fers à béton pour repousser les policiers de la direction territoriale de la police nationale de Mayotte.

De plus, ces mêmes individus se sont attaqués au centre d’affaire Coralium où travaillaient alors plusieurs centaines de personnes, pour y saccager les véhicules en stationnement sur le parking et pour voler une dizaine de scooters. Ils ont également attaqué la façade du bâtiment provoquant ainsi un grand effroi chez les occupants de l’immeuble. Les portes du bâtiment ont été défoncées à coup de barre de fer, mais les forces de l’ordre les ont empêchés de rentrer à l’intérieur.

Des enquêteurs du service territorial de la police judiciaire saisis des faits, ont mis tout en oeuvre pour rassembler les preuves contre ces individus et pour les identifier. Un long travail de recoupement, d’auditions, de transports et de constatations, d’enquête de voisinage a alors commencé.

Moins d’un mois après les faits, ces enquêteurs ont réussi à identifier 21 participants à cet épisode de violences urbaines. À l’issue des mesures de garde à vue prises à leur encontre, douze mis en cause majeurs ont été déférés devant la Justice, présenté à un magistrat de permanence, et sont passés en comparution immédiate.

Tous ont été écroués avec des peines allant de 9 à 18 mois de prison fermes. La plupart d’entre-eux étaient des primo délinquants. Les neuf autres mis en cause, mineurs, ont quant à eux tous été convoqués devant le juge des enfants à une date ultérieure.

Rapprochement en perspective entre les Missions locales de Mayotte et de La Réunion

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La présidente de la Mission locale de Mayotte, Farianti Mdallah est en mission à La Réunion où elle a pris part à des rencontres avec l’association régionale des missions locales (ARML) et avec la mission locale Est. Reçue notamment par le président de la Mission locale Est et maire de Bras-Panon, Daniel Gonthier, sa directrice et la vice-présidente, elle a rencontré le président de l’ARML (qui devrait changer de nom pour un intitulé plus lisible incluant l’océan Indien), Jacques Lowinsky.

Les discussions portent sur les modalités d’un rapprochement avec la mission locale de Mayotte, sur les modalités de soutien à la jeunesse et sur les partenariats possibles. Rappelons que les missions locales soutiennent les jeunes dans leur recherche d’emploi et leurs démarches d’orientation professionnelle, d’accès à la formation, à la santé, au logement, aux droits ou encore à la citoyenneté. Des enjeux dont Farianti Mdallah a rappelé l’importance à l’échelle de Mayotte.

Une réunion de travail sur la transformation de l’économie informelle

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La chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Mayotte et le Département se sont réunis ce mercredi 15 septembre à la MJC de M’Gombani dans le cadre de la continuité des travaux autour de la transformation de l’économie informelle en une opportunité économique.

L’évènement a porté sur le plan d’actions qui permettra la transition des entreprises informelles de Mayotte vers des modèles économiques formels et durables à travers l’ESS. Un travail élaboré à partir d’un diagnostic territorial socio-économique ou encore sur l’analyse des freins et levier de l’économie informelle. Cette réunion a permis aux parties prenantes d’exprimer leur positionnement sur les actions et d’échanger sur les spécificités de leur mise en œuvre. C’est une étape préliminaire à l’intégration du plan d’actions dans le schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation de Mayotte.

Lancement de la 5ème campagne en faveur des Droits de l’enfant sur le territoire

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Porté par l’association Haki Za Wanatsa, le collectif CIDE (pour la promotion de la convention internationale des Droits de l’enfant), qui rassemble 27 associations soutenues par l’ensemble des institutions du département, oeuvre depuis 2018 pour une meilleure protection de l’enfance à Mayotte.

Alors que le phénomène des violences sexuelles sur mineurs est massif, il nécessite l’union et la cohésion de l’ensemble des acteurs de la société pour mettre fin à ces crimes, en brisant les chaînes du silence. Dans le prolongement de la précédente campagne #wamitoo 2021 – qui avait vu les dix personnalités politiques majeures de l’île et les représentants associatifs CIDE signer de concert la charte de l’engagement à lutter contre les violences sexuelles sur mineurs – l’ensemble des maires de Mayotte s’engageront solennellement à leur tour ce samedi 17 septembre pour lancer officiellement la 5ème campagne annuelle en faveur des Droits de l’enfant sur le territoire.

Aux côtés des élus, maillons essentiels des politiques locales, Charlotte Caubel, Secrétaire d’État auprès de la Première ministre, chargée de l’enfance, interviendra à distance pour évoquer avec eux ce combat décisif et commun. La clôture du programme aura lieu le samedi 19 novembre, à l’occasion du 33ème anniversaire de la CIDE, et permettra de valoriser l’ensemble des actions qui seront menées durant deux mois sur le territoire.

Les élus ultramarins rassemblés pour endiguer la crise du logement en Outre-mer

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Sous le parrainage des sénateurs de la Polynésie française et de la Guyane, respectivement Teva Rohfritsch et Georges Patient, l’ensemble des élus des Outre-mer, regroupés au sein d’Interco’ Outre-mer et de l’association des communes et collectivités d’Outre-mer organisent en partenariat avec l’union sociale pour l’habitat Outre-mer le colloque sur le logement social Outre-mer qui se tiendra au Palais du Luxembourg le 26 septembre prochain sur le thème : « les territoires, clé de l’efficience des politiques de l’habitat ».

Ce rendez-vous réunira les élus des Outre-mer, les parlementaires, l’État ainsi que les professionnels du secteur. Il sera l’occasion de traiter des questions liées à la crise du logement avec les impacts sociaux et sociétaux induits. Les perspectives du secteur dans un contexte inflationniste induisant une surenchère sur les coûts de revient des logements, doublé d’une situation sociale particulièrement détériorée par les impacts de la crise Covid et du conflit russo-ukrénien, appellent le soutien de la puissance publique à ce secteur stratégique pour le développement économique et social de ces territoires.

Le dialogue entre l’État et les élus est une première réponse pour pallier aux contraintes structurelles et conjoncturelles qui pèsent sur l’habitat Outre-mer. Le Ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, a d’ores et déjà annoncé sa présence à cet évènement.

« Ile morte » : Sur la place de la République, on attend les solutions

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Safina Soula, présidente du Collectif, demande que soit décrété « l’état d’urgence » à Mayotte.

La fermeture des écoles et des services publics a marqué le départ du mouvement, ce jeudi. Si une manifestation s’est déroulée sur la place de la République, à Mamoudzou, la journée s’est passée de manière très calme. Ce vendredi, les arrêtés des mairies sont toujours en vigueur. Quant au Département, il avait déjà annoncé qu’il n’y aurait pas de transport scolaire jusqu’à samedi inclus.

À voir l’activité continue sur Mamoudzou et le peu d’embouteillages sur ses axes, la journée ressemblait davantage à un samedi qu’une réelle « ville morte ». Ce qui est certain, c’est que les écoliers munis de leurs habituels cartables plus larges que leurs épaules manquaient au tableau. Conformément à la volonté des maires, les parents ont choisi de garder leurs progénitures auprès d’eux. Et si les rues n’étaient ainsi pas encombrées, près de 300 personnes ont rejoint la place de la République où une mobilisation pacifique contre l’insécurité a eu lieu.

Un chiffre un peu en deçà des espérances du collectif des citoyens 2018 qui intervient régulièrement pour dénoncer l’insécurité et l’immigration illégale. Le mouvement, qui « montre depuis des années son impatience » selon sa présidente Safina Soula, approuve totalement l’initiative des élus locaux de fermer écoles et services publics. « La situation devient chaotique. On demande au préfet de Mayotte que l’état d’urgence soit décrété », soutient cette dernière, avant d’arguer « que si la situation ne change pas, ça peut dégénérer rapidement ».

Parmi la série de discours prononcés toute la matinée sur le parvis, le sien a été l’un des plus applaudis, tout comme ceux des conseillers départementaux, Salime Mdéré et Maymounati Moussa Ahamadi. Accompagnés par Laïni Abdallah-Boina, élue de Mamoudzou 2, ils ont fait part des mêmes difficultés dans leurs cantons respectifs et ont aussi appelé une réaction de l’État pour endiguer les faits de délinquance.

Le préfet de Mayotte face aux maires

Quelques minutes après, toujours à Mamoudzou, sous le préau du conseil départemental, le préfet de Mayotte a rencontré élus municipaux et départementaux. Thierry Suquet, qui s’inquiète de ne pas voir les enfants à l’école (voir Flash Infos du 15 septembre 2022), a redit la détermination de l’État à lutter contre la délinquance.

Ses interlocuteurs ont demandé un changement de méthodes. Ambdilwahedou Soumaïla, le premier édile de Mamoudzou, en a profité par exemple pour demander aux autorités un plan de reconquête sur le territoire de sa commune. « Le maire a demandé au préfet de lancer des opérations quotidiennes avec les forces de l’ordre pour aller chercher les délinquants dans les bidonvilles situés dans les zones reculées de Mayotte, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou, tout en mettant en place des mesures à l’encontre de tout parent ou personne qui les soutiendraient », a ainsi indiqué la municipalité de Mamoudzou.

En attendant que les élus obtiennent satisfaction, ils ont déjà prévu de maintenir leurs arrêtés de fermeture des écoles et des services, ce vendredi. Le transport scolaire, stoppé par le Département jusqu’à samedi, pourrait faire son retour lundi.

Le plan blanc levé au centre hospitalier

Inquiet de ne pas avoir de personnel suffisant à la fois pour assurer les consultations et les hospitalisations programmées, le centre hospitalier de Mayotte avait décidé d’instaurer son plan blanc pour la journée de jeudi. La démarche exceptionnelle a été rapidement abandonnée par l’hôpital dans la soirée de ce même jeudi. « Constat fait du faible impact sur l’absentéisme au sein de l’établissement suite à la fermeture des écoles et de l’absence de transport scolaire, la cellule de crise du centre hospitalier s’est prononcée en faveur de la levée du plan blanc », indique le CHM via un communiqué.

SFE et Pot Concept veulent valoriser les déchets inertes et verts

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De g. à d. : Antoine Renaud de la société ESF, Amélie Springer de la commission environnement, cadre de vie et tourisme, Abdallah Ibrahim de Pro Concept.

Sur proposition de la commission environnement, cadre de vie et tourisme, le conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte (CCEEM) apporte son soutien aux sociétés SEF et Pot Concept qui souhaitent valoriser les déchets du bâtiment et de travaux publics pour l’un et transformer les déchets végétaux en compost pour l’autre. Un moyen d’arrêter de « taper dans nos ressources ».

Face à « l’échec relatif des bornes de tri », le conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte encourage les initiatives locales tendant à la valorisation des déchets. Les auditions menées dernièrement par la commission environnement, cadre de vie et tourisme mettent en lumière trois projets* prometteurs dans la transformation et le recyclage, qui « ne se limite pas seulement aux déchets ménagers », rappelle Michel Charpentier, le président de l’association les Naturalistes.

Parmi eux : la création d’une unité de compostage rapide, fiable et aux normes environnementales de tous types de déchets organiques par la société Pot Concept. L’idée ? Récupérer ceux générés par le BTP et par l’entretien paysager et les broyer via un process d’oxygénation forcée. Un projet d’intérêt collectif évalué à 2.279.000 euros, subventionné à 63% par l’agence de la transition écologique. « Nous partons sur un objectif de transformation de 2.000 tonnes par an pour commencer, mais nous espérons rapidement atteindre 7.000 tonnes », précise Abdallah Ibrahim, le gérant. « C’est moins compliqué de se réapproprier la valorisation des déchets verts que celle des déchets putrescibles. »

Mise en route partielle en mars 2023

Si Pot Concept envisage déjà d’intégrer ce futur compost dans son activité de pépiniériste et de le proposer pour l’aménagement des espaces verts, l’entreprise doit faire face à un planning serré dans la mesure où elle espère démarrer les travaux en janvier prochain pour une mise en route partielle de sa plateforme dès le mois de mars. Encore faut-il régler la problématique foncière – l’installation complète requiert deux hectares – et mettre en place une délégation de service publique pour le ramassage des déchets verts.

Autre concept : la société SFE porte un projet de création d’une installation classée pour la protection de l’environnement, dont la ressource principale provient des déchets du BTP, « dont 70% sont de la terre », précise Antoine Renaud, conducteur de travaux, en se basant sur une étude réalisée en juillet 2019 sur le potentiel mahorais de développement des matériaux et produits de construction bio sources locaux. L’objectif ? « Les réutiliser pour du remblai et de l’enrobage. »

Un crible et un concasseur dès novembre

Et le potentiel est énorme puisque près de 230.000 tonnes de déchets sont issues du bâtiment et des travaux publics. Pour mettre en œuvre cette filière, la filiale d’EBE table sur des investissements conséquents, à commencer par un crible et un concasseur mobile de 45 tonnes pour un montant d’un million d’euros. « Les machines devraient arriver courant novembre. » Reste à dénicher un terrain de minimum 30.000 mètres carrés pour installer les sites de collecte, de traitement et d’enfouissement… « Nous avons une piste à Dzoumogné et une autre à Longoni. »

Au vu des chantiers en cours et à venir, ces solutions « novatrices pour l’île » enchantent Amélie Springer, architecte et membre de la commission. « Il faut arrêter de taper dans nos ressources. Avec les commandes, ça ne tiendra pas… Nous n’avons plus le choix de toute façon », prévient-elle. Pour autant, le chemin risque d’être encore un peu long avant que la population mais aussi les entreprises ne soient totalement sensibilisées à la revalorisation des déchets. « Notre démarche n’est pas nouvelle. Nous voulons juste donner plus de poids à tous ceux qui veulent apporter leur pierre à l’édifice. »

* La fonderie Ulalusa qui porte un projet sur la fonte des cannettes en aluminium et la récupération du cuivre destinés à l’exportation ou à la fabrication d’objets n’a pas pu être représenté ce jeudi 15 septembre au conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte. Mais vous pouvez retrouver notre précédent reportage sur sa démarche dans le Flash Infos du 4 février 2022.

« La jeunesse de M’Sayidie doit continuer à garder espoir, il n’y a que comme cela qu’elle arrivera à avancer »

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Daniel Ali Attoumani, l’un des coordinateurs pédagogiques du dispositif M’Sayidie, et Kadafi Ahamada, le chef de service, sont fiers d’accompagner quotidiennement les 250 jeunes déscolarisés pris en charge.

Le dispositif M’Sayidie des Apprentis d’Auteuil a célébré son dixième anniversaire, ce jeudi 15 septembre, au Jardin des Pères à Mamoudzou. Une journée marquée par plusieurs activités réalisées par les jeunes et l’ensemble du personnel avec la collaboration de divers prestataires. L’occasion surtout de faire un point général avec Kadafi Ahamada, le chef de service, et Daniel Ali Attoumani, l’un des coordinateurs pédagogiques.

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En dix ans, le dispositif M’Sayidie est passé de trois à 26 salariés.

Flash Infos : Lancé en 2012, le dispositif M’Sayidie des Apprentis d’Auteuil célébrait ce jeudi 15 septembre son dixième anniversaire. Que vous inspire cette date ?

Kadafi Ahamada : J’ai une pensée toute particulière pour les 250 jeunes, âgés de 10 à 18 ans, que nous suivons chaque année, et dont environ 80-90 d’entre eux arrivent à retrouver le chemin de la scolarisation ! Si ce chiffre est louable, cela reste compliqué de les insérer à partir de 14-15 ans en raison du nombre de places limité dans les établissements scolaires.

Daniel Ali Attoumani : Personnellement, je suis très fier d’assister à ces dix ans et de faire partie de cette association. À l’avenir, j’espère qu’elle continuera de grandir et d’accueillir de nouveaux collaborateurs pour poursuivre la production de supports pédagogiques de qualité. Ici, chacun trouve sa place et le « chef » nous laisse la possibilité de pouvoir mettre en œuvre toutes nos idées et nos projets. C’est une réussite !

FI : Dix ans, ce n’est pas rien en termes de longévité… Comment résumeriez-vous l’évolution du dispositif sur cette décennie ?

K.A. : Actuellement, nous avons 26 équivalents temps-pleins, contre seulement trois en 2012… En 2016, il y a eu la mise en place du financement FSE (fonds social européen) ainsi que la participation du Département. Vous l’aurez compris, il y a eu une importante évolution en termes de moyens. L’argent est souvent le nerf de la guerre, mais il ne faut pas oublier les ressources humaines qui nous ont permis de former une équipe pluridisciplinaire avec un chef de service, une conseillère en insertion professionnelle, des travailleurs sociaux, des formateurs, des intervenants socio-éducatifs…

FI : Avec de tels effectifs, comment procédez-vous au quotidien dans l’accompagnement ?

D.A. A. : Les jeunes accueillis font de la remise à niveau en français et en mathématiques toute la semaine, du lundi au vendredi, revoient les savoirs de base et se familiarisent avec la culture générale, c’est-à-dire tout ce qui est en lien avec l’hygiène, la vie au quotidien…

On parle ici d’un public non scolarisé qui se trouve en situation irrégulière si je peux me permettre ce terme. Si la plupart de ces jeunes sont nés à Mayotte, ils n’ont pas la possibilité d’aller dans une école dite classique. Du coup, nous les accueillons pour leur donner l’opportunité d’avoir les mêmes chances que ceux inscrits dans l’Éducation nationale.

FI : Concrètement, quelles portes de sortie s’offrent à ces jeunes ?

D.A. A. : Soit nous les orientons vers d’autres structures internes ou partenaires, soit nous réussissons à leur faire intégrer un cursus scolaire dans la mesure où nous travaillons en étroite collaboration avec le rectorat, qui réalise les positionnements en amont avec nous. Nous faisons ce lien pour les insérer un maximum dans les écoles de la République.

K.A. : L’espoir fait vivre ! La jeunesse de M’Sayidie doit continuer à garder espoir, il n’y a que comme cela qu’elle arrivera à avancer et que nous réussirons à faire changer la vision de la population. Il ne faut pas retenir que l’aspect négatif, c’est important de ne pas l’oublier.

Le loto du patrimoine apporte « sa pierre à l’édifice »

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L’usine sucrière de Hajangoua, l’une des plus anciennes de Mayotte, fait partie des 18 projets emblématiques des régions retenus par la Fondation du patrimoine et la mission Stéphane Bern cette année. Grâce à cette dernière et à son soutien financier, qui a déjà profité à l’usine sucrière de Soulou, la mosquée de Tsingoni et l’ancien tribunal de Mamoudzou, la Cadema pourra opérer un défrichement de la zone et le déplacement des pièces restantes.

Acheter un ticket pour préserver les monuments mahorais ? C’est possible depuis 2018, et la première édition du loto du patrimoine. Ce dispositif, imaginé par la mission Stéphane Bern et la Française des Jeux afin de récolter des fonds pour la Fondation du patrimoine, bénéficie cette année au projet de la Cadema concernant l’ancienne usine sucrière de Hajangoua, sur le territoire de la commune de Dembéni. Ce site remarquable fait effectivement partie des 100 projets retenus par la Fondation en 2022, mais aussi des 18 « projets emblématiques des régions ». Si la dénomination de cette sélection est assez vague, l’enveloppe y étant dédiée est elle plus parlante.

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Un demi-million pour la Cadema ?

loto-patrimoine-apporte-pierre-edificeC’est en effet l’intérêt premier de ce loto du patrimoine, qui a octroyé plus de 18 millions d’euros aux projets soutenus l’année dernière. Sur le montant du chèque accordé à l’intercommunalité, qui devait être initialement dévoilé ce samedi, Monique Ozoux, la déléguée de la Fondation du patrimoine à La Réunion et à Mayotte, ne livre qu’un maigre indice : « Le montant maximum alloué aux emblématiques est de 500.000 euros, mais la Fondation du patrimoine est un petit financeur, elle va apporter sa pierre à l’édifice. » En effet, le montant global des travaux approche les trois millions d’euros. De quoi débroussailler (ce qui avait été fait en marge de l’événement finalement annulé), décaper, terrasser et effectuer une mise en sécurité du site. Ce dernier est effectivement en proie à des chutes de pierre, à cause de la végétalisation déstabilisant les cheminées.

L’usine sucrière de Hajangoua fête ses 152 ans

Il faut dire que les structures ne datent pas d’hier. Créé en 1870, le domaine sucrier de Hajangoua est l’un des plus anciens de Mayotte. Parmi ses vestiges, on compte par exemple une grande maison de maître, des cheminées, des chaudières, un moteur à vapeur ou des hydroextracteurs. Cet ensemble est abandonné en 1898, à la suite d’un cyclone. Au milieu du XXème siècle, le domaine est occupé par une cocoteraie et une bambouseraie, que l’on peut encore voir aujourd’hui.

Dernière étape des travaux, qui seront suivis par la Fondation du patrimoine, le déplacement des pièces de l’usine. « Il va y avoir un gros travail de valorisation sur ce site, puisque les vestiges seront remis en lumière et déplacés », précise Monique Ozoux. « Ça occupe un pôle important, puisqu’il faut préserver mais aussi valoriser, qu’il y ait des actions sur site, et que la population prenne la mesure de son patrimoine. » La Cadema envisage d’ailleurs d’autres travaux ensuite, comme la réhabilitation de la voie d’accès, un cheminement piéton, un point de vue avec belvédère ou de la signalétique, afin de mettre en valeur ce site historique.

L’ancien tribunal de Mamoudzou, c’est pour bientôt

L’usine sucrière de Hajangoua est le quatrième projet mahorais retenu par la Fondation patrimoine. En 2018, c’est l’usine sucrière de Soulou qui en avait bénéficié, avant de laisser la place à la mosquée de Tsingoni en 2019, et à l’ancien tribunal de Mamoudzou en 2020. Situé au croisement des rues Mahabou et Mgombani, ce dernier a progressivement été transformé en squat plein de graffitis et de déchets en tout genre. Il y a deux ans, c’est encore la Cadema qui est à l’origine du projet de restauration. « Nous n’avons pas de nouvelles récentes du porteur de projet, alors que le prévisionnel indiquait un démarrage des travaux début 2022 », tance la déléguée de la Fondation du patrimoine.

Signée en août 2021, la convention prévoyait un montant total de 174.500 euros pour les travaux de rénovation, retardés par la crise sanitaire. « La subvention de la Fondation est de 25.000 euros pour financer principalement des opérations de sécurisation et de mise en accessibilité du site », déclare Monique Ozoux. La Direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte apportera un autre soutien financier à la Cadema, comme l’affirme Michaël Tournadre, en charge des monuments historiques, de l’architecture et de l’archéologie. « On a une association qui porte un projet dessus, et qui devrait le présenter sur site durant ces journées du patrimoine », précise-t-il. « Il s’agit de restaurer le bâtiment en remettant une charpente en bambou, on s’inscrit donc sur le patrimoine durable. Avec le début des travaux, il devrait normalement y avoir un soutien financier, de notre part et de la part de la Fondation du patrimoine. »

Désormais, « il n’y a plus qu’à ». Et si vous souhaitez aider, achetez un ticket loto du patrimoine, vous aurez une chance d’y voir figurer les vestiges de Hajangoua.

Retrouvez l’intégralité du dossier consacré au patrimoine mahorais dans le numéro 1011 de Mayotte Hebdo.

« Il faut du capital en cas de besoins de trésorerie ponctuels »

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Commissaire à la vie des entreprises et au développement productif (CVEDP) à la préfecture de Mayotte, Marjorie Paquet a entamé les discussions aux côtés de Patrick Croissandeau, directeur de l’Iedom.

Une quarantaine de membres du Medef ou de partenaires se sont donné rendez-vous au centre des affaires, situé à Kawéni, mercredi 14 septembre, pour une matinée dédiée au financement des entreprises. Cette thématique, rarement abordée avec les chefs d’entreprise, a permis des échanges instructifs.

« Quand on a organisé cette matinée, on s’est aperçus qu’il y avait peu de temps d’échanges comme celui-là », a noté Carla Baltus, la présidente du Medef mahorais et dirigeante des transports Baltus. Dans la salle de réunion bien remplie du centre des affaires, en plein cœur du centre Maharajah, le sujet du financement a trouvé son public, semble-t-il. Une quarantaine de chefs d’entreprise « et aussi de directeurs financiers » sont venus écouter les conseils distillés tout au long de la matinée.

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Une quarantaine de participants ont répondu à l’invitation du Medef mahorais présidé par Carla Baltus, ce mercredi matin.

Sujet parfois lourd, les différentes interventions ont ainsi été confiées à plusieurs services de la préfecture de Mayotte chargés d’aider l’économie locale comme le Codefi (qui apporte du soutien aux entreprises en difficulté financière), la Dreets (direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) ou même la DRFIP (direction régionale des finances publiques). Des organismes de financement ont également été invités, c’était le cas de banques présentes sur Mayotte et du Gip (Groupement d’utilité publique) l’Europe à Mayotte, ce dernier gérant les fonds attribués aux projets soutenus par l’Union européenne.

« La situation est assez compliquée quand l’entreprise vient nous voir »

Avant même que des solutions soient données, les premières interventions ont servi à faire un point sur l’importance du financement dans la vie d’une entreprise. Marjorie Paquet, la commissaire à la vie des entreprises et au développement productif (CVEDP), a ainsi introduit la séance. Celle qui dépend du Secrétariat général des affaires régionales (Sgar) à la préfecture de Mayotte a insisté « sur l’anticipation » et a déploré que les chefs d’entreprise ne demandent conseil « peut-être par fierté » qu’au moment où l’activité est à un stade critique. « Ce que je constate, c’est que la situation est assez compliquée quand l’entreprise vient nous voir. »

À sa droite, Patrick Croissandeau a tenu le même discours. Le directeur de l’Iedom (Institut d’émission des départements d’Outre-mer) est un observateur attentif de la santé économique du territoire. « J’entends de la part des chefs d’entreprise : « Le financement, ce n’est pas pour moi. Je préfère travailler, je n’ai pas besoin de banques ». C’est bien sûr faux. Il faut du capital pour développer l’activité journalière. Il en faut aussi en cas de besoins de trésorerie ponctuels », a-t-il défendu, devant un parterre de chefs d’entreprise déjà bien conscients que c’est au nombre de «+ » sur leurs comptes que dépendent la survie de leurs activités.

Journées européennes du patrimoine : focus sur les usines sucrières avec les Naturalistes

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Dans la seconde moitié du XIXème siècle, les plantations de canne à sucre, la création d’une quinzaine d’usines sucrières et l’immigration d’environ 4.000 travailleurs engagés ont marqué Mayotte de leur empreinte, mais cette histoire est aujourd’hui largement ignorée de la mémoire collective. À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les Naturalistes environnement et patrimoine de Mayotte reviennent sur cette période avec deux évènements.

Un café naturaliste se tiendra le vendredi 16 septembre à 18h à la Croisette (derrière le marché de Mamoudzou). Michel Charpentier, président de l’association, animera une conférence sur le thème : « les anciennes usines sucrières, un patrimoine à valoriser ». Il sera accompagné de Marie Hélène Jamois, archéologue à l’Institut de recherches archéologiques préventives, qui vient d’achever les fouilles de l’ancienne usine sucrière de Longoni.

Un miniguide des anciennes usines sucrières de Mayotte, qui sera diffusé à cette occasion, dresse rapidement le patrimoine existant et suggère l’impact qu’a eue cette histoire éphémère sur l’organisation du territoire et la démographie : les travailleurs engagés ont représenté jusqu’à 30% de la population totale et ont constitué une nouvelle strate du métissage ethnique et culturel de l’île.

Transports scolaires, administration et équipements publics : les mesures drastiques du Département

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Les jeudi 15, vendredi 16 et samedi 17 septembre, il n’y aura pas de transports scolaires, mesure adoptée en solidarité avec les revendications exprimées par l’association des maires et les élus de Mayotte pour signifier à l’État l’attente unanime de véritables mesures concrètes pour contribuer à endiguer les conséquences quotidiennes de l’insécurité. Il est demandé aux parents d’élèves, dans la mesure du possible, de garder leurs enfants au domicile. Il est également demandé aux maires et à l’État de sécuriser les abords des établissements.

Les jeudi 15 et vendredi 16 septembre, l’ensemble des services départementaux (siège et équipements situés à Mayotte) seront aussi exceptionnellement fermés au public, et ce dans le même état d’esprit. Il s’agit par ce geste de souligner le rôle quotidien du service public, mission qui doit pouvoir s’exercer avec un minimum de sécurité. Cette fermeture, limitée dans le temps (reprise du fonctionnement normal le lundi 19 septembre), ne vise en aucun cas à pénaliser la population, mais bien à montrer avec force une volonté que les choses changent ! Le service des transports maritimes assurera, durant ces trois jours, des rotations selon un planning de service minimum (une barge toutes les heures) pour permettre les déplacements nécessaires.

Le président du Conseil départemental invitera les maires et élus locaux à une nouvelle réunion de travail sur des solutions rapides à mettre en oeuvre, pour faire face à cette situation. Le souhait exprimé est que le préfet, délégué du gouvernement, prenne part à cette rencontre partenariale.

Les initiatives départementales des Journées européennes du patrimoine, les 16 (scolaires), 17 et 18 septembre, sont reportées à une date ultérieure. À défaut de régler une situation qui n’est pas nouvelle, ces mesures participent d’une volonté de tirer la sonnette d’alarme notamment en direction de l’État pour qu’enfin des solutions efficientes et rapides soient mises en place. Ceci afin d’apaiser la situation sur le territoire, dont la population est la première victime. Le conseil départemental prendra toute sa part dans ces démarches dont il se veut pleinement partie prenante.

Une journée noire en prévision avec la fermeture des écoles

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En accord avec la décision prise par les élus sous la présidence de l’association des maires de Mayotte, la ville de Mamoudzou a pris un arrêté temporaire de fermeture de tous les services de la ville, des établissements publics (centre communal d’action sociale et Caisse des écoles) ainsi que des écoles communales du premier degré à partir de jeudi 15 septembre 2022 et ce, jusqu’à nouvel ordre. Dans ce contexte, la commune reporte les réunions publiques portant sur le projet de ville Mamoudzou 2030, les dimanches fripes et annule ses activités organisées dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine. Cette fermeture ne concerne pas les agents de prévention et de sécurité urbaine (police municipale, gardiens, concierges, etc.) ainsi que l’astreinte naissance-décès de l’état civil qui reste joignable au 06.39.28.28.67.

Idem pour la caisse de sécurité sociale de Mayotte qui annonce la fermeture des accueils physiques et de ses permanences pour garantir la sécurité de ses usagers et de son personnel. Les rendez-vous sont reportés à la semaine prochaine ou transformés en entretien téléphonique. Les équipes prennent d’ores et déjà contact avec les principaux concernés.

Le plan blanc déclenché par le centre hospitalier de Mayotte

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En raison de la situation actuelle sur l’ensemble du département et du caillassage du bus du personnel à Koungou en début de semaine, la direction du centre hospitalier de Mayotte, réunie en urgence ce mercredi après-midi à Dembéni, a décidé d’enclencher le passage au niveau II du plan de gestion des tensions hospitalières et situations sanitaires exceptionnelles (plan blanc) : toutes les consultations sur rendez-vous prises dans les centres de référence et à Jacaranda sont annulées jusqu’à nouvel ordre, tous les centres de consultations périphériques (dispensaires et pharmacies) sont fermés, les consultations externes (chirurgie, gynécologie, vaccination, etc.) sont suspendues, les hospitalisations de jour en chirurgie, médecine et pédiatrie ambulatoires sont également annulées. Seuls les quatre centres de soins et d’accouchement (M’Ramadoudou, Dzoumogné, Petite-Terre et Kahani) restent ouverts.

Le CHM informe les usagers qu’en cas de mise en danger des professionnels de santé et des patients, la direction se réserve la possibilité d’étendre la suspension d’activité à d’autres services.

Piste longue : un délai et un coût plus importants que prévus

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L’étendue des nouveaux travaux nécessaires va faire grimper le prix de la piste entre 550 et 700 millions d’euros.

En marge du comité de pilotage, ce mercredi 14 septembre, la préfecture de Mayotte et la direction générale de l’aviation civile ont annoncé un commencement des travaux « courant 2026 ». Si la piste convergente est bien le scénario retenu, cela implique son rehaussement par rapport à ce qui est prévu et la construction de protections contre les risques naturels, soit une nouvelle facture « entre 550 et 700 millions ».

Depuis le premier débat public en 2011, la nouvelle piste tant attendue voit son délai se rallonger autant que ses mètres. Selon la préfecture de Mayotte et la direction générale de l’aviation civile pourtant, elle reste en bonne voie. « C’est déjà une centaine d’emplois et trois millions d’euros engagés dans la réalisation des études », confirme le préfet Thierry Suquet. Ce mercredi matin, le comité de pilotage réuni à Dzaoudzi a entériné le choix du scénario, à savoir le numéro 2. Celui-ci signifie qu’une piste provisoire de 1.840 mètres verra le jour au nord du site actuel. Ensuite, celle-ci fera l’objet d’un agrandissement dans le but d’atteindre 2.600 mètres (la piste actuellement utilisée fait 1.930 mètres). « On a quasi-finalisé les études pour savoir comment construire cette piste, ses caractéristiques de longueur ou de hauteur », annonce Aline Pillan, la sous-directrice des aéroports à la direction générale de l’Aviation civile.

Un surcoût des travaux

Si le président de la République avait promis la fin des études, le comité de pilotage sait qu’il ne pourra pas y couper. « Pour tenir compte des risques naturels, environnementaux et des acheminements des matériaux, il y a encore des études à mettre en œuvre », reconnaît le préfet. Cela retarde le délai d’au moins un an. Le lancement de l’enquête publique, puis l’obtention de la déclaration d’utilité publique repoussent le début des travaux « courant 2026 ». Et ceux-ci ne sont pas moindres. Les risques naturels comme un tsunami ou une submersion marine étant évalués depuis ce printemps, plusieurs modifications du projet ont déjà été actées.  Ainsi, la piste actuelle et son extension devront être surélevées. Une protection devra être érigée autour du site et d’autres matériaux seront nécessaires. Leur acheminement semble déjà un vrai casse-tête. « Il va falloir créer de nouvelles routes », promet déjà le délégué à la piste longue, Christophe Masson. Tout ceci engendre un coût évalué « entre 550 et 700 millions d’euros », contre 250 millions envisagés lors du débat public.

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Le délégué à la piste longue, Christophe Masson, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, et Aline Pillan, la sous-directrice des aéroports à la direction générale de l’Aviation civile, annoncent qu’un nouveau délai sera nécessaire avant des travaux prévus en 2026.

Une solution alternative dans le nord de Grande-Terre

Si le calendrier s’allonge, il le doit aussi aux autres options à étudier, une obligation juridique. « Pour sécuriser le processus de réalisation de la piste longue, il est nécessaire de montrer que ce site est le meilleur possible à Mayotte », admet Thierry Suquet. Plusieurs lieux ont fait l’objet d’observations, Acoua, Tsingoni, Kwalé (Tsoundzou 1), Dapani. Seul un emplacement au niveau de la départementale 2, entre Bouyouni et M’tsangamouji, a retenu l’attention. Présentant un relief modéré et peu habité, « on ne peut pas l’écarter », justifie le délégué du Gouvernement. D’autres enquêtes sur le terrain doivent être effectuées en 2023, mais le comité de pilotage assure que l’option Petite-Terre garde l’avantage. « Le site de Bouyouni pourrait coûter plus cher puisqu’il faudrait monter un aéroport de toutes pièces », assure néanmoins Christophe Masson.

Préfet de Mayotte : « On ne peut pas laisser les enfants dans la rue »

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Chargé du maintien de l’ordre, le préfet de Mayotte Thierry Suquet (ici avec le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco) ne juge pas trop sévèrement la mobilisation de ce jeudi contre l’insécurité.

L’opération « Île morte » lancée par les élus mahorais, ce jeudi, n’est pas forcément du goût du préfet de Mayotte. Si Thierry Suquet se satisfait de la mobilisation, il regrette que les enfants ne puissent se rendre en classe. Entretien.

Flash Infos : Voyez-vous la décision des maires comme un coup de pression ou un appel à l’aide d’élus démunis ?

Thierry Suquet : Au vu de ce qu’il s’est passé pendant ce week-end, je comprends l’exaspération de la population. Cela dit, je disais ce [mercredi] matin qu’elle a vu l’intervention extrêmement forte de la police et de la gendarmerie pour éviter que ces événements et ces émeutes ne dégénèrent. Et quand on tire les bilans aujourd’hui, il y a finalement peu de dégâts et de blessés puisqu’on a une forte présence des forces de l’ordre. Cette présence, on va la maintenir. Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer (Gérald Darmanin) avait déjà annoncé le maintien permanent d’un quatrième escadron de gendarmerie, parce qu’on était bien conscients de ça.

FI : Ce mouvement semble suivi par les Mahorais.

T.S. : Oui, on a besoin d’une mobilisation de la population. La sécurité, c’est l’affaire de tous. On a besoin des associations de prévention, que les parents et les familles encadrent les enfants, des dispositifs parents-relais. On en met en place au quotidien. C’est le cas de groupes de proximité dans certains secteurs qui échangent de façon régulière avec policiers et gendarmes pour mieux connaître l’état de la délinquance, les endroits où il faut être. Et ça réussit, chacun se rappellera ce qui se passait à Combani et Miréréni, et comment ça a évolué en quelques mois. De même, quand on a fait le bilan des caillassages des bus scolaires avec Transdev, on s’est aperçus que les incidents ont baissé d’un tiers. C’est la conséquence du protocole réalisé avec le Département et les transporteurs pour assurer la sécurité.

FI : Que pensez-vous de la méthode ?

T.S. : Je ne peux pas ignorer qu’un des objectifs des bandes, qui se coordonnent et sur lesquelles on met la pression, est de s’attaquer aux pouvoirs publics. Elles veulent que la gendarmerie et la police abandonnent les espaces publics, qu’on arrête le transport scolaire et qu’on ferme les écoles de façon que les gamins les rejoignent. Ça, c’est inacceptable, ça l’est pour moi, pour la population, pour les élus, les familles ! Nous devons rester présents sur l’espace public. Je comprends que la journée de jeudi doit servir à mobiliser, comme on l’a fait pour la marche blanche après l’incendie de la mairie de Koungou. Est-ce que ça veut dire qu’il faut fermer les écoles et laisser les enfants à la rue toute la journée de jeudi ? Est-que ça veut dire qu’en délaissant les services publics, il faut laisser la place libre aux délinquants ? Je dis non ! Donc [jeudi], je serai attentif à deux choses. On demande premièrement, avec le recteur, que les collèges et lycées restent ouverts pour accueillir les enfants. On ne peut pas les laisser dans la rue. Deuxième point, cette journée ne doit laisser l’occasion pour les délinquants de s’emparer de l’espace public. Quand on a un barrage, on sait que très vite les délinquants le transforment pour racketter les gens et caillasser.

FI : Craignez-vous des débordements ?

T.S. : Je serai vigilant pour respecter le droit de manifester des Mahorais. Ils ont le droit de le faire et je trouve important de se lever contre la délinquance. La mobilisation de tous en faveur de la lutte contre l’immigration clandestine, des décasages… Ces politiques, c’est nous qui les portons, et je suis sensible à ce soutien. Mais en même temps, on ne doit pas casser l’activité économique, le service public, pas mettre l’île dans un état qui va l’empêcher de fonctionner et qui fera le jeu des délinquants.

FI : La décision des maires semble venir d’une inquiétude pour leurs enfants.

T.S. : Mais la sécurité des enfants est assurée dans les écoles ! Vous avez vu sur le terrain, hier [ce mardi 13 septembre], qu’en réponse aux caillassages, on a pris les dispositions pour accompagner les bus dans le nord et ça a circulé normalement. Bien sûr, à Mayotte, il y a du danger, de la délinquance, des bandes organisées, on ne s’en cache pas. Mais aujourd’hui, les enfants sont en sécurité dans les écoles. Sur le long terme, c’est quoi la lutte contre la délinquance et la pauvreté ? C’est l’éducation. Le vrai sujet, c’est d’élever nos enfants dans le respect de la République et de la loi.

FI : Vous avez parlé de renforts avec le quatrième escadron. Mais il est déjà présent sur l’île et les faits continuent de se multiplier.

T.S. : Je vous l’ai dit, les délinquants ne veulent pas lâcher le terrain. Ils veulent détruire le service public, ils veulent empêcher la police d’exercer son action. Donc aujourd’hui, on a des forces en nombre suffisant et important avec la pérennisation du quatrième escadron. Ça nous permet d’être présents dans plus d’endroits, d’intervenir plus vite. Ce sont ces stratégies-là qui nous permettent de diminuer au moins le nombre et l’intensité des événements auxquels on est confrontés. Dites-vous bien une chose, les délinquants n’ont pour le moment pas envie d’arrêter, mais on va leur donner envie.

FI : Pour lutter contre les bandes, vous avez annoncé que les policiers auront des nouvelles armes.

T.S. : Oui, on me demande souvent de faire appel à nouveau au Raid (N.D.L.R. une douzaine d’hommes de cette unité d’élite de la police était à Mayotte pendant dix jours, à la fin du mois de février 2022). Mais les policiers mahorais vont avoir des nouvelles armes similaires au Raid, ils sont en train d’être formés à leur utilisation (N.D.L.R. ils auront également deux drones pour suivre le mouvement des bandes).

Le volontaire du RSMA, un profil « employable immédiatement » pour Pôle Emploi

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Le colonel Guillaume Larabi a pu échanger avec Karim Madi et Maïmouna Tavanday, deux conseillers dédiés à l’accompagnement du contrat d’engagement jeune, qui considèrent le RSMA comme « une sortie structurante ».

La signature, ce mercredi 14 septembre, d’une convention entre le régiment du service militaire adapté de Mayotte et Pôle Emploi doit faciliter l’insertion professionnelle des stagiaires volontaires. Les formations prodiguées à Combani permettent aux jeunes âgés de 18 à moins de 26 ans de présenter un profil « employable immédiatement » auprès des entreprises.

Vêtu de son uniforme, le colonel Guillaume Larabi du régiment du service militaire adapté de Mayotte déambule, ce mercredi 14 septembre, dans l’espace accueil de Pôle Emploi, situé au centre Kinga. Une visite pour le moins inhabituelle de la part d’un chef de corps, mais pas forcément étonnante dans la mesure où le quartier de Hell à Combani accueille pas moins de 850 stagiaires chaque année.

D’où la signature d’une convention, hier, entre les deux entités, qui doit mettre en œuvre la complémentarité des interventions afin de favoriser l’insertion des volontaires, construire et suivre leur parcours à travers une aide au recrutement, à l’orientation et à la constitution d’un projet professionnel, et assurer le pilotage et le suivi de l’activité après l’insertion. « Nous sommes prêts à accueillir vos publics les plus fragiles. Nous devons être là où les autres ne sont pas ! », glisse le successeur depuis juillet dernier du lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois. Seules conditions : être Français, avoir participé à la journée défense et citoyenneté et être apte physiquement.

« Quand un volontaire sort de chez vous, ça file droit ! »

Ce rapprochement doit ainsi permettre de faire fructifier les 85% de sorties positives – dont plus de 60% signent un contrat longue durée – à la suite de la formation professionnelle qui oscille entre quatre et dix mois. Un choix validé par Karim Madi, conseiller chargé de l’accompagnement du contrat d’engagement jeune mis en place en juillet 2020. « Sur le savoir-être, c’est complètement différent quand un volontaire sort de chez vous, ça file droit ! Il est employable quasiment immédiatement. Aujourd’hui, ce n’est pas le savoir-faire qui est forcément recherché, mais de la motivation. »

Indépendamment de ces retours alléchants, l’idée consiste aussi à pousser certains demandeurs d’emplois âgés de 18 à moins de 26 ans à rejoindre les rangs de l’organisme d’insertion socio-professionnel. « J’ai des formations en sous-effectif… Cela représente un déficit financier, sachant qu’une place coûte entre 20.000 et 35.000 euros », confie le colonel Guillaume Larabi. D’autant plus regrettable que le RSMA ouvre la porte à « une montée en qualité et en gamme qui est très importante ».

« Au mérite, ils peuvent passer chef d’équipe »

Si le chef de corps se félicite que « des jeunes sortent presque du jour au lendemain » pour répondre aux besoins du marché et des commandes publiques, il met en garde sur le plafond de verre rapidement atteint dans les micro-sociétés. « Ils peuvent être freinés dans l’évolution de leur carrière au bout de trois ans par exemple. » D’où son échange avec l’équipe dédiée aux entreprises de Pôle Emploi pour accélérer les relations avec les grands groupes, comme Colas ou Vinci, qui offrent plus de volume d’embauche et surtout davantage d’opportunités professionnelles. « Au mérite, ils peuvent passer chef d’équipe. »

Rencontre à l’Élysée : « Mayotte, un traitement exceptionnel pour un cas exceptionnel »

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Une discussion très franche avec le chef de l’État, la Première ministre et le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, sur la situation des territoires ultramarins en général et du 101ème département en particulier s’est déroulée le mercredi 7 septembre. L’insécurité grandissante et les relations de voisinage compliquées avec les Comores ont occupé une large partie des échanges lors d’un diner à l’Élysée réservé à l’ensemble des dirigeants ultramarins. Une seule réunion qui ne suffit pas pour évoquer tout ce qui ne va pas dans notre île selon Madi Madi Souf, le président de l’association des maires de Mayotte. D’autres visites ministérielles ne sont pas exclues sur l’île aux parfums dans un avenir proche.

Ce sont les cinq présidents des associations des maires ultramarins constitués en une « délégation Outre-mer » au sein de l’association des maires de France (AMF) qui en ont été demandeur à l’issue de leur assemblée générale de novembre 2021 de cette rencontre organisée à l’Élysée le mercredi 7 septembre. Au menu des discussions, trois thématiques ont été abordées : la sécurité et l’immigration clandestine, l’économie avec création de valeur et la valorisation des Outre-mer. Le 101ème département étant le plus sujet au problème de l’immigration clandestine parmi les cinq DOM, il est échu à son représentant de développer cette thématique devant le chef de l’État et aux trois autres membres du gouvernement présents à ce diner au premier rang desquels, Élisabeth Borne, la Première ministre.

D’emblée Emmanuel Macron a donné le tempo en invitant l’assistance à s’exprimer en toute « franchise et sans tabou ». Outre les cinq maires, la rencontre a aussi été ouverte aux parlementaires et aux présidents des conseils départementaux et régionaux qui ont tous eu, dans le cas de Mayotte, l’opportunité de s’exprimer et de donner leurs points de vue respectifs sur les sujets exposés. Pour Madi Madi Souf, ce diner avec les chefs de l’État et du gouvernement a été en soit une première, dans son format, mais insuffisante dans le fond pour permettre d’aborder directement avec le Président de la République tous les gros problèmes auxquels se trouve confrontée Mayotte, quand bien même les intervenions des dirigeants mahorais furent remarquables et ont convergées dans un même sens. « Je me félicite du temps de parole réservé à Mayotte et retiens l’attention du président Macron qui a indiqué que le cas particulier de Mayotte est exceptionnel et mérite par conséquent un traitement exceptionnel » par rapport aux autres DOM.

Le premier magistrat de Pamandzi s’est insurgé contre un traitement médiatique national, exagéré sur l’insécurité à Mayotte qui est préjudiciable à l’image et à l’économie du territoire. Il a souligné en effet que la Guyane est sujette à un phénomène migratoire aussi importante que l’île aux parfums et qu’elle connaît également (comme la Martinique et la Guadeloupe) une violence sociale quotidienne à un degré très largement supérieur à la nôtre, avec usage intensif d’armes à feu, sans qu’elle ne soit pour autant mis en avant dans la presse nationale. « En août, soit au milieu de l’année, la Guyane comptait déjà 38 assassinats, ce qui est sans commune mesure avec les trois morts comptabilisés sur notre territoire, bien qu’il ne faille pas s’en féliciter, une perte humaine restant une chose regrettable pour toute communauté. »

Mayotte ne représente pas que des problèmes pour la France

Autre personnalité locale à avoir communiqué à la suite de cette rencontre au sommet à l’Elysée : Estelle Youssouffa, la députée de la 1ère circonscription de Mayotte. Prenant au mot Emmanuel Macron sur son invitation à échanger sans tabou, elle s’est voulue très claire sur le problème de l’insécurité, expliquant à son hôte, la nécessité de remettre en cause la coopération franco-comorienne qui n’apporte aucun résultat positif. « Dans ce contexte, Moroni utilise l’immigration clandestine comme une arme pour mener à bien ses revendications territoriales. » À nouveau, elle a sollicité des hautes autorités de l’État, la mobilisation d’un patrouilleur Outre-mer dans les eaux mahoraises pour conjuguer les flux migratoires clandestins.

Elle a, elle aussi, lancé un cri de ras-le-bol à l’attention de Paris, expliquant que Mayotte ne constitue pas que des problèmes pour la France, qu’elle représente également une richesse en raison des réserves de gaz naturel découverts dans la région. Elle a appelé à la solidarité nationale pour une répartition du poids de l’immigration clandestine sous laquelle croule Mayotte et à une remise en cause du visa Schengen, tout en refusant le qualificatif de « xénophobes » que d’aucun attribuent aux Mahorais. « À aucun moment, on a entendu un autre territoire [de la République] s’entendre dire par [l’État] qu’il va être laissé dans le sous-développement parce qu’il est situé à côté d’un pays tiers, donc nous Mahorais refusons d’être définis par rapport à nos voisins comoriens et demandons l’égalité de traitement avec tous les autres Français », a-t-elle indiqué aux responsables nationaux présents à cette rencontre.

La parlementaire a fait part de son étonnement face aux lenteurs administratives notées sur le territoire dans l’alignement des droits sociaux vis-à-vis des autres départements, constatant qu’il n’a pas été de même avec les impôts, preuve selon elle que l’État peut faire si volonté politique il y a. Pour terminer, elle a estimé que l’urgence pour Mayotte n’est pas dans une évolution institutionnelle des DOM, priorité affichée par le gouvernement à l’occasion de cette rencontre, mais dans une réponse efficace aux problèmes d’insécurité, de vie chère, d’eau et de routes, criants sur notre territoire. En conclusion de ce diner, le chef de l’Etat et la Première ministre ont annoncé de nouvelles consultations avec les différentes instances locales à travers d’autres visites ministérielles à Mayotte.

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Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes